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Un collège de REP en 2019
Cela fait longtemps que je n’ai pas relaté mes aventures de prof par ici. La faute à ma vie de maman qui faisait moyennement ménage avec les exigences de mon métier. La faute à la passion, la fougue, qui n’y étaient plus tellement. Déjà. Entrée en 2009 dans l’Education Nationale, désillusionnée en 2018.
Ce serait excessif d’affirmer que je suis au bout du rouleau, que j’en ai assez, que la corde est sur le point de se rompre, comme notre collègue qui a mis fin à ses jours très récemment. Je n’en suis pas à là. Cependant, c’est son acte qui m’a donné envie de reprendre le clavier où je l’avais laissé et de témoigner de l’évolution de mon collège de REP, en seulement un an.

Mon bahut est censé accueillir 700 élèves au maximum, c’était le nombre affiché lorsque j’y ai été affectée en 2014. Section générale, SEGPA, ULIS, classe d’accueil, l’offre est variée et la demande en constante augmentation.
En cette rentrée 2018, nous comptions 800 élèves. La classe d’accueil, destinée à intégrer doucement les élèves non-francophones, parfois non-scolarisés de surcroît, à notre système, est saturée. En 2014, elle comptait moins de 15 élèves. Cette année, ils sont 26, de plusieurs âges, plusieurs horizons donc plusieurs langues. Bien trop, ce qui fait qu’on les envoie au plus vite en section générale, dans des classes de francophones souvent natifs, scolarisés depuis la maternelle. Le choc est rude. Mais comment notre collègue qui gère à elle seule cette classe pourrait-elle faire autrement? Ce n’est pas comme si de nouveaux arrivants venaient frapper à sa porte tout au long de l’année... Ah, en fait si. Ma collègue joyeuse, pétillante, enthousiaste en 2014, s’autorise parfois d’aller pleurer dans les couloirs maintenant. Elle est épuisée, souvent arrêtée, son corps l’enjoint de se calmer. Elle n’a jamais été formée pour mais elle porte cette classe cruciale sur ses frêles épaules depuis bien longtemps...
La SEGPA, censée accueillir les élèves se heurtant à d’importantes difficultés scolaires, néanmoins non porteurs de handicap, de retard mental ni de troubles psychiatriques, est moribonde. C’est le seul effectif en baisse. Dans notre collège, contrairement à tous les autres de notre bassin, les parents rechignent toujours plus à y placer leurs enfants. En même temps, je ne peux leur jeter la pierre, lorsque je vois ces classes passer. Quinze spécimens animaliers aussi surprenants qu’agités. Témoins vivants des erreurs d’orientation. En discutant avec mes collèges profs des écoles, en charge de ces classes, j’ai compris qu’en réalité s’y trouvent précisément les élèves qui n’ont rien à y faire, mais qu’on n’a pu placer ailleurs: faibles QI, troubles psy sérieux (psychose, paranoïa, possibles troubles de la personnalité). Les rares élèves ayant le profil ne peuvent s’y épanouir, écrasés par les autres, dont plusieurs relèveraient de réelle prise en charge médicale, mais qu’on nous laisse sur les bras, y’a pas d’place ma bonne dame! Alors oui, je comprends que les parents de gamins qui finissent leur 6è avec 5 de moyenne générale préfèrent les voir errer en voie générale jusqu’en 3è où il sortiront du collège avec 2 de moyenne...
Ces élèves-là finissent donc en voie générale, comme leurs copains handicapés relevant d’ULIS mais qui, eux, n’ont aucune place. L’Unité Locale d’Inclusion Scolaire, est saturée, partout! Et, là, impossible de pousser les murs, on n’accueille pas les élèves souffrants de vrais retards ou autres handicaps par groupes de 25! Alors bon, on les laisse patienter, parfois plusieurs années, en voie générale... Là encore, je n’accuse personne, ils font ce qu’ils peuvent, mes valeureux collègues d’ULIS.
Quand je suis arrivée dans mon collège, les classes accueillaient en moyenne 21-22 élèves, comme ce qui est préconisé en REP. C’était bien, il ne fallait pas plus pour pouvoir prétendre personnaliser un temps soit peu notre enseignement. J’arrivais à faire un peu de pédagogie différenciée, à les faire globalement tous progresser, à ce que mes 3è obtiennent leur Brevet. Dans nos petites salles prévues pour ces effectifs, le climat était plutôt serein. Mais ça, c’était en 2014. Cette année, je suis professeur principal d’une 5è qui compte pour l’heure 27 élèves. Dont 3 relevant d’ULIS. 2 dont les parents ont refusé une orientation en SEPGA. 2 dyslexiques sévères en attente d’AVS ou, à défaut, de pouvoir utiliser un ordinateur. Et enfin, 1 fraîchement sorti de classe d’accueil qui baragouine à peine dix mots de français. On s’éclate...Ou pas. On tasse tout ce beau monde dans une salle un poil petite, il faut le dire, on se relève les manches et on fait semblant de proposer des cours qui feront progresser toute la classe. Encore, je ne dois pas me plaindre, ils sont assez faciles mes 5è, pas de gros soucis disciplinaires à part S., souffrant de retard mental, qui insulte et cogne tout ce qui bouge. Il passe autant de temps exclu chez lui qu’en cours. Il est incapable de mesurer les conséquences de ses actes, relativement peu apte à vivre en communauté, tout simplement. Mais obligé d’être scolarisé quelque part, ramenant glorieusement une moyenne générale de 1.38, que lui demander de plus? C’est aussi pour ça qu’ils sont 27, mes 5è, parce qu’ils sont relativement calmes au regard d’autres classes. Les nouveaux, on me les confie, ils auront moins peur...
Parce qu’ailleurs, c’est le souk total. Cette année, on l’a senti venir dès septembre avec des soucis disciplinaires qu’on n’avait habituellement jamais avant novembre. En septembre, normalement, les élèves restent tranquilles, ils découvrent leur classe, leurs profs, la vie scolaire. Mais cette année, on a été plongés dans le bain direct, et elle était froide l’eau! La faute aux effectifs saturés sans personnel qui suit. La faute aux parents qui lâchent l’affaire ou, au contraire, protègent leurs doux anges contre les vilains profs sans chercher à vraiment connaître la vérité. La faute aux deux CPE dont l’une brille par son incompétence depuis 4 ans et l’autre est une stagiaire si douée qu’elle repart pour une nouvelle année de stage. La faute aux surveillants qui, au lieu de faire régner un temps soit peu l’ordre, font des check avec les élèves et ne mettent jamais un pied dans la cour ou les couloirs. La faute à tout le monde et à personne à la fois. Le bateau prend l’eau. Les conseils de discipline (merci à la direction de rester présente et ferme) s’enchaînent, le rythme est incroyable. Cette semaine, 2% des élèves sont exclus du collège. C’est énorme, mon principal n’a jamais vu ça. Les “petits” tracas sont pluri-quotidiens, les gros incidents hebdomadaires. Et le pire dans l’histoire, c’est qu’on râle, on sature, mais on s’habitue.
On s’habitue aux classes totalement ingérables, cette année j’en ai deux sur quatre. Des classes incapables de se concentrer plus de deux minutes d’affilée, à qui il faut demander sans relâche de se taire, d’avoir leurs affaires, d’au moins faire semblant de bosser. Des 3è dont 8 sont en dérochage avéré, les 17 autres ne comprennent pas trop ce qu’ils font là, ont un niveau CM2 et que je suis censée porter jusqu’au brevet, avec mon sourire et mon entrain désormais connus. A l’entrée en classe, ils font autant de bruit qu’en récréation, il faut déjà les sommer de se taire, chose autrefois plutôt spontanée. Une fois le silence durement obtenu, qu’ils sortent leurs affaires, rares sont ceux qui ont classeur ET trousse complète ET feuilles pour écrire. Alors on se retourne, on demande à être dépanné, et le volume sonore repart. Après 10 minutes, on se lance enfin. On rappelle le cours précédent, 6 suivent et s’en souviennent, les autres attendent ou griffonnent leur classeur, “Bidule trop ma bestaaah”. Je lance la première activité, reformulations claires des consignes, trois fois en moyenne. Avec interruptions diverses à base de “Madame, j’ai pas compris” ou “Truc, rends-moi mon stylo sale bâtard- Madame c’est pas moi- vas-y rends mon quatre couleurs!” du machin d’1m95 qui dort au fond. Et puis, le miracle, 2 minutes de silence. Généreuse récompense de la prof “qui tient ses classes”, de celle qui a la réputation d’être “gentille mais maniaque du silence”. Après 2 minutes, la concentration décline dangereusement, déjà les bavardages reprennent. On met en commun le travail et on rédige le cours. Certains lèvent la main pour s’exprimer, la plupart, du haut de leurs 15-16 ans parlent à la volée comme des 6è fraîchement arrivés, on se croirait sur un marché. Quid de leurs 3 années précédentes de collège? Ah mais je me doute que noyés dans des classes surchargées, bien pires qu’hétérogènes, avec des profs fatigués, ils ont du zapper quelques règles élémentaires. Bon, à moi de rectifier le tir mais en fin de collège, ils ont la mémoire courte. Quand je leur demande fermement de se taire parce que sinon on ne va pas s’en sortir, enfin que certains d��entre eux, en revanche, vont finir par sortir de mon cours, cela dure au mieux 4 minutes. L’heure se déroulera dans un fond sonore permanent, une concentration proche de zéro alors ne parlons pas de compréhension, hein... Quand ça sonne, c’est fréquent que j’entende des “déjà?” surpris, murmurer des “en français au moins on travaille” alors que moi, je suis au bout de ma vie (ah oui, je suis enceinte, ce qui contribue à ma mort lente mais inéluctable au fil des heures) et ai la furieuse sensation de n’avoir fait que brasser l’air trop chaud de ma salle surchargée. Mais bon, je ne me heurte à aucun souci disciplinaire sérieux, j’ai du bol quand même!

Dans les couloirs, on se donne des baffes, on se pique les sacs, on se balance contre les murs. Pas un surveillant à l’horizon, ce sont les dames de service qui font la police. J’enrage. Elles aussi sont surchargées, trop peu nombreuses, et elles n’ont pas à faire bénévolement le boulot de ceux qui restent cloîtrés en vie scolaire. Je râle au passage “Machin, enlève ce bonnet!”, “Truc et Muche, la cour de récréation, c’est par-là!”. Je me réfugie en salle des profs où on est vite au courant des petits tracas et gros incidents. “J’ai dû en exclure quatre de classe à cette heure-ci, insolence, objets qui volent, agitation, propos sexistes...”. Exclusions avec rapport d’incident dont les parents n’auront au mieux, rien à faire; au pire, même pas connaissance car la vie scolaire, saturée et guère impliquée, a d’autres chats à fouetter. Ça, ce sont les petits tracas. Les gros incidents, au nombre de un à deux par semaine, ce sont plutôt des gamins qui se démontent littéralement la face dans la cour ou devant la grille, à se tabasser au sol, contre un mur, à s’envoyer à l’hôpital. Ce sont les profs qui se font filmer puis déposer sur les réseaux sociaux à leur insu. Les autres profs qui saturent et en viennent aux mains avec des élèves qui n’attendaient que ça, réussir à faire “virer du prof”. Enfin, ce n’est pas pire que ceux qui s’interposent physiquement dans les bagarres d’élèves car, là encore, il n’y a pas un surveillant à l’horizon. Voilà comment on en arrive aux conseils de discipline innombrables, aux exclusions définitives dont les concernés sont vite remplacés par des exclus d’autres collèges. Voilà comment débarquent des parents indignés du manque d’humanité des vilains profs qui, objectivement, font ce qu’ils peuvent dans une situation tendue depuis septembre. Voilà comment je croise au détour d’un couloir désert une collègue qui pleure car elle n’en peut plus, malgré des 15 ans de bouteille dans le bahut. Voilà comment j’attends mon congé maternité comme le messie alors qu’en 2016, j’étais atterrée de mon arrêt précoce. Comme tant d’autres, j’ai perdu l’entrain, la foi, et je suis épuisée. Malgré, pour l’heure, ma chance d’être à l’écart des gros incidents.
Vous voulez que je vous dise, cette complainte n’a aucune prétention à dénoncer une situation rare, c’est bien cela le pire. On n’est qu’un collège de REP saturé parmi tant d’autres! On n’est que les témoins impuissants d’une détérioration généralisée des conditions d’enseignement qui dure depuis un paquet d’années. Ce que je raconte est d’un banal consternant. Mais, au moins, il explique mon silence ici.
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4è rentrée dans ma REP!
Depuis le temps que je procrastinais cet article, c’est bon, je profite d’un petit dodo de Mini Sadique pour raconter dans les grandes largeurs ma 4è rentrée dans ma REP chérie. EDIT: j’aurais profité de 3 petits dodos pour terminer cet article!
Franchement, par rapport aux autres, cette rentrée a été zen, agréable, avec quelques bonnes surprises. Si l’on rembobine un peu, facile de constater que les trois rentrées précédentes n’étaient pas aussi épanouissantes...
-Rentrée 2014: j’ai appris fin juillet mon affectation, à plus de 60 km d’où j’habite. Les quelques collègues qui connaissent mon nouveau bahut brûlent des cierges pour moi. On me dit qu’un ado sur deux sorti de ce collège finit en taule, ça vend du rêve. Je passe d’une équipe de 32 profs à 60, de deux niveaux à 3. Je suis...modérément enthousiaste, donc, le jour de la pré-rentrée.
-Rentrée 2015: j’ai appris une semaine avant que mon beau poste tout nickel m’a été raflé par l’Autre. J’ai donc des niveaux que je ne voulais pas, un emploi du temps pourri et un second collège en prime. Je suis...plutôt remontée, donc, le jour de la pré-rentrée.
-Rentrée 2016: je suis enceinte de 5 mois et me sens d’attaque mais quand même un peu lourde, un peu affamée sans cesse, un peu tout le temps fourrée aux toilettes, et je me traîne sans arrêt des contractions qui me font “un peu” me dire que le congé maternité commencera avant l’heure. Je ne suis donc, qu’un peu “dedans” en ce jour de pré-rentrée.
Nous voilà donc en cette rentrée 2017. Enfin une qui s’est faite sans loupé, sans angoisse, sans colère et avec une forme physique correcte (du moins, la plus correcte possible pour une jeune maman). Plusieurs choses m’ont mise de bonne humeur, le 1er septembre: j’étais bien prof principale (de 5è, on change un peu), mes classes ont des effectifs franchement cool (entre 21 et 23 élèves), et, cherry on the cake du bonheur ultime inattendu et magnifique: j’ai MA salle!
Mon antre, mon chez-moi, un endroit que je peux aménager et décorer à mon goût, où je peux stocker mes affaires pour cesser enfin de me démolir le dos avec ma sacoche qui pèse un âne mort. J’en rêvais mais ne m’y serais pas attendue au vu du fait que nous sommes à présent en sureffectifs par rapport à la capacité d’accueil de notre grand collège. On nous avait avertis en juillet que très peu de profs auraient la chance d’avoir une salle fixe, je n’avais même pas osé émettre la moindre demande et...Tadam!
Ma salle est cool, plutôt facile à trouver, un peu chaude mais ça va vite se tasser mais ma salle est la seule...Dépourvue du moindre placard. Et non, point de stockage possible (d’où la mention rayée ci-dessus, vous l’aurez compris)! Ca gâche un peu le plaisir d’avoir sa propre salle, c’est comme si on te proposait un café sans tasse, quoi...Cela a beaucoup fait rire (un peu jaune) mes collègues qui connaissent ma poisse, c’est quand même ballot, il faut le reconnaître. Quant à ma demande faite en bonne et dûe forme à l’intendance, on m’a avertie qu’il ne fallait ��pas être trop optimiste”. Super, le pronostic vital est engagé, on est mal, les gars! Quelle idée de demander si une pauvre armoire orpheline ne traînerait pas dans un recoin du bahut, sachant que toutes les salles en dehors de la mienne en ont une! Bref, je reste quand même contente d’avoir ma salle, ne crachons pas dans la soupe.
Le mardi suivant, j’ai pu découvrir mes 4 classes aux profils complètement différents. Deux 3è, deux 5è. Comment les décrire en bref?
-Ma première classe de 3è avait de quoi faire peur. Sur les 3 mois que j’avais enseigné l’an dernier, j’en avais entendu parler...3 mois. La classe est très peu changée car s’y trouvent une majeure partie d’élèves qui font option sport (et me colle toujours, à moi, ces fichues et difficiles classes sport). L’an dernier, ils étaient terribles. Les collègues les retrouvaient avec la boule au ventre. Très sale esprit. Même lorsque c’était silencieux (ce qui apparemment était rare), tu sentais que leurs regards acérés cherchaient la moindre crasse à dire dans ton dos. Apparemment, ils balançaient les chaises avec une remplaçante d’espagnol. Enjoy. Imaginez donc mon ravissement lorsque j’ai appris qu’ils m’avaient en français!
Et finalement? Et bien, finalement, rien. Si, il y en a bien un, je l’appellerai ici le Relou (notez l’usage d’un grand R) qui a été greffé à cette classe, avec un potentiel de chiantitude assez hors normes. Il m’a testée le premier cours, a compris que l’idée n’était guère judicieuse. A recommencé aujourd’hui (au cas où je sois totalement schizophrène et ai changé de personnalité entre temps), a compris encore... Mais l’entente entre cette classe et moi est déjà suffisamment bonne pour que ses pitreries n’intéressent personne. Il va se lasser, ce n’est qu’une question de jours. Et sinon, je me lasserai, et ce sera moins drôle pour lui. En définitive, cela commence plutôt bien avec cette classe qui est réactive, déjà assez mature (pour des 3è) et sympathique malgré le fait qu’on se ne voie que sur les dernières heures de la journée.
-Ma seconde classe de 3è pouvait vendre du rêve puisqu’elle contient une petite dizaine de latinistes. Mais elle comprend une majorité de filles et j’ai souvent constaté que les “classes de filles” sont moins réactives et plus sujettes aux histoires au fil de l’année. Pas de surprise pour le moment, les quelques garçons participent bien et, heureusement, font avancer le cours. Les filles, quant à elles, restent pour la majorité plus réservées. C’est donc plus lent avec cette classe mais je suis cependant certaine que les problèmes de discipline n’arriveront jamais.
-Ma première 5è est réactive, dynamique. Il faut les canaliser mais ils ne sont pas méchants du tout. Ils sont polis, investis, vivants. J’aime bien ce profil de classe et il vaut mieux car je les ai souvent deux heures dans une même journée!
-Enfin, la 5è dont je suis PP est mignonne mais plus difficile à cerner. Un coup ils sont super calmes, l’autre très speed. Un coup ils participent tous très bien, l’autre nous ferons le cours à trois. Hélas, la seule caractéristique immuable: ils sont faibles, très faibles. Il va falloir que Mme Sadique sorte les rames et qu’on y mette de l’huile de coude pour essayer de limiter la casse!
Ce qui change cette année, c’est que je ne connaissais aucun de mes élèves! Ce sont des “générations” qui sont toujours tombées pile dans les niveaux que je n’avais pas, le renouveau est total. Ce n’est pas désagréable... Cependant, j’ai beaucoup de petits frères/petites sœurs d’anciens élèves qui, au fil des jours, me passent le bonjour des grands que j’ai eus il y a 1 à 3 ans auparavant, cela fait plaisir.
Ai-je des bonnes résolutions pour cette nouvelle année? Evidemment!
-Ne pas me faire prendre au radar sur la route. Ma “nouvelle” condition de maman m’y aide, je suis plus prudente.
-Remplir fréquemment le cahier de textes en ligne. (Je procrastine encore et encore, j’ai un sérieux problème avec ça).
-Que chaque séance dure bel et bien une heure, et non deux. J’y ai mis du mien, ai fait des cours plus condensés et tout... Mais, pour l’heure, on dépasse toujours le temps imparti. A ma décharge, je n’ai pas de classes au niveau permettant d’aller vite.
-Limiter le café, j’y arrive! Vive le thé énergisant!
Bonne rentrée (en retard) à tous mes collègues qui passeront par ici!
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Dans la salle de Mme Sadique
Finalement, c’est l’entrée dans le monde de la parentalité qui m’amène à mettre un semblant de nom sur ma pédagogie, ou plutôt, à le comprendre. Il y a des années de cela, en effet, ma principale adjointe, au sortir d’une longue et intéressante discussion avec moi, m’avait déclaré: “en somme, vous pratiquez une pédagogie positive, c’est bien!” A l’époque, je n’étais qu’assistante pédagogique, j’agissais plutôt d’instinct et voyais. Cette remarque était donc rentrée dans un recoin de mon esprit pour y dormir jusqu’à récemment.
Je ne prétends pas détenir Le Saint Graal que tout prof devrait appliquer, oh que non, ça se saurait s’il existait, hein. C’est juste ma manière d’enseigner, et il est vrai que j’ai de très bons rapports avec 98% de mes élèves, et ce depuis 2009. Mais il y a des réfractaires, évidemment, tout comme je peaufine ma façon de faire années après années.
Alors, comment ça se passe chez Mme Sadique (qui ne l’est finalement pas tant que ça)?
Un pied d’égalité
Depuis toujours, je ne me place pas au-dessus de mes élèves. D’ailleurs, je ne vois pas en quoi je leur serais supérieure. Dès la rentrée donc, je leur précise que mon objectif est de faire progresser chacun d’eux et que leur part du contrat c’est d’y mettre de la bonne volonté. Tous dans le même bateau! C’est un tuteur de stage, il y a des années de cela, qui avait remarqué et apprécié que lorsque je m’adresse aux élèves, ce n’est jamais par le “je/vous” mais quasi uniquement le “nous”. Ainsi, je m’inclus pleinement dans leur groupe au lieu de monter une barrière entre eux et moi. A vrai dire, je le faisais spontanément jusqu’à cette remarque mais je sais bien pourquoi.
J’ai aussi un grand sens de la justice, ce à quoi les adolescents sont très sensibles. Je n’ai jamais entendu le pourtant fréquent “c’est injuste!” dans mes classes. Evidemment que certains élèves me touchent particulièrement, par leur personnalité, leur histoire, leur évolution; alors que pour d’autres je pourrais allumer des cierges pour ne jamais les ravoir dans mes classes, mais je fais tout pour que ce soit imperceptible pour eux.
Respect et point de jugement de valeur
Ca aussi, c’est annoncé dès la rentrée: le maître-mot dans ma salle, c’est le respect. Alors si envers moi les choses se déroulent à 98% du temps très bien, ils ne sont parfois pas tendres entre eux, ce sur quoi j’ai une tolérance quasi nulle (et une ouïe très fine, pas de bol). Peu à peu, ça amène les plus timides à oser, car ils savent que ça se fera sans “danger”. Ce qui me tenait à coeur dès mes débuts, c’était qu’ils me respectent par choix, envie, et non pas crainte. Je pense y être parvenue et j’en suis heureuse.
Le respect est évidemment incontournable venant de moi. Je n’utilise jamais de terme pouvant être mal pris pour m’adresser à eux. De même, je ne porte jamais de jugement sur leur personne, jamais de “tu n’es pas bon/tu es fainéant/tu es bavard” mais uniquement sur ce qu’ils font “ce n’est pas encore maîtrisé/tu aurais pu plus t’investir/que de paroles!”. Cela passe aussi par des choses toutes bêtes comme le fait que je n’annonce jamais les notes à voix haute, ne fais aucun commentaire devant les camarades, use et abuse du s’il-te-plaît et du merci, me contente de jeter les petits mots que j’intercepte au lieu de les lire.
La prise en compte des émotions
Pour tout vous dire, Mme Sadique est un tantinet très sensible aux émotions d’autrui. Cela peut être une aide ou un handicap, selon ce que l’on fait de cette réceptivité. Pour ma part, j’en ai fait une aide. Les élèves comme moi sommes avant tout humains et vivons constamment avec des émotions qui se succèdent. Lorsque chez un élève (ou la classe), je sens beaucoup d’agitation, de peine ou de fatigue, j’en tiens compte et m’adapte. Quand cela concerne la classe, je n’hésite pas à le verbaliser “Je comprends, on est vendredi, il est tard et vous êtes crevés, mais on va faire un effort”, “vous m’avez l’air bien agités là, qu’est-ce qui se passe?”. J’ai constaté qu’en général, ça désamorce bien les tensions possibles et d’ailleurs, parfois, ils vont spontanément me dire ce qui les agite et on repartira sur un bon pied ensuite. Ce qui pourrait paraître une hérésie à nombre de mes collègues, c’est que moi aussi, il m’arrive de dire ce que je ressens et finalement, ça les touche! Du style “je suis déçue, je pensais que vous auriez mieux réussi” “Moi aussi je suis fatiguée et j’ai faim, mais on est là pour travailler donc on y va.” Aussi ados soient-ils, leur rappeler que nous autres profs, sommes des êtres humains aussi, ça ne leur fait pas de mal.
La valorisation de chacun
Même chez l’affreux jojo du fond de la classe qui hait le français, je ne raterai pas une occasion de lui mettre le doigt sur un progrès qu’il a fait, aussi modeste soit-il. Peu importe que ce soit quelque chose qu’il devrait maîtriser depuis X années, que ce soit encore fragile, je les valorise tous au maximum. Alors au début, ce sera souvent accueilli par une moue dubitative mais, très vite, on sentira un regain d’énergie, un peu plus d’enthousiasme. Souvent, les plus faibles partent du principe qu’ils ne savent rien faire, que ça ne sert à plus rien. En leur montrant que si, finalement, ils ont acquis quelque chose, j’essaie de leur remettre un peu le pied à l’étrier. Je ne rencontre pas que des succès mais ce n’est pas rare que des décrocheurs se montrent un peu moins réticents en français qu’ailleurs...
On sait où l’on va
A la rentrée, ils signent un contrat que j’ai rédigé. Pas grand chose mais ce qui m’importe malgré tout: la ponctualité, le respect, avoir ses affaires. J’ai instauré ça dès mon année de stage et n’hésite pas à le leur faire ressortir dans l’année si le climat se détériore. Ce n’est arrivé qu’une fois. A chaque début de cours, j’annonce aussi en quelques mots ce que l’on va voir ensemble, ils savent à quoi s’attendre. Avec les 3è, je n’hésite pas à leur seriner dès le début de l’année ce qui sera attendu au DNB français, rappel fréquent dans l’année qui permet de leur montrer où ils en sont et vers quoi ils vont. Je pense qu’à leur âge, il vaut mieux donner trop de repères que pas assez.
Les formulations
Au sein de la classe, j’ai plutôt tendance à formuler mes remarques en fuyant les négations. Les ados et l’interdit, hein... Donc au lieu de “ne parle pas avec ton voisin”, ce sera plutôt “sois plus attentif, s’il-te-plaît”, au lieu de “ne te balance pas sur ta chaise”, ce sera “les 4 pieds par-terre, je n’ai pas envie d’éponger des restes de cervelle à la fin de l’heure”.
L’humour
Difficile à décrire car c’est spontané, mais j’emploie beaucoup l’humour pour apaiser les élèves. Si un élève bougonne, j’aurais plus tendance à prendre une petite voix en disant un truc du genre “oh mais il râlouille mon petit Machinbidule? Qu’est-ce qui se passe?” ou si un élève rechigne à lire, par exemple, j’admirerai son grand sourire et son entrain devant sa lecture.
Chose promise, chose dûe
Que ce soit pour quelque chose de positif ou de négatif, je tiens toujours mes engagements. Ainsi, je pense que mes élèves ne me voient pas comme une personne peu fiable ou imprévisible. Si l’un d’eux me casse les pieds malgré mes techniques pour le faire cesser, je le mets en garde avant d’agir: “si tu continues de bavarder, ton carnet va atterrir sur mon bureau”, ce à quoi je me tiendrai. Puis j’irai par étapes: je prends le carnet, s’il continue, je l’ouvre, s’il continue toujours, j’écris. Ils le savent. De même pour le positif: je rends les copies dans les délais auxquels je me suis engagée, si je m’engage à leur passer l’adaptation filmique du livre qu’on étudie, je le fais.
Encore une fois, je ne prétends pas faire “comme il le faut”, détenir toutes les solutions aux problèmes des profs. Seulement, enseignant dans un collège pas simple, je n’ai jamais eu de problèmes avec mes classes. Si ma façon de faire peut paraître laxiste, les élèves qui tentent de voir s’il y a une main de fer dans le gant de velours n’y reviennent pas deux fois. Il m’arrive de coller, de mettre dehors, mais ce sont le plus souvent des événements isolés. Je discute aussi beaucoup: avec eux, avec les collègues, avec leurs parents. Ca aide, souvent. Et le plus souvent, un simple regard assez peu aimable suffit à faire comprendre à un petit malin qui j’ai vu son téléphone dans sa main, le mot passer au voisin ou entendu des choses pas belles à entendre.
Cela demande de l’énergie et de la volonté au quotidien, surtout les jours où moi je suis fatiguée et où j’aimerais hiberner sous ma couette. Cependant, c’est très gratifiant quand, assez souvent, je les entends s’exclamer “déjà?” à la sonnerie de fin de cours. Ou encore lorsque mes 5è, l’an dernier, m’ont dit “avec votre remplaçante on s’amusait, avec vous c’est calme et on travaille, c’est mieux”. Mon petit coeur tout tendre sous ma grosse carapace a plutôt fondu quand il a entendu, dans son couloir “oh, tu as Mme Sadique? Elle est trop bien cette prof!” Finalement, ma rémunération se compte presque plus en mots comme ceux-là qu’en Euros.
Peut-être qu’un jour, cette façon de faire ne fonctionnera pas du tout avec une classe (genre mes 6èZ d’il y a deux ans), dans quel cas j’entre dans un rapport plus froid et frontal, je sais aussi le faire (ce que je leur précise lorsqu’ils cherchent à le savoir). Mais, à l’heure actuelle, je me sens bien dans mes baskets de prof ainsi! Pourvu que ça dure...
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Quand Mme Sadique compte les jours...
Oui, il y a comme un problème dans mon titre: la présence incongrue du verbe “compter”. Quoi? Elle compte?
En plus, on comprend au fil des pages de ce blog que je fais partie des quelques profs fondamentalement masochistes qui aiment leur métier. Ceux qui vont en cours en chantonnant dans leur voiture. Sourient en salle des profs. Sourient en retrouvant leurs élèves. Ceux dont on croit qu’ils n’existent que dans les films. Oui, c’est vrai, en temps normal, je fais partie de ces drôles de spécimens.
Sauf que là, c’est le ramadan, les conseils de 3è sont passés, il fait 30°C dans les salles et je suis maman. Plein de paramètres qui me donnent une furieuse envie de bouder ma voiture et rester au frais avec mon bébé.
Pour être honnête, la reprise m’a fait du bien, je ne le démens pas ni ne l’oublie. Je suis une bête sociable, j’ai besoin de voir du monde, discuter, échanger, cancaner sur les élèves, faire des blagues aux collègues. Ca, c’est l’aspect cool de la chose. L’aspect relations profs-profs.
Quand à la relation prof-élèves, ce fut moins lisse. Tout d’abord, j’ai vite appris que ma remplaçante, aussi gentille et agréable soit-elle, n’a pas du tout les mêmes méthodes que moi: bruit permanent dans ses cours, leçons sous formes de photocopies et exercices de bouquins. Autrement dit, tout ce que je ne pratique pas. Il a donc fallu à mes élèves, après six mois passés avec cette façon d’enseigner (que je ne juge pas, seulement à laquelle je ne correspond pas), un petit temps d’adaptation, dirons-nous.
Mes 6è: c’est la classe que j’ai dans mon collège n°2. Dès mon retour, les hautes instances m’ont informée que c’était quelque peu le b*rdel dans les cours de français jusque là, et qu’elles espéraient fort un prompt rétablissement de l’ordre. Leur prière fut exaucée: remise au boulot et silence immédiats. Je m’attendais à ce qu’ils me détestent du plus profond de leur petit cœur, mes 6è, mais non, le courant passe vraiment bien. Il y a bien eu une période moins facile, essentiellement de bavardages, mais quelques menaces et un plan de classe bien pensé et tout est rentré dans l’ordre. Ils sont mignons. En fait, ce sont des 6è normaux, et ça change!
Mes 5è: ce fut plus long et douloureux. Même demande à peine masquée de mes collègues (dans le collège n°1 cette fois-ci), à base de “c’était vraiment bruyant en ton absence, content(e) de te voir de retour!”. Sauf que cette classe est vraiment énergique, usante. Ils ne sont pas méchants, pris individuellement. Mais l’effet-groupe est une bombe nucléaire. Alors j’ai bataillé, menacé, engu*ulé, rué dans les brancards... Ca a du me prendre deux mois et demi mais, enfin, c’est calme, efficace et le courant passe mieux. Je n’ose compter combien de litres de sueur ou de calories j’y ai laissés.
Mes 3è dont j’étais prof principale l’an dernier: l’année dernière, c’était la classe quasi idéale: un bon niveau, des élèves sympas, quelques largués mais bien discrets. Quelques crêpages de chignons parmi les (nombreuses) filles mais rien de bien méchant. On avait bien travaillé, j’étais contente de mon année avec eux. A la rentrée, j’avais des regrets de les laisser comme ça, “mes” ex-4è. J’avais appris, quelque part vers décembre, qu’ils harcelaient une collègue pour savoir ma date de retour. Ils m’attendaient. A mon retour, j’ai eu le droit à de nombreuses plaintes à base de “c’était trop le b*rdel”, “on n’a rien appris”. C’est donc sereine et dans la bonne humeur que j’ai repris avec eux. Puis est arrivé le ramadan, puis est passé le conseil, puis est arrivée la période où mon bébé ne dort plus si bien la nuit...
Il y a dix jours, j’ai eu un clash avec l’un d’eux, certes largué mais si gentil auparavant. J’ai voulu l’exclure car il ne bossait pas, bavardait et s’en fichait ouvertement de mes avertissements. Monsieur ne voulait pas sortir. Je me le suis fait aux petits oignons mais c’était avec le cœur sacrément serré. “Mes” mignons 4è étaient devenus des Gremlins. Ses excuses à priori sincères et spontanées n’ont pas desséré le nœud de dépit que j’ai dans le ventre. Ce matin, je m’en suis fait trois autres qui bavardaient barbecue pendant que je les préparais au brevet. Planquaient des cartes sous leurs chaises. Sans mentionner le nombre incalculable de fois où je m’arrête pour cause de brouhaha ambiant auquel je refuse de m’adapter. Ils ont faim, soif, chaud, marre du collège et je suis littéralement crevée. Mauvais mélange.
Mes 3è faibles: mon autre classe de 3è comporte une majorité d’élèves que je ne connaissais pas. Elle est d’un niveau particulièrement bas. Je m’attendais à tout en les récupérant. Ce fut un véritable bonheur. Très discrets sur ce qui s’était passé en mon absence, ils ont immédiatement adopté et apprécié mes méthodes. Les cours ont été d’emblée constructifs et agréables. Ils ont fait de leur mieux. Chaque heure avec eux était, et est toujours, ma préférée de la journée. Et ils me le rendent bien. Alors bien qu’ils aient aussi faim, soif, chaud et marre du collège, ils essaient encore...Un peu, mais je ne leur en veux pas.
Etre maman et prof change beaucoup de choses. Je pensais naïvement que ma maternité ne changerait rien à mon travail mais c’est faux. Un bébé révolutionne une femme. Il change sa manière de penser. Il accapare ses pensées et son énergie aussi. Son temps. Sa vie. Maintenant, je ne traîne plus à la fin de ma journée, je me rue dans ma voiture pour rentrer au plus vite. Maintenant, je travaille mes préparations deux fois plus au collège (merci les heures de déjeuner) qu’à la maison. Maintenant, je sais faire cours dans un état de fatigue avancé, mais je n’aime pas ça. Maintenant, mon stress ne s’oriente que sur mon bébé, le reste me semble bien plus anodin. Maintenant, je prépare mes cours en un temps record et ne panique pas si rien n’est prêt pour le lendemain, je m’en sors toujours. Maintenant, je parle plus aux collègues mamans. J’agis, mange, pense, dors et respire en fonction de mon bébé, c’est aussi simple que cela. J’aime toujours mon métier, je me suis jurée d’arrêter le jour où ce ne serait plus le cas, mais il a pris la seconde place.

L’an prochain s’augure un peu différent: je serai enfin à plein-temps dans mon collège n°1 (promis, l’Autre est toujours vivante, entière et steel in the place), je me contenterai volontiers de deux niveaux seulement (question de survie) et redeviendrai probablement professeur principal. Advienne que pourra...
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Reprise + 1 mois
Parce que, parfois, les images sont tout aussi parlantes!
Le jour de mon retour, en salle des profs:
Moi, pensant à mon bébé, sans moi, à la maison:
En retrouvant mes 3è, qui m’attendaient:
Comment on me décrivait mes 6è dans mon collège n°2:
Comment ils sont avec moi:
Mes collègues, quand je leur dit que mon bébé fait ses nuits depuis ses 3 semaines:
Mon efficacité dans la préparation des cours anticipée:
Mon état, lorsque mon bébé ne dort toujours pas à minuit passé:
Mon état, après une nuit exceptionnelle de 2 heures seulement:
Ce que je pense, en attendant dans les couloirs les “Oh, Mme Sadique est revenue!”
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J-35
Après un long silence fait de: gestation, sommeil, repas, déprime pour cause d’isolement, accouchement express et pouponnage, me revoici.
Les mois ont défilé, plus ou moins rapidement (disons, trèèèès lentement jusqu’à l’explosion de mon ventre, bien plus rapidement depuis) et me voilà rendue à un mois et 5 jours de la reprise. Enfin, un peu moins, mais mon congé maternité ne m’a pas réconciliée avec les chiffres.
Il me semble que beaucoup de jeunes mamans rechignent voire dépriment à l’imminence de la fin de leurs congés maternité. Je les comprends sans peine: notre vie a totalement changé par l’arrivée d’un tout petit être auquel on se voue corps et âme. On l’aime plus que tout ce petit bout de nous et il nous le rend bien (sauf quand il a faim, la couche sale, est fatigué ou a mal au ventre, là son amour est moins transcendant). On vit dans une bulle où l’on ne voit pas le temps passer, entièrement centrée sur ce bébé qui est objectivement le plus beau du monde. En résumé, on est à des années-lumière du monde du collège.
Sauf que Mme Sadique est à l’arrêt depuis bientôt 6 mois. Et qu’elle a toujours eu un besoin d’être active. Non pas que je sois passive auprès de ma fille, oh non, mais j’ai cruellement besoin de travailler/faire fonctionner mes méninges/retrouver une vie sociale/prendre l’air/embêter de l’élève. Six mois d’arrêt, chez des spécimens comme moi, c’est très long. Alors peut-être passerai-je pour une mère indigne mais oui, je suis plutôt contente à l’idée de reprendre du service. En plus, mes 3è me réclament depuis un bon moment (véridique).
Je pense bien qu’au moment venu, je me dirai “mais pourquoi diable ai-je voulu reprendre?” car je sais déjà que combiner le boulot et ses exigences à la maison et l’attention que nécessite un nourrisson risque de s’avérer...compliqué. Je sais aussi que cette petite crevette va me manquer (terriblement) même si je n’aurai pas le stress de la savoir en terrain inconnu vu qu’elle sera aux bons soins de son papa. Je sais en outre que je vais culpabiliser de ne plus être disponible pour elle H24. Mais je me dis également que je ne suis pas la seule prof-maman et que tout se fera tranquillement. Et que ma crevette sera contente de retrouver une maman épanouie le soir.
En attendant mon grand retour dans la “vraie” vie, face à mes affreux, je prends soin de:
-relire les textes officiels (et à nouveau cracher mon venin dessus)
-prévoir les séquences qu’il me restera à faire
-prévoir comment s’organisera mon planning de prof-jeune maman
-affûter avec délices mon sadisme naturel (mis à mal par le mode pouponnage)
-aller montrer ma merveille aux collègues
A bientôt pour la reprise des aventures!
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Prof en panne
Certes, la pré-rentrée a un peu piqué les yeux. J’avais peu dormi (comme 95% de mes compères la veille d’un tel jour), j’avais faim et la nausée en même temps et constatai avec désarroi que déambuler dans les couloirs du collège m’était déjà moins aisé que début juillet. 150 jours environ de gestation, ça laisse quelques marques...
Mais dès le vendredi, j’ai fait connaissance avec mes classes et j’ai été plutôt emballée. Déjà, mes 6è de cette année paraissent normaux, mes 5è ont un niveau qui semble plutôt très correct et mes 3è, ce fut dans la détente puisque j’en connais les trois quarts. Ils m’ont fixée avec un regard étonné, j’ai entendu des murmures “oh, elle est enceeeeeinte, trop mignon” (tu verras quand ce sera ton tour, vu de ma position, ce n’est pas mignon) et j’ai eu la présence d’esprit de leur dire lors du premier cours qu’ “au vu de ma silhouette fine et athlétique, on ne ferait pas toute l’année ensemble” (et ajouté que ça ne changeait rien aux règles de vie, que je serai au courant de toooout ce qui se passe durant mon remplacement etc etc).
On a enchaîné sur le lundi, que du plaisir (mental du moins, physiquement je me traînais comme un buffle), des classes réactives, des cours si scrupuleusement préparés qu’ils se déroulaient tout seuls et que je pouvais me reposer le soir venu. Je commençais à me remettre dedans. La rentrée pour moi, c’est un peu comme aller à la piscine: on traîne des pieds car aller se changer, passer sous la douche et entrer dans l’eau froide, vu comme ça, ce n’est pas ce qu’il y a de plus motivant. Tu entres dans l’eau, elle te paraît gelée et tu te demandes ce que tu fiches là (= la pré-rentrée) et puis tu bouges et nages un peu et ça devient franchement cool (= lancement des cours). Je reprenais mes marques, discutais bébé en salle des profs et découvrais mon nouveau collège n°2 qui, ma foi, me plaisait beaucoup!
Puis est arrivé le mardi. The Bad Tuesday...
Le matin j’ai fait cours, toujours heureuse. Et l’après-midi, j’avais rendez-vous pour revoir mon petit habitant sur écran. Je savais malgré tout que je n’irais pas jusqu’au congé maternité (prévu pour le 3 décembre) car les kilomètres me pesaient déjà et physiquement, je n’étais pas au taquet. Mais je ne m’attendais pas à ça. L’innommable. L’horreur. L’arrêt imposé.
Quand madame la médecin-des-bébés a contemplé la position de mon habitante sur l’écran, elle a un peu fait cette tête-là, avec son étudiante...
Mademoiselle mini sadique va bien, est normale, a deux bras, deux jambes, une tête bien pleine, un cœur qui cavale, des grands pieds, un bon poids et une bouille absolument craquante (en toute objectivité, bien entendu). Mais mini-sadique est basse, très basse, bien trop basse. Genre la tête dans les starting blocks. Genre un bébé en position de fin de grossesse. A 5 mois, ça pose comme un petit problème. Madame la médecin-des-bébés m’a demandé si je travaillais debout (gloups), combien de kilomètres je faisais (argl) et le verdict fut sans appel: arrêt immédiat. En état d’arrestation. Punie, au placard, comme ça, sans préavis, sur-le-champ. C’était pour le bien de ma petite sadique miniature alors je n’ai pas bronché, mais en moi...
RIP Madame Sadique: 31-08-2016 au 6-09-2016
Depuis...Bah j’ai été remplacée en 8 jours pile, ça m’a soulagée, avant de me rappeler qu’en gros là, c’était définitif jusqu’à la fin de mon congé maternité cette affaire-là...
Je m’occupe comme je peux, ma petite sadique semble m’en être reconnaissante, je la garde au chaud mais, soyons honnêtes...Je manifeste certains signes de manque... (regarder les ados qui passent dans la rue, soupirer en entendant les voisins faire faire leurs devoirs aux enfants, kiffer faire faire ses devoirs à ma sœur, envisager de préparer mes cours pour la reprise prévue le 25 mars, aider au maximum ma remplaçante etc etc...)
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Pré-rentrée en images
Ma motivation, hier matin:
Ma réaction, en découvrant mon magnifique emploi du temps:
Celle de mes collègues, en découvrant mon emploi du temps:
Ma réponse alors:
Ma sensation, en posant mon corps nouveau sur une chaise de collège:
Quand mes collègues m’assurent que mes kilos supplémentaires ne se voient pas:
Réaction, en découvrant que j’ai les 3/4 de la semaine la même salle avec vidéoprojecteur!
Ce que je prévois de dire à certains de mes 3è, me supportant depuis la 2è voire 3è année consécutive:
Leur réaction probable, en découvrant ma nouvelle silhouette (frêle et athlétique):
Ce que j’ai pensé très fort en arrivant dans mon second collège, crevée et raide de partout, quand on m’a fait comprendre que j’aurais pu arriver plus tôt:
Ce qui se passait, dans mon ventre, de 8h du matin à minuit passés:
Ce à quoi j’ai pensé, toute cette journée de pré-rentrée:
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J-5
Mon dieu! Quoi? Déjà!
Le fait que plus les années passent plus les vacances s’échappent en un éclair n’est pas un mythe. Je ne peux même pas justifier mon impression de vacances express par une surabondance de voyages, de fêtes, de sorties...
Ce fut plutôt calme, rapport au petit être qui squatte mon ventre et me demandait furieusement du repos cet été.
Nous voilà donc rendus à 5 jours de la pré-rentrée. Ce jour terrible où il faut beau/chaud/on s’ennuie/on voudrait être n’importe où sauf là/dire qu’on est encore en août b*rdel!
Cette pré-rentrée présentera nettement moins de suspense que celle de l’an dernier. Je n’arrive pas en venant d’apprendre un échange de postes pourri venant des hautes instances et attendant de savoir à quelle sauce je serai mangée. Je ne débarque pas en me demandant ce qu’exige de moi mon rôle de PP. Je n’attendrai pas en trépignant mon emploi du temps (j’en ai déjà une base). Je ne me demanderai pas à quoi ressemblent le collège et les collègues supplémentaires que l’on vient de m’allouer. Non, je suis au clair sur tout ça, je serai donc un peu plus sereine que l’an dernier.
Serai-je pour autant 100 % zen, super-motivée, heureuse d’y être et bardée de projets pour l’année? Hum... Disons que ma fiche de voeux pour 2016-2017 était aussi désespérante (pour la direction) que le niveau de mes fameux 6èZ. "Souhaitez-vous être professeur principal?” Non.
“Souhaitez-vous effectuer des heures supplémentaires? Si oui, combien?” Aucune, rien, nada, quedal.
“Avez vous des projets de sorties ou voyages?” Niet.
“Avez-vous des demandes particulières?” Oui, par pitié, ne me remettez plus dans la salle XXX, la dernière dépourvue de vidéo projecteur (et en ruines, pourquoi b*rdel m’a-t-on autant gâtée l’an dernier?)!
“Avez-vous des éléments à signaler concernant l’année 2016-2017?” Congés pour vêlage imminent à prévoir au cours du 1er trimestre.
Ceci explique donc cela. C’est ma première grossesse, j’entame la partie où on a du ventre/mal au dos/toujours faim/un essoufflement constant/une patience réduite au strict minimum/le stress d’avoir des contractions, une menace d’accouchement prématuré, et j’en passe. Et 88 kilomètres quotidiens. Et deux bahuts, encore. Parce que l’Autre est steel in the place et que je n’ai pas encore eu l’occasion de la pousser dans les escaliers (sans témoin).
Je me trouve donc, à J-5, dans un état d’esprit qui frôle la schizophrénie.
Cool, je vais retrouver les copains!
M*rde, je ne pourrai pas aller faire pipi quand je veux...
Chouette, je vais redevenir active, faire cours, tout ça!
Misère, je vais ramper, crevée, du lever au coucher...
Vraisemblablement, j’aurai un vidéoprojecteur, je pourrai écrire le cours assise, c’est chouette!
Damned, comment ferai-je si je suis prise d’une faim intense en début de cours (celle qui te démolit l’estomac et réduit tout l’intérieur en cendres en dix minutes chrono si tu ne nourris pas la bête).
Cette rentrée, donc, ne se résume pas tant à des questions pédagogiques qu’à des questions pratiques, allant toutes vers un seul but: tenir (sans nuire à mon petit habitant). Je sais que je ferai une année très incomplète, serai surtout occupée à maintenir mon petit au chaud avant de partir, occupée à faire cours avec des nuits quasi inexistantes et pas de temps pour préparer à mon retour. Cette année, je crains d’être plus spectatrice qu’actrice et je sais que cela ne colle pas avec la prof que je suis vraiment. Donc on y va, hauts les cœurs, et on verra bien!
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L’heure du bilan
En ce 30 juillet (il était temps, pourriez-vous me dire), l’heure est au bilan de cette année 2015-2016 et à ce qui se profile pour l’an prochain (enfin, façon de parler étant donné que cela commence dans un mois et un jour). Bien que démarrée sur un coup de poisse monumental, cette année fut plutôt agréable. Pourtant, je n’ai pas eu de gros coup de cœur avec mes classes comme ça a pu être le cas l’année précédente. J’ai aussi eu le désagrément d’enseigner 6 heures dans le fameux collège n°2 (cf un des articles précédents) où l’expérience fut somme toute assez déplaisante. Mais, dans l’ensemble, j’ai pu constater que j’avais plus d’aisance dans la préparation des cours et toujours un bon relationnel, que ce soit avec les élèves ou les collègues. Cette année ne m’a pas épuisée, pas démoralisée, pas passionnée non plus. Ce fut...Calme.
L’expérience nouvelle d’être professeur principal m’a plue. J’ai apprécié d’avoir “ma” classe, de les suivre de plus près, voire un peu de les materner. J’ai eu la chance que ce soit une classe relativement facile, je n’ai pas eu de gros soucis. C’est une expérience que je reconduirai volontiers, même si cela ne se fera pas l’an prochain (année que je ne ferai que très partiellement). La direction voulait déjà me remettre d’office PP (enfin, mes directions, car mon nouveau collège n°2 aussi), c’est dire si ça s’est bien passé.
Un des moments forts de cette année fut mon inspection, ô combien inattendue. En tant que prof, je suis sans cesse dans la remise en question de mes pratiques. Même si, face aux élèves, je semble ferme et sure de moi, quand je me retrouve à préparer mes cours, c’est une autre facette de moi qui apparaît: perfectionniste et inquiète de mal faire. La nouvelle de l’inspection m’a donc terrorisée mais j’ai tenu à ne montrer que de l’authentique à mon visiteur. Un cours habituel, une tenue de classe habituelle, et mes élèves furent magistralement...Habituels. L’inspecteur l’a d’ailleurs constaté et ce moment d’angoisse fut une réussite qui m’a rassurée et reboostée pour la suite. A croire qu’en effet, j’aurais bien ma place dans une salle de classe. Une inspection, c’est certes angoissant, on n’y va pas comme au club med, mais si l’inspecteur n’est pas trop borné, c’est aussi un moment extrêmement constructif. Ca m’a fait du bien!
Cette année a aussi été marquée (négativement cette fois) par ma fameuse 6èZ. Je n’aurais jamais imaginé voir de tels 6è dans ma carrière. L’équipe est unanime sur ce point: c’était une classe faite en dépit du bon sens, cette année fut un échec général et on en est ressortis vidés. Je n’aime pas l’échec, surtout professionnel. Ne pas avoir réussi à les faire progresser sera ma grande frustration de l’année. Ils étaient encore jeunes et, déjà, il ne restait plus grand chose à en faire. Que vont-ils devenir? Ils ont été soigneusement éparpillés dans toutes les futures 5è, c’est déjà ça de pris. Mais je me doute bien que la suite du collège s’annonce très difficile pour l’écrasante majorité des ex-6èZ.
Et l’an prochain alors? Si je l’avais faite entière, l’année se serait annoncée chargée! En effet, je conserve mon même collège n°1 dans lequel j’aurai une 5è et deux 3è. Je ne suis pas une grande fan du programme de 5è mais personne n’en voulait alors j’ai fait amende honorable. Je suis en revanche ravie d’avoir deux 3è. Mon collège n°2 sera aux antipodes du précédent: tout près de chez moi, c’est un minuscule établissement, plutôt rural moyen/défavorisé. J’y aurai une 6è (damned, je n’ai pu m’empêcher de demander s’ils étaient normaux). Trois niveaux, deux collèges, l’année s’annonçait chargée jusqu’à ce que je découvre qu’elle sera fortement raccourcie du fait de ma grossesse. Je ne ferai donc (normalement) qu’une partie du 1er trimestre 2016 et le dernier trimestre 2017. D’où mon refus d’être à nouveau professeur principal. D’où mon absence d’articles depuis quelques mois (le début de grossesse étant une période où l’on bosse-mange-dort sans autre occupation annexe). D’où mon léger regret maintenant d’avoir pris deux 3è (et si on me remplaçait tardivement? Et si mon remplaçant était nul? Et si le collège s’écroulait?) Bref, c’est une nouvelle année bien différente qui s’annonce (avec un mini-Sadique en cours de route)...
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La 6èZ, ou la 6è surréaliste
Les 6è et moi, nous ne sommes pas très copains, il faut bien le reconnaître. En même temps, si vous avez bien suivi (ou une bonne mémoire), je n’étais aucunement supposée avoir de nains cette année. Je devais avoir une 5è, une 4è et deux 3è. Que du bonheur. Sauf que revirement du rectorat et poisse à l’appui et voilà que j’étais affublée d’une 6è et de trois 4è. Bon. Faisons avec. Après tout, les 6è, dans 99% des cas c’est petit, volontaire, mignon et ça se tient. Un peu énergivore mais de l’énergie positive, tout ça...
Oui, dans 99% des cas. Sauf que ma 6è, la dernière de l’alphabet à l’échelle de notre collège (d’où son surnom de 6èZ ici) est hors normes. Totalement. Depuis septembre et aujourd’hui encore.
Parlons de la constitution de ce zoo, cette classe. Ils ne sont que 18, jusque là, on se dit “mais dites donc Mme Sadique, vous en avez de la chance!” Si l’on s’arrête à ça, je suis vernie. Sur ces 18 énergumènes, donc, 4 sont redoublants. En fait, tous les redoublants de 6è ont atterri dans cette classe. Notre ancienne principale adjointe (ô trèèès compétente...ou pas) avait dû les laisser de côté pour les répartir (peut-être) et ouuuups, les aura oubliés! Ainsi, ils sont tous pour bibi! Pour le reste, 14 garçons sur 18 élèves, tous issus de la même école primaire! Si si! Donc copains depuis la maternelle pour la plupart, à l’aise, tranquille, et particulièrement remuants.
Au mois de septembre, j’ai vite constaté qu’il y aurait un énorme travail à faire sur: la politesse, la concentration, le niveau scolaire, l’attitude d’élève, les bavardages.... Et tout et tout. Autrement dit, on partait de **zéro, partout. **A la rentrée, tu es encore frais, (à peu près) zen, tu te dis que ce n’est que le début, ils sont dans l’euphorie de la nouveauté, qu’ils vont vite prendre le pli...Bon, en réalité, on arrive en juin et peu de choses ont changé.
Que dire afin de vous dresser un portrait précis et réaliste de cette classe... Déjà, il suffit de les voir dans un couloir, mes collègues qui ne les connaissent pas hallucinent: ils sont hauts comme trois pommes et ont une attitude et une aisance de fin de 3è: ils s’insultent allègrement, se battent, ne se rangent pas, portent la casquette et n’ont pas une once de discrétion, d’innocence ou de politesse. Quand on les pratique 5h par semaine, on ne s’en étonne hélas plus mais lorsqu’on ne les connaît pas, ils peuvent... surprendre.
En classe, c’est un combat permanent depuis septembre. Je ne suis pas spécialement permissive donc dois leur demander des choses qui dépassent leur entendement: dire bonjour, avoir ses affaires, ne pas interrompre ses camarades ni le prof, faire son travail et ne pas se montrer insolent. Ce sont des rappels à l’ordre incessants, des choses qu’ils n’ont toujours pas enregistrées après quasiment une année scolaire. Un bon noyau parle encore sans lever la main, s’interrompt, m’interrompt, et chaque vérification des devoirs maison finit en massacre car très peu les font. Les cours ne sont pour ainsi dire jamais sus, la moyenne de classe est du jamais-vu, à peine 10, en 6ème, alors que je ne note pas spécialement sévèrement. Evidemment, cerise sur le gâteau, 90% de la classe a un niveau extrêmement faible. Deux sont de niveau convenable, dont l’un est lourdement dyslexique (j’en ai deux dans la classe, quatre redoublants, quatre de niveau SEGPA, un en emploi du temps aménagé car problèmes psychiatriques). C’est une classe tout sauf normale. Tout sauf agréable. Exemple de leurs prouesses:

La discipline leur fait défaut dans toutes les matières, paraît-il même que je suis très épargnée, ils m’aiment beaucoup et se vantent auprès des collègues d’être calmes en français (mon dieu, je comprends l’usure avancée de certains collègues). Mais il est rare que l’on vive une semaine complète sans exclu de l’établissement, le record ayant été une semaine avec 6 exclus à la semaine!

Les 6èZ sont devenus une légende en salle des profs, tous en connaissent au moins quelques uns, qui se font remarquer partout. Plusieurs intervenants extérieurs ont dû annuler en cours leurs interventions, faute de discipline avec eux. Les quelques unes qui ont eu lieu en ma présence ont été longuement préparées avec moi, je ne leur passe RIEN et là, enfin, ils se tiennent à peu près. Je rechigne à chaque récréation où j’enchaîne avec eux, je sais que ce seront des heures énergivores où je devrai me montrer dure et intransigeante pour réussir à travailler quasi normalement avec eux. Ils se tiennent à peu près avec moi maintenant, mais c’est au prix d’efforts de chaque instant, il ne faut rien relâcher sinon c’est fichu. Franchement, je me demande comment ils peuvent m’apprécier car ils ne me voient pas sous mon vrai visage (même de prof). J’ai pour habitude d’opter pour la douceur, l’humour, l’échange, ce qui est totalement absent de mes cours avec eux, on ne peut tout simplement pas.
Cette classe a été constituée en dépit du bon sens et on se retrouve avec 18 élèves qui en souffrent quotidiennement. Aucun d’entre eux n’est foncièrement méchant, mais le mélange est explosif et tous en souffrent, c’est évident. Ils auront passé une année dans le bruit permanent, dans les tensions entre eux et avec les adultes, sans apprendre grand chose. Cette classe sera bien heureusement éclatée au maximum en fin d’année, en espérant qu’ils parviennent à se rattraper en 5è mais, honnêtement, vu l’étendue des dégâts, rien n’est moins sûr...Je suis inquiète pour ces 18 gamins, vraiment.
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Collège 1/ Collège 2
A plusieurs reprises ici, mes lecteurs fidèles ont pu percevoir mon manque d’entrain à l’idée de me rendre dans mon collège n°2. A force de le fréquenter et de prendre du recul sur ce rejet profond, j’ai pu en tirer quelques conclusions. Voici un petit article comparatif des deux établissements:
-Le collège 1 accueille 80 % d’élèves de classes sociales défavorisées. Le collège 2 accueille dans les 90% d’élèves de classes sociales favorisées.
-Le collège 1 est vu comme une jungle où règnent violence et ignorance. Le collège 2 est vu comme un centre de préparation de la future élite.
-Au lycée, les élèves de mon collège 1 sont plaints et ignorés (témoignage de mère d’élève ayant fréquenté ce collège). Au lycée, les élèves de mon collège 2 sont appréciés et valorisés.
-Le collège 1 ressemble à ... Un collège. Le collège 2 ressemble au siège d’une grande entreprise.
Vu comme ça, on peut se dire: “cette Mme Sadique est bien étrange, des tas de professeurs en voudraient, de ce collège 2!”
Certes, probablement. Quand je vois la moyenne d’âge de mes collègues du collège 2 (dans les 45 ans), comparée à celle du collège 1 (vers les 30 ans), je conçois qu’il soit difficile d’accès. Et dire qu’il offre deux belles places en lettres l’an prochain, dont l’une pas encore officielle (que le principal me chauffe gentiment) que je refuserai sans la moindre hésitation. Alors pourquoi? Voici mon tour d’horizon, différent:
-Dans le collège 1, ce sont les élèves les plus faibles qui participent le plus, ils se sentent en confiance. Dans le collège 2, les plus faibles sont moqués par les brillants donc se taisent. (Je lutte contre ça, mais je ne suis ni dans les couloirs, ni dans la cour).
-Dans le collège 1, les parents sont majoritairement attentifs et bienveillants. Ils espèrent que leurs enfants auront un meilleur avenir qu’eux et comptent sur nous. Dans le collège 2, les parents “exigent l’excellence” (mots réels de parents d’élèves) et tombent sur le moindre enseignant qui serait en désaccord avec leur bambin (je touche du bois, je n’ai pas encore eu affaire à un parent mécontent).
-Dans le collège 1, l’équipe enseignante est soudée et solidaire. Dans le collège 2, c’est chacun dans son coin.
-Dans le collège 1, les élèves sont reconnaissants que je ne leur fasse acheter qu’un livre dans l’année, et le moins cher. Dans le collège 2, celui qui n’est pas habillé de marques est un looser.
-Dans le collège 1, il n’est pas rare que les élèves me remercient en fin de cours. Ce n’est jamais arrivé dans le collège 2.
-Mes deux classes de 4è de mon collège 1 ont progressé sur leur moyenne entre les deux premiers trimestres. Ils se sont accrochés. Sans être des foudres de guerres, ils participent tous, ont envie qu’on les félicite, sont encouragés par les remarques positives, donc progressent. Ma 4è du collège 2 a régressé. Ils sont vus comme bons, ils se reposent.
Derrière tout ça, j’ai compris encore davantage pourquoi je fais ce métier. J’ai envie de donner. Donner confiance en ses capacités, donner envie de se dépasser, donner des connaissances auxquelles ont n’accède pas à la maison. Donner un peu plus de sens à sa vie. Donner envie de venir en cours parce que, finalement, ce n’est pas si nul que ça. Dans mon collège 1, collège REP à la sale réputation aussi injustifiée que tenace, je sens que j’apporte beaucoup à mes élèves. Et ils me le rendent bien. Ils sont gentils, n’ont pas spécialement l’esprit de compétition ou un regard acéré de juge. Je sens que j’ai plein de choses à leur donner et c’est là que repose le sens du métier que j’ai choisi. Dans mon collège 2, les élèves n’ont majoritairement pas besoin de moi. Ils ont tout déjà: une famille cultivée, un libre accès à la connaissance, ce qu’ils recherchent c’est être le meilleur, dominer, briller. Ça n’a jamais été mes valeurs. Ce que je veux, c’est qu’ils soient meilleurs, oui, meilleurs que ce qu’ils étaient en arrivant en début d’année. Et ça ne se juge pas que sur les notes. Ils sont meilleurs s’ils participent plus. Ils sont meilleurs s’ils lisent mieux. Ils sont meilleurs s’ils font moins de fautes qu’avant, ou s’ils justifient spontanément leurs réponses, ou s’ils écrivent plus lisiblement, ou s’ils accèdent mieux au sens d’un texte...Ils y a des tas de façons d’être meilleur, et des tas de choses à apporter à ces gamins moins chouchoutés par le destin.
Dans un sens, mon expérience dans le collège 2 m’a éclairée sur plein de choses dont je n’avais pas conscience. Au sortir du CAPES, on m’aurait proposé de choisir entre ces deux établissements, je me serais ruée dans le collège 2. Rassurant, paisible. Maintenant, je sais que ma mission trouve tout son sens dans ma petite REP-qui-fait-peur-pour-rien. J’espère y passer encore quelques belles années. C’est que Mme Sadique, elle a encore tout plein de choses à donner...

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Quand l’année 2016 se prépare...
Je suppose que cela surprendra mes visiteurs non-profs mais, oui, on prépare déjà activement l’année 2016, ou plutôt, 2016-2017. La Réforme, ce avec quoi on nous bassine depuis de loooongs et laborieux mois, mais aussi les postes, leur avenir, les classes, tout ça...
Pour ceux qui auraient mal suivi ou oublié mes mésaventures de la rentrée passée, mon poste n’était pas forcément maintenu l’an prochain. En effet, je fais actuellement en grande partie les heures de français de ma collègue prof de latin qui n’enseigne cette année qu’à mi-temps pour cause de petit bébé à la maison. Mais ma gentille collègue, aussi adorable soit-elle, est plutôt motivée à l’idée de reprendre un plein temps l’an prochain! Du coup, autant dire que je craignais pour mon poste! Je redoutais le jour de parution des dotations horaires presque autant que celui de mon inspection. J’aime mon bahut (REP/énorme/paumé), j’aime mes collègues, j’aime mon quotidien là-bas. L’idée d’en partir a longtemps hanté mes nuits.
Puis, un vendredi midi, en passant en salle des profs, le principal annonce au détour d’une conversation que le lendemain, il nous donnerait une première proposition de DHG (Dotation Horaire Globale). Le lendemain. Je verrais ou ne verrais pas mon nom “Mme Sadique” dans les lignes des profs de lettres. Y sera? N’y sera pas? Je me suis sentie, immédiatement...Très. Très. Mal.
Cela a du se voir car, mon gentil principal, m’a offert un petit aparté dont le contenu m’a fait du bien à mon petit coeur (à défaut de me rassurer): il était hors de question que mon poste disparaisse, il allait tout faire pour que je reste, il tenait absolument à me garder dans l’équipe.
C’est sur ces paroles gratifiantes que j’ai enchaîné sur mon après-midi de cours. Puis, en fermant ma salle le soir venu, j’ai jeté à tout hasard un oeil sur ma boite mail, la DHG n°1 était tombée. Fébrile, tremblante, j’ouvre le tableau et me jette sur les lignes “français”. Je vois mon nom, c’est le premier. Je le relis au moins 5 fois: Madame Sadique. Sa-dique. Ma-dame. Madame Sadique. Mon visage se fend d’un sourire béat. Une première victoire. J’ai l’habitude qu’on me retire le peu que j’obtiens mais, déjà, c’est un grand pas de fait! Après moultes reprises, considérations, décomptes et sacrifices de la part de certains collègues, le verdict final est que je me retrouve comme cette année: deux tiers dans ce collège, un tiers ailleurs. Bien mieux que ce à quoi je m’étais préparée. Et mon poste dans ce collège est (volontairement, de la part des instances supérieures) trop conséquent pour que le Rectorat ait la vilaine idée de le supprimer. Lors de la parution de l’ultime DHG, j’étais aux anges. Certes, je ne gagne rien par rapport à cette année (ah, si, je récupère mes deux classes de 3è, YES) mais, surtout, je ne perds rien.
Alors que, depuis quelques semaines, j’allais au travail avec une boule au ventre à l’idée d’y passer mes derniers mois, j’y vais ô combien plus heureuse, souriante, épanouie. Je ne remercierai jamais assez mon chef qui a fait un geste que peu auraient fait. Je sais comment le remercier, en continuant de donner tout ce que j’ai dans mon enseignement. J’y compte bien.
Bon, certes, mon quotidien de prof n’est pas non plus tout rose bonbon. A cause des élèves? Ma foi, non, hormis que mes 6è demeurent des “cas”, “LA 6è dont tout le monde parle”, “LES gamins insupportables”. La seule 6ème avec 3 exclus à la semaine en ce moment. Oui, précoces, les petits. Ils ne bossent pas, mais aussi ils se battent, hurlent partout où ils passent, insultent les profs, se frappent, s’agressent, frappent et agressent les autres, parlent tous en même temps, ont le nez en l’air pendant qu’on lit un texte, ne font jamais leur devoir, ont une moyenne de classe jamais vue chez moi, etc etc...Je les A-DORE!
Le pire? Et bien c’est que malgré mon comportement de harpie avec eux, l’ambiance tendue qui règne dans mes cours avec eux, mon absence de sourire et de mots gentils, ils m’apprécient! Si si, une collègue les a entendus parler de moi dans son couloir, ils m’aiment ces andouilles!
Bon, sans parler de la mise en place de cette sacro-sainte réforme, dont nous sommes tous absolument fans! C’est vrai quoi, mettre en place plein de supers projets méga chronophages sans le moindre euro supplémentaire pour aider l’établissement, c’est genre ultra-fun et wonder-facile! Sans parler des programmes qui sont aussi flous que déconnectés de notre réalité (collège REP, élèves très défavorisés, ne maîtrisant pour beaucoup pas les bases...) qui nous infligent moultes heures de réunions pour essayer de ne pas faire un massacre de culture à la tronçonneuse l’année prochaine. Very fun! Du coup, lors des réunion d’équipes où l’on échanges idées et projets pour l’an prochain, ça ressemble un peu à ça:
Je ne m’étendrai pas sur ma 4ème, adorable avec moi, mais parfois imbuvable avec les collègues. Qu’il a fallu cadrer, recadrer, rerecadrer...Depuis décembre. En même temps, classe à 2/3 de filles, treize ans, ça sent le rouge à lèvre et le crêpage de chignon avant les études et le silence, hélas...
Mais je les aime mes 4è, mon “gang des chevelues” (nom trouvé par une collègue, seyant, je l’avoue), mon autre 4è plus difficile mais tellement attachante... Mais, peut-être est-ce du à ma mauvaise volonté (ou rancune) crasse, je n’accroche pas avec mon autre collège, ni avec les élèves...Au moment d’aller là-bas, je me sens plutôt...
Pourtant, ça vendait du rêve: collège calme, favorisé, bonne direction, beaux locaux... Et même plusieurs postes (pleins) de libres l’an prochain! Oui...Mais...
Sur ces quelques mots, je vous laisse. Pour en dégoûter quelques uns, je suis présentement à 22h des vacances. Moment merveilleux où, loin de mes 6ème enragés, je pourrai m’adonner à mes deux activités favorites:
Et évidemment:
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Le jour J
Mardi 8 décembre, 10h30, un jour, une heure, mémorables.
Replaçons le décor: je savais donc depuis huit jours que, ô surprise, un inspecteur inconnu avait décidé de me rendre une visite bien imprévue. J’ai respiré, puis bossé, agonisé, soupiré, été malade, épuisée et à bout quand est enfin arrivé le jour J.
Le matin, mon état était quelque chose dans ce genre-là:
Ma collègue, inspectée juste avant moi, est venue me dresser un rapide tableau de l’individu pendant la récréation:
Là, autant vous dire clairement, j’ai cru que j’allais mourir sur place. Je me suis détenduuuuue, les collègues étant à mes petits soins, merci à eux.
Puis le monsieur est arrivé, ça a sonné, nous sommes allés chercher ma classe ensemble. J’avais l’impression d’aller au bagne, les collègues que je croisais me jetaient des regards endeuillés...
Une fois dans ma salle, pouf, magique, j’ai oublié ce vilain personnage au fond et ai fait cours tout à fait à mon habitude. Je ne voulais pas déstabiliser mes élèves, je voulais lui montrer de l’authentique, mon quotidien. Mes élèves ont été aussi naturels que moi, hormis les 3-4 muets qui, même eux, ont participé. Le cours s’est déroulé au poil, sauf que j’ai fini deux minutes en retard. J’ai beau être terrorisée à l’approche d’une inspection, je sais en faire abstraction à l’instant T et, je crois, c’est salvateur.
S’en est suivie une loooongue heure d’attente. L’inspecteur prenait ma collègue en entretien et moi je n’avais pas cours. Ce fut fort...Long.
Puis, enfin, à 12h25...
La nausée, les palpitations, tout est revenu. Je me sentais comme un bon élève convoqué chez le principal. J’avais la sensation d’avoir tout donné, je suis passionnée par mon travail, mes chefs m’aiment beaucoup et si ce type en costard balayait tout d’un revers de la main, du genre “Mme Sadique, vous êtes bien mignonne mais vos cours...
Je me suis assise face au monsieur qui ne laissait rien transparaître et m’a d’abord demandé l’objectif du cours (que j’avais inscrit sur le document remis, parmi tant d’autres) et mon ressenti. J’ai été simple et humble. Puis il s’est lancé dans un laïus commençant par: “Je vais être honnête, pour moi c’est un cours d’excellence, alors les seules remarques que je pourrai vous faire seront des détails à prendre comme des conseils”
Suivirent 40 minutes de:
Je n’en revenais (et reviens) toujours pas. Je suis une jeune prof, c’est ma 3ème année d’enseignement, ma 7è si l’on compte mes années d’assistante pédago, ça ne va pas loin. Je suis débutante, j’ai parfois l’impression de tâtonner, passe ma vie à me remettre en question et pourtant... Cette inspection m’a regonflée à bloc, le rapport, reçu deux jours seulement plus tard, m’a fait le même effet: mon boulot est reconnu, fort apprécié, apparemment “fécond” et “de qualité”. Peu de conseils, finalement, hormis celui de poursuivre dans la même voie.
Je me suis vite éclipsée après cela car je faisais cours dans mon collège n°2.
Je ne suis revenue là que le jeudi, où l’ambiance en salle des profs (sans compter les mails reçus depuis) était au:
Et encore hier, le chef eut une longue conversation avec moi à ce sujet, et même le CPE est venu me redire à quel point l’inspecteur avait été “conquis”.
Je vous rassure, je n’y crois toujours pas! Je lis et relis le rapport d’inspection, essayant de me rentrer dans le crâne que, aussi maladroite et malchanceuse que je suis, il semblerait que dans un collège, j’y sois parfaitement à ma place. Un bon regain de confiance!
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Oh, une inspection!
Aurais-je pu la voir venir, moi, jeune prof innocente? Que nenni! Surtout que, dans mon équipe, il y avait d’autres candidates! Notamment l’Autre (à cause de qui, je pense, l’inspecteur vient), jamais inspectée depuis sa titularisation qui remonte à 17 longues années. Mais ma collègue V. réclame à cors et à cris une visite depuis bien deux ans. Alors monsieur l’inspecteur “faisant fonction” (comprenez par-là, pas membre de la team officielle de nos bêtes de cauchemars, soit inconnu au bataillon) se déplace pour l’Autre hors pas pour V, mais pour moi! Pourquoi? Allez savoir!
Pour ceux qui ne suivraient pas ce blog depuis le début, ma dernière inspection remonte à 1 an et demi, soit le 4 avril 2014 pour être précise. Et ladite inspection avait été un succès. Alors POURQUOI? Aucune idée. Mais, en consultant mécaniquement ma boîte mail académique lundi midi, je ne m’attendais pas à y trouver: note d’inspection Mme L’Autre et Mme Sadique. J’ai relu bien trois fois: “Mme Sadique”. Pourquoi moi?
Sur le coup, je suis restée zen, cool, tranquille. Cette fois-ci, je n’y joue pas ma carrière, tavu, ça va, tranquiiiiiille! Il va venir, va dire ce qu’il veut, puis repartir!
(Et s’il m’avait choisie, genre il aurait vu le jour du beau laïus de son collègue sur la Réforme que j’étais, disons, réticente?)
J’ai digéré la nouvelle tant bien que mal, si, si...
Du coup, bien que sadique, je suis aussi perfectionniste, je veux présenter un truc qui déboîte sa r*ce, pas prétentieux mais simple et efficace, bien ficelé, avec documents pros et propres à l’appui. Je veux qu’il se dise “Ah, ils ont de la chance d’avoir Mme Sadique dans ce collège, d’ailleurs on devrait virer l’Autre et lui laisser le poste!” Je ne veux pas passer pour ce que je ne suis pas, style la prof avec un pied dans le futur, correspondant parfaitement au petit soldat attendu par la réforme, mais qu’il voie que je suis une femme consciencieuse et investie. Si mon chef lui tient un discours élogieux sur moi, je ne veux pas qu’il soit déçu ensuite. J’ai d’autant plus la pression que ma première inspection était une franche réussite, alors bon, qu’il n’aille pas demander à son collègue ensuite:
Ainsi, depuis hier, je suis à fond sur la préparation de tout ça car, mine de rien, il en demande des choses! Raboule ta progression annuelle, fais péter ton plan de séquence détaillé, file le déroulé de ta séance, les documents supports, ton cahier de texte en ligne, ton tableau de notes, ton slip, ton numéro de carte bleue, et ta dignité... Et le stress remonte, j’ai laissé la lime à ongles et vais y abandonner mon sommeil et mon sourire. J’ai déjà bien hâte que ce soit derrière moi! C’est encore pire que je n’ai aucune idée d’où je vais, ne connaissant en rien l’inspecteur qui va venir, aucun écho, rien. Je potasse, prépare et...Flippe.
Au boulot, aucun moyen de faire abstraction, dès que j’arrive en salle des profs, c’est ambiance bougies et marche funèbre, sans que j’aie eu besoin d’en informer qui que ce soit!
Vivement mardi midi, peut importe que j’en ressorte euphorique ou déprimée. RIP Mme Sadique.
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Nouvelle série d’images parlantes
Allez, retour de la vie de prof en images:
Moi, pendant que les élèves sont en évaluation:
Lorsqu’un élève veut se faire pardonner d’avoir raté son éval, faute d’avoir appris:
Moi, à la récré de 10h:
Moi, lorsque “ma” 4è a raflé toutes les premières places au cross du collège:
Lorsque d’anciens élèves reviennent me voir:
Lorsque des 6ème traînent à sortir de ma salle en fin d’heure:
Moi, à la pause de midi:
Lorsqu’un élève me pose une question à laquelle je répondais cinq secondes auparavant:
En salle des profs, quand l’Autre vient me parler:
Correction de copies, on me demande mon avis:
Moi, à la récré de 15h:
L’état de mes 4è, le lundi matin:
Le fond de ma pensée, lorsque le principal adjoint de mon collège N°2 me laisse entendre qu’il y aura probablement un poste de libre en lettres l’an prochain:
Le mercredi midi, quand ma semaine dans le collège N°2 est terminée:
Ce que mes 6è pensent que je fais le vendredi, après les cours:
Ce que je fais réellement, le vendredi, après les cours:
Sans oublier, en rentrant, ou même dans la voiture:
A la prochaine!
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Deux mois plus tard
Je l’avais dit, je le fais: je ne laisse plus ce blog en friche cette année! Progrès, grand progrès!
Alors, que dire?
Déjà, cette année est reposante. Certes, être professeur principal impose quelques responsabilités supplémentaires, mais lorsque, comme moi, on a la chance de tomber sur une classe sans problème particulier, ça se passe tranquillement.
De plus, passer de 3 niveaux à 2 seulement, ça allège considérablement le travail personnel! Bon, je ne cache pas qu’avec trois classes de 4ème, j’ai quand même l’impression de faire tout le temps la même chose mais on fait avec! (Je m’amusais quand même plus l’an dernier, d’accord, je l’avoue)
Ensuite, autre point positif, j’ai à nouveau des classes sympas. Aucun cas vraiment problématique, et ça c’est bien la première fois. Je ne dis pas que j’ai d’excellents élèves et charmants à toute heure du jour et de la nuit mais je n’ai pas de sauvages ni de caïds.
Maintenant, le négatif. Evidemment, tout le monde l’attendait, être sur deux collèges, ce n’est pas THE classe internationale. Pendant bien longtemps, je prenais le mardi après-midi et le mercredi matin (créneaux dans mon collège N°2, vous l’aviez deviné) comme une véritable punition. Non pas que l’équipe y soit désagréable, non pas qu’on m’ait refilé une classe insupportable non, disons que la neutralité de l’endroit et des gens faisait mal, après avoir passé un an dans “son” collège, avec plein de têtes connues, avec plein de potes parmi l’équipe, là, je suis un petit fantôme qui ne passe que trop brièvement pour nouer des relations. Je n’ai aucune idée de ce à quoi ressemblent le prof principal de ma classe ou même le (ou la) CPE. Je connais l’équipe de direction et les profs de lettres. Point. Moi qui aime l’épanouissement social, bon, ça fait un peu juste. Ainsi, le jeudi matin, quand je retourne dans mon collège n°1, même si m’y attend ma plus longue journée, je frôle l’euphorie. Je retourne “chez moi”.
J’ai un peu dédramatisé la chose (gros travail sur moi pendant les vacances). Déjà, parce que je n’ai pas le choix car il faut que je me prépare à un nouveau jeu des chaises musicales l’an prochain (hé oui, n’oublions pas que normalement, mon poste dans “mon” collège saute). Donc autant m’habituer à me retrouver en zone inconnue, je remets ça à la rentrée prochaine. Ensuite, même si j’ai eu longtemps du mal à la cerner, tant l’atmosphère diffère d’un collège à l’autre, ma classe est finalement sympa aussi.
Enfin, le rapport avec mes classes est différent cette année. Tout se passe bien, comme la majorité du temps, aucun problème de discipline, ils me respectent, semblent m’apprécier et apprécier mes cours. J’ai même la sensation de passer l’année la plus calme depuis 3 ans. Mais, moi, je le vis différemment. Je suis un être profondément malfaisant sensible, je sais reconnaître les qualités de chacun, les lui montrer aussi, leur accorder à tous un même intérêt. Plus encore, je m’attache (bouuuuh, pas bien) (même si je ne leur montre pas trop). Pas aux élèves individuellement, mais aux classes. Je me régalais l’an dernier, l’année d’avant aussi, mes classes je les adorais, même les pénibles. C’était “mes” classes et je suis très touchée car tous, sans exception, même ceux à qui j’ai pu pourrir la vie, me saluent de bon coeur dans les couloirs cette année. Mes anciens 3ème viennent me voir, déjà trois fois depuis septembre, m’affirment avec une sincérité touchante que mes cours leur manquent, que cette année ce n’est plus pareil, qu’ils le regrettent à chaque heure de français (à mon/ma collègue du lycée, mea culpa).
Cette année cependant, ça a changé. Je suis persuadée que c’est dû à ma douche froide de rentrée, ce changement de situation que je n’ai toujours pas digéré, et surtout au fait que j’ai 99% de chances de partir définitivement l’an prochain. Du coup, il n’y a plus le même attachement. Ils sont sympas, je pense avoir la même façon de faire avec eux que l’an dernier. Mais l’attachement n’y est pas aussi fort. J’ai pris énormément de distance, partant du principe qu’après le 5 juillet, j’ignorerai ce qu’ils deviendront. C’est plus ou moins inconscient tout ça, mais perceptible. Je suis contente de faire cours, contente que mes classes se tiennent et semblent intéressées, contente de voir que certains s’accrochent voire progressent, mais j’y vais moins avec tout mon coeur que l’an dernier. Ca peut encore changer, après tout, nous ne sommes qu’en novembre. Je me connais, je ne m’autoriserai à travailler avec tout mon coeur que lorsque je serai sûre et certaine de ne pas être à nouveau déracinée. Stupide probablement, mais instinctif.
Heureusement, mes 4 classes sont très différentes les unes des autres alors je ne m’ennuie pas!
Mes 6è: la classe que j’apprécie le moins. Ils ne sont pourtant que 18, conditions optimales de travail. Mais, l’avis est partagé, c’est THE 6è compliquée de l’année. On a hérité de tous les redoublants (dont ceux qui devaient partir en 5è SEGPA mais dont le dossier a été abandonné), des élèves aux cas de dyslexie très lourds et d’un groupe de garçons copains de classe depuis le CP et bien gratinés (agités, aucun boulot, probablement rois à la maison). Pas méchants, mais on dirait qu’ils n’ont jamais intégré les règles minimales de vie en classe. Mélangez tout ça, et voilà ma 6è. (Il y a bien un élève “normal” dans le lot, discret, très bon, très sérieux, je le plains silencieusement à chaque heure). Faire cours avec eux me demande pas mal d’énergie (même si, enfin, ils commencent à comprendre qu’en cours avec moi, on évite de faire le mariole). Je me répète X fois, leur rappelle sans cesse que, non, on ne parle pas en même temps que le camarade, qu’on ne me coupe pas la parole pour me poser une question, que oui, on écrit le titre en rouge, qu’on n’a pas besoin de sortir son compas en français, etc etc...J’ai l’impression d’être prof des écoles, et ça me confirme que j’aurais détesté ça. J’essaie d’être avec eux comme avec mes 4è, mais après coup je me dis souvent que je suis franchement plus sèche et ferme avec eux, qu’ils ne doivent pas vraiment être fans des heures de français, mais pour le moment il n’y a que ça pour obtenir un minimum de travail et de sérieux. Je commence à peine à leur sourire à nouveau, pour le moment ça va.
“Ma” 4è: la 4è dont je suis PP (prof principal) est probablement la plus reposante de mes classes. Ils sont caaaaaalmes! Bon, probablement aussi parce que justement, je suis leur PP car j’ai d’autres sons de cloche de quelques collègues (qui restent rare cependant). Ce ne sont pas des acharnés du travail mais ça va encore. Un gros noyau moyen moyen, une petite tête de classe et, surtout, une bonne mentalité. Ils sont polis, ponctuels, je n’ai déploré qu’un rapport et 1h de retenue depuis la rentrée. Finger in the nose comme on dit. A part quand je les ai en dernière heure (comme n’importe quelle classe de collégiens), ça ne bronche pas, ça participe, c’est sympa.
L’autre 4è: un profil très différent. Au début de l’année, je me suis dit que ça allait être tendu du slip cette affaire, à première vue, ils feraient presque peur! Mais, finalement, ce serait presque ma classe “préférée”! Soyons clairs, ils sont mauvais, mais vraiment mauvais. Non pas qu’ils soient idiots, mais extrêmement fainéants! En classe, la participation est parfaite, même des plus faibles. Ils sont investis, vraiment sympas, on rit souvent ensemble. Mais, dès qu’il s’agit de travailler à la maison ou apprendre, il n’y a (presque) plus personne. J’ai du me fâcher cette semaine, j’ai bien vu que ça les a atteints, ils étaient peinés. Après, de là à dire que ça les transformera en foudres de guerre, je ne compte pas trop dessus. Il y a finalement plus de challenge avec cette classe car je pense que si on ne les tient pas, ça pourrait devenir une classe difficile. Mais, pour le moment, ça se passe bien.
La 4è du collège N°2: ils sont, comment dire...Nombreux! Moi qui n’ai connu que des collèges difficiles, j’ai toujours eu des effectifs allégés, ça m’a donc fait tout drôle, 29 loulous d’un coup! Et, finalement, ce n’est pas du tout le même travail. On a beau faire de son mieux, il y a moins de suivi individualisé, surtout qu’on ne se voit que 2 jours par semaine, ça n’aide en rien. Il m’a donc fallu plus de temps pour les cerner. J’attendais qu’ils me “testent”, sort réservé à tout nouveau prof dans un collège “normal”. Mais ma “normalité” doit être bien personnelle car jamais ils n’ont essayé. Certes, ça bavardait un peu, mais ça s’est vite réglé dès les premières menaces. Au lieu d’un grand groupe d’élèves moyens, j’ai deux moitiés: une brillante et une à la ramasse. Là encore, approche totalement différente. Globalement, ils sont travailleurs, ont un vocabulaire très développé (ça c’est mon plaisir là-bas, utiliser des mots plus soignés), ils ont envie de réussir. Là encore, une classe plutôt facile, hormis leur grand nombre.
Et voilà, un nouveau roman, en espérant que ce pavé satisfasse mes lecteurs assidus!

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