Ce qui compte finalement c'est peut-être tout ce qu'on fait pour trouver un sens à sa vie. S'asseoir à la terrasse d'un bar, partager, aimer, danser, écrire.
Don't wanna be here? Send us removal request.
Text
Les orageux
Cette fois-là, ça avait été foudroyant. Il était arrivé comme un grand coup de tonnerre dans ma vie. Pas le tonnerre qui paralyse, tu vois, ça avait été plutôt un orage d’été.
Il m’avait fait promettre de ne pas écrire sur lui. Le pacte, c’était surtout de moi à moi. Ecrire, c’est se détourner de la limpidité et de l’évidence. Ecrire c’est mettre du sens et j’étais convaincue que le jour où j’aurai moins besoin d’écrire ici, ce serait un signe.
A lui, je lui ai beaucoup écrit. J’étais plus seule à chercher le sens, et ça c’était la pluie de cet orage d’été qui abreuvait les plaies de ma terre asséchée.
L’autre fois, pour faire rigoler les copains, je comptais les mois. J’avais pas souvent été fidèle si longtemps. On aurait bientôt vécu chaque saison.
Oh, ça avait été orageux. Comme un automne. Moi je suis née en automne, alors tu sais, j’aime les ciels gris, le vent qui souffle, les feuilles qui volent.
Je vais pas écrire sur lui, par respect. Je vais pas écrire sur nous, parce que nous, c’est fluctuant. Je peux écrire sur moi. Moi, c’est changeant aussi, mais plus je vieillis et plus c’est stable : mes feuilles se détachent, mes branches sont taillées, mais mes racines sont ancrées maintenant.
Les feuilles sont tombées, l’hiver est passé, les bourgeons du printemps se préparent pour laisser les fruits mûrir. Les orages, ça valait le coup. Moi aussi j’ai mûri – un peu.
J’écris pour marquer ça. Garder cette impression, pour plus tard. Je sais pas vraiment s’il sera là dans 10 ans encore, je sais même pas où il sera à la prochaine saison.
Aujourd’hui il est parti. Il m’a dit qu’il voulait du ciel bleu. Je l’ai vu sortir son parapluie et il s’est envolé comme dans un film dont je me souviendrais plus du titre. Voilà, il est parti.
Et moi, j’aurais tellement grandis, et peut-être que c’est l’essentiel. J’ai mis mon imperméable, et j’ai appris à danser sous la pluie.
1 note
·
View note
Text
Une histoire comme ça.
Ça avait été très simple. On s’était vus une première fois, et y avait pas eu spécialement le chant des oiseaux et les signaux auxquels je m’attendais. On avait prévu de se rejoindre quelque part, et il pleuvait. On avait tous les deux la gueule de bois de la veille et c’était sans pression. Et puis il m’avait téléphoné pour me dire qu’il était là et qu’il m’y voyait pas. Moi j’avais l’habitude des dates, lui aussi, mais bon moi j’avais pas mal révisé et j’avais assez lu que l’issue d’une rencontre se jouait dans les 7 premières secondes. Sept secondes c’est rien du tout. J’avais soigné l’image qu’il allait avoir de moi dans ces premières secondes : clope allumée négligemment ou pas ? Attendant assise ou debout ? Est-ce que je sors mon téléphone ? Regard dans sa direction ou absorbé ailleurs ? Sauf qu’il me voyait pas et que je le voyais pas non plus, et qu’ça venait saboter ma méthodique préparation.
Puis quand même, au moment de raccrocher après s’être aperçus qu’on n’s’était pas mutuellement compris concernant le point de rendez-vous, je me suis posé la question que je me pose à chaque fois à l’issue des sept premières secondes : est-ce que ça pourrait être lui ? Est-ce que cet échange téléphonique qui venait d’avoir eu lieu avait été suffisamment acceptable pour être le premier contact avec the one ? Et la vérité, c’est que j’ai pas pu y répondre. Je sais pas. Il faut savoir que d’habitude je sais, toute suite. A ce moment de ma vie j’étais pas vraiment encline à rencontrer le père de mes enfants ni vraiment à chercher quelqu’un à niker, et c’était beaucoup de dates enchaînés pour restaurer mon ego meurtri. Puis finalement je reste une éternelle niaise, et j’me disais à chaque fois que quand même, on sait jamais, la bonne personne peut se présenter. Bon mais d’habitude donc, en sept secondes c’est plié. J’ai ma check-list mentale des trucs qui font que ça ne le fera pas. Après les 7 secondes, c’est du bonus pour confirmer et boire des verres gratos, tu diras ce que tu voudras. Oh, et se sentir désirable même quand on sait que ça n’ira pas plus loin. Regarde-moi pas comme ça, pas la peine de faire comme si t’y étais jamais passé.
Et puis il m’avait rejointe alors que j’étais encore dans ce flou-là de check-list incochable. Et j’avais bien compté dans ma tête jusqu’à 7, j’aurais été incapable de t’en dire quoi que ce soit. Je l’aimais morphologiquement bien mais j’voulais pas trop m’avancer non plus. Mais je te l’ai dit, j’avais assez enchaîné les rencards pour savoir qu’un truc allait clocher à un moment ou à un autre.
On a commencé à discuter de trucs banals dans la rue. J’étais encore dans le flou. Il marchait pas à ma hauteur, me devançait de quelques pas, me regardait pas, et avait pas l’air trop d’écouter mes réponses à mes propres questions qu’il me renvoyaient. Vraiment, je me suis dit que soit il était très tendu, soit c’était un gros con (pardon). Il voulait m’emmener dans un endroit un peu stylé où ils font pas de bière et où moi j’avais jamais mis les pieds mais dont lui avait l’air habitué. Je me suis dit que j’étais clairement pas son genre de filles accoutumées, mais je me suis dit aussi qu’il s’en était peut-être pas encore rendu compte ou alors qu’il cherchait à faire les choses bien parce que je lui plaisais quand même et il regagnait les points perdus dans ma check-list mentale. C’est bien tombé qu’avant d’arriver au bar il avait pu me démontrer que c’était pas un gros con. Y a des gens qui s’imaginent que les autres gens croisés sur leur route sont comme des figurants dans le théâtre de leur vie, et ce soir-là c’est un peu ce que je me suis dit pour les gens autour de nous. Moi il m’écoutait pas trop, mais avec les autres c’était un gentil.
Je me souviens de peu de choses de nos premières vraies discussions à part peut-être qu’elles étaient assez intéressantes pour que ça ne finisse pas en coup d’un soir. Je me souviens qu’il a cherché à m’impressionner un peu, et comme on est toujours le gros con de quelqu’un j’ai pas voulu être la sienne et j’ai fait la personne impressionnée mais pas trop. Impressionnée surtout parce que j’trouvais mignon qu’il cherche un peu de mon admiration, pas trop pour pas trop surtout qu’il me prenne pour une groupie. C’est ça, quand on est rodée à être blasée, des trophées de chasse plein les placards, franchement, n’en fait pas trop stp mon ex est champion de boxe, de formule un, et puis dj accessoirement mannequin alors tu sais ça m’intéresse plus tant de polir tes médailles et d’inscrire ton nom sur la longue liste des mecs chopés pour la gloire. Arrête, on en a tous un au moins. Moi j’en avais assez eu pour la postérité.
Bref il se faisait tard et je te rappelle qu’on était chacun en gueule de bois. On était allés fumer une clope le temps de décider comment finir la soirée. Il m’avait proposé d’aller regarder un film chez lui et c’était tellement cliché que j’avais refusé. Je lui ai dit qu’on n’allait de toute façon pas se pécho, mais que je voulais bien prolonger la soirée chez lui et qu’on écouterai de la musique plutôt que de regarder un film comme font les gens qui veulent se pécho en toute tranquillité. Il pleuvait toujours, on s’était pris l’averse, et on était arrivés chez lui trempés.
Et puis le lendemain on s’était revus. Et puis en terrasse on avait un peu ri des couples autour qui étaient sans doute des premiers dates tinder, juste avant que je réalise qu’on n’était nous-mêmes qu’un second date et moi j’avais oublié que moins de 24 heures avant je ne le connaissais pas. Et puis on avait tout fait pour étirer la journée, il m’avait commandé des pizzas, et puis je crois que c’est comme ça que tout a commencé.
Ça avait été simple. Je le revois encore assis face à moi, là, ce mec que j’avais pas pécho mais que j’aurais pu connaître par cœur, avec qui j’étais ni mal à l’aise ni profondément à l’aise mais avec qui j’étais plus en train de jouer un rôle. Je crois que je m’étais même pas dit que j’avais envie de lui mais je crois que je m’étais dit que j’allais pouvoir l’aimer.
Je saurais pas trop quoi te dire de nos sept premières secondes, ni des suivantes, ni des heures, ni des jours d’après. Je saurais pas te dire à quel moment ça a commencé à être une belle histoire. Moi je crois au destin, et qu’on peut percevoir des signes annonciateurs et des raisons à chaque chose alors je m’efforce de les trouver pour me rassurer. Je croyais jusque là que la bonne personne était celle qui arrivait au bon moment. Et puis, il est arrivé au pire moment, et moi pas au moment le plus opportun, et puis la foudre ne s’est pas abattue sur nous, le vent ne s’est pas levé. L’univers nous a pas envoyé de message clair et direct, il nous a juste mis sur la route l’un de l’autre et peut-être que bon, c’est bien comme ça aussi.
0 notes
Text
J’étouffe.
J’avais presque oublié de vivre. C’est sans doute générationnel cette impression de n’en faire jamais assez, c’est vrai on en parlait souvent à la lueur des réverbères, on ressassait cette liberté anxiogène et toutes les possibilités qui s’éteignaient à mesure de nos choix. Nos parents n’auront jamais connu ça mais nous on a vingt ans passés et en quelques heures d’avion on peut être où on veut. On nous a dit qu’on pouvait être ce qu’on voulait, mais bon, qu’il fallait pas trop rêver non plus. On a cru à l’ascenseur social mais on a encore peur de rester coincés dedans, tu te rappelles, quand on était petit et qu’on appuyait sur le bouton, et personne ne répondait, et si c’était pareil ? J’ai peur de finir seule, sans personne qui réponde, j’ai peur de finir coincée, et ce pour toute ma vie.
On n’a pas plongé dans des lacs gelés en plein hiver, on n’est pas parti à l’autre bout du monde en auto-stop, on n’a jamais fait ces trucs que font les gens qui vivent. On nous a dit : fais ce que tu veux, mais sois sage, fais attention, ne tombe pas.
On a dit ça pour notre bien et on est devenus des adultes anxieux. A 30 ans passés on aura fait le Grand Chelem : un Master, un CDI, la maison et 2 gosses. Et après ? Ça sera ça la vie pour toute la vie ? Ça sera ça pour rendre fières nos parents ? Est-ce qu’on va oublier un jour qu’on avait eu des rêves et des projets ? Est-ce qu’on va renoncer pour toujours à toutes les aventures qu’on aurait pu vivre, si seulement ? Moi j’ai peur de m’retourner un jour, d’être une vieille conne, j’ai peur de m’retourner aigrie, pleine de rancœur envers la vie et de dire comme mon père “J’aurais voulu faire tant de choses, mais c’est trop tard maintenant.”
Je veux vivre, pour de vrai, je veux vivre putain.
1 note
·
View note
Text
L’accomplissement.
Bientôt, on sera les personnes qu’on a à être. C’est ça qui est beau. Pour l’instant moi j’en chie, et toi aussi parfois.
On s’est dit qu’à trente ans, on serait des personnes géniales. On aurait fait du sport et appris à manger sainement. On aurait terminé nos études et même trouvé un emploi stable. On aurait voyagé et vécu des choses qu’on ne soupçonne même pas. On aurait bien profité de la vie, on aurait eu des partenaires inoubliables et de belles histoires à raconter et puis des looses pour en rire les soirs de déprime. On aurait pansé nos cœurs brisés, on saurait aimer à nouveau, on aurait fait la paix avec les autres et avec nous-mêmes.
C’est beau cet espoir. C’est ça qu’il faut garder. Même si c’est encore souvent la galère et même si des fois on en chie encore toi comme moi, on garde ça comme une petite voix pour nous dire “C’est pas fini, ça va aller, on a encore tant à travailler pour réaliser les personnes incroyables qu’on a à être.” On a la trentaine comme objectif, mais je suis convaincue qu’on consacrera notre vie à la rendre plus belle et à être de meilleures personnes. Et c’est toujours du baume aux blessures actuelles et à celles passées qui nous ont permis d’être aujourd’hui déjà des personnes incroyables qu’on n’aurait jamais pensé être il y a 10 ans.
Je t’aime pour ce que tu es et je t’aime parce que je sais la personne incroyable que tu vas devenir. Et j’y ai pensé à nouveau quand on m’a regardée comme je te regarde. On a un potentiel incroyable à réaliser, et je pense qu’on y parviendra. C’est ça, le sens de la vie, je crois.
1 note
·
View note
Text
On fait des choses extraordinaires.
Tu savais aussi bien que moi comme tout ce qui en valait vraiment la peine était toujours le plus hors de portée. Tu savais qu’on accordait bien plus de valeur à ce qui était difficile à obtenir, et tu savais aussi que les gens obstinés comme nous arrivaient à leur fin.
On ne pouvait pas se contenter d’une existence banale, on ne pouvait pas se contenter de désirer ce qu’on avait déjà, ça n’avait aucun sens. Les gens comme nous courent constamment. Les gens comme nous rêvent de déménager, de voyager, de monter dans les trains au hasard. Peut-être poussés par la conviction que l’herbe était plus verte ailleurs, mais aussi, je crois, par ce besoin que leur vie en vaille vraiment la peine.
On avait dû faire une promesse aux Dieux de faire plus fort, plus grand. On avait dû voir la mort de trop près pour ne pas vivre entièrement.
On allait faire des choses extraordinaires, on allait être heureux, on n’avait pas d’autre choix.
1 note
·
View note
Text
Déclaration.
Je t’avais vu débarquer avec juste ton audace lancée par la mienne à l’occasion d’une invitation, et juste un jean et un tee-shirt aspergé de parfum. Alors j’avais dit en moi-même “Ce soir, il est là pour moi.”
T’étais aussi beau que d’habitude, ni plus ni moins. Tu sentais même pas la peur, juste le Hugo Boss. C’est drôle, maintenant je me dis que t’avais dû avoir sacrément peur mais sur le coup j’ai pas réalisé. T’étais là et c’était normal. Je me suis rien dit de plus.
Tu m’as ramenée chez moi, et c’était toujours normal. On était là pour ça, c’est connu, on avait déjà vu pas mal de films, c’est là qu’on avait appris le peu de connaissances qu’on avait sur le sujet.
C’en était presque triste. C’était une jolie nuit avec beaucoup de tristesse. On savait toi et moi pourquoi on était là sans trop savoir comment. Toi tu devais te dire quand même c’est louche que ça soit si facile cette fois. En tout cas c’est ce que je me suis dit. On n’avait pas vraiment d’attentes, si ce n’était celle de savoir où ça allait nous mener. Le couloir, la chambre, les draps. Non, pas cette attente-là. On attendait de voir si notre cœur allait s’emballer ou même pas, ce que ça faisait de toucher un corps inconnu mais effleuré toute la soirée et imaginé cent fois.
Le deuxième soir, tu ne m’as pas raccompagnée. Je sais toujours pas si t’en avais pas envie ou si t’as pas osé. Peut-être que je te poserai la question un jour. Le lendemain tu m’as dit “J’aurais dû te raccompagner”, et moi je sais plus ce que j’ai répondu pour éluder. T’aurais dû, mais tu ne l’avais pas fait. Ma confiance élimée finirai ébréchée, mais à ce moment-là, je ne le savais pas, et j’ai continué à jouer. On continue à miser jusqu’à tout perdre. C’est la règle.
Le troisième soir, ou peut-être était-ce le quatrième, on ne voulait plus jouer. Chacun voulait remporter sa mise sans avoir à mettre cartes sur table. C’était une jolie nuit, on n’aurait pas dû vivre ça. C’était une trop belle nuit. Tout ça pour ça. On n’avait toujours pas l’espoir spécial qui rend ces nuits spéciales. Moi j’étais toute cassée, je pense que tu le savais, mais tu faisais comme si de rien n’était. Toi t’étais blindé des filles avec qui c’était jamais allé si loin mais blindé aussi des histoires des copains pour qui ça tournait mal. T’avais rien vécu mais t’y croyais déjà plus. On savait, par expériences interposées qu’on ne pouvait pas tomber amoureux, ça fait mal c’est chiant ça complique tout. Tomber amoureux, c’est non. Ce qu’on ignorait, toi et moi à ce moment de nos vies, c’est comme ces nuits à ne pas dormir, à se chercher, à sourire dans le noir, on ignorait à quel point elles sont rares. Maintenant, je le sais. Par jalousie, je me demande si tu en as eu d’autres depuis. Moi pas.
On a eu cent nuits. Au moins cent nuits. On s’est endormis fâchés et réveillés réconciliés, on s’est raconté nos enfances et nos projets, on s’est contenté de laisser nos corps communier parfois.
Ça n’arrive sans doute qu’une fois dans une vie, crois-moi.
1 note
·
View note
Text
Des chatons.
Tu te rappelles mes histoires où on était tous des chatons ?
Tu t’en rappelles pas, moi je suis un chaton à chaque fois.
Je voudrais rester ça. Je voudrais rester sur le canapé quand tu pars au boulot et être toujours là quand tu rentres et juste lever le museau un peu l’air de rien, l’air de comme si j’avais à peine remarqué ton absence même si c’est faux, même si j’ai fait qu’attendre que tu viennes contre moi encore une fois. Je voudrais qu’on s’occupe de moi, je voudrais que tu t’occupes de moi, et faire comme si je le voulais pas, comme si j’étais beaucoup trop indifférente à ce genre de considérations. C’est une question de fierté mais pas seulement. Il faut que tu laisses la porte ouverte quand tu t’en vas. Je peux partir à tout moment, et si tu laisses la porte ouverte, si tu me laisses cette possibilité-là de saisir mon indépendance à n’importe quel moment sans que ça te fasse trop de peine, sans que tu me cours après, alors je resterai sur le canapé toujours.
Aimes-moi comme ça.
Surtout, aimes-moi.
Je me concentre toujours très fort, moi, pour pas être un chaton. Je l’admettrai jamais je pense. Je te dirai jamais que j’aimerai être ton chaton, parce que je sais que c’est pas ce que tu veux.
L’autre gros chat m’avait dit un jour “T’es une femme, bordel !”. Ça m’avait un peu remuée, j’ai failli lui ressortir une vieille boulette de poils sur ses pattes. Il avait dit ça comme une évidence. Moi j’étais là un peu “Ah bon mais comment ça ?”. Je veux pas, en fait, je veux pas trop être une femme ni tout ce que ça implique. Non, ça me correspond pas, pas plus que ça me correspondrait si on me révélait subitement que “T’es un homme, bordel !”.
Moi je veux pas de ces injonctions, ça m’intéresse assez peu de devoir me définir entre l’un et l’autre de ces mots mais il paraît que maintenant on peut devenir qui on veut. Et moi, je suis un chaton. C’est pas assumable dans la vie de tous les jours mais je veux juste poser ma tête dans le creux de sous ton bras et miauler un peu pour que tu t’occupes de moi.
C’est peut-être juste le temps de me reposer, je sais pas, c’est peut-être juste le temps de reprendre un peu mon souffle de la vie qui va trop vite pour moi.
1 note
·
View note
Text
C’est un effort de volonté absolu de savoir dire “c’est lui” ou bien “c’est elle”. Ça semble aller de soi, pourtant.
Est-ce qu’ils étaient déjà tombés en morceaux avant de se rencontrer. Il y a toujours quelque chose de l’ordre de la chute. Son cœur était tombé dans le bas de son ventre, et on dit “tomber amoureux”. Il m’avait parlé de la fois où il avait trébuché, désarçonné par un sourire. C’est toujours des instants ridicules. Moi, je ne sais rien de tout ça. J’ai eu des histoires et puis plus rien. Quand il m’a demandé si j’avais déjà été amoureuse j’ai trouvé la question absurde. Oui, tout le temps. Mais maintenant ça n’existe plus, c’est enfermé dans un tiroir de ma mémoire. J’ai sûrement déjà vécu ça, c’était instantané, insaisissable, foudroyant. Le lendemain, il n’en restait plus rien. Plus rien que les petits morceaux fracassés dans la chute.
Peut-être qu’un jour on rencontre quelqu’un et on regarde chacun les petits morceaux de l’autre. On regarde si ça colle. Est-ce que les petits morceaux de tes chutes précédentes assemblés aux morceaux de mes chutes peuvent représenter ce qu’on a à être. C’est de l’ordre de la divination. On déchiffre les signes comme le ferait une vieille femme dans le marc de café.
Vraiment, c’est encore des choses que je ne comprends pas. Moi j’ai déjà dit je t’aime, j’ai dit je t’aimerai toute la vie, j’ai dit je ne t’aime plus.
On me dit si tu te sens comme ce que tu me décris, c’est que tu es amoureuse. On me dit, je ne sais pas pour moi quand je suis avec elle alors je suis bien, je suis vraiment moi. Ce n’est pas ce que je ressens. Je ressens la brûlure du besoin de toujours toucher sa peau, et un pincement aux parfums qui ressemblent au sien. Je ressens l’envie de l’entendre rire toujours, et sa voix. J’ai peur aussi, que ça s’arrête, ça s’arrête à chaque fois, ça s’arrêtera encore, mais on n’en parle pas.
On devrait savoir faire l’effort sur-humain de s’aimer, juste pour voir. Mais non. On attend que ça se gâte, et ça confirmera que c’était une mauvaise idée finalement. Puisque ça doit finir, pourquoi commencer. Puisqu’on ne s’aimera plus un jour, pourquoi s’aimer maintenant.
1 note
·
View note
Text
J’ai des choses à te dire.
Je t’écris dans un état de bouleversement. C’est un sentiment que je ressens souvent, peut-être plus souvent maintenant que je prends la peine de rencontrer les gens.
Je pense qu’on connaît chacun ces états de grâce particuliers qui nous font sentir tellement de choses à la fois, qui nous rendent plus humains.
J’aurais pu avoir une sale vie, et puis j’ai eu beaucoup de chance. J’ai bénéficié de tellement d’aide et de bienveillance, de la part d’associations et d’adultes quand j’étais petite, de la part de mon entourage aujourd’hui. J’ai eu tellement de chance d’avoir un toit et à manger, j’ai eu tellement de chance que des adultes croient en moi, fassent attention à moi, prennent la peine de s’intéresser à moi. Ça aurait pu être bien pire.
Ces adultes sont devenus le modèle d’adulte que j’ai décidé de devenir. Les états de grâce que je vis actuellement sont ces moments, où je vis ça à nouveau. Je suis de l’autre côté maintenant, c’est moi l’adulte qui ait à donner sans rien prendre. Je ne prends pas, mais je reçois encore beaucoup.
Je suis toujours bluffée par l’humain. C’est ce qui m’intéresse le plus au monde. C’est ce qu’il y a pour moi de plus fascinant et de plus génial.
L’humain a cette capacité à engranger les expériences et à être modifié par elles : il apprend. Demain, tu seras différent de ce que tu es aujourd’hui, grâce aux nouvelles choses que tu as vécues, grâce aux événements qui se sont produits, grâce aux personnes que tu auras rencontré, grâce aux conversations que tu auras eu avec elles... etc. Ça concerne les choses positives autant que les négatives : tout est source de changement et donc d’apprentissage. Et c’est génial.
A partir de ces constatations, je crois qu’on devrait favoriser ça, chacun un peu comme on peut. On devrait permettre au autres de s’enrichir d’expériences positives, leur accorder de l’attention, de la bienveillance, de la compassion, un sourire. On devrait faire ça, parce que ça fait du bien. Mais tu le sais, tu en as eu l’expérience. Tu as forcément eu ces personnes autour de toi qui t’ont fait sentir l’importance que toi tu avais en tant qu’humain. La première vérité, c’est qu’on en a tous besoin. La seconde vérité, c’est qu’on a besoin des autres pour nous apporter ce genre de choses.
J’ai connu quelqu’un un jour qui m’a dit “Non mais attends, je vais pas aller aider les autres, moi personne m’a jamais aidé hein !”. Premièrement c’était faux. Deuxièmement cette personne avait le pire karma qui soit.
On devrait prendre la peine de s’arrêter quelques minutes et de repenser à tous les gens qui nous ont permis d’être ce qu’on est à cet instant. On devrait sentir cette reconnaissance, et l’exprimer.
Mais surtout, on devrait pouvoir se servir de ces expériences positives engrangées et les transformer. Grâce à ces expériences qui m’ont fait sentir l’importance de mon existence, aujourd’hui, j’ai compris que je pouvais à mon tour montrer aux autres l’aspect extraordinaire de leur vie pour moi. Des fois, ça passe par un sourire, par une paroles même anodine, par un petit cadeau ou une petite attention. Peu importe.
Je suis humaine et toi aussi, et on a besoin les uns des autres.
1 note
·
View note
Text
Rien. Il n’y a rien.
C’est tout ce côté insaisissable qui fait que ça en vaut le peine.
Demain je serai morte. Un jour, ça sera vrai, alors je me le dis tous les jours pour avoir raison au moins une fois.
En attendant on fait quoi ?
On ne doit pas plaisanter avec ces choses-là. On ne devrait même pas y penser. Divertis-toi, enivres-toi tant qu’il en est encore temps.
Moi ça ne m’intéresse pas.
Je n’ai pas encore décidé si la vie devait être une affaire sérieuse ou non. C’est anxiogène de savoir qu’on va mourir et de ne pas savoir quand : est-ce que vraiment ça en vaut la peine de se démener pour quelque chose qui sera bientôt terminé ? Jamais fini, ça non. Ta vie ne sera pas finie. La finitude implique la complétude. Tu n’atteindras jamais cet état-là.
Toi tu cours après le plus, le trop, le mieux. Je te regarde ironique. Moi j’attends. Tu trouves ça déprimant. Avoir beaucoup d’argent une belle voiture une grande maison, d’accord. Et demain tu meurs. Tout ça pour ça. Moi j’essaye de servir une cause plus grande, sauver le monde, croire en Dieu, laisser les traces écrites et des images de moi. A quoi bon ?
J’en ai la nausée. A quoi ça sert la vie ? A rien. Il n’y a pas de sens, pas de direction ni de signification. On la remplit ; on pourrait aussi bien s’asseoir et attendre.
La fin est proche. Ça fait encore beaucoup à tirer.
Ça m’angoisse tout le temps.
On arrive là avec une infinité de possibilités. Elles se réduisent au fur et à mesure qu’on avance. Le milieu social dans lequel tu es jeté, la famille dans laquelle tu nais, la combinaison de gênes qui peut-être te rendra beau ou intelligent ou peut-être pas, la combinaison de toutes tes expériences qui se cumulent et se multiplient, et tout ça qui vient se factoriser et toi avec tout ça qui devient l’être humain unique que tu es. On ne peut pas, on ne pourra jamais, recréer ça.
Alors, qu’est-ce que tu décides d’en faire ?
“Fais ce que toi seul peut faire.” Après toi, il n’y aura rien.
1 note
·
View note
Text
Répètes après moi.
Tu es quelqu’un de beau.
Tu es aimé.e profondément par d’autres personnes.
Ta vie est précieuse.
Tu as le droit d’être heureux ou heureuse.
Toi seul sait ce qui est bon pour toi.
Ton existence rend d’autres personnes heureuses.
Tu as le pouvoir d’apprendre de tes erreurs.
Tu grandis, tu évolues, tu changes, et chaque jour tu deviens une meilleure version de toi-même.
Rien n’est important : fonces, oses, prends des risques, échoues, sois ridicule, peu importe. Tu en retireras toujours quelque chose.
Prends soin de toi. Tu es la seule personne avec qui tu vas passer le reste de tes jours, fais en sorte que cette compagnie te sois agréable.
Tu es exactement comme tu dois être.
Tu vis exactement ce que tu as à vivre.
C’est correct de ressentir ce que tu ressens : si tu es triste ou en colère, ton corps te signale un événement à éviter ou à modifier ; si tu es joyeux. joyeuse ou émerveillé.e ton corps te signale un événement à reproduire.
Fais ce que tu aimes faire.
Aimes. N’oublies pas d’aimer.
Aimes-toi, surtout.
1 note
·
View note
Text
On devrait faire des poèmes, des chansons, des films de ces histoires presque vécues. Rendre réel les sentiments qu’on s’est jamais donné la chance d’éprouver.
C’était un soir pas vraiment tard, un moment de nos vies chargé d’espoir pourtant. C’est ce qu’on plaçait dans chaque rencontre sans se l’avouer, à voix haute on disait qu’on allait boire deux trois bières et essayer de fourrer. On en aurait gerbé mais on en arrive là parfois dans une vie : s’abandonner, heurter son amour propre, n’importe quoi mais ne pas dormir seul, surtout.
Toi t’avais encore des cicatrices de la dernière fois où tu t’étais mangé le bitume et moi, oh moi, je souriais beaucoup les yeux dans le vague de mon âme déjà noircie et mes poumons noircis aussi des cigarettes allumées à répétition pour pas te montrer qu’à cet instant de ma vie je ne savais déjà plus que faire de moi-même.
On se reconnaît entre nous, on se reconnaît toujours, pas besoin de rose épinglée ni de foulard moutarde, on s’aperçoit au loin, on les voit les autres comme nous qui ont passé trop de temps à s’astiquer dans la pénombre, les mal à l’aise ambulants on est les mêmes pas vrai.
J’aurais aimé que ça soit la première fois, c’est ce que je me suis dit une fois rentrée dans mes draps froids. J’aurais aimé te donner mon premier rire, te donner des choses à découvrir, je sais pas moi être ton Amérique à conquérir. Pour moi il n’y a plus de surprise. J’reconnais à chaque fois la voix familière qui me murmure la même rengaine sur la personne affreuse que j’suis et sur les hommes qui sont tous des salops “Livres ton corps petite pute” enferme mon âme à double tour.
J’m’en suis cogné la tête contre les murs depuis, d’avoir saccagé ce qui aurait pu être une belle histoire plein de fois.
A chaque fois.
On n’prend pas le temps et on y repense des années plus tard pris de nostalgie. On regarde les histoires abrégées, accélérées sous le coup des névroses, des histoires passées mal digérées, de la peur des autres toujours. On regarde en arrière et on se dit : “Et si je l’avais vécu pour de vrai ?”
1 note
·
View note
Quote
Chacun fait du mieux qu'il peut avec ce qu'il est.
1 note
·
View note
Text
J’ai voulu allumer la lumière, c’était le mauvais interrupteur. J’étais toujours dans le noir, je n’ai même pas réagi.
Mes cheveux sentaient encore bon, malgré l’odeur du tabac froid.
J’ai perdu dix kilo, je me trouve trop maigre maintenant. Personne ne le remarque, et moi je sens mon visage émacié qui tire quand je souris.
J’écoute toujours les mêmes musiques et c’est drôle parce que ça m’évoque des histoires différentes maintenant.
Je pleure encore parfois mais moins. Je pleure souvent d’avoir vécu des choses un peu trop belles qui n’existent plus.
J’te dis jamais que tu me manques. Je sais même pas si tu me manques. Des fois je me dis que c’est pas toi qui me manque, c’est juste la présence que t’apportais à ma vie y a trop d’années déjà. J’voudrais te dire : Redeviens ça.
On n’a plus rien à voir avec les personnes qu’on a été. Comme le bateau de Thésée : et si un bateau part et que les pièces sont changées une à une au cours du périple, est-ce le même bateau à l’arrivée ?
Je n’ai plus rien à hurler, plus rien à écrire et j’voudrais une fois encore qu’on mette la musique très fort et qu’on lâche tout ce qu’on a à lâcher.
Quand facebook me propose de voir mes “souvenirs”, je clique à chaque fois.
J’ai sacrément vécu, je me dis parfois que je suis une vieille femme maintenant est-ce que j’aurais déjà trop vécu ? C’était beau. Et je suis comme un enfant maintenant, et j’voudrais voir tout ce que la vie me réserve encore. Ça devrait être beau. Il faut quelque chose qui illumine ma vie encore, mais c’est toujours le mauvais interrupteur.
1 note
·
View note
Text
Je viens te voir souvent, et je reste tapie dans l’ombre. J’aimerais sortir de ma cachette simplement et te prendre dans mes bras. J’en aurais des choses à te dire, mais peut-être que tu sens ma présence parfois.
Bientôt, tu auras 22 ans. Bientôt ça ira. Et j’voudrais te dire que moi je te trouve parfaite comme t’es. Tu t’en veux souvent d’être toute bancale, et tu ne sais pas comment mettre de l’ordre dans tout ça. Je voudrais te dire, moi, que pour l’instant c’est le bordel et que c’est pas grave. Tu vis ce que t’as à vivre et c’est vrai ton existence te paraît lourde souvent. T’es triste et en colère. Tu le fais payer à n’importe qui qui ose t’approcher de trop près. Tu fais pas toujours les choses bien. Le mal que tu fais, le mal que tu te fais, tout ça c’est rien.
Je suis là pas loin et tu croyais que je t’en voudrais. Moi j’te trouve belle quand tu passes tes journées en culotte à allumer clopes sur clopes. Et ces journées sans pouvoir sortir de ton lit, et les gueules de bois, et les garçons qui font mal mais c’est même pas leur faute ni la tienne, c’est rien crois-moi, c’est exactement ce que t’as à vivre et peut-être qu’il te faut juste en passer par là le temps de reprendre ta respiration. Il n’y a rien à changer.
J’voudrais te dire de t’aimer mais t’en es pas capable pour l’instant alors je t’aime à retardement.
Dans quelques années, quelques mois, les choses seront différentes. T’es un champs d’ruines à l’heure où j’te vois. C’est rien. Continues à déblayer, t’envoies tout balader et tu fais l’tri des morceaux de ta vie assez solides pour être conservés. Et moi je te regarde et je te remercie de tout ça. J’ai réparé, je me suis excusée pour les sales mots que tu as prononcés, regardes on y arrive et tu le sais, seul le temps finira par t’apaiser. Et avec tous ces morceaux que t’as mis de côté regardes ce que j’en ai fait : c’est la reconstruction maintenant, et il nous fallait simplement en passer par là. A la fin ça ira, et si ça n’va pas, c’est que c’n’est pas la fin.
1 note
·
View note
Text
En fait, un jour, j’ai découvert que j’étais introvertie.
Je buvais beaucoup, pendant une époque de ma vie. J’étais pas tout le temps saoûle non plus mais voilà je sortais beaucoup, je voyais régulièrement mes potes et puis j’avais toujours un verre, une bière à la main et puis je voulais tout le temps aller au bar pas seulement pour l’alcool mais enfin j’étais pas bien raccord avec les normes de l’OMS je pense.
A ce moment-là j’intellectualisais pas tant les choses je savais que j’étais en souffrance et que ma vie me fatiguait beaucoup mais plus je sortais moins j’avais à penser et finalement moins on pense à sa souffrance et moins on la ressent, pas vrai ? Bon, avec le recul : Non.
J’ai toujours su que j’étais une introvertie hein, ça a pas débarqué comme ça dans ma vie à 23 ans, enfin pas totalement. Je l’ai toujours su parce que c’est ce qu’on a toujours dit de moi, “introvertie, timide, réservée, calme”. Ouais. Et ça m’emmerdait. Je comprenais pas qu’on dise ça de moi, ou qu’on me reproche de pas assez prendre la parole en classe alors que oui j’avais la réponse mais j’avais pas besoin que tout le monde le sache juste ça me suffisait d’attendre que quelqu’un d’autre la dise pour me confirmer que bon c’est bon je le savais. C’est des trucs comme, mais que seuls les introvertis peuvent comprendre je pense.
C’est péjoratif de dire “introverti”. Extraverti c’est bien, moi j’ai toujours cru que c’était la norme en fait. La norme c’est : dire ce qu’on a à dire et puis y réfléchir après ; parler surtout quand on est une fille ; oser ; sortir tous les weekend etc. Tout ces trucs que je faisais a une époque parce que je crois j’assumais juste pas d’être ce qu’on m’avait assigné. Je voulais pas être introvertie parce que je comprenais pas à quoi ça faisait référence mais je comprenais que ça correspondait pas à ce que les gens aimaient. Et moi, je voulais être aimée. CQFD. Donc je buvais, beaucoup, souvent. Et c’était génial parce que ça me rendait extravertie : je parlais à des gens comme ça et je leur disais ce que je pensais, et puis j’osais faire ce que j’avais envie de faire, et puis je rigolais beaucoup et fort, et puis souvent j’atteignais le point hystérique. C’est l’extrême de l’extraverti, mais moi ça me défoulait d’être ça occasionnellement, puisque c’est ce que je croyais qu’il fallait être.
Le problème c’est que je suis une introvertie. C’est pas un problème c’est très correct en fait mais j’en sais rien je comprends pas trop y a juste dû y avoir un truc dans mon éducation, dans le milieu social dont je viens, qui a fait que pour moi c’était pas correct.
Depuis, j’ai compris qu’en fait on était assez nombreux (presque la moitié de la population en fait), à divers degrés. Voilà, moi je suis très introvertie. Je fais pas exprès. Juste, c’est comme ça que je recharge mes batteries.
C’est ça la différence entre les introvertis et les extravertis : le vendredi soir après une semaine chargée, l’extraverti va aller se recharger les batteries en soirée avec tous ses potes alors que l’introverti va plutôt rester chez lui sous un plaid avec un film ou un bouquin (et à la rigueur aussi une personne vraiment spéciale qui ne l’envahit pas trop). Bon en réalité, on n’est jamais complètement l’un ou l’autre hein, bien sûr ça dépend du vendredi soir, de la période de l’année etc mais on a une préférence selon qu’on soit plutôt l’un ou plutôt l’autre.
Et moi donc j’ai découvert récemment que j’étais introvertie et que c’était correct. Ça ne fait pas de moi quelqu’un d’atrophiée aux compétences sociales nulles, c’est juste ma façon d’être au monde. C’est à dire que ça fait assez peu de temps que ça ne me rend plus aussi mal quand en soirée on me dit “Mais qu’est-ce qu’il y a, tu parles pas, tu t’ennuies ? t’es triste ?” Bin non, tout va bien pour moi, j’essaye pas de rendre qui que ce soit mal à l’aise, regardes si tu viens vers moi on peut discuter sans problème et c’est vrai que moi spontanément je serais pas venue vers toi tout de suite pas que j’ai pas envie de parler avec toi mais c’est juste qu’il me faut du temps en retrait pour observer comment les choses se passent, comment les gens interagissent pour ensuite interagir avec eux ; et aussi tu vois c’est pas forcément que j’ai rien à dire ni que ce sujet m’intéresse pas mais je vais pas prendre la parole parce que bin si je ne suis pas absolument convaincue de ce que j’ai à dire alors je ne le dis pas je n’en ai pas besoin c’est tout. Et puis ce n’est pas non plus que tu ne m’intéresses pas je veux dire je te snobe pas, mais déjà je suis pas forcément à l’aise pour m’exprimer à l’oral et je préfère l’écris tu vois bon mais ça c’est pas grave, mais aussi j’ai pas envie de passer quarante secondes à parler avec toi de la pluie et du beau temps tu vois moi je préfère autant qu’on se pose dans un coin pour les quarante prochaines minutes et que tu me parles de ce qu’il se passe à l’intérieur de toi, dans ta tête, tes émotions, comment tu vois le monde, tes rêves, alors là bien sûr on peut parler pendant des heures si tu veux. Mais après faudra juste que tu me laisses un moment retourner à mon monde interne pour que je recharge mes batteries.
En fait c’est juste que ce qu’il se passe à l’intérieur de ma tête me suffit la plupart du temps, j’aime bien le contact avec les autres aussi mais le truc c’est que je suis une introvertie à dominante intuitive. C’est à dire que tu vois je suis très en lien avec ce qu’il se passe à l’intérieur de moi, mais aussi avec ce qu’il se passe à l’intérieur des autres, et quand je suis entourée de beaucoup d’autres et bien ça me fait beaucoup beaucoup beaucoup d’informations à gérer à la fois et j’ai juste besoin d’être un peu en retrait pour gérer toutes ces informations c’est tout.
La plupart du temps je me contente de dire “Mais oui, ça va !” en souriant.
Je me dis juste que ça devrait aller de soi, que c’est très difficile de comprendre qu’on ne fonctionne pas tous de la même manière c’est vrai mais que c’est dommage parfois de grandir en croyant qu’on n’est pas normal alors que non, pas tant ; et c’est assez embêtant d’avoir tant eu besoin de s’alcooliser la face pour essayer de trouver une solution toujours un peu branque à quelque chose qui n’était même pas un problème.
https://www.16personalities.com/fr/test-de-personnalite
1 note
·
View note