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Fleurs de genêts

La lumière est douce, le soleil du matin. Ça sent la rhubarbe qui rend son jus. Il y a la fenêtre entrouverte, de l’air dehors, les feuilles qui se balancent doucement. Il n’est pas vraiment tôt, plusieurs voisins sont levés depuis longtemps, mais c’est calme, on entend les oiseaux. Je pense à toi, à l’image que j’ai de toi en tous cas. Je n’ai pas encore lancé l’anxiété de la journée sur ce sujet là. C’est tout le temps ça maintenant, je pense à toi et je spirale et je ne suis plus que de l’anxiété, le bide en vrac, les yeux cernés. J’écris beaucoup en ce moment, je ne sais pas vraiment si ça aide quoi que ce soit. C’est différent, c’est un chemin que j’ai trouvé, entre la musique et respirer l’air de la forêt. Je repenses à la Bretagne. Je ne sais pas si tu te rends compte que c’est un peu ta seule compétition. Il n’y a pas d’autre mec qui pourrait m’intéresser en ce moment, mais repartir là-bas, vivre dans cette lumière, sentir l’humidité de l’air, être intégrée, tout ça, ça me fait me questionner. S’il faut faire ce qui nous fait le plus peur pour évoluer, alors évidemment que c’est rester et voir si on a quelquechose pour s’accrocher ensemble. Partir c’est la facilité. Même perdre de l’argent en déménageant, trouver un boulot un peu pourri, tout ça c’est facile, je l’ai déjà fait. Mais essayer de s’attacher à quelqu’un, pour de vrai. Ça me térrifie. C’est difficile, ça me bouffe. Parce que ça pourrait impliquer changer mon identité, me perdre. Mettez-moi n’importe où je sais qui je suis, mais me laisser aller à tenir à quelqu’un et je vais m’oublier, non? Comment on fait? Je suis complétement dans l’abstrait de toutes façons, tu n’es pas là, on ne s’ait rien promis, presque on ne se connait pas. Mais je crève d’envie et toi aussi, un peu? Pas pour les mêmes raisons... Ma vie je veux qu’elle reste douce, comme cette matinée. Je te veux toi, mais je ne veux pas perdre la sérénité de savoir où je vais. Peut-être que je ne sais pas ce que je veux non plus, en fait. Mais je penses à toi. Je ne sais pas comment faire, mais je voudrais que tu sois là.

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I will always have New York

Et puis après, même s’il n’y a plus rien, même si je redescends, plus l’excitation, plus les papillons, plus l’attention, plus l’attirance. Même si elle est là, la remplaçante, celle choisie, celle qui est facile, plus fille, plus rangée, plus stable, plus maman, plus jolie, même si je la vois et que ça me pince, au coeur et à l’égo, même si j’en pleurerais peut-être encore, une fois rentrée, bien cachée, même là je sais.

Il y aura toujours l’horizon en Bretagne, mon point de fuite préféré, bleu sur bleu. Il y aura toujours les sentiers, et la forêt, et les oiseaux. Il y aura toujours la lumière et le soleil, pour me caresser. La mer, les vagues aux battements réguliers pour m’apaiser. Le vent dans mon cou et sur mes joues, ses baisers soufflés. Le sable entre mes doigts, l’eau sur ma peau quand je nage, enlacée. Les animaux qui me font sourire, les fleurs qui m’émeuvent. Il y aura toujours des trains qui partent pour oublier et des expos à voir pour s’inspirer. Mon coeur sera trop plein même si je ressentirai trop le vide. La douceur sera là même si le mal me bouffera. Il y aura toujours un crayon et du papier, des ciseaux, du tissu, du fil, quelquechose à assembler, à monter, même si ce n’est pas nous, même s’il n’y a pas de nous, pas cette fois, pas ensemble. Il y aura tous ces pays où je dois encore aller, et cette boule de poils tant désirée. Il y aura encore l’odeur après la pluie, même si celle de son parfum me serrera la gorge quand je le croise, il y aura le goût du thé, et l’odeur des orties, et de la reine des prés. Il y aura toujours les livres, et les gens cultivés, et la musique, et la danse, et les battements de mon coeur auront quelquepart où se caler. Il y aura le temps, d’avancer, de voir, et d’oublier, ce sera bien, parce que ce sera vrai, ça sera vrai, tout ce qu’il me restera.

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Maybe I’m being protected

Après tout je ne le sentais pas au départ. Je l’ai vu avec des yeux clairs au départ. La mauvaise communication elle m’avait déjà sauté au visage. Qu’il ne gère pas la frustration et le stress sans se vénère, je l’avais vu aussi. Évidemment que c’est toujours là, évidemment que ça ressort amplifié maintenant. On est tellement différents, il a la vie que j’évite toujours, le plan-plan, le ne pas chercher plus loin, pas de culture, des soirées résumées à picoler, gérer des meufs bof en quantité, parce que c’est la quantité qui compte et l’accessibilité n’est-ce pas, manger de la merde en se trouvant des excuses, être obsédé par le physique et l’image... ça ne te rappelle rien? On avait dit plus jamais ça, on sait déjà que ça ne match pas. Ça ne colle pas si tu prends du recul, il n’y a rien qui va si tu t’éloigne assez. Regardes ses antécédents: une coiffeuse mère-au-foyer et une barman immature, qu’est-ce que tu veux venir faire là-dedans? Et putain, il est de droite! Ça aussi on avait dit plus jamais ça, non? Ça ne colle pas, c’était peut-être juste physico-chimique, peut-être juste un excès d’optimisme. Mais regardes, regardes vraiment, tu vois ses potes, tu vois sa famille, tu vois sa pseudo incapacité à s’exprimer, ses mensonges mal déguisés, ça aussi tu l’as vu direct, que mentir ce n’était pas un problème pour lui, tout comme être un peu hypocrite, ce n’est pas charmant à ce qu’on sache. T’es vraiment trop au-dessus pour un gars comme ça, tu vois tout, ce que tu ne sais pas encore tu le sens à l’instinct, alors ne te laisse pas aspirer dans son magma, juste pour le contact physique, juste pour l’attention. Bien sûr que tu veux ça, être une reine avec quelqu’un, faire un chemin accompagnée, mais ce n’est pas ce mec là, il va t’emmener dans un mur. Tu vas céder des trucs, bien sûr que tu vas t’adapter, comme une seconde nature, et après? Il prendra et toi tu perdras, et tu vas te retrouver quand même dans cet état là à la fin, autant en chier maintenant et passer à autre chose. Il l’a déjà fait lui, avec sa nouvelle meuf, pas besoin d’amour, c’est juste une place à occuper, un lit à remplir. Tu l’as senti que c’était mauvais, c’est pour ça que tu n’es pas restée, fais-toi confiance, tu as mal mais tu savais déjà où ça allait, nullepart à part dans le fantasmé, le bien il est dans ta tête, la réalité tu la connais.

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Idiote

"Pourquoi tu la regardes? C’est pas elle, ça pourrait être elle, mais c’est pas elle."

Comment il peut être passé sur quelqu’un d’autre aussi vite, après avoir été à fond pendant des semaines, juste comme ça, aussi facilement. Je n’ai pas imaginé des trucs, mais maintenant il s’en fout, il est déjà sur quelqu’un d’autre. Pourquoi il arrive à lui parler à elle et pas à moi? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi, qu’est-ce que j’aurai dû faire? Je n’ai rien fait, il avait déjà pris sa décision? Ou il m’a vraiment pris pour une conne? C’est toujours plus facile avec une autre. Ça fait trop mal, je le voulais vraiment lui, il était là vraiment, c’était réel, je n’ai pas imaginé des trucs. Pourquoi pas moi, pourquoi je ne vaux pas un tout petit peu d’effort? Il n’a rien fait, c’est moi qui l’ai lancé, mais il était intéressé, je ne l’ai pas imaginé, pour une fois c’était réel et maintenant c’est fini, il a tout effacé comme si ça n’avait jamais existé, il a préféré quelqu’un d’autre. Est-ce que j’ai l’air d’une conne de rester? Est-ce que Roro et Rico ont perdu tout respect pour moi? Est-ce que c’est moi la boufonne maintenant? Après Karine, c’est moi, c’est bien fait pour moi? J’ai tellement mal, ça devait être tellement bien, c’est pire que tout. Je n’ai rien fait, qu’est-ce que j’ai fait, qu’est-ce que l’autre fait de plus, de mieux?

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it’s all fun and games until you break your own heart

Il n’est même pas beau, son corps est moche. Il écoute de la musique de merde, vraiment de merde, il ne lit pas, ne parle pas d’autres langues, zone devant des émissions de télé débiles. Il s’habille mal et ne fait même pas d’efforts quand on se voit. Il a des pulsions chelous incontrôlées. Il flirte avec toutes les meufs, pas juste toi, tu n’es pas spéciale c’est rien. Il baise comme dans un porno sans tendresse, il te tourne le dos quand c’est fini, pour lui. Il a un humour de gamin, il dit zizi quand il parle de sa bite. Il se fout de ta gueule. Il se fout de ta gueule. Il ne fait aucun effort, il n’a pas le temps mais il en a pour plein d’autres choses. C’est des miettes. Tu voulais être une reine, tu lui sers juste à flatter sa petite confiance en lui. Il joue au con en disant qu’il est timide, ça lui évite de se mouiller, il n’est pas timide, il est l’inverse, probablement manipulateur au pied levé. Il ne te parle pas et il ne se rappelle jamais le peu de sujets abordés, toi ou une autre, ça sert juste à déverser. Tu t’es fait des idées, y’avait rien à trouver ici, il va t’embourber si tu cherche à le capter. Tu t’es fait mal toute seule, c’est dans ta tête. Il est toujours avec sa femme, elle le babysit et ça lui plait bien. Rappelle-toi comment il parlait d’elle, le mépris, c’est ça son vrai visage, non? Il ne sait pas communiquer, il te fait déjà tourner en bourrique, tu te vois continuer? Regarde-toi, ce n’est pas joyeux, ce n’est pas fleuri, ce n’est pas enchanté, y’en a des contes de fées, ce n’en est pas un stp, tu le sais, tu sens que ça, ce sentiment de limitation, de devoir surveiller, on n’est plus dans l’adaptation, tu vas vriller, tu le sais. Faut lâcher, de toutes façons t’as rien à garder vue qu’il ne s’est rien vraiment passé, même pas une page à tourner, tu ne te rappelleras même plus qu’un jour ça t’as excité. Game over, ramasse tes billes, tu n’as rien à brader.