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Alexandre Kyungu’s Work at the exhibition Demain, Kinshasa - Institut Français. Another promising Congolese artist!
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Victor Ehikhamenor. Wealth of Nations: Ogoni9
C'est comme si Ken Saro-Wiwa était entré dans l'esprit de Victor Ehikhamenor pour que ce dernier puisse créer l'installation qu'il a proposée lors du dernier festival Ostrale en juillet 2016 dans la ville allemande de Dresde. Une installation à l'allure simple, à la valeur esthétique évidente et derrière, une symbolique qui, quand elle est démasquée, fait découvrir un pan sombre de l'histoire nigériane.
Cette écriture caractéristique du travail de Victor a un sens. Tirés de son village natal, l'artiste manipule ces symboles pour raconter des histoires. Et plus on se rapproche des murs couverts de cette écriture traditionnelle à l'allure répétitive, plus on se sent happé par un univers magique de clarté et de cohérence. Clarté du message et cohérence des éléments font de cette installation particulière un témoignage vibrant de l'exécution injuste (pardonnez mon pléonasme) de neuf activistes nigérians dont a été témoin le monde en novembre 1995.

Neuf barils de pétrole pendent. En-dessous une baignoire remplie d'une eau rougeâtre. Autour, des visages, des yeux sans expressions fixent le spectacle. Victor m'expliquera que c'est par pure coïncidence qu'il est tombé sur ce baril aux couleurs du drapeau nigérian. C'est aussi le hasard qui l'a conduit vers ces neuf barils. Pas huit, ni sept, mais neuf... Lors de ma visite, tous les tonneaux sont immobiles, sauf un. Il balance de gauche à droite et rien, malgré toutes les tentatives de l'artiste, ne semble calmer cette danse. Danse macabre que les bourreaux de Ken Saro-Wiwa ont dû exécuter pour parvenir à tuer l'activiste. C'est en effet au bout de leur cinquième tentative, qu'ils réussiront à briser le cou de l'écrivain qui depuis des années luttait pour la sauvegarde de l'environnement et pour la défense des droits du peuple Ogoni.
Le peuple Ogoni forme une petite ethnie du Nigéria habitant un territoire sur le delta du Niger riche en pétrole que la société anglo-néerlandaise Shell exploite en dépit des prescriptions environnementales et du bien-être des populations. Le pouvoir en place à l'époque, représenté par le dictateur Sani Abacha, tire de cette exploitation une manne financière importante dont elle ne fait pas profiter le peuple Ogoni qui voit sa nature se détériorer et ses terres accaparées par la multinationale. Ken Saro-Wiwa, dans les années 90, milite avec ses compagnons du MOSOP - le Mouvement pour la Survie du Peuple Ogoni - pour une meilleure répartition des bénéfices de l'exploitation du pétrole, la réparation des dégâts écologiques et pour une plus grande autonomie des Ogonis. Accusé d'incitation au meurtre par le régime, sa lutte et celles de huit de ses acolytes se soldera par une mise à mort qu'aucun membre de la communauté internationale ne r��ussira à contrer. Jusqu'aujourd'hui le peuple Ogoni est témoin de la dégradation et de la pollution de ses eaux et de sa flore. Il continue à respirer des gaz toxiques et a encore en mémoire la perte de ces neuf militants.
Victor Ehikhamenor dans son installation interroge la mémoire collective. Que devient la connaissance? Que faisons-nous de ce dont nous avons été témoin? Les yeux des témoins que nous sommes tous ont vu et continuent de voir le sang versé dans lequel les mêmes protagonistes continuent de se baigner... Que deviennent ces images captées et emmagasinées dans un coin de notre inconscient partagé? Dans nos discussions, l’artiste a évoqué des éléments proches du mystique pour m’expliquer ce qu’il l’a mené à réaliser son travail à l’Ostrale Festival. En effet, logé dans une cabane lors de sa première nuit à Dresde, Victor s’y est senti comme emprisonné et pris dans un piège dans lequel il a ressenti des difficultés à respirer. Il me dira qu’après cette nuit, il a tout de suite pensé à celle qu’ont passée les neufs martyrs Ogoni en prison juste avant le jour de leur exécution. C’est le lendemain qu’il a trouvé les neufs barils avec l’inscription « Oil », dont un blanc et vert, les couleurs du drapeau nigérian…

« Wealth of Nations : Ogoni9 », à l’instar des autres travaux de l’artiste comme « The Prayer Room » présenté à la dernière Biennale de Dakar, convoque l’art traditionnel dans un contexte contemporain. La frontière entre art traditionnel africain et art contemporain africain se fait presque imperceptible et relance le débat sur la pertinence de cette dichotomie sur base de la temporalité. Dès lors que l’art traditionnel est utilisé dans un processus de narration contemporaine, et dès lors qu’il se pratique encore aujourd’hui (Salah Hassan, The Modernist Experience in African Art: Visual Expressions of the Self and Cross-Cultural Aesthetics) il ne fait pas exclusivement partie d’un passé révolu et peut encore participer à une contemporanéité dans le processus créatif des artistes du continent africain.
Victor Ehikhamenor, homme du village comme il se qualifie lui-même, puise dans son héritage pour offrir au public un discours engagé et est reconnu comme un des artistes contemporains les plus innovateurs du continent africain.
Je vous invite à découvrir son travail sur le lien suivant : http://www.victorehi.com/about-the-artist/. Il sera présent à la prochaine foire d’art contemporain 1 :54 à Londres.
Sorana Munsya
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L'art contemporain africain, espace de rassemblement entre la communauté diasporique et non diasporique?
Ceci est une ode aux artistes contemporains du continent africain. Ceci est un plaidoyer en faveur d'un soutien et d'une reconnaissance plus importante de la part de la diaspora africaine pour l'activité incessante, inspirée et intelligente des artistes africains sur le continent. Il y a de l'étonnement dans mon étonnement, ce jour-là, lorsque je me prends en pleine figure la multiplicité des genres dans le talent des artistes congolais. "You think you know but you have no idea" est la phrase (en anglais et ne me demandez pas pourquoi) qui me vient à l'esprit, car je réalise que ce que je sais de l'art congolais, et même africain, est léger et principalement tourné vers le passé. Un passé dans lequel je me réfugie, comme sans doute bon nombre de membres de la diaspora. Ce passé auquel nous faisons bien souvent appel car dit-on les racines donnent des ailes, c'est en connaissant son passé que l'on peut envisager l'avenir sainement. Des assertions qui si elles ne manquent pas d'intérêt, ni de pertinence, omettent sans doute de dire que, de façon complémentaire, le présent peut nous en apprendre sur le passé. Il nous montre la vision sur le monde qu'a un individu à un instant donné et dans un endroit précis. Cet individu c'est l'artiste africain ( par africain nous entendons africain vivant sur le continent africain), cet instant c'est aujourd'hui et l'endroit c'est le monde. Car la photographie du monde que l'artiste africain peut nous montrer est un cadeau sous-évalué et sous-exploité. Et ce, notamment par la diaspora africaine.

Sammy Baloji est un de ceux-là. Un artiste contemporain congolais qui représente l'idée qu'aujourd'hui ce qui est produit par l'artiste en général, et africain en particulier, peut être considérée comme une précieuse image du présent. En effet, son oeuvre renvoie à des éléments de l'histoire passée qui peuvent potentiellement servir de base pour une perspective dans le futur et une construction identitaire. Dans un entretien mené avec lui il y a quelques semaines, celui-ci expliquait la genèse de ses sculptures présentées d'une part à l'exposition centrale d'Okwui Enwesor et d'autre part, dans le pavillon belge de la Biennale de Venise dans l'exposition "Personne et les Autres". Le principe de ces deux oeuvres reposent sur la reproduction de scarifications sur des plaques de cuivre. La structure en coupole de l'une des deux reproductions fait référence, comme il l'a expliqué, à la coupole du Sacré-Coeur de Liège, une coupole construite quelques années après la Première Guerre Mondiale (entre 1925 et 1938). Celle-ci a été conçue après la décision des alliés lors d'une réunion à Paris de construire un mémorial à Liège. Liège fut un lieu phare de la résistance durant la Première Guerre Mondiale. Or, pour construire cette église et sa coupole il fallut faire venir à l'époque 13000 kilos de cuivre de la région du Katanga au Congo. Sammy continue en disant que, partant de ce constat, cette oeuvre, qu'il a nommé "The Other Memorial", est devenue un prétexte pour évoquer et rendre mémoire aux soldats de la Force Publique congolaise ayant combattu avec bravoure notamment lors de la bataille de Tabora. "On dénombre plus de 29 000 morts dans la Force Publique", dit-il, sans même compter les pertes humaines dues aux travaux forcés dans les mines et autres effets collatéraux d'envergure. Sammy Baloji a ressenti comme faisant parti de son devoir d'artiste de rendre hommage à tous ces anonymes, morts pour la Belgique, constatant qu'autour de ce mémorial liégeois aucune allusion ou référence ne mentionne le fait qu'une telle quantité de cuivre n'a pu être extraite du sol katangais que grâce à ces hommes et à ces femmes.
Revenons-en à la mise en abîme de l'étonnement. La surprise d'être étonnée de ce qui fait l'activité artistique africaine aujourd'hui, de la multitude de moyens et de supports d'expression qui sont utilisées par des artistes, qui malheureusement, sont souvent peu connus du grand public de la diaspora. Ces mêmes membres de la communauté diasporique qui, au nom d'une recherche ou (plutôt) d'une construction d'identité, brandissent le drapeau de l'appartenance à la terre mère. Qui par beaucoup de moyens ingénieux diffusent des idées de panafricanisme et d'unité dans un monde hostile et emprisonné dans des valeurs individualistes et de performance. En effet, dans cette recherche de rassemblement en communauté, il est paradoxal de constater la méconnaissance entourant la production de ces porteurs de message que sont les artistes contemporains du continent africain. Plus qu'une méconnaissance, on pourrait parler de négligence de la vision du monde de l'artiste. Une vision qui loin des clichés se nourrit pourtant d'une inspiration qui défie les lois du temps et de l'espace.
Récemment, le titre "L'Afrique découvre son talent" d'un article dans le numéro 356 d'Afrique Magazine d'Olivia Marsaud évoquait parfaitement l'idée de cet étonnement face au bouillonnement artistique que semble soudain découvrir le monde en général et les Africains de la diaspora en particulier. Elle y cite d'ailleurs Marie-Ann Yemsi, consultante culturelle et curatrice de l'exposition "Odyssées Africaines" pour laquelle "ce qui compte pour les artistes c'est qu'on les regarde. Or, à l'étranger, on ne regarde pas les créateurs africains. Il y a une méconnaissance de ces pays et donc des scènes qui s'y développent." Une méconnaissance qui paradoxalement frappe aussi ceux qui cherchent à se rapprocher de cette culture. Or, si l'on veut que cette activité rayonne, il importe que la diaspora ait un rôle de soutien. Un rôle important car il contribuera aussi, certainement, à la consolidation de son identité par le biais d'un processus de dé-stéréotypisation de l'art dit africain.
Vitshois Mwilambwe Bondo est un artiste plasticien congolais qui à travers son travail remet en question l'enseignement donné aux étudiants à l'Académie des beaux-Arts de Kinshasa. Il contribue à ce processus de dé-stéréotypisation de l'art congolais. En effet, les méthodes d'enseignement n'ayant pas évolué depuis près de 5 décennies dans les académies congolaises, Vitshois a fait le choix de se désolidariser de ce système et des stéréotypes qu'il véhicule, avec le souci d'apporter un nouveau souffle à l'art congolais et surtout de respecter l'inspiration nouvelle qui anime d'autres artistes congolais. C'est dans cette démarche que l'artiste Eddy Kamuanga, après avoir quitté l'académie des Beaux-Arts de Kinshasa de façon prématurée, a rejoint le Kinart Studio, un lieu de création contemporaine de réflexion,de recherche et de développement artistique ainsi que de formation dans le domaine des arts contemporain au Congo créé par Vitshois. Dans ce cadre, Eddy a pu exprimer de façon totalement libérée la contemporanéité de son inspiration artistique et par la suite exposer dans des galeries étrangères. A travers l'exemple de Sammy Baloji, Vitshois Mwilambwe Bondo et Eddy Kamuanga, on comprend que l'activité artistique congolaise est vive et remet en question un système inspirée de la période coloniale et qui persiste jusqu'aujourd'hui. Le système de l'enseignement qui, bloqué dans des schémas rigides, ne permet pas à l'artiste contemporain de donner sa vision du monde et de l'exprimer à sa manière. Dans ce combat contre les clichés et dans ce positionnement politique, il est important que la diaspora soit impliquée ne fut ce qu'en terme de soutien. Un soutien qui lui serait aussi bénéfique dans la mesure où cette dernière semble avoir les yeux tournés vers sa terre mère lorsqu'il s'agit de se construire des bases culturelles. Il est important que ces bases se fondent aussi sur une culture africaine d'aujourd'hui. Il est fondamentale d'éviter la déconnexion avec les challenges auxquels fait face le continent africain. Or, ces challenges, ces combats menés sont exprimés et relayés d'une certaine façon par les artistes contemporains africains. Un homme comme Okwui Enwezor, membre de la diaspora nigérianne aux Etats-Unis, a oeuvré toute sa carrière à la visibilité, sur la scène internationale, de l'oeuvre d'artistes africains. Des artistes africains qui ne sont pas là où on les attend et qui donnent une lecture particulière de ce que l'art contemporain africain peut apporter au monde. Dans la dernière Biennale de Venise, ce dernier propose une exposition centrale dans les jardins du Giardini et à l'Arsenale mettant en avant, entre autres, le travail d'une trentaine d'artistes africains. "All the worlds future" est le nom de son exposition. Ce titre évoque l'ambition, et non des moindres, de rassembler des artistes contemporains autour de la question de la multiplicité du regard posé sur ce que le futur réserve au monde. Dans des temps où le monde devient en apparence unique et uniforme car globalisé à l'extrême, il est important d'interroger les particularités qui font cette société. Des particularités qui, même si broyés, oubliés et ignorés par le rouleau compresseur du productivisme et du capitalisme, persistent malgré tout et permettent si elles sont écoutées d'enrichir la vision de ce qu'il pourrait advenir au monde et à la condition humaine. C'est donc dans cette volonté de recherche de lien entre le particulier et le globalisé qu'Okwui Enwezor a invité une multitude d'artistes de tous horizons à participer à son exposition. Simon Njami, concepteur d'exposition d'origine camerounaise et directeur artistique de la Biennale de de Dakar 2016 , refuse quant à lui tout type d'étiquette et se confie lors d'une interview avec Sabine Cessou en disant "Demande-t-on au peintre français de peindre sa francitude? Au Japonais de représenter sa nipponitude? Avec les Africains, on recherche toujours des traces de leur africanité, alors qu'on n'a aucune idée de ce qu'est l'Afrique, pour commencer!". En effet, le temps où la femme africaine portait en toutes saisons le pagne est révolu. Les statuettes de bois et les masques ne sont pas l'unique patrimoine artistique des peuples africains. Ce n'est ni bien ni mauvais. C'est un fait. C'est un fait également, qu'une Africaine puisse apprécier arborer une crinière lisse au lieu d'une couronne crépue, ça ne l'en rend pas moins africaine. Dans le même d'ordre d'idée, confiner l'artiste africain dans une supposée africanité qui n'a pour symboles (pratiquement) que des items stéréotypés est réducteur et n'est pas de nature à déployer la créativité venant du continent à travers le monde entier. En revanche, là où la notion d'africanité prend un sens intéressant et exploitable, c'est lorsque, ensemble, communauté diasporique et non-diasporique collaborons pour faire entendre d'une voix la créativité qui nous fait vibrer. La construction d'identité de l'un peut se mettre au service du besoin de soutien de l'autre et, sans doute, inversement...
Sorana Munsya.
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Un petit aperçu du travail réalisé à la Médina de Dakar grâce à la collaboration de trois structures: IFAA, KAANI et YATAAL ART. Merci Assane Koné pour ce chouette article.
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Témoignages de deux artistes de la plateforme IFAA sur leur résidence artistique à la Médina de Dakar.
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Grada Kilomba. Un être inspirant. Elle a la sérénité et la douceur caractéristiques des personnes qui sont en paix avec ce qu'elles sont, ce qu'elles disent, ce qu'elles pensent et ce qu'elles produisent comme pensées et connaissances. "Decolonizing knowledge" c'est la porte ouverte, pour ne pas dire la porte défoncée, à la création décomplexée et assumée de connaissances. C'est le cri poussé après le silence imposé et le secret trop longtemps gardé... C'est libérateur.
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NEW CONGOLESE GENERATION. Soon... #curatorialteam #vitshoismwilambwebondo #exhibition #congo #kinshasa #youth #visualartists
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Les associations Bakushinta (Georgine Athapol Dibua) et Nouveau Système Artistique (A. Wetsi Mpoma) en collaboration avec Sorana Munsya et en partenariat avec le Musée Royal de l'Afrique Centrale et la Maison des Cultures de Saint-GIlles à Bruxelles organisent une exposition rétrospective des différentes présences congolaises en Belgique depuis la fin du 19e siècle aux débuts des années 1960.
CONCERT de RUMBA congolaise le jour du vernissage!!! Venez nombreux!
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IFAA ou l’art comme remède face aux enjeux globaux
Beaucoup en ont rêvé, elle l'a fait. Sithabile Mlotshwa, la directrice artistique de l'IFAA Project, réunit autour de la même table pléthore d'artistes, de scientifiques et de penseurs qui ont pour unique mission de réfléchir aux challenges auxquelles l'humanité doit faire face dans ce monde contemporain. Elle nous propose un programme artistique qui s'étend de 2015 à 2025 et qui passera par des villes comme Paris, Bâle, Venise, Rome, Taipei, Shangai, Lugano, Goteborg, Kinshasa, Cape Town, Dakar, Yaoundé, Bamako... et bien d'autres encore.
IFAA croit dans le pouvoir infini de l'art d'offrir un espace de dialogue, de questionnement, de réflexion et d'élaborations d'issues collectives aux défis multiples qu'à titre également individuel chaque être doit gérer. Au même titre que le politique, le domaine scientifique et académique, la culture est porteuse de perspectives et de solutions. L'art peut agir comme catalyseur de débat dans l'espace public.
C'est au nom de cette conviction qu'IFAA a officiellement lancé son projet lors du dernier sommet pour le climat COP21 à Paris en décembre dernier. En effet, pendant les 10 prochaines années et à travers 60 pays, un total de 2000 artistes vont à travers leurs inspirations côtoyer des scientifiques, des politiciens et dirigeants d'entreprises pour trouver des solutions à des problèmes globaux tels que les inégalités sociales, l'immigration, le terrorisme et le changement climatique.
La phase 1 du projet a commencé depuis 2015 et se solde en ce mois de février en une exposition collective qui marque le début de la phase 2 du projet. La phase 1 a consisté en un travail collectif en résidence à la Cité Internationale des Arts à Paris. Ce travail s'est concentré sur le sujet de la dégradation sociale et environnementale dont le thème a été: "Looking into the Future, Our world, Our common home". Des artistes comme Keiko Sato, Guy Wouete, Mario Macilau ou encore Pelagie Gbaguidi ont fait partie de cette aventure à la Cité Internationale des Arts. Le fruit de leurs inspirations fait actuellement l'objet d'une exposition qui réunit les artistes suivants: Rob Sweere, Pelagie Gbaguidi, Mishek Masamvu, Meschac Gaba ainsi que le regretté Kiripi Katembo Siku.
Pelagie Gbaguidi est une artiste peintre béninoise qui explore le sujet de l’esclavage comme un héritage universel et non pas seulement comme une mémoire appartenant exclusivement à la communauté noire. Dans le cadre du projet IFAA, Pelagie va principalement questionner le thème de la migration et du multiculturalisme comme nécessaire au maintien du genre humain.

Mishek Masamvu, artiste Zimbabwéen, quant à lui, se concentre sur les réalités sociales et politiques de son pays et s'en sert pour offrir un discours plus universel. Le peintre utilise de façon déclarée son art pour dénoncer des injustices et montrer son engagement social.

Le IFAA Open Studios à la Cité internationale des Arts de Paris a commencé le 25 février 2016 et clôturera le 27 février 2017.

Sorana Munsya.
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Maurice Pefura, The Silent Way. Artiste originaire du Cameroun exposera à la prochaine Biennale de Dakar
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Célébration de la femme africaine dans l'exposition "Force et fierté : 30 ans de photographie de la femme africaine" d'Angèle Etoundi Essamba au musée Théodore-Monod de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN) de Dakar.
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Vitshois, un artiste épris de “librisme”...

Vitshois Mwilambwe Bondo est sans doute un des artistes congolais contemporains qui va marquer sa génération. Ayant développé une technique de collage à partir d'images récoltées dans les magazines de mode, cet artiste travaille sur le message d'un monde globalisé et dans le même temps chaotique d'où peut sortir quelque chose d'inédit. Sa notion de contemporanéité se rapporte ainsi à une idée de création résultant de rencontres, de chocs et de brassage des cultures. Héritier de la philosophie du librisme, Vitshois questionne de manière quasi permanente la place de l'art congolais sur l'échiquier du marché de l'art contemporain international. C'est donc dans une volonté d'échapper aux frontières géographiques et culturelles qu'il a créé sa propre structure à Kinshasa. Il propose à des jeunes artistes congolais sortis de l'académie des Beaux-Arts un lieu où ils peuvent venir expérimenter, échanger, apprendre et développer à travers leur travail une identité artistique propre. Une identité libérée de tout carcan et autres cases dans lesquelles, malheureusement, on essaie souvent de les confiner.
Peux-tu me parler brièvement de ton parcours?
J'ai commencé à l'Institut des Beaux-Arts de Kinshasa en 1993/1994. A vrai dire, quand j'étais enfant, déjà, à la maison, je faisais des dessins, des petites esquisses et sculptures. Je voulais vraiment faire des études artistiques alors que mes frères étaient intéressés par la médecine et autres études universitaires. Moi, par contre, j'ai toujours été intéressé par l'art. Néanmoins, j'avais un autre frère qui était à l'époque à l'Académie des Beaux-Arts et qui m'a beaucoup influencé. J'avais 12 ans et je savais déjà ce que je voulais faire de ma vie.
Tes parents étaient-ils d'accord avec ton choix?
Mes parents étaient d'accord même si mon père doutait un peu parce qu'il se rendait compte qu'il allait avoir un deuxième fils qui voulait faire ses études aux Beaux-Arts. Mais très vite il a cessé de douter. Et depuis, il m'a toujours accompagné dans mon parcours artistique…. En fait, mes parents ont toujours cru en ce que je faisais.
Parce qu'ils ont vu que tu étais doué?
Oui, ils l'ont remarqué. Même si au début ils avaient peur pour moi car ils considéraient que la vie d'artiste n'est pas facile. Mais à force de me voir m'imposer, ils ont tout de même capitulé… Oui, j'ai des parents très ouverts.
Tu as donc poursuivi à l'académie des Beaux-Arts après ton passage à l'Institut?
Oui j'y ai passé 4 ans en option arts plastiques section peinture. Après mes études là-bas, je suis allé à l'école des Arts Décoratifs de Strasbourg pendant 1 an. Là-bas j'ai trouvé que l'enseignement était emprunt d'héritage colonial assez important… En plus d'un enseignement très classique, on me renvoyait souvent quelque chose lié au fait que je suis Africain, Congolais. On attendait de moi que je fasse de l'art qui se rapprochait des stéréotypes en lien avec le Congo et plus largement l'Afrique. Moi j'ai refusé cela. J'ai donc été obligé d'arrêter pour aller à la Rijksacademie à Amsterdam. C'est là où je me suis vraiment retrouvé dans un endroit où la question de mon africanité ne s'est pas posée. La question qui s'est posée a été plutôt celle de ma conscience artistique, de ma liberté dans la création qui pouvait servir mon travail.
Cette conscience “de refus d'être mis dans une case” l'as-tu acquise à Strasbourg ou t'étais-tu déjà posé la question avant quand tu as commencé tes études à Kinshasa?
Quand j'étais à l'école des Beaux-Arts en deuxième année, c'est là que j'ai pris conscience que nous, étudiants, devions faire autre chose. C'est grâce à la bibliothèque de l'Institut français que je fréquentais beaucoup à l'époque que j'ai pu me documenter. Je me suis alors rendu compte qu'à l'école on ne nous enseignait pas l'art contemporain mais qu'on s'arrêtait à des apprentissages classiques comme la Renaissance, l'époque Moderne etc. C'était donc vraiment limité. Moi j'avais vraiment envie d'apprendre autre chose, je voulais approfondir le sujet de l'art fait par les Africains avant la colonisation mais aussi avoir des connaissances sur l'art contemporain au-delà des frontières géographiques, cartographiques et mentales. C'est grâce à cette ouverture d'esprit que j'ai rencontré d'autres artistes avec qui j'ai pu discuter. Par exemple Pascale Marthine Tayou quand il est venu à Kinshasa il y a 15/16 ans, m'a apporté énormément lors de nos échanges. Pendant 10 jours j'ai travaillé avec lui, je l'ai assisté dans son travail. Nous discutions beaucoup alors que j'étais encore étudiant. Ces discussions m'ont encouragé à devenir de plus en plus rebelle. C'est à partir de là que j'ai pris conscience et que j'ai essayé de voir l'art d'une autre façon.

Il est donc juste de dire qu'un des figures majeurs qui t'a inspiré est Pascale Marthine Tayou?
Oui mais il y a aussi d'autres artistes congolais de l'époque comme Francis Mampuya. Francis Mampuya fait partie de la première génération du librisme. En fait, il est un des précurseurs de ce mouvement artistique. C'est Francis et d'autres libristes qui m'ont vraiment donné l'envie d'entrer dans leur mouvement, de travailler ensemble… Mais c'est vrai que la rencontre avec Pascale Marthine Tayou a bousculé beaucoup de choses chez moi. C'est lui qui m'a appris l'ouverture et le travail dans recherche dans l'activité artistique.
Parle-moi un peu de ce mouvement du librisme dont j'ai déjà beaucoup entendu parler mais dont malheureusement les références sont difficiles à trouver…
Le librisme est un mouvement qui est né 1996 à Kinshasa, à l'école des Beaux-Arts de Kinshasa en fait. Il y a quelques étudiants à l'époque dont Francis Mampuya, Edy Masumbuku et tant d'autres qui se sont rebellés face à l'enseignement donné aux Beaux-Arts. En effet, à l'époque tous les profs qui y enseignaient, et jusqu’aujourd’hui d'ailleurs même si c'est dans une moindre mesure, imposaient aux élèves de faire des choses d'après ce qu'eux recommandaient. Les étudiants n'avaient pas la liberté de s'inspirer d'autres choses ou d'apprendre d'autres façon de créer. En fait les élèves faisaient surtout des copies des “grands maîtres”. On reconnaissait les qualités d'un élève quand il parvenait à recopier presque parfaitement un grand maître… Cette année-là donc un groupe d'étudiants s'est rebellé pour dire qu'ils avaient besoin de liberté, de dire des choses. Le concept de librisme tire donc son nom du mot “liberté”. Francis Mampuya a été l'étudiant de l'époque qui a pu voyager. Il est parti pendant 9 mois en Allemagne et a ramené de son “périple” de la documentation qu'il a ensuite montré à d'autres artistes. C'était une façon de désenclaver les choses en montrant ce qui se passait ailleurs dans le monde artistique. La volonté de travailler dans une liberté d'esprit a animé ce groupe d'étudiants et les a conduit à s'investir dans des projets d'installation, de performance, d'art de la récupération. On peut dire que ça a été véritablement un mouvement pour la liberté d'expression artistique. C'était une époque de recherche de liberté dans les arts plastique mais aussi dans le domaine musical par exemple avec le groupe Wenge. La danse contemporaine aussi a été éprise de liberté à cette période.
Comment ces artistes dont tu fais partie ont pu faire connaitre leur travail alors qu'ils s'opposaient clairement au carcan que leur imposait les Beaux-Arts?
A l'époque les libristes étaient soutenus par un critique d'art nommé Célestin Badibanga Ne Mwine qui fait parti des premiers critiques d'art qui ont écrit sur l'art contemporain au Congo. Ce dernier avait un espace appelé “Espace Akhenaton”. Il a invité dans cet endroit les artistes rebelles pour réfléchir sur l'art et la liberté d'expression. Il a donc encouragé ces artistes à pousser la réflexion en mettant à leur disposition de la documentation et des ouvrages sur l'art contemporain africain. A l'époque le directeur de l'Institut Français de Kinshasa, Jean-Michel Champault, qui a récemment organisé l'exposition “Lumières d'Afrique” à Paris, était très ouvert par rapport au travail de ces artistes. Il a d'ailleurs fait une programmation intitulé “Episode1”, 2,3 et 4. Il a invité chaque artiste qui faisait partie du mouvement libriste à l'époque de venir en résidence à l'Institut Français qui se clôturerait par l'exposition solo de chaque artiste. Un peu plus tard, dans les années 1999/2000, il y a eu une dislocation du mouvement. C'est à cette même époque que j'ai rencontré Francis Mampuya et d'autres pour garder cette philosophie en place. J'ai donc créé sur base de ce qui existait déjà le groupe “Librisme Synergie”. On ne réunissait pas que les sculpteurs et les peintres mais aussi les musiciens, les danseurs, les poètes, les écrivains…On a essayé d'évoluer pendant quelques années. On a fait quelques expositions qui bien souvent prenaient place dans l'espace public. C'était la première fois à Kinshasa et même au Congo que des artistes utilisaient l'espace public comme espace création de performance ou encore d'exposition. On faisait surtout des performances et des installations dans les marchés, dans des grandes avenues… De cette manière l'art était présenté à un public non averti, c'est à dire un public pas forcément habitué à aller à l'Institut Français, au centre Wallonie-Bruxelles ou à l'académie des Beaux-Arts. C'est grâce à cette démarche que les artistes de cette mouvance ont pu entrer en contact avec le public kinois. Les gens se sont intéressés à notre discours qui touchait aussi à des sujets politiques, sociaux et autres. Il y a donc vraiment un lien qui s'est créé avec les gens.
Le fait donc de faire partie de ce mouvement fait de toi un artiste qui est engagé politiquement?
Oui, participer à ce mouvement est un engagement. Nous sommes des artistes engagés car nous avons un discours qui prends position sur la politique, l'économie et les phénomènes sociaux de mon pays. C'est une façon de s'exprimer mais aussi de dénoncer les choses, de dévoiler ce qui est non-dit et dissimulé en passant par le langage artistique.
Quand on dit “art contemporain” qu'est-ce que tu entends par là? Au-delà de toutes les définitions, que vois-tu dans ce concept? De plus, qu'est-ce que t'évoque l'idée d’ “art contemporain africain”?
Au début, quand on a commencé à travailler, on parlait d'art contemporain mais sans vraiment comprendre de quoi il s'agissait réellement. Au fur et à mesure qu'on s'est documentés, qu'on a voyagé, au fil des rencontres (que ce soit en Afrique ou ailleurs), notre vision de l'art contemporain a changé. Si je dois parler de l'art contemporain aujourd'hui, je dirais que je lui porte deux regards: un regard esthétique et un regard historique. D'un point de vue historique, l'art contemporain est l'art qui est né après l'art moderne, après la 2ème guerre mondiale. Après 45, les artistes étaient dans une recherche d'expression différente et se sont posés la question de la présentation de leur travail, de l'engagement que représentait leur travail et du discours véhiculé après le chaos de la 2ème guerre mondiale. De plus, je peux dire que la notion de contemporanéité est relatif au métissage de culture et naît des rencontres. En effet à cette époque nombre d'artistes européens ont émigré vers la Suisse ou les Etats-Unis et ont bénéficié ainsi d'un mélange de savoirs et de pratique qui est aussi à la base du mouvement contemporain dans le domaine artistique. C'est ce métissage qu'est né une esthétique nouvelle. Pour ce qui concerne le débat sur l'art contemporain africain, je préfère parler d'art contemporain fait par des artistes africains et non d'art contemporain africain. Il s'agit d'artistes originaires d'Afrique, vivant en Afrique, produisant en Afrique qui propose un art contemporain avec, peut-être, une esthétique différente de celle d'un artiste se produisant en Asie par exemple. Le fait de dire art contemporain africain pour moi c'est une manière de mettre à nouveau l'Afrique dans une carcan alors que l'art contemporain est un art qui par définition n'est pas limité par des frontières géographiques, il naît de métissage et d'influences diverses. L'art contemporain exécuté par des Africains n'échappe pas à cette “règle”. La seule différence qu'on pourrait trouver entre l'art contemporain non-africain et l'art contemporain fait par les africains est que les artistes africains ont pu bénéficier des rencontres et autres métissages seulement après les indépendances. Parce qu'avant la décolonisation les artistes africains n'étaient pas réellement en contact avec le reste du monde.
Ne pourrions-nous pas parler d'échanges et de métissage avant la fin de la colonisation à l'époque où la plupart des enseignants des académies (à Kinshasa et Lubumbashi) étaient principalement belges et apportaient leurs connaissances et leurs pratiques artistiques à leurs élèves congolais?
Il y a eu un échange en effet mais dans une autre forme. Je donne un exemple: l'académie des Beaux-Arts de Kinshasa a été inauguré par les pères jésuites. Le but de l'existence des Beaux-Arts était de former des Congolais qui auraient pu réaliser des oeuvres qui pouvaient répondre aux besoins de l'Eglise. Cela leur coûtait trop cher de faire venir des sculptures d'Europe, il leur fallait donc les produire sur place. Au-delà de l'Eglise, le seul but était de faire reproduire de l'art européen classique par des Congolais. On ne peut donc pas dire qu'ils ont formé à l'époque des “vrais” artistes mais plutôt des techniciens de l'art. Moi quand je parle de rencontre, je fais référence à de vrais échanges entre artistes dans le cadre de résidences par exemple. Il s'agit d'échanges entre pairs (donc sans notion de hiérarchie) dont le but est de créer ensemble, de déconstruire ensemble. On peut parler aussi d'étudiants africains qui vont étudier en Europe et qui apprennent en même temps et au même titre que leurs compères européens.
Qu'est ce qui dans ton travail t'inspire en ce moment et quel message à travers tes œuvres veux-tu faire passer?
J'essaie de m'interroger sur beaucoup de choses. Je travaille en ce moment sur la question de la représentation et la perception de l'image. Pourquoi? Parce qu'étant artiste d'origine africaine travaillant en Afrique, je me suis rendu compte qu'il y a encore une image stéréotypé de l'artiste africain. Cet image correspond bien souvent à ce que le monde blanc, occidental attend de l'artiste africain. La question de comment nous représentons l'image m'a beaucoup poussé à réfléchir à ce que nous, artistes africains, véhiculons comme images à travers notre travail. Comment le reste du monde nous perçoit et comment il aborde notre travail. J'essaie un peu d'interroger tout ça… Je travaille sur des coupures d'images de magazines que je recycle. A partir de cela je crée un univers différent. Je ne fais pas comme on a toujours fait et comme ça a toujours été mais j'essaie de proposer un autre regard et une autre vision du monde par rapport à ce qui se fait déjà aujourd'hui. L'inspiration est aussi liée à la société dans laquelle je vis, c'est à dire la société congolaise et globalement la société en général. Je m'interroge sur des réalités directes et indirectes. Les réalités directes sont celles auxquelles je suis confronté directement à Kinshasa, ville dans laquelle je vis. Les réalités indirectes sont celles que j'essaie de partager quand je voyage, quand je rencontre d'autres cultures. C'est ça qui m'inspire dans ma création artistique aujourd'hui.

Tu as créé une structure qui s'appelle le Kin Art Studio (KAS), peux-tu m'expliquer le but exact de ce lieu?
J'ai eu l'idée de créer le KAS quand je suis arrivé à la Rijksacademie. Là-bas, je me suis nourri de beaucoup de choses, de beaucoup de rencontres (des artistes, des curateurs, des critiques d'art de différents horizons) et de différentes manières de travailler. Toutes ces expériences m'ont conduit à me questionner sur le statut de l'artiste congolais (et africain) et sur la position du Congo dans la carte mondiale de l'art. Je me suis rendu compte que notre position est floue car les artistes congolais ne sont pas nombreux dans le marché de l'art, dans les galerie de renommée ou encore dans les foires internationales d'art ou autres manifestations dédiées à l'art contemporain. Je me suis aussi rendu compte que c'était peut-être à cause du manque de curateurs et de commissaires d'expositions congolais et de professionnalisation de ce métier. Il y a également un manque criant de moyen de diffusion, de lieux d'exposition, d'expérimentation et de lieux où les artistes peuvent être reçu en résidence pour expérimenter leur travail. Et en même temps, il n'y a pas assez d'échange avec l'extérieur dans le monde des arts visuels contemporains. On a pas non plus de galeries professionnelles qui peuvent représenter notre art sur le plan international comme on peut en trouver en Afrique du Sud ou ailleurs. L'idée de Kinshasa Studio Artistique (Kinart Studio) est ainsi d'offrir un lieu d'expérimentation artistique pour la jeune génération d'artistes plasticiens contemporains vivant au Congo et ailleurs. C'est un espace d'échange, de professionalisation, de documentation et d'information via des médias comme internet. L'organisation d'ateliers permet aussi la vivacité du lieu et le renforcement des capacités de ces artistes. En fait, ce qui représente la base du projet Kin art studio est le renforcement des capacités des artistes ici en RDC. On a commencé en organisant des ateliers portant le nom de Master Class. Ces ateliers réunissent quelques jeunes artistes talentueux qui n'ont pas de lieu pour développer leur travail. Le renforcement des capacités concerne surtout le discours, le processus de création, la présentation que requiert un travail artistique. Sans pour autant faire un copié-collé de ce qui se fait en Occident mais plutôt en initiant une réflexion sur une proposition artistique originale libéré de tout carcan et enrichi d'influences extérieures. Ces ateliers qui ont commencé il y a 5 ans ont permis l'échange entre différents artistes. Certains de nos artistes ont pu aller dans d'autres pays faire des résidences via le réseau mis en place avec la Rijksacademie et d'autres structures artistiques en Afrique, en Europe et en Amérique Latine. L'artiste Eddy Kamuanga, par exemple, fait partie de la première vague d'artistes qui a bénéficié des ateliers organisés par Kin artstudio et qui continue de travailler avec Kin art Studio. Le fait que des artistes comme lui aient un discours et un travail à proposer en Afrique et sur le plan international permet au Congo de se positionner dans l'art contemporain international.

Comment fonctionnes-tu sans le soutien du secteur public?
C'est vrai, il n'y a pas de subventions… L'idée a été de faire profiter la structure de l'argent que je récolte après la vente de mes œuvres. Comme ça ne représente pas énormément d'argent, les artistes pouvant profiter de nos ateliers sont triés sur le volet. Je préfère investir dans ce lieu avec mon argent personnel parce que si ces ateliers se passaient au centre Wallonie-Bruxelles ou à l'Institut Français, nous devrions nous soumettre à certaines de leur conditions. Dans ce cas, nous ne respecterions pas l'idée de départ qui a fait naître Kin Art Studio. J'ai conscience que cela représente un risque et même une folie… Mais aujourd'hui je réalise que cette folie nous rapproche un peu plus du rêve congolais. L'argent permet donc de louer l'espace, de payer une connexion internet, d'acheter de la documentation et du matériel et d'offrir un petit per diem aux différents artistes participant aux ateliers. Par contre, pour les artistes de l'étranger que nous invitons, nous leur demandons de trouver de leur côté le moyen de payer leur billet d'avion et nous nous chargeons alors du logement ainsi que de la nourriture. Ceux qui au départ ne croyaient pas au projet commencent petit à petit à y croire et se proposent aussi comme partenaires du projet. Trois personnes congolaises ont d'ailleurs financé un projet d'expositions de 3 artistes eux aussi congolais: moi-même, Eddy Kamuanga et Pathy Tshindele. L'idée de cette expo était de réveiller la conscience des congolais au mécénat. Ces trois mécènes ( Paul Kasseyet, Guy Robert Lukama et Kalaa Mpinga ) vont donc continuer à travailler avec Kin Art studio. La stratégie est donc d'amener d'autres congolais ou entreprises établies au Congo au mécénat. De cette manière, la réflexion sur le marché de l'art pourra être initiée… Ce processus de sensibilisation a commencé il y a 16 mois et je peux dire que les résultats positifs commencent à apparaître.
Pour parler d'un autre sujet, j'ai été assez surprise de ne pas te retrouver parmi les artistes exposés à “Beauté Congo” d'André Magnin. Je m'attendais vraiment à voir au moins une de tes œuvres et celles d'Eddy Kamuanga. Il y a plein d'artistes congolais qui n'ont pas été représentés en fait…
Je pense que ça part du fait que chaque curateur ou commissaire d'exposition a sa vision curatoriale et donc sélectionne en fonction de son projet certains artistes. Mais dans le cas de ce projet, les exposants sont des artistes qui ont l'habitude de travailler avec monsieur Magnin que je connais. Il travaille avec un certain groupe d'artiste qu'il contrôle bien. C'est une façon de faire la promotion des artistes qui travaillent avec lui parce qu'il est un marchand d'art, il ne faut pas l'oublier. En fait, pas mal des oeuvres présentés font partie de sa collection personnelle. Il a mis donc en avant “ses” artistes. Puis, il y a d'autres artistes comme Sammy Baloji qui ont été invité dans le but de renforcer l'exposition. Eddy Kamuanga et moi avons été contacté dans le but aussi de renforcer l'exposition. Mais ça n'a pas marché parce que le regard d'André Magnin sur l'art congolais était trop différent du nôtre. De plus, sa clause d'exclusivité dans les contrats ne nous a pas arrangés. En effet, il s'est retrouvé en face d'artistes qui ayant fréquenté des écoles en Occident, se sont familiarisés avec des concepts comme le droit des artistes… On ne voulait pas rentrer dans ce jeu de renforcement d'un programme d'exposition qu'il a conçu surtout pour mettre en valeur ses propres artistes.
Pourtant Pathy Tshindele ou encore Steve Bandoma ont été exposés à “Beauté Congo”. Or, ils font partie de ta génération et connaissent aussi leurs droits…
Tous ces artistes-là sont des artistes qui travaillent pour André Magnin. Pour le vérifier, il suffit d'aller sur son site. Vous y trouverez la majorité des artistes exposés à la Fondation Cartier mise à part Sammy Baloji et les précurseurs comme Djilatendo ou Lubaki. Vous remarquerez aussi que Freddy Tsimba n'est pas non plus représenté là-bas… En fait, pour quelqu'un qui ne connait pas l'art fait par des artistes congolais, il va penser que ceux exposés à “Beauté Congo” sont les seuls. Si vous allez à la foire 1:54, vous remarquerez qu'il y a d'autres artistes congolais qui sont exposés dans des galeries de renommée mais ceux-là, on ne les retrouve pas à Beauté Congo. Ceux qui sont exposés à la Fondation Cartier souvent ne travaillent qu'avec André Magnin. Or nous, nous souhaitons sortir de ce genre de système qui fait que l'art fait par un Africain ne peut être montré que dans des galeries spécialisées en “art africain”. Eddy Kamuanga montre son travail dans des galeries et des expositions qui ne font pas que dans l'art africain. Pour moi c'est pareil, même chose aussi pour Sammy Baloji et d'autres artistes… En fait “Beauté Congo” pour moi c'est la représentation du regard que porte l'Occident sur l'art africain. Ici, on aborde aussi le regard que l'Africain lui-même porte sur ce qui se fait sur son continent… On pourrait montrer les choses autrement, ça représente un challenge aujourd'hui. C'est ce que je dis souvent à cette nouvelle génération d'artistes qui travaille avec nous. Je leur dis de prendre les choses autrement, de faire attention au regard qu'eux-même porte sur leur production artistique (1).
J'ai lu il n'y a pas longtemps dans un article l'idée suivante: l'artiste contemporain d'Afrique aurait compris les codes de l'art contemporain occidental et travaillerait en respectant ces codes-là dans le but de vendre plus facilement. Que penses-tu de cette idée?
Je ne pense pas qu'on puisse mettre tous les artistes d'origine africaine dans le même sac. Je crois que c'est pareil en Europe, pareil en Amérique… Il y a des artistes qui essaient de répondre au goût du marché de l'art car de cette manière, leurs oeuvres seront vendues plus facilement. A côté de ceux-là, il y a les artistes qui cherchent à imposer au marché leur vision et choix artistiques. Mais il ne faut pas oublier que le marché de l'art, aujourd'hui, est contrôlé par l'Occident. Moi partout où j'ai été, que ce soit en Chine, en Jamaïque, au Suriname, aux Etats-unis, j'ai vu des artistes cherchant à respecter les envies du marché occidental et d'autres qui cherchaient à imposer leur art. C'est un phénomène que l'on retrouve partout. C'est une machine bien rôdée le marché de l'art contemporain… Chaque curateur ou commissaire d'exposition impose dans ses projets les artistes avec qui il a un contact privilégié. Le problème c'est qu'au Congo, nous n'avons pas de curateur, du coup nous avons du mal à tirer notre épingle du jeu alors que nous avons des choses intéressantes à montrer. Il faut comprendre le système en fait, et voir comment fonctionner avec lui en lui imposant une vision personnelle.
As-tu l'ambition de devenir curateur un jour?
Je mène déjà quelques projets ici à Kinshasa avec un regard curatorial. Dans ce travail curatorial je présente depuis quelques années des artistes qui travaillent avec nous. Mais au-delà de mon activité artistique, en tant qu'artiste, directeur artistique de Kinart Studio et curateur, j'essaie de donner leur place à d'autres personnes motivées dans le secteur de l'art au Congo. Dans les prochaines années je pense que quelques curateurs congolais vont se faire connaître mais c'est vrai que pour l'instant il n'y en a vraiment pas beaucoup. Etre curateur est un engagement car c'est une activité qui exige d'avoir un discours, un propos et une vision du monde. Un pays comme le Congo a besoin de curateurs très engagés et qui puissent s'imposer dans le circuit de l'art qui est un circuit de vautours. Récemment, le Kin art Studio a lancé d'ailleurs un projet d'envergure qui s'appelle le “New Congolese Generation” qui a pour but de montrer la jeune génération d'artistes congolais qui sont nés entre 1974 et 1996 qui vivent au Congo et en dehors du Congo. Je suis déjà en contact avec quelques photographes congolais qui vivent notamment en Belgique. A travers ce projet, justement, je veux proposer une autre vision curatorial.
PROCHAINS PROJETS DE VITSHOIS
1)Le “New Congolese Generation” va commencer son aventure en janvier 2016. Quelques artistes visuels congolais sélectionnés iront en résidence à Kinshasa pendant quelques semaines. Le fruit de leur travail sera présenté à Kinshasa partir du mois de juillet… 2)Exposition solo à la Galerie Primo Marella à Milan en mars 2016 3)Exposition solo à la Momo Art Gallery à Johannesbourg en septembre 2016
(1)Faute de temps, Oruun n'a pas pu s'entretenir avec d'autres artistes ayant exposé à "Beauté Congo" sur la question des contrats.
Interview réalisée par Sorana Munsya pour Oruun.
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