Tumgik
presquilecran · 1 year
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Sur la rhétorique du bouc émissaire
Se fonde notre histoire commune
Et sont absous nos travers
Ceux-là mêmes qui confondent le méchant
Comme si les contes éternels de l’enfance
Avaient façonné cette vision binaire
L’opprobre ou la présomption d’innocence
Selon que l’on soit découvert ou non
Du temps de sa splendeur
Je n’aimais pas Armstrong
Il ne respectait pas le vélo
Il ne courait qu’en juin juillet
Au mépris du romantisme saisonnier
Qui conduit les fiers ouvriers du peloton
Du soleil de février azuréen
Aux feuilles mortes d’Italie
Et qui se décline en étapes parmi les étapes
En cycles thématiques d’épreuves
Que dissèque le film de Philippe Harel
Le Vélo de Ghislain Lambert
À ceci près qu’il est question d’années septante
Où le dopage hérité des anciens
Rime encore avec bricolage
On l’appelle Tonton
On l’appelle Tintin
En route Milou
Voyons jusqu’à quel point d’empoisonnement
Les fléchettes arumbayas nous conduiront
Ghislain lui respire un tel amour du cyclisme
Qu’il est prêt à tout et à n’importe quoi
Pour se mêler à son histoire
Même en braquant la voiture-balai
Or un cow-boy n’a que faire
D’un certain maniérisme européen
Il gagnait la plus grande course du monde
En se payant les meilleurs domestiques
Qu’il soumettait à son propre traitement
Mais en se réservant le plaisir
D’aller chercher lui-même les réfractaires
Quand il a tout ou presque avoué
La vieille Europe s’est souvenue de l’affront
Dans un acharnement
Qu’on connaît à certains cocus
Elle a nourri l’espoir
D’acheter sa légitimité par l’exemple
On a parlé de Programme
Et le film de Stephen Frears
N’est qu’une pâle adaptation
De l’enquête de Walch qui accabla Armstrong
Si certains de ses adversaires de l’époque
Ont tapis rouge un peu partout
Des ambassades au micro du direct
Le Texan voit son nom rayé des tablettes
Du fait d’une domination outrageuse
Et de cette façon mal aimable
De rouler sur les repentis
Lisser une virginité sur la peau
Des grandes gueules est toujours dégueulasse
Derrière une exclusion légitime
Se planquent tout un tas de faux-culs
Aussi peu scrupuleux que le vilain canard
Et qui finiront présidents
Quand Armstrong n’a même pas permission
De courir dans la formation Magicrème
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presquilecran · 1 year
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Ça parle pas d’avoir quelqu’un qui m’aime encore
Je voudrais seulement ne pas être assez mort
Pour faire mine de croire
Qu’une fenêtre est ouverture
Que chaque apparition me promet rendez-vous
Qu’une mise en scène mondiale
Travestit un message personnel
Face caméra
La cloison de l’écran dresse une intimité poreuse
J’ai la fibre de ton Vendredi
Non mais regarde-moi
Ma longueur de cheveux le galbe de mon corps
Pour qui d’autre que moi
Lana pas Karina
Monterait des clips à la façon du Godard
Des Histoire(s) du cinéma
Exégète de son œuvre enregistrée
Drapée de la bannière étoilée
Coiffée de tout son égotisme
Comme Jackie Kennedy
Pour qui d’autre que moi les clins d’œil
La posture et la provocation
Le visage rebondi du poupon
Et je traîne à rédiger le mail
Qu’elle n’en peut plus d’attendre de moi
Et je remets le clip
Awesome & Wonderful
Princesse clivante
Candide ce qu’il faut
Vêtue d’un seul collier de bonbons
Ingénue pour les mûrs
Bouchonnée pour les frais
Manquerait plus qu’elle entame une roue
- Je ne m’appelle pas Jimmy
Je ne suis pas un garçon facile
- Je sais
Je n’attends que ton mail
- Lizz as-tu vu les Histoire(s) du cinéma
Comment as-tu collé les images
La fausse pellicule rayée du faux Super 8
La psalmodie d’une histoire des nôtres
Qui nous retient dans ses filets
Nous laisse filer entre ses mailles
- Je ne sais pas
J’attends juste ton mail
- Lizzie le temps m’est compté
Je n’irai pas au bout du mail
Je suis encore assez vivant
Pour mesurer au travers de l’écran
L’étendue de nos déchirures
Le foutage de merde à venir
Puisses-tu m’aimer simplement
Jusqu’à ce que j’arrive moi-même à le faire
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presquilecran · 1 year
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L’écran fait écran
Entre un monde et puis l’autre
Il s’oppose comme l’intangible idéal
Au défilé des médiocrités
Prêtes à projeter
Un peu de ce dégoût de soi
Décidées à gagner
Le droit fondamental à l’oubli
Miroir concave et réducteur
Il accorde un reflet menteur
À qui veut le toiser
Avec l’air magnanime du type
Qui vous cède un bout de banquette arrière
L’écran conduit les clients à son rythme
En leur expliquant qu’ils sont au volant
Comme quand vous jouiez dans Pink Floyd
En vous accompagnant du disque
Il est aussi révélateur
Des instantanés du passé
Dont il absorbera les images
Jusqu’à les restituer montées
Au point que vous ne sachiez plus
Quel est l’objet de narration
Et s’il existe un pilote
Pour échapper à la confusion
D’un mouvement centrifuge
Qui ventile la perception
Et vous retient par la certitude
De la duplicité du hasard
De l’impression d’une histoire
De la chanson qui la souligne
Certitude que votre vie devient
La vérité de l’écran
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presquilecran · 1 year
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Je ne sais pourquoi Rome me reste en tête
Il m’est étrange de me constituer passionné
Quand vingt heures de film ne reposent sur rien
De plus convaincant que quelques gimmicks
Des ressorts narratifs de grosse section
Et des jupettes à gogo
J’adore les vêtements des Romains
Petit je ressassais les Alix
J’avais aussi le livre-disque
Des déconvenues de la République en Orient
Restées coincées dans la gorge de Crassus
Le Guerre des Gaules les différends politiques
Réglés à grands coups de légions
Je me déguisais avec le t-shirt orange de ma mère
Qui me tombait aux genoux
Et j’appelais mon frère Enak
Mon père un soir exaspéré
Par mon attitude et l’accoutrement
Me jeta son vin sur la tête
Sans sommation
À la romaine
Puis malgré mon niveau faible en anglais
Je ne perdis pas une image
De Ben-Hur au Portugal
En v.o. sous-titrée portugais
La galère éperonnée la course de chars
L’ascension à visage couvert
Du Golgotha l’offrande faite au Christ
Il y eut aussi les péplums
Avec Gainsbourg en méchant
Gladiator et ses prédécesseurs
Ça chiait dans le ventilo
Et les Romains huilés quel pied
Encore à plus de cinquante balais
Rome est en moi et les deux saisons
De la série HBO me durent deux jours
Toujours César Antoine et Pompée
Haine gloire et beauté
Des gestes des corps et de l’architecture
Pourtant je n’écoutais pas en latin
Pas grave l’accent posh des comédiens
Est si doux à l’oreille
Qu’il n’était pas besoin d’être attentif
Pour aller dans le sens de l’Histoire
Lucius Vorenus est un sacré guerrier
Qui n’entend rien d’autre que l’art de la guerre
Que le devoir retient en contrées convoitées
Ses filles ne l’aiment pas
Non pas parce qu’il ne joue pas bien
Mais parce que la vie elle-même
Ne se joue jamais dans le ton qu’on imaginait
En l’écrivant
Elles pensent qu’il est un sale con
Ses manières les révulsent
Ses absences en font le coupable implicite
Du désespoir et de la souffrance
Des dominations outrageuses des hommes
Et des têtes bien nées
Face auxquelles les femmes se serrent les coudes
Face auxquelles la plèbe se déchire
Devant lesquelles comme des chiens
Les esclaves s’inclinent
À Rome au siècle zéro
La vie basculait sur un coup de dés
Le hasard frappait à toute les portes
L’idée même de mort
Était en soi dès le plus jeune âge
Personne n’attendait la mort
On se précipitait au devant d’elle
Comme des condamnés en sursis
Qui savent l’imminence et l’urgence
La mort mordillait les talons des moins audacieux
La mesure aléatoire du temps
Valorisait tout acte en accomplissement
Et je regarde Rome sans en apprendre rien
Comme si l’éternité m’avait promis allégeance
Et je retarde le moment de construire mes châteaux
Chapitre après chapitre
La mort est aujourd’hui tellement grave
Qu’elle a cédé place à l’accablement
Que nous nouveaux maîtres de nos destinées
Qualifions de mortel ennui
Sans
Pouvoir
Quitter
Rome
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presquilecran · 1 year
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Parfois je tape des noms dans Google
Ce sont souvent des noms d’autrefois
Parfois je découvre un décès
Souvent je ne suis pas surpris
Par la satiété que la poudre d’avenir
A su prodiguer à certains biberons
La vieillesse s’est insinuée dans les interstices
D’une trop longue ellipse
Rendant périmées les conversations à reprendre
Comme si nous les avions abandonnées hier
Quelques noms dans Google
Et les contours incertains de ces vides
Que comble à peine notre imagination
Des listes et des liens ombrageux
Le verdict encombrant du temps rétréci
Le cinéma victime des nécessités industrielles
S’accommode mal d’un tournage au long cours
Ou bien tente de simuler la fuite des années
Grâce à des artifices qui l’éloignent
Encore davantage de la vie
Sans mesure sérieuse de l’espace
Au cinéma je ne connais que Boyhood
Pour défier les limites de la contraction de l’art
Dans la restreinte de son langage
Il n’est plus seulement question d’un film
Il s’agit de métamorphoses
Comme ce type qui se met en scène
Dans une série d’autoportraits quotidiens
Dont la lecture peut provoquer le vertige
Boyhood est un Cassavetes qui choisirait l’éclosion
Un folioscope égrené lentement
Dans un cadre de moments-clés
Les parenthèses des ellipses
N’appartenant plus qu’à nos cœurs
Boyhood rappelle qu’à la différence
De notre enfance interminable
Celle de nos propres enfants a passé
Comme le murmure du soir
Qu’on ne peut retenir
Boyhood figure un compte-à-rebours
De l’inéluctable séparation
Les transfigurations du garçon
Dessinent un réseau qui conduit
À l’échéance à laquelle nul n’est jamais préparé
Et les photos remplissent des tiroirs qu’on n’ouvre jamais
Ou se noient dans les limbes numériques
Sous l’épaisseur des couches qui les recouvrent
Comme quand la peinture de Mason
Efface les traits de mesure
Des tailles des enfants sur le mur
De sa nouvelle chambre
Nous démiurges voudrions
Que ces années d’enfance
Soient figées dans l’éternité
Qu’elles restent captives de nos propres films
Ingalls à perpétuité
La synthèse opérée par Boyhood
En un amalgame de temps court et long
Compris entre le pari d’un tournage fleuve
Et l’idée jivarienne d’une vie réduite à son apprentissage
Est construite autour des sculptures
Qui pérennisent les instantanés
En ces images de grâce et de vérité
Dont se repaît la propagande
N’était-ce pas là la quête de Linklater
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presquilecran · 2 years
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Croire aux sermons d’un connard
Le cinéma permet ça
Le mensonge en est son principe
L’illusion son objet
Le cinéma fait naître des fantasmes
À côté desquels nous ne faisions que passer
Parfois il nous modélise
Parfois il laisse entrevoir Dieu
Malgré le catéchisme
Et des années de messes
Je n’ai jamais autant désiré de ferveur
Qu’assis devant The Young Pope
Ces gens sont admirablement détestables
Pions ou fous d’un État d’apparence univoque
Soumis dans sa dimension naine
À toutes les contradictions
À toutes les conspirations
Du point de vue de Sorrentino
Petit pays paraît si vaste
Chargé d’une autorité retenue
À l’image de ses salons
À la longueur des enfilades
À la hauteur de cette basilique
Au balcon de laquelle l’homélie
Est scrutée comme une intention
De politique générale
Mais les observateurs sont pris à contre-pied
Pie XIII fixe le culte à ses propres limites
L’exsuccion de ses obsessions
Doit bénir des milliards de fidèles
Malgré son rôle et ses prérogatives
Le pape n’en est pas moins être humain
Un putain de mâle blanc de presque cinquante ans
Un type qui comme nous souffre de l’abandon
Du mépris qu'il inspire ou ressent
Et réduit son affect à l’amour supposé de Dieu
À l’amour envolé de Dieu
« Dieu ne m’aime pas »
Pie XIII aussi bien que l’affirme Jean-Paul III
Dans la deuxième saison
Est la proie constante du doute
Qui rejaillit sur la curie
De la même façon que dans notre périmètre
Mais s’absout dans la verticalité
On ne nous connaît pas d’autorité
Nous n’inspirons pas de respect
Sorrentino saisit l’égocentrisme
Dans un jeu d’humour et de dupes
Qui souvent cède une place toute teintée de rêve
La récurrence de nos échecs
Interprète nos vies nocturnes
Sur une portée dramatique
« Dieu ne m’aime pas »
Il disparaît dans la foulée du pardon
Le pouvoir loin de combler cette absence
Au-delà de l’idée d’offense
N’est alors plus qu’absurdité
Les pièces de Marchitelli prolongent
Les renoncements d’une foi
Jamais aussi fragile
Qu’après l’exaltation
Un miracle s’explique aussi
Par une conjonction d’occurrences
Et de dos le pape longe les longs couloirs du Vatican
À la façon du gamin de Shining
Se résolvant à prendre en main son destin
Quand pris de panique dans Habemus papam
Le cardinal Melville n’avait d’autre issue que l’effacement
Pie XIII nous ressemble si bien
Il ne veut pas séduire il veut qu’on vienne à lui
L’absence est censée provoquer l’envie
Sublimer le discours
Faire accepter l’anachronisme
Le non expedit vaut pour les urnes
Aussi peu qu’il convient à notre salut
Sommes-nous des brebis égarées
À qui la promesse d’amour suffit
En dépit de tout idéal
Le silence est une arme difficile à manier
Pour qui souhaite emporter les suffrages
J’aurai eu beau me glisser dans le lit de l’eau
Je n’aurai jamais été aussi beau que Jude Law
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presquilecran · 2 years
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Nous nous perdons en chemin
Les langues natales se tordent
On n’entend plus personne
Les postures s’affinent
On ne comprend plus rien
Restons-nous les mêmes face au monde mouvant
Nous nous perdons en contingences
Sofia Coppola fit ce voyage au Japon
Avant d’y disposer ses figurines
On connaît tous quelqu’un revenu modifié de là-bas
Serait-ce la puissance d’une culture
Serait-ce un diagramme insulaire
Tellement contagieux
L’énergie atomique d’Hiroshima
Restituée de milliards de néons
La caméra de Coppola ne s’en départit pas
Regards happés par cette profusion
Et puis ce sentiment d’hyperacousie
Qui nous tient en tension dans les salles de jeux
Et les karaokés
Enfin le vertige du haut des gratte-ciel
À dix-huit millimètres de verre du vide
Comme dans les romans de Houellebecq
L’épaisseur d’une décision
Lost In Translation parle d’un monde en bascule
Ou le téléphone mobile n’est encore qu’accessoire
Et le fax un tremplin vers la proximité
Qui ne tardera pas à gommer les distances
Et teinter le bruit d’une nouvelle fureur
Permanente de la mégalopole
Dont sont affectés Bob et Charlotte
Dans leur passage de témoin
De la mélancolie primaire
À la solitude connectée
Leur égarement dément la quiétude du Suntory time
Ou d’un jardin japonais
Qu’accompagne religieusement le piano d’Air
On croit leur cœur capable de se cristalliser
À la vue rassurante des images
De North By Northwest ou de La Dolce vita
Alors que ce contrepoint les accable
Et les conforte même dans la certitude
De la vacuité de leur existence
Dénuée de panache
Comme l’idée de satisfaire aux attentes
Devient une paralysie
Pour qui ne souhaitait rien de mieux
Que se laisser porter
Sans autre exigence qu’un accord apaisé
Il reste la beauté comme relique
Comme ultime refuge
Ce sont les mots que Bob
Souffle à l’oreille de Charlotte
Tout à la fin du film
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presquilecran · 2 years
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J’ai pas compris le coup des allumettes
Ou peut-être était-ce des cartes
Enfin je n’ai pas cet esprit de calcul
Rien ne m’apparaît à l’avance
M celui dont on dirait le mari d’A
Prétend pouvoir perdre à ce jeu
Mais le gagner toujours
X reclus dans l’autre dimension
Qui donne à toute tentative un tour de retard
Ne parviendra pas davantage qu’à la fille
À prouver le contraire
M a l’air du type qui tire les ficelles
Celui que Robbe et Resnais ont envoyé
Confondre les lignes de démarcation
En un temps immuable et figé
Duquel X malgré ses déboires
Paraîtrait seul à pouvoir s’affranchir
Si l’A ne le retenait dans le dédale du château
Comme la bulle un numéro six au village
Comme moi dans cette cuisine
Ressort dessiné sur la tête
Perdu dans le numéro des années
Le millésime de chaque perte de vue
Et dans des perceptions en superposition
Sans véritable correspondance
Si ce n’est celle des cycles de vertu
Confrontés au miroir de saisons capricieuses
Au vertige d’un âge débarrassé de son ombre
L’Année dernière à Marienbad
Synthétise en un huis clos ce désordre
Ici le minimalisme spartiate d’une cuisine
Là-bas enfilades et corridors
Le temps mental cher à Kubrick
Promis à la perspective infinie
Des allées et des haies
Des allers et retours
Là comme ici faisant fi de quelque apparence
En dépit des apparitions
Et de séquences qui semblaient inédites
Rien ne s’oublie vraiment
L’itinéraire épouse le dessin d’une boucle
Qu’on s’efforce en vain d’aplanir
Avec l’espoir d’être à nouveau pris au piège
Du labyrinthe des premiers temps de l’amour
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presquilecran · 2 years
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Boulègue ! ordonnait-il
Et je tâchais de bouléguer
Le patron de l’entreprise de jardins
N’était pas le porte-drapeau
D’un management apaisé
Les gars ne restaient pas longtemps
Et quand on y allait
C’était dans le regret de nos vies
Moi je rêvais de formes et d’art
De cinéma de musée Maegh
Sans trop savoir ce que c’était
Indicible invisible
Dont j’effleurais l’insidieuse volupté
Dans l’attitude à la coule
D’étudiants niçois tartinés de culture
Comme si des sonorités italiennes
Suffisaient à des noms à la con
Mais le charme était de courte durée
Bientôt je devrais retrouver les cyprès
De mon cimetière de Grasse
Poursuivre la ramasse des déchets
Du dédale de ses haies
Face à la violence colorée de mon quotidien
Sans doute par effet de carte à gratter
La monochromie les jeux d’ombre
S’attachaient mon regard
Comme architecture esthétique absolue
Comme monde d’adhésion binaire
Je découvris le bleu de Monory
Sur vidéocassette Kiss Me Deadly
Je compris pas à pas qu’une histoire n’est rien
Sinon le motif qu’on ne retiendra pas
Au mieux l’alibi d’une expression formelle
Le récit noir dessiné par Aldrich
Ressemble à l’interprétation qu’en fait Monory
Bogart est avec eux deux fois mort
Comme est rendu caduc le modèle de narration
Organisé dans une structure iconique
D’éléments d’un genre à peine classique
Dont Aldrich – ainsi que Monory
Viendra pervertir et moquer les codes
Dans Kiss Me Deadly Mike Hammer est grossier
Absurde l’amour que lui témoigne la fille
L’intrigue circonscrite à quelques gimmicks
L’insaisissable McGuffin
Et les poursuites en bagnole des ballets
Va va voum
Le grain de l’image le rythme du cardioséquencemètre
Substituent à cette subversion
Une plastique qui récite un nouveau genre
Et se suffit à elle-même
Ainsi me suffisait-elle
Pour rétablir un équilibre
Cette harmonie sise entre le réel
Et la perspective éclatante des rêves
Induite par l’écriture de créateurs
Dont la vision permet de distiller l’ordinaire
En quatrième vitesse
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presquilecran · 2 years
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Mes enfants ne se souviennent pas de mon père
Quand je lui demande s’il viendra les voir
Il me répond qu’il enverra des cadeaux
Des jeux auxquels il ne jouera pas avec avec eux
Pas plus qu’autrefois il n’y sacrifiait
Sauf en représentation publique
Et quand les portes se refermaient
L’appartement redevenait sanctuaire
Non pas soumis aux morts comme dans La Chambre verte
Mais à cette musique intellectuelle
Qu’un enfant ne peut pas saisir
Même si l’atmosphère de dissonance et de panique
Influencera de près ou de loin
Sa perception du monde et de l’art
Parfois et en raison du cinéma
La torpeur cédait à la grâce
Un petit rang sur les strapontins duquel
Ravel ou Jaubert parvenaient à glisser un fessier
Surtout quand Truffaut embaucha mon père
Pour allumer le cierge musical de La Chambre verte
À défaut de le voir jouer avec moi
J’obtins l’accord tacite de le faire avec lui
Et partager un amour supposé
Par la musique interposée
Celle qui me touchait le cœur
Et le faisait exister à mes yeux
Comme ces morts de la chapelle de Davenne
Patrice Mestral à la maison
Ne m’adressait pas la parole
Mais je sentais son importance
L’autorité muette de celui qui contrôle le son
Et rendra la clarté léaudienne de Truffaut
Aussi blafarde que les portraits magnifiés
Par la magie du Choral du Concert flamand
Dans le travelling des bougeoirs
Qui chaque fois me bouleverse
De sa puissance formelle suggérant l’invisible
Chaque histoire devenant notre affaire
Et notre histoire se mesurant à la mort
Comme dans le dos de mon père
Courbé devant la machiné à écrire
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presquilecran · 2 years
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La pop c’est de la merde
Sauf ceux qui l’ont régurgitée
Qui l’ont baisée qui se sont cassés
Vers des soleils plus incertains
Tarantino laisse croire qu’il fait des films
Alors qu’il fait du cinéma
Inglourious Basterds est sorti
Au moment le plus décisif
Dans la torpeur d’un été capricieux
Qui pour mieux célébrer les chagrins
Avait convoqué ses orages
Jusque dans la grande salle
Du cinéma de la grand place
Où comme les personnages du film
Qu’importe qu’ils fussent d’un camp ou d’un autre
Je me débattais avec des questions d’accents et de langues
Et je perdis de vue les langages
Que je pensais acquis
Qui feraient de moi sinon un allié
Au moins le complice de décennies à venir
De ce qui va de soi de ces parties de moi
Qui jamais ne s’aliéneraient du bien entendu
Et je vis sur l’écran se tisser des malentendus
Des entrelacs d’idiomes abreuver le récit
De décalages de compréhension
Comme le sous-titre de ce que je savais
Qu’on intercepte ou qui s’enfuit
Inglourious Basterds bien que multiple
Ne parle pas d’autre chose
Michael Mann ou Les Douze Salopards
Sont des appâts pour journalistes
Le truc de l’uchronie un piège à geeks
Quand le véritable sujet du film
Aussi peu vendeur que le rien soit-il
Épingle le poids de la culture et la langue
Dans tout type d’occupation de zone
La paroxysme de la guerre est le trompe-l’œil
Derrière lequel se dissimule cette affaire
Des choses apprises qui finissent par un heurt
Contre les autres choses apprises
Dans un combat quotidien
De grandes certitudes
Inglourious Basterds parle quatre langues
Chacune d’entre elles a valeur de ressort
L’absurdité de ce monde est telle
Qu’on inventa le principe d’une version mère
Et de petits dans chaque pays
Sans doute pour se mettre en poche
La partie pop du public
Qui gouttais Boulevard de la mort
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presquilecran · 2 years
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« Je ne t’ai pas aimé
Ou bien quand tu cessas de m’aimer moi »
Il est de ces tirades
Qui composent un nouveau module
Du temps fantôme qui m’accompagne
Et joue ses cartes sur l’after beat
Comme un tirage photo négatif
Quai de la Rapée
La vie restait à écrire
Rien n’exigeait lors d’être réparé
L’amour cherchait le bon tempo
Le cinéma nous aidait dans l’attente
Dans l’ignorance des battements différés
Et des sentiments de rétroviseur
Quai de la Rapée c’était trop tôt
Dussé-je penser que plus tard
S’avérerait trop tard ou pas assez
En décalage je ne sais plus
Nous nous en remîmes à Corinne Marchand
Et ses atermoiements arganesques
Du film-séquence Cléo de 5 à 7
Qu’Agnès Varda avait écrit comme un défi
Pour prouver sa capacité de frugalité
À Georges de Beauregard
De la contrainte naissent des œuvres fortuites
Souvent plus probantes que celles longuement mûries
Les accidents révèlent aussi des êtres meilleurs
Paraît-il
Dans certains cas il devient impossible de se retourner
Le succès mais quelques fois l’échec
L’addition des malentendus
Ont sculpté le destin
Que des instants ont pu désigner favorables
Ou bien dessiner en enfer
Sur un pari(s) Varda scella sa bonne fortune
Le mien ne tint qu’au téléphone
Un appel revenu du passif
Eût pu dire à Cléo tu n’es pas malade
Me dis sur une mélodie de Legrand
Sauras-tu devenir l’écrivain
Que je pourrais ne pas aimer
Ou bien aimer quand tu cesseras de le faire
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presquilecran · 2 years
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Je m’attachais rapidement
Comme une coulée de lave s’agrippe à sa pente
Dans le déni d’invasion
Dans l’illusion de symbiose
Parfois encore aujourd’hui
J’en souffre la réplique
Les séismes de la plaque sensible
Qui l’espace d’une seconde
Me faisaient rendre toute arme
Et m’engager sans considération
Qui m’auraient fait sacrifier tout et n’importe qui
Pour peu qu’ils me submergent quelques heures
Connaissent des échos
Que la magie d’habitudes inédites
Vient façonner et figer en parenthèse sacrée
Enfant une poignée de jours
À l’écart de ma drôle de famille
Me garantissait une pincée d’atrabile
Une mélancolie du retour
Calquée depuis le modèle enchanté
De la vie des nouveaux autres
Si bien que mes parents s’efforçaient
De célébrer nos retrouvailles avec originalité
D’une façon festive
Qui ne leur ressemblait pas
Cette fois c’était cinéma
On jouait Jour de fête
Dans sa mise à jour tricolore
Et je ne pus m’empêcher de penser
Qu’un quatorze juillet de Sainte-Sévère
Sonnait comme ce que je vivais
La mélodie mensongère d’une fugue
Qui ramène toujours au thème de départ
Outre un dispositif de film à sketches
Sorte de pot-pourri du savoir-faire de Tati
Jour de fête intégrerait la couleur
Comme élément narratif essentiel
De l’idée de début et de fin
Au fur et à mesure que le fête s’installe puis se volatilise
La couleur s’immiscerait de détail en détail
Jusqu’à trahir le plus petit morceau de gris
Enfin s’évanouir à la façon d’un message éphémère
Sauf que les images longtemps montrées
Furent celles filmées sur pellicule noire
Depuis une caméra siamoise
Dont on savait à défaut de l’autre
Exploiter la moisson
Et les intentions de Tati
Devinrent consignées au langage corporel
En réduction d’un vocabulaire cinématographique
Qui s’épanouira par la suite
Exactement comme je compris
Plus tard et dans la confusion
Qu’une attache sans nœud
N’était qu’une illusion
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presquilecran · 2 years
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Emmanuelle Béart complètement à poil
Presque tout le long des quatre heures
Tellement nue que son corps peu à peu s’efface
Sur la toile de sa charité
Dehors les cigales ont fait haro sur la carte sonore
La porte s’abat sur le silence et le clair-obscur de la grange
Dix ans plus tard le destin de l’œuvre est scellé
Comme quelqu’un qui naguère écrivit
Quoiqu’il arrive je t’aimerai toujours
Aime toujours malgré la douleur
Piccoli connaît tout cela
Il ne craint plus de souffrir
Il est souffrance
Il sait le trait volatile et définitif
Prêt à servir comme à trahir
Il sait le trait versatile
À trop vouloir se corriger
On dilue l’énergie première
La vérité n’existe pas
Seul l’art s’y substitue
Pense-t-il
Mais depuis quel moment de l’art
Elle a la même intuition
La certitude maladroite
Que les conditions d’un accomplissement
Sont maintenant réunies
Et que son cul sous tous les angles
N’est que prétexte à divagation
L’astreinte réduite à la façon d’une essence
Qui concentre chaque élément du processus
Se fond dans quelques lignes courbes
Fixant la réponse à quatre heures de création fébrile
De savoir-faire et d’improvisation
De langage technique et de laisser-aller
Toute une vie contre un instant de grâce
L’artiste délivré du mal
En quête d’une autre bobine
La Belle Noiseuse
Un film de Jacques Rivette
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presquilecran · 2 years
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Rémy trouvait De Niro merveilleux
Il se rêvait héros de roman
Il était prêt à tout pour se distinguer
Il jouait d’apparitions et de disparitions
Suivant à la lettre
Les préceptes de Lee Strasberg
Il demeurait insaisissable
Comme un membre de l’Actors Studio
Qui ne se contente pas d’incarner
Mais est
Rémy pointait le talent polymorphe
De Robert De Niro
Pourtant dans The Deer Hunter (Voyage au bout de l’enfer [NDT])
Outre le bouc désuet
Il ne ressemble qu’à lui-même
Et Rémy vénérait ce film
Sans doute pour de mauvaises raisons
Ou plutôt pas les bonnes
Bien sûr Bob est exceptionnel
Dans la justesse de ses douleurs
Il habite le moindre centimètre de pellicule
Et c’est justice que sa présence
Puisse influencer des gamins
Quand je fus embauché chez Rémy
Pour de modiques travaux de peinture
Sa mère fronçait imperceptiblement les sourcils
À la bonne heure où il s’évaporait
Courant soi-disant les castings
À la manière de Michael traquant un chevreuil
Je crois qu’il a compris au bout de ces trois heures
1. Que De Niro n’est pas ici seul maître à bord
2. Que la roulette russe est un gimmick pour épater la galerie
3. Que la scène de mariage est constitutive de tout ce qui lui succédera
4. Que l’aspect traditionaliste, patriote et identitaire (comme un écho produit à ses propres valeurs) est éligible au modèle suprême
Comme c’est souvent le cas avec le Vietnam
Le film de Cimino reflète davantage
De trappes qu’un simple war movie
Rémy s’est construit dans la chute
Après avoir trébuché contre l’une d’elles
La détermination chez lui précède l’objectif
Il est acteur hors du champ cinématographique
De la même façon que je suis écrivain sans livre
Si Michael s’accomplit dans sa quête
De ramener Nick at home
Rémy rend les enfants à qui les a conçus
Il manœuvre en coulisses
Pour que les gens de bien soient exaucés
L’expertise de l’Actors Studio s’est décalée
Vers une audience inédite
Qui rassemble en forme de pochette surprise
Ceux qui prendront pour argent comptant
Le rôle que Rémy s’est assigné
Le charisme peut mener jusqu’au putsch
Quand il ne reste rien qui puisse être entendu
En attendant il agit en cabane
Où Rémy fera De Niro dans Cape Fear (Les Nerfs à vif [NDT])
À moins que ça ne soit Fantasio dans L’Espoir malgré tout (d’Émile Bravo [NDA])
On ne sait s’il se vengera de l’État
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presquilecran · 2 years
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« Décidément
Les gants le tabac
Tout nous sépare »
Serait-ce un reflet du vieux monde
D’une lutte des classe aux accents fraternels
Quand la parole d’un Boëldieu
Vaut bien celle d’un Maréchal ?
La Grande Illusion fait la démonstration
Que nous agissons désormais
Au sein de la civilisation du mépris
Avec le cynisme de nous demander
Si cette idée de tolérance
N’était pas aussi dans l’esprit de Renoir
Une illusion
Malgré le « tout » qui les oppose
Les officiers prisonniers de Rauffenstein
Captifs épargnés des tranchées et des couloirs aériens
Témoignent d’un respect réciproque
Que ni l’aristocratie ni le prolétariat
Ni l’appartenance religieuse
Ne viendront déjuger
Racontars ou photo de l’époque
La politesse cet humanisme
Suinte à travers les pierres des geôles
Et même si la question d’évasion
N’épargne pas les plus sceptiques
Elle s’exprime à travers la classe
Qui permet à chacun de sublimer son rang
Désormais il ne s’agit plus seulement d’être
Mais de remplir des objectifs
Qui n’ont rien de communs
L’harmonie s’épanouit en un cercle
Qui n’enferme rien d’autre que soi
Et ses possibles échos
Loin de son acception républicaine
La liberté se modèle à sa guise
Selon son arbitrage
Certes la guerre dessine des intersections fortuites
Des ponts de singe entre les ensembles
Qui rétablissent une illusion d’égalité
La haine existait il y a quatre-vingt cinq ans
Plus que jamais
Mais ce qui rassemble ces hommes
En dépit des « tout » et de rien
Ressemble aux histoires que me racontait mon grand-père
Également captif
Au cours de celle après la Der
Le partage et le sacrifice
Cette impression fugace
Que la voix de chacun porte à la même distance
Sans distinction ni prérogative
L’éducation comme blind
La foi dans la cause et le groupe
Les rues de la ville ont oublié mon grand-père
Et la raideur de Von Stroheim en minerve
Les scooters de Deliveroo se fichent pas mal
De Fresnay de Carette
De Dalio de Parlo
Les haut-parleurs des écrans
Couvrent la gouaille amicale de Gabin
Et Renoir aurait peut-être blagué
Des passages en force
Et de l’hermétisme des cercles
Je me contente de me faufiler
Dans les voies où j’ai pied
Comme un petit navire
Qui n’aurait jamais navigué
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presquilecran · 2 years
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Godard m’a toujours fasciné
Petit car son nom dans la bouche de ma mère
Évoquait cet âge d’or du cinéma
Qu’elle vécut avant ma venue
Qu’elle ne vivrait presque plus
Peut-être à cause de (mon frère et) moi
Sans doute parce que le bonheur
Traîne toujours à l’arrière
Et s’écrit à l’encre sympathique
Moyen car sur la rangée du dessus
Les étiquettes des VHS
Arboraient des titres qui sonnaient familier
C’est à cet âge que j’appris par cœur
Pierrot le fou
Ado j’étais déjà sensible
À la structure éthérée des collages
Aux cartes à toute forme de tableau
J’aimais les blagues réservées aux initiés
Grand car la pelote de Godard
Constituée d’emprunts et de fulgurances
Toute une tresse de trucs
Au rectangle Panavision
S’accorde à cette vérité
Le miroir de nos désirs
La fuite de Marianne Renoir et Ferdinand Griffon
Cristallise le cran qu’on n’a jamais eu
Deux enfants qui battent la campagne
Nous donnent la leçon
Qu’est-ce qui nous empêchait d’aller plus loin ?
Dans Pierrot rien n’a bien d’importance
Ni les armes ni les cadavres
Rien n’est tout à fait tragique
Seule la musique tend à le faire croire
Et faire oublier que le sang n’est que du rouge
Que Godard et son malicieux plaisir
Appliquent eux-mêmes sur les corps
Les nappes concentriques et stridentes
Des cordes de Duhamel
Établissent l’architecture d’un leurre
Pourtant désamorcé dès l’entame
Puisqu’il n’est question que d’alphabet
D’abécédaire du cinéma
Il n’est question que de langage
Et Godard tel un Adam démiurge
Tel un metteur en scène de bd
Qui dispose d’un gaufrier et complète les vides
Fragmente son récit comme il distribuerait des mots
Qui mis bout à bout combineraient un poème
Une illusion dialectique à l’équilibre parfait
Je ne sais rien du cinéma
La peinture mouvante me fascine
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