Tumgik
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Un petit homme à l’allure de père Noël mais en bleu et aux dents gâtées faire un geste de défiance devant tous les parapluies qui avançaient un jour de pluie à Bayonne. Ne me faites pas mal disait-il en riant, ne me faites pas mal répétait-il les mains sur les yeux avant de continuer sa route. 
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Un gars avec un survêtement FC Barcelone faire la manche en italien dans le métro nocturne. Il parlait à son reflet dans la porte vitrée et attendait mollement une réponse.
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Une petite brune parler vraiment très fort de ses futures vacances à une amie installée dans un café parisien. En fait, c’était plutôt qu’elle parlait à tout le café vraiment très fort, installée devant sa copine parisienne.
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Un homme à la queue de cheval grise de derrière et à la coupe en brosse cendrée de devant qui portait un treillis et une banane aux motifs de la dissimulation militaire également. Dans le tramway, ça ne dissimulait pas grand-chose, mais il avait les yeux plongés dans un journal gratuit pour faire croire qu’il était un voyageur lambda.
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Des flics fumer des clopes électroniques à Barbès avec le sourire figé. Comme si la fumée virtuelle réchauffait beaucoup moins que la cendre traditionnelle.
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Ou plutôt entendu une voix SNCF mélanger “veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée” et “merci pour votre compréhension” alors qu’un RER s’obstinait à désobéir au planning quotidien. Ce qui a donné un très honnête “merci pour la gêne occasionnée”.
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Un homme en costard qui tenait de grands discours à voix haute dans un café de République. Il prétendait qu’il avait tout sacrifié pour sa famille et qu’il le regrettait, mais sa voix ne tremblait pas et son auditoire non plus.
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Un homme avec une barbe cendrée et des doigts noircis qui faisait l’aumône dans le métro. Il disait que sa salope de soeur avait toujours triché pour devenir prof de philo et qu’à présent elle passait ses journées à se faire chier la chatte à donner son avis sur des élèves.
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Une femme avec des cheveux gris bouclés et une écharpe verte délavée rouler avec zèle une cigarette vingt minutes avant que le TGV n’arrive à Paris. C’était comme si elle dessinait à l’encre de Chine: elle ne se donnait aucun droit à l’erreur, il fallait que ce fût parfait.
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Deux gosses, l’un grand avec beaucoup de cheveux, l’autre petit avec une houppette, lancer des formules magiques pour faire passer le petit bonhomme rouge en petit bonhomme vert. Ils ont longtemps essayé : rosa - rosa - rosam -rosae - rosae - rosa - rosae - rosae - rosas - rosarum - rosis - rosis.
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Une petite dame qui avait exactement le même regard lointain que son petit chien. C’était devant un passage clouté et ils étaient tous deux bloqués par le petit bonhomme rouge qui ne voulait décidément pas passer au vert.
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Une toute petite octogénaire s’immobiliser de longues secondes avec son chariot de course dans la main droite et la tête orientée vers le dernier étage d’un immeuble à l’abandon. Soit elle y voyait beaucoup de choses qui n’y étaient plus, soit elle appelait le Ciel à la rescousse pour reprendre son souffle.
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Une dame avec de longs cheveux blancs et une jupe écossaise touiller avec obstination son chocolat chaud. Après dégustation, elle a longtemps creusé la tasse avec sa cuillère à la recherche des fragments qui avaient réussi à lui échapper.
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Un petit garçon avec des lunettes de soleil en pleine grisaille et un jean moulant comme un collant trimballer un cartable bleu ciel à roulettes dans le tramway. Il avançait en montant ses jambes très haut comme s’il faisait des pas de danse de Michael Jackson.
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Un type encore plus blanc qu’un passage piéton avancer tout droit dans une rue de Paris. C’était comme si la mort avançait à travers lui et se servait de ses dernières forces pour faire un trajet gratuit.
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Une dame endimanchée qui demandait un café ainsi qu’un renseignement gênant qui a laissé le serveur aphone. Elle voulait savoir si les responsables de l’établissement lavaient les toilettes à l’eau de javel quand le clochard du coin venait uriner chez eux parce que, disait-elle, sa soeur qui était médecin savait qu’il avait des maladies.
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Une rame entière de TGV soupirer d’une même voix à l’annonce d’un nouveau retard en gare de Bordeaux. Aux soupirs ont succédé les rires étouffés, aux rires étouffés ont succédé les raclements de gorge, avant que les plaintes à voix haute ne couronnent le crescendo.
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