Tumgik
revedeleda · 16 days
Text
le burn out silencieux
posée tranquillement autour d'un jeu de société avec Luci dans la cour de récré du lycée de ma jeunesse, elle me déclare avec une voix très tendre qu'elle sent bien que je suis en burn out, et cette tendresse fait que je ne me braque pas, je m'ouvre, je le reconnais, oui, je fonds en larmes, comme si je lâchais tout, je ne veux pas voir de psy, non, j'ai pas les thunes, par contre des médocs oui, elle confirme aussi qu'elle trouve ça plus efficace les médocs que les psys
0 notes
revedeleda · 17 days
Text
rhinocéros
Luci dans le gymnase désert et ses cheveux tout bouclés devenait complotiste antivax, elle affirmait son discours avec une sorte de fanatisme et c'était comme une immense nausée, je n'en revenais pas de ce revirement haineux, je ne reconnaissais plus l'amie, la camarade, j'attendais la chute, la blague, elle ne viendrait plus, la solitude politique me creusait davantage encore, me débordait
0 notes
revedeleda · 28 days
Text
ma nullité
je me tiens hors-jeu de l'autre côté de la ligne, il faudra pourtant que je joue et ne laisse pas tomber mon équipe, je me contente d'observer, un peu nulle d'inutilité, et soudain la balle s'approche de moi lentement, je n'ai qu'à taper dedans pour la renvoyer à mon équipe, même s'il faudrait gagner du terrain vers les buts en sachant le champ libre, je choisirais de déléguer plutôt que de m'impliquer, c'est cela renvoyer la balle, mais non, la balle sort, je ne sais même pas pour quelle équipe, je la récupère et je n'arrive pas à taper dedans, je n'ai jamais fait, je cours, j'essaie, soudain la balle s'avance là, disponible vers le but, un coup de moi et nous marquons un point, c'est sûr, la goal a l'air de planer en plus, mais non, je laisse tout doucement à nouveau la balle sortir
0 notes
revedeleda · 1 month
Text
revenir
de retour de Prague, mamie m'explique comment elle va faire passer les candidats en tant que jury, ce qu'elle va leur poser comme questions et comment ils se sentiront, elle sait tout d'avance, elle se tient à contre jour devant une fenêtre d'appartement en ville, il y a un soleil sépia au dehors, sa silhouette élégante semble danser, moi qui la croyais en ehpad pour toujours, on peut donc vieillir puis revenir à la jeunesse, à la danse, et même au travail, c'est incroyable
0 notes
revedeleda · 1 month
Text
le cadre vide
on me parle d'un terrain à vendre à quatre millions d'euros, qu'il est très beau, vallonné, je décide d'aller voir, sait-on jamais sur un malentendu, il se trouve dans une immense salle de cinéma, le mur du fond est simplement remplacé par une baie vitrée, ainsi les habitants de cette vallée ne voient le soleil que lorsqu'il passe en face de l'écran, quelques heures, jamais le midi de fait, bon, quatre millions d'euros, il y a bien un hameau là-bas, mais ce n'est pas sur le papier, ce qui est à vendre, c'est un terrain agricole sans aucun bâti de quelques hectares à peine, je rebrousse chemin et j'explique à Adélaïde que c'est un peu abusé quand même, bien que tentant, elle me propose le terrain pour un million d'euros, je ne sais pas, je n'ai pas cet argent, il faudrait s'y mettre à plusieurs, beaucoup, je reste songeuse devant un cadre vide
0 notes
revedeleda · 1 month
Text
les eaux de crocodiles
je nage dans un lac joyeux avant de me rendre compte qu'il y a un énorme crocodile avec sa gueule béante, je danse pour le semer lentement et regagner la rive, de temps en temps, des personnes apparaissent et nagent au devant de moi, je me dis qu'elles se feront manger avant et que j'aurai juste le temps de m'enfuir, et soudain j'ai honte d'avoir cette pensée lâche de m'en servir de bouclier humain
c'est un voyage en Irlande que je me suis offert pour quelques jours, j'ai laissé la chambre d'hôtel dans un sacré bordel avant d'aller prendre le bus où je croise Arnaud, ça fait trop plaisir, vous ici, on va marcher ensemble, il faut quand même que je prévienne l'hôtel que j'aimerais rester une nuit de plus, j'aurais dû être partie pour 11h, ils vont voir mon bordel, la honte, je passe la journée à tomber sur la messagerie, me baigner dans les eaux de crocodiles peut-être, et finalement, en rentrant, tout est bien en place, ce soulagement, alors la boule de mon piercing tombe je m'allonge ventre à terre pour la récupérer, il y a des petites boules de métal partout, comment la retrouver parmi elles, j'en dépose une minuscule dans la paume de ma main, puis une autre, elles devraient retourner à la terre de la plante qui nous regarde là
0 notes
revedeleda · 2 months
Text
le cri
je vis avec la chorale le cri du choeur sur un terrain joyeux depuis plusieurs jours, l'ambiance est bon enfant, sereine, il y a un dortoir en plein air, nous nous allongeons sagement alignées, je ferme les yeux, je m'endors, je rêve, je rêve que je jouis, je jouis très fort, très longtemps, ça me fait gémir, j'ai conscience que je rêve et il faut absolument que je me réveille car j'ai peur d'être en train de gémir parmi les autres endormies, je concentre toutes mes forces pour me réveiller, soudain c'est un grand silence qui règne sous les étoiles, un silence neutre, sans plaisir
j'ai changé de vie, je travaille en entreprise et j'ai un article à rendre pour hier, je suis terriblement en retard, je cherche des excuses pour ne pas dire que j'ai oublié que j'habitais dans cette vie désormais, complètement oublié, je n'aime pas ce nouveau rythme, d'être utilisée comme ça par des êtres sans visages, de devoir créer des fictions de moi qui soient conformes à ce qu'on exige, des masques, qui aime réellement l'entreprise sous le masque, sonper, on sait
0 notes
revedeleda · 2 months
Text
les cabanes d'osier
eux, ils avaient construit une cabane en une nuit à peine, ils avaient étendu le long d'une charpente des bottes d'osier à n'en plus finir, ça avait dessiné un long couloir au bout duquel ils mangeaient tranquillement ce midi, avec une nonchalance qui me faisait envie, moi qui galérais depuis tant d'années avec ces charpentes qui pourrissent au soleil, au vent, à la pluie, la pluie, alors on disposait sur l'étagère des petits livres pour enfants, on en remplaçait certains par d'autres, il s'agissait de bien choisir ceux qui seraient mis en avant dans toute cette mélancolie
0 notes
revedeleda · 2 months
Text
migrer pour être mieux rejeté
j'avais semé un pois en début de soirée, il avait poussé, poussé au milieu de la table, à la fin tout pimpant du haut de ses ramifications, j'en récoltais les cosses pour le plat de ce soir, de la semoule aux pois, au cumin et à l'huile d'olive, je trouvais aussi quelques fèves, les gens étaient enchantés par ce petit spectacle du potager qui pousse sur la table, moi aussi
mon piercing avait migré à l'arcade, je recontactais la femme aux cheveux bleus pour lui demander pourquoi, que faire, elle ouvrait un vieux grimoire au papier jauni et aux caractères baroques, elle me montrait avec son faux ongle le nom de ce rejet, car c'en était un, je devais m'y résoudre, il avait migré pour être mieux rejeté
0 notes
revedeleda · 2 months
Text
qu'il s'agisse de croire
sur la cheminée, des petites marionnettes en terre vivaient leur meilleure vie décorative, semblaient mimer une scène de vie paysanne figée là pour toujours, ou peut-être pas, je sortais l'appareil photo pour apprécier leur délicatesse, un cadrage un peu décentré, et là, elles se mettaient à bouger, danser doucement, un petit déhanché, des mouvements lents et espiègles, je regardais sans comprendre, et puis, plus tard, je racontais à tout le monde la scène fantastique, avec cette certitude désormais qu'il existe, oui, des mouvements qui nous dépassent, que je ne peux plus me dire agnostique, j'en avais les larmes qui montaient, un sens nouveau s'ouvrait, et bien sûr personne ne me croirait
0 notes
revedeleda · 2 months
Text
boule à la gorge
je marchais dans la rue et sentais une boule de mon piercing tomber, je la ramassais et la plaçais dans ma bouche afin de ne pas la perdre et la revisser devant un miroir tranquillement, et à mesure que j'avançais, je la sentais descendre de ma bouche, lentement, je n'aurais plus qu'à tousser pour la récupérer, la boule tenait sur un fil dans ma gorge, et finalement je l'avalais complètement, tant pis
0 notes
revedeleda · 3 months
Text
rate
j'attends pour me faire opérer dans une chambre aseptisée, il se trouve, tu comprends, que lorsqu'on se fait retirer la vésicule biliaire comme ça m'est arrivé il y a deux ans, il y a de fortes chances que la rate ait été endommagée aussi, c'est ainsi, je dois accepter qu'on me la retire aussi, Flot renchérit que je ne prends pas assez soin de ma santé anyway, c'est important, mais soudain je dis aux infirmières qu'on n'a pas le droit de m'imposer cette opération sans m'avoir bien informée au préalable, ça les gonfle, elles disent qu'elles vont opérer Cade d'abord pour la peine et qu'on verra plus tard pour mon cas
1 note · View note
revedeleda · 4 months
Text
la dormance
j'avais un bébé depuis peu, une petite enfant qui dormait sans cesse, je l'abandonnais dans un coin du lit pour aller travailler la journée, et je la récupérais tout aussi dormante le soir, ça va, finalement, c'était pas tant de travail que ça d'avoir un enfant, je me faisais la réflexion une fois : tiens, elle n'a jamais crié, et soudain au loin elle se mettait à crier, puis se rendormait, c'était bien, une personne sans abri venait squatter son grand lit la nuit, j'avais l'impression de veiller tendrement sur le sommeil des autres
1 note · View note
revedeleda · 4 months
Text
se placer
une femme en habits de cygne est dressée sur la pointe des pieds pour déposer une plume sur la tête d'une autre femme plus grande, et malgré la simplicité apparente du geste, c'est un travail méticuleux et attentif, dans la nuit, à la lumière de la lune, l'autre femme ne bouge pas, elle attend la plume bien placée
c'est peut-être toujours la nuit, mais en plein jour, je suis venue avec plusieurs heures d'avance dans l'école où nous menons le projet pilote d'evars, c'est seulement ce soir qu'on m'attend pour la réunion avec les parents d'élèves, alors j'erre sur le parking, je regarde les gens passer, rentrer, sortir, j'attends comme à l'extérieur des choses, désincarnée
1 note · View note
revedeleda · 4 months
Text
les vieilles choses
je sens que le gps me perd à mesure qu'il me fait emprunter des ruelles toujours plus étroites, et finalement, je me retrouve devant un château en bois dans un village de maisons à colombages, et les murs du château sont la voûte d'une église normande, on ne sait plus dans quel sens regarder, non, plutôt habiter le monde, je suis renversée de toute cette beauté, attendez-moi, j'ai besoin de rester encore un peu, et je marche allongée dans l'odeur du bois, de l'encens et des vieilles choses
0 notes
revedeleda · 4 months
Text
la chute des bancs
les bancs se succèdent
on peut sauter de banc en banc, leur succéder
leur devenir
et si les bancs sont rapprochés, alors on peut marcher, prendre son temps
on peut
on peut les dessiner au tableau blanc avec un marqueur pour bien expliquer la démarche
à qui
on a le dos tourné, on ne sait pas qui écoute, qui prend des notes, qui rêve, qui se moque, qui s'emploie à faire diversion
et dans la vie vraie - la cours de récré - ces bancs en cercle autour des arbres qui attendent au soleil qu'on vienne faire la conversation
le projecteur braqué, l'attente, l'oubli peut-être
il y avait beaucoup de monde par ailleurs, mais je ne sais plus
0 notes
revedeleda · 5 months
Text
la cave
nous étions des centaines enfermés dans un établissement avec un dedans et un dehors depuis plusieurs jours, la nourriture était extrêmement rationnée, je découpais des petits bouts de pain pour le repas, ce serait tout, on nous affamait lentement, mais j'avais un statut à part, je pouvais sortir, on m'attendait pour cela sur des sièges de voiture dans une cave
0 notes