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seifouddine-blog · 8 years ago
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Ombres & poussières
Lorsqu’une ombre se sait pouvoir enfin lécher l’exquise exaltance, qui n’est autre que le doux et suave parfum de l’éveil, elle s’harmonise à une prestation d’une incomparable rareté. Plus belle et plus délicate encore que l'unique exhibition en ce bas monde qu’est l’éveil de l’ombre. Celle d’une brise se donnant en spectacle, pouvant se permettre de faire ostentations de son essence, tant elle est absolue dans son délice car murmurant les charmes affranchis des cinq sens. De son corps poétique émane un plaisir n’ayant de cesse d’enthousiasmer ces sensibles sens que sont les nôtres, sens qui ne se laissent d’ailleurs souffrir aucune négligence. Et ce, essentiellement à l’égard de ces essences portés qui leurs sont dédiés, accoutumés qu’ils sont à l’attention par la patience, à l’attente de ce soupir auquel est mêlé toute l’essence de la quintessence ainsi que des privilèges dont l’étrangeté et la saveur échappent à tout à chacun. Cette brise, onde de jouissance, est un souffle à la poésie fugitive et marquante, qui embrasse d’une caresse l’ensemble de la flore et de ses privilèges, étant offerte par la sensuelle danse florale et éthérique que produises ces mains de pétales qui ne sont que l’unique corps du vent. D’elles, le vent n’en joue qu’avec grâce de ses doigts voilés du zéphyr, et pour produire ce doux et sonore éphémère, il doit pour ce faire jouer sa mélodie sur un luth aux cordes telles de délicates brises aux flux rigides et prolongés. C’est ainsi que se peut exister le bruissement suspendu aux bordures de ces entières poésies que sont ces feuilles qui se soumettent aux hautes sphères de la nuit, ou bien encore le ronflement qui s’anime et s’étiole sur l’abord de ces pétales que délivre le jour. Tout cela est d’une éminente et insigne suavité, et seulement cette poésie se prête assez en joliesse pour être associé à l’éveil d’une ombre, bien que la surpassant quelque peu. Car l’ombre dans son mouvement naissant, s’anime d’un geste d’une ampleur si élégante que de cette délicatesse se laisse s’échapper un doux friselis s’évaporant furtivement en onde autour d’elle, aspergeant les alentours d’un écho mélodieux, tout comme les ondes élancés et vibrantes d’une mélodie violonesque. La matière de toutes choses qui s’ébat d’un geste perpétuel et lent, stagnant comme l’impression du temps tout à fait présent, est donc ineffablement sensible à l’égard de cet attouchement qui vient l’imprégnée en frôlant d’une sensuelle caresse ces franges que sont ses limites et d’où se laisse pendre l’aura de sa présence. Or, si cette ombre est à son éveil imbiber d’un tel raffinement, la raison en est qu’elle a si longtemps été absente et seulement en étant rien moins qu’une flaque d’encre nébuleuse, oscillante et malmenée par l'interposition d'une opaque couverture faisait échec à la lumière, qu’elle s’adonne instinctivement à cette grande précaution qui est de ne toucher le monde qu’avec la plus insigne des délicatesse, qu'avec le plus éminent des égard. Une ombre s’animait donc, fidèle à elle-même dans sa nature d’essence et tandis qu’elle naît tout à fait à la vie, ses perceptions se délie doucement du lit de la non-vie accompli aux supplices de la léthargie. Cependant, elles demeurent encore suffisamment liées au tissage arachnéen qui n’a eu de cesse de les bercer d’inertie. C’est alors à une intuition toute singulière que l’ombre fait appelle en la circonstance, qui n’est autre qu’une vigoureuse curiosité. Celle-ci naquit en réponse au besoin d'une obscur présence, infirme et délicate en sa naissance, gratifier de l'encouragement d'une magie incessante et endurante qui se voit lier à jamais aux poutres, planches et meubles, babioles et détails de la salle où se lit dès à présent cette partie de l'histoire. Elles s’animent l’une l’autre, chacune ne pouvant que vainement subsister sans sa moitié de circonstance pour la soutenir et la guider en cette naissance. L’ombre disperse autour d’elle une onde de curiosité, sculpture fantasmagorique et allégorique, déferlante et nourricière. Car l’intuition symbiotique qui se fait nécessité en cette heure, des échos et résonances reçus en réponse à ses disséminations curieuses, sustente l’ombre de connaissances et de savoir. Cette onde curieuse est en fait une extension corporelle de l'ombre, autour de celle-ci s'agite alors une expansion de son essence. Ombre inconsciente faisait office de sixième sens. Ampleur allant découvrir jusqu'à plus soif les éléments de l'espace présent et où le temps qui coule semble être vacant, asséché qu’il est par une chagrine stagnance, semblable à du sable qui ne serait charrié par aucune espèce de vent. L’éveil dans sa lenteur à s’achever, en était profond, et seuls les quelques brides de connaissances que l’Ombre tirait de son imposante curiosité, suffisait à la rassasier. Malheureusement, loin de répondre à cet appel silencieux dispersé dans la pièce, loin de s’éveiller à la vie, les divers meubles et autres décors, ne faisaient qu’annoncer leurs présences. Obstacles résonants, creux, silencieux envers le tâtonnement curieux qui leurs étaient soumis. Seules leurs essences étaient touchées par la caresse d’encre établie de cette petite chose qui s’animait. Ils n’étaient qu’embellissements et décorations d’intérieur ne pouvant jouir de cet éveil miraculeux dont l’Ombre faisait preuve. Ils ne pouvaient prétendre à une vie propre, car si une telle chose était possible pour une immatérielle consistance, ce n’était sûrement pas le cas pour les matières brutes du décor. D’ailleurs, si l’irruption à la vie de cette soudaine engeance est plausible, ce n’est peut-être que pour qu’un récit en soit fait. Œuvrant ainsi à la préservation d’une histoire dans l’amas d’encrage imposé à la restrictive mais nécessaire ligne coutumière du récit permettant la délivrance d’une fresque fantastique aux lecteurs. Lecteurs qui se feraient des lors, du point de vue le plus objectif mis en valeur pour définir la chose, soit héraut d’une quelconque entité qui aurait à cœur de préserver les traces imaginatives et fantasques de l’humain, soit eux-mêmes réceptacles de ces passions poétiques, devenant conséquemment de fastueuses et ouvragées urnes à souvenances. Mais non pas, car si la poésie de cette ombre en éveil s’évertue à se faire valoir, ce peut être tout aussi bien parce qu’il le faut. De la poésie doit s’éveiller une ombre et par elle le monde s’adoucir afin d’enfin pouvoir se préparer à un tant attendu renouveau. L'Ombre s'éveillait tout à fait. Sa curiosité, peut-être un amalgame, une fusion des sens et de cette denrée aussi rare que la lune idéalement pleine, cette chance, continuaient leurs pérégrinations. Et ainsi, bien que sustenter en savoir, une information pourtant blessait l'Ombre de par son absence. Qu'était-elle ? À cela, bien que l'Ombre ne puisse y répondre que comme elle le souhaite et que cette réponse d'apparence immuable se verra, il se peut, bafoué et troquer pour une nouvelle plus enchanteresse, en ce qui nous concerne, ce savoir doit nous être assuré. Si le spectre de la lumière est l’ensemble des couleurs visible, celui de l’obscurité en est probablement l’ombre. Spectre négatif à l’éclat indiscernable et insoupçonné, animation sombre et fournit soumise au plus faste des aléas. Les ombres sont les compagnes indélébiles et indéracinables de toutes valeurs, telles les idées et pensées de la conscience humaine. Bien que leurs natures puissent porter à polémique, s’est-il semble, la théorie du plus ivre qui est toujours la meilleure. Ainsi donc, l’ombre, ne se détache de rien, elle n’est que soumise, à la fois, aux mouvements des éclairages naturels ou contrefaits, mais aussi, à l’objet dont elle est l’essence négative et spectrale. Une ombre humble sous l’éclat de l’astre du jour, se mue, est en perpétuelle mouvement. Une ombre tyrannisée par la couverture synthétique d’un éclairage artificiel, elle, ne fluctue qu’en de rares occasions. Comme lorsqu'un homme en balade foule part lui et part son ombre celles de l’ambiance présente. On en déduira donc que jamais une ombre n’a pu être d’un immobilisme constant, les ombres sont ce qu’elles sont, ni plus ni moins ce que l’homme et même la nature en font. Malgré cela, voici qu’une d’elles naît à la vie, s’éveillant consciencieusement et patiemment, déjouant les théories et idées reçus. La cause en est que jusqu'à cette époque de calme planétaire, où seuls les bruissement de la flore et les ronronnements de la faunes font vibrer le silence, jamais quelconque lumière n'a pu par l'entremise d'un être conscient, continuer à illuminer son ambiance suffisamment longtemps avant son expiration, pour irradier une ombre du souffle de vie qu'elle procrée et qui se dégage précisément de la fin de ce cycle qu'est la respiration. Un soupir de lumière a donc ce don de transmettre la vie et celle-ci n’avait encore jamais jusqu’à ce jour pu en faire profiter le monde, car sa respiration est lente et précieuse. Croire ou espérer, prétendre deviner que ce geste miraculeux aurait un effet bien plus spectaculaire serait une erreur, car dans la pièce, rien si ce n’est l’éveil de cette ombre ainsi que ce qui produisit celui-ci ne sortait alors du commun. Aucun autre effet n’était discernable, seul le murmure de l’ombre et les délicats frôlements dû aux caresses qu’elle soumettait à ce qui l’entourait se faisait entendre. Froissement de peau troublé au contact de l’inerte et de l’astreint. Cet espace où se déroulait la situation présente, ce salon de méditation, était scindé en deux parties à l’antipode l’une de l’autre. La partie nord jouissait d’une fade lumière, réduit à une multitude de faibles faisceaux poussiéreux. Les rideaux de bois étaient refermés, ne laissant que bien peu de lumière imprégnée la pièce, abandonnant celle-ci à une lueur grisâtre, imperturbable, impérissable et stagnante bercé qu’elle était par les remous appliqué à l’atmosphère altéré. Cet endroit du salon était simple et de haut plafond, avec une banquette rembourrée de cuir blanc, presque neigeux, bien que poussiéreux, adossé à même la grande vitre. Une table basse et ronde, faite d'un plateau en bois de rose vernis et ciré semblait-il récemment, dont le pied était une énorme souche d'arbre, se trouvait posé sur un grand tapis d’époque. Celui-ci était vieilli par les ans et représentait sans nul doute possible, bien que cela soit curieux, une vaste forêt de bambous et de roseaux bercés par le vent et ceint d’eau claire et pure. C’était là, avec quelques bricoles suspendus à son plafond, tout ce que cette partie de la pièce comptait en décor. La partie sud était de bas plafond, rempli de curiosités et babioles en tous genre, foisonnante de poussières et autres débris temporels. Meubles, statues, horloges, peintures et luminaires de toutes époques et de tous lieux s’entassaient et s’harmonisaient presque, faisait de l’endroit un havre rêvé pour les ombres et les soupirs du temps qui passe. Ces objets cachaient et empêchaient l’accès à un vieil escalier de bois spiralé montant vers quelques greniers perdus. Une chaînette, initialement suspendu aux deux pilastres cernant la première marche avait une attache de défaite et pendouillait mollement, l’écriteau qu’elle maintenait auparavant à la vue de tous, se noyant dans la poussière du parquet, ses lettres confuses et oubliées. Sa poésie outragée s'accordait à ces écritures poétiques d'antan, rongées et limées, incrustants chacune des poutres de la demeure, mais aussi ses marches et son mobilier. Toutes surfaces en bois avaient été marquées, aussi bien d'ailleurs que quelques vitres et fenêtres. Une ou deux chambres en particulier avait été touchées par le doigté d'une vielle âme qui apparemment avait su allier soupir et sourire à la douce et aigre majesté qu'est le souvenir. Pour le reste de la demeure, c'est part quelques idylliques messages presque anodin tant t'il y en avait, ou bien part de féériques et enchanteresses paroles transmuées en un phare pour l'amitié, ses adorations et ses tendresses, que tout était magnifié. Tout était douceur, les amers et âpres épisodes sporadiques de la passion raisonnablement bazarder depuis bien longtemps dans quelques caves perdues du Bayou. Une unique chose différait tant de l’une comme de l’autre partie qu’elle semblait curieusement être à sa place, bien que dénotant une étrangeté frappante et peu commune. Du plafond peint des rêveries d’un fou, d’où pendaient attrapes-rêves et autres bagatelles du même acabit, presque en son centre mais en avant de cette marche qui le scindait en deux et annonçait la séparation entre les parties de la pièce, un lustre-chandelier était suspendu par une lourde chaîne de bronze se séparant en quatre plus petites, amenant la structure à un mètre cinquante du sol seulement. Le « chandeliustre » avait une coupole, inversée et travaillée pour faire sensation. C'était un parapluie parant semble-t-il les ombres du plancher, paré de vitraux tout en arabesque et en spidron, fresque et récit plus qu'obscure maintenant que le temps des lumières s'est dévoilé à l'oubli. Il était aussi orné en son centre, d'une effilée colonne de verre translucide où se reflétaient sur sa longueur, en un mélange suave de pigments, les coloris du verre teinté qui seul faisait arborer à la pièce dans son ensemble, de part ces quelques zestes et échos de ses couleurs imprimées, un peu de nuance à opposer à la prééminence cendré pommadant la pièce de son grisonnant artifice faisait sombrer ce salon dans une diligente veulerie. Le vitrage était coloré de couleurs chaudes, enchevêtrement de rouge et d'orangé où subtilement se mariaient d'infimes nuances de bleu, de vert et d'or. À la pointe de cette colonne de cristal, le mariage naturel des carnations de la flamme trônaient, feu de l'acmé aussi semblable au verre, hyaline couverture dansante de l'ébat passionné des chaleurs des corps de son dessous, et de l'éclat des paroles brûlantes et portés au rire de leur complicité. La chandelle avait été disposée en cet endroit précis par cet être de chair et d’os qui, assis à même le sol en une posture méditative, contemplait dans son sommeil perpétuel l’incommensurable oubli auquel il s’adonnait en attendant son éveil. Il embrassait du regard des rêves ces fresques fantasques qui, au gré du plus pur des aléas, voguaient sur les courants de l’irraisonné réalité et plongeaient dans l’esprit des dormeurs de ce val perdu aux éveillés qu’est le repos. Son sommeil durait depuis tant et tant d’années qu’on pourrait se prendre à désespéré qu’il ne se réveilla jamais. Il se trouvait dans une méditation à nulle autre pareille si nous devions la comparer aux durées habituelles des sommeils et plaisantes siestes de chacun, en omettant bien sur ce trépas qui s’apparente à l’éternité dans toute sa finalité. Le pourquoi de ce sommeil est né d'une malencontreuse erreur, et l’abattement qu'elle devrait faire ressentir à cet être doit maintenant à jamais se perdre dans les méandres gelés de son apathique conscience. Cet homme paraissait bel et bien être ce qu’il est en apparence, et ce qui est d’importance, c’est que pour produire ce curieux sommeil, ce chaman dut entreprendre un interminable rituel des plus singuliers, presque absurde dans son accomplissement tant la magie est apparemment plus chose naissant d’une pure volonté que d’une réelle réponse à un quelconque usage. Notre ascète avait donc apparemment œuvré à l'élaboration d’un sortilège qui aurait eu pour effet de rendre à ce monde ce qu'il avait perdu et qu'il regrettait tant maintenant. Il dû cependant un mince instant faire preuve de relâchement, s'interrompant un temps suffisant pour qu'ainsi s'immisce les prémices d'une nuisible omission. Bien que le sortilège eu dans l'ensemble l'effet escompté, c’est cette regrettable et funeste erreur qui figea le chaman dans l'éternité. Et ce qu’il y avait d’essentiel, non pas dans le rite nécessaire à l’accomplissement du sortilège, mais bien dans l’explication de la venue au monde de cette ombre, fût la disposition du chandelier au centre exact de la salle. Car c’est de ce chandelier que naquit la source de lumière providentielle, c’est du cierge fin et élancé qui lui était fixé qu’était figé la flamme qui soupira, qui exhala un souffle de vie. La bougie avait de particulier d’une part, qu’elle ne se consumait pas, jamais la chaleur de la flamme n’avait eu à lécher les parties plus basses de la chandelle, et d’autre part que la flamme n’était mue par aucun mouvement, qu’il soit le produit d’une force extérieur ou intérieur, le mouvement vacillant qui caractérise l’habituelle flammèche n’avait pas prise sur celle-ci. Elle n’était qu’une image, le reflet de la luminescence souvent invisible qui depuis Lors baigne l’existence. Ainsi donc, comme le chaman s’apprêtait à achever son rituel, il plaça la bougie sur le chandelier du lustre. Ceci fait, il fît preuve d’une concentration à nulle autre pareille car de sa volonté s’enflamma la mèche de la bougie qui s’y tenait. Il fuit ensuite en méditation, sans un regard en arrière, pour s’adonner à l’achèvement de son rituel. L’étincelle ainsi matérialisée mua en le plus infime des brasiers, brasier qui sembla se contorsionner puis vaciller, s’ébaudir enfin jusqu’à réussir à s’allié à sa propre essence, s’enfouissant alors dans une chrysalide de bluettes et d’étincelles muent par l’ivresse de s’amener, eux et le brasier qui de cœur leur tenait lieu, à s’épanouir pour ainsi délivré la plus idéales des flammes qui puissent être. La flamme ainsi formé diffusa sa lueur, aspergea dans l’atmosphère du lieu une terne et calme luminance qui n’avait point de crainte à l’idée de se faire couper le souffle par les aléas couramment appliqué à la faste réalité. Elle put donc, grâce au fait que sa nature était figé, tétanisé par l’essence contraignante que le sortilège apposa à sa nature d’ordinaire si volatile, velléitaire, se concentrer sur ce besoin des plus primaire qui n’est autre que de respirer. Bien que le but premier du sort ait été de figé la lumière pour lui permettre de respirer et ainsi donner la vie, ce que le chaman n'avait pas prévu et qui causa en fait sa perte, fût le fait qu'il apposa son sortilège à la flamme et non pas à sa lumière. Si ceci avait pu être fait, la lumière d’elle-même aurait su défendre la faible contenance de sa flamme des agressants courants et tout ce qui relève du temps dans cette demeure n’aurait pas été figé. Ainsi, lorsqu'il fît don de l’essence magique concocté, au moment de lâcher les derniers mots de celui-ci, une sphère de stagnance se forma dans la pièce. Car la flamme par l’entremise de sa lumière, figea apparemment pour l'éternité tous les éléments vivants s'y trouvant ou qui viendraient à s'y trouver, emprisonnant également notre cher mage, sans savoir jamais si sa mission serait accomplie, son âme maintenant délaissé, clocharde des vents et des plaines. Pendant des siècles, la lumière inspira. Puis, pendant encore bien d'autres siècles, celle-ci expira, et conter cette histoire put enfin être possible, car enfin la flamme desséchée par la stagnance délivra l’artifice majeur de sa lueur, effleurer de sa vapeur vivifiante cette ombre qui est le centre de notre attention. L'ombre alors, ce tissu fuligineux qui ayant à présent pleinement pris toute la mesure des différents objets congestionnant et obstruant la pièce, après s'être lassé de passer son étoffe soyeuse et satiné sur la surface de tous les encombrés et encombrants, vit la nappe pâle et presque sans substances qu'était sa curiosité, s'effacer à sa vue maintenant affirmer, sens délivré du délicat enduit des prémices. Sa curiosité, accroissement de circonstance volontiers délivrée par la magie ambiante du lieu, se mit à vacillé, à n'être enfin qu'une évanescence dissolue des plus fugace car déjà son essence s'évaporait dans la douce soirée et l'ombrage alentour. Et si celle-ci s’évaporait, c’est parce qu’enfin les sens de l’ombre s’étaient éveillés et pouvaient maintenant idéalement se concentrer sur leurs tâches respectives. Cependant, ses sens étaient bridés par la nature même de l’ombre, si bien que celle-ci ne discernait ce qui l’entourait que comme une sorte d’unique image mouvante et inlassablement différente. Un tableau de sons et de vibrations, d’odeurs et de parfums, de sensations tactiles et de caresses prévenantes. Malgré cela, elle s’appliqua à ramper sur la surface du sol, s’étirant et errant sans vraiment de raisons, sans but si ce n’est celui d’assouvir une insatiable curiosité intérieur bouillant d’envie à l’idée de recommencer à épancher sa nature sur les différentes peaux de ce monde, les tannants par sa prévenante douceur. Une chose cependant la marqua. Curieusement, elle se sentait rattaché à autre chose, enchainée semble-t-il à un corps peut-être étranger. L’ombre bougea, frémit plutôt, son essence immatérielle palpitante d’une volonté nouvelle. Usant du pouvoir de ses sens, elle put discernée ce qui la retenait. Une ombre brune se tenait assis en tailleur, adossé à un meuble, un canapé immaculé semblait-il. Celle-ci semblait se gonflée et se dégonflée, aspirant la vie pour enfin la rejeter, sans cesse et de tout temps maintenant. Irréfutable preuve que notre homme était évidemment délivré aux geôles d’une terrible, inconsciente et incessante répétition, un cycle mortuaire où la vie dans son essence la plus réfléchis est absente, l’ayant emporté avec elle en laissant le reste à l’abandon, cette âme et ce corps de charmes. Elle respirait. Hors ça, elle semblait inerte, ses paupières ne cillaient point, écrasés peut-être par le poids de leurs propres années à être ainsi restés closent. Notre ombre comprit bientôt ; elle n’était que l’essence spectrale d’un être nommer homme, rattachée à celui-ci par la nature, car ainsi était-elle faite. Cette ombre brune se nommait Clarence, ombre de sens et de discernement qui pourtant se soumit au pouvoir fallacieux de la magie. Ses pieds et son séant étaient posés sur l’entre-deux, l’indubitable écart qui sépare chaque chose. Clarence semblait tout entier flotter sur cette séparation qui toujours fait transition entre un premier corps et un second. Pourtant, bien qu’il paraissait apposer à se flux d’espace suppléant le contact direct entre les matières, les pieds de notre pauvre et fatigué magistère avaient l’air de baignés tout entier dans une bien curieuse image. En effet, ceux-ci donnaient l’étrange impression qu’ils se trouvaient presque immergés dans le duvet du tapis. Partie de l’étoffe où coulait un fin et doux ruban d’eau claire et pur ceignant l’îlot de verdure où batifolaient roseaux et bambous. Ses pieds secs et cornés par d'harassantes heures de marches dirigées vers un horizon sans celle plus lointain, semblaient se délecter d’un indicible idéal, idyllique et convaincante pensée que celle que leur offrait le tapis qui sous eux s’étalait. Ils semblaient ainsi jouir de la caresse rafraîchissante de l’herbe, ainsi que du vent jouant d’une mélodie tirée des cavités des bambous et de son effleurement sur les roseaux de par son onctueuse haleine. À le voir ainsi on ne se voyait plus dans quelque demeure perdue dans les Bayous d’une contrée au nom envolé, mais ailleurs. L’Ombre ignorait d’où provenait l’information lui permettant de mettre un nom sur ce qu’elle discernait et cela ne la gênait pas outre-mesure. Le savoir était présent, offert peut-être, accordé tout du moins, et cela lui convenait. C’est ainsi, par l’omniscience quoiqu’il en soit accordé, qu’elle comprit bientôt avec pertinence qu’elle était bel et bien fatalement lié à cette pauvre créature poussiéreuse et fossilisée. Écaille de l’humanité fanée, sillonné de rigoles où coulent maintenant maints ruisseaux charriant les sables du temps. C’est de cette évidence d’où naquit la panique qui amena notre amie à s’escrimer pour se retrouver libre de toutes attaches. Pour ne pas craindre de devoir elle aussi supporter celle du temps mort qui semblaient avoir trouvé un met de choix en la personne de Clarence. L’Ombre s’affolait, large épine de suie sorti d’un bouton de rose, criant et griffant, tempêtant envers la pâleur de la découverte. Du-moins avait-elle l’air pâle, car oui, qu’elle couleur donneriez-vous au monde après n’avoir qu’exister dans la plus mélanique des tâches souillant la plus absolue des obscurités ? Notre si douce et si belle compagne était donc épouvantée par le constat glauque de n’être qu’une partie délaissé et ignoré de l’être dont elle était la réalité. Elle s’appliqua dès lors à se détacher tout à fait de cet état des plus malvenus. Elle le fît d’ailleurs avec la même grâce que lorsqu’elle s’éveilla, ou lorsque qu’elle dispersa sa coulée mielleuse qu’était sa curiosité dans l’alentour grâce au concours de la tolérance du récit. À ceci près qu’à présent ses divers sens étaient tout à fait en éveils, et c’est avec le secours de cette synthèse sensorielle qu’elle s’évertua à se libéré de l’étreinte éternelle et corporelle qui depuis Lors lie l’ombre à son homme. Cependant, ceux-ci ne furent pas du secours d’abord escomptés, ils ne purent ni la délivrée, ni même la soulagé du carcan d’angoisse qui la flagellait dans l’étui aux parois sans cesse plus étroites d’où s’amplifiait une torpeur subtile et désœuvrante. Outre l’indubitable fait qu’elle était liée à Clarence par l’affligeante nature qui toujours su sévir en ce monde, l’Ombre l’était donc tout autant par la fatalité, mais cela est toujours le moindre des maux, car cette fatalité peut aisément être défaite par la plus infime once de volonté. Le souci résidait surtout dans la façon dont l’Ombre se délierait finalement de Clarence, car ce n’est guère une mince affaire de s’en détacher, de cette inusable et réfractaire liaison. Pourtant, et peut-être surtout cela réside-t-il dans le fait que l’Ombre était à présent en quelque sorte libre, bien que pas tout à fait encore, elle sut s’en départir. Le lien qui la liait, mille tendons d’envergures et défiants, dû se rompre précisément à l’instant où notre Ombre achevait d’avoir encore de l’espoir. Certaines choses sont biens mystérieuses, tel par exemple ces faisceaux ondoyants de désespoirs chancelants et enlarmés, ficelant le désarroi de leur maitresse autour de ces fils naturels qui enchaînaient l’Ombre au corps vide de Clarence et qui finalement purent les rompre ou les dissoudre, la matière du concret rongé par l’acide de la tristesse et l’affligeance giflante d’un cœur si récemment affirmé s’abandonnant déjà aux affres inique de la vie. Vie qui bien souvent s’octroie le droit de s’emparer d’un dû ô combien imaginaire et fixé par un de ces traités léonins aux si vils exigences. On peut supposer que si cette fenêtre de l’histoire se débobina ainsi, la cause en est peut-être ce si bête état de fait et de temps voulant de Clarence qu’il ne put enjoindre aux menottes liant l’Ombre une quelconque révolte étant donné que sa nature ne résidait plus en son corps. Que celui-ci n’était plus que l’ombre de lui-même, effigie cireuse à la pâleur d’un temps sécher, laissé à fleurer une anachronique époque dans le vestibule d’une conscience passagère qui viendrait à visiter les lieux que sont la tombe de Clarence. Ce salon d’une maison coloniale honoré par la plus insolite et remarquable des naissances. La délivrance, celle qui s’applique à la libération et au détachement d’une lanière de corps lié à celle moins inconsistante répandant une envolée de sens et de curiosité. Bien douce et jolie chose, apparemment un apaisement, bien que finalement peu s’en fallut, car en cette séparation réside une fusion bien plus grande et terrible que celle précédente. Il est bien entendu que le sortilège de Clarence visait à éveiller son ombre. Ainsi fait, cela aurait eu pour conclusion de permettre avec le temps la renaissance d'une humanité ayant sombré depuis bien longtemps maintenant dans l'oubli. Seulement, l'erreur de Clarence ne lui permettait plus de pouvoir être ici à présent, son esprit s'était envolé dès lors que la stagnance avait pu s'apposer sur cette petite partie de ce monde marécageux qui entourait le manoir. Son ombre était aujourd'hui déliée, elle était libre et s’épanchait sur les lattes du parquet, polissant sa surface de sa matière velouté. Elle nageait dans les fils de cotons de ce tapis à la curieuse forestière, admirant et s’émerveillant de la palette de couleur qui faisait ressortir son incorporelle essence. Lorsqu’enfin elle passa sur la table en bois vernis, sa propre nature fût d’un coup recouverte d’un enduit hyalin à l’obscure luisance, laqué de la protection huileuse dont le bois s’était imprégné. Elle fût timide au début, n’avançant qu’avec une crainte d’habitude et d’égarement, nappe sans substance et fluctuante, baignait ce petit salon de ses mouvements aventureux, glissant sur la surface du bric-à-brac, corps aérien faisait vrillé les voiles de son corps impalpable et silencieux. Elle valsait au rythme de la libération, dansait de grâce et de légèreté en battant la mesure, faisait écho par les pulsations de son cœur aux sonorités cacophoniques d’un gong martelé par la joie devenu presque malsaine de notre petite sœur de nuit. L’Ombre jubilait sans retenue sur la victoire qu’elle venait de remporter, caressant et câlinant la surface amène et séduisante de tous les articles entassés dans la pièce. Mais alors qu’elle glissait et flottait à son tour sur l’indubitable écart, ses sens jouissants d’un spectacle à nul autre pareil, du tourbillon qu’était son corps en valse et de ses gestes à l’ampleur aussi grande qu’élégante, un souffle naquit. Il fût propulsé dans l’univers par le mouvement créateur d’un tango charriant l’idyllique joie d’une liberté recouvrée. Bel et bien retrouvée car la liberté est inadaptable, commune à tous, ainsi l’ombre ne redécouvrit que celle qu’elle avait avant son éveil, dans cet incommensurable oubli où se perd ce qui n’est pas encore connut. Ce souffle anodin eu le même effet que celui dit du papillon, car plus loin dans la pièce, il fît vaciller sous l’effet de ses grands airs la flamme nichée dans la stagnance que produisait le sortilège de Clarence. De cette perturbation qu’aucun être digne de ce nom ne devrait prendre au sérieux, sauf Clarence peut-être, bien qu’il ne put rien y faire, germa la toute fin de ce dernier. L’air vivace de la danse s’emprisonna de lui-même dans le lustre-chandelier, tournoyant interminablement à l’intérieur en une course effréné. À tel point qu’autour du chandelier, une bourrasque déblayant les poussières de la coupole, finit par entourer de sa forme cyclonique le brasier figé du chandelier, l’étreignant assez pour que bientôt celui-ci en vienne à s’éteindre enfin, ne laissant qu’une maigre volute de fumée blanche, nu et éperdue. La bougie soufflée eu pour effet de rompre tout charme. L‘air se fît plus lourd, la pénombre plus pesante. Toute magie se dissipant, s’évaporant purement et simplement. Carillons et attrapes-rêves sonnants et s’agitant sous l’effet de la cabale en peine. De part un tel changement dans l’atmosphère ambiante, l’Ombre cessa toute effusion de joie. Elle cessa de se concentrer sur la ligne confuse et bafouée qu’était devenue l’illisible avis de cet écriteau balayant le sol devant l’escalier spiralé. Elle se retourna, sa masse d’encre produisant se faisait le léger son de la soie que l’on froisse. Tout à son manège, elle en avait pour ainsi dire tout à fait oublié la crainte que Clarence lui avait précédemment inspirée. Dos à l’abracadabrant chambardement de la partie basse, face à la clarté chargé visuellement d’un sortilège en fuite, ce que vit l’Ombre la fît frémir, les bordures de son essence frétillante d’angoisse. Brouillon noir griffonné par les saccades de l’effroi. Toute clarté s’était effacée du visage de Clarence. Sa peau avait vite blanchit et s’était appauvrit pour alors prendre une teinte grisâtre, témoignant de l'importante durée que Clarence avait subi à rester ainsi figé en un unique et perpétuel présent. Cependant, l'absence de charme l'avilissant rapidement, sur celui-ci alors, dès à présent meurtri par la flétrissure, apparut d’innombrables territoires fioriturés de craquelures noirâtres et de veines aussi saillantes que vives. Clarence tout entier ressemblait à un puzzle reconstitué, champs d’imbroglios envahit par la moisissure, arborant les stigmates de la décomposition et du dessèchement. Il était telle de l'écorce s'émiettant, à la sève suintante parce-qu'emplie de la souillure d'un temps malmené. Bientôt, il ne fût plus que tout à fait fané, à tel point qu’il ne semblait plus être qu’une image humaine faite de la seule poussière de l’assèchement, celle qui naquit lorsqu'il se fît rattraper par ce temps qu'il laissa en suspens. Bien qu'entièrement alors fait de la poussière des âges trépassés, de lui restait pourtant une bien belle effigie, seulement maintenu par la force que les particules de poussières exerçaient entres-elles. L'Ombre se dirigea vers feu Clarence, et tandis qu'elle s'approchait de plus en plus, avançant sous l'effet de la torpeur et de l'incompréhension, sa forme se bouleversa. La masse sombre qu'elle était, sans cesse plaquée au plancher ou à une quelconque surface, pu dès lors se redresser. Son essence commença par se départir de l'agglutinement qu'elle formait en s'épanchant sur la nappe du trente-sixième dessous avec les piteuses et indigentes matières de ce décrépi plancher. Sa forme et ses contours étaient à présent tout à fait discernable, et ce qu’elle était alors il y a encore peu d’instants, absolument méconnaissable. C’est à dire que sa forme passé, cette ombre encore typique, venait de glisser, détacher de son essence première par les émois provoquer par ces récentes angoisses, son exuvie paraissant être fièrement exhiber à ainsi être trainer comme la peluche favorite de l’enfance. Elle s’apprêtait maintenant à s’agenouillé, figé dans la poésie de la mue. Effigie humaine et obscure, sans visage et sans détails. Presque un écho, le reflet huileux de ce qu’était Clarence avant la ruine de ce charme dès lors désenchanté. Elle était face à ce qu’il était devenu, silhouette de jais à la main de suie tendu vers la poussière, poussière qu’elle caressa enfin. Immatérielle essence bouleversant la plus moindre consistance de l’évidence. Elle s’était élancé en se geste théâtrale, prévenante et compatissante, souhaitant abreuver Clarence, bien qu’effrayer, d’une amène et suprême caresse. Car l’Ombre dans son avancée, avait reconnût en cela son père et ne souhaitait rien moins que l’honorer peut-être du geste tardif de l’effleurement d’une fille aimante, bien qu’alors encore subjuguée par les évènements présent. Ce geste à l’ampleur charmante, cette main, tâche d’encre au doigté s’écoulant, fendit l’air comme à reculons, finalement craintive. Lorsqu’elle frôla seulement la sculpture de fibres et de débris qui façonnait maintenant Clarence, se répandant et s’écoulant enfin du message qu’elle amenait, elle n’eut d’autre effet que de le dissiper tout à fait. Son essence même, âme de corps et non d’esprit, s’évanouit en une funeste fumée grise et glauque, avant de ne faire plus que parti de la fantaisie du lieu, condamné à servir de par le si peu de chose qu’il se trouve être devenu, ce fantastique ensemble qui d’abri lui fût offert. Refuge qu’il viola en le figeant et en l’excluant du temps. Qui l’amena à devoir lui servir d’aide de temps, dans sa continuité et dans ce lieu, ce camp qui d’une offense fût bafoué, autant de temps que celui-ci fût outragé. Ce jour est un jour de cendre, brûler par cet éclat auparavant statufié et maintenant soufflé, gorgé d’un incendiaire venin. Jour de cendre consumer par la teneur chaleureuse de la flamme sécher imposé à l’attente. Jour consumé aussi, par une poésie dévoilé, récitant à l’Ombre une ode par sa liberté recouvrée, dans cette atmosphère qui déclame, qui se pose et présente, délivre une sculpture sur instant, ineffable matériaux d’or, d’âge et d’ère. Statue faite autant par le temps d’un instant à l’écoulement pauvre, sans peine à sondé, que par la cendre et la poussière inhérentes à un climat tempérer. Car suite à la déliquescence particulière et poussiéreuse qui transforma Clarence en fin sablons, l’atmosphère se déposa dans l’air tout comme la brume sur le matin, ralentie et éblouie par la folle pantomime présente, s’accordant un instant à la subsistance grisâtre asséchant l’harmonie du salon de son eau de vie. Tandis que le message amené par la main ombreuse s’effaçait piteusement de l’espace, que l’Ombre se remettait du violent trouble que l’absorption de Clarence par le temps avait produite, épluchant son corps en fin lambeaux avant de les dissiper et de les dissoudre en copeaux de grain, en parcelle de néant, un présent des profondeurs prêt à s’offrir, se manifestait. Le Temps en cette heure aurait pu prétendre au nom « d’Anésidora », car c’est sa volition à voué au vil vaurien qu’est Clarence une vengeance invraisemblable qui permit à l’écrin dans lequel séjournait son ossature mémoriel et sentimentale, de s’ouvrir et de laisser ses hôtes s’étirés enfin. Ceci afin de laisser filer leur procession, cette trainée semblable à un voile lacté se déliant en une toile de dentelle dont chaque cellules évoques et dessines l’instant d’une vie et toutes émotions liés, rétrospective se débobinant afin que l’Ombre puisse se saisir alors de vérités manquantes et véhémentes. De ce vernissage s’ensuivit une bien jolie fresque. La toile macramé s’en alla tournoyé autour de l’Ombre, se déliant toujours plus et l’entourant finalement tout à fait, ceci afin de lui permettre de lire en elle comme dans un livre ouvert, un bien précieux et curieux ouvrages laissé à l’attention de la clarté attentive d’une féminine engeance. L’Ombre, devenue Silhouette, de son visage de suie ou nullement son mélanique regard se démarquait vraiment, attendrie et curieuse, se pencha alors sur l’étude de ce manuscrit, cette encyclopédie en guipure du savoir relatif et absolue. { Maintes saisons s’écoulèrent dans le lit du ruisseau millénaire, rivière où s’écoulent le temps et d’où ses cycles sont brassés par les roues à aubes aux pales passés, présentes et futurs. L’Ombre, tout à son étude point ne trépasse, immortelle et belle sans âme, conscience fraîche et dévolue à la prospection dans le recueil mémoriel du défunt Clarence. Ceci, cet ouvrage, l’envouta tout à fait. Car comment mieux connaître et apprendre qu’au travers de la lecture, comment puiser avec satisfaction dans le visage et l’âme du monde sinon dans les pages de son histoire ? L’horloge temporelle remise en route, la roue tourne et la nature reprend ses droits. Le plancher de la demeure craque, les mots gravés dans le bois se tendent et s’étirent, laissant leur message se libéré et approvisionner l’air de nouvelles poésies. Des lianes ont entrouvert la porte coulissante du salon, ont envahi la pièce. Lierres et menthes se lient et se délient, s’apposant gracieusement aux surfaces en tissu végétal, vernis de l’attention humaine et des lignes messagères de la prose, que ce tissu soit devenu partie inhérente d’un meuble, du plancher, des poutres ou des rebords de fenêtres, des portes et marches d’escaliers, ou bien même encore des simples et vaillants volets qui toujours surent affrontés la tempête, masques de bois figurants sur le devant de la scène pour tromper les assauts de l’extérieur, les abordages de l’externe. Tant de temps avait passé que l’étude de l’Ombre allait enfin prendre fin. Elle n’avait pas bougé, incapable de se mouvoir dans la recherche historique et la passion qui l’habitait, aussi était-elle toujours droite et fier dans le salon, ses membres de suies, innombrables et rebelles, mêlés aux poussières de la pièce et aux cendres de Clarence, dont elle étudie grâce et à travers lui. Finalement, outre lui apprendre ce qu’est le monde et son humanité, le florilège lui enseigna surtout que Gaïa n’était plus, car l’homme dans l’inconsciente punition qu’il s’était lui-même infligé, précisément se phagocyta. Cela alors lui apprit enfin pourquoi elle avait vu jour. Aux prémices s’épanouissait magie et contes, la civilisation et la suspicion les ayants fait fuirent, il est naturel qu’ils soient aux déclins de cette même civilisation revenus du merveilleux oubli pour de nouveau abreuver la terre de leurs plaisantes et joviales compagnies. En cet endroit, à ce que comprit l’Ombre, ce bayou étendu au point de recouvrir toute la grande Amérique, l’atmosphère particulière avait suffi à Clarence pour qu’aucun apprentissage ne lui soit nécessaire pour aborder cet art subtil et sublime. Il lui fût annoncé le possible de la chose par les voies naturelles qu’habite la nature, vents et forêts murmurants les sortilèges de résurrection dans l’air de ce triste présent. Clarence sut les saisir, et c’est au cœur du Bayou, précisément dans l’ancien compté de Louisiane, où il voyagea le plus, sentant instinctivement que la renaissance devrait se faire aux sons des mélodies hantant cette partie du monde. C’est ainsi qu’il découvrit cette vielle maison coloniale, où il choisit de vivre et d’apprendre, ne souhaitant nullement gâcher la chance qu’il avait d’en offrir une nouvelle encore à cette humanité si fautive et si belle. Silhouette, l’Ombre, vit lentement les pages reliées de la varia de Clarence commencer à frétiller, instrument de lecture à la forme accordéonique, éventail géant brassant les mots afin que leurs sens s’embrassent aux vôtres. Cet appareillage donc, semblait comprendre que son temps était révolu, que la compréhension de Silhouette était à présent totale, comblée. Les mots encrés, plutôt tissés d’ailleurs, par le capricieux doigtés de la mémoire, se prélevaient invariablement, se séparant sans anicroche aucune. Ils glissèrent ainsi dans l’air ambiant, nuée de lexies laissant filées leur matière désinvolte. Mots désimprimés s’encrant à l’air comme au papier pour ainsi ressembler à mille filaments d’un tissage biographique, mille ficelles voletantes et flottantes qui finirent par s’apposer aux matières de l’espace présent, ornant une fois de plus ces décorations d’intérieur d’un encrage préféré d’un tiers au temps d’aujourd’hui tout à faire défunt. Écritures qui ne se laissèrent pas seulement se dessiner sur les enjolivures intimes de cette retraite qu’est la demeure, mais aussi sur les racines, mots d’or s’installant poétiquement et instamment sur les corps de ces lianes et de ces lierres filants à travers la pièce. Se gravant dans ces troncs à la finesse aussi délicate que leur énonciation, que d’émettre dans l’air la poésie de leur lecture. Véritablement, cette présentation ne fut pas aussi lente et précieuse qu’en fait montre la ci-présente description. Ce fût plus comme une explosion, une effervescence soudaine expulsant toutes les matières de la varia. Cela eu pour effet de distordre un instant l’espace alentours, le bouleversant. Il sembla même tressauté un moment, comme sous l’effet d’un indomptable et irrémédiable hoquet. Ce sursaut sembla emporter avec lui-même certains objets de la demeures, notamment et pas des moindres, les poupées de chiffons. Ces Dagydes furent tant et si bien secoués, qu’inévitablement l’une d’elle se décrocha, s’affalant sur le parquet, produisant un son mat, avant de rebondir et de s’affaler aux « pieds » de Silhouette. L’Ombre, dos au « Chandeliustre », face au misérable tas qu’il restait de Clarence, tellement humaine et pourtant si peu, baissant les yeux vers le sol, et parut prendre une décision. Lentement, cette masse qu’étaient ses membres, ressemblant à une chevelure de jais dispersé par quelques bourrasques, se recentra, retournant se lover au sein de Silhouette. Elle en vint à s’agenouiller, belle et délicate, précieuse et attentionné. La partie inférieur de son corps semblait fondre, s’étalé sur une courte distance autour d’elle-même. Elle tendit alors deux bras aux longueurs disproportionnées, se saisi de la poupée et l’amena à elle, la pressant sur sa poitrine. Elle la regarda comme une mère regarde son enfant, la pressant sur son cœur, délivrant à tout l’alentour un sentiment de tendresse et un attendrissement certain. Mais pas seulement, car dans l’atmosphère, de chacune de ces choses qui façonnes l’ambiance, toutes se trouvaient être dans l’expectative, sentant qu’une chose allait se produire. Effectivement, les deux chères se fondirent l’une dans l’autre. L’ombre s’insinuant dans les pores de la toile de jute composant l’inanimée poupée, et celle-ci absorbant, semblant boire l’immatériel tissu dont était fait Silhouette. Au contact de ces deux chairs se mêlant, le petit univers de la pièce sembla imploser. Il explosa en une gerbe de possibilité allant toutes essayer de s’apposer à ce petit univers exigu qui allait finir par se recentrer. Ce contexte naquit tandis que le temps était encore tout bouleversé, ceci explique peut-être pourquoi l’infini des possibilités avaient été amenées à faire valoir ses filles à ce trône qui préside l’avenir. Cependant, bien que se disputant ardemment le siège suprême, de ces femmes d’espoirs se démarqua celle qui grâce à elle se délivre et se raconte ce qui suit. Silhouette n’était plus à présent ce corps immatériel, mais bien maintenant une fière représentante des êtres aux substances concrètes. Elle n’était pas belle, mais pleine de charme, une vrai femme dotée de toute la candeur juvénile possible, et malgré ce corps décousu, cela transparaissait évidemment, car son aura... qu'elle aura ! Silhouette ouvrit les paupières, seules restes remarquable de sa nature passé, car celles-ci étaient faites d’ombres pur. Ombres projetés par la lumière que produit l’absence de vision. Elle ne fût pas autrement bouleversé par cette vue soudaine et nouvelle, car en ayant introduit sa nature en un corps supérieur, ainsi se formèrent certaines particularités de ladite nature, telle qu’une spécifique conscience. Cette conscience, outre la préparé systématiquement à cette nouvelle nature, lui fît savoir aussi ce qu’elle était, d’où elle provenait, et cela avec la plus exact précision. Ainsi put-elle comprendre comment se mouvoir et nommer chaque chose, ainsi put-elle enfin tirer vraiment pleinement le savoir de l’opuscule lu antérieurement. C’est avec curiosité qu’elle se redressa, ayant été mise à terre par la véhémente implosion du tout de céans. Elle fît quelques pas, légèrement étourdie par le chandeliustre encore agité dont il ne manquait rien et dont rien n’était allé troubler la si parfaite harmonie. Car bien que l’univers présent fut chamboulé, tout était à sa place, seules quelques exceptions avaient-eu le malheur d’être maltraitées. Le chambard passé n’avait pas même réussit à épousseter la poussière apposée à chaque surfaces présentes. Le chandeliustre lui, étant un des éléments moteurs de ce qui s’introduit ici, devait son mouvement à ce qu’il était de nature à être ébranlé par pareil manège. Silhouette, tout comme lorsque elle naquit bien plus tôt, n’était que curiosité. À ceci près qu’elle était désormais en mesure de l’assouvir seulement par elle-même. Ce qu’elle fit, après avoir scruté les alentours à l’aide de ce si nouveau déconcertant sens que peut devenir la vue de par l’apport de certaines joliesses, de choses tant et si belle qu’un paradoxe s’établie, celui de s’en lassé alors que pourtant, ne sont-elles pas d’une ineffable splendeur ? En la circonstance, loin d’être inexprimable, tout ce qui se dévoilait à son regard ne semblait être qu’essences gracieuses, flatté par le regard nouveau que Silhouette promena dans le salon si richement garnit. À peine fit-elle un pas en avant qu’elle se prit les pieds dans une liane trainant sur le parquet, paresseux végétal sommeillant sur un douillet coussin de poussière, qui agité d’une curieuse énergie, se repoussa et s’enfuit se glisser dans quelques recoins obscurs de la pièce, craignant peut-être encore l’importune marche d’une inattendue et quelconque vie. Silhouette ne fit pas attention au son de sa propre voix lorsque celle-ci se fit entendre, ni au bruit mat qu’elle fit naitre en frappant le sol de son petit corps. Pourtant, elle tempêta rageusement, comme quoi certaines choses sont plus un trait de nature propre à certaine forme d’évolution que le produit d’une pure éducation. Elle se redressa, déjà adoucit, puis se mit à arpenter la pièce, les mèches de ses cheveux de lacets dansants devant ses yeux. Elle jugea que la partie désordonnée et celle plus épurée présentait un ensemble somme toute tout aussi apaisant qu’harmonieux. Que la flagrante unification d’une chose et de son antithèse créait une atmosphère apaisante et chaleureuse, un chez soi bienvenue. L’unique porte coulissante du salon était obstrué par les lierres et autres plantes arpenteuses telle que cette menthe qui diffusait un parfum parfois diffus ou au contraire prenant, en fonction de l’endroit où l’on se situait alors. Cette porte donc, ainsi close, convainquit Silhouette de se diriger vers l’escalier en colimaçon et sa structure tortueuse qui, avec justesse s’accordait aux natures encore endormit à l’étage. Bien que désireuse, voir avide même de laisser émaner des pores de sa peau de jute l’excédent d’énergie provenant de cette curiosité non assouvi, par principe et par soucis d’éviter de passer à côté d’un souvenir ou d’un objet marquant, Silhouette s’attarda, caressant du regard les différents objets de la pièce. Mais elle dut rapidement avouer qu’à part lui offrir une vue d’ensemble en adéquation avec l’harmonie qu’elle dégageait, elle ne pouvait lui faire la grâce de lui offrir la moindre parcelle de ce qui la composait pour s’en saisir et la ranger déjà dans le grenier mémoriel de son esprit toujours si vierge. Silhouette prit donc sur elle de gravir l’amoncellement composé des biens des âges passés mystérieusement entassés au pied de l’escalier, comme si là, la date perdue dans les méandres du temps, l’univers s‘était vu ouvrir quelque gorge béante recrachant les épluchures des possessions humaines de divers époques. L'escalier craqua quand Silhouette le gravit, et lorsqu'elle fût au sommet de celui-ci, elle se trouva enfoncée dans un boyau noyé par une semi-obscurité. L'accès au premier étage était scellé par une trappe massive et imprégné elle aussi d'écrits d'antan, quoique ceux-ci ne fussent que de circonstance. Les poésies qui y étaient apposées dénotaient idéalement ce passage, contant voies ou passé, ce reposant plus sur l'allégorie que sur le bois lui-même qui se trouvait être pourtant son support physique. Les gongs en avaient rouillés et fusionnaient maintenant avec le chambranle gonflé. Silhouette y exerça une légère poussée, la trappe se souleva alors d'elle-même, semblant inspiré, emplissant l'espace d'un souffle étrange tandis qu'elle enflait, craqua à l'acmé de son inspiration, puis se désagrégea. Elle finit par s'étioler tout à fait en une bruine poussiéreuse de bois et de fer mêlés, où s'agitaient perdu sans leurs amarres les exprimés désinscrits qui virevoltèrent autour de Silhouette, trouvant là un avatar de choix. Le bois vénérable décomposé donnait sur un premier étage. Celui-ci, loin d'être découpé en différentes salles n'était en fait qu'une seule et même pièce. Il semblait que cet espace avait recueilli sous forme d'ambiances et de lettres les intimités et poésies de l'étage supérieur, de ses chambres et couloirs peints des verves imprégnés d'un coup d'émotion des anciens locataires. Sur les murs et baies vitrées semblaient s'écouler des colonnes de mots, des messages décousus à la poétique portée néanmoins insaisissable ruisselaient lentement des façades comme la pluie sur l'horizon, avant de finir par aller s'épancher en un magma sur le parquet, obscurcissant celui-ci d'une large marque mouvante et brouillonne. Ce déluge, cette affluence de sens et de significations avaient su donner à la pièce, même avant la stagnation apposée suite au sortilège, des vagues d'atmosphère, d'ambiances flânant dans l'air pesant et épais laissé à mûrir aux fils de longs siècles de confinement. Ces essences aux touchés envoûtants, à la caresse sublime, avait le don de submergée l'intéressé, leur contact laissant une marque indélébile pour un instant, laissant l'individu comme grogis, épuré de lucidité. Toujours sur les marches, laissant son petit et délicat visage dépasser du seuil, Silhouette ne put qu’être séduite par cette nouvelle perspective, embourbé qu’elle était dans les rouages de l’appétit. Mais soudain, tandis qu’elle s’avançait en ayant préalablement péniblement gravit le dernier échelon, pleine d’en entrain propre au nouveau-né, une douce mélodie se fît entendre. Telle qu’elle semblait n’être que de silence, et ainsi plus rien ne semblait se mouvoir. Le magma, les souvenirs, toutes ces perles d’humanités, bien que continuant leur manège, ne le faisaient plus qu’avec une discrétion telle qu’elles auraient aussi bien pu avoir cessé d’exister. Car en cet instant, tout ce qui n’était pas cette harmonie n’existait plus que dans un plan détaché de toutes les perceptions et perspectives du présent. Un royaume des ombres non reflété par l’univers pour ainsi éviter, lorsque cela se produit, de bouleversé ne serait-ce que le plus infimement l'euphonie et l'eurythmie qui se présente. Silhouette avait déjà bien assez voyagé dans la mémoire humaine en s'imprégnant du livre tout droit sorti de l'esprit en fuite de Clarence. Cependant, bien qu'ayant pu visionner en tant que spectateur évident les aléas du monde commun, elle ne put vraiment ni comprendre, ni concevoir la richesse qui insoupçonnée s'y lovait et qui l'était souvent resté même pour cette espèce qui en avait fait la fortune et l'opulence. C'est donc au son de cette captivante mélodie qu'elle s'avançait, ses petites jambes souples dévorant l'espace qui la séparait encore du coussin d'émoi. Celui-ci l'accueilla avec un naturel manifeste, puis l'enlaça de ses bras séraphiques. Les émotions dont il était fait semblable à l'éthéré manège que produirait un ballet angélique. Bercé qu'elle était par ces articulations mémoriels, elle eut tout le loisir d'étudiée et de comprendre l'architecture mentale de ce qu'elle fut avant de naître, toute sa complexité. Ce qu'elle ciblait était précisément une chose qui lui paraissait aussi mystérieuse que magnifique, aussi complexe qu'évident, lé découverte d'un sentier dans le lacis de l'esprit humain. Recouverte des détails de chacune des natures présentes, lui étant loisible de s'attarder sur chacun des mélanges comme sur leur évolutions, Silhouette parut saisir que la surface de l'esprit, la conscience, pouvait se comparer au limbe d'une feuille. Qu'il s'expose à la lumière du partage et de la réceptivité dans l'échange avec le monde qui l'entoure plus surement que ce qui se camoufle par derrière elle. Que chacun de ces deux univers, l'impersonnel comme le personnel, le propre comme le distinct, ne sont en fait que des symbions mêlant leurs fils d'ambiances pour former une atmosphère encore plus complète et complexe jouant simplement et aisément sans grand risque d'être décelée sur la conscience humaine, seulement réceptive par l'univers sous-jacent à cette conscience. Ce qui motive cette conscience presque ostensible n'est qu'un agglomérat, une réunion dominée par les ressentis donnés par les matières présentes, chacune de leurs ambiances et celle formée par leur ensemble associés aux émanations exhalées par les ressentis intérieur. Ceux-là même qui se trouvent-être présentés précisément par la réunion spectrale et nébuleuse du méandre où s'agitent la mémoire mouvementé, où les idées se font brasser par les souvenirs de tout ce qui peut faire l'homme. Évidemment, ceux-ci sont interprétés par les certitudes de la nature de l'être qui ne sont qu'après tout qu'une partie annexe de ce méandre dont ils ont été sortis. Finalement, l'esprit est d'une sobriété trompeuse, tout comme sa complexité, car point n'est besoin de s'interroger sur sa nature, seule est satisfaisante la constatation qui veut que toutes les natures de l'esprit, conscientes ou inconscientes, ne font finalement que se répondre et se mêlées, s'alimentés et s'engrangés en étant dominé à la fois par leurs propres idées et natures comme par celle même de l'idée primaire qui les conçus au premier jour et qui fleurit et se fait féconder à chaque instant qui passe. Presque déçu mais cependant repu, car nul accès ne s’étaient ouverts à elle, Silhouette voulut se dégager. De l’agrégat surgit un puissant bras arachnéen et éthéré la déposant sur le parquet de la pièce, avant de paraître faire glisser sur sa joue la délicatesse d'un touché tendre et chaleureux pour semble-t-il la remercie avant de disparaître. Ses matières et contours dissipés et de nouveau liés dans le magma brumeux de cette bouillie mentale étalée sur le parquet d'une maison ancestrale. Silhouette médita un instant, car elle fût tout d’abord déçu de l’absence d’une voie dans laquelle s’immergée, ayant préalablement imaginée qu’il était tout à fait envisageable que les vérités soient tant et si bien évidentes qu’elles devraient évidemment lui être insufflée. Et c’est justement cette réflexion sur l’évidence des réponses qui l’amena à enfin pouvoir les considérer. Car suite à cette immersion dans cet agglomérat de la psyché humaine, le puzzle qu’était pour Silhouette l’esprit humain put enfin être achevé. Ce qu’en conclut l’Ombre fût que ce qui était le plus primordiale n’était autre que les souvenirs. Seuls ceux-ci ont la capacité d’emmagasiner la totalité de la complexité humaine tout en pouvant du même coup y préserver toute sa beauté. C’est avec l’aide de cette certitude qu’elle arpenta la demeure toute une ère, petit chiffon habile et seul se démarquant de son humanité présente pour parachever une arche qui serait le réceptacle commémoratif de la sapidité humaine. La demeure évoquait avec virtuosité les orfévrés tracés littéraires appliqués à son essence et, par ceux-ci, bien des messages censés pouvoir plus tard peut-être inspiré leurs contemplateurs. Ceux-là même qui pourraient par l’absorption de ces annonces, comprendre, pour ainsi offrir à l’humanité une éternité non plus garantie par la seule mémoire du vergé démiurgique qu’est devenue mère la terre. Détentrice d’une v��rité simple et pour le moins presque désuète en ce temps si particulier, Silhouette ne put que l’honorer. C’est ainsi qu’elle se mit à l’œuvre, cherchant la meilleur façon de préserver ses souvenirs et savoirs qui n’étaient en fait déjà eux-mêmes que le simple soupir d’un écho d’une mémoire déjà bien ridée. Sur chacun des angles, arêtes, portes et fenêtres, coins, marches et rambardes, furent introduits des totems par la gravure soignée de Silhouette. Ceux-ci avaient la tâche de par leur éloquente stature, d’émettre les sensations relatives à la contemplation, d’amener le contemplatif en un territoire où se chevauche en une folle cavalcade éphémère les paysages des anciens temps. Ceci perçait les défenses de l’œil, lui imprégnant une trace fugitive lui permettant provisoirement de percevoir ces pays jadis découvert par la pupille avertie de l’humanité. Des rigoles avaient été taillées dans les parois, d’où s’écoulaient un nectar aux senteurs exquises embaumant fugitivement l’atmosphère de souvenirs relatif à sa nature, émanateur d’odeur. De même que si l’individu en venait à se décider à le goûter, celui-ci serait alors transporter par la délicatesse suave et insigne, transporté par la saveur donné de ce met, offrande donnant au gouteur un arrière-goût de déjà vue serein, laissant la douceur du coulis marquer le corps de ces précédentes incarnations, spectres de tous les antiques aliments généreux de l’ancien temps. Il ne manquait plus qu’un élément à cette demeure pour que Silhouette soit certaine que celle-ci marque les esprits, car elle avait pour raison d’être de devenir un havre de sauvegardes, un sanctuaire des mémoires. Pour le dernier élément, Silhouette choisit la caresse de l’air et les chants du vent, leurs grâces supérieurs encore à l’éveil d’une ombre, qui pourtant éveillent les cœurs. Il est dit que lorsque la demeure fût finit, que le doigté délicat de l’ombre eut achevé son manège, celle-ci y demeura, mêlant aux vents qui y régnaient son murmure délicieux. Un beau jour, quand il n'étoufferait plus la lumière du monde, l’homme renaitrait, en viendrait à venir en ce lieu y puiser sa saveur. Mais tout cela n'est que l'ombre d'une poussière que le rêve apposa au regard de Silhouette, elle qui a encore tant à faire. Et si son travail est convenablement fait et l’est sans entrave, il est certain que les souvenirs perdureront, même et surtout après cette longue et ineffable période presque tout à fait fade où le souvenir de l’homme s’est étiolé. Des Gardiens seront en veilles, Gardiens éternels de leurs natures passés. Golems spirituels, incorporels, garnissant l'oubli du temps nouveau. Nus et salés comme tant d'étendues, qu'elles soient faites mers ou fleuves de larmes, de miel et nectars aux goûts inoubliable, illustre.
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seifouddine-blog · 8 years ago
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Allongé dans le tombeau fleuri de mes pensées, Gardienne sépulcral de mon cénotaphe éthéré, À jamais embaumé par l’offrande laissé, Tu jouis de ces chrysanthèmes biaisés.
Habillée de ces lâches souvenances, Érodées par ton éternelle absence, En moi gît ton leurre, Harassante illusion de ces vielles heures.
Temps antique et funeste, Auquel j’aspire cet indigeste, Golem mémoriel et reviviscent, Alangui souvent de par ce si lointain présent.
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Illustration : Gravure. Femme nue assise au bord de l'eau, près d'un crâne - Rodolphe Bresdin
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