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#La Montagne de l’Âme
circeeoflesbos · 2 years
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La Mort de Psappha
POEME DRAMATIQUE EN UN ACTE de Renée Vivien Evocations, 1903
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Scène 1
L’école de poésie fondée par Psappha. Une statue de l’Aphrodita enguirlandée de roses. Par la porte ouverte, on voit l’Égée, les jardins et les maisons de Mytilène. Le soleil, pendant l’acte, décline et disparaît dans la mer.
Éranna de Télôs, chante.
« Lasse du jardin où je me souviens d’elle, J’écoute mon cœur oppressé d’un parfum. Pourquoi m’obséder de ton vol importun, Divine hirondelle ?
« Tu rôdes, ainsi qu’un désir obstiné, Réveillant en moi l’éternelle amoureuse, Douloureuse amante, épouse douloureuse, Ô pâle Procné. « Tu fuis tristement vers la rive qui t’aime, Vers la mer aux pieds d’argent, vers le soleil… Je hais le printemps, qui vient, toujours pareil Et jamais le même ! « Ah ! me rendra-t-il les langueurs de jadis, Le fiévreux tourment des trahisons apprises, L’attente et l’espoir des caresses promises, Les lèvres d’Atthis ? « J’évoque le pli de ses paupières closes, La fleur de ses yeux, le sanglot de sa voix, Et je pleure Atthis que j’aimais autrefois, Sous l’ombre des roses… »
L’Étrangère entre, hésitante. Elle est blonde. Ses regards incertains errent autour d’elle.
Éranna.
Vierge, que cherches-tu parmi nous ?
L’Étrangère.
La Beauté. Je cherche la colère et la stupeur des lyres, L’âpreté du mélôs, parmi la cruauté Des regards sans éclairs et des mornes sourires.
Damophyla.
Viens cueillir avec nous les roses de Psappha : Elle enseigne les chants qui plaisent aux Déesses.
Atthis.
Viens, tu verras, parmi ses ferventes prêtresses, Celle dont le laurier grandit et triompha.
Éranna.
Ses cheveux sont pareils aux sombres violettes.
Gorgô.
Seule, elle sait tramer les musiques muettes Des gestes et des pas.
Dika.
Son baiser est amer Et mord, comme le sel violent de la mer.
Gurinnô.
Elle est triste ce soir. Son regard inquiète.
L’étrangère.
Quelle angoisse l’étreint ?
Dika.
Un songe de Poète ?
Éranna.
Non. Car elle est sauvage et triste tour à tour, Et se lamente, en, proie aux affres de l’amour.
Scène II
Psappha entre, voilée, morne et silencieuse. Pendant toute la pièce, elle ne découvre point son visage. Elle s’arrête devant la statue de la Déesse.
Psappha.
Accueille, immortelle Aphrodita, Déesse, Tisseuse de ruse à l’âme d’arc-en-ciel, Le frémissement, l’orage et la détresse De mon vain appel. Éloigne de moi ton mépris et ta haine, Verse à ma douleur tes sourires cléments, Et ne brise pas mon âme, ô Souveraine, Parmi les tourments.
Sa voix se déchire dans un sanglot. Elle rejette le paktis et demeure dans une attitude de désespoir.
Chœur.
Aphrodita changeante, implacable Immortelle, Tu jaillis de la mer, périlleuse comme elle. La vague sous tes pas se brisait en sanglots. Amère, tu surgis des profondeurs amères, Apportant dans tes mains l’angoisse et les chimères, Ondoyante, insondable et perfide. Et les flots Désirèrent tes pieds, plus pâles que l’écume. Ta lumière ravage et ta douceur consume.
Psappha, sans entendre, noyée dans son rêve.
Fille de Kuprôs, je t’ai jadis parlé À travers un songe.
Éranna.
Comme un son de paktis indécis et voilé, L’incertaine douceur de sa voix se prolonge…
Psappha.
Tu m’as répondu, toi, dont la cruauté
Pèse sur mon âme immuablement triste : « Pourquoi sangloter mon nom ? Quelle Beauté, Psappha, te résiste ? « Moi, fille de Zeus, je frapperai l’orgueil De celle qui fuit ton baiser, ô Poète ! Tu verras errer vainement sur ton seuil Son ombre inquiète. » Ton venin corrompt le sourire des jours, Déesse, et flétrit ma chair humiliée, Toi qui fus jadis mon rayonnant secours, Ma prompte Alliée.
Damophyla.
Tel on voit périr par le flambeau mouvant L’essor des phalènes.
Psappha.
L’Amour a ployé mon âme, comme un vent Des montagnes tord et brise les grands chênes…
Gorgô.
Rien ne brûle en ses yeux des poèmes vécus…
Atthis.
Son regard se dérobe et pâlit sous les voiles.
Psappha.
Je n’espère point étreindre les étoiles De mes bras vaincus.
Elle sort lentement.
L’Étrangère.
Oh ! vers quel lointain, vers quel mystère va-t-elle ?
Gurinnô.
Le soir tombe. Elle va vers l’oubli de l’amour, Vers la Mort.
Éranna.
Sans espoir, sans désir de retour, Elle atteint lentement le rocher de Leucade…
Atthis, écoutant.
Sa voix fiévreuse pleure et râle par saccade.
Damophyla.
Vierges, la volupté de la Mort est dans l’air…
Éranna.
Psappha vient de s’éteindre ainsi qu’une harmonie.
Atthis.
J’entends, comme un écho, son appel d’agonie.
Gorgô.
Et je vois son cadavre emporté par la mer…
L’Étrangère.
Ô compagnes, les pleurs sont de légères choses Et ne conviennent point au glorieux trépas… Chantez ! il faut remplir de rythmes et de roses La maison du Poète où le deuil n’entre pas !
Elles répandent des roses sur le seuil de Psappha. Leurs gémissements se mêlent à l’accord victorieux des lyres.
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Illustration : Théodore Chassériau — Sapho, 1849, Musée d’Orsay
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raisongardee · 2 years
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“Les Evangiles disent que lorsqu’un démon a été ex-pulsé d’un homme, si rien d’autre n’est fait, sept démons, pires, entreront et prendront possession de la place vide qu’ils trouveront "balayée et ornée" (Matt. XII, 44). Il en va ainsi des pensées distrayantes ; si on réussit à en maîtriser une, au point de l’arrêter pour un moment, d’autres ne manqueront pas de s’attrouper dans son sillage, car lorsque l’âme est dans son état de conscience ordinaire, elle ne peut rester vacante un seul instant, et si elle n’est pas occupée par la spiritualité, les démons du monde profane y entrent et l’envahissent. Le but de l’"invocation" est par conséquent de leur substituer le symbole qui se présente comme l’objectivation directe de la Connaissance visée, et de le répéter, pour ainsi dire de le faire "tourner", de sorte qu’aucun agent de distraction ne puisse y mettre le pied un seul instant.”
Marco Pallis, La Voie et la Montagne, trad. Jean-Claude Perret et Pierre-Marie Sigaud, 2010.
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mysadecstasy · 1 year
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C’est une errance. Une pluie de questions sans réponse au cœur d’un désert sans horizon. Je n’aime pas raconter des histoires. Je préfère la peinture, les couleurs et le mouvement, la musique et la chair. Je préfère que ça transpire et ne mène nulle part. Je veux décrire le sang et la brillance de ton regard. Décrire les ventres noués et les attentes insolubles sous le porche mitraillé par une pluie drue dans la nuit enchevêtrée de lumières blêmes. Je veux embrasser le ciel, je n’ai rien à dire je ne sais que ressentir.
C’est une errance, une déviance, un va et vient de l’âme, une dévotion à l’Éternel. Une errance douce amère sur les eaux saumâtres des fleuves qui meurent en mer. Qui se répandent et se désagrègent dans l’infinie pureté de l’océan. Vague après vague, en combien de temps une goutte parcourt elle les océans ? Errance sous les falaises laiteuses comme ta peau, marcher le long de la grève entre les bateaux échoués à marée basse. Mouettes rieuses et galets blancs. Marcher et revenir. Le retour paraît toujours plus court. La découverte rallonge le temps. Sous les falaises coiffées d’herbe grasse. Soleil couchant par delà les vagues écumeuses. Blanches comme un linceul.
C’est une errance, éternel recommencement, ta main dans la mienne nous allons boire du vin dans une petite auberge de briques rouges. Un grand magnolia en fleur sur nos têtes égarées. Le temps arrêté. Je te bois, je me perds en songe dans tes yeux hurlants. Seule nourriture ou presque. Admirer ton existence et accueillir ton étreinte comme une bénédiction. Chaque soir, dans le noir qui m’effraie tant, tes doigts pianotent sur mon dos. C’est la dernière extase.
C’est une errance, le vrai voyage. Ne se fixer que très peu de points de repères, avancer avec son cœur, ne pas trop spéculer sur les voies impénétrables. Être humble. Ne pas s’éparpiller en rêves mais embrasser l’instant comme une félicité. Et repartir nu, les poches vides, l’amour à sec, le cœur essoré, tout donner et encore plus. Telle est la mélodie de mon cœur écharpé. Toujours battant. Qui n’attend rien mais déguste la vie par petits bouts. Note après note jusqu’au final enragé. Après la grande escalade c’est un soleil rougeoyant comme les enfers qui nous éblouit. Sur ta peau rosée par l’effort il scintille de mille feux. Nous le regardons se noyer derrière les montagnes voluptueuses au loin. Lumière dorée, reflets majestueux, sur une traîne de nuage s’imprime un rose angélique. La nuit enserre la lumière il faut se hâter. Tes pas dans mes pas. L’émerveillement intouchable. À la nuit tombée les étoiles s’allument une à une. Nous n’avons pas compté le temps.
C’est une errance, un émerveillement de chaque instant. Tout doit aller plus vite. À cette époque du tout maintenant et tout de suite, les plus belles choses gardent leur pureté virginale. L’amour se construit lentement, pierre par pierre on bâtit sa pyramide. La nature va toujours au même rythme et les jours n’ont pas rallongé. Vouloir aller trop vite c’est oublier le bonheur et le plaisir qu’offre le fait de surmonter difficultés et souffrance, travail et échecs. L’expérience ne s’achète pas et c’est elle qui nous façonne. C’est elle qui nous façonne dans notre touchante balbutiante errance. Ne pas savoir quel chemin prendre est un don du ciel. Avoir le droit de se tromper est une chance. Et on ne peut rien réussir d’autre que de voir sourire ceux qu’on aime.
Ta main dans la mienne sous la voûte criblée du ciel. J’erre encore. J’errerai toujours dans ce labyrinthe schizophrénique. Entre horreurs et merveilles. Silence glaçant quand la musique s’arrête. Plaisir indicible quand sous un soleil cinglant je plonge mon corps entier dans des fontaines de marbre. Dans une torpeur soudaine mille souvenirs m’envahissent. Les odeurs, les textures remontent à mon âme. On pourra tout me voler sauf mes souvenirs et mon désir d’abandon à l’instant présent. Mi acteur, mi marionnette, qu’est-ce que le libre arbitre ? Sans penser je vogue sur un bout de bois sur la mer infinie des possibles. Je vogue le sourire aux lèvres jusqu’à l’inéluctable noyade.
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christophe76460 · 4 days
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✝️ Une foi bien ancrée (1)
Alors que tout le monde paniquait dans la tempête, Paul était le seul à rester calme et serein sur le bateau. Pourquoi ? Grâce à trois grandes vérités qui servent d’ancrage à l’âme, des vérités sur lesquelles on peut construire sa vie et qui stabilisent dans la tempête.
1) La présence de Dieu. Au milieu des flots déchaînés, Paul annonce : «Un ange du Dieu […] s’est approché de moi cette nuit et m’a dit : sois sans crainte, Paul.»
Les tempêtes de la vie ne peuvent jamais me cacher de Dieu. Même si je ne le vois pas, il me voit. Je peux avoir l’impression qu’il est à des millions de kilomètres, mais il est avec moi et prend soin de moi.
Dieu a envoyé un émissaire personnel, un ange, pour dire à Paul : «Je suis avec toi.» Je te vois dans cette Méditerranée tumultueuse à bord de ce frêle navire.
En fait, Dieu est avec vous dans la tempête que vous traversez aujourd’hui, et si vous avez besoin d’être assuré(e) de sa présence, méditez ces versets et appuyez-vous sur eux :
🔸«Quand les montagnes s’ébranleraient, quand les collines chancelleraient, ma bienveillance pour toi ne sera pas ébranlée, et mon alliance de paix ne chancellera pas, dit l’Éternel, qui a compassion de toi.» (Ésaïe 54, 10).
🔸«Je te protégerai partout où tu iras […]. Je ne t’abandonnerai pas, je ferai tout ce que je t’ai promis.» (Genèse 28, 15, BFC).
🔸«Je ne te laisserai pas, je ne t’abandonnerai jamais.» (Hébreux 13, 5, BFC).
Si vous ancrez votre âme dans la Parole de Dieu, rien ne pourra vous ébranler.
Prière du jour :
Merci Jésus car ta Parole est vérité.
Parole du jour de Bob Gass,
14 septembre 2024
© Copyright 2024 - Parole du Jour
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yes-bernie-stuff · 18 days
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Foi
◀ 2 SEPTEMBRE ▶ La Bonne Semence
Que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. 1 Corinthiens 2 : 5
Se jeter dans ses bras
Sur un chemin de montagne où je me promène avec ma petite-fille, un gros rocher invite à l’escalade. Thérèse est vite en haut. Mais le problème est de redescendre. « Saute, ma chérie ». Un instant d’hésitation... et la voilà dans mes bras. La foi nous arrache à nous-mêmes, et consiste en un acte d’abandon. S’abandonner, c’est se détacher de soi-même, quitter le connu pour l’inconnu, le visible pour l’invisible, c’est renoncer à tout calculer, et à tout prévoir. C’est entrer en conflit avec la sagesse humaine, et préférer à cette sagesse la divine folie dont parle l’apôtre Paul (1 Corinthiens 1 : 25). C’est lâcher enfin, quand il s’agit de Dieu, de l’âme, de la vie éternelle, le terrain de la raison, celui où tout se prouve, pour nous transporter dans le domaine de la foi où rien ne paraît logique, où les lois humaines sont mises en défaut. Ne confondons surtout pas la foi avec l’attachement à certaines formes de la religion. Non, la foi victorieuse, la foi qui sauve, ce n’est pas une somme de connaissances, c’est une confiance totale en Jésus Christ, c’est un acte d’abandon sans réserve de notre vie au Christ. Voulez-vous accomplir cet acte ? Alors, en attendant la révélation des splendeurs du ciel, vous verrez se réaliser déjà sur la terre les promesses de Dieu : son secours, sa joie, sa paix. - Lire plus ici :
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ameretat-raw · 1 month
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Lettre Morte
« Il y’a toi que j’attends
Que j’attends en secret »
Ton poème était accroché au dessus du lit de ma chambre d’hôpital. Ne t’ai-je jamais dis combien de force tes mots m’ont donné dans ce moment d’extrême solitude ?
Il y a tant d’années que je ne t’ai pas vu que je me demande si tu me reconnaîtrais. Sûrement que tu reconnaîtrais celle que tu as connu cette nuit de mariage où nous nous sommes rencontré. Vois-tu, la brume qui était devenue si dense entre cet enfant et le reste du monde s’est tout à fait dissipée. Me voilà aujourd’hui bien plus proche de l’âme pure de la petite fille que j’étais et qui ne savait pas à quel point elle avait mal.
Ton sourire me manque. Tes silences, tes rêveries, ton amour pour un temps révolu que tu aurais tant voulu connaître, tes avis tranchants, tes tremblements… Tu me manques tant.
Je ne me l’avoue que très rarement et j’ai tendance à me raconter que ma nostalgie est pour d’autres. Ces autres qui m’ont séduite parce qu’en eux j’y retrouvais un peu de toi.
J’ai peur que tu m’aies associé à l’état dans lequel tu m’as trouvé à l’adolescence. J’ai peur de t’avoir effrayé pour toujours. Après l’hôpital, c’est une longue traversée des tén��bres qui commençait pour moi. Seul chemin possible pour restaurer ma lumière, celle de la fille dont tu voulais être le prince. Ta lointaine étoile comme tu me l’écrivais.
Tu sais, j’ai gardé toutes tes lettres. Une décennie contenue dans le coffret en marqueterie de mon arrière grand-mère. Je les parcoure de temps à autre, un sourire émue aux lèvres. Et puis je me souviens… Je me souviens pourquoi cela s’est arrêté, les années d’incompréhension qui ont suivies et ton aveu final que j’ai fini par réussir à provoquer après maintes tentatives.
Souvent, je me dis que ton choix était à défaut, que si j’avais pu accueillir ton désir et répondre à ton amour comme tu l’espérais, alors tu serais encore à mes côtés. Je n’avais malheureusement pas de place pour qui que ce soit d’autre que ma petite personne, bien trop encombrée par mon cœur à l’agonie. Je n’ai d’ailleurs pas beaucoup plus de place aujourd’hui, mais disons que j’ai trouvé la montagne qu’il me reste à gravir pour me défaire des dernières entraves et je sais que je n’y arriverai pas seule. Lorsque tu as pris tes distances, j’étais encore bien loin de pouvoir briser mon déni pour éclore enfin. Combien cela a du être douloureux pour toi. Tu assistais à mon errance, impuissant et je n’ai eu cesse d’élever les murailles autour de mon cœur tout en me perdant dans l’éclat de tes yeux.
Cependant, il y a un espoir, si fragile soit-il, qui continue de briller lorsque ton souvenir me rattrape. L’espoir qu’il sera possible un jour de ressusciter notre lien dont je n’ai jamais su faire le deuil. Et je me demande si tu m’attends toujours, secrètement.
« À travers la brume épaisse
Au delà des champs morts
À travers cris de détresse
Au delà des près d’or »
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Il marche dans la noirceur
dans un labyrinthe de brouillard
dans les montagnes russes d’enfer.
Je creuse un trou pour pouvoir y mettre le coeur et la tête
j’aimerais opter pour le déni
mais je sais que c’est un chemin sans issue.
chacune de mes cellules ressentent le poids de la lourde culpabilité
tout est toujours la faute de la mère
j’ai été trop quoi? trop intense, trop instable, trop protectrice, trop gentille, trop méchante, trop douce, trop ferme, trop envahissante, trop absente, trop absorbée par ma propre vie et enjeux, trop demandante, trop négligente, trop infantilisante, trop tout ca?
j’aimerais revenir en arrière
élever des enfants dans la solitude d’un couple sans lien et complicité
un terreau sans nutriment pour l’âme
je voudrais revenir en arrière et me dire « fais-toi confiance! Tu seras capable seule…tu y arriveras même mieux! »
aujourd’hui, tout ce que je peux me dire c’est « tu as donné et fait tout ce que tu pouvais, en pensant que c’était pour le mieux. Tu as imparfaite et la vie est ainsi. Tes enfants carencés t’aiment. L’amour comporte toujours des failles, certaines plus grandes que d’autres. Il faut accepter ce qui est. Toujours continuer à chercher la paix. Celle du coeur. »
——————————————-
je regarde par la fenêtre noire
je n’y vois que mon reflet
ce dessin flou d’une mère
aux yeux ternis par la poussière des jours
au coeur écorché
par la rudesse du chemin de terre
menée jusqu’à cette cabane de bois
au milieu de la forêt boréale
j’y arriverai
je m’y rendrai
lui aussi
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Donc ce soir-là, la pluie tombait. Je pensai qu’il ne fallait rien exagérer, que l’âge des cheveux blancs n’était pas éloigné et que j’avais la tête assez solide pour ne pas lâcher les rênes. Je répondis donc aimablement, quoique sans réel empressement. On calcula nos ressources et finalement, nous improvisâmes un repas suffisant. Le commandant était joyeux comme un enfant et offrait de mettre la main à la pâte, ce qui ne faisait guère mon affaire. Je sentais quelque chose se raidir en moi et songeai à ma belle et fraîche jeunesse et à Louis Bailly, le grand sous-lieutenant, naïf et blond : - « Oh ! Mademoiselle, que vous êtes ombrageuse. – Que dites-vous ? Vous n’êtes peut-être guère aimable. – Oh ! Mademoiselle, reprenait-il d’un ton humble et piteux, ne savez-vous pas que les plus beaux chevaux de race sont les plus ombrageux. » -
Et une âpre tristesse, profonde, profonde, m’étreignait l’âme. c’est un autre ami, très sûr celui-là, et d’ailleurs libre de lui comme je l’étais de moi, qui seul jusque là, s’était assis à ma table, à cette même place et qui, sans doute, dans ce même mois s’y serait assis encore, si dans un glorieux et bref combat, il n’était pas, « avec tous ses bons matelots, descendu sous la paix des flots. »
Qui ne comprendra pas l’amère rosée qui, du cœur, s’efforçait de monter aux yeux, n’a jamais su ce qu’est la véritable et profonde amitié faite d’estime, de conformité de sentiments, d’admiration, de tout ce qu’il y a de bon et de beau en ce monde.
Le commandant reprit les cartes après le repas. Etait-ce le souvenir de deuil évoqué ? Quelque chose de grave planait sur nous ; les heures passaient, le commandant s’attardait et je ne pouvais admettre facilement qu’on le vit si tard sortir de chez moi. Peut-être étais-je trop sévère ?
Et pourtant, ne nous faisons pas meilleure que nous ne sommes ; si je n’avais pas été triste amèrement en pensant à l’Etendard, l’idée d’un danger quelconque, illusoire ou lointain, aurait amusé en moi le goût du risque.
C’est peut-être pourquoi je me raidissais encore tout en dedans et souhaitais que le commandant s’arrachât aux douceurs des cartes ou de notre société.
Je revoyais une nuit noire, un commandant debout sur sa passerelle, tous ses hommes, tous ses enfants, autour de lui, comme dans sa main, exaltés par lui, au dessus de toutes défaillances, l’ordre donné de lancer la fusée d’alarme, de s’offrir comme but unique dans ces ténèbres si denses, un fracas effroyable, un ouragan indescriptible, la mer qui se fend, un remous violent, des courants de foudre, des montagnes mouvantes, glacées, le ciel qui s’ouvre là-haut…
Au lever du jour, sur la mer déserte, un pavillon français tout déchiré qui flotte au haut d’un mat qui émerge de l’eau verte.
Je revoyais des calmes dimanches à la Villa Lointaine, le feu qui se consumait doucement, des fleurs sur les meubles, de la verdure reflétée par les glaces, des enfants qui jouaient tout auprès au jeu de la guerre, et les longues causeries, graves, sérieuses, morales, critiques, où les âmes se révélaient aux âmes.
Dans le bassin de commerce, à dix minutes de là, le long du quai Alexandre III, un contre-torpilleur se reposait un jour en attendant de reprendre sa course…
Et nous jouions aux cartes, car il faut continuer à vivre sagement et dignement, à vivre pour achever sa tache.
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aurevoirmonty · 3 months
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"Il y aura des brouillards et des tempêtes. Des montagnes dénudées se couvriront de forêts. La terre tremblera… Des millions d’hommes échangeront les chaînes de l’esclavage et les humiliations, pour la faim, la maladie et la mort. Les anciennes routes seront couvertes de foules allant d’un endroit à un autre. Les plus grandes, les plus belles cités périront par le feu… une, deux, trois… Le père se dressera contre le fils, le frère contre le frère, la mère contre la fille. Le vice, le crime, la destruction du corps et de l’âme suivront… Les familles seront dispersées… La fidélité et l’amour disparaîtront…"
Ferdinand Ossendowski, Bêtes, hommes et dieux (1924)
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doc-fibromyalgie · 5 months
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«Je n'y arrive plus» : la détresse des malades incompris
Frustration et fibromyalgie Émilie, trentenaire dynamique, menait de front avec entrain son travail d’infirmière et l’éducation de ses deux jeunes enfants. Sportive et fêtarde dans l’âme, elle appréciait particulièrement les sorties entre amis et les escapades à la montagne avec son mari Thomas. Mais depuis quelques années, Émilie voit son quotidien s’assombrir insidieusement. Des douleurs…
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omagazineparis · 5 months
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Explorez l'Europe à travers les saveurs : voyages gastronomiques sur le vieux continent
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L’Europe, terre aux innombrables merveilles historiques et culturelles, est aussi le paradis des amateurs de bonne chère. Des rues animées d’Italie aux coins cachés de France, chaque coin du Vieux Continent offre une expérience gastronomique unique et passionnante. Dans cet article, nous embarquons pour un voyage culinaire à travers l’Europe, explorant ses saveurs distinctives et nous plongeant dans la riche diversité de sa cuisine. France : le berceau de la haute cuisine Ce sont quelques-uns des voyages gastronomiques en Europe. Nous commençons notre voyage gastronomique en France, un pays connu pour sa cuisine raffinée et son amour des ingrédients frais et de qualité. Des célèbres fromages des régions de montagne aux vins exquis des collines de Bourgogne, chaque bouchée en France est une expérience en soi. Explorer les marchés français L'une des meilleures façons de s'immerger dans la culture culinaire française consiste à visiter ses marchés locaux. Du marché animé de la rue Mouffetard à Paris au charmant marché Forville à Cannes, les marchés français offrent une gamme impressionnante de produits frais, de fromages artisanaux, de pain fraîchement sorti du four et bien plus encore. Ici, les visiteurs peuvent se délecter des arômes alléchants et savourer l'authenticité de la cuisine française à chaque stand. Bistrots et brasseries : le cœur de la gastronomie française Les bistrots et brasseries sont des lieux emblématiques qui reflètent l’âme de la cuisine française. Ces établissements chaleureux sont connus pour servir des plats classiques tels que le Bœuf Bourguignon, le Coq au Vin et la Crème Brûlée dans une atmosphère détendue et accueillante. S'asseoir sur une terrasse parisienne en dégustant une assiette d'escargots et un verre de vin rouge est une expérience que tout gourmand devrait vivre au moins une fois dans sa vie. Italie : un régal pour les sens Notre voyage culinaire nous emmène désormais en Italie, un pays où la nourriture est plus qu'une nécessité, c'est un mode de vie. Des pâtes fraîches de Toscane aux pizzas croustillantes de Naples, l'Italie offre un délice gastronomique à chaque coin de rue. Explorer les marchés et trattorias italiens Comme en France, les marchés italiens sont une source inépuisable d'inspiration culinaire. Du marché du Rialto à Venise au Mercato di San Lorenzo à Florence, ces marchés regorgent de produits frais et colorés qui reflètent la diversité de la cuisine italienne. Après une journée de shopping, rien de tel que de savourer un repas fait maison dans une trattoria locale, où les plats sont préparés avec amour et servis avec le sourire. La Dolce Vita : desserts et cafés italiens L'Italie est célèbre non seulement pour ses pâtes et ses pizzas, mais aussi pour ses irrésistibles desserts et son café. Du Tiramisu crémeux aux délicats Cannoli siciliens, les desserts italiens sont une célébration de la douceur et de la créativité. Et quelle meilleure façon de terminer un repas italien qu'avec un expresso parfaitement préparé, qui est plus qu'une boisson, c'est un rituel à savourer calmement et entre bons amis. A lire également : Les îles Andaman : destination exotique à ne pas manquer Espagne : une fête pour le palais Notre dernière destination de ce voyage culinaire est l'Espagne, un pays qui séduit par sa passion pour la gastronomie et sa culture gastronomique dynamique. Des tapas de Barcelone aux paellas de Valence, l'Espagne est un festival de saveurs et de couleurs qui ravit tous les sens. Tapas et vins espagnols : une expérience inoubliable Les bars à Tapas sont un élément fondamental de la vie sociale espagnole, où les amis et la famille se réunissent pour déguster une variété de délicieuses petites assiettes. Des classiques patatas bravas aux croquettes crémeuses, chaque bouchée est une explosion de saveurs qui se marie parfaitement avec un bon verre de vin espagnol. Marchés et brocantes : trésors culinaires cachés Les marchés espagnols sont de véritables trésors culinaires, proposant une grande variété de produits frais et locaux. Du Mercado de San Miguel de Madrid au Mercado Central de Valence, ces lieux sont idéaux pour explorer et découvrir de nouvelles saveurs et arômes. Ici, les visiteurs peuvent profiter de dégustations de jambon ibérique, de fromages artisanaux et d'huiles d'olive extra vierge, tout en s'immergeant dans la culture culinaire espagnole authentique. Sachez apprécier les voyages gastronomiques. Les circuits gastronomiques en Europe sont une expérience unique qui permet aux voyageurs d'explorer la riche diversité culinaire du continent tout en découvrant les saveurs et les arômes qui rendent chaque destination unique. Des marchés de rue de Paris aux trattorias de Florence et aux bars à tapas de Barcelone, chaque coin de l'Europe offre une aventure culinaire qui stimule les sens et satisfait l'âme. Alors la prochaine fois que vous planifierez vos vacances, n'oubliez pas d'inclure un voyage gastronomique en Europe dans votre itinéraire. Bon Appetit! Read the full article
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kittyfraise · 7 months
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Les 4 sagesses du Yoga
4 voix, 4 lignes de conduite, 4 propositions pour améliorer sa vie, lâcher prise et avancer vers le bien-être. 1 : « Que ton esprit soit aussi clair que l’eau d’un lac de montagne ».  2 : « Que ton intellect soit aussi aiguisé qu’une lame de rasoir »   Cette sagesse est liée au Jnana yoga, axé sur la connaissance, la sagesse et l’apprentissage. « La nourriture de l’âme » 3 : « Que ta main…
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carnetdetrail · 8 months
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Thomas Cardin rejoint la famille Kiprun : une aventure pleine de promesses
Né à Paris mais haut-savoyard dans l’âme, le coureur est un passionné de montagne depuis son enfance, il a orienté sa carrière vers le trail, discipline qu’il pratique avec succès, en témoigne sa deuxième victoire à la SaintéLyon en décembre dernier. Thomas Cardin a su se démarquer par ses performances remarquées au niveau national, avec de nombreux titres de champion de France, mais aussi…
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christophe76460 · 9 days
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Mardi 10 septembre 2024
Ma parole n’est-elle pas comme un feu, dit l’Éternel, et comme un marteau qui brise le roc ?
Jérémie 23. 29
J’aurai de quoi répondre à celui qui m’outrage ; car je me suis confié en ta parole.
Psaume 119. 42
Utiliser la Parole de Dieu
Harcelé et ridiculisé par ses collègues de travail, un chrétien supportait patiemment mépris et sarcasmes. Un de ses collaborateurs, encore plus agressif que d’habitude, se mit un jour à le provoquer par des insultes. Puis, exaspéré de le voir garder son calme, il s’écria :
– Pourquoi tu ne me réponds pas ?
– Parce que la Bible me recommande : “Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie” (Proverbes 26. 4).
Frappé par cette réponse, l’homme s’éloigna sans rien ajouter. Quelque temps plus tard, il s’approcha du chrétien et lui dit :
– Ce que tu m’as dit est vrai.
À partir de ce moment-là, interpellé par la Parole de Dieu, il cessa ses moqueries et ses provocations.
Nous n’imaginons pas la prodigieuse puissance de la Bible, qui peut toucher le cœur le plus endurci. “Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants : elle atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit… et elle discerne les pensées et les intentions du cœur” (Hébreux 4. 12). Jésus Christ, face aux tentations de Satan dans le désert, a repoussé ses assauts avec une parole appropriée à chacune des tentations. Il a ainsi été victorieux de l’ennemi (Matthieu 4. 1-11).
Amis chrétiens, retenons ces exemples, même s’ils restent difficiles à imiter. N’oublions pas que la Parole de Dieu est une “arme” toujours aussi efficace, mise à notre disposition. Il est vital de la lire et de la mémoriser, et de la citer à bon escient.
la bonne semence
1 ¶ Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable.
2 Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
3 Le tentateur, s’étant approché, lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains.
4 Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
5 Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple,
6 et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; Et ils te porteront sur les mains, De peur que ton pied ne heurte contre une pierre.
7 Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.
8 Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire,
9 et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores.
10 Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
11 Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de Jésus, et le servaient. (Matthieu 4 )
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yes-bernie-stuff · 2 months
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Psaumes 74
Supplication après la destruction du Temple
1 Cantique d’Asaph. Pourquoi, ô Dieu ! rejettes-tu pour toujours ? Pourquoi t’irrites-tu contre le troupeau de ton pâturage ? 2 Souviens-toi de ton peuple que tu as acquis autrefois, Que tu as racheté comme la tribu de ton héritage ! Souviens-toi de la montagne de Sion, où tu faisais ta résidence ; 3 Porte tes pas vers ces lieux constamment dévastés ! L’ennemi a tout ravagé dans le sanctuaire. 4 Tes adversaires ont rugi au milieu de ton temple ; Ils ont établi pour signes leurs signes. 5 On les a vus, pareils à celui qui lève La cognée dans une épaisse forêt ; 6 Et bientôt ils ont brisé toutes les sculptures, À coups de haches et de marteaux. 7 Ils ont mis le feu à ton sanctuaire ; Ils ont abattu, profané la demeure de ton nom. 8 Ils disaient en leur cœur : Traitons-les tous avec violence ! Ils ont brûlé dans le pays tous les lieux saints. 9 Nous ne voyons plus nos signes ; Il n’y a plus de prophète, Et personne parmi nous qui sache jusqu’à quand… 10 Jusqu’à quand, ô Dieu ! l’oppresseur outragera-t-il, L’ennemi méprisera t-il sans cesse ton nom ? 11 Pourquoi retires-tu ta main et ta droite ? Sors-la de ton sein ! détruis ! 12 Dieu est mon roi dès les temps anciens, Lui qui opère des délivrances au milieu de la terre. 13 Tu as fendu la mer par ta puissance, Tu as brisé les têtes des monstres sur les eaux ; 14 Tu as écrasé la tête du crocodile, Tu l’as donné pour nourriture au peuple du désert. 15 Tu as fait jaillir des sources et des torrents, Tu as mis à sec des fleuves qui ne tarissent point. 16 À toi est le jour, à toi est la nuit ; Tu as créé la lumière et le soleil. 17 Tu as fixé toutes les limites de la terre, Tu as établi l’été et l’hiver. 18 Souviens-toi que l’ennemi outrage l’Éternel, Et qu’un peuple insensé méprise ton nom ! 19 Ne livre pas aux bêtes l’âme de ta tourterelle, N’oublie pas à toujours la vie de tes malheureux ! 20 Aie égard à l’alliance ! Car les lieux sombres du pays sont pleins de repaires de brigands. 21 Que l’opprimé ne retourne pas confus ! Que le malheureux et le pauvre célèbrent ton nom ! 22 Lève-toi, ô Dieu ! défends ta cause ! Souviens-toi des outrages que te fait chaque jour l’insensé ! 23 N’oublie pas les clameurs de tes adversaires, Le tumulte sans cesse croissant de ceux qui s’élèvent contre toi !
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alite-pinguin · 9 months
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JM Motard : Avis sur le site de rencontre motard JM-Motards.com
Vous êtes passionnés de motos, l’asphalte est votre deuxième maison et les virées en deux-roues, votre plus belle évasion. Mais lorsqu’il est question de trouver l’âme sœur partageant cette même passion, le défi peut sembler aussi ardu qu’un slalom en montagne. Heureusement, le web offre des solutions pour que les motards célibataires ne restent pas seuls sur le bord de la route. Parmi ces…
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