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delautrecote · 3 years
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Bâtir. Habiter. Cultiver.
Ville frontière et post-industrielle : l’alimentation vecteur de renouveau 
Dans une ville frontière et post-industrielle, peut-on considérer l’alimentation non pas seulement comme un besoin vital mais comme un vecteur de cohabitation sociale, culturelle et urbaine ?
Comment questionner la frontière en 2021 ? Alors que certaines frontières tendent à s’effacer depuis plusieurs années avec la libre circulation, d’autres s’endurcissent avec la résurgence des souverainetés ou avec des inégalités économiques de plus en plus criantes. Mulhouse, ville frontière et post-industrielle, est au croisement de ces définitions et c’est pourquoi les enjeux de son renouvellement sont multiples.
En tant que ville frontière, à la fois avec l’Allemagne et la Suisse, Mulhouse est porteuse d’une identité historique, culturelle et économique très particulière. Face à une cartographie du territoire transfrontalier, l’abondance des espaces naturels (forêt des Vosges et forêt Noire, le Rhin, les terrains agricoles et viticoles) semble une évidence de lien, en particulier entre l’Allemagne et la France et interroge sur les ressources nourricières de ce territoire : quels liens entretiennent ces terrains avec les espaces urbains transfrontaliers ? Que cultive-t-on de l’autre côté ? Les villes sont-elles approvisionnées de manière homogène ?
En tant que ville post-industrielle, Mulhouse cherche une nouvelle dynamique. D’un côté, les friches industrielles qui occupent une place importante dans la ville sont un potentiel foncier d’une grande valeur. De l’autre, sa fracture sociale est alarmante: alors que Mulhouse est la 7ème ville la plus pauvre de France, le quartier de Rebberg est le quartier de province où vivent les plus aisés de France.Témoin de cette fracture sociale, la restauration mulhousienne se divise entre restaurants gastronomiques et chaînes de restauration rapide, illustrant les écarts des paniers moyens des habitants.
Frontière sociale au sein de la ville, frontière culturelle avec les villes transfrontalières, l'alimentation, pourtant sujet universel, témoigne des fractures qui habitent et contraignent un même tissu urbain. C’est pourquoi Bâtir. Habiter. Cultiver. propose de polariser le partage autour de l’alimentation et à partir du “déjà-là”. Comme une table de 400m de long, expérimentons la mixité sous toutes ses latitudes !
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par Lola Alimi et Andrea Houang
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delautrecote · 3 years
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DIAGNOSTIC DE TERRITOIRE
Le triangle transfrontalier entre Bâle, Mulhouse et Fribourg: territoire riche en ressources nourricières
Le Rhin, fleuve effleuré par le regard de milliers d’habitants de la Suisse jusqu’au Pays-Bas, constitue une des plus longues frontières naturelles d’Europe et donne son nom à l’Europe Rhénane marqué par un passé et un avenir qui font bouillir les imaginaires. Le site d’étude commun prend place autour de ce fleuve, dans sa partie haute, entre Bâle (Suisse), Mulhouse (France) et Fribourg (Allemagne).
Notre première approche a été de cartographier ce territoire transfrontalier pour observer ce qui relie et différencie ces bouts de pays. Les espaces urbanisés, tâches blanches sur la carte, sont finalement presque insignifiants au regard de l’abondance des espaces naturels: la forêt des Vosges et la forêt Noire encadrent magistralement le Rhin et celui-ci, tout comme les villes, est bordé par des terrains agricoles et viticoles en particulier du côté de l'Allemagne et de la France. Cette composition nous interroge, a fortiori, sur les ressources nourricières de ce territoire : quels liens entretiennent ces terrains avec les espaces urbains transfrontaliers ? Les villes sont-elles approvisionnées de manière homogène ?
En France, la loi de remembrement de 1954 avait pour but de constituer des exploitations agricoles d’un seul tenant sur de plus grandes parcelles. La conséquence de cette loi est aujourd’hui particulièrement visible à la frontière franco-allemande: de grand étendu agricole en France servant une mono-culture régionale (le maïs pour l’Alsace), et une sophistication du parcellaire agricole en Allemagne, porteur d’une grande diversité de culture ausein même de la région de Bade-wurtemberg.
Mulhouse, ville post-industrielle: une fracture sociale jusque dans l’assiette
Mulhouse, ville impériale. Mulhouse, ville-république. Mulhouse, ville industrielle exemplaire. Depuis le moyen-âge et jusqu’à la fin de l’ère industrielle, la ville de Mulhouse n’a cessé de rayonner. Aujourd’hui, elle est confrontée, comme toutes ses villes-cousines industrielles, à des difficultés urbaines et matérielles: chômage, délabrement du bâti, paupérisation de la population… Situé près de Strasbourg et de Colmar (les joyaux de l’Alsace), près de Bâle (ville suisse modèle) et près de Fribourg (ville référente du concept d’éco-quartier), Mulhouse peine désormais à rayonner et surtout, à se renouveler.
Et pour cause, la situation sociale de la ville a très peu évolué depuis les années 50, elle est encore fortement marquée par l’héritage industriel qui divise les habitants selon une classe patronale riche et une classe ouvrière précaire. Cette fracture sociale se ressent géographiquement par la présence de quartiers aisés au sud, et de quartiers prioritaires au centre et au nord. Témoin de cette fracture sociale, la restauration mulhousienne se divise entre restaurants gastronomiques et chaînes de restauration rapide, illustrant les écarts des paniers moyens des habitants
Le bien-manger pour tous était pourtant une préoccupation des villes industrielles, comme en témoignent les jardins ouvriers, ces lopins de terre destinés aux ouvriers pour une culture potagère et nourricière.
CONCLUSION: Frontière sociale au sein de la ville, frontière culturelle avec les villes transfrontalières, l'alimentation, pourtant sujet universel, témoigne des fractures qui habitent et contraignent un même tissu urbain
CHOIX ET HISTOIRE DU SITE
Un patrimoine industriel en friche: l’ancien site de la SACM
Le site de la Société Alsacienne de Constructions Mécaniques a traversé près de deux siècles et est aujourd’hui partiellement reconverti et partiellement en friche. Avec une trentaine de bâtiments, il occupe encore près de 6 hectares dans le quartier de la Fonderie, au sud-est de la ville et constitue un patrimoine industriel et un foncier disponible d’une grande ampleur.
Tenu entre le canal de l’Ill, qui servait autrefois de lieu de détente pour les ouvriers, et le chemin de fer reliant Bâle à Strasbourg, nous l’avons perçu lors de notre visite comme une invitation à la contemplation. Pour des raisons de sécurité, le périmètre de l’ancien site de la SACM est aujourd’hui entièrement muré à l'exception de l’entrée sud. Au nord du site, la façade donnant sur le canal de l’Ill est en effet impénétrable. Sur ce lieu de promenade dominicale, les espoirs d’une ouverture du site au public sont palpables.
Leclerc, symbole d’une consommation alimentaire globalisé
A l’est du site de la SACM, le centre-ville se situe à moins de 10min à pied mais depuis 2004, l’enseigne Leclerc, accompagné de son bâtiment préfabriqué et de son parking, s’est installé entre les deux. Cet édifice bloque non seulement le potentiel d’accessibilité au site, mais est également le symbole d’une consommation alimentaire de masse, déconnectée d’une agriculture locale. L’idée de faire face à une telle surface de vente en proposant des produits locaux, c’est l’idée de lui faire concurrence et d’espérer son obsolescence.
CONCLUSION: Ainsi, l’intérêt pour ce site est triple: réhabiliter un patrimoine industriel dans une optique de rendre public ce site, riche d’histoire et de qualités paysagères, aux Mulhousiennes et Mulhousiens. Créer une offre alimentaire alternative, en s’opposant à une consommation alimentaire de masse.
INTENTION PROGRAMMATIQUE
L’association EPICES, la réinsertion des jeunes “décrocheurs” par la cuisine
Mulhouse, ville de 110 000 habitants, compte 6 collèges en zone d’éducation prioritaire soit un tiers de la zone académique de Strasbourg. Depuis 2009, l’association Espaces de Projets d’Insertion Cuisine et Santé, favorise l’apprentissage de la cuisine pour les adolescents en difficulté dans leur scolarité. Isabelle Haeberlin, qui est à l’origine du projet, aborde la cuisine comme “un des premiers lieux d’éducation et de socialisation”. Définition auquel nous adhérons. Lors de notre rencontre avec les acteurs de l’association, ils nous ont partagé un aspect regrettable: après avoir pris goût à la cuisine, les collégiens ont très peu de choix de formation dans l’agglomération Mulhousienne. La plupart, pour ceux qui en ont les moyens, partent à Strasbourg ou à Guebwiller. Cette information a guidé l’intention primaire et immuable du projet, c'est-à-dire celle de proposer un lieu de formation culinaire type BEP et CAP pour ces jeunes et participer à l’impulsion de cette association.
Composer un programme: une table de 400m de long?
“ Un monde d’objet se tient entre ceux qui l’ont en commun, comme une table est situé entre ceux qui s’assoient autour d’elle. Le monde, comme tout entre-deux, relie et sépare en même temps les hommes” Hannah Arendt
La table, ce plateau universel et multiforme répondant à des besoins universels et multiformes, est un projet en soi, une manière d’être ensemble. C’est ce que nous apprend Hannah Arendt dans cette citation et c’est à partir de cette idée que le programme a été composé. Tout comme la table qui est déclinable en objet de travail, de jeu ou de présentation, les espaces du projet sont pensés avec une diversité d’usage allant de l’espace pédagogique jusqu’à la culture potagère. Tout comme la table autour de laquelle des personnes s’installent et s’en vont, sur laquelle des objets sont installés puis débarrassés, le projet est pensé à partir des flux (humains, de produits alimentaires et de déchets) dans un cercle qui se veut vertueux.
CONCLUSION: Finalement, polariser la vie et le partage autour de l’alimentation s'apparente à une forme universelle et multiforme. Comme une table de 400m de long, le projet propose d’expérimenter la mixité sous toutes ses latitudes.
INTENTION VOLUMÉTRIQUE
Réhabiliter un patrimoine industriel: tisser une nappe entre l’existant et le neuf
Face à la réhabilitation d’un ancien site industriel de plus de 25 000m2 au sol, notre attitude à été celle d’un artisan textile. Comment tisser du vide et construire du neuf à partir d’un existant, sans le dénaturer ? Pour ce faire, les œuvres d’Anni Albers, artiste du Bauhaus, nous ont profondément guidées. Les volumes transversales de l’existant, en noir sur le tableau, sont adoptés en tant que ligne dominante du tissage.
L’unité du projet se lit avec l’ossature métallique, laquelle est servante d’un plan libre et d’une mise en valeur des murs massifs en brique existant. Cette ossature métallique est également reprise pour la création de serres horticoles et de serres habitées, adoptant un langage plus moderne dans la lecture globale du projet.
CONCLUSION: Le dessin du vide à partir de l’existant offre de nouvelles frontalités dans un espace rendu complètement public. Cependant, une autre interrogation subsiste: comment intervenir dans un site patrimonial en ayant une réflexion prospective?
par Lola Alimi et Andrea Houang
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delautrecote · 3 years
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Bâtir. Habiter. Cultiver. 
Ville frontière et post-industrielle : l’alimentation vecteur de renouveau 
Dans une ville frontière et post-industrielle, peut-on considérer l’alimentation non pas seulement comme un besoin vital mais comme un vecteur de cohabitation sociale, culturelle et urbaine ?
par Lola Alimi et Andrea Houang
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