Tumgik
#comte Mnizsech
focusmonumentum · 3 years
Text
L’Hôtel Salomon de Rothschild
Tumblr media
Serti dans une aire triangulaire formant un îlot de calme entre les animées avenues Hoche et de Friedland, à deux pas de la bouillonnante place de l'Etoile, se trouve cet élégant hôtel particulier, héritage de la branche parisienne des Rothschild, célèbre famille de financiers au nom devenu proverbial. 
Dans les années 1780, le Faubourg-du-Roule, alors situé à l'extérieur de Paris (l'enceinte des Fermiers généraux n'ayant pas encore été construite), offre une atmosphère campagnarde propice au repos. Et c'est bien ce que recherche alors le banquier Nicolas Beaujon, l'une des plus grandes fortunes du Royaume, souhaitant s'éloigner du Faubourg-Saint-Honoré où il réside en son Hôtel d'Evreux (alors pas encore nommé Elysée). En effet, ce faubourg s'urbanise de plus en plus, et les travaux continuels proches de son hôtel fatiguent le financier, éreinté en outre par de chroniques crises de goutte. Il se porte donc acquéreur de plusieurs terrains au bout de l'avenue du Faubourg-du-Roule (alors dans la continuité de la rue du Faubourg-Saint-Honoré), d'une superficie de douze hectares, afin d'y faire bâtir une "chartreuse" (comme une maison de campagne à deux pas de sa résidence principale). Entre 1781 et 83, Beaujon fait également construire moult fabriques de jardins, un moulin, des communs, un pavillon des bains, ainsi qu'une chapelle, dite de Saint-Nicolas, avec une ouverture sur voirie pour les habitants du hameau proche. Celle-ci devient alors une succursale de l'église Saint-Philippe-du-Roule. L'ensemble des bâtiments est édifié par l'architecte Nicolas-Claude Girardin, ayant déjà opéré avec son collaborateur Etienne Louis-Boullée sur les transformations en son Hôtel d'Evreux. Le même Girardin édifia aussi un hospice, d'après la volonté philanthropique du finissant banquier, qui deviendra plus tard l'Hôpital Beaujon. Cet ensemble immobilier démesuré, construit en à peine deux années, prendra le nom de "Folie Beaujon", le terme de "folie" désignant alors une riche résidence secondaire hors-les-murs, bien souvent construite en un temps record, présentant une extravagance de conception. Nicolas Beaujon n'en profite guère longtemps, celui-ci mourant en son Palais de l'Elysée en décembre 1786. La "Folie" connut une succession de fortunés propriétaires les décennies suivantes -comme le banquier Ignace-Joseph Vanlerbeghe-, chacun apportant son lot de modifications structurelles et aménagements divers, comme ce parc d'attraction géré par l'aîné des frères Ruggieri, présentant notamment d'impressionnantes "montagnes françaises", élevées dans les jardins du domaine en 1817, concurrentes pour un temps des premières "montagnes russes" parisiennes de la Villa des Ternes. Une grande partie des jardins fut finalement morcelée et lotie à partir de 1825, proche de la Place de l'Etoile voyant alors s'élever une nouvelle porte d'entrée monumentale de Paris: le futur Arc de Triomphe (cf. article). La Chartreuse et ses dépendances, quant à elles, furent finalement rachetées en 1873 par Adelheid von Rothschild, dite la baronne Adèle, veuve de Salomon de Rothschild. Elle rase ce qu'il demeure de la chartreuse, et y fait construire à sa place ce luxueux hôtel particulier, dans un style néoclassique (dit sous la jeune IIIème République style néo-Louis XVI), qu'elle consacre du nom de son défunt mari, afin d'y abriter leur vaste collection d'art. Léon Ohnet, l'architecte ayant planifié l'élévation du bâtiment, mourut en 1874. C'est donc son élève Justin Ponsard qui poursuit les travaux, finalement achevés en 1878. A sa mort survenue en 1922, la baronne lègue alors son hôtel et toutes ses collections à l'Etat, qui pourvoit le Musée du Louvre et le Musée de la Renaissance du Château d'Ecouen de ses pièces les plus remarquables. Certaines œuvres y demeurent malgré tout, par volonté testamentaire, en leur accrochage et exposition originels, formant un cabinet de curiosités unique en son genre, toujours visitable sous certaines conditions... La baronne exprime également le vœu que le rez-de-jardin de sa demeure devienne une "Maison d'art", accueillant expositions et ventes de charité au profit des artistes contemporains. Le 6 mai 1932, l'une de ces manifestations (en l'occurrence un salon littéraire organisé par l'Association des écrivains combattants de la Grande Guerre) fut le théâtre d'un tragique événement: l'assassinat du Président de la République Paul Doumer par le militant soviétique Paul Gorgulov. Les étages de la résidence, quant à eux, accueillirent successivement la Bibliothèque d'art et d'archéologie léguée à l'État par le couturier et collectionneur Jacques Doucet (dans l'attente de son transfert dans le nouvel Institut d'art et d'archéologie de la rue Michelet (dans le VIème arrondissement)), puis le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale, enfin, avant la création du Centre Georges Pompidou, l'administration et les expositions du Centre National d'art contemporain. Depuis 1976, l'Hôtel Salomon de Rothschild abrite le siège de la FNAGP (Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques). La volonté de la baronne aura donc été respectée, jusqu'à un certain point... Depuis les années 2000, les vastes espaces intérieurs de l'hôtel sont mis à la disposition d'événements professionnels ou privés, marchandisant ainsi cet écrin artistique... 
Tumblr media
Le jardin, s'étendant sur 4000m2, devenu public en 2008, nous offre d'une part la plus belle vue sur l'hôtel (côté jardin), d'autre part quelques vestiges archéologiques de l'ancienne "Folie Beaujon", sous le couvert de marronniers séculaires. On peut y apercevoir un entablement semi-circulaire soutenu par des colonnes ioniques, provenant du chœur de l'ancienne chapelle Saint-Nicolas, ainsi que quelques colonnes doriques esseulées, provenant de sa nef. Cette chapelle, accolée à l'ancien pavillon des bains cité plus haut, servit de mausolée à Nicolas Beaujon, puis de lieu de culte temporaire à Honoré de Balzac, dont la dépouille y fut exposée peu après sa mort survenue en août 1850 (celui-ci ayant eu l'usufruit dudit pavillon des bains pour ses dernières années). Sa veuve, Mme Hanska, vendit la chapelle en 1872 à son gendre, le comte Mnizsech, entomologue polonais féru d'occultisme, qui y pratiqua des rites de magie noire, jusqu`à sa mort survenue en 1881, des suites d'un "ramollissement cérébral". La baronne de Rothschild racheta la chapelle en 1882, avant de la faire raser, horrifiée des stigmates de sorcellerie qu'elle y découvrit... La rotonde élevée à l'angle de la rue Balzac (sic) et de la rue du Faubourg-Saint-Honoré marque son ancien emplacement.  
5 notes · View notes