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#g. albert aurier
whileiamdying · 4 years
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LES ISOLÉS
VINCENT VAN GOGH
Et voilà que, tout à coup, dès là rentrée dans l'ignoble tohubohu boueux de la rue sale et de la laide vie réelle, éparpillées, chantèrent, malgré moi, ces bribes de vers en ma mémoire :
  L'enivrante monotonie   Du métal, du marbre, et de l'eau....   Et tout, même la couleur noire,   Semblait fourbi, clair, irisé ;   Le liquide enchâssait sa gloire   Dans le rayon cristallisé....   Et des cataractes pesantes   Comme des rideaux de cristal   Se suspendaient, éblouissantes,   À des murailles de métal....
Sous des ciels, tantôt taillés dans l'éblouissement des saphirs ou des turquoises, tantôt pétris de je ne sais quels soufres infernaux, chauds, délétères et aveuglants ; sous des ciels pareils à des coulées de métaux et de cristaux en fusion, où, parfois, s'étalent, irradiés, de torrides disques solaires ; sous l'incessant et formidable ruissellement de toutes les lumières possibles ; dans des atmosphères lourdes, flambantes, cuisantes, qui semblent s'exhaler de fantastiques fournaises où se volatiliseraient des ors et des diamants et des gemmes singulières — c'est l'étalement inquiétant, troubleur, d'une étrange nature, à la fois vraiment vraie et quasiment supranaturelle, d'une nature excessive où tout, êtres et choses, ombres et lumières, formes et couleurs, se cabre, se dresse en une volonté rageuse de hurler son essentielle et propre chanson, sur le timbre le plus intense, le plus farouchement suraigu ; ce sont des arbres, tordus ainsi que des géants en bataille, proclamant du geste de leurs noueux bras qui menacent et du tragique envolement de leurs vertes crinières, leur puissance indomptable, l'orgueil de leur musculature, leur sève chaude comme du sang, leur éternel défi à l'ouragan, à la foudre, à la nature méchante ; ce sont des cyprès dressant leurs cauchemardantes silhouettes de flammes, qui seraient noires ; des montagnes arquant des dos de mammouths ou de rhinocéros ; des vergers blancs et roses et blonds, comme d'idéaux rêves de vierges ; des maisons accroupies, se contorsionnant passionnément ainsi que des êtres qui jouissent, qui souffrent, qui pensent ; des pierres, des terrains, des broussailles, des gazons, des jardins, des rivières qu'on dirait sculptés en d'inconnus minéraux, polis, miroitants, irisés, féeriques ; ce sont de flamboyants paysages qui paraissent l'ébullition de multicolores émaux dans quelque diabolique creuset d'alchimiste, des frondaisons qu'on dirait de bronze antique, de cuivre neuf, de verre filé ; des parterres de fleurs qui sont moins des fleurs que de richissimes joailleries faites de rubis, d'agates, d'onyx, d'émeraudes, de corindons, de chrysobérils, d'améthistes et de calcédoines ; c'est l'universelle et folle et aveuglante coruscation des choses ; c'est la matière, c'est la nature tout entière tordue frénétiquement, paroxysée, montée aux combles de l'exacerbation ; c'est la forme devenant le cauchemar, la couleur devenant flammes, laves et pierreries, la lumière se faisant incendie, la vie, fièvre chaude.
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Telle, et non point exagérée, bien qu'on puisse penser, l'impression que laisse en la rétine le premier regarder des œuvres étranges, intensives et fiévreuses de Vincent Van Gogh, ce compatriote et non indigne descendant des Vieux maîtres de Hollande. 
Oh ! combien loin nous sommes — n'est-ce pas ? — du beau grand art ancien, très sain et très pondéré, des Pays-Bas ! Combien loin des Gérard Dow, dés Albert Cuyp, des Terburg, des Metzu, des Peter de Hooghe, des Van der Meer, des Van der Heyden et de leurs toiles charmeuses, un peu bourgeoises, tant patiemment soignées ; tant flegmatiquement léchées, tant scrupuleusement minutieuses ! Combien loin des beaux paysages, si sobres, si pondérés, si enveloppés toujours de douces, et grises, et indécises vapeurs, des Van der Heyden, des Berghem, des Van Ostade, des Potter, des Van Goyen, des Ruysdaël, des Hobbema ! Combien loin de l'un peu froide élégance, des Wouwersmans, de l'éternelle chandelle de Schalken, de la timide myopie, des fins pinceaux et de la loupe du bon Pierre Slingelandt ! Combien loin des délicates couleurs toujours un peu nuageuses et brumeuses des Pays du Nord et des inlassables pignochements de ces bien portants artistes, de là-bas et d'autrefois, qui peignaient « dans leur poêle » l'esprit très calme, les pieds chauds et la panse pleine de bière, et combien loin de cet art très honnête, très consciencieux, très scrupuleux, très protestant, très républicain, très génialement banal de ces incomparables vieux maîtres qui avaient le seul tort - si ce fut un tort pour eux - d'être tous pères de famille et bourgmestres !... Et pourtant, qu'on ne s'y trompe pas, Vincent Van Gogh n'est point tant en dehors de sa race. Il a subi les inéluctables lois ataviques. Il est bien et dûment Hollandais, de la sublime lignée de Franz Halz. 
Et d'abord, en effet, comme tous ses illustres compatriotes, c'est un réaliste, un réaliste dans toute la force du terme. Ars est homo, additus naturæa dit le chancelier Bacon, et M. Émile Zola a défini le naturalisme « la nature vue à travers un tempérament ». Or, c'est cet homo additus c'est cet « à travers un tempérament », c'est ce moulage de l'objectif, toujours un, dans des subjectifs, toujours divers, qui compliquent 1a question, et suppriment la possibilité de tout irréfragable critérium des degrés de sincérité de l'artiste. Le critique en est donc fatalement réduit, pour cette détermination, à des inductions plus ou moins hypothétiques, mais toujours contestables. Néanmoins, j'estime que, dans le cas de Vincent Van Gogh, malgré la parfois déroutante étrangeté de ses œuvres, il est difficile, pour qui veut être impartial et pour qui sait regarder, de nier ou de contester la véracité naïve de son art, l'ingénuité de sa vision. Indépendamment, en effet, de cet indéfinissable parfum de bonne foi et de vraiment-vu qu'exhalent tous ses tableaux, le choix des sujets, le rapport constant des plus excessives notes, la conscience d'étude des caractères, la continuelle recherche du signe essentiel de chaque chose, mille significatifs détails nous affirment irrécusablement sa profonde et presqu'enfantine sincérité, son grand amour de la nature et du vrai - son vrai, à lui. Il nous est donc permis, ceci admis, de légitimement induire des œuvres même de Vincent Van Gogh, à son tempérament d'homme, ou plutôt d'artiste — induction qu'il me serait possible, si je le voulais, de corroborer par des faits biographiques. Ce qui particularise son œuvre entière, c'est l'excès, l'excès en la force, l'excès en la nervosité, la violence en l'expression. Dans sa catégorique affirmation du caractère des choses, dans sa souvent téméraire simplification des formes, dans son insolence à fixer le soleil face à face, dans la fougue véhémente de son dessin et de sa couleur, jusque dans les moindres particularités de sa technique, se révèle un puissant, un mâle, un oseur, très souvent brutal et parfois ingénûment délicat. Et, de plus, cela se devine, aux outrances quasiment orgiaques de tout ce qu'il a peint, c'est un exalté, ennemi des sobriétés bourgeoises et des minuties, une sorte de géant ivre, plus apte à des remuements de montagnes qu'à manier des bibelots d'étagères, un cerveau en ébullition, déversant sa lave dans tous les ravins de l'art, irrésistiblement, un terrible et affolé génie, sublime souvent, grotesque quelquefois, toujours relevant presque de la pathologie. Enfin, et surtout, c'est un hyperesthésique, nettement symptômatisé, percevant avec des intensités anormales, peut-être même, douloureuses, les imperceptibles et secrets caractères des lignes et des formes, mais plus encore les couleurs, les lumières ; les nuances invisibles aux prunelles saines, les magiques irisations des ombres. Et voila pourquoi son réalisme, à lui, le névrôsé, et voilà pourquoi sa sincérité et sa vérité sont si différents du réalisme, de la sincérité et de la vérité de ces grands petits bourgeois de Hollande, si sains de corps, eux, si bien équilibrés d'âme, qui furent ses ancêtres et ses maîtres.
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Au reste ; ce respect et cet amour de la réalité des choses ne suffisent point, seuls, à expliquer et à caractériser l'art profond, complexe, très-à-part, de Vincent Van Gogh. Sans doute, comme tous les peintres de sa race, il est très conscient de la matière, de son importance et de sa beauté, mais aussi, le plus souvent, cette enchanteresse matière, il ne la considère que comme une sorte de merveilleux langage destiné à traduire l'Idée. C'est, presque toujours, un symboliste. Non point, je le sais, un symboliste à la manière des primitifs italiens, ces mystiques qui éprouvaient à peine le besoin de désimmatérialiser leurs rêves, mais un symboliste sentant la continuelle nécessité de revêtir ses idées de formes précises, pondérables, tangibles, d'enveloppes intensément charnelles et matérielles. Dans presque toutes ses toiles, sous cette enveloppe morphique, sous cette chair très chair, sous cette matière très matière, gît, pour l'esprit qui sait l'y voir, une pensée, une Idée, et cette Idée, essentiel substratum de l'œuvre, en est, en même temps, la cause efficiente et finale. Quant aux brillantes et éclatantes symphonies de couleurs et de lignes, quelle que soit leur importance pour le peintre, elles ne sont dans son travail que de simples moyens expressifs, que de simples procédés de symbolisation. Si l'on refusait, en effet, d'admettre sous cet art naturaliste l'existence de ces tendances idéalistes, une grande part de l'œuvre que nous étudions demeurerait fort incompréhensible. Comment expliquerait-on, par exemple, le Semeur, cet auguste et troublant semeur, ce rustre au front brutement génial, ressemblant parfois et lointainement à l'artiste lui-même, dont la silhouette, le geste et le travail ont toujours obsédé Vincent Van Gogh, et qu'il peignit et repeignit si souvent, tantôt sons des ciels rubescents, de couchant, tantôt dans la poudre d'or des midis embrasés, si l'on ne veut songer à cette idée fixe qui hante sa cervelle de l'actuelle nécessité de la venue d'un homme, d'un messie, semeur de vérité, qui régénèrerait la décrépitude de notre art et peut-être de notre imbécile et industrialiste société ? Et aussi cette obsédante passion pour le disque solaire, qu'il aime à faire rutiler dans l'embrasement de ses ciels et, en même temps, pour cet autre soleil, pour cet astre végétal, le somptueux tournesol, qu'il répète, sans se lasser, en monomane, comment l'expliquer si l'on refuse d'admettre sa persistante préoccupation de quelque vague et glorieuse allégorie héliomythique ?
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Vincent Van Gogh, en effet, n'est pas seulement un grand peintre, enthousiaste de son art, de sa palette et de la nature, c'est encore un rêveur, un croyant exalté, un dévoreur de belles utopies, vivant d'idées et de songes. Longtemps, il s'est complu à imaginer une rénovation d'art, possible par un déplacement de civilisation : un art des régions tropicales ; les peuples réclamant impérieusement des œuvres correspondant aux nouveaux milieux habités ; les peintres se trouvant face à face avec une nature jusqu'alors inconnue, formidablement lumineuse, s'avouant enfin l'impuissance des vieux trucs d'école, et se mettant à chercher, naïvement, la candide traduction de toutes ces neuves sensations !.. N'eût-il pas été, en effet, lui, l'intense et fantastique coloriste broyeur d'ors et de pierreries, le très digne peintre, plutôt que les Guillaumet, que les fadasses Fromentin et que les boueux Gérôme, de ces pays des resplendissances, des fulgurants soleils et des couleurs qui aveuglent ?... 
Puis, comme conséquence de cette conviction du besoin de tout recommencer en art, il eut et longtemps il caressa l'idée d'inventer une peinture très simple, populaire, quasiment enfantine, capable d'émouvoir les humbles qui ne raffinent point et d'être comprise par les plus naïfs des pauvres d'esprits. La Berceuse, cette gigantesque et géniale image d'Épinal, qu'il a répétée, avec de curieuses variantes, plusieurs fois, le portrait du flegmatique et indescriptiblement jubilant Employé des postes, le Pont-levis, si crûment lumineux et si exquisément banal, l'ingénue Fillette à la rose, le Zouave, la Provençale, indiquent, avec la plus grande netteté, cette tendance vers la simplification de l'art, qu'on retrouve d'ailleurs, plus ou moins, dans tout son œuvre et qui ne me paraît point si absurde ni si mésestimable en ces temps de complication à outrance, de myopie et de maladroite analyse.
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Toutes ces théories, toutes ces espérances de Vincent Van Gogh sont-elles pratiques ? Ne sont-elles point de vaines et belles chimères ? Qui le sait ? En tous cas, je n'ai point à l'examiner ici. Il me suffira, pour terminer d'à peu près caractériser ce curieux esprit si en dehors de tous banaux sentiers, de dire quelques mots sur sa technique. Le côté externe et matériel de sa peinture est en absolue corrélation avec son tempérament d'artiste. Dans toutes ses œuvres, l'exécution est vigoureuse, exaltée, brutale, intensive. Son dessin, rageur, puissant, souvent maladroit et quelque peu lourd, exagère le caractère, simplifie, saute en maître, en vainqueur, par dessus le détail, atteint la magistrale synthèse, le grand style quelquefois, mais non point toujours. 
Sa couleur, nous la connaissons déjà. Elle est invraisemblablement éblouissante. Il est, que je sache, le seul peintre qui perçoive le chromatisme des choses avec cette intensité, avec cette qualité métallique, gemmique. Ses recherches de colorations d'ombres, d'influences de tons sur tons, de pleins ensoleillements sont des plus curieuses. Il ne sait pas toujours éviter, pourtant, certaines crudités désagréables, certaines inharmonies, certaines dissonances... Quant à sa facture proprement dite, à ses immédiats procédés d'enluminer la toile, ils sont, ainsi que tout le reste de ce qui est lui, fougueux, très puissants et très nerveux. Sa brosse op��re par énormes empâtements de tons très purs, par trainées incurvées, rompues de touches rectilignes..., par entassements, parfois maladroits, d'une très rutilante maçonnerie, et tout cela donne à certaines de ses toiles l'apparence solide d'éblouissantes murailles faites de cristaux et de soleil.
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Ce robuste et vrai artiste, très de race, aux mains brutales de géant, aux nervosités de femme hystérique, à l'âme d'illuminé, si original et si à-part au milieu de notre piteux art d'aujourd'hui, connaitra-t-il un jour — tout est possible — les joies de la réhabilitation, les cajoleries repenties de la vogue ? Peut-être. Mais quoi qu'il arrive, quand bien même la mode viendrait de payer ses toiles - ce qui est peu probable — au prix des petites infamies de M. Meissonnier, je ne pense pas que beaucoup de sincérité puisse jamais entrer en cette tardive admiration du gros public. Vincent Van Gogh est, à la fois, trop simple et trop subtil pour l'esprit-bourgeois contemporain. Il ne sera jamais pleinement compris que de ses frères, les artistes très artistes... et des heureux du petit peuple, du tout petit peuple, qui auront, par hasard, échappé aux bienfaisants enseignements de la Laïque !...
G. Albert Aurier
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dyeframe · 5 years
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An empty chair stands in the attic bedroom where Vincent Van Gogh died of a self-inflicted bullet wound in July 1890. “It is useless,” he wrote in his last letter which carried a sketch of a final painting. But already the art world recognized his genius. “Men like him do not die entirely,” wrote G. Albert Aurier, one of the first to praise him. His work “will make his name live again and for eternity.” Lynn Johnson | National Geographic, October 1997
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ladylazaru · 5 years
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It is even easier to have true love for a work of art than for a woman, as in the work of art materiality barely exists and almost never lets love degenerate into sensualism.
G.-Albert Aurier, from « Essay on a New Method of Criticism, » 1880-1893
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whileiamdying · 11 years
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VINCENT VAN GOGH, PEINTRE FOU?
L'influence et l'expression de la folie dans l'oeuvre de Vincent Van Gogh
GABRIEL-ALBERT AURIER SUR VINCENT VAN GOGH
Gabriel-Albert Aurier – critique d’art et théoricien de l’art est l’un de fondateurs de Mercure de France dans lequel il a publié de nombreux articles sur des peintres alors peu connus : Paul Gauguin, Van Gogh, Gustave Moreau, Monet, Renoir. Il a écrit le premier un article sur Vincent Van Gogh. On peut ajouter qu’après la parution de son écrit sur Van Gogh en janvier 1890, l’artiste lui répondait dans une longue lettre. Cet échange entre les deux hommes a été conservé dans une célèbre correspondance de Van Gogh.
Le site agréable MercureWiki, un outil collaboratif destiné à éditer la revue d’Alfred Vallette, depuis sa création en 1890, propose nous l’article « Les Isolés, Vincent van Gogh », Mercure de France, t. I, n°1, janvier 1890, p. 24-29 de G.-A. Aurier. On peut ajouter que le contenu de MercureWiki est très varié. En vrai dire, l’information est à la fois disponible en mode texte, pour une lecture linéaire, et en mode fac-similé, où chaque page de texte est mise en vis-à-vis de son image originale. De plus la navigation sur ce site est outille. Pour trouver les articles consultez les sommaires et cliquez sur le titre de l’article, que vous intéresse. Il est possible aussi consulter l’index des auteurs, ou naviguer par genres, qui peuvent aider à vos recherches et économiser le temps. En effet, ce portail wiki est le produit du travail des étudiants en Master de l’Université Reims Champagne Ardenne, sous la direction de Julien Schuh.
Dans cet article « Les Isolés, Vincent van Gogh », qui grâce aux digital humanities est devenue accessible pour tout le monde, G. Albert Aurier parle d’une première impression que laissent les œuvres de Van Gogh, de son esprit curieux, de son talent. Donc, Monsieur Aurier compare l’artiste avec les autres peintres des Pays-Bas. Il décrit comment les oeuvres de Vincent sont loin des toiles charmeuses, bourgeoise et minutieuses de Van der Meer, de Van der Heyden… Selon lui Van Gogh est loin des délicates couleurs un peu nuageuses des Pays du Nord, de leur exécution honnête et scrupuleuse. Toutefois le théoricien d’art ne critique jamais Van Gogh. Au contraire, il dit que les œuvres de vieux maîtres sont très protestantes, très républicaines, et génialement banales. Il dit qu’ils ont tort d’être tous pères de familles et bourgmestres.
Pour Gabriel-Albert Aurier, Vincent Van Gogh est un réaliste. Ses œuvres sont remplies de la véracité naïve, de l’ingénuité de sa vision. Mais de plus, on observe dans ses toiles un dur labeur : le choix des sujets, la conscience des notes des caractères, le recherche du signe essentiel de chaque chose. Van Gogh reste toujours sincère dans ses toiles, et il nous montre toujours son grand amour de la nature et du vrai.
Monsieur  Albert souligne que, ce qui particularise son œuvre entière, c’est l’excès: l’excès en la force, la nervosité, la violence en l’expression. Ainsi dans sa simplification des formes, dans son dessin, dans sa couleur se révèlent un artiste puissant et oseur. Vincent Van Gogh, contrairement aux vieux maîtres, est un ennemi des sobriétés bourgeoises et des minuties. Son art est comparable avec une lave de vulcain –  il est irrésistible, affolé de génie, sublime et grotesque. Mais chaque fois, en contemplant ses tableaux, on sent l’intensité douloureuse, le caractère secret de ses formes et de lignes. Plus encore, les couleurs et la lumière qui ajoutent l’irisation aux œuvres.
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« Le Semeur, Vincent Van Gogh, 1889, huile sur toile, 80×64, New York, Private collection, source: Wikimedia Commons »
Le critique d’art parle aussi de l’artiste comme symboliste, aspect qui se trouve dans la recherche constante de revêtir ses idées de formes précises. Sous toute sa peinture se cache un esprit, une pensée, une idée. Ses couleurs, ses lignes servent pour lui des moyens expressifs. Comment peut-on traiter le Semeur ? C’est la nécessité d’un homme, d’un messie, semeur de vérité qui arrive nous sauver ?
Vincent Van Gogh n’est pas simplement un grand peintre, mais aussi un grand rêveur. Il a voulut rénover l’art. Longtemps, il a eu une idée d’inventer une peinture simple, populaire, possible d’émouvoir tout le monde. Ainsi dans le tableau le Zouave on voit cette netteté, cette tendance vers la simplification de l’art, que l’on retrouve d’ailleurs dans tout son œuvre.
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« Le Zouave (demi-figure), Vincent Van Gogh, 1888, huile sur toile, 65 cm x 54 cm, Amsterdam, Van Gogh Museum, source : Wikimedia Commons »
En ce qui concerne la technique, elle est absolument liée au tempérament d’artiste. Dans toutes ses œuvres, l’exécution est vigoureuse, brutale, intensive. Son dessin est puissant. Sa couleur est éblouissante. Ses recherches de colorations d’ombres, d’influences de tons sur tons nous bouleversent.
Dans cet article, Gabriel-Albert Aurier a essayé de nous expliquer ce curieux esprit qu’a Vincent Van Gogh, qui, selon lui, ne sera jamais pleinement compris.
Par Evgeniya Mechsheryakova
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