Tumgik
#le retour affectif marche t il
romane-pnt · 7 years
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CHAPITRE 8 : Une fin ici, c’est là que tout commence ...
Surtout lorsque l’on sait qu’il y en a qu’on ne reverra jamais. C’est difficile de se retourner et de se dire que ces 3 mois n’étaient qu’éphémères quelque part. Juste une étape. Certes pleine de merveilleuses choses, mais qui se termine, qui a une fin. 
J’ai reçu des messages de votre part, me disant « Alors, tu reviens bientôt ? comment c’était ? ». Tellement envie de vous dire que j’y étais encore amplement et que je ne voulais pas penser à ce départ. Une chose à la fois, chaque chose en son temps, étape par étape. J’ai toujours été dans l’avenir, à planifier, à me projeter. Et je perdais des petits morceaux des instants présents que je vivais. Quel dommage de réfléchir à ce que je ferais le matin de mon arrivée alors que je suis encore à 20 jours de mon retour. 
En effet, j’aimais prendre des nouvelles de chacun, régulièrement, ne pas perdre une miette de la vie là-bas, en France. Accepter de ne pas pouvoir tout contrôler de ne pas tout savoir de ce qui s’y passe, savoir laisser ma vie quotidienne d’avant à sa place et rester là où je suis à l’instant a été un petit obstacle à franchir. L’instant présent, regarder devant, mais juste là, ce qui est en train de se passer à l’instant t.
La patience, s’adoucir, la réflexion… Je suis une pile électrique qui a découvert une part d’elle-même bien plus apaisée, qu’elle ne connaissait pas. 
Thursday 30th March
La journée la plus dense émotionnellement que je n’ai jamais connue. Un ascenseur émotionnel comme vous n’en avez jamais vu ! La joie, les remerciements, les cadeaux, les derniers partages, les souvenirs, les adieux, les pleurs, les sourires, … 
Dernier matin à Pasil. Ils n’en savaient rien que c’était la fin. La fin de quoi, je rentrais où ? J’étais déjà arrivée de nulle part, alors le retour… Je leur ai expliqué que je devais retourner chez moi, car je n’étais venue ici que pour un petit bout de temps. Que j’avais consacré ce petit bout de ma vie à prendre soin d’eux, et que c’était le tour d’autre personnes de venir les voir et jouer avec eux. Herron, il a tout de suite compris, il s’est jeté dans mes bras et ne pas lâché de la matinée. Melody et MaryJane qui ont tendance à être un peu sauvages se sont incroyablement adoucies et me posaient pleins de questions. MaryMercine n’a compris que lorsque j’ai eu les yeux pleins de larmes et que je me suis tournée vers la porte. J’ai pris une grande inspiration, et au moment d’ouvrir la porte pour sortir… j’ai senti une petite main se poser sur mon pied. Elle essayait à sa façon de me dire au revoir. C’était une émotion super difficile à décrire. Une sorte de déchirement affectif, agrémenté d’un chagrin enfantin, comme si j’étais un peu perdue et assommée par tout ce que je venais de vivre en 3 mois. Un peu comme si je revoyais tout ce que j’avais vécu, tous ceux que j’avais pu rencontrer. Je me suis rendue compte ce matin-là à quel point j’avais vraiment vécu un truc de dingue.
Je souhaite à tous ceux qui cherche un sens à leur petite vie, de tenter une expérience qui les sort de leur quotidien. La seule façon de vraiment savoir qui ont est, quel sens on veut donner à notre existence, et qu’est-ce que l’on veut laisser derrière nous, c’est de se retrouver en face à face avec soi et de se sortir de ce dont on a l’habitude de faire de voir, d’entendre. Se rendre compte de qui on est en vérité. Pour ça, il faut se sortir de son quotidien confortable. Je dirais que c’est comme se lancer dans le toboggan de l’aventure, on ne sait pas trop on ça nous mène mais on sait qu’on va atterrir quelque part. Je me suis libérée d’un tas d’à priori sur la vie, sur les gens, sur moi-même. Je suis sortie de la petite boîte confortable dans laquelle je m’étais installée, avec mes idées toutes faites et mes projets bouclés. Maintenant je me suis assise sur le bord, ça me permet de piocher ce que je veux à l’intérieur, et de sauter vers l’extérieur quand je le souhaite. Dans nos vies à tous, on ne se rend pas compte qu’on peut passer à côté de qui on est parfois. La rapidité des événements, les études, le boulot, nos activités, nos amis, notre famille, nos soirées… Entourée de monde sans arrêt, je me suis rendue compte que mon vrai moi pouvait s’effacer avec tant de choses à faire, à penser, à écouter, à répondre. Qu’avec parfois si peu d’espace pour me retrouver réellement je passais à côté de qui j’étais. Avec tout ça vous devez vous demander… Je suis toujours la même, je vous assure !
Dernier tutorial avec les enfants du Psk. C’était aussi le jour où ils allaient recevoir des petites récompenses pour leur comportement, leurs bons résultats, leur assiduité. Ate Marilyn me propose de remettre à quelques enfants leurs décorations, c’est là que ma sensibilité à fleur de peau a refait surface. Alors, imaginez quand ils m’ont demandé de m’asseoir sur la chaise du milieu devant tt le monde, et que Jennerose, Marielle, HoneyJane, et Charmae se sont mises à me chanter une chanson. Pfiouu ! J’ai disparu sous une cascade de larmes. Ils ont tous accouru autour de moi, j’ai presque failli suffoquer et puis ils m’ont offert des dessins et des petits mots, si touchants… Comme tous les soirs, je fais le trajet avec eux, ils me disent au revoir. Ils disparaissent dans la nuit sombre du petit chemin. J’entends leurs éclats de rires encore et encore ...
Je rentre grandie. Je rentre avec le sourire, le sac à dos plus rempli qu’à l’aller. Mes projets d’écoles de théâtre se sont dessinés, mes dates d’audition m’ont été envoyées. Réaliser son rêve ce n’est pas dingue ? Vivre sa passion ? Mes projets on mûri mais ne sont plus les mêmes, du moins, ils sont dorénavant ouverts à tout ce que la vie voudra m’envoyer de chouette ! 
J’ai adopté le goût de l’aventure. Je désire en découvrir plus. Le carnet de mes voyages, de mes expériences originales vient tout juste de s’ouvrir. Aux Philippines, j’ai appris que je pouvais réaliser tout ce que j’avais envie de faire. Que le monde ne peut mettre de barrière à nos ambitions. Suffit d’emprunter un chemin différent. 
Ici, j’ai déposé mon empreinte, ils ont déposé la leur dans ma vie ...
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