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#marielucettedemortebouse
globulienexpress · 2 years
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CHRONIQUES DE L'OPEN-SPACE #2 LA POZDÉJ
Perdue sur Terre et paumé dans la Vidadult entre confort salarial, impots.gouv.fr et tumeur cancéreuse à découvrir, la journée de travail m'offre néanmoins soixante délicieuses minutes d'observation de mes comparses humains. Ce laps de temps me permettant de réaliser que je côtoie chaque jour des êtres au potentiel de nuisance stupéfiant. Parfois au paroxysme de son expression, parfois laissé à l'état de bulbe de merde prêt à éclore, la nuisance ne manque pas à cette heure bénie du midi : le repas.
Comme celle-ci, qui se dandine dans sa jupe à fleurs sortie d'un catalogue Les Trois Suisses des 80's dont les motifs quasi-psychédéliques semblent compenser la perte flagrante de joie de vivre de sa propriétaire ; laquelle, en toute hâte, saisit la dernière entrée au saumon fumé devant les yeux outrés de sa collègue. Rictus satisfait du prédateur avachi au sommet de la chaîne alimentaire du congélateur.
La perdante du grand jeu de la file d'attente se met à ruminer sa vengeance en repoussant systématiquement les lardons de son plat de spaghettis carbonara sur lit de cholestérol. Lassée, elle hausse alors les épaules en vidant son assiette dans la mauvaise poubelle, son nez peinturluré de fond de teint collé à l'affichette de tri.
Le combat pour la domination du self se poursuit en parallèle avec notre nouveau candidat qui s'éloigne d'un pas discret mais néanmoins coupable de la machine à café après y avoir fourré sans ménagement le réservoir d'une eau dite potable, dans la cavité prévue à cet effet... provoquant ainsi une panne aux conséquences prochainement désastreuses sur la productivité de ses collègues.
Lorsque la mascarade quotidienne du repas collectif touche à sa fin, chaque main accomplit alors l'effort insupportable de tenir la porte de sortie pour son prochain.
Sur les figures, sourires aussi francs que des vendeurs de stages yoga et bien-être pour paraplégiques.
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globulienexpress · 2 years
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Chroniques Obscures de l’Open Space#1 : "Bienvenue chez FLEXCORP"
Mon nom est Marie-Lucette de Mortebouse, héritière de la glorieuse famille du même nom, mais fauchée jusqu’au trognon.
Le monde étant ce qu’il est, la nécessité de décoller mes divines fesses du canapé s’est faite sentir aussi fort qu’une soudaine envie de pisser dans les interminables bouchons du péage de Globulia. En quelques clics, puis quelques clacs, j'ai alors enfilé l'uniforme en polyester mal coupé de "collaboratrice polyvalente" dans les bureaux de la next gen ambitieuse de révolutionner le monde du travail globulien : Flexcorp.
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Bien évidemment, j'écris ces lignes dans l'espace-temps restreint d'une pause-crotte disruptive afin de calmer la diarrhée existentielle qui me retourne chaque jour les tripes depuis la signature de mon contrat Flexicool. De l'autre-côté de la porte, j'entends d'ailleurs un collègue s'asseoir en ce moment même sur la cuvette connectée des toilettes, déclenchant son chronomètre au contact de chaque fessier délicat. Mais revenons à ma propre pause-crotte aux airs d'exutoire de la vie d'adulte responsable.
La personne que j'étais avant cette embauche au paradis du badge à puce et du plat réchauffé au four à globulium ne soupçonnait pas l'apaisement procuré par les multiples pauses toilettes en plein milieu d'une journée aussi vide que mon compte Flexflouz : d'une part, un apaisement intestinal après l'ingestion de protéines modifiées par les rayons au globulium connues pour titiller les parois du colon jusqu'à la tumeur maligne ; et d'autre part, un apaisement psychologique certain, conséquence directe du remarquable talent de la plupart des collègues à débiter des flots de merde par un orifice bien plus présentable que le sujet de cette chronique. 
Assise sur mon trône dont le tintement crispant m'indique soudainement l'obligation de ramper de nouveau jusqu'à mon siège de bureau, je songe. Dans ce cubicule carrelé à la lumière assommante, l'existence de cette horloge numérique décidant de chacun de mes faits, gestes et pensées s'efface pendant les 120 divines secondes autorisées de ma pause toilettes. "120 secondes, par le Grand Trône de Plastique, que c'est peu !" me direz-vous. En effet, le diktat du chronomètre de la sainte cuvette impose sa loi, implacable mais cependant aveugle à toute multiplication des pauses. C'est donc avec une jubilation difficilement maîtrisable que je découvris, après seulement trois jours de prise de poste chez Flexcorp, comment me faire payer pour faire de la merde.
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