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Fiche récap. #2 - Pausa Urbana.
Je les évoque depuis un moment. Le teasing a été long. Il est maintenant grand temps d’apporter une vision plus complète de cette mystérieuse structure avec qui j’ai travaillé pendant presque deux mois. Les voici enfin dévoilés, décrits, scrutés, examinés sous de nombreuses coutures. Mesdames et messieurs, depuis le petit café de quartier bogotanais « Don Honorio » où résonne la salsa et se disputent la prédominance olfactive café et guaro (aguardiente), où la décoration de Noël vient d’être installée, j’ai enfin complété la fiche récapitulative de Pausa Urbana ! (Bon la rédaction sous forme d’article a nécessité du rab depuis le hamac du salon des copains, le bus pour Medellín, et l’hostal où j’habite/travaille à Medellín je reconnais.)
Mario et Elliot, deux architectes costaricains, joséfiens plus particulièrement (non, ils ne font pas partie d’une branche chrétienne honorant Sainte-Joséphine patronne d’une quelconque cause perdue. Pour autant catholique que soit effectivement le nom de la ville et que l’est toujours le pays, le terme de joséfien ne renvoie ici à rien d’autre qu’aux habitant.es de San José, la capitale du Costa Rica, dont je vous ai parlé là, et là, entre-autre.), ont un jour voulu mettre en évidence les absurdités, les inadaptations de l’espace public aux usages auquel il est destiné. Au cours d’une de ces discussions entre ami.es qui nous amènent à refaire le monde (ou, dans ce cas précis, la ville, ce qui est déjà pas mal), ils ont eu l’idée d’un happening. Comment rendre évident les dysfonctionnements d’une place ? Comment amener les passant.es, le temps de quelques minutes, d’un instant, d’un regard, à observer leur ville dans toutes ses incohérences, ses imperfections pourtant si simples à perfectionner ? Et voilà qu’en décembre 2009, ils réunissent 80 personnes sur la Place de la Démocratie de San José et les « congèlent » pendant une heure dans des situations quotidiennes. Leur immobilité dans ces postures met l’espace sur pause, et révèle les difficultés que chacun.e peut y rencontrer dans son usage, dans sa mobilité à travers lui, etc. « Faites une pause et observez votre ville », c’était le cri de naissance de Pausa Urbana qui n’en avait pas encore le nom (mais dont on comprend maintenant d’où il vient), ni la prétention d’arriver à ce qu’ils sont aujourd'hui.
9 ans et beaucoup d’aventures plus tard, une française débarque la fleur aux dents en leur disant qu’ils ont quand même l’air vachement chouettes et que si c’était possible elle voudrait bien bosser avec eux quelques semaines, histoire d’apprendre en pratiquant. (Remerciez mon beau-père pour m’avoir fait baigner dans le meilleur de la chanson française et faire de moi la seule personne née après les années 70 utilisant l’expression « la fleur aux dents ». Jojo dans nos cœurs.) Et comme ce sont des gens bien, figurez-vous qu’ils ont dit oui. (Je reconnais que l’effet de surprise est limité, la réponse était dans la toute première phrase de l’article et dans plusieurs articles précédemment publiés). Et après une petite immersion au sein de Pausa Urbana, P.U. pour les intimes, complétée par quelques questions autour d’un café, me voici en mesure d’en faire une présentation globale.
Nom de la structure
Pausa Urbana (Pause urbaine)
San José/Grande Aire Métropolitaine, Costa Rica
Principes défendus
. Le « droit à la ville », selon les principes d’Henri Lefebvre ; . L’occupation libre et sereine de l’espace public. P.U. est comme un jeu, mais un jeu très sérieux. Une expérimentation, une recherche ludique en réaction (pas en réponse, puisque la recherche est continue) à la question « Que se passerait-il si… ? ».
Objectifs
. Encourager et faciliter l’usage de l’espace public de manière spontanée et sûre. . Capacitation de la population à s’approprier l’espace et sa gestion. Ces deux éléments se retrouvent dans la notion « d’activation » d’espace public utilisée par Pausa Urbana et définie comme « le processus de construire, donner un sens et consolider le lien vital et quotidien entre les gens et leurs espaces publics ». . Expérimenter d’autres formes de faire que les « voies formelles de gestion » [de l’espace public et des projets relatifs à celui-ci] qui ne fonctionnent pas, n’aboutissent pas. Avec lesquelles « rien ne se faisait ».
Origine et évolutions
« Jouer à refaire le monde » P.U. a donc commencé par un happening en décembre 2009 (9 ans cette année !). Mario et Elliot en ont été les initiateurs et en sont depuis restés le "cœur". Si celui-ci a vu des variations, avec des membres qui s’y sont intégré.es puis qui en sont ressorti.es pour différentes raisons, la structure n’a jamais été structurellement beaucoup plus grosse. Il ne me semble pas que le "cœur" de P.U. ait dépassé les 3 personnes. Il s’agit plutôt d’un duo qui s’étend occasionnellement à un trio pendant une période plus ou moins longue. Pour autant, en plus d’eux deux, il y a toujours d’autres gens qui interviennent ponctuellement sur les projets, le but étant de travailler au plus possible, voire systématiquement, en réseau.
Type de structure
Partisans de la simplicité, des principes d’auto-gestion et peu enclins à la bureaucratie, ils ont donc non-naturellement finis par être une structure à deux têtes : une fondation ET une entreprise. Comme prévu, c’est pratique, mais très pesant administrativement parlant. L’entreprise a 7-8 ans, alors que la fondation n’a été formée qu’il y a 3 ans. L’intérêt d’avoir les deux figures administratives est de pouvoir travailler de manière plus efficace sur différents types de projets, selon les besoins et caractéristiques de chacun. L’entreprise permet de recevoir des honoraires de prestations par exemple, alors que la fondation offre la possibilité de répondre à des appels à candidatures qui ne sont pas ouverts aux entreprises, et est plus légère en bureaucratie.
Méthodologie
Une des forces de P.U. est d’avoir toujours en réserve des idées, des brouillons de projets, qui ont émergés de discussions par exemple. Ils sont alors pré-rédigés et gardés sous le coude, au cas où l’occasion de les mettre en pratique se présenterait. Une « banque de projets » qui leur permet d’être réactifs. Ça a été le cas par exemple pour les TAU, ou l’atelier de sensibilisation de la police à l’art de rue : des idées qu’ils avaient depuis un moment et qui ont pu se concrétiser à la faveur des circonstances. Dans le premier cas, s’ils avaient pensé à un format de ce type depuis environ un an, il a pu se réaliser par la volonté d’étudiant.es de réaliser un happening. Ceux-ci demandent à P.U. de les aider dans l’organisation, qui leur propose le TAU comme outil pour construire cet happening. Dans le deuxième cas, ce fût grâce à un appel à idée du ministère de la culture dont les conditions correspondaient à leur projet d’atelier de sensibilisation et qu’ils ont remporté. Ainsi, il n’y a pas de méthode particulière pour lancer un projet. Les circonstances, connaissances, opportunités sont ce qui amènent à une intervention de Pausa Urbana. Mais ils n’interviennent pas seuls. L’accent est mis sur une complémentarité des compétences, d’où un fort appel à des partenaires issu.es de sciences-humaines, anthropologues ou sociologues notamment, mais aussi à des artistes, qu’ils soient plasticien.nes comme des arts du spectacle. Outre la discipline, la bonne entente est primordiale dans ces partenariats : la cohésion d’équipe est un fondamentale pour garantir une bonne écoute entre « facilitateurs.trices » au cours des ateliers. Le terme de « facilitateurs.trices » est aussi un élément révélateur de la logique et de la méthodologie de Pausa Urbana. Les membres de P.U. envisagent leur position comme étant à la disposition, au service de la communauté. Leur rôle est de faciliter, par leurs connaissances professionnelles, l’expression, la prise en compte, et la concrétisation des savoirs et désirs des habitué.es. Une fois sur le terrain, c’est une logique de processus qui guide l’intervention, beaucoup plus qu’une logique de produit. La vision de P.U. est qu’un produit ne peut être réalisé, fonctionner sur le long terme, sans tout un processus, alors qu’un processus n’appelle pas nécessairement un produit précis, défini et définitif. Un des principes méthodologiques est donc l’adaptabilité, que ce soit très concrètement dans le déroulement des ateliers comme de manière plus macro dans les réalisations, les produits issus d’un projet. « Dessiner au travers de la discussion » Cela s’apparente au triptyque « écouter, observer pour pouvoir agir »  érigé en règle de conduite par TUBogotá
Pour autant, Mario et Elliot se basent certaines règles basiques à ne pas enfreindre : 1. Ne pas aller où on ne nous veut pas ; 2. Ne pas déconstruire ce qui fonctionne ; 3. Ne pas inventer des problèmes qui n’existent pas. (Vous savez, l’histoire du singe qui se balade en forêt et, voyant les poissons dans l’eau, les sauve de la noyade en les mettant sur la rive. Bon ben ça du coup, non.)
Modèle économique
Il n’y a pas de rentrée d’argent fixe, les membres de P.U. ne vivent pas uniquement de cette activité. Ce n’est pas et n’a jamais été le but. Chaque projet nécessite donc une recherche de fonds propres, de soutiens ponctuels : institutions, appels à projets, entreprise… Mais avec la fondation ou l’entreprise, certains fonds ou honoraires captés peuvent être basculés d’un projet à l’autre. C’est ainsi que les deux premières réunions auxquelles j’ai assisté avaient basiquement pour but de répondre à la question « Comment va-t-on utiliser toute cette thune ? ». C’était plutôt sympa comme ambiance. Et le principe de travail en réseau fonctionne pour la redistribution des fonds aussi : se réunissaient là de nombreux partenaires différents, des collectifs d’artistes en particuliers. « Quand il y a de l’argent, il y en a pour tout le monde. » Mais outre l’aspect monétaire, le réseau permet de faire appel aux uns et aux autres pour les besoins en matériel comme en compétences. « Travailler en réseau permet de dépasser la limitation des ressources [économiques]. »
Partenaires
Institutions, personnes indépendantes ou collectifs, les projets divers et variés menés par P.U. les amènent à travailler avec de très nombreuses personnes et entités. Les principales, classées par types de structure, seraient : . Personnes indépendantes : architectes ; artistes plasticien.nes ou de rue ; anthropologues ; sociologues ; conteur ; etc. . Collectifs : d’art du spectacle (cirque, danses -tango, africaine, salsa, etc) ; d’architecture ; et même de travaux communautaires (Masaya, pour ne pas les citer, un collectif vénézuélien de constructions de communautés très important pour Pausa Urbana : « Ceux de qui nous avons le plus appris. ») ; etc. . Institutions : Université du Costa Rica ; certaines municipalités ; Ministère de la Culture ; Associations de Développement Intégral (dont je parlais déjà ici) ; et très récemment la police. . Entreprise : Garnier&Garnier, un aménageur, constructeur et promoteur immobilier. C’est un cas assez spécifique, la seule entreprise avec laquelle Pausa Urbana a travaillé sur plusieurs projets. Garnier&Garnier a contacté P.U. il y a quelques années pour leurs compétences en médiation urbaine, dans le but de travailler avec eux sur leurs processus de RSE (Responsabilités Sociales et Entrepreneurial, un peu comme fait Semillas). Toutefois, et c’est là que ça devient intéressant, Pausa Urbana a su amener G&G à accepter ses principes, formats et conditions de travail. Ainsi, les projets deviennent menés par P.U. et parrainés par G&G, qui adhère (plus ou moins, combiner logiques classiques d’entreprise et travaux avec des communautés n’est pas toujours ��vident) à la vision de processus de P.U. qui peut alors appliquer ses principes et méthodologies. Si le nom de Garnier&Garnier vous dit quelque chose, ce n’est probablement pas parce que vous suivez de près l’activité immobilière du Costa Rica, mais peut-être avez-vous juste lu cet article sur les projets qui m’ont occupée à San José.
Opposants
. La municipalité de San José. Si d’autres municipalités se montrent relativement neutres ou coopératives, il semblerait que celle de San José soit plutôt opposée aux pratiques de P.U. Loin de leur faciliter la tâche, ils ont au contraire tendance à mettre des bâtons dans les roues de Pausa Urbana. La recherche de spontanéité et d’auto-gestion de l’espace public sont des principes défendus par P.U. que la mairie josefienne ne partage manifestement pas. . De manière plus générique, les figures de pouvoir dans les communautés, les institutions ayant un ou des intérêts politiques ou économiques sur les territoires travaillés et qui craignent pour la stabilité de leur ancrage comme figure de référence communautaire. Ce sont en général les églises ou les administrations locales. « Dans les communautés, il y a toujours un caillou dans la chaussure. » Ces observations empiriques font un écho intéressant à une étude menée par l’école de géographie de l’UCR sur le lien entre existence/accessibilité ou non d’espaces publics dans un territoire et implémentation et emprise d’églises, en particulier évangéliques, sur ces mêmes territoires. D’après cette étude, moins la communauté a accès à des espaces publics, plus l’ancrage et l’emprise sociale de ces églises sont fortes. L’espace de l’église fait office d’espace public, et celle-ci s’érige alors en centralité très forte de la vie sociale et communautaire.
Questions clefs
Projet caractéristique de Pausa Urbana
À cette question, Mario et Elliot répondent à l’unisson que deux projets très différents représentent P.U. : les TAU (Taller d’Activación Urbana, Atelier d’Activation Urbaine) ainsi que la Noche Vive la Plaza (La Place Vit la Nuit).
1. Les TAU Ce sont des ateliers d’une semaine sur un espace public réunissant sa communauté, le monde académique, des professionnel.les et des artistes. Sont travaillées théorie et pratique à la fois, les participant.es assistant à des conférences et présentations et préparant tout au long de la semaine une activité spécifique, un happening d’activation d’espace public, pour le dernier jour. Les TAU permettent à Pausa Urbana de mettre en pratique ce qui a été expérimenté au cours d’autres projets, ainsi que de renforcer, par des appels à intervenant.es, leur réseau national et international. Bien qu’ils aient lieu sur une semaine, ce sont réellement des étincelles qui allument une dynamique d’activation des espaces travaillés sur le long terme. Il est arrivé plusieurs fois que les TAU se réalisent sur un territoire déjà travaillé quelques années auparavant, ce qui favorise une continuité dans les processus mis en place.
2. La Noche Vive la Plaza Le projet a pris vie un an après le happening de 2009, de manière très organique, spontanée. L’idée est simple : organiser une activité ouverte au public sur un espace... public, plus spécifiquement la Plaza de la Democracia ( « Place de la Démocratie » ) à San José. Mais surtout, organiser cette activité en soirée. Le projet est alors conçu comme un « laboratoire » de l’usage de l’espace public.  « Que se passerait-il si… » ...on organisait des cours de salsa au milieu de la place ? À l’origine organisé tous les 15 jours, l’ampleur que prend La Noche Vive la Plaza et la régularité de l’engagement des collectifs qui s’y investissent permettent depuis 3 ans à Pausa Urbana de faire vivre la Place de la Démocratie une nuit par semaine. C’est 2 de moins que Indochine, mais c’est déjà pas mal. Cette fréquence est assurée par un calendrier régulier prévu à l’année. Mais l’intéressant de l’histoire est que la place vit finalement beaucoup plus de nuits par semaine que cela, puisque d’autres personnes/collectifs/groupes se la sont appropriée aussi ! Par son format, La Noche Vive la Plaza devient un projet très ouvert. Il devient même la fenêtre de Pausa Urbana sur la ville et vers le grand public. C’est un « mélange très inclusif » : beaucoup de gens, d’institutions, de mondes différents se rencontrent à travers les évènements. En particulier, et bien que la relation ne fût/n’est en rien facile, La Noche Vive la Plaza a mis en contact P.U. et des acteurs institutionnels de l’espace public comme le Ministère de la Culture, la police ou, plus localement, le Musée National se trouvant en bordure de la place de la démocratie et qui vertu de quoi la considère plus ou moins comme sienne. La question de la légitimité de cette appropriation de l’espace, et de manière sous-jacente de sa légalité, est un thème crucial dans le projet. C’est même sa raison d’être : revendiquer le droit à l’usage libre et serein de l’espace public. Si vous remontez quelques lignes plus haut, cela fait partie des principes défendus par Pausa Urbana. Ainsi, lorsque Mario mentionne les tensions qu’ils ont pu avoir avec la mairie de San José, il ne nie pas que celle-ci leur a proposé d’accepter leur occupation de la Place de la Démocratie s’ils en faisaient la demande administrative. Mais la ligne du projet est claire : « Demander un permis pour quelque chose que nous considérons comme un droit n’est pas la philosophie. Ce serait plutôt à eux de nous le garantir. » Finalement, c’est à l’usure que P.U. obtient reconnaissance sont plus délogés. La force de l’habitude calme celles de l’ordre. Les activités qui ont lieu sur cette place (type spectacles, cours de danses, etc) sont associées au projet de La Noche Vive la Plaza et rencontrent de moins en moins, voire plus du tout, de difficultés avec la police. Cela lui permet alors de devenir une « plateforme de gestion de projets » : à des collectifs d’artistes qui n’ont pas les capacités (administratives, institutionnelles, bureaucratiques…) de faire les démarches de gestion d’un évènement public, la Noche Vive la Plaza offre un espace accessible pour réaliser leur festival/représentation/évènement de manière plus facile. Et ça tombe bien, parce que « encourager et faciliter l’usage de l’espace public de manière spontanée et sûre », c’est un de leurs objectifs. Bien ouéj les copains.
Les outils qui ont paru le plus efficace
L’art et le jeu, ressortent comme des outils efficaces pour approcher, intéresser et intégrer les individu.es dans les processus communautaires d’appropriation. L’important, dans le discours de Pausa Urbana, restant la construction collective du produit quel qu’il soit, faire en sorte que les gens échangent et partagent. Par exemple, les potagers sont des interfaces qui peuvent très bien fonctionner, mais ils nécessitent, pour s’ancrer, une volonté préexistante de la communauté ainsi que des connaissances, au sein de celle-ci, relatives à l’agriculture. Outre le travail avec la communauté, c’est la force du travail en réseau de la part des « facilitateur.trices » qui est mise en avant comme étant primordiale pour la qualité du travail de médiation. Cela tant pour la capacité de médiation en elle-même (construction des ateliers par des équipes pluridisciplinaires) que pour la capacité à s’adapter aux attentes et besoins qui surgissent au long du processus (appel à des membres du réseau pour répondre à des demandes issues des ateliers et qui n’étaient pas attendues par exemple). Enfin, la gestion de la communication externe est reconnue comme un point clef pour intégrer les habitué.es aux processus en cours, de même que pour visibiliser le travail de P.U. parmi les professionnel.les de l’urbanisme et de l’espace public (oui, c’est vaste). Et pourtant, Mario et Elliot admettent que c’est leur point noir.
Les outils qui ont paru le moins efficace
À l’échelle méthodologique, ce qui ne fonctionne pas, c’est de travailler pour un produit, sans processus. Un produit construit sans processus n’aboutira pas à une activation de l’espace où il est installé, alors qu’un processus sans produit construit peut amener à une activation de l’espace travaillé. De cela découle qu’à l’échelle du projet, il n’y a pas réellement d’outils qui ne fonctionnent pas. Les processus n’étant pas construits sur la recherche d’un produit précis et fixe, l’objectif est bien de s’adapter sur le moment pour coconstruire des activités et solutions qui correspondent aux besoins et attentes de chaque situation. Si un outil ne fonctionne pas, c’est que le processus n’a pas été suffisamment pris en compte.
Les éléments qui permettent d’évaluer qu’un espace est en cours d’activation, ou a été activé
Pausa Urbana n’a pas mis en place d’« évaluation » des processus enclenchés. Cela n’empêche pas que quand elle est lancée, l’activation peut se mesurer de manière empirique. Par exemple, avec la Noche Vive la Plaza, on peut vérifier la réussite du projet en discutant avec les habitué.es : un cuidacaro (personne surveillant les voitures contre une monnaie de la part des conducteurs) de la place disant voir une différence notable dans la dynamique de l’espace depuis qu’a commencé le projet ; ou quand les gens se mettent à défendre elles et eux-mêmes leur accès à l’espace : Elliot raconte avoir été marqué par un participant extérieur à P.U. s’interposant face à des policiers pour réclamer son propre droit à être sur la place et à profiter d’une activité ouverte dans un espace public, y compris de nuit. Quand les habitué.es s’organisent entre elles et eux, sans passer par P.U., pour leurs différentes activités, quand se ressent le « lien vital et quotidien entre les gens et leurs espaces publics », c’est qu’ils ont réussi à engendrer durablement une activation et que l’intervention de Pausa Urbana n’est plus nécessaire. Toutefois, ce sont toujours des processus continus auxquels il faut rester vigilant. « Ce n’est jamais atteint. Ils doivent toujours être entretenus. » (Tiens, on dirait Simone de Beauvoir qui parle du droit des femmes. Comme quoi mes différents intérêts politiques ont leurs - funestes similitudes !)
Que faut-il retenir de cette structure ?
Le concept d’« activation » de l’espace publique. Pour celles et ceux qui ne suivent pas, c’est « le processus de construire, donner un sens et consolider le lien vital et quotidien entre les gens et leurs espaces publics ». La volonté d’agir et travailler de manière organique, spontanée. La transdisciplinarité des personnes impliquées dans les projets. La réussite de la formalisation en deux structures sans perdre le fonctionnement comme collectif.
 Et voilà, c’est l’essentiel de Pausa Urbana ! Il manque sûrement un demi-million de choses et tout pourrait être plus approfondi, mais on avait dit format fiche, alors je m’en tiendrais à ça. Si vous souhaitez aller plus loin, visitez leur page facebook ou leur chaine youtube ! Leur blog n’est pas à jour, mais il y a des articles sur ce qu’ils ont fait il y a quelques années.
En tout cas, mille mercis à Mario et Elliot de m’avoir fait confiance et de m’avoir intégrée aussi vite dans leurs projets, comme à tous ceux que je n’ai pas cité mais à qui je pensais fort en écrivant ces lignes : Ilse, Sylvia, Pamela, Conel… Keur sur vous les copains !
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Transcription des plans réalisés par les voisins le 9 juillet.
By VIDA architecture.
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Expérience costa ricaine. Partie 1 : Le cadre
Le Parc. L’espace public. Le lote – le lot. La parcelle (ce mot est beaucoup trop proche de passerelle pour Maïa, 9 ans, et je visualisais systématiquement un terrain avec au milieu un petit pont au-dessus d’un cours d’eau. 5 ans d’urbanisme ont peiné à venir à bout de cette image). Le terrain vague. Vague parce qu’on sait tou.tes vaguement qu’il est là, sans que personne ne s’en charge, que tou.tes font mine de l’ignorer ? Vague comme une métaphore de son relief, encore non viabilisé par des camions qui le rendront plat et lisse, et alors seulement digne d’être considéré ? Vague parce que ses usages entraînent des débats houleux ? Vague parce que, comme celles des océans, c’est là que finissent les déchets de la zone ou de plus loin ? #Élénasauvelaplanète #WingsoftheOcean. Ou encore vague parce qu’il n’est pas plus facile d’en attraper une entre ses doigts que d’attraper les responsables ou celles et ceux qui occupent ledit terrain ? Le lexique de la vague est pleinement ouvert à toute interprétation, proposez la vôtre avec le #JesuislaVagueduterrain ! (Non, ne le faites pas, ce # n’existe pas et vous aurez l’air idiot.e.) Bon. Cet endroit, au milieu des trois pâtés de maisons, où il n’y a pas de bâtiments pérennes construits, où le chien des voisin.nes vient se dégourdir le matin, ou les adolescent.es viennent réviser le cours de SVT sur la capacité des poumons à contenir des gaz non-sollicités par l’organisme, et celui de chimie sur les dilutions de solutions alcooliques par une solution aqueuse.
Bref, le parc, c’est principalement ce sur quoi j’aurai travaillé à San-José, au Costa Rica, avec Pausa Urbana, aussi dite P.U., la fondation avec laquelle je travaille et qui fera l’objet de tout un article plus tard. Il s’agit deux projets, la Lima et le Sinaí, du nom des quartiers respectifs où ils se trouvent. Les deux présentent des approches et des objectifs tout à fait différentes, des enjeux qui se croisent très partiellement, des cadres radicalement distincts, et c’est ce qui a fait l’intérêt d’être impliquée dans les deux à la fois. Aussi, il faudra être attentif.ves, car je présenterai les deux projets de front, voire croisés, plutôt que l’un après l’autre. Il faudra aussi avoir un peu de mémoire, ou plusieurs onglets ouverts, car pour rendre tout ça plus digeste, leur présentation sera scindée en plusieurs articles : les cadres de chacun des projets, leurs modalités, et enfin leur concrétisation. Ce seront 2 ou 3 articles, selon la longueur des deux dernières parties. Mais bon, il faut encore que je les finisse et tout (par « et tout », entendre « que je les prépare, les rédige, que le comité scientifique les approuve, que celui de rédaction les relisent, et que je les mette en forme sur le blog, que la direction de communication valide la mise en page, que les personnes concernées apprennent le français et me donnent leur avis), alors pour le moment disons que ce sera une surprise, et commençons par le premier.
Expérience costa ricaine. Partie 1 : Le cadre
Entrons en la matière, deux fois deviennent un peu coutume, par une petite remise en contexte. Où cela se passe, pourquoi, pour qui, et par qui.
1.     Où, pour qui et quoi?
Si ces projets sont ceux de la première étape du voyage, San José, ils se trouvent plus exactement autour de San José, l’un dans le canton de Montes de Oca, district de San Rafael, au Nord-Ouest de San José, et l’autre dans le canton de Cartago, peu avant l’entrée dans la ville du même nom, située au Sud-Ouest de la GAM et dont vous avez déjà entendu parler là. Le Sinaí est le nom du premier projet, pour le nom du quartier où il se trouve, de la même manière que le deuxième est désigné comme la Lima puisqu’il se trouve dans le quartier de… la Lima, bravo, vous suivez (et non au milieu de la capitale péruvienne, ce serait peu cohérent). Le quartier du Sinaí est plus proche de San José que la Lima, à peu près à 25 minutes du centre en transport en commun contre environ trois quarts d’heures en voiture, en passant par l’autoroute, pour la Lima.
Le Sinaí est un quartier très populaire, originellement informel et dont une partie des habitations le sont toujours. Si la plupart des maisons sont construites en dur, ce n’est pas le cas de toutes, notamment des plus récentes, construites par derrière la parcelle (vous aussi vous lisez passerelle maintenant ?) sur laquelle nous travaillons et qui correspond tout à fait aux premières lignes de cet article (il y a même un cours d’eau en contre-bas, mais pas de petit pont, malheureusement). Cette parcelle est située en un point stratégique du quartier puisque très centrale, le long de la voie principale, voie d’accès au quartier et axe d’urbanisation initial. C’est de cette voie, et au niveau du terrain, que partent les quelques allées d’extension périphériques. À cette intersection, à l’angle de la parcelle, se passent la plupart des interactions sociales ainsi qu’une part importante du commerce, licite ou non. En effet, la communauté du quartier est sujette à des problématiques diverses type consommation et vente de drogue, mais aussi (et surtout) habitat insalubre, violence intra-familiale, tensions entre groupes évangéliques et autres ambassades chrétiennes, etc. Alors bon, savoir ce qu’il se passe sur ce terrain n’est pas nécessairement une priorité, bien qu’avoir un espace adéquat pour être la scène d’une vie communautaire et du développement d’un sentiment d’appartenance à l’ensemble de ladite communauté aiderait certainement à apaiser pas mal de tensions sociales. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’on est là : l’objectif du projet est de travailler sur cet espace central, géographiquement comme socialement, pour, au-delà de le rendre adapté à un usage de type « placette » plutôt que de type « décharge », s’en servir de tremplin pour l’ancrage d’une dynamique participative plus globale, pour le renforcement d’une cohésion de quartier. Le propos de la démarche est de s’appuyer sur un changement urbain pour atteindre un changement humain. La parcelle aurait plus vocation à être une place qu’un parc en tant que tel, si tant est que ces deux notions s’excluent –je ne crois pas, et on rejoint tout à fait l’idée et les objectifs de l’« activation » d’espace public, terme sur lequel je reviendrai dans l’article consacré à Pausa Urbana.
À la Lima, la logique est différente. La communauté, plus unie, se rapproche plus d’une petite classe moyenne vieillissante sans autant de problèmes socio-économiques et installée dans un quartier relativement serein (je vous passe la légende urbaine de la petite équipe de 21 frères –du même père et de 4 ou 5 mères, vivant dans le quartier informel voisin qui viendrait squatter les parcs la nuit). Le propos serait alors plus d’utiliser une certaine cohésion des habitué.es au profit de l’amélioration de leur cadre de vie, la récupération d’espaces publics progressivement délaissés. De manière vertueuse, cette dynamique de récupération collective en vue d’un usage lui aussi collectif permet à son tour de renforcer la communauté, d’étendre ses liens. En effet, le projet est à cheval sur deux parcs situés à quelques pâtés de maisons l’un de l’autre, et diagnostiqués comme étant de deux « sous-quartiers » différents. Pourtant, c’est à la demande des habitué.es (et à la satisfaction de P.U.) que la récupération sera menée de front sur les deux parcs. Considérant ne former qu’une seule et même communauté et que le travail serait plus intéressant, constructif, fédérateur, s’ils et elles s’y attelaient ensemble, le choix a été fait de tou.tes se pencher sur chacun des parcs. Fonctionner ainsi a alors permis à des habitué.es ne se connaissant finalement pas ou peu de se metter à échanger sur différentes thématiques de leur territoire : usage des espaces publics, emplacement de futures aménités, ou encore sentiment d’appartenance et de sécurité par exemple. L’objectif social est donc présent aussi, bien que moins fort, moins crucial, que l’objectif urbain de réhabiliter ces deux espaces pour les remettre en service, plus précisément à celui de la communauté. Elle pourra alors se les réapproprier au travers de ce processus, ce qui reste le cœur du projet.
2.     Par et avec qui ?
Le premier, le Sinaí, est porté par Mario, membre co-fondateur de Pausa Urbana, mais dans ce cas-là il s’agit de Mario-prof-d’archi-à-la-fac, à l’équivalent de la Nacho locale. Non, je ne parle évidemment pas des chips de maïs que l’on accommode volontiers de guacamole et sur l’emballage desquels les communicant.es persistent à vouloir représenter l’un d’eux (l’un des nachos, pas l’un.e des communiquant.es, ce serait ridicule) déguisé en Mariachi avec une moustache et un chapeau mexicain, je parle de LA Nacho, abréviation affectueuse donnée à l’Université Nationale de Colombie, dite La Nationale, dite La Nacho. J’en conviens, ça porte à confusion et des mexicain.nes auraient probablement trouvé un autre terme. Ou peut-être était-ce bien à l’origine un jeu de mot, qui aura pris une ampleur nationale, mais la question n’est pas là. Son équivalent local paraît être l’Université du Costa Rica donc, qui impose à l’ensemble de ses étudiant.es une participation à un TCU, Trabajo Comunal Universitario – Travail Communal Universitaire. Ce travail pourrait s’apparenter à une initiative étudiante (bisous Lyon2), mais en plus encadrée puisque ce sont des projets proposés par les professeur.es et qui doivent nécessairement, si j’ai bien compris et qu’ils portent bien leur nom, relever de l’implication des étudiant.es dans un travail de groupe au profit d’une communauté. Ceci les distingue de l’initiative étudiante lyondeuxiènne, qui porte elle aussi bien son nom puisqu’il s’agit de la validation de crédits universitaires pour travail non-encadré (« initiative ») et qui relève souvent d’un petit bullshit rédigé la veille de l’échéance à 23h (« étudiante ») à propos d’une activité réalisée 6 mois auparavant ayant un vague (vague parce que flou, souple, approximatif, voire capillotracté) rapport avec votre formation. Mais je digresse. C’est d’ailleurs aussi ce qu’a fait Mario quand je l’ai rencontré en tant que fondateur de P.U. et qu’il me présentait les projets en cours de la fondation. Il s’est étendu à la mention de ses travaux plus académiques et de ses projets au sein de la UCR, parmi lesquels ce TCU. Dans ce cadre, Pausa Urbana n’intervient pas directement en tant que tel, Mario faisant le choix de séparer clairement les projets de la fondation et ceux de l’université, pour des questions d’éthiques, de conflits d’intérêts, tout ça. On ne scandera pas « Rend l’argent ! » (ou du moins « ¡Devuelve la plata! », son équivalent espagnol) quand il sera ministre de l’urbanisme participatif et de l’implication citoyenne dans la gestion de l’espace public, et il ne perdra pas les élections présidentielles pour de basses histoires de détournements de fonds (bisous François. Et rend l’argent, aussi). Mais ça n’en reste pas moins des projets intéressants, et quand le sur-lendemain de cette première rencontre Mario-un-peu-prof-un-peu-P.U. prend le temps de m’expliquer plus en détails, dans les locaux de l’école d’archi de la UCR, ses différentes occupations avec Pausa Urbana comme avec la fac, j’accroche au projet du Sinaí. Oui, je ne sais pas si vous vous rappeliez, mais on était parti de là.
Je travaillerai donc avec des étudiant.es de toutes les filières, architecture, agronomie, communication, droit, économie, etc. Il faut aussi bien sûr travailler avec la communauté (rapport que c’est un TCU, et que je suis là pour ça comme je l’explique sur cette page), et dans ce cas précis, cela signifie travailler avec un certain nombre d’entités qui la composent de plus ou moins de bonne volonté et de manière éclectique, ainsi qu’avec la propriétaire de la parcelle et la mairie (et son lot de politiciens locaux, échéances électorales cantonales proches obliges). Dans cette liste d’acteur.trices centraux.ales, ce qui est bien, c’est que c’est homogène : tou.tes posent problème. Et pour coordonner ce beau monde, il y a Mario, en tant que professeur, et Asocarte, une association de cirque social qui travaille aussi sur le lot depuis un certain temps, avec le soutien mitigé de la mairie et l’engouement essentiel des enfants. Pour ce qui est des politiciens, on est globalement dans un bon vieux schéma populiste : « Tiens, les élections approchent, allons dire à ces braves gens qu’il.elles doivent me faire confiance, voter pour moi, et je défendrai avec dévotion leur quartier en y construisant par exemple un poste de police à l’entrée pour résoudre l’insécurité, et que cette mission sera ma priorité, mon leitmotiv, l’objectif de mon mandat, ma raison de me lever le matin. Le fait que j’ai déjà plusieurs mandats à mon (in)actif sans jamais me préoccuper d’elles et d’eux et que la construction dudit poste de police ne relève pas de mes compétences passeront sûrement inaperçus. ». La propriétaire, elle, semble avoir réapparu il y a peu. L’ayant longtemps laissé à l’abandon, elle veut depuis quelques temps vendre son terrain, constitué en partie du lot concerné par le projet mais s’étendant considérablement par derrière. Pour cela, elle le découpe progressivement en plus petites parcelles qu’elle a commencé à vendre séparément et dont certaines ont d’ores et déjà été construites. Ce qui fait évidemment douter la communauté de la pertinence de s’investir dans un projet sur ce terrain, où ils s’imaginent une urbanisation prochaine dans la continuité de ce qu’ils observent dans leur quartier et en particulier autour ou sur ledit terrain. Ce scepticisme combiné au contexte géo-socio-économique précédemment évoqué, on obtient inévitablement un processus de mobilisation long. Et qui dit processus long, dit processus tout à fait adapté à des étudiant.es ! Héhé, comme je suis drôle. Oui parce qu’en fait non, ce n’est pas adapté du tout. D’une part, les calendriers et formats de travail étudiants n’ont rien à voir avec ceux du terrain. D’autre part, la motivation et la priorisation de l’étudiant.e sont bien souvent indexées sur l’importance de la note, et je crois déceler dans le cas présent que cette note ne compte pas démesurément. Rajoutez à cela le fait qu’il.elles ne se connaissent pas spécifiquement au dehors du TCU, qu’il.elles ont parfois un boulot à côté ou que les interventions sur le terrain se font principalement en weekend, et vous aurez une idée de pourquoi la communauté a un peu de mal à confier en elles et eux, en leur investissement, en la continuité du projet (et moi aussi).
En parallèle de tout ça (enfin disons à côté, car ces deux projets ne suivent pas de trajectoires fixes, et encore moins semblables), il y a le projet de la Lima. Enfin les projets, puisque comme précisé plus haut le travail se réalise sur deux parcs du même quartier, en banlieue de Cartago. Il est mené par Elliot, le deuxième co-fondateur de Pausa Urbana, et fait cette fois pleinement partie de la fondation. Elle se positionne comme prestataire de service auprès de Garnier&Garnier, l’aménageur de la Zone Franche qui jouxte le secteur et qui travaille depuis plusieurs années avec les communautés alentours (l’aménageur, pas la ZF. Hum, comme ce petit fumet de paternalisme chatouille les narines !). J’assiste ici à un projet soutenu par une entreprise avec pas mal de fonds et dans un quartier où la mairie est plutôt disposée à aider. Les terrains sont depuis longtemps reconnus comme des parcs, même s’ils sont fermés, et appartiennent à la collectivité. Ils ont déjà bénéficié d’une gestion collective par le biais d’un comité de voisin.nes, et la plupart d’entre elles et eux se rappellent avec regrets le temps où ces espaces servaient à tou.tes d’espace de sociabilisation et de récréation. Bref, ça sonne un peu mieux, comme cadre. Dans ce projet, l’équipe des « médiateur.trices », appelés « facilitateur.ses », est constituée d’un bien plus petit groupe de 3 professionnel.les : Elliot, le porteur du projet, architecte/urbaniste ; Ilse, anthropologue ; et Carlos, dit Conel, artiste plasticien. Autant dire que les réunions sont beaucoup plus dynamiques, plus efficaces, plus motivantes. De ce point de vue là encore, ça sonne mieux.
Voilà, dans les grandes lignes, le contexte dans lequel s’ancrent chacun des projets dans lesquels je m’implique pendant mon étape à San José. Viendront des explications sur leur déroulement, les processus mis en place, les activités réalisées, etc.
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Expérience bogotanaise. Partie 1 : Le cadre
     Un an et demi avant ce voyage, là où a germé l’idée de ce projet. Un pays, la Colombie. Une métropole, Bogotá. Un arrondissement – localidad -, Los Mártires. Un collectif, TUBogotá. Puisque TUBogotá s’inscrit parfaitement dans l’exploration qui sera menée ici, puisque ce collectif en est même, pour parti, à l’origine, commençons par lui.
Le nom de TUBogotá vient de la combinaison des initiales de Taller Urbano Participativo – Atelier Urbain Participatif – et du nom de la ville de Bogotá, en superposant le P de Participativo et le B de Bogotá. TUBogotá est un collectif réunissant des praticien.nes, des universitaires, des étudiant.e.s, mais aussi et surtout des habitué.es du territoire. L’objectif est d’implanter une logique participative dans les travaux d’urbanisme et d’aménagement de l’arrondissement de Los Mártires à Bogotá, au travers de nombreux projets croisant les domaines du culturel, de l’environnemental et du spatial. La méthodologie de TUBogotá se base, comme son nom l’indique, sur des ateliers réalisés avec les habitué.es de Los Mártires. La notion « d’habitué.es » - habituado.as -, proposée par la fondatrice du collectif, répond à l’absence de terme adaptés désignant ceux qui sont habitué.es à un territoire de manière plus large que les seul.e.s habitant.e.s.
Ce triptyque d’articles, reconstruit à partir du rapport de stage qui a suivi l’expérience de terrain, relate la situation en juillet 2017.
Expérience bogotanaise. Partie 1 : Le cadre
 1.     Contexte géographique et social
L’arrondissement (littéralement « localité » – localidad –) de Los Mártires (Les Martyrs) est le 14ème de la ville de Bogotá en terme administratif, mais fait partie de ce qui est considéré comme le « centre historique élargi » de la capitale. Il est en effet gorgé d’histoire et de patrimoine tant pour la ville que pour le pays, et ce jusque dans son nom : la référence est faite aux martyrs colombiens assassinés sur l'une des places de l’arrondissement pour lutter contre l’emprise de l’Espagne sur leur pays. Composé de 21 quartiers, sur une surface de plus de 650 hectares, l’arrondissement est délimité par 4 avenues très structurantes pour la métropole. Sa très grande proximité avec le centre historique, ainsi que sa forte insertion dans le réseau de mobilité à l’échelle de la métropole, en font un emplacement stratégique pour Bogotá. Pourtant, à part ce point de vue historico-géographique, les autres indicateurs dressent un portait plutôt noir de ce territoire (ces données sont issues de discutions avec les habitué.es et praticien.nes de TUBogotá) :
-          Aspects sociaux-économiques
Forts contrastes économiques entre les quartiers ; existence de micro-territoires dominés par les trafics diverses et  présence d’une zone de tolérance pour la prostitution ; forte concentration d’habitant.e.s de rue ; réceptacle de déplacé.e.s colombien.ne.s se réfugiant de la guerre civile et en quête d´opportunités vers la capitale ; etc.
Cependant, si les habitant.e.s font en général parti des couches moyennes et basses de la société colombienne, le commerce de gros et de détail est très présent dans le centre du territoire, et il existe des quartiers à la vocation industrielle très importante.
-          Aspect démographique
Il est très difficile à appréhender en l’absence de chiffre récents et fiables, mais on estime la population résidente à un peu moins de 100 000 habitant.e.s (98 000 personnes environ). En revanche, les autres habitué.es et la population « flottante » quotidienne (clients des commerces principalement) peuvent atteindre le million de personnes, dû au caractère commerçant très prononcé du territoire !
-          Aspects urbains
Il y a un délaissement complet de la majorité du territoire par les pouvoirs publics et les mêmes habitué.es ; gestion des déchets très mal coordonnée ; édifices non entretenus, y compris les bâtiments patrimoniaux ; routes et espaces publics en général non entretenus non plus ; taux d’arborisation par habitants en deçà du mètre carré par habitants, le plus bas de la ville ; mobilité interne très mauvaise. Si, à l’échelle de la métropole, le secteur est traversé par un axe majeur du Transmilenio, le mode de transport en commun de masse de Bogotá, celui-ci entraîne à l’échelle locale de forte fractures urbaines et sociales.
 Les intérêts économiques conséquents qui s’ancrent dans Los Mártires, la pression sociale forte, le délaissement urbain qui caractérise le bâti et l’espace public, etc., sont autant de raisons qui expliquent le très fort processus de rénovation urbaine, violent tant physiquement que socialement auquel est actuellement soumis le territoire. Les tensions sont très vives entre les habitué.es propriétaires, les habitué.es habitant.e.s, les habitué.es habitant.e.s de rue, les promoteurs, et la Empresa de Renovación Urbana (« Entreprise de Rénovation Urbaine », équivalent de l’ANRU française dans ses grandes lignes, à l’échelle de la métropole).
C’est dans ce contexte pour le moins délicat que TUBogotá tente de faire valoir la voix des habitué.es pour encourager leur sentiment d´appropriation et de responsabilité envers leur territoire, et leur permettre d’influencer en leur faveur les aménagements futurs et la gestion actuelle de leur territoire.
 2.     Membres actifs de la structure
Depuis ses débuts en septembre 2015, le collectif a connu plusieurs phases selon les projets en cours, les partenariats enclenchés et les effectifs mobilisés. Le cœur du collectif est formé d’une équipe active sur tous les fronts mais souvent changeante, appuyée par tout un réseau d’habitué.es, d’universitaires et de praticien.nes plus stables mais impliqués plus ponctuellement.
-          Le cœur du cœur du collectif
María, architecte de formation initiale et réalisant actuellement une thèse doctorale en urbanisme, est la fondatrice de TUBogotá. C’est la membre la plus stable de l’équipe, la figure de référence pour les habitué.es et les interlocuteurs institutionnels.
-          Les stagiaires
Les autres membres investis à « temps pleins » dans le collectif et ses projets sont en générale des stagiaires, qui occupent un rôle primordial dans le collectif et mettent en œuvre les projets sur le terrain avec la fondatrice, qui coordonne et garde le contrôle sur les projets.
-          Les volontaires
Autour de ce cœur d’équipe, des volontaires spécialisés dans différents domaines apportent leur soutien de plusieurs manières. Soit ponctuellement mais sur l’ensemble des projets en cours (photographie ; communication et webdesign ; prêts d’espaces pour réaliser les ateliers), soit sur un temps long mais sur un point précis (reconstitution des migrations vers le territoire et le projet d’un institut des migrations ; mise en place d’un crowfunding ; etc.).
En plus de ces volontaires praticien.nes, il arrive que des volontaires étudiants, investis à hauteur de quelques heures par semaines, se concentrent sur l’axe recherche des travaux de TUBogotá.
-          Les habitué.es
Enfin, le troisième cercle est constitué des habitué.es. Revenons donc sur cette notion, proposée par María.
La posture d’habitants, souvent utilisée dans les processus participatifs, exclue d’autres groupes qui ont l’habitude du territoire. La notion d’habitué.es renvoie à tous ceux qui ont « l’habitude » du territoire : les habitants (qu’ils soient de rue ou qu’ils aient un domicile fixe), mais aussi les commerçants, les industriels, les propriétaires, les travailleurs, pour les habitué.es les plus classiques. Ce sont tous les groupes qui ont une connaissance propre et quotidienne du territoire puisqu’ils le fréquentent régulièrement, profitent de ses aménités ou subissent ses défauts. Ils ont ainsi leur propre appropriation de l’espace et peuvent prétendre à participer à son évolution. Tous ceux-ci forment ce grand groupe des « habitué.es » d’un territoire, qui doivent chacun être pris en compte pour permettre un urbanisme réellement adapté aux besoins de l’ensemble de ceux pour qu’il est fait. Par contre, on ne peut intégrer à la notion d’habitué.es les visiteurs occasionnels (touriste, clients, les fonctionnaires en rotation, etc.) par exemple, qui font partie de la « population flottante » d’un territoire.
Dans le cadre de TUBogotá, s’ils sont constamment au centre des processus de chaque projet, à quelques exceptions près, leur investissement se limite à leur propre projet, sans beaucoup de perméabilité entre les quartiers par exemple. Bien que TUBogotá soit présent dans l’ensemble du territoire, et que certains projets s’ancrent de façon transversale sur tout le l’arrondissement, la gestion reste encore principalement délimitée à 6 des 21 quartiers (Voto Nacional, La Estanzuela, Panamericano, Santa Isabel, La Favorita et Santa Fe.).
 Le cœur actif du collectif, les volontaires ponctuels et spécifiques, les habitué.es, sont donc les différents acteurs de TUBogotá en interne. Cependant, le fonctionnement du collectif et la réalisation des projets nécessite aussi des partenariats extérieurs.
 3.     Interlocuteurs extérieurs
Il y a de nombreux interlocuteurs avec qui TUBogotá est en relation, voudrait être en relation, ou devrait être en relation, mais tous n’ont pas la même attitude vis-à-vis de la démarche entreprise par le collectif. Le travail réalisé se construit de fait à travers une approche très politique de la conception de l’urbanisme (si tant est qu’il existe des approches qui ne le soient pas) et les relations peuvent être difficiles, notamment avec les services municipaux ou métropolitains, bien que ce ne soit pas systématique. Un réel jeu de diplomatie doit être organisé au sein du système d’acteurs de l’urbanisme bogotanais pour ne pas compromettre les membres du collectif ni mettre ses partenaires en porte-à-faux face à d’autres structures avec lesquelles ils doivent travailler de leur côté.
Parmi les partenaires effectifs, tous n’ont pas le même rôle, la même implication dans la réalisation des projets entrepris. Dans les faits, les partenariats les plus dynamiques actuellement sont :
-          Apoyo Urbano
L’association a permis la venue de quatre stagiaires, dont les trois dernières, et par là le fonctionnement du collectif sur le dernier semestre.
-          Les universités : la Jorge Tadeo Lozano, la Piloto, et l’ENSA de Nantes.
Ces deux universités privées de Bogotá incluent dans certains cours optionnels de leur formation d’architecture un travail avec TUBogotá en fonction des projets en cours et de la coordination possible avec les attentes universitaires du cours. Le soutien consiste principalement en recherche d’informations historiques et de terrain, à la réalisation d’un diagnostic urbain, socio-économique et environnemental de Los Mártires et de la frise chronologique du territoire, à la création de la maquette de l’arrondissement à l’échelle 1/750. Avec l’ENSA (Ecole Nationale Supérieure d’Architecture) de Nantes, ils ont également réalisé une exposition mettant en valeur le patrimoine existant dans le territoire.
-          ASIPROCOP (Asociación Industriales, Propietarios y Comerciantes del barrio Panamericano)
C’est une association des propriétaires et commerçant.e.s du quartier Panamericano de l’arrondissement. Déjà bien active avant l’arrivée de TUBogotá sur le territoire, l’association sert de tremplin local pour les projets proposés par TUBogotá, comme le collectif lui sert d’appuie lors d’interface avec les institutions. D’autres association de ce type existent sur le territoire et travaillent aussi avec TUBogotá, comme la ASOEstanzuela.
-          Certaines_ Junta de Acción Comunal_ - Union d’Action Communale –
Ce sont les équivalents des conseils de quartiers, qui prêtent en général plus leur image que leur appuie sur le terrain. Ce sont les instruments théoriques de démocratie représentative locale. Parmi les 21 JAC, les niveaux de collaborations sont très variés, allant de la complication volontaire des projets de TUBogotá au prêt quasi-systématique de salle pour la réalisation d’atelier, en passant par l’absence complète de contact.
-          Des recycleurs indépendants.
Parmi les projets de TUBogotá, la conscientisation des habitué.es quant à leur propre rôle dans la propreté de leur territoire et la gestion des déchets amène le collectif à mettre un pied dans le monde du recyclage en créant des partenariats entre habitué.es et des recycleur.se.s indépendant.e.s ou constitué.e.s en associations, souvent des femmes, qui font de la récolte de déchets sur le mode du porte-à-porte et offrent une alternative humaine à la gestion des déchets, leur trie et leur recyclage.
-          Le Jardin Botanique de Bogotá
Leur aide a été tant matérielle que professionnelle (atelier d´agriculture urbaine, dons de terre, entretiens avec des étudiants, initiatives d’agriculture urbaine, etc.).
-          Le secteur privé (Chambre du commerce, fondations, etc.)
TUBogotá a pu trouver, dans le secteur privé, certains soutient qui prennent diverses formes : prêt de matériel ; contact des entreprises du territoire ; communication des projets ; conseils juridiques ; soutien financier ; etc.
 En plus de ces partenaires « positifs », qui restent des éléments moteurs des projets malgré les difficultés rencontrées, il y a des interlocuteurs plus compliqués à appréhender. Il s’agit en général des structures publiques, rattachées à la mairie de Bogotá. Par exemple, les relations entre la ERU - Empresa de Renovación Urbana - (la Société de Rénovation Urbaine, qui met en place les plans d’aménagement et d’urbanisme pour la mairie de Bogotá) et TUBogotá sont délicates, ponctuées par des interactions cordiales mais peu constructives au sens propre comme au sens figuré.
 La multiplicité et la complexité des acteurs sont donc des éléments principaux à prendre en compte lors de la mise en place de projets, entraînant avec une « diplomatie » nécessaire à certaines relations qui pourraient facilement mener à des tensions.
 Cette présentation globale de l’arrondissement dans lequel s’inscrit TUBogotá et des acteurs qui gravitent, de près ou de loin, autour de ses actions, constitue le premier des trois articles sur ce collectif. Les deux prochains feront état de manière plus approfondie des projets de TUBogotá, de son positionnement dans l’urbanisme bogotannais, ainsi que de la mise en place concrète de ces projets.
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Como lo prometí, en la fiche récap #3, Noémie realizó un montaje muy chévere de la entrevista que hicimos con Dulce de la fundación Urbanismo Social. Lo cierto es que quedó mucho más entretenido que una tabla excel. Que lo disfruten!
Comme promis dans la fiche récap #3, Noémie a fait un très chouette montage de l’entretien que nous a accordé Dulce, de la fondation Urbanisme Social. Il n’y a pas à dire, c’est plus captivant qu’un tableau excel. Bon visionnage !
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Fiche récap. #3 - Fundación Urbanismo Social.
/!\ Por primera vez en este blog, propongo la presentación de una organización en francés Y en español. Espero que haya unos lectores hispanohablantes que lo disfrutarán. Por razones de coherencia, los ejemplos y las referencias culturales fueron adaptados.
/!\ Pour la première fois sur ce blog, je propose la présentation d’une structure en français ET en espagnol. J’espère que ceux qui veulent travailler leur espagnol en profiteront pour s’exercer ! Mais n’apprenez pas à traduire Paris par Bogotá, les exemples et références culturelles ont été adaptées.
Con la fundación Urbanismo Social, pudimos asistir y apoyar a dos actividades de recolección de información con ciudadanos para orientar la programación de un proyecto de infraestructura urbana. Una de estas fue en un colegio, y la otra en un centro diurno de adultos mayores, dónde se reunieron representantes de muchos grupos/colectivos/asociaciones de adultos mayores. Dulce, coordinadora social en carga del proyecto, tomó el tiempo de presentarnos la Fundación. ¡Muchas gracias a ella! Esta presentación sintetizada será complementada por un video en los próximos días, mientras Noémie acaba de montarla. (Porque ahora sí somos las dos en el proyecto, y es muy chévere.)
Avec la Fondation Urbanisme Social, nous avons pu assister et apporter notre aide à deux activités de collecte d’information auprès de citoyens pour orienter la programmation d’un projet d’infrastructure urbaine. Une de ces activités a eu lieu dans un collège, et l’autre dans un « centre d’accueil journalier de personnes âgées », où se sont réunis des représentants de nombreux groupes/collectifs/associations de personnes âgés. Dulce, coordinatrice sociale du projet, a pris le temps de nous présenter la Fondation. Merci beaucoup à elle ! Cette présentation synthétique sera complétée par une vidéo dans les prochains jours, le temps que Noémie finisse le montage. (Oui parce que nous sommes maintenant deux sur le projet, et c’est fort sympathique.)
En español:
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* Pequeño punto administrativo, por el cual agradecemos a Lucile Richard: el periodo de la dictadura de Pinochet dejó marcas muy fuertes en todas las escalas del país, incluso en términos de administración. Chile sigue siendo profundamente centralizado y todas las decisiones se toman al nivel el gobierno nacional, que controla los gobiernos locales. Con respeto a los niveles territoriales, el sistema es opuesto al francés, que llamamos el “mil hojas administrativo” (no somos el país de la comida sin razones, hasta nuestra administración tiene nombre de pastel). En Chile solo tienen Estado – Región (de las cuales los presidentes siguen elegido a dedo por el presidente del país) – Comuna. Hasta hace muy poco, no existían figuras administrativas que agrupa comunas, o departamentos por ejemplo. Por lo cual ciudades como Santiago (de Chile y no de Compostela, por los del fondo que no están concentrados) no tenían un gobierno a su escala, las comunas que componen su área urbana no eran unidos en una colectividad única. Pero la ciudad conoció una expansión muy importante en un periodo de tiempo muy reducido, tipo siglo o incluso menos, medio-siglo. Es un poco como si, en Bogotá (uno no se deshace de sus referencias, perdón por los no-colombianos), las localidades “periféricas” como Usaquén o Usme no habían sido integradas a la ciudad de Bogotá y que cada alcaldía local era totalmente independiente las unas de las otras, teniendo por único nivel territorial superior el gobierno de Cundinamarca (suponiendo que Cundinamarca incluyera al territorio de Bogotá). Pensándolo, este funcionamiento tendría la ventaja de sacar del paisaje a nuestro querido Peñalosa pues no tendría ningún cargo y no lo lamentaríamos. Así que, para estar precisa, no vivimos en Santiago como tal sino en la comuna de Recoleta, y la mayoría de nuestras actividades tuvieron lugar en Providencia, la comuna vecina. En Santiago, nos comimos un helado en la Plaza de Armas el primer domingo pensando en volver seguido para dibujar y desde entonces, nada. (Bueno exagero, también estuvimos para tomar un jugo con Francisco, del cual volveremos a hablar en detalle más luego en un artículo propio, hay un tiempo para todo.) A pesar de eso, el país se encuentra en este momento en un proceso de descentralización, por tan largo que sea. Una ley en específico fue modificada hace muy poco -un par de años no más, la ley LOCGAR (por Ley Orgánica Constitucional en Materia de Gobierno y Administración Regional) y recompone el paisaje administrativo y ejecutivo. En efecto, dos cosas cambiaron: . Por una parte, los presidentes de Región van a ser elegidxs y por eso independientes de las orientaciones del ejecutivo nacional. Un poder y una autonomía tremendamente cambiados, los podemos adivinar. . Por otra parte, las regiones en las cuales existen grandes centros urbanos (Santiago, Valparaíso, para dar las más famosas) pueden crear “gobiernos metropolitanos”, nuevas colectividades que arman estos territorios de un gobierno a escala del área urbana. El Gobierno Metropolitano de Santiago por ejemplo y para volver al tema original, ya fue creado y funciona. La fundación trabaja con él, en específico en el proyecto al cual participamos a nuestra pequeña escala. (Los más precisos se preguntarán si este ejecutivo también será elegido, lo que no sé. Si me aventuro en el análisis de los nuevos textos de ley chilenos, les aviso, pero no estoy segura de tener el ánimo que tuve en Colombia para explorar el detalle de los textos jurídicos. Un abrazo a María, espero que pudiste sacarte de todas estas leyes/decretos/otros!)
En français :
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** Petit point administratif, pour lequel on remercie Lucile Richard : la période de la dictature de Pinochet a laissé de très fortes marques à toutes les échelles du pays, y compris administrativement. Le Chili est extrêmement centralisé, toutes les décisions se prennent à l’échelle du gouvernement national, qui a un très fort contrôle des gouvernements locaux. En termes d’échelon territorial, on est sur un système opposé à notre bon vieux mille-feuilles français : État – Régions (dont les présidents sont encore, jusqu’à la fin de leur mandat actuel, désignés par l’exécutif) – Commune. Jusqu’à très récemment, pas de collectivités intercommunales, et encore moins de départements par exemple. Ainsi, des villes comme Santiago (la capitale, pour ceux du fond qui ne suivent pas) n’avait pas d’entité gouvernementale à son échelle et les communes qui composent son aire urbaine n’étaient pas unies dans une collectivité englobante. Or, la ville a connu une expansion très importante sur une période de temps très réduit, de l’ordre du siècle voir du demi-siècle. C’est un peu comme si, à Paris (prenons un exemple qui parle à Noémie), les arrondissements « périphériques » n’avaient pas été intégrés à la ville de Paris, et que chaque mairie d’arrondissement était tout à fait indépendante l’une de l’autre, n’ayant pour échelon territorial supérieur que l’Île-de-France. Hidalgo Démission serait un slogan absurde puisqu’elle n’aurait même pas de poste et que personne n’aurait réussi à piétonniser les berges. Ainsi, concrètement, nous n’avons pas vécu à Santiago mais dans la commune de Recoleta, et la plupart de nos activités se sont déroulées dans la commune limitrophe, Providencia. À Santiago, nous avons mangé une glace sur la Place des Armes le premier dimanche en se disant « on reviendra souvent se faire des séances de dessins urbains », et depuis, pinpin. (J’exagère, nous avons aussi bu un jus avec Francisco, dont nous reparlerons plus longuement à l’occasion d’une fiche dédiée. Il y a un temps pour tout.) Toutefois, le pays est en ce moment dans un processus de décentralisation, aussi long soit-il. Une loi en particulier a été mise à jour très récemment -on parle d’une paire d’années pas plus, la loi LOCGAR (pour Ley Orgánica Constitucional en Materia de Gobierno y Administración Regional, je ne traduis pas), qui recompose beaucoup le paysage administratif et exécutif. Deux choses en effet ont changé : . D’une part, les président.es de Région seront à présent élu.es, et donc indépendant.es du bon vouloir de l’exécutif national. Un pouvoir et une autonomie immensément chamboulée, on s’en doute. . D’autre part, les régions contenant des grands centres urbains (Santiago, Valparaiso, pour citer les plus connus) peuvent créer des « gouvernements métropolitains », nouvelles collectivités qui dotent d’un gouvernement à l’échelle de l’aire urbaine ces territoires. Le Gouvernement Métropolitain de Santiago par exemple, et pour revenir à la question d’origine, a déjà été créé et est en fonctionnement. La fondation travaille avec eux, notamment sur le projet auquel nous avons participé à notre petite échelle. (Les plus pointilleux se demanderont si cet exécutif aussi sera élu, ce à quoi je n’ai plus la réponse. Si je me plonge dans l’analyse des nouveaux textes de loi chiliens, je vous tiens au courant, mais je ne suis pas sûre d’avoir mon courage colombien pour aller explorer le détail de ces textes. Bisous à María, j’espère que tu t’en es sortie de tous ces articles/décrets/autres !)
Bueno es fue por la presentación de la Fundación Urbanismo Social, una de los más de 10 encuentros que hicimos en Santiago. Si nos ponemos las pilas y que me vuelvo más juiciosa con este blog, pronto tendrán las fichas de los demás, y detalles lo que estuve haciendo en Colombia. Porque si me quedé callada durante unos 3 meses y pico, no es por estar tomando cocktailes en el Amazona sino que estuve muy activa en Colombia, que fuese Medellín o Bogotá, y luego en Santiago de Chile. ¡Así que pronto les cuento más de lo que hice!
Voilà pour la présentation de la Fondation Urbanismo Social, une des plus de 10 rencontres que nous avons faites à Santiago. Si on s’active et que je redeviens plus sérieuse avec le blog, vous aurez bientôt les fiches des autres, et les détails de ce que j’ai fait en Colombie. Car si je suis restée silencieuse pendant plus de 3 mois, ce n’est pas parce que je prenais des cocktails sur l’Amazone, mais bien que j’étais occupée en Colombie, que ce fusse à Medellín ou Bogotá, et puis à Santiago du Chili. Je vous raconte donc bientôt ce que j’ai fait !
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Fiche récap. #1 - Semillas: arquitectura en comunidad.
Le 30 octobre se clôturait à San José le mois de Octubre Urbano par la présentation du projet d’Observatoire de l’Espace Public, porté par Semillas: Arquitectura en comunidad et appuyé de nombreux autres acteurs académiques, associatifs et civils, ou encore appartenant à l’administration publique. L’objectif de l’OEP est de créer une base de données, d’avoir une connaissance de l’état de l’Espace Public costaricain systémique, globale, et ainsi permettre une prise en charge de ces espaces de manière plus adaptée qu’actuellement, où l’absence d’information pèse sur la gestion des espaces publics.
Le lendemain, je rencontrai Diego, membre depuis deux ans de Semillas, pour qu’il me parle d’eux.
Si j’avais essayé de rentrer en contact avec Semillas depuis mon arrivée à San José, sur les conseils de Mario (de Pausa Urbana, si vous suivez), les échanges n’avaient pas pu aboutir à une rencontre. La présentation de l’OEP était donc l’occasion de discuter avec eux et d’obtenir au plus vite une rencontre, mon départ approchant à grands pas. J’écris d’ailleurs ces lignes depuis Bogotá, mais cela tient plus de ma capacité à la procrastination que de questions de calendriers. Il me semble important de noter que la position de Diego comme membre « récent », mais surtout son parcours (après des études d’administration, il travaille aujourd'hui pour la mairie de San José et s’investit sur son temps libre dans les projets de Semillas) impacte nécessairement son point de vue et les thèmes que nous aborderons le plus au cours de l’entretien. Ainsi, l’explication du modèle légal et financier prenait plus facilement le pas sur la description des projets architecturaux réalisés, et toute la partie ayant trait à la recherche menée par l’association a été assez peu abordée, à l’exception du sus-cité Observatoire qui permettra à Semillas de se maintenir et de se pérenniser mais qui n’est pas l’objet de cette fiche, alors que  .
Voici donc les grandes lignes qui pourraient décrire Semillas: Arquitectura en comunidad. De par le format synthétique, mais surtout puisque ma vision et mes connaissances sur la structure sont très limitées, cette fiche est nécessairement réductrice de l’action et la portée de Semillas. Toutefois, si certaines choses ne sont pas claires du tout, je pourrais toujours essayer de répondre à vos questions en commentaires. Mais surtout, je vous renvoie à leur site, qui bien qu’en espagnol, pourra aider à une compréhension plus complète de Semillas. Vous pouvez aussi les retrouver aussi sur leur page facebook ou leur instagram.
Nom de la structure
Semillas: Arquitectura en comunidad (Graines : Architecture en communauté)
San José, Costa Rica
Principes défendus
Les communautés ont le droit, la légitimité, et la capacité à faire partie des processus politiques de décisions publiques de manière continue et quotidienne.
Objectifs
- « Promouvoir la participation citoyenne depuis le territoire le plus concret, basique : le quartier. Si nous arrivons à conscientiser la communauté sur son pouvoir depuis ce territoire, un changement politique est possible. » - Inciter à une forme quotidienne de l’expression politique de la communauté, ainsi qu’à la conscience de sa propre capacité d’action. - Mobiliser la communauté.
Date de début
Courant de l’année 2013
Origine et évolutions
Créé à l’occasion d’un travail de groupe de plus de 20 étudiants en architecture à l’Université du Costa Rica, le projet de Semillas s’est progressivement transformé en un collectif agissant hors du cadre universitaire. Au cours des deux dernières années, le groupe a vu s’investir des personnes extérieures à l’architecture en parallèle du désengagement de certains co-fondateur.trices, et cherche à se formaliser sous format d’association.
Type de structure
A été longtemps non-institutionnalisée, mais pour pouvoir s’auto-gestionner et être plus autonome, est en cours de formalisation en association.
Membres actuels
Autour de 15 personnes : surtout des architectes (entre 10 et 12), mais aussi des personnes spécialisées en : économie (1), administration publique (1), géographie (2).
Cadre de travail
Semillas ne travaille que dans des cadres où l’institutionnalisation est en règle. Ils n’interviennent qu’auprès des ADI correctement formées. Les ADI sont les Association de Développement Intégrale, les structures officielles formées à l’échelle du quartier et destinées à la gestion des problématiques locales. La volonté de ne travailler que dans le cadre de partenariat avec ces structures vient de la recherche d’une formalité dans les actions de Semillas, pour ne pas avoir à gérer des conflits de réglementations. « Ici, nous avons des normes pour tout. »
Cela permet aussi de s’appuyer sur les réseaux de ces communautés déjà organisées, de faciliter la communication autour des processus en cours.
Méthodologie
La mise en place d’un projet suit un processus bien établi.
0. Arrivée sur les projets par bouches à oreilles : les communautés avec lesquelles Semillas a travaillé les recommandent à des connaissances.
1. Visualisation. Semillas vérifie que la communauté est bien formalisée par une ADI, et que l’espace concerné par le projet est bien sous la juridiction de celle-ci, de propriété municipale, etc. « Que tout soit en ordre. »
2. Définir/créer/comprendre quel est « l’imaginaire » du quartier. Se réalise un travail sur l’identité du quartier, l’appartenance qu’y éprouvent les membres de la communauté. Ces temps sont aussi mis à profit pour de la formation à la citoyenneté. Cette étape s’étend sur plusieurs sessions qui s’articulent autour de thèmes comme : .« Qu’est-ce que mon quartier ? », plus orienté vers un travail graphique et représentatif ; .« Qu’est-ce que nous pouvons faire pour le quartier », plus orienté vers de la capacitation, responsabilisation, etc. Ici peuvent commencer à se former des mobilisations collectives pour dégager un budget pour le projet par exemple.
3. Dessin de l’avant-projet. Se traduit sur papier les éléments récoltés sur les premières sessions.
4. Construction du projet. La construction se fait avec la communauté, les membres de l’association, ainsi que des volontaires.
5. Évaluation du travail réalisé par les personnes concernées.
6. Suivi du projet au travers de conversations, enquêtes, etc.
Modèle économique
Pendant longtemps, l’investissement personnel se fait de manière totalement volontaire par les étudiants (puis professionnels), en temps, énergie, etc. En arrivant, Diego impulse un changement de cap par la coordination avec le secteur privé : au Costa Rica, les entreprises doivent soutenir à hauteur de certaines sommes des projets de « responsabilité sociale et entrepreneuriale » ainsi que du temps de volontariat de la part des salariés. En leur proposant de la « vente de service », Semillas propose à des entreprises d’investir ces fonds et ce temps de travail, et ainsi de répondre à leurs obligations légales en passant par le financement des projets et des constructions de Semillas. De plus, Semillas est en relation avec Dinadeco, une structure qui aide à canaliser les fonds gouvernementaux vers les ADI. Toutefois, ce nouveau modèle économique ne permet toujours pas une rémunération des membres de l’association.
Attention, ce changement de cap et cette rigidité administrative ne semblent pas faire l’unanimité au sein de Semillas, et le fait que l’entretien ait été réalisé avec Diego implique, comme toujours, une grande partialité dans les propos récoltés et la vision présentée. Il a lui-même insisté sur sa responsabilité dans le changement de fonctionnement et dans la transition vers une “commercialisation” du “produit” Semillas, mais aussi sur les débats internes que cela a pu enclencher et la réticence de certains membres à effectuer cette transition. Enfin, la communauté se mobilise en interne pour récolter des fonds par des actions propres (ventes, kermesses, etc).
Partenaires
ADI, entreprises (locales en général), Dinadeco, autres structures ou associations, comme Pausa Urbana
Opposants
Pas d’« opposants » particuliers relevés par Diego.
Questions clefs
Projets phares, représentatifs
Les projets sont très divers. Un exemple représentatif de travail d’espace public serait celui de Los Geranios : un travail de médiation entre les communautés de deux quartiers pour aménager le parc qu’elles partagent. Un exemple de l’aspect recherche de Semillas serait le projet ¡Upe! (forme d’interpellation courante au Costa Rica) dans le quartier Amón, au travers duquel l’usage de l’espace public a été questionné en croisant et confrontant les points de vu de différents habitué.es.
Outils qui ont paru particulièrement efficaces ?
Travailler avec les enfants est souvent une bonne manière d’approcher la communauté, d’entrer en contact avec elle.
Que faut-il retenir de cette structure ?
Une organisation qui s’appuie très fortement sur l’administration et les acteurs "officiels", "réglementaires" des politiques publiques. Un bel exemple de poursuite "professionnelle" d’un projet initialement étudiant. Une prédominance historique de l’approche architecturale dans la conformation de l’équipe.
Merci à Diego pour cet entretien, et bonne continuation à Semillas comme à l’OEP !
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Expérience bogotanaise. Partie 3 : Sur le terrain
Pour ce troisième et dernier article à propose de TUBogotá, ce sont les aspects les plus concrets qui seront abordés : les projets dans lesquels était impliqué le collectif, les questions de financements, et enfin la question de l’impact du collectif.
Expérience bogotanaise. Partie 3 : Sur le terrain
1.     Les projets en cours – en juillet 2017 –
Une des caractéristiques de TUBogotá est d’être, autant que possible, présent en continue sur l’ensemble du territoire. Cette posture oblige le collectif à avoir constamment un certain nombre de projet en cours.
-          Projets urbains
•         Les concours et « el Acta de Compromiso » - « l’Acte d’Engagement » -
La ERU et la Société Colombienne d’architectes organisent des « concours d’idées » d’architecture et d’urbanisme pour les projets de rénovation urbaine. TUBogotá a participé à deux de ces concours : un dans les quartiers centraux de Los Mártires, le Voto Nacional et la Estanzuela (nov-dec 2016) ; l’autre sur un parc frontalier à l’arrondissement, Parque Metropolitano Tercer Milenio, Parc Métropolitain Troisième Millénaire (avril-juin 2017). Le travail réalisé à l’occasion du premier concours s’est clôturé par la rédaction d’un « acte d’engagement » des habitué.es avec leur territoire sur les thématiques d’usage de l’espace public, d’entretien des façades, de gestion des déchets, etc. Il a permis de poursuivre la réflexion des habitué.es sur leur propre engagement, responsabilité et réappropriation du territoire.
•         « La Calle del Café » - « La Rue du Café »
S’il a eu plusieurs phases, des plus concrètes aux plus mégalomanes, ce projet est simplement parti du constat d’un manque criant d’arborisation du quartier Panamericano. Ses habitué.es proposent donc à la municipalité un projet de rénovation de l’état des routes et des trottoirs incluant l’implantation de plans de cafés. Dans l’attente de la réalisation de manière durable du projet, les habitué.es ont planté à titre provisoire les caféiers dans des pots le long du trottoir. Les caféiers ont été offerts par l’un des industriels de la rue, la terre par le Jardin Botanique, les pots achetés par chaque habitué.e participant.e.
•         « Centro Cultural Santa Isabel » - « Centre Culturel Santa Isabel »
Le quartier résidentiel de Santa Isabel possédait autrefois un théâtre public qui servait de centre socio-culturel aux habitué.es d’alors et dont la structure du bâtiment d’origine a été conservée. Juste derrière, se trouve un grand parking appartenant à la mairie locale et dont l’usage est sujet à controverse entre les habitué.es. Un îlot plus loin, l’ancienne « maison de la culture » du quartier est aujourd’hui abandonnée. Les habitué.es proposent la réouverture d’une maison de la culture qui pourrait utiliser ces trois espaces.
•            Le POP, « Plan de Ordenamiento Particpativo » - « Plan d’Aménagement Particpatif »
Profitant de la révision du POT (« Plan de Ordenamiento Territorial »), TUBogotá réfléchissait en juin 2017, en partenariat avec la Chambre du Commerce de Bogotá et le Programme des Nations Unis pour le développement, à un projet pilote de révision du POT sur le territoire de Los Mártires : le construire réellement avec les habitué.es, en réalisant plusieurs journées de collectes des paroles des habitué.es de grandes ampleurs, accompagnées d’une stratégie de communication et d’interpellation des habitué.es autour du POP.
-          Projets culturels
•         « Recorrido a cielo abierto » - « Parcours à ciel ouvert »
Le Parcours à ciel ouvert est un projet de mise en valeur du patrimoine culturel, matériel ou immatériel, de l’arrondissement de Los Mártires au travers de 100 « arrêts » répartis sur l’intégralité de l’arrondissement. Il doit à terme se matérialiser par de la signalisation sur le terrain et un album de collection de vignettes remises par les habitué.es qui doivent faire la présentation de leur arrêt. Les quatre thématiques suivantes classent les arrêts :
1. Ce qu’il y avait et qu’il n’y a plus : Les éléments architecturaux, espaces publics, traces, symboles, persistant tant bien que mal, ou plus du tout, représentatifs de pans de l’histoire ou qui ont eu un impact important pour le territoire ou à l’échelle de la ville, voire du pays.
2. Ce qu’il y a mais qui ne se voit pas : Les éléments architecturaux ou espaces publics, le patrimoine matériel, qui passent progressivement dans l’oubli alors qu’ils existent encore physiquement.
3. Ce qui pourrait être : Ces arrêts présentent des propositions faites par les habitué.es pour un meilleur usage de ces espaces types îlots en friche, de parkings sauvages ou non, d’immeubles abandonnés, etc.
4. Ce qui se fait mais qui ne se voit pas : Cette dernière thématique fait la part belle aux savoir-faire et aux initiatives citoyennes et sociales qui existent dans Los Mártires sans être connus.
Originellement prévu pour un lancement en juin 2017, l’ampleur du projet, divers contretemps et les capacités réduites du collectif ont amené à reporter son début à plus tard, sans que ne soit fixée une nouvelle date.
•         « De la fuente a la creación » - « De la source à la création »
Ce projet est centré sur l’amélioration du recyclage des déchets habituellement non traités : la source étant les déchets, et la création les produits issus de leur recyclage. Le polystyrène, très utilisé dans le territoire par la vente de repas à emporter en particulier (mode de restauration très courant, mais aussi grand producteur de déchets non traités) est l’un des matériaux les moins bien recyclés, malgré sa présence en grande quantité et son caractère très polluant. Pourtant, il existe à Bogotá au moins une structure à même de le recycler, qui le transforme en matériel scolaire à moindre coûts. L’objectif est de développer cette technique pour améliorer sensiblement la gestion des déchets et dans le même temps favoriser les conditions d’éducation des enfants de l’arrondissement.
•         « El Instituto de las migraciones » - « l´Institut des migrations »
Le quartier de Santa Fé compte parmi les plus marginalisés, alors qu’il est historiquement le cœur de la Bogotá intellectuelle et réceptacle de nombreuses vagues de migration vers la capitale. Un groupe composé de quelques habitué.es, historiens et descendants de ces générations de migrants et intellectuels a émis le projet d’y instaurer un Institut des migrations, pour rendre hommage au passé du quartiers et rappeler son importance culturelle pour la construction intellectuelle de la Colombie.
•         « Los Puntos Ecológicos » - « points écologiques » -
La société privée gérant l’électricité à Bogotá possède des transformateurs sur l’ensemble de la ville, souvent à l’intérieur de vielles bâtisses dissimulant complètement leur réelle fonction. Si la plupart ne sont plus en fonction, ils forment encore un réseau remarquable dans tout Bogotá. L’objectif est d’en faire des « points écologiques », des spots de dépôts des déchets triés, référencés dans une application sous forme de SIG, et permettant à chacun d’avoir près de chez soi un lieu où déposer ses déchets polluants et/ou dangereux : les piles, les ampoules, etc.
•         L’exposition « Las Huellas de Los Mártires – Les Empreintes de Los Mártires. »
Des étudiant.es de l’ENSA de Nantes et de l’université Jorge Tadeo Lozano ont réalisé une exposition en mettant en scène la parole des habitué.es pour reconstruire à travers certaines pièces le puzzle immense qu’est l’arrondissement. La « partie française » est constituée d’interview, de photos et d’objets caractéristiques du territoire, la « partie colombienne » des états d’avancement des étudiant.es colombien.nes dans leur proposition d’un projet d’espace public. La maquette en 1/750ème de tout le territoire, un objet de 6 mètres sur 3, déjà évoquée dans les deux premiers articles, sert de transition entre les deux parties et se révèle être le centre d’attention de l’exposition. Il en est de même pour la frise chronologique de l’arrondissement réalisée par les étudiant.es et les habitué.es qui y ont rajouté leurs savoirs subjectifs.
-          Projet de recherche : Etude et réflexion sur un urbanisme collaboratif
En plus de tout ce travail de terrain, TUBogotá mène plus ou moins en continu des recherches sur la mise en place d’un urbanisme collaboratif (le terme lui-même était toujours en questionnement) qui tienne véritablement compte des nécessités, besoins et intérêts des habitué.es qui partagent un même territoire. Ce travail, mené en parallèle de la thèse de la fondatrice du collectif (thèse sur portant sur TUBogotá), vise à la compréhension des leviers législatifs et sociaux de la participation en urbanisme, à partir de l’étude de différentes constitutions, des lois relatives à l’urbanisme, de cas étrangers, etc. L’idée est d'étudier en profondeur le cas colombien, en s’appuyant sur des comparaisons internationales, pour transmettre infine aux habitué.es une lecture claire de leurs outils réglementaires mais aussi des exemples d’urbanisme participatif réussis (ou non) dans d’autres contextes, à des occasions comme le POP par exemple.
Cette multitude de projet en cours, mais surtout la démarche participative comme fil directeur, font de TUBogotá un acteur très particulier de l’urbanisme bogotanais.
  2.     Financements
TUBogotá n’a pas de fonds propres ni de façon de collecter ou recevoir de l’argent puisqu’il s’agit d’un collectif non formalisé. Pas de compte, pas de gestion officielle d’argent, etc. Cela implique un fonctionnement qui repose sur le volontariat des membres du collectif et des partenaires professionnels, et une organisation tributaire du prêt des salles, des projecteurs, etc. Les coûts restants à engager pour le déroulement des ateliers (impressions, achat de matériel, etc.) sont relativement légers, répartis entre les membres du collectif.
Des partenariats permettent de réduire les frais de certains projets : pour la Rue du Café, les plans de cafés ont été offerts par l'un des participants, la terre par le Jardin Botanique ; pour le Parcours à Ciel Ouvert, des panneaux d’affichages seront mis à disposition par la Chambre du Commerce ; etc. En revanche, d’autres projets n’ont pas pu faire l’objet de tels partenariats, comme les concours.
-                     Les concours
Le premier concours avait donné lieu à la collecte de 3 000.000 de pesos colombiens (environ 1000 euros) pour financer la logistique des ateliers et rémunérer la stagiaire d’alors. En revanche, il a été très difficile de réunir les derniers 900 000 pesos (300 euros) pour payer l’architecte devant réaliser les dessins numériques (coupes, vues 3D, etc.) et mettre en forme le rendu final. L'incertitude en découlant a eu pour conséquence un rendu de projet dans un état désolant puisque mis en forme en quelques jours à peine. Après cette mésaventure, les complications ont été anticipées pour le concours du Parque Metropolitano Tercer Milenio : une équipe plus importante, la maîtrise des outils de dessins informatique en interne, le soutien d’étudiants et de volontaires ayant travaillé récemment avec TUBogotá pour les coupes, les vues 3D et le design, etc. Les seuls frais inéluctables furent les fournitures, réduites au strict nécessaire pour les ateliers et les frais de rendus (impressions des planches et annexes, CD pour la version numérique), pour un montant total d’un peu plus de 300 000 pesos colombiens (100 euros), assumés par la fondatrice.
-                     L’exposition Empreintes de Los Mártires
Au contraire, l’exposition réalisée avec les étudiants de l’ENSA Nantes et de l’Université Jorge Tadeo Lozano a pu être intégrée à l’année France-Colombie coorganisée par la Francophonie, l’Institut Français et les Ambassades franco-colombiennes. Un budget de l’ordre de 2000€ avait alors été alloué à chaque étudiant français (frais de déplacement et de logement notamment), ainsi qu’une somme globale pour la réalisation de l’exposition (location des locaux et achat du matériel). Cela a permis une gestion plus sereine du projet.
 Les projets ne sont souvent réalisables que s’il se trouve un ou des partenaires institutionnels ou privés intéressés pour les soutenir. Il est impossible de savoir à l’avance le budget disponible sur une période donnée, et un projet ne peut pas permettre de collecter de l’argent qui servira à d’autres projets. À nouveau, l'absence de structuration officielle est remise en question par la pratique quotidienne des activités de TUBogotá et cela confirme le besoin de se constituer, comme évoqué dans le second article. À la relecture de cet article Noémie Guenoun (qui part ailleurs fera partie du voyage à partir du mois de février) fait le très intéressant parallèle entre cette situation et le changement progressif d’attribution des financements aux associations en France. En passant d’un système de subvention structurel à des subventions par appel à projet, les associations ont de plus en plus de mal à conserver leur permanence, à s’ancrer dans du long terme, et sont réduites à être des “prestataires de services ponctuels”. La gestion des ressources projets par projets est effectivement un fonctionnement qui complique la pérennité de toute structure. Ce n’est pas uniquement une question de structuration, mais bien de modèle économique.
Pour pallier à cette gestion au coup par coup, et avec le soutient de la Chambre du Commerce de Bogotá, la forme de corporation avec un modèle d´entreprise sociale était une solution envisagée en juillet 2017. À partir de la liste des commerces et industries fournie par la CCB et qui référencent sur le territoire plus de 43.000 entreprises de différentes échelles, il est envisageable de les démarcher pour proposer une adhésion à l’année, à un maximum 50.000 pesos (environ 33€) par entreprise. L’idée étant de proposer à ces entreprises de pouvoir se donner les moyens de prendre part elles aussi aux bouleversements urbains en cours sur leur territoire. Si un dixième des entreprises acceptent, cela fournirait à TUBogotá un budget annuel de 65 000.000 de pesos colombiens (42.900 euros), permettrait une certaine autonomie pour réaliser les projets et faciliterait le quotidien du collectif de manière non négligeable.
  3.     L’impact
L’impact de TUBogotá doit être considéré en deux parties distinctes : son impact auprès des habitué.es d’une part, et auprès des acteurs traditionnels de l’urbanisme d’autre part. La mise en action de ces deux groupements d’acteurs doit être simultanée pour que les changements de perspectives dans un groupe trouvent échos dans l’autre.
-          Auprès de la population
Le travail de TUBogotá cherche à enclencher chez les habitué.es un renforcement mutuel entre les sentiments d’appropriation, de responsabilité, de légitimité, et de capacité à participer à la transformation urbaine. Selon les projets, différentes entrées de ce cercle vertueux sont mobilisées. Ainsi, les approches « culturelles » visent le sentiment d’appropriation, les approches « urbaine » visent les sentiments de légitimité et de capacité à produire son territoire. Sur le terrain, l’impact global du collectif se traduit par une certaine mobilisation de quelques habitué.es. Une grande problématique quand on cherche à mesure cet impact est celle du mythe auto-réalisateur entre sentiment d’appartenance et volonté de participation. Seraient-ce les ateliers qui valorisent le sentiment d’appartenance ? Ou est-ce ce sentiment qui les animent à participer aux ateliers, sans quoi ils ne viendraient pas ? Un des moyens détourné de savoir si ce travail atteint des personnes qui ne sont pas a priori touchées par ces démarches serait de constater une augmentation des participants aux ateliers, en particulier à la suite des projets à focus culturel, qui sont les plus aptes à toucher de nouveaux publics. Le succès d’un projet comme la Rue du Café (plus de 40 plans de cafés installés par des habitué.es dans une seule rue, sans que tous soient des participants des projets de TUBogotá !) montre qu’il y a un véritable terreau pour ce genre d’initiatives. Toutefois, la mobilisation de la majorité des habitué.es reste symbolique, ponctuelle, se limitant à l’achat du pot et à la présence lors de la plantation.
-          Auprès du secteur professionnel
L’analyse de l’impact auprès des structures officielles de l’urbanisme pourrait se faire de manière plus empirique, en observant l’accueil successif des projets de TUBogotá par les institutions. Mais, pour les raisons citées précédemment de changement systématique du fonctionnement des administrations à chaque mandat, les observations ne sont valables que pour l’administration en cours. Jusqu’ici, l’attitude des acteurs institutionnels de l’urbanisme a été peu ouverte aux expériences participatives de TUBogotá. Bien qu’individuellement, les interlocuteur.trices et les structures dans leur globalité aient réagi de manières différentes, le constat global après presque deux ans de travail était celui de l’ignorance des projets du collectif par les administrations. Les processus participatifs n’étaient toujours pas pris en considération. (À ce jour, la ERU semble avoir changé de position et montrer un grand intérêt pour les propositions de TUBogotá.)
Malgré tout, on constate que TUBogotá a une conséquence réelle sur le système d’acteurs institutionnels de l’urbanisme : l’irruption d’un « agitateur », d’un élément perturbateur au sein de ce système encore hermétique.
Ainsi, il est trop tôt pour dire si TUBogotá a la capacité de changer profondément la manière de faire de l’urbanisme à l’échelle très locale de l’arrondissement et du quartier. Mais du côté des habitué.es comme de celui des institutions, un changement se fait déjà ressentir : la possibilité de questionner, l’existence une alternative qui a la capacité de répondre concrètement au droit des habitué.es de s’impliquer à plusieurs niveaux dans les transformations de leur territoire, pour peu qu’ils soient écoutés.
Cette expérience bogotanaise, très formatrice, très impactante, est à l’origine de ce voyage. Elle sera régulièrement mise en comparaison avec les différentes initiatives rencontrées. Il était donc important d’en faire un récit particulièrement détaillé, qui puisse représenter le type d’initiatives qui seront recherchées durant ces 9 mois.
La première fondation rencontrée, Pausa Urbana – Pause Urbaine – se rapproche effectivement en de nombreux points de TUBogotá. Les prochains articles concerneront donc San José, au Costa Rica, où se trouve Pausa Urbana.
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Expérience bogotanaise. Partie 2 : Les grands principes
Après avoir présenté le cadre et les acteurs qui gravitent autour de TUBogotá, ce sont les principes de son fonctionnement que nous abordons dans ce deuxième article. Encore une fois, il s’agit du fonctionnement observé en juin 2017.
Expérience bogotanaise. Partie 2 : Les grands principes
1.     Enjeux soulevés
Les enjeux autour desquels travaille TUBogotá pourraient être regroupés en deux grandes catégories de sentiments des habitués. D’une part les sentiments d’appartenance et de responsabilité envers le territoire. D’autre part, ceux de légitimité et de capacité dans la participation aux évolutions urbaines de ce territoire. Pour reprendre une phrase clef de la fondatrice du collectif, il s’agit d’ “initier une transformation humaine pour permettre une transformation urbaine”. Ces deux pôles, l’humain et l’urbain, sont envisagés comme une dynamique circulaire où l’un influence l’autre, les deux étant fin en soi et moyen de l’autre.
À une échelle plus large, mais à la fois plus concrète, l’enjeu du développement local de la participation est aussi d'amener les acteurs traditionnels de l’urbanisme à intégrer les paroles, intérêts, besoins et nécessités des habitué.es dans leurs processus décisionnels et opérationnels. Même si les actions du collectif se limitent à l’arrondissement de Los Mártires ou à sa frontière, on peut espérer que les changements provoqués dans les stratégies de participation, si changement il y a, gagnent par contagion le reste de la ville.
2.     Positionnement dans le champ de l’urbanisme
Hors du cadre et politiquement différent du schéma traditionnel de l’urbanisme colombien, sans pour autant chercher l’opposition frontale, TUBogotá se positionne comme un « agitateur ».
Si la législation colombienne impose officiellement de la participation dans les projets d’aménagement, les habitué.es en sont dans les faits systématiquement tenus à l’écart, et ce plus encore dans Los Mártires, où ces projets sont particulièrement violents. Pour proposer un urbanisme réellement élaboré par habitué.es, TUBogotá se donne comme fondement quatre caractéristiques : être participatif, mobil-isateur, permanent et indépendant :
-          Participatif
La démarche adoptée place systématiquement l´écoute des habitué.es au cœur du processus. Chaque projet se concrétise à partir d’ateliers avec les habitué.es organisés en fonctions des demandes des habitué.es. Cette adaptation se fait notamment en termes de créneaux horaires et selon le public majoritaire : tôt le matin en semaine lorsqu’il faut travailler avec des commerçants ou industriels, en week-end lorsqu’il s’agit plutôt de résidents, par exemple.
-          Mobil-isateur
Combinaison entre les notions d’une structure mobile, qui se trouve sur l’ensemble du territoire et d’une structure qui cherche à être mobilisante, à enclencher la mobilisation des habitué.es. L’objectif pour TUBogotá est d’être mobile et accessible à tous à la fois, de garder un contact avec chaque quartier du territoire, chacun des habitué.es. Par cette situation « tentaculaire » dans l’ensemble de l’arrondissement, TUBogotá veut pouvoir inciter (utilisation fréquente du terme « sacudir », secouer) la participation de tous les habitué.es.
-          Permanent
Outre l’espace, c’est dans le temps que la présence de TUBogotá est primordiale. La continuité est un élément clef pour que les espaces, mécanismes et logiques de participation s’ancrent dans la culture politique et dans celle des citoyens, pour que s’établisse une relation de confiance entre eux et les professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme. A contrario, les temporalités des mandats politiques sont beaucoup plus courtes, et tout ce qui fait référence à la municipalité change à chaque nouveau mandat : depuis les vestes des employé.es de mairie (et les employé.es eux-mêmes) jusque, évidemment, aux directeurs.trices de chaque service et les projets en cours. Dans ce contexte, il est impossible de voir se pérenniser un processus de participation. L’objectif de permanence va donc de pair avec le parti-pris de l’indépendance.
-          Indépendant
L’indépendance s’entend vis-à-vis de toute structure rattachée d’une manière ou d’une autre à la municipalité ou à une quelconque administration publique. Cela n’empêche pas de rester ouvert aux échanges et coopérations si l’occasion se présente.
C’est pour pousser jusqu’au bout cette indépendance, et la relation directe avec les habitué.es, que TUBogotá n’est pas – en juin 2017 – constitué officiellement, c’est-à-dire travaille sans cadre juridique le fixant comme association, groupement, entreprise, ou autre. Toutefois, l’expérience montre que cette non-structuration n’est peut-être pas la plus efficace pour mener à bien les projets de TUBogotá. La réflexion était à une constitution légale sous forme de corporation, pour pouvoir signer des conventions et des échanges par exemple. Le statut de la structure et ses modes d’actions, comme dans toute démarche expérimentale, ne sont pas figés dans le temps, sans que ceci ne remette en cause la permanence de ses actions. En effet, les quatre piliers évoqués n’empêchent pas des évolutions de méthodologie ou de constitution au fur et à mesure de l’expérience que représente TUBogotá.
3.     Méthodologie générale
Les habitué.es sont mis au centre de chaque projet. Ceux-ci s’élaborent au cours d’ateliers durant lesquels sont discutés les questions de mises en place, les objectifs, ainsi que les rôles de chacun. Ce n'est toutefois pas le cas pour certains projets spécifiques comme la Rue du Café qui s’est construit avec l’association ASIPROCOP. Ce projet a vu le jour durant les réunions du bureau de cette association.
Il est primordial de laisser aux habitué.es les responsabilités d’avancement des projets, puisque l’objectif est qu'ils prennent en charge eux-mêmes ces projets et que les « professionnels » du collectif ne servent que d’outils pour la concrétisation, la mise au propre, et pour servir d’interface avec les institutions.
-          Les ateliers
En général, ce sont des ateliers proposés par TUBogotá à des horaires qui conviennent à la majorité des habitué.es et en fonction des disponibilités des salles prêtées : parfois la Casa de la Juventud (Maison de la Jeunesse), parfois la salle d’un collège, ou les salles des JAC (Junta de Acción Comunal, pour ceux qui n’ont pas lu le premier article). Les convocations sont envoyées par mail, par téléphone, via des affiches positionnées à des lieux de sociabilité, etc. Cependant, quels que soit les moyens de communication, une des premières difficultés est de faire venir les habitué.es. Malgré toutes les précautions prises, il arrive souvent que peu de gens fassent finalement le déplacement jusqu’à l’atelier, ou n’y assistent que partiellement.
Depuis que les étudiant.es de l’Université J. Tadeo ont réalisé à notre intention la maquette du territoire en 1/750ème (voir encore le premier article), elle sert d'outil central. La frise chronologique est aussi présentée lors des premiers ateliers avec un quartier, afin d’en recueillir l’histoire « subjective » des habitué.es. Outre ces objets qui facilitent la prise de parole et la contextualisation, le travail se fait à partir de plans du territoire, de calques, feutres, etc. Les avancées de chacun sont présentées au vidéoprojecteur, ou physiquement sur les plans.
Lorsque les projets sont bien avancés, que les groupes thématiques d’habitué.es sont constitués, ou que les habitué.es concernés ne constituent qu’un groupe restreint, ils peuvent être plus flexibles et prendre la forme de réunions plus informelles. Ce fut le cas dans le café-boutique d’une habituée par exemple, alors qu’il était question de la mise en place d’un partenariat avec un groupe de recycleurs pour cette rue précisément.
Enfin, pour avancer des points très précis avec un.e habitué.e en particulier, la rencontre peut avoir lieu au domicile des personnes, sur leur lieu de travail, ou dans un espace public (café, boulangerie, etc).
Le fil conducteur des rencontres est préparé à l’avance, puisque l’atelier est convoqué dans un but précis. Cependant, une large place est laissée à la spontanéité des discussions, pour permettre une construction par les habitué.es des réponses à leurs préoccupations, et non apporter une méthodologie extérieure. Le triptyque des maîtres-mots qui guident les ateliers est donc « escuchar, observar, para poder actuar » : écouter, observer pour pouvoir agir. L’important étant évidemment l’ordre de ces injonctions : d’abord être dans une posture d’analyse de ce qu’expriment les habitué.es avant d’orienter les discussions, les ateliers, et a fortiori les projets.
-          Les rencontres avec des institutions et partenaires
D’autres rencontres spécifiques ont lieu sans les habitué.es, en particulier avec les institutions et les universités. Ces rencontres se font dans leurs bureaux, en comité souvent restreint : quelques personnes de l’institution, et les membres du cœur du collectif (vraiment, personne n’a donc lu ce premier article?) travaillant sur le sujet. Selon les situations, la « délégation » du collectif est plus ou moins complète : certains rendez-vous sont plus spécifiques, quand d’autres traiteront de l’ensemble des projets de manière transversale ou d’un projet dans lequel tous les membres du collectif sont investis.
-          Le travail quotidien
En dehors des relations avec les habitué.es et les partenaires, il y a le travail de fond : les travaux d´étude et de recherche, la formalisation des avancées faites au cours des ateliers précédents, les préparations des prochaines rencontres, etc. Tout ceci se fait par chacun de manière autonome puisque TUBogotá n’a pas de locaux. Toutefois, des réunions de travail chez la fondatrice de TUBogotá ont lieu une fois par semaine pour croiser l’état d’avancement de chaque projet, et faire le point avec l’équipe de volontaires travaillant sur la partie recherche.
Tous ces élément forment le canevas de fonctionnement de TUBogotá. Dans celui-ci s’inscrivent de nombreux projets, détaillés dans le troisième et dernier article de ce triptyque.
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