Les éventuels risques éthiques et technologiques de l'application TousAntiCovid justifient-ils la méfiance de la population à son égard ?
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Introduction
« Je peux vérifier votre passe s’il vous plaît ? » : cette phrase on l’entend plusieurs fois par semaines voire par jours : au café, au restaurant, au cinéma, au musée… Partout on l’on va aujourd’hui, le passe sanitaire est demandé, et pour une grande partie de la population, ce document est stocké dans l’application TousAntiCovid.
Mais de quoi s’agit-il ?
TousAntiCovid est une application pour téléphone française, sortie pendant la pandémie du Covid-19 dont la fonctionnalité principale est celle de recherche de contacts, pour avertir dans le cas d’une contamination au virus, les individus que l’on a fréquentés. Grâce à l’utilisation du Bluetooth, l’application permet d’assimiler les contacts et les prévenir. Voici donc, la première mise à jour de l’application StopCovid, véritable échec, par rapport à TousAntiCovid. Mais comme expliqué plus haut, cette application permet également depuis mai 2021, aux utilisateurs d’enregistrer leur passe sanitaire.
Est-ce fiable ?
Dès le début, l’enjeu de la protection des données se pose : de nombreuses oppositions argumentent qu’il n’y a pas de contrôle médical et voient l’application comme un risque pour nos données. Est-ce réellement efficace d’un point de vue technique pour endiguer l’épidémie ? Est-ce que ce dispositif vise surtout à donner une impression de sécurité, de contrôle de l’épidémie via le contrôle des données des individus ?
Tous ces doutes et ces questions sont évidents et ont lieu d’être pour quelqu’un qui ne connaît pas véritablement l’application. Ainsi, cette page peut répondre à toutes vos questions, au travers de graphiques, de sources diverses (juridiques, politiques, technologiques) mais aussi de paroles d’experts.
Les éventuels risques éthiques et technologiques de l'application TousAntiCovid justifient-ils la méfiance constatée de la population à son égard ?
Cette enquête se divise en trois principaux axes :
Dans un premier temps, nous avons cherché à évaluer les risques réellement encourus pour nos données suite à l’installation et l’utilisation de l’application. Quelles technologies utilise t’elle ? Sont elles sécurisées? Quelles données sont récoltées par TousAnticovid ? A quel encadrement légal l’application est-elle soumise ? Ces questionnements de fond sont essentiels pour déconstruire certaines idées erronées qui se sont largement diffusées dans les esprits.
Dans un deuxième temps, Nous avons cherché à comprendre quels étaient les risques d’un point de vue éthique. TousAntiCovid menace t-elle nos libertés fondamentales ? Ce “sacrifice” est il justifié par son efficacité ?
Enfin, la dernière partie se concentre sur la manière dont les individus perçoivent l’application, aussi bien les risques qu’elle comporte, que les avantages qui découlent de son utilisation. Cette perception est elle erronée ? Comment les individus utilisent ils réellement l’application ? Comment le gouvernement peut il influencer ces choix ? Comment expliquer la répugnance de certains à l’égard de TousAntiCovid ?
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Le développement technique de TousAntiCovid et son fonctionnement
Les dates clés du développement de l’application TousAntiCovid :
8 avril 2020 : annonce de la création de l’application StopCovid
12 mai 2020 : début de mise à disposition d'une partie de la documentation et des codes sources par l’INRIA sur le dépôt GitLab (https://gitlab.inria.fr/stopcovid19)
18 au 21 mai 2020 : tests en conditions réelles par des militaires
2 juin 2020 : mise à disposition de l'application aux utilisateurs
9 juin 2020 : l'application a été activée par 2 % de la population française
22 octobre 2020 : l'application est mise à jour et rebaptisée TousAntiCovid
13 mai 2021 : l'application TousAntiCovid incorpore l'utilisation d'un passe sanitaire
22 juin 2021 : l'application a été téléchargée plus de 20 millions de fois
Qui s’est occupé du développement de l’application ?
C’est l’INRIA, l’Institut National de Recherche et Informatique et en Automatique, qui prend en charge dans les premières semaines du développement de l’épidémie en France la création d’une application destinée à avertir des risques de contamination avec une personne infectée par la Covid.
Il est placé sous tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation et du ministère de l'Économie et des Finances, et obéit donc directement aux directives du gouvernement en place.
Quelles technologies sont utilisées pour la mise en place d’un traçage numérique ?
Les chercheurs ont choisi la technologie Bluetooth pour procéder au traçage numérique des utilisateurs de l’application et l’utilisation de “crypto-identifiants”, soit des pseudonymes numériques permettant la non-divulgation de données personnelles des utilisateurs.
Le traçage par Bluetooth fonctionne à l’aide de “beacons”, des capteurs qui peuvent déterminer les terminaux mobiles par Bluetooth. Grâce à la multiplication de ces beacons, on peut “créer un maillage très fin de l’espace” ce qui permet de “géolocaliser les terminaux avec une grande précision”. Ces beacons sont très autonomes et économiques et d’une précision très importante. Néanmoins, leur portée est faible et cette technologie ne fonctionne que si le module Bluetooth a été activé sur l’appareil de l’utilisateur.
Lors de l’installation de TousAntiCovid, le protocole ROBERT (ROBust and privacy presERving proximity Tracing) est installé : celui-ci récupère le pseudonyme numérique de l’utilisateur, et procède à un échange de ces pseudonymes lorsque deux utilisateurs se croisent dans un lieu. Elle prend en compte chaque contact de 5 minutes ou plus à moins de 2 mètres. Ces données récoltées sont ensuite synchronisées sur un serveur central et comparées à la liste des pseudonymes qui se sont déclarés infectés. Si c’est le cas, l’utilisateur premier est prévenu du risque de contamination auquel il a fait face.
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“Plus vous êtes nombreux à l’utiliser, plus elle sera efficace contre le virus...”
Comment le gouvernement a présenté l’application et ses objectifs au public ?
Le gouvernement souhaite avant tout maintenir « un cadre respectant le plus haut standard de protection des données individuelles »[1].
Mais quand on pense à cette application, on ne pense pas forcément à une campagne de publicité – comme ce fut le cas pour la vaccination – mais plutôt à un camp entre ceux qui l’ont téléchargé et ceux qui ne l’ont pas fait.
Et pourtant il y en a bel et bien eu, comme le montre la vidéo ci-dessous.
L’angle adopté est intéressant : en se plaçant du côté de la société française, et en qualifiant l’application de « pas drôle, pas spectaculaire et pénible », les individus se sentent compris.
Si on télécharge l’application et qu’on en fait une analyse sémantique, on peut constater la mise en avant de la France dans la création de l’application. En effet, les couleurs du logo de l’application, rappellent les couleurs du drapeau français, ce qui, à l’utilisateur attentif donne des indices sur la visée du gouvernement. Il s’appuie beaucoup sur l’idée que cela a été mis en place par des français, examinée par des experts français, etc.

L’application peut aussi inciter à faire certaines choses : quand l’utilisateur arrive sur l’application, et que le Bluetooth n’est pas activé, il va trouver une image d’une main tenant un téléphone avec une croix rouge, incitant à cliquer dessus, ce qui déclenchera le Bluetooth.
Mais qu’est-ce que fait le gouvernement concrètement ? Que s’engage-t-il à faire ?
Le gouvernement s’appuie avant tout sur la liberté à utiliser ou non l’application. Personne n’y est forcé. Elle « ne stocke que l’historique de proximité d’un téléphone mobile et aucune autre donnée. Il n’est pas possible de connaitre l’identité d’un utilisateur de l’application, ni qui il a croisé, ni où, ni quand. L’utilisateur peut également faire le choix d’effacer son historique ponctuellement s’il le désire. »[2]
Il précise que TousAntiCovid a été soutenu par la communauté médicale et validé par la CNIL (Commission Nationale de L’informatique et des Libertés) qui garantit « l’absence de conservation des données après la vérification des justificatifs et l’absence de réutilisation pour d’autres objectifs. »
Les publications gouvernementales s’appuient aussi beaucoup sur la notion de « protection » avec le slogan « Je me protège, je protège les autres ». Outre, l’utilité « pratique » qu’en fait la grande majorité des utilisateurs, le gouvernement pointe du doigt un autre aspect : « Concrètement, TousAntiCovid permet à l’utilisateur testé positif Covid-19 de prévenir immédiatement les personnes qu’il aurait pu contaminer durant sa période de contagiosité. »
D’où la croissance d’une défiance ou au moins d’une méfiance de la part de certains qui l’associent à un traçage des données personnelles de santé…
[1] https://www.economie.gouv.fr/tousanticovid-verif-integration-facilitee-professionnels
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Les critères éthiques et le cadre juridique de l’application
Les critères éthiques retenus et exigés par les principales instances juridiques et administratives, européennes et nationales :
Nécessité :
L’application doit être nécessaire pour répondre à la situation de crise sanitaire.
« Un certificat vert numérique accepté dans tous les États membres peut constituer une avancée majeure dans la reprise des voyages au sein de l’UE. Toute mesure impliquant le traitement de données à caractère personnel adoptée au niveau national ou au niveau de l’UE doit respecter les principes généraux d’efficacité, de nécessité et de proportionnalité. Par conséquent, le comité européen de la protection des données et le CEPD recommandent que toute utilisation ultérieure du certificat vert numérique par les États membres repose sur une base juridique appropriée dans lesdits États membres et que toutes les garanties nécessaires soient en place. » Déclaration d’Andrea Jelinek, présidente du comité européen de la protection des données.
Proportionnalité :
Si elle est justifiée par sa nécessité, l’application, son usage, les restrictions de certaines libertés fondamentales et la suspension du secret médical doivent être proportionnés à la réalisation de l’objectif d’intérêt général.
« la lutte contre cette épidémie, qui relève de l’objectif à valeur constitutionnelle de protection de la santé, constitue un impératif majeur de nature à justifier, dans certaines conditions, des atteintes transitoires au droit à la protection de la vie privée et des données à caractère personnel (…) les protections constitutionnelle et conventionnelle du droit au respect de la vie privée et à la protection des données à caractère personnel, assises notamment sur la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, imposent que les atteintes portées à ces droits par les autorités publiques soient non seulement justifiées par un motif d’intérêt général, comme cela est le cas en l'espèce, mais soient également nécessaires et proportionnées à la réalisation de cet objectif. » Délibération n° 2020-056 de la CNIL du 25 mai 2020 portant avis sur un projet de décret relatif à l’application mobile dénommée « StopCovid », paragraphe 4 et 5.
Efficacité :
L’application est avant-tout justifiée si elle est efficace dans la lutte contre l’épidémie et l’endiguement de la propagation du virus.
« A cet égard, la Commission relève que le ministère entend compléter, par la mise en œuvre du traitement, le dispositif de traçage des contacts autorisé par le décret susvisé du 12 mai 2020 et ainsi contribuer plus efficacement à la réduction des chaînes de contamination. Le traitement vise ainsi à permettre une information et une alerte plus rapides des cas contacts quant aux risques d’exposition au virus, notamment lorsqu’il s’agit de cas contacts que les personnes contaminées ou exposées ne connaissent pas nécessairement, comme par exemple les personnes croisées dans les transports en commun ou dans les commerces. (...) » Délibération n° 2020-056 du 25 mai 2020 de la CNIL portant avis sur un projet de décret relatif à l’application mobile dénommée « StopCovid », paragraphe 8.
Temporalité :
L’application peut être justifiée si la restriction des droits et libertés, si le traçage des citoyens, font l’objet d’une restriction temporaire.
« A cet égard, la Commission prend acte du caractère temporaire de l’application projetée, dont le terme de la mise en œuvre est fixé à six mois à compter de la fin de l’état d’urgence sanitaire par le projet de décret. Cette durée correspond à celle prévue pour les traitements « Contact Covid » et « SI-DEP », l’application n’ayant d’utilité qu’en lien avec le cadre plus général de conduite des enquêtes sanitaires. » Délibération n° 2020-056 du 25 mai 2020 de la CNIL portant avis sur un projet de décret relatif à l’application mobile dénommée « StopCovid », paragraphe 18.
Sources :
https://edpb.europa.eu/news/news/2021/eu-data-protection-authorities-adopt-joint-opinion-digital-green-certificate_fr
https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/deliberation-2020-056-25-mai-2020-avis-projet-decret-application-stopcovid.pdf
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Dialogue avec la Quadrature du net : un regard plus que critique sur TousAntiCovid
En confrontant les critères retenus dans ces différents textes (émanant principalement de la CNIL) avec la réalité de l'application, la Quadrature du net a soulevé la question des risques et des dangers pour certaines libertés fondamentales, alors que TousAntiCovid ne semble pas remplir sa mission de lutte efficace contre l’épidémie.
Une efficacité remise en question
Si la nécessité de l’application peut se défendre, son efficacité est remise en question. En effet, il a été démontré que l’efficacité de l’application ne peut être garantie que si plus de 60%, voire 80 à 100% de la population l’utilise. Or, seulement 77% de la population française possède un smartphone, et seulement 44% pour les personnes de plus de 70 ans, alors qu’elles sont parmi les plus vulnérables. De plus, de nombreuses personnes n’activent pas le Bluetooth par ignorance, par économie de batterie, ou encore par méfiance envers des usages malveillants. Selon les spécialistes de la Quadrature du net, l’application ne donne pas de résultats précis et fiables, notamment en raison du fait que le champ de détection du Bluetooth manque de précision.
Un dispositif contre-productif
Tout cela est couronné d’une “contre-efficacité sanitaire”, car l’application est susceptible de créer un faux sentiment de sécurité sanitaire chez les utilisateurs, en raison de l'efficacité très contestable de l’application, et donc pourrait inciter à réduire les gestes barrières alors que le virus continue de circuler. Au contraire, le déploiement de systèmes de surveillance pourrait augmenter le sentiment de défiance d’une partie de la population à l’égard de l’État. Ne sachant pas s’ils peuvent faire confiance au système mis en place, les potentiels malades pourraient se trouver incités à cacher leurs symptômes.
Une suspension des libertés injustifiée
En effet, selon la Quadrature du net, des libertés sont inutilement sacrifiées. D’une part, certaines personnes qui n’utilisent pas l’application pourraient se sentir discriminées et ne plus pouvoir accéder à certains lieux publics librement, alors même que l’application ne prouve pas son efficacité à endiguer la propagation du virus. C’est aussi un système de surveillance non-consenti car il est imposé par le gouvernement et par une certaine pression sociale, au nom de la situation d’urgence sanitaire (dont on ne peut prévoir l’évolution, ni la fin). Enfin, l’objectif de l’application (alerter des personnes ciblées) est fondamentalement incompatible avec la notion juridique d’anonymat.
Sources :
https://www.laquadrature.net/2020/04/14/nos-arguments-pour-rejeter-stopcovid/
https://www.science.org/doi/full/10.1126/science.abb6936
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TOUS ANTI COVID ET LES RISQUES DU TRACAGE NUMERIQUE
Dans le cadre de notre enquête sur le traçage numérique par l'application TousAntiCovid, nous avons souhaité interviewer Gaëtan Leurent, chercheur à l'INRIA, suite à ces travaux sur les dangers du traçage numérique.
Retranscription :
TAC = TousAntiCovid
Pourriez-vous vous présenter ?
« je m’appelle Gaëtan Leurent, je suis chercheur à l’INRIA, et je fais de la recherche en cryptographie »
Quand et pourquoi vous êtes vous interessé à TAC ?
« […] il y a à peu près 18 mois, quand on a commencé à parler de traçage numérique pour le covid. Il y’a eu beaucoup de débats sur le côté sécurité et crypto, pour savoir quelle était la bonne façon de faire ça. A ce moment là avec quelques collègues on s’est dit que peut être on devrait déjà se demander si c’était une bonne idée de le faire ou pas. […] quels sont les risques et quels sont les avantages qu’on peut en tirer »
Quels sont les dangers du “Track and Trace” ? (cf vidéo)
Quelles différences y a-t-il entre ce qui était prévu pour TAC au début et la réalité de l’application aujourd’hui ?
« Alors ce qu’il s’est passé c’est qu’avec Stop covid il y’a eu une spécification […) avec le modèle décentralisé […] quels messages vont être échangés […] ça c’est un travail qui a été fait par les chercheurs de l’INRIA, ils ont fourni un travail tout à fait raisonnable dans cet objectif là. Et puis ensuite il y’a eu donc, l’application qui est sortie en Juin dernier et donc qui implémente ce protocole là. Et donc déjà dès le départ il y’a des différences, c’est pas exactement la même chose entre ce qui est implémenté et ce qui a été décrit. Il y a quelques différences qui peuvent poser des problèmes en termes de vie privée. Notamment sur un point qui est je pense assez important qui est que dans la description du protocole on avait imaginé en fait un qu’on mettrait en place un système qui permettrait que le serveur ne sache pas à qui il est en train de parler. Dans le système le téléphone va régulièrement se connecter à un serveur. Dans le cas de TAC c’est soit pour déclarer que l’on est positif au covid 19, soit alerter si on a été exposé. Quand on fait ça sur internet dès qu’on contacte un serveur, le serveur voit votre adresse IP. C’est pas directement quelque chose qui vous identifie. Mais ca va quand même être assez proche de quelque chose d’identifiant parce que par exemple si vous vous connectez de chez vous, ça va être l’adresse IP de votre box internet et donc ça identifie directement le foyer de la personne […] Dans le protocole de départ il y’avait un mécanisme pour cacher l’adresse IP mais cela n’a pas été mis en place dans TAC ni dans StopCovid »
Est-ce que TAC collecte nos données personnelles et si oui lesquelles ?
« Si vous regardez le dossier de presse de TAC ils commencent par dire qu’il n y’a aucune donnée personnelle, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Le premier avis de la CNIL sur Stopcovid disait très bien que les contacts entre les gens, ce qu’utilise TAC donc, c’est déjà des données personnelles même si y’a pas votre nom dedans, puisque ce sont simplement des identifiants qui sont échangés. Savoir quels identifiants vous avez vus selon la CNIL, c’est déjà des données personnelles. Ensuite les infos d’adresse IP c’est aussi des informations personnelles. Ensuite ce qu’il y’a eu comme évolution avec TAC, au départ c’était pour faire juste du tracage de contacts bluetooth. Au fur et à mesure, on a rajouté des fonctionnalités dans l’application : tracage par QR code, possibilité d’avoir nos attestations de déplacement (pdt confinement) et maintenant le pass sanitaire. Et bien tout ça, cela génère aussi des données personnelles. »
Existe-t-il des risques de piratage du serveur ou sont stockés les informations collectées par TAC ?
« il y’a toujours un risque. Le risque est relativement faible surtout la partie tracage de contact, pour moi c’est pas un risque important. Sur les données liées au pass sanitaire et aux tests PCR une grosse fuite « des postes php », la y’a beaucoup plus de données : nom, prénom, résultat du test, numéro de sécu, je pense qu’il y’a votre numéro de téléphone aussi… il y’a beaucoup de choses dans cette base de données qui a fuité. Et ça c’est beaucoup plus grave que les données qui sont dans le serveur TAC. »
L’application met elle en danger nos libertés fondamentales ?
« Pour moi ce qui est important c’est de reconnaitre qu’il y a un risque, qu’on est en train de collecter des données personnelles, de faire du tracage de contacts… dans un certain cas ca peut révéler qui a rencontré qui, il y’a aussi un risque d’injecter des fausses alertes… Je pense que le risque n’est pas très important mais c’est important de l’identifier et de le mettre en balance par rapport au bénéfice qu’on espère du traçage de contact. »
Quel est donc le problème avec TAC ?
« Il faut évaluer les applications, déterminer si ça marche ou si ça marche pas. Ca c’est quelque chose qu’on n’a pas du tout fait en France. On n’a aucun retour sur comment ça marche, est ce que ça marche, en fait on ne sait même pas combien il y-a d’utilisateurs de l’application en France. On sait combien d’alertes ont été envoyés mais on sait pas du tout si c’est des alertes qui correspondaient vraiment à des cas de contaminations ou si c’était des fausses alertes. Tout ce qui est traçage de contact il y’a quelque chose qui est problématique, parce que si vous avez par exemple 10% de la population qui utilise l’appli vous allez pouvoir détecter au moins 10% fois 10% des contaminations. Parce que pour détecter il faut à la fois que la personne malade utilise l’application et que la personne contact l’utilise aussi. Si on suppose que 10% de la pop l’utilise alors on a 10% de chance que la personne l’utilise, fois 10% de chance que la personne contact l’utilise ce qui fait qu’on va pouvoir détecter au mieux 1% des cas de contamination ce qui n’est vraiment pas beaucoup. En France on est probablement largement en dessous de 10% d’utilisation et puis en plus on sait que l’application ne fonctionne pas parfaitement, donc il y’a certainement pleins de cas contact qui n’ont pas été détecté.
Ce qui est embêtant sur TAC c’est que ça a été conçu pour envoyer le moins de données possible, pour vraiment protéger le plus possible la vie privée donc ça c’était vraiment très bien. Ca a évolué au fur et à mesure, on a ajouté des fonctionnalités qui mettent de plus en plus de données dans l’appli donc notamment la question de est ce que c’est anonyme ou pas… en fait tous anti covid n’a jamais été anonyme mais pseudonyme. La différence c’est qu’un système anonyme c’est quand il y’a vraiment aucune données pour remonter jusqu’à une personne. Dans ces conditions, on ne peut pas faire du traçage de contacts, le but du tracage de contact c’est quand même d’alerter une personne. Donc il faut forcement que les données soient reliées à une personne à un moment ou à un autre pour qu’on puisse l’alerter à la fin. L’objectif c’était d’être pseudonyme c’est à dire qu’il y’a jamais votre vrai nom mais juste un identifiant obligatoire qui relie directement à la personne sans qu’on sache directement qui. Donc au départ c’est vraiment pseudonyme pas de problème. Par contre on a rajouté des fonctions au fur et à mesure par exemple avec le pass sanitaire ou les attestations de déplacement qui rendent l’application en elle-même non plus pseudonyme mais qui a accès a 5 fois plus […] Ce dont on s’est rendu compte il y’a quelques mois […] il y a eu quelque chose qui a été activé au mois de juin qui indique des stats de TAC qui envoie au serveur un certain nombre d’informations sur la façon dont on utilise l’application. Au départ ça part d’une bonne intention, c’est pour essayer d’évaluer l’application […] comme je l’ai dit c’est important de savoir comment on l��utilise, si ça marche […] le problème c’est que ça collecte énormément d’informations et notamment ca permet de remettre en correspondance certaines infos de différents systèmes qui sont dans la même appli. On a d’un coté le traçage Bluetooth, d’un autre côté le traçage par QR code, d’un côté on a aussi tout ce qui est lié au pass sanitaire, et en fait le système de statistique comme il collecte énormément d’informations relativement précises ca permet de remettre en correspondance les infos des différents systèmes. Et ça c’est embêtant parce que ça casse les bonnes propriétés du système qui avait été conçu au départ, qui avait été conçue pour minimiser les données qui vont être dans le serveur, et là d’un coup on a pleins de données en plus. Du coup là, ça se passe pas forcément très bien.
"Le traçage numérique, dangereux oxymore” : https://www.risques-tracage.fr/
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Qu’y a t-il à apprendre de l’échec de Stop Covid ?
Sur les 139 personnes interrogées seules 17,3% avaient téléchargé la version précédente de l’application dénommée « StopCovid ». Bien qu’au dessus des 4,5% de téléchargements de l’application à l’échelle nationale, ce chiffre reste relativement faible et ce, particulièrement si on le compare avec la proportion des répondants ayant déclaré avoir téléchargé sa mise à jour, TousAntiCovid : près de 80 % !
C’est donc logiquement que nous nous sommes demandé pourquoi ce premier jet avait rencontré un tel échec et ce que celui-ci avait à nous apprendre sur TousAntiCovid. Trois éléments principaux ressortent dans les justifications :
Une application qui semble sans intérêt
La raison la plus souvent évoquée par les répondants pour justifier le non téléchargement de l’application est l’inutilité apparente de celle-ci. Cette justification apparait dans 44% des 117 réponses données, ce qui est loin d’être négligeable.
« Je n’en n’ai pas trouvé l’utilité », « c’est inutile », « flemme et inutilité »
Mais inutilité pour qui, pour quoi ? Les réponses permettent de faire émerger une tension entre intérêt privé et intérêt public. Le problème est moins l’inefficacité de l’application à endiguer l’épidémie de manière générale, par ailleurs dûe au manque de téléchargement, mais l’absence d’un intérêt personnel perceptible par l’individu. Beaucoup ont évalué les bénéfices que leur apporterait l’application à titre personnel et n’y ont ainsi, pas trouver leur compte :
« je n’avais pas d’intérêt particulier »
« aucun intérêt pour moi étant en contact tous les jours avec des personnes positives »
« je ne savais pas que ça existait. Quand bien même je n’en avais ni le besoin, ni l’utilité »
« Pas envie, pas un besoin pour moi-même »
Lors du micro trottoir nous avons pu obtenir des réponses similaires et peut être même plus parlantes encore :
Extrait d’interview 1 :
M - Vous utilisez la fonction de traçage numérique ou pas du tout ?
R – Pas du tout
M – Pourquoi ?
R- Parce que j’en n’ai pas l’utilité
M – vous pensez que c’est pas utile de manière générale ou c’est pas utile pour vous ?
R – C’est pas utile pour moi
Extrait d’interview 2 :
M – ça ne vous semble pas utile (le traçage numérique) ?
R – Pour moi non. Mais je ne dis pas que ce n’est pas utile de façon général hein…
L’installation et l’utilisation de StopCovid ainsi que l’usage du traçage numérique n’est pas perçu en premier lieu comme un acte civique au service d’un intérêt plus large. Seule une minorité des répondants l’ont perçu ainsi. C’est ce dont parle Virgine Tournay dans son article « Pourquoi l’application StopCovid ne parvient elle pas à traduire l’intérêt général ? ». Pour elle, cet échec est d’abord le résultat d’une « mise à mal de l’imaginaire national », à savoir la capacité des individus à se représenter comme appartenant à une nation, intangible, « imaginaire », mais réelle. « La révolution numérique », Les GAFAM localisés en tous points du monde brouillent les frontières entre national et international et influent sur notre perception individuelle d’un Etat Nation. L’installation de l’application ne mobilise donc pas cet imaginaire collectif fédérateur, elle ne donne pas le sentiment de servir l’intérêt d’une nation à laquelle nous sommes connectés. L’individu ne visualise pas, ou peu son propre rôle dans la gestion globale de l’épidémie. Nous essaierons de déterminer plus loin si TousAntiCovid a su dépasser ce premier problème.
Le refus du traçage
15% des répondants au questionnaire ont déclaré ne pas avoir téléchargé StopCovid par refus ou par peur du traçage.
« Je refuse ce traçage généralisé. Code source non disponible etc… » ;
« Je ne veux pas être encore plus tracée que je ne le suis déjà » ;
« je ne l’ai pas fait parce que je ne veux pas être géolocalisée plus que je ne le suis déjà »
Le traçage numérique utilisé par l’application suscite une certaine méfiance, parfois la peur des utilisateurs. Ceux-ci s’inquiètent de la récolte de données via le tracage qu’ils considèrent comme sensibles : la localisation en premier lieu mais aussi l’état de santé, les fréquentations… Ces inquiétudes quoique légitimes peuvent être surmontées par une étude approfondie du fonctionnement de l’application pour déterminer le type de données stockées, leur lieu de stockage et la durée de conservation, questions auxquelles nous avons répondues plus haut. Ce qu’il est intéressant de noter c’est la confusion que l’on retrouve régulièrement entre traçage et géolocalisation. Comme nous l’avons déjà souligné, le système français ROBERT ne permet pas de connaître la localisation des utilisateurs. La technologie repose sur l’usage du Bluetooth qui permet seulement de détecter le signal émis par les utilisateurs proches, indépendamment du lieu d’émission. Ce qu’il est intéressant de noter c’est que les répondants ayant clairement établis cette confusion ne sont pas forcément ceux qui ont le sentiment de s’être le moins renseigné. Pourtant, une simple recherche sur google permet de dissiper le doute :
« L’application utilise la capacité à identifier les téléphones à proximité à partir des technologies Bluetooth et non les déplacements des personnes. Elle n’utilise à aucun moment la localisation des personnes, notamment par les données GPS des téléphones portables, à la différence du choix fait par d’autres pays » - site internet shiva
« Cette technologie de courte portée repose sur la proximité des appareils, ce qui empêche donc toute géolocalisation » - CNET France
Le champ des hypothèses est donc ouvert. Est-ce lié à un manque de communication du gouvernement sur le fonctionnement technique de l’application ?
Une défiance envers le gouvernement
« jamais je ne mettrai d’applications de ce gouvernement d’assassins sur mon téléphone »
« je ne veux pas être encore plus tracée que je ne le suis déjà et encore moins par mon gouvernement en qui je n’ai aucune confiance »
Ces réponses, issues de notre Google form, permettent d’établir un lien très clair entre confiance envers le gouvernement et installation de l’application. Plus qu’un manque de confiance en l’application, c’est un manque de confiance envers le gouvernement qui a pu freiner nombre d’individus. Stop Covid est en effet une application mise au point par l’Etat, il appartient au gouvernement de gérer les questions de sécurité relatives aux données récoltées par l’application. Pour certains, ne pas télécharger l’application est un geste de contestation politique, un moyen d’exprimer son désaccord avec la politique menée :
« […] je n’ai pas d’avis juste pas envie de cautionner la politique actuellement menée » - un répondant
On dépasse largement les questions d’efficacité et de sécurité de l’application. Son usage, ou non usage, prend en fait une dimension proprement politique.
Ainsi, la question est de savoir si le succès de TousAnticovid est le résultat d’un effort fait par ses développeurs, par le gouvernement pour surmonter ces trois obstacles. Que cache réellement ce chiffre de 60% “d’installation et d’activation” annoncé par le gouvernement sur Tweeter au mois de Juillet 2021 ?
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TousAntiCovid : le remède miracle ?
Un regain d’intérêt évident mais un rejet persistant du traçage numérique
Il est clair que TousAntiCovid a su s’imposer comme un outil essentiel à la vie quotidienne des individus. D’une part, celle-ci offre de nombreuses fonctionnalités aux utilisateurs : informations sur la situation épidémique, attestations de sorties pour les moments de couvre feu, numérisation du pass sanitaire… Elle est désormais un incontournable et ce, d’autant plus depuis que le pass sanitaire a été rendu obligatoire pour accéder aux divers lieux de vie et de divertissements (gymnases, café et restaurants, cinémas, hôpital…).
Ainsi, l’usage qui est fait de l’application par les utilisateurs est varié. On constate cependant une méfiance toujours présente à l’égard du traçage numérique :
Plus de la moitié des utilisateurs n’activent jamais le Bluetooth. Ils sont à peine 10% à déclarer l’activer la plupart du temps ou systématiquement. Près de 17% déclarent l’activer lorsque la situation sanitaire leur semble l’exiger. Si cette appréciation est assez subjective, elle révèle au moins qu’un peu moins d’1/5 des interrogés reconnaissent l’utilité de l’application, pour eux-mêmes ou pour les autres, dans les moments ou l’épidémie devient plus difficilement contrôlable, ce qui constitue une « amélioration » par rapport aux résultats précédents. Le tracage numérique reste tout de même largement délaissé au profit des autres fonctionnalités de l’appli, qui revêtent un caractère plus personnel. En effet, L’intérêt personnel que l’individu retire à l’utilisation de TousAntiCovid est plus directement perceptible qu’avec la version précédente puisque désormais, celle-ci constitue un sésame pour accéder à une grande partie des lieux de loisirs ou même de soins mentionnés précédemment. Cette tension entre intérêt public et intérêt privé est donc encore prégnante. TousAntiCovid semble en réalité loin d’avoir permis une plus forte identification nationale qu’auparavant. Les réponses à la question, « pourquoi avez-vous téléchargé l’application » mettent également en lumière cette tension, cet « échec » de l’appli à s’imposer comme un acte civique :

Bien que presque 30% des répondants aient affirmé avoir téléchargé l’application pour servir l’intérêt général, cette motivation est loin derrière la première à savoir la possibilité de numériser le pass sanitaire. De plus, cette justification n’a pas été invoquée au cours du micro trottoir, ce qui laisse penser qu’au moins une partie des répondants ont choisi cette option parce qu’elle était proposé et non pas spontanément, d’autant plus qu’il s’agissait d’une réponse à choix multiple.
Ainsi, TousAnticovid ne semble pas réussir mieux que sa version précédente, à s’imposer auprès des utilisateurs comme un outil au service de l’intérêt général. Les raisons de son « succès » sont à chercher ailleurs, dans la mise à disposition de nouvelles fonctionnalités plus personnelles associées à un contexte politique restrictif.
Une défiance envers le gouvernement toujours omniprésente mais qui doit être relativisée
Le gouvernement t-il mieux su rassurer les français en faisant preuve de plus de transparence quant à l’application ? la technologie sur laquelle celle-ci s’appuie a t’elle évolué, gagné en sécurité ? Les craintes des individus ont-elles changé ? La défiance envers le gouvernement s’est elle résorbée ?
Si la technologie est toujours la même, l’application se veut plus transparente pour rassurer ses utilisateurs. Dès le téléchargement de l’application des informations liées à la confidentialité apparaissent. La distinction entre traçage Bluetooth et géolocalisation est clairement faite :
« TousAnticovid utilise uniquement le Bluetooth de votre téléphone. Vos données de géolocalisation ne sont si enregistrées, ni échangées […] ».
L’appli insiste également sur la garantie de l’anonymat des utilisateurs :
« les personnes alertées n’auront aucune information sur le téléphone portable à l’origine de l’alerte ni sur son propriétaire »
le fonctionnement des pseudos identifiants est expliqué simplement, le lieu et le temps de stockage des données est également évoqué. Cependant cette transparence dans l’application ne peut se suffire à elle-même, puisque les plus réfractaires ne téléchargeront pas l’application. De plus, encore faut-il faire confiance au gouvernement pour croire en ses dires. A ce titre, nous avons pu identifier deux tendances légèrement contradictoires.
D’une part, il est clair que la confiance envers le gouvernement joue toujours un rôle déterminant dans le téléchargement ou non de l’application. Les réponses aux questionnaires ont permis de faire émerger une corrélation forte entre ces deux variables.
Graphique que nous avons réalisé à partir des données du formulaire :
- ordonnée : proportion de répondants pour chaque niveau de confiance
- abscisse : niveaux de confiance
Ici, on voit clairement que les individus n’ayant pas téléchargé l’application ont tendance à déclarer des niveaux de confiance plus bas que ceux ayant téléchargé l’appli. On peut lire notamment que plus de 30% des répondants n’ayant pas téléchargé l’application ont déclaré n’avoir pas du tout confiance en le gouvernement (niveau 1) tandis que seuls 5% parmi ceux l’ayant téléchargé ont déclaré la même chose. Ces proportions évoluent logiquement plus on monte en niveau de confiance. Dans les deux derniers niveaux de confiance on constate qu’il n-y-a aucun individu n’ayant pas téléchargé l’application.
D’un autre côté, le micro trottoir tend à relativiser l’importance de ce facteur dans la population générale. Si les réponses au questionnaire ainsi que les résultats des chercheurs ont plutôt tendance à montrer que les individus semblent plus à même de confier leurs données personnelles à des organismes privés plutôt qu’à l’Etat, les réponses que nous avons obtenues semblent plutôt affirmer l’inverse. Pour beaucoup, le fait que l’Etat soit aux manettes de l’application est rassurant.
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Beaucoup de choses intéressantes dans ce micro trottoir. On retrouve les grandes tensions déjà évoqués entre intérêts privés et intérêts publics. Le choix de ne pas activer le Bluetooth n’en est pas toujours un. Certains n’y voient pas d’intérêts, d’autres le refusent carrément (et on peut sentir la méfiance envers le gouvernement de manière général). l’usage par certains de termes très péjoratifs révèlent cette méfiance envers le dispositifs : “on est suivis de partout”, “pisté”. D’autres, notamment les personnes âgées ne connaissent pas l’existence du traçage numérique et ne savent pas comment l’activer. Bien que tous les extraits ne figurent pas dans le montage final, plusieurs personnes plus âgées ne savaient pas comment activé le dispositif, ce qui révèle aussi l’existence d’une “fracture numérique” entre les plus âgés et le reste de la population.
En ce qui concerne la confiance envers le gouvernement, le résultat est plutôt mitigé mais tend à être plus nuancé que ne le laissaient entendre les réponses au questionnaire. Si certains affichent une hostilité réelle envers le gouvernement, la plupart considèrent qu’il est rassurant, ou tout du moins, normal que celui soit aux commandes de l’appli.
Réaliser un Micro trottoir est une véritable expérience sociale. Aller vers les gens n’est pas toujours facile, d’autant plus que les questions autour de TAC peuvent générer un certain nombre de tensions et des réticences (on a pu le sentir avec certains répondants. Pas vous ?)
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Peut - on établir un profil type de “l’anti” TousAntiCovid
L’objectif du Google form était de saisir le profil des utilisateurs de l’application mais aussi et surtout de ses non utilisateurs, qui constituent aujourd’hui une minorité. Voici les quelques tendances que nous avons pu identifier :
une plus forte proportion de réfractaires chez les individus de sexe masculin
Parmi les 38 répondants masculins, 8 ont déclaré ne pas avoir installé l’application, soit un peu plus de 20% d’entre eux. Ce taux se situe à seulement 9% chez les femmes. Ainsi, bien qu’ils ne représentent qu’un quart des répondants, les hommes comptent pour plus des 2/3 des individus n’ayant pas téléchargé l’application. Il est évident qu’une étude plus approfondie portant sur un échantillon plus large serait nécessaire pour confirmer et expliquer cette tendance. Cependant, ce résultat reste significatif. Il serait donc intéressant de creuser un peu plus la question dans le cadre d’une autre étude, avec plus de temps et de moyens.
Impossibilité de mettre au jour un lien avec l’âge
Il nous est malheureusement impossible d’établir un quelconque lien avec l’âge des individus. Nous avons réalisé un camembert présentant la répartition par classe d’âge des individus n’ayant pas téléchargé l’application :
15 - 18 = 32%
19 - 24 = 39%
25 - 30 = 3,5%
31 - 49 = 17,8%
50 - 69 = 7%
Cette sur représentation des deux plus jeunes classes d’âge est à remettre dans le contexte de l’étude réalisée. En effet, cette répartition est très similaire à la répartition générale parmi les répondants :
Ainsi, il n’est pas possible d’établir un âge moyen. Il semblerait au contraire que cette méfiance touche toutes les classes d’âge de manière à peu près égale. De plus ample investigations seraient nécessaires.
Des niveaux de confiance envers le gouvernement plus bas
Comme nous l’avons expliqué dans un post précédent, il existe un lien fort entre niveau de confiance envers le gouvernement et installation/activation de l’application. En effet, les individus n’ayant pas téléchargé l’application déclarent, en moyenne, un niveau de confiance envers le gouvernement plus bas que ceux l’ayant téléchargé. De cette affirmation a cependant découlé une piste de réflexion qui, bien qu’elle n’ait pas aboutis, fut intéressante à explorer :
Pas de lien évident entre parti politique et rejet de l’application
Dans le formulaire nous demandions aux individus volontaires d’indiquer à quel parti politique ils s’identifiaient. L’objectif était d’établir un lien entre appartenance partisane et installation/utilisation de l’application. Suite à la confirmation de notre hypothèse précédente, à savoir que les individus n’ayant pas téléchargé l’application déclaraient en moyenne des niveaux de confiance envers le gouvernement plus bas que leurs pairs, nous avions établis une autre hypothèse en découlant : la proportion de personnes se déclarant comme n’appartenant à aucun parti ou à des partis extrêmes est plus importante chez les individus n’ayant pas téléchargé TousAntiCovid. En effet, il nous semblait plausible que les individus ayant le moins confiance en l’Etat soient aussi les plus “éloignés” de ce qui s’en rapproche, à savoir les partis, ou alors ceux cherchant à le réformer profondément via les partis les plus extrêmes. Les réponses au questionnaire n’ont pas permis d’établir une telle corrélation. Il semblerait au contraire que la méfiance envers TousAntiCovid soit le dénominateur commun de tous les partis, de l’extrême gauche à l’extrême droite en passant par les zemmouristes. La méfiance envers TousAntiCovid n’a pas de couleur politique.
Application et vaccination
Parmi les 138 répondants, seuls 19 soient 13%, ne sont pas vaccinés.
Près de 15 d’entre eux sont des individus n’ayant pas téléchargé TousAntiCovid. Ceux - ci représentent donc 79% des non vaccinés parmi les répondants.
La méfiance envers l’application semble donc souvent s’accompagner d’une méfiance envers le vaccin.
Quelles motivations ?
parce que vous n’en voyez pas l’utilité : 66,7%
Par peur pour vos données personnelles : 57,6%
Par opposition au gouvernement et à sa politique : 36,4%
Parce que cela met en péril vos libertés : 45,5%
Je vis à l’étranger : 3%
La principale raison ayant motivé le choix des individus réfractaires à l’application est le critère d’inutilité. Près de 66% d’entre eux considèrent en effet l’application comme étant inutile, un chiffre qui, au vu des réponses que nous avons précédemment obtenu, ne doit pas être si éloigné de celui que l’on pourrait observer dans la population générale. En deuxième position arrive la crainte pour les données personnelles. Reste à déterminer si cette peur est dirigée vers l’Etat et l’utilisation qu’il pourrait faire de ces données ou vers une tierce personne aux intentions malveillantes en mesure de pirater le serveur gouvernementale. Les inquiétudes soulevées dans le cadre du premier cas peuvent sembler légitimes. En effet, malgré les efforts faits dans le but d’assurer une plus grande transparence, plusieurs scandales politiques ont déjà enrayés la confiance des français envers leur gouvernement. Beaucoup semblent penser que celui-ci ne leur veut pas que du bien comme l’a laissé entendre l’un des répondants, qui biensûr, n’avait pas téléchargé l’application :
« Jamais je ne mettrai d'applis de ce gouvernement d'assassins sur mon téléphone. ».
De nombreuses théories du complots ont également émergées sur le net dans les premiers temps de l’appli, contribuant à créer un climat anxiogène. L’une d’elle notamment assurait que l’application enregistrait les contacts sur le téléphone de ceux l’ayant téléchargé. Nous en parlons plus longuement dans un autre post dédié.
Pour l’informaticien et philosophe Jean-Gabriel Ganascia cependant, cette méfiance a bien quelque chose d’irrationnel :
« Ceci étant, les craintes d’exploitation massive des données de traçage par l’État paraissent, à la réflexion, assez incongrues dans un pays où la Sécurité sociale trace déjà, avec les cartes vitales et les bases de données de l’Assurance maladie, l’état de santé des patients, en particulier leurs visites chez les médecins, les médicaments achetés, leurs hospitalisations et, dans le cas de la Covid-19, ce qui n’est pas négligeable, leurs vaccinations. Pourquoi imaginer qu’avec des applications de traçage aussi protégées que nous l’avons expliqué, l’État chercherait à utiliser ces données-ci, pour accroître son emprise sur la population, alors qu’il dispose déjà de données plus complètes, et ce en quantité beaucoup plus considérable ? » Jean Gabriel Ganascia, “peur du traçage - traçage de la peur”
Ainsi, puisque l’Etat dispose d’ores et déjà de toutes ces informations sur ses concitoyens, pourquoi utiliserait-il TousAntiCovid dans ce même dessein ? Sentez-vous libre de partager vos hypothèses et opinions dans les commentaires :)
Comme nous l’avons vus avec Mr Leurent, les risques de cyber attaque existent mais sont peu probables. Tout du moins en ce qui concerne le serveur TousAnticovid...
Enfin, une autre source d’inquiétude concerne l’empiètement sur nos libertés fondamentales. Sur ce point, la quadrature du net se montre elle aussi très méfiante et semble donner raison aux réfractaires. Mr Leurent quant à lui se montre moins extrême. Tout est question de compromis. Cependant, notre balance interne qui permet de faire ce compromis est subjective.
En conclusion, il est difficile d’établir un véritable portrait robot de “l’anti” TousAntiCovid. Il semblerait qu’il s’agisse plus souvent d’un homme, qui plus est non vacciné, ayant moins confiance en le gouvernement que la moyenne. Pour ce qui est de sa couleur politique, ou de son âge, il est difficile d’établir une corrélation avec les données à notre disposition, qui indiquent potentiellement un certain “universalisme” de cette méfiance. Enfin, tout comme la population générale, l’individu réfractaire trouve souvent peu d’utilité à l’application, et craint également pour ses données personnelles et ses libertés fondamentales.
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TousAntiCovid et le complotisme...
Le contexte pandémique est idéal au développement de théorie complotiste : la pandémie n’existe pas et n’a même jamais existé, le virus a été fabriqué par les chinois ou les américains dans le but de détruire ou contrôler l’Humanité, le vaccin va en réalité être un moyen pour le gouvernement de nous implanter des puces 5G pour mieux nous contrôler, … Chaque fait, événement, est un nouveau terrain de jeu pour les complotistes, toujours plus créatifs les uns que les autres. Tweeter est le lieu par excellence qui rassemble toutes ces théories. De nombreux comptes se sont ouverts depuis le début de l’épidémie dont le but est de divulguer aux lecteurs la « vérité », celle cachée par les médias, les gouvernements des états, les médecins, … Ces comptes ont néanmoins une certaine popularité : Alain Soral Officiel compte 61 400 abonnés, Tom La Ruffa en compte 43 500, Pierre Jovanovic en compte 39 300, Egalité et réconciliation possède 33 200 followers, L’info libre en a 29 300, … Tous sont des comptes relatant, et pas seulement depuis le début de l’épidémie, des thèses conspirationnistes, prouvées fausses, mais qui ont un certain succès sur les plateformes de réseaux sociaux.
Ainsi, l’application TousAntiCovid n’est pas épargné par de nombreuses théories. Elle fait généralement partie de plus grandes thèses concernant la mise en place d’une dictature sanitaire dans un but de surveillance totale des citoyens. Au cours des derniers mois, un document qui aurait été rédigé par la Fondation privée américaine Rockefeller et le Global Business Network en mai 2010 est ressorti de nombreuses fois sur Internet. Extrait d’un document intitulé « Scénario pour le futur de la technologie et du développement international », il décrirait en trois phases un plan destiné à « disséminer un virus ayant pour objectif final la mise en place d’un système de contrôle des populations ». Au cœur de ce plan, l’introduction « obligatoire d’application Track en Trace » tel que nous les connaissons avec TousAntiCovid. Leur mise sur le marché ne serait alors qu’un moyen de plus pour connaître les moindres gestes de chacun des citoyens afin de les contrôler, dans la satisfaction de leurs besoins les plus nécessaires, ce qui les plongeraient dans un état d’hétéronomie totale.
La réalité est qu’à la lecture de ce document complet, aucun extrait n’évoque ce plan « machiavélique », mais cela n’empêche pas certains internautes d’y croire comme le montre ces commentaires.
La majorité des théories autour de l’application résident dans l’idée que le gouvernement conserverait toutes nos données pour les utiliser ou nous surveillerait sans notre accord. Le site Wikistrike, dont le slogan est « Rien n’est supérieur à la vérité », a par exemple publié en 2020 une information comme quoi le gouvernement allait installer « en douce » l’application StopCovid dans nos téléphones. Jean-Luc Mélenchon avait quant à lui déclaré à l’Assemblée Nationale « Alors moi, je ne prendrai pas l’application. Je bénéficie de ce privilège d'être à la tribune pour dire à tous ceux qui m'ont dans leur annuaire : retirez mon nom immédiatement de leurs téléphones s'ils prennent pour eux l'application ! », endossant la théorie selon laquelle l’application StopCovid allait « siphonner le carnet de contacts des utilisateurs ». Or, il a été prouvé que l’application ne peut récupérer ce genre d’informations.
Sur les réseaux sociaux, les débats s’animent toujours mais certains profils semblent vouloir ramener à la raison ceux qui laissent aller leur imagination.
Ainsi, le contexte de crise est propice au développement de théories plus ou moins farfelues, de thèses conspirationnistes, et également de fakenews. Si certaines nous permettent de rester vigilant sur ce que nous faisons de nos données, beaucoup sont infondées et créatrices d’une paranoïa dangereuse. La vérification des sources devient bien plus essentielle et même nécessaire lorsque nous souhaitons nous informer. Comme nous l’avons vu, les experts en protection des données, dans le domaine du droit ou du numérique, peuvent nous éclairer sur ce que nous faisons sans nous laisser plonger dans de fausses inquiétudes.
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Bilan de l’enquête
En conclusion, la méfiance des individus à l’égard de TousAnticovid est compréhensible mais peut être facilement surmontée grâce à une meilleure compréhension de son fonctionnement. La plupart des craintes se concentrent sur le traçage numériques et sont liées à un manque d’information. On peut notamment relever la confusion entre géolocalisation et traçage numérique via Bluetooth. Une bonne partie des réticences peut aussi s’expliquer par un manque de confiance structurel envers le gouvernement, et n’ont que peu a voir avec le fonctionnement même de l’application. De plus, de nombreux organismes tels que la CNIL ou l’INRIA travaillent pour assurer la sécurité de nos données personnelles. Le risque pour nos libertés fondamentales ne peut pas être écarté comme le soulignent la Quadrature du net ou encore le spécialiste en cybersécurité que nous avons eu la chance d’interviewer. Il est nécessaire de mesurer ce sacrifice au regard de la nécessité de celui-ci et de l’efficacité du dispositif. Cependant, comme le souligne Gaëtan Leurent, nous disposons de très peu de retours fiables concernant l’efficacité de l’application, ce qui peut également expliquer la remise en question de l’utilité du dispositif par les citoyens et la non perception de celui-ci comme un outil au service de l’intérêt général. Enfin, Le plus grand risque pour nos données personnelles, se trouve en fait là ou personne ne l’attend. L’incorporation de nouvelles fonctionnalités, plébiscitées par les utilisateurs est à l’origine du succès mais surtout du détournement de l’application par rapport à sa fonction initiale. Ces nouvelles fonctions mettent à mal la pseudonymisation de nos données, et ne génèrent pourtant que peu de réticences au sein de la population.
La question qui se pose donc nécessairement est celle de la nécessité de produire une alternative à TousAntiCovid. A ce jour, il n’en existe pas en France. Face au constat selon lequel une grande majorité des français ne voit de toute manière pas d’intérêt au tracage numérique, est ce vraiment nécessaire de chercher une alternative ? N’est ce pas plutot la stratégie du gouvernement en terme de communication et de transparence qui doit subir les plus gros changements ?
Et dans les autres pays, ça donne quoi?
La plupart ont recours au même genre de dispositif que la France, notamment en Allemagne. Les habitants sont invités à télécharger Corona-Warn App, une sorte d’équivalent de TousAntiCovid, fonctionnant à l’aide de Bluetooth. Cependant, la plupart de nos voisins européens mais aussi américains ont opté pour des systèmes décentralisés déléguant à des entreprises privés la gestion des données personnelles de leurs utilisateurs.
Dans certains pays, l’aspect “Big Brother” de ces applications est vraiment à son apogée. En Pologne, les habitants en quarantaine reçoivent de manière aléatoire une notification via l’application plusieurs fois par jour, leur demandant d’envoyer un selfie. En l’absence de réponse, la police se rend à leur domicile.
Il semble ainsi que chaque gouvernement fut libre de choisir la solution qui lui paraissait la plus appropriée. C’est pour cela que des autorités indépendantes - comme la CNIL en France - sont indispensables pour veiller à la protection de nos données.
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