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Vingt et quelques
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vingtetquelques-blog · 4 years ago
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Bien sûr j'ai voulu partir, mais c'est moi que je voulais fuir, dans l'inconstance
Etienne Daho - L’inconstant
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vingtetquelques-blog · 4 years ago
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Ecrire la vie
Elle parcourut des yeux la tranche des livres qu’elle avait entreposés sur la planche de bois. Quelques jours auparavant, un projet d’étagère avait germé dans son esprit mais, entrevoyant la complexité d’une telle réalisation, elle avait préféré la confier à l’homme. Il avait tenu à ce qu’elle investisse ce recoin de loggia mal entretenu pour en faire son bureau, un endroit à elle, afin qu’on ne lui reproche plus jamais à lui d’entraver son espace. Faute de pièces disponibles, il avait placé le sien dans un angle de la chambre conjugale, ce qui avait certainement titillé son orgueil quelques minutes, ou quelques heures, avant qu’il ne dût se rendre à l’évidence : lui pouvait travailler partout, n’importe quand, dans le silence ou dans le bruit, alors qu’elle en était incapable. Il l’avait donc vivement encouragée à ce qu’elle repeigne ces murs défraîchis de la loggia de la couleur qui l’inspirait mais avait insisté pour qu’elle prenne le temps de bien faire les choses - marquage des angles, bâchage des sols et meubles alentour, sous-couche, première couche, deuxième couche. Il devinait ô combien la procédure devait être éprouvante pour elle, se concentrer sur des tâches purement manuelles et fonctionnelles pendant que son esprit bouillonnait de pensées dont elle se sentait sur le point de déborder. Pour la peinture, elle avait vite opté pour une couleur chaude, la terracotta. C’était l’exacte teinte qui flamboyait sur les murs du collège d’en face, un imposant bâtiment qui bordait une cour dont lui parvenait, à certaines heures du jour, les cris des adolescents. Elle se demandait parfois à quelles émotions ces cris étaient reliés - la joie, l’excitation, la frayeur ? Ils étaient surtout l’évidence que la vie abondait à quelques mètres d’elle, et cette idée pouvait lui apporter un certain réconfort. La première couche à peine sèche, elle s’était attelée à la décoration du bureau, une simple planche de bois que l’homme avait fixée. Elle avait acheté des nouveaux stylos, un nouveau carnet, posé un mini cactus et un trèfle à quatre feuilles qu’elle avait décidé de faire germer plus tard. Enfin, elle avait soigneusement sélectionné des livres de la bibliothèque de la chambre, pour les faire migrer vers son bureau. C’est à ce moment-là qu’elle avait eu l’idée de cette étagère. Elle avait proposé un emplacement à l’homme, il avait parcouru des yeux le petit espace, arborant une moue de connaisseur, puis avait acquiescé. “Je peux te la mettre là oui, c’est assez simple, je le ferai ce week-end.” En l’observant, elle avait remarqué que son corps avait changé ces derniers mois. Alors qu’il avait abandonné depuis longtemps ses ambitions d’activité sportive hebdomadaire, ses épaules s’étaient mystérieusement élargies, son torse semblait plus imposant. Il lui apparut clair que plus elle sombrait dans la vulnérabilité, plus sa carrure se développait. On était lundi, l’étagère n’avait pas été achetée, les livres trônaient encore sur la planche de bois. Ils étaient au nombre de cinq et elle se demanda pourquoi elle les avait choisis, eux. Ils avaient en commun d’avoir tous été achetés par elle, condition impérieuse pour pouvoir figurer sur ce bureau. L’idée d’y poser un livre qu’il aurait acheté pour lui était insupportable. Face à ce quinté littéraire, elle fut frappée de découvrir que trois d’entre eux arboraient le mot “vie” dans leur titre. 
Le sens de ma vie de Romain Gary 
Ecrire la vie d’Annie Ernaux 
La Vie ordinaire d’Adèle Van Reeth
Le mot “vie” flottait à différents endroits de son bureau, on aurait dit des drapeaux, hissés fièrement. Cette image lui donna une irrépressible envie de pleurer qui, comme souvent ces derniers temps, vint se loger dans sa gorge pour ne plus en bouger. Elle se sentit tout à coup emplie - ou plutôt vide - d’une profonde désolation. Elle qui avait tant aimé la vie, tant espéré d’elle, tant eu peur de la perdre soudainement, comment pouvait-elle aujourd’hui penser à y mettre fin ? Elle avait le sentiment d’avoir passé les trente-cinq premières années de sa vie à se battre pour avoir une grande vie. Elle croyait avoir résolu ces angoisses de mort en brisant la routine, en vivant des amours passionnelles, en évoluant dans un milieu créatif, en donnant vie à deux enfants pleins de joie et d’espoir. Elle avait eu tant de fois peur que la mort l’attrape au vol qu’elle avait voulu vivre, vivre, vivre, le plus de choses possible. Comment aujourd’hui pouvait-elle se mettre à désirer une fin qu’elle avait toujours repoussée hors de sa pensée ? Elle avait fait tout ça pour en arriver là ? 
Elle pensa aux trois hommes qui avaient perdu la vie au cours de l’année écoulée. 
Son grand-père, un homme taciturne, exilé de son pays à l’âge de dix-huit ans, qui mourut soixante-huit ans plus tard encore inconsolable de la tristesse de son départ. 
Son collègue de travail, qui avait choisi de mettre fin à sa vie à l’aube de la quarantaine, que son amour inconditionnel pour ses enfants n’avait pu préserver d’un tel sursaut de désespoir.
Son beau-frère, qu’elle soupçonnait de croire encore en la vie dans ses derniers efforts pour actionner la pompe de morphine censé soulager les douleurs atroces précédant son dernier souffle. 
Ces hommes avaient basculé de l’autre côté et elle aurait dû être ivre de gratitude que ce ne soit pas tombé sur elle. Ces morts auraient dû constituer une preuve par trois que la vie était courte et éphémère, et qu’il fallait continuer à en profiter. 
Mais la mort avait désormais toute la place sur la vie et elle ignorait complètement comment inverser le rapport de forces. Son regard se posa sur les deux autres livres posés sur la planche de bois. 
La sagesse de l’amour d’Alain Finkielkraut
L’homme-joie de Christian Bobin
La solution devait se situer quelque part par là, entre l’amour et la joie, mais elle sentait que le chemin était long et mal éclairé pour y arriver. 
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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Nuage Noir
Laisse passer
Le nuage noir passé
Ce n'est rien
Même s'il revient au galop
Tôt ou tard Ou tard ou tôt
La belle affaire
J'en ai vu de pires
Passer des nuages verglacés
Loin
Comme un peu de ton rimel
Sur ma peau qui me rappelle
Alors que je suis en vie
Le grand V
Le nuage est passé
Ce n'est rien
Même s'il revient au galop
Ou tard ou tôt
La belle affaire
La belle affaire
B.B
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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Je promis à Jean-Jacques d'avoir confiance, toujours. J'ai tenu parole. Je ne le regrette pas. Mieux vaut toujours être dupe qu'avare.
Françoise Giroud
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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A quoi reconnaît-on que l’on est amoureux ? C’est très simple. On est amoureux quand on commence à agir contre son intérêt.
François Truffaut, L’Amour en fuite
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas. La vérité de ce monde c'est la mort. Il faut choisir, mourir ou mentir. Je n'ai jamais pu me tuer moi.
Louis-Ferdinand Céline
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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Il voulait me montrer quelque chose.
- Viens voir. Cette fille écrit vraiment comme toi.
Je vis ses yeux se fermer, à peine sa phrase terminée. Un léger clignement, de deux secondes, pendant lesquelles il sembla saisir l'ampleur du chaos vers lequel cette phrase pouvait nous mener lui et moi, dans les deux prochaines heures. J'inclinai légèrement ma tête. Je plissai les yeux. Je creusai ma ride du lion un peu plus encore. 
- ��� Comme moi ? C'est-à-dire ?
- Non mais pas exactement comme toi. Mais...bon, il y a quelque chose, dans son écriture...qui m'a fait penser à toi. Je ne saurais pas dire quoi. Tiens...lis ça.
Ainsi me mis-je à lire les textes de cette fille, que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve ni de nulle part ailleurs, et qui, apparemment, écrivait comme moi. Je fis défiler ses réflexions. Assez courtes, plutôt personnelles, très nombreuses.  Je ne sais pas si cette fille écrivait comme moi, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle écrivait bien plus que moi. Elle avait des pensées sur à peu près tout et n'importe quoi, mais surtout sur elle. Chaque texte débutait de la même façon : par la phrase parfois, je me dis que ... Chaque texte finissait de la même façon : mal. Je ne savais pas quoi en penser. Cette fille écrivait plutôt bien, c'était évident. Son écriture était manifestement meilleure que son moral, en tout cas. Elle avait ce ton désenchanté et désespéré, celui qui peut parfois des miracles, ou qui peut déprimer. Derrière son apparente désinvolture était cachée - très mal cachée - une insoutenable lourdeur. Je l'imaginais cette fille. Elle devait écrire la nuit, seule chez elle, en proie à de terribles insomines. Une main tenant une tasse de thé noir jasmin ou caressant son chat noir tellement câlin. Le regard triste, dans le vague, la main molle, tapotant nonchalemment sur son clavier, un petit soupir expiré après chaque point. La vie n'avait pas de sens, les autres ne la comprenaient pas et elle serait toujours seule. J'imaginais bien qui était cette fille, capable d'écrire une phrase comme : Parfois, je mets du rouge sur mes ongles pour dissimuler le noir de mes yeux.
J'en sortis vraiment contrariée. Non seulement, il existait d'autres filles que moi qui écrivaient sur des tumblr - j'admets avoir jusqu'alors fait un peu l'autruche sur ce point.  Mais il trouvait que j'étais une fille triste à mourir, qui écrivait pour (se) raconter ses états d'âme. 
Je lâchai mon ordi et m'emparai de ma mauvaise foi. 
- Oui, c'est pas mal. Bon, je vais faire les ongles. A toute."
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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Je t'ai dans la tête et le sang. AIlleurs, je ne cherchais que toi.
Etienne Daho
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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L'illettrée.
Il a cru que j’écrirais, je l’ai trompé sur toutes les lignes. 
Il a tout essayé. M’isoler, m’attabler, me parer de feuilles, de stylets, mais rien n’y a fait. Mes cahiers sont aussi livides que mon visage inquiet.
Si j’avais le désir d’écrire pour le plaisir, je noircirais des pages avec des petits riens, juste pour rire. C’est sur moi que la noirceur s’est dessinée, et elle ne déteindra pas sur ce papier, voué à être immaculé. 
Mon intention est si grande et mon ambition est si haute, que même sur la pointe des pieds, mes mains n’arriveraient pas à les coucher sur le papier. 
Si je n’arrive pas à écrire, je suis toujours avide de lire, tous ces blancs que lui parvient à remplir, toutes ces lignes qu’il trace, comme autant de ponts qui relient son imagination à ma frustration. 
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vingtetquelques-blog · 12 years ago
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Chez Maurice et Catherine.
- Maman ...
- Quoi ? 
- Je suis obligée ? Tu peux leur dire que je suis malade, c'est possible, non ? Après, les fêtes, tout ça. C'est cohérent.
- Oui mais, enfin, tu ne vas pas rester là. Le soir du 31, toute seule à la maison...
- Il faut bien que je m'habitue.
- Oh, arrête ...
- Bon. Ca te ferait plaisir, que je vienne ?
- Oui, voilà, ça me ferait plaisir. 
- Ok. Alors. Je viendrai. 
Et j'ai raccroché. Je n'ai pas voulu me battre. Je n'en ai plus l'énergie. Plus envie de lui expliquer, une fois de plus, que non, ça ne me dérange pas de rester à la maison, que oui, je préfère être seule, plutôt que de passer le réveillon du jour de l'an avec eux, chez leurs voisins, que je ne connais pas et que je n'ai pas envie de connaître. Je n'ai pas voulu être une fois du plus la fille hautaine et ingrate, donc je ne lui ai pas dit ce que je pensais, elle le sait déjà, de toute façon. Que je vaux mieux que ça, que leur vie m'angoisse, que la vision de leurs petits fours me donne la nausée. Je les vois déjà, leurs petits fours, aussi petits que leur maison, que leurs enfants, que leur esprit, que leur vie. Ces gens n'ont de grand que leur télévision. Mais je n'ai pas pu dire ça. Je ne veux plus être cette conne. Surtout que ma vie ne ressemble à rien ces derniers temps. Moi non plus, je ne fais rien de bien, rien de grand, et je n'ai même pas de télé. Demain, c'est le premier jour de l'année, je vais rentrer seule à Paris, vivre ma vie, celle que je crois au-dessus de ceux qui l'ont créée. En attendant, nous sommes le 31 décembre 2012, j'ai vingt-six ans, j'ai peu d'amis et pas d'amant, et je m'apprête à  passer mon réveillon avec mes parents, chez Maurice et Cathy. J'ai le sentiment de n'avoir jamais été aussi loin de ma vie. 
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vingtetquelques-blog · 13 years ago
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Qu'allez-vous faire de ce qu'on a fait de vous ?
Les Mots, Sartre
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vingtetquelques-blog · 13 years ago
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L'homme mur.
Cet homme avait tout pour me plaire. 
Une voix grave, assurée, dès qu'il parlait je n'avais plus peur. Il était tatoué, un peu partout, le corps rempli de motifs et de couleurs, comme autant de marques du passé sur sa peau gravés. Cet homme avait vécu des choses, je ne savais pas lesquelles, je devinais qu'elles n'avaient pas été faciles. Il n'était pas jeune cet homme, on pouvait dire qu'il était mur, le type d'homme qui rassure, qui fait des ratures sur tes blessures pour noircir les coups durs. J'allais être heureuse avec cet homme, il serait mon homme mur, mon mur tagué sur lequel je me reposerai, mon épaule tatouée vers laquelle ma tête pencherait. 
Cet homme avait tout pour me plaire, pourtant je sentais que j'allais tout faire pour le perdre. 
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