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Le temps des examens
Cela fait maintenant plusieurs mois que j’ai délaissé mon blogue, mais l’histoire est loin d’être terminée. Je vous avais abandonné quelque part sur la route reliant Stockholm à la petite Oskarshamn. La parenthèse dans la belle capitale suédoise s’est achevée brutalement ce lundi 13 mars à 6h30 par mon réveil qui me rappelle que je dois me rendre au SFI. Évidemment, en cours je raconte mon escapade dans la capitale avant d’entamer un nouveau texte. Mark et moi parlons des tensions qui secouent les relations entre les Pays-Bas et la Turquie, et qui ont des répercussions dans les banlieues néerlandaises. En plus ça va être les élections, bonjour l’ambiance ! Le prof en revanche est émerveillé, il nous montre les résultats du Melodifestivalen, antichambre de l’Eurovision, et véritable phénomène en Suède. C’est un tocard qui a gagné, avec une chanson fadasse. J’espère qu’il n’ira pas bien loin. L’après-midi est consacrée à la cuisine et à la sieste, je dois récupérer un peu de ma semaine folle. Mais comme le frigo est vide je dois partir faire des courses. Ça me fait plaisir, le temps est clément dehors. Une fois les armoires et le frigo ravitaillés, je me rends à Kristineberg, retrouver Robert et Lasse. Les gamins sont déchaînés, Hermann et David accumulent les conneries. Je raconte mon voyage à Stockholm avant de trouver un endroit calme pour discuter avec ma grand-mère au téléphone. Entre temps Hermann a dépassé la ligne rouge et Robert l’a mis dehors. Bon débarras ! Au soir, la conversation repart sur le dada habituel de Robert, les ennuis à Stadsparken le samedi soir. Robert n’apprécie pas l’angélisme de Maria. Je suis globalement d’accord avec lui, mais d’un autre côté j’imagine que tous ces ennuis à répétitions l’ont poussé, ainsi que d’autres, à voter contre la continuation du programme EVS. Juste pour embêter Maria. Au soir, je défais ma valise et range mes affaires avant de parler avec Dom, dont l’appartement a pris l’eau. Du coup il a dû être relogé en face.
Mardi matin, je suis debout à six heures pour la lessive. Cette fois j’étais vraiment à court, toute ma valise y passe. Le comble c’est que les vêtements ne sont même pas secs après avoir tourné indéfiniment dans le sèche-linge. Je publie ensuite quelques phots sur Facebook, en commençant par celles prises à Uppsala. Au SFI, c’est un peu le chaos dans l’organisation. Mounir s’acharne à débloquer un cadenas que j’avais récupéré à la piscine alors que je recopie au propre un résumé sur Astrid Lindgren. Après un petit moment, les efforts de Mounir finissent par payer, il vient à bout du cadenas. Sur les 999 possibilités, chapeau, il a été vite ! Nous révisons ensuite des bases de grammaire avant de passer aux informations. Criminalité, encore et toujours, la police est débordée. Nous terminons le cours avec ces stupides chansons suédoises. Après le café, je retrouve Annika et Robert à Kristineberg. Je révise un peu alors qu’Annika décide de virer David et Albin, trop turbulents de nouveau. Ils se vengent en balançant des bombes puantes dans le couloir. Je joue ensuite aux Petits Chevaux avec Denise. Nous recevons ensuite la visite d’Awaleh et Abdel. Awaleh veut maintenant devenir pompier et faire un EVS en France. Nous discutons pas mal jusqu’à leur départ vers 8h. Je m’occupe ensuite de préparer un repas tardif avant la fermeture vers 9h. En rentrant, je termine les dernières pages de La Peste.
Il fait déjà clair lorsque le réveil sonne à 6h30 mercredi matin. Au SFI, nous lisons un texte avant une intervention de deux femmes de Folkhögskolan pour promouvoir les métiers d’infirmier et d’aide aux personnes âgées. A la pause, la salle de classe se transforme en nightclub, sauce orientale. Les Arabes ont repéré des enceintes et ont vite fait de les connecter à l’ordinateur pour passer de la musique. Nous sommes ensuite séparés, certains vont dans le cours de Britt-Marie, d’autres, dont Linda, Nizar et moi, se retrouvent avec les lycéens. Nous devons aider une gamine somalienne à identifier les partis politiques suédois. C’est d’un niveau école primaire, mais la fille ne semble absolument pas motivée et préfère passer son temps à écouter de la musique sur internet. Et en plus elle est arrogante ! Ça a tendance à m’énerver et Linda aussi visiblement. C’est d’une ingratitude quand on vient d’un pays comme la Somalie et qu’on crache sur une telle chance, celle de profiter du système scolaire suédois… Quelle idiote. Le début d’après-midi disparaît dans un trou noir, je ne me réveille de ma sieste que vers 3h. Ça m’énerve à nouveau, j’ai des choses à faire ! Je bois un café avant de filer en direction de la piscine. C'est me fait du bien de suer un bon coup au sauna. Au soir, je discute avec Maman et Vivien sur Skype à propos de mon voyage à Stockholm et du stage de Vivien à Carvin. J’entame ensuite la lecture d’un nouveau roman, ”L’homme inquiet”, d’Henning Mankel.
Le lendemain matin, je profite enfin d’une matinée où je peux dormir un peu plus. Je poste les dernières photos de Stockholm. L’après-midi, au SFI, nous lisons un texte sur le 112, le numéro d’urgence, avant de discuter des attitudes à adopter lors des situations critiques. Après la pause, Britt-Marie nous demande, à Guesh, Nguse, les deux Erythréens, Asalsadat, l’Iranienne, et moi, de réaliser une vidéo afin de valoriser le SFI. Je suis chargé de filmer à l’aide d’un Ipad. Puis nous retournons en cours faire un peu d’oral. Au centre, je retrouve Viktor et Abdel. Je profite du calme pour mettre de l’huile sur mon vélo qui commence à prendre une teinte orange rouille inquiétante. Je révise un peu au son de Black Sabbath et Alkaline Trio. Il est ensuite temps de cuisiner. L’activité frise le zéro. Abdel et moi décidons de nous exercer au billard. Nous décidons de rentrer les boules dans l’ordre. Ça fait longtemps que nous n’avons pas joué et nous devons nous acharner pour rentrer les quinze boules. Nos deux parties nous prennent une heure, mais nous nous amusons bien, surtout à cause de nos erreurs. Il faut dire que la table bancale n’aide pas non plus à jouer correctement. Au soir j’écris pour le blogue en écoutant du grunge féminin qui déménage.
Le 17 mars, nous passons aux choses sérieuses : après une matinée ordinaire, je me rends au SFI pour le début des examens. Tous les autres sont là aussi. Deux exercices de compréhension écrite aujourd’hui, 70 et 50 minutes. Je prends mon temps afin d’éviter les erreurs, mais globalement ça me semble facile. Entre deux, je parle avec Linda de son ressenti sur l’examen, et avec Mark du résultat des législatives aux Pays-Bas. L’extrême droite n’a pas gagné, mais la majorité sortante est aussi affaiblie. Pas de quoi ébranler le flegmatique Néerlandais. Vers 14h, je suis rentré. A la maison, Laurent a acheté un mixeur pour faire des smoothies. Non seulement l’appareil s’avère être bruyant, mais en plus ça dure longtemps. En attendant je joue un peu de basse, ”Battle of Mice”, j’ai rarement joué quelque chose d’aussi extrême, non pas que ce soit rapide et technique, mais l’atmosphère qui se dégage du morceau a quelque chose de spécial. A Kristineberg, c’est birthday party, comme d’habitude. Je passe une partie de la soirée à surveiller les enfants dans la pièce du fond avec Abdel. Au foot, seuls les plus jeunes sont là. Nous avons décidé de faire deux matchs, un pour les collégiens, un pour les lycéens, afin d’avoir un niveau plus cohérent, et ça marche bien. Après le match, nous passons la soirée à écouter un peu de rock. Seuls David et Albin sont là à dessiner. Viktor m’explique qu’il faut y aller molo avec Albin qui est un peu instable quand il n’a pas ses médicaments. J’avais déjà remarqué, ce gamin est gentil mais explosif. En rentrant, je profite de la fin de soirée pour lire un peu.
Samedi matin, j’écris un peu pour mon blogue avant de faire le ménage avant de préparer à manger. Après le dîner, je réaccorde ma basse en mi afin de réviser quelques morceaux. Je me rends à 16h à Stadsparken pour travailler avec Lasse et Devla. Comme d’habitude j’aide les gamins à faire leur séance de grimpette. Lasse a décidé de prendre les choses en main pour l’arrivée des lascars à 6h : il a ramassé tous les mégots et les détritus qui trainaient à proximité du centre et les a entreposés sur une table à l’entrée, en compagnie d’un papier expliquant que ce n’est pas bien. Autre excellente initiative, il décide de contrôler la musique depuis l’Ipad dans la cuisine. Le match de foot est un peu déjanté, les gamins se livrent à fond mais sans animosité. Le reste de la soirée est calme. Contrairement à d’habitude, les gangsters ne sont pas là. Le centre se vide vers 10h et nous fermons vers 10h30 après un peu de nettoyage.
Il fait plutôt beau dimanche matin. Après un rapide déjeuner, je file au supermarché faire mes courses hebdomadaires. Aujourd’hui j’ai réussi à ne dépenser qu’une vingtaine d’euros. En rentrant, je prépare le repas avant de prendre des nouvelles auprès de mes grands-parents maternels et de ma tante, qui me souhaitent un bon anniversaire, un peu à l’avance. Ma grand-mère a commencé une nouvelle séance de radiothérapie qui devrait durer quinze jours. J’espère que ça ira mieux pour elle. Malgré un début de crève qui s’annonce, je décide d’aller courir un peu, histoire de prendre l’air. En rentrant, je parle un peu avec Matthieu sur Skype avant de discuter avec Maman et Vivien. Je termine la soirée en compagnie de ma quatre-cordes.
Lundi matin, nous poursuivons nos examens au SFI, avec la compréhension orale et la production écrite. J’avoue ne pas tout comprendre à ce que les gens baragouinent lors de l’oral. C’est définitivement mon point faible en suédois, il est vrai que ce n’est pas non plus la langue la plus facile à comprendre. Mais la production écrite se révèle plus accessible. A la pause, Mark m’encourage à rédiger mon CV en suédois et à demander conseil à Andreas si besoin. Il me présente Alice, une Ivoirienne qui étudie également le suédois, au niveau C. Pour elle c’est très difficile. En rentrant, je m’attaque à mon CV avant de cuisiner et de dormir un peu. L’appel du café me réveille et je termine mon CV avant de partir pour Kristineberg. Albin, David et d’autres gamins discutent autour de la table alors que Robert part défier les plus jeunes aux tirs aux buts. Face à la faible activité, je décide de jouer un peu de basse. Il va falloir que je travaille les derniers morceaux que j’ai appris sinon je risque de les oublier. A l’heure du souper, Robert décide de passer un peu d’électro planante afin de créer une ambiance posée. C’est pas mal. Les problèmes surviennent ensuite lorsque Robert apprend que David et Albin, déchainés comme d’habitude, ont fait tomber de la peinture du plafond en jouant au bandy. Robert leur a évidemment demandé de nettoyer mais les deux galopins ont transformé le terrain en patinoire à l’aide des produits nettoyants. Du coup, Robert et moi partons réparer les dégâts à l’aide de papier essuie-tout et de produit vaisselle. Ces deux-là sont vraiment des catastrophes ambulantes !
Mardi 21 mars, aujourd’hui j’ai 29 ans. Ça me fait une belle jambe d’autant plus que je n’aurai personne avec qui fêter mon anniversaire dignement. Je me lève vers 9h et entame la rédaction de lettres de motivation, en anglais et en suédois. Si je n’ai plus de difficultés à écrire dans la langue de Shakespeare, je doute un peu des tournures que j’emploie en suédois avec l’aide du traducteur de Google. Après avoir avalé le reste de pâtes de la veille, je décide de sortir la basse et de travailler les morceaux que je commençais à oublier. Dans le même temps, je réponds aux messages sur Facebook afin de me souhaiter un bon anniversaire. Ça fait tout de même plaisir de savoir que des personnes pensent à moi de l’autre côté de l’Europe. Après un café, je file à Kristineberg à 17h, retrouver Robert et Abdel. Je joue au billard et au ping pong avec un petit gros malhabile avant que Robert ne sorte un gâteau. Nous partageons avec les gamins qui chantent même une chanson en mon honneur. David, Albin et Hermann sont encore bien énervés, je crois bien que la soirée ne sera pas de tout repos. Je reçois ensuite un appel de ma grand-mère paternelle. Je profite ensuite de la seconde partie de soirée pour passer ma playlist ”Fritidsgården” avant de discuter avec Abdel de nos voitures de rêve. Ce sont plutôt les supercars qu’ils affectionne, Porsche Panamera notamment, alors que j’évoque plutôt les voitures vintages, Alpine A110, Jaguar Type E ou Alfa Romeo Giulietta. Pendant ce temps, Robert passe la soirée sur l’ordinateur à préparer un voyage : l’automne prochain, il s’envolera pour trois semaines direction la Thaïlande. En fin de soirée, j’imprime un de mes CV, il faudra que je le montre au prof.
Mercredi matin, j’ai rendez-vous à 8h au lycée, pour un oral en compagnie de Lilly et Andreas. Je dois passer avec Nizar. Nous discutons à deux de l’intérêt d’acheter des affaires d’occasion, à propos du prix, de la qualité, de l’environnement. Puis je suis interrogé en solo, et dois répondre sur mon premier jour à l’école. Je choisis de raconter mon premier jour en tant que professeur il y a quelques années quand j’étais stagiaire. Ça se passe plutôt bien, et il est 8h30 quand je regagne l’appartement pour dormir à nouveau un peu. Je ne me lève qu’à 11h. Je cuisine un peu avant de me rendre à Stadsparken pour 15h, afin d’imprimer une lettre de motivation. Je parle un peu avec Maria avant que Robert ne m’aide à trouver une solution face aux problèmes de compatibilité de Windows. Je retourne rapidement à la maison pour prendre le café avant de me rendre à la piscine pour 17h. Il n’y a pas grand monde sauf les irréductibles, du coup il y a de la place. En rentrant, je cuisine des patates avant de discuter un peu avec Maman et Vivien, Rapidement, la discussion tourne autour de l’offre culturelle dans le Bassin minier et de la possibilité pour les musiciens de trouver une salle de répétition digne de ce nom. Au soir, je regarde un épisode de la série Madicken, afin d’écouter un peu de suédois. La Suède telle qu’on peut se l’imaginer, mais qu’est ce que c’’est ringard !
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Évasion à Uppsala et zonage dans Stockholm
Le réveil est donc compliqué vendredi matin, mais je parviens à émerger sans problème majeur. Après avoir déjeuné à nouveau en compagnie d’Ezter, nous partons en direction de l’école. Cette fois-ci nous sommes accueillis par Thorbjorn. Il ne me laisse pas une très bonne impression ce bonhomme, il est plein de suffisance. L’exercice ce matin est de valoriser une expérience. Je me retrouve à discuter avec Minka,la seconde hongroise, et Andrea, la Portugaise à échanger un peu. Puis nous devons trouver trois mots qui nous définissent dans nos progrès, sur les plans social, personnel et professionnel. Je parle un peu avec mon camarade russe Anton à la pause, qui désire rester en Suède après son EVS. On peut le comprendre. Après une dernière conclusion tous ensemble, nous prenons le repas avant de partir à l’hôtel récupérer nos bagages. Comme la fois dernière, nous nous disons au revoir et nous séparons dans le métro. Je me retrouve avec Laurent, Anna, Ezter, Theodor, Catharina, Denisa, Audrey et Suriah pour boire un café à Kulturhuset, dans l’hypercentre.Ils doivent prendre le bus pour le retour d’ici une heure, à quelques pas d’ici. Anna, l’Espagnole propose qu’on se retrouve pour passer quelques jours ensemble en été si c’est possible. Puis nous nous séparons. Laurent a décidé de rentrer alors que j’ai choisi de passer le weekend à Stockholm. Je remonte Drottninggatan et arrive à l’auberge de jeunesse, dans Kammakargatan. Je prends contact avec Theresa, une Allemande, volontaire à Högsby, pas loin d’Oskarshamn, afin de se retrouver au soir. Je pars ensuite faire quelques courses, j’achète une écharpe de Hammarby et des bonnets, avant de filer à travers Gamla Stan direction Södermalm pour acheter des provisions. Sur la route,je téléphone à Maman afin de donner quelques nouvelles. Une fois à l’hôtel, Theresa m’informe qu’on doit se retrouver à Stampen vers 20h30. Stampen, situé au cœur de Gamla Stan, c’est une institution pour les musiciens de blues et de jazz. Chaque soir il y a un concert. Je retrouve une grande partie des volontaires, plus Laurent, à ma grande surprise. Il a raté son bus, quelle gueule il a dû tirer ! Le marabout s’acharne sur son dos ! Ce soir, c’est un groupe de blues à l’ancienne qui occupe la scène avec brio. Le chanteur en impose vraiment, les deux guitaristes tirent le maximum de leur Telecaster, et la section rythmique, parfaitement dans sa bulle, fonctionne à merveille. Le batteur est sur une autre planète. Les gens, beaucoup de vieux, sont dans l’ambiance. Des femmes d’un certain âge sont là pour danser, elles sautent sur tout ce qui bouge ! Victor, le Grec, se retrouve bien malgré lui avec une manie insistante aux bras. A minuit, le spectacle est terminé. C’était vraiment bon. Je traverse la capitale déjà silencieuse afin de regagner l’auberge de jeunesse.
Je me lève à 8h pour entamer le weekend, pas totalement frais mais suffisamment reposé. Il faut dire que se retrouver dans un dortoir avec des gens qui organisent un concert de ronflements et être réveillé en plein milieu de la nuit par le fracas provoqué par la chute d’un lit superposé qu’un Russe passablement éméché tentait d’escalader n’aide pas à tisser des liens étroits avec Morphée. La pauvre réceptionniste, qu’est ce qu’elle a pris cher quand elle a eu la mauvaise idée de débarquer ! Le temps de me laver et de déjeuner, et je file à Centralstation en descendant Drottninggatan. Dehors il fait beau, 4°C et plein soleil, ça fait plaisir. Une fois dans la gare, je décide de ne pas attendre les autres et achète un billet de train. Hier soir, nous avons décidé de nous rendre à Uppsala, quatrième ville de Suède, située à 70 kilomètres au nord. A la base, j’avais prévu de trainer dans Stockholm mais c’est carrément un meilleur plan. Nous avons convenu de nous retrouver devant le café Starbucks. Sophie, Anna, Theresa, Victor, Danute, Lukas et Emmanuella arrivent rapidement. Nous prenons place dans le train, un modèle ”vintage” mais parfaitement en état de marche. Celui-ci quitte la gare à 10h11, et en quelques instants, nous quittons la ville. Même Stockholm, plus grande ville de Scandinavie n’est pas si étendue que ça finalement. Nous arrivons peu avant 11h à Uppsala. La ville est ancienne, réputée pour sa cathédrale, son université, et ses traditions. Nous nous promenons dans les rues du centre-ville. Victor achète quelques kanelbullar faits maison et les partage avec le groupe. Uppsala est une très jolie ville, magnifiée par le soleil et qui n’a pas le côté cosmopolite de Stockholm. Tout est très propre, les bâtiments arborent des couleurs vives et tout à un côté rétro. Nous nous dirigeons vers la cathédrale, qui est la plus grande et une des plus anciennes de Scandinavie. A l’intérieur se trouvent plusieurs gisants, dont celui du puissant roi Gustave Ier Vasa. Nous nous dirigeons ensuite vers le château d’Uppsala, aux murs roses, et situé sur une colline toute proche. L’édifice a servi de résidence à la famille Vasa pendant plusieurs générations. Nous entrons dans l’aile réservée au musée, dont la visite est gratuite. Il y a plusieurs expositions, peu fournies mais assez intéressantes. Je contemple les œuvres en compagnie de Victor alors qu’une bonne partie du groupe préfère se prélasser au soleil dans les jardins. Lorsque nous sortons enfin, il est temps de trouver un endroit pour manger. Nous entrons finalement dans un restaurant italien, Rififi, dans une des rues principales. Un bon choix, pour 75 couronnes j’aurai droit à une bonne pizza margherita. Alourdis par le repas, nous filons direction la bibliothèque, également fameuse, après un arrêt à l’office de tourisme de la ville. Mais hormis un bâtiment qui a fière allure, l’intérieur s’avère être une bibliothèque universitaire très ordinaire. Peu après 16h, nous trouvons un petit café sympathique et y entrons afin d’accomplir le rituel du fika. Je discute pas mal avec Sophie qui trouve les Suédois très différents par rapport aux Français. C’est vrai que sur certains points la comparaison entre le Parisien standard et le Suédois rural ordinaire laisse entrevoir des différences importantes. A 17h, nous sommes littéralement mis dehors car le café ferme. 17h ! Un samedi dans la quatrième ville de Suède ! Nous décidons alors de flâner dans les rues. Sophie me parle de son petit ami suédois, qu’elle trouve gentil mais trop coincé. A 18h, nous prenons le train. Sur le trajet de retour, la Parisienne s’énerve après que les autres lui aient fait une blague. En descendant du train, je lui dit au revoir avant qu’elle ne disparaisse dans la foule mais elle ignore les autres. Puis nous planifions une activité pour la soirée. Je rentre ensuite à l’auberge de jeunesse pour me préparer et manger un peu. Un peu avant 21h, je lève l’ancre en direction du centre. Je retrouve Theresa, Victor, Danute puis Lukas à Gamla Stan Station. Ils ont trois minutes de retard mais tiennent tout de même à s’excuser. Ça se voit qu’ils ne connaissent pas la définition de ”être en retard” en France ! Nous entrons ensuite dans un restaurant situé à quelques mètres de là. Les autres prennent des tapas, mais comme j’ai déjà mangé je me contente d’une bière. Nous parlons de notre petite virée à Uppsala et de gastronomie. Puis nous décidons de mettre le cap sur Södermalm après que Lukas ait payé l’addition. Après quelques errances, nous entrons dans un bar rétro proposant une grande variété de bières tchèques, à la grande surprise de Lukas. Le cadre est agréable, dans le style du début du XX e siècle, tout à fait en accord avec le style habituel stockholmois. Je parle un peu avec Danute, de ses projets pour le futur. Elle a déjà visité la France, trouve que Annecy est une ville magnifique. C’est vrai que le cadre naturel avec les montagnes et le lac ne doit pas avoir beaucoup d’équivalents. Apparemment Vilnius est aussi une jolie ville et pas chère, pourquoi ne pas y aller à l’occasion ? La conversation dévie sur la Russie, et vu du côté balte ce ne sont pas vraiment des copains. Je rembourse ensuite Lukas en lui payant une Staropramen non filtrée. Ça lui fait vraiment plaisir de trouver un bout de Tchéquie au cœur de Stockholm ! Il est près d’une heure et demi quand nous sortons. Les autres ont prévu d’aller au ”Secret Garden” mais je décide de rentrer. Les rues de Stockholm sont vides et il est deux heures quand j’atteins enfin l’auberge. Heureusement que je ne fais pas mon EVS dans cette ville, il y aurait de quoi être ruiné !
Dimanche matin, je me lève à 9h. La nuit a été insupportable à cause d’un type qui ronflait. C’était tellement fort que ça faisait vibrer les barreaux du lit… Décidement, peu importe où on va, il faut toujours qu’il y ait ”le type qui ronfle”, dès qu’il est question de dortoirs collectifs. Ce gars est un grand voyageur, on le rencontre partout ! Mais il est temps pour moi de quitter l’hôtel. Je me lave et prépare mon bardas avant de descendre dans la rue pour 10h30. J’ai du temps à tuer jusque 15h. J’ai donné rendez-vous aux autres au café panoramique de Kulturhuset. Comme il fait beau, je flâne dans les rues, je descends jusque Gamla Stan avant de monter sur les hauteurs de Södermalm pour admirer la vue. Un petit ferry qui relie Djurgården fend les flots et la glace qui recouvre le Mälaren. Je traine dans les rues étroites afin de prendre quelques photos, mange un morceau devant Södrateatern, avant de revenir sur Gamla Stan. Je m’arrête sur les quais, près du Palais Royal, pour observer les gens passer et sentir l’atmosphère de la ville. Vers 14h, je décide de remonter Drottninggatan et d’acheter quelques souvenirs. Je retourne au magasin de sport afin d’acheter une Chapka aux couleurs de Hammarby, que je compte offrir à Vivien. Je m’arrête à nouveau chez le disquaire où j’ai acheté le dernier méfait de Saint Vitus il y a quelques mois. J’en ressors avec trois albums, de Kvelertak, Bombus et MaidaVale. Comme la Suède change ses billets d’ici quelques mois, j’ai décider de liquider une partie des miens. Après tout on n’est pas à Stockholm tous les jours ! A 15h, j’arrive à Kulturhuset les autres arrivent peu après, presque au grand complet. Puis nous faisons la queue afin de prendre du café et quelques gâteaux. Une dame âgée avec qui je discute en suédois me demande si je viens de Norvège. C’est amusant, ça fait plusieurs fois à Stockholm que le gens me demandent si je suis Norvégien quand je parle en suédois. Ces langues sont tellement proches, ça veut dire que je progresse d’une certaine manière. En revanche dès que je passe à l’anglais je suis vite repéré en tant que Français. Le temps de boire le café et de manger quelques pâtisseries et nous faisons nos adieux. Peut-être nous reverrons nous cet été, ça serait bien de faire quelques activités ensemble. Avant de partir, de décide de m’arrêter aux toilettes qui sont payantes. Mais les Stockholmois grugent le système en tenant la porte pour la personne suivante, afin d’éviter de payer . Sacrés Suédois, ils peuvent se rebeller contre l’ordre établi ! Du moins à Stockholm. A 16h30, j’arrive à la station, avant de prendre le bus de 17h. Je cède ma place à un jeune couple désemparé car toutes les places en double sont prises. Marrant ça, ici ça n’a pas l’air de se faire. Le trajet est long, silencieux et monotone. Le bus arrive à Oskarshamn un peu avant 22h. Je regagne l’appartement et mange un dessert avant de me coucher. Demain, la semaine commence avec le SFI.
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Retour à Stockholm, la belle des glaces
Le lundi 6 mars au matin, une bonne couche de neige recouvre le sol. Les Suédois s’activent pour déneiger. Ici ils emploient les grands moyens, ils ont des petits chasse-neige parfaitement adaptés pour déblayer les rues et les pistes cyclables. Au SFI, nous faisons un entraînement pour l’examen final qui arrive bientôt. C’était pas évident, surtout le premier texte mais mes craintes concernent surtout la compréhension orale. Nous faisons ensuite la correction, regardons quelques infos ainsi que les résultats d’une fameuse course de ski de fond qui s’est tenue ce weekend. En rentrant, je cuisine, fais une sieste puis décide d’enfourcher mon vélo afin d’immortaliser Oskarshamn sous la neige. Il y a énormément de vent et je souffre un peu du froid, mais je décide tout de même de pousser jusque la plage. Je file ensuite au supermarché afin d’acheter quelques provisions pour la route, demain. Le temps de revenir à l’appartement et il est déjà temps de repartir pour Kristineberg. J’embarque ma cafetière afin d’absorber ma dose quotidienne de café, avant d’observer Robert défier les gamins aux tirs au but. La ballade dehors m’a fatigué, j’espère ne pas tomber malade pour Stockholm. Après le dîner, j’imprime quelques papiers et envoie mon contrat de volontaire au CIBC de Lens. Albin a acheté un pot de Nutella et tape dedans à la cuillère. Il y a des moments je me dis que les Suédois sont vraiment des barbares, pour certains d’entre-eux. Rentré chez moi, je prépare mon sac pour le lendemain, afin de rallier Stockholm pour le meeting de moitié de service volontaire.
Il continue de neiger lorsque je me lève vers 7h30, ce mardi 7 mars. Je déjeune et termine mes derniers préparatifs avant de me diriger vers la gare pour 9h. La neige tombe fort dehors. A cause des conditions, le bus arrive légèrement en retard mais je suis toujours épaté par la capacité des Suédois à faire face à ces conditions. En France, tout serait à l’arrêt. Certes, les pneus neige aident énormément. Je vais somnoler pendant une grande partie du trajet. Västervik est magnifique dans son écrin de neige avec ses façades aux couleurs vives. Puis les villes s’ensuivent, Gamleby, Valdmarsvik. A Norrköping, deux Suédois du cru, visiblement alcoolisés, montent à bord du bus et vont parler et rigoler bruyamment jusque la fin du trajet. Stockholm est également sous la neige, lorsque nous arrivons à 15h. Laurent et moi ne traînons pas et mettons le cap sur Centralstation, juste en face. Depuis les vitres du métro qui nous emmène vers Bromma, je peux voir que l’eau qui entoure l’Archipel de Stockholm est gelée, c’est assez impressionnant. Pourtant il ne fait pas si froid. Vers 16h, nous arrivons à l’hôtel de Brommaplan, le même qui nous a accueilli en septembre. Après une pause le temps de manger un morceau, je repars avec le métro direction Södermalm. Des Roms font un vacarne phénoménal dans la rame, et ça n’a pas l’air de plaire beaucoup aux Stockholmois, certains ont l’air gênés, d’autres effrayés. Un autre se balade dans les wagons avec un violon et massacre son instrument ainsi que la musique qu’il tente d’interpréter. Avant ils étaient fixes au coin d’une place, maintenant ils sont ambulants, on n’arrête plus le progrès ! Je descends à Gamla Stan et file en direction de Münchenbryggeriet, sur les hauteurs de Södermalm, non loin de ”Den Röda Båten”, où j’avais dormis lors de mon passage en décembre. J’ai rendez-vous avec Gojira pour un concert de metal. Les deux premiers groupes, Car Bomb et Code Orange sont d’un ennui mortel. Le premier joue une espèce de mathcore sauce US sans queue ni tête, si bien qu’au final j’ignore si ils auront joué plusieurs morceaux ou un seul. C’est trop chaotique pour moi. Le second, Code Orange, est une sorte de metalcore aux touches gothiques et punk, sans grande inspiration. C’est donc avec impatience que j’attends le show de Gojira. Lorsque les Français débarquent, c’est le même bordel que j’avais constaté lors du concert d’Amon Amarth il y a quelques mois : beaucoup de mecs bourrés qui poussent contre les barrières et un pogo dangereux et mal organisé. Je repousse calmement un mec un peu trop présent, qui se met immédiatement en tête de se battre avec moi. Je parviens à m’esquiver après avoir tout de même reçu un coup. Je ne vais pas chercher les problèmes, c’est une très mauvaise idée d’aller se battre quand on est seul face à des abrutis et de surcroit à l’étranger. Stockholm a beau compter parmi les meilleurs artistes de la scène metal dans ses murs, ces derniers n’ont toutefois pas le public qu’ils méritent. Vu de l’arrière du pogo, le concert de Gojira est impeccable bien qu’un peu court. L’alternance entre les morceaux violents datant des premiers albums et les morceaux plus planants de ”Magma”, le dernier album, fait son effet. Ce dernier album est évidemment mis en valeur, et il faut dire que c’est efficace en live même si j’aurai apprécié davantage de morceaux issus de ”From Mars to Sirius”, notamment ”Ocean Planet”. Après le concert, j’en profite pour acheter un peu de merchandising. Comme les prix des t-shirts Gojira est exorbitant, je décide d’acheter un bonnet et un patch au stand de la Sea Shepperd, association écologique qui milite pour la protection de la vie marine. Les liens sont étroits entre l’association et Gojira, qui a d’ailleurs utilisé le logo de Sea Sheppherd pour la pochette de ”From Mars to Sirius”. Comme il est minuit, je me dépêche de regagner le vestiaire puis le métro. Ça parlait beaucoup français en sortant, Stockholm est en train d’être colonisée. Dehors il neige fort, mais heureusement il y a peu de circulation. Les métros sont plus espacés la nuit, du coup je dois attendre près de trente minutes avant de prendre celui qui me ramène à Bromma. Dans la rame, un vieux m’adresse la parole. Comme il parle vite et sans articuler, je ne comprends rien et lui demande de répéter plus lentement. En guise de réponse je me fais engueuler. On ne peux pas dire que mes interactions avec les Stockholmois se passent pour le mieux… Finalement il approche une heure du matin quand je regagne l’hôtel.
Je décide toutefois de faire sonner mon réveil à 7h30. Non pas que je sois pressé de quitter mon lit, mais il faut impérativement prendre le petit déjeuner avant 9h. Il n’est évidemment pas question de sauter cette étape cruciale de la journée. Laurent et moi descendons donc déjeuner, et croisons Sophie, une Parisienne, petite trentaine, qui est là aussi comme volontaire. Nous remontons ensuite dans notre chambre. Je pars vers 11h30 en direction de Folkhögskola. Il y a une bonne couche de neige dans les rues. En arrivant après quelques minutes de marche, je croise les autres volontaires, certains que j’ai rencontré en septembre, d’autres qui sont arrivés plus tard et avec qui je fais les présentations. Emmanuella vient d’Italie, Lukas de Tchéquie, une autre fille de Lituanie. Nous dinons ensemble avant de rejoindre Charlie, qui dirige les opérations, pour différentes activités, faire le point ensemble sur notre projet avant de confronter notre expérience à propos de la Suède et des Suédois. Ça me fait plaisir de rencontrer d’autres personnes qui sont dans la même situation que nous. Nous participons ensuite à un jeu de pyramide qui consiste à se placer sur des feuilles de papier et à se marcher sur les pieds les uns des autres afin d’accéder au sommet de la pyramide. Un jeu qui force à se parler et à distribuer une hiérarchie et un leadership au sein d’un groupe. Nous continuons ensuite à parler de la Suède avant de prendre le souper vers 18h30. Que c’est tôt dans ce pays… En rentrant à l’hôtel, certains veulent sortir mais la plupart sont fatigués et nous décidons de rester à l’hôtel. Certains jouent aux cartes avec un peu d’alcool. Laurent, Leo et Teodor regardent le match qui oppose Barcelone au PSG. Je me pose dans un canapé avec Victor qui vient de Grèce. Nous passons la soirée à parler de culture et d’altermondialisme, de politique européenne et du rôle des médias dans la société. C’est très enrichissant, au point que Paris a perdu depuis longtemps sur le score de 6-1 quand nous nous séparons. En remontant dans la chambre, je parle un peu avec Laurent qui est un peu frustré face à son expérience EVS. Il a envisagé de rester au Luxembourg et a pris personnellement le fait que le contrat EVS ne soit pas renouvelé. C’est mon cas également, et c’est peut être une des rares fois où on a pu avoir une conversation constructive tous les deux.
Jeudi matin, je me lève à 7h, et descends prendre le petit déjeuner en compagnie de Sophie, la Parisienne, Emmanuella, l’Italienne et Ezter, une des deux Hongroises. Aux infos, ils parlent d’une fusillade qui a eu lieu cette nuit à Stockholm. Les banlieues ne sont pas très sûres non plus ici. Vers 8h30, nous nous rendons en groupe à l’école où nous attend Terese, que nous avons rencontré également en septembre. Nous parlons du youthpass, évoquons en groupe les conflits et la façon de les résoudre. Nous devons ensuite définir nos compétences en quelques mots. Au déjeuner, je me retrouve à nouveau avec Emmanuella, Teodor et Hannah, une des Allemandes qui bosse pour Svenskakyrkan, l’Église suédoise. Elle est catholique et travaille pour une organisation protestante, se prétend ouverte mais semble tout de même à fond dedans. Curieux pour quelqu’un d’aussi jeune. Après le repas, nous avons droit à une présentation de l’Agence nationale suédoise, qui répète un peu ce qu’on avait vu en septembre. Je profite de la pause fika pour demander à Jakob, le type de l’agence, s’il a des tuyaux afin de travailler à l’avenir en Suède. Apparemment c’est possible bien que compliqué. Nous réalisons une auto-évaluation avant de planifier notre futur pour les prochains mois. Nous concluons vers 17h avant de laisser Terese. Encore une fois le dîner est bien trop tôt.Terese vient ensuite nous faire ses adieux. Nos prenons la décision de nous retrouver vers 19h afin de boire un verre en ville avant de rentrer à l’hôtel. En jetant un œil sur le web, j’apprends que cinq personnes ont été tuées à Stockholm lors de règlements de comptes ces deux derniers jours. C’est un peu inquiétant. A 19h, je suis dans le hall. Presque tout le monde s’est donné rendez-vous, sauf les filles de l’Église. Nous embarquons ensuite dans le métro direction Södermalm. Milena et Rebecca, les deux Allemandes qui sont en EVS à Stockholm nous emmènent sur les hauteurs afin d’admirer la vue sur Gamla Stan et prendre quelques photos. Après quelques errances dans les rues, nous atterrissons dans Skånegatan, la partie branchée / hippie de la ville. Le bar dans lequel nous entrons est typé rock, c’est sympa. Au sous-sol je peux entendre qu’un concert se déroule. Du death metal vu la cadence de la batterie. Ça tape dur et l’endroit semble être le refuge des metalheads du coin. Après deux verres et un bon moment, nous levons l’ancre avec le métro. Certains veulent aller au ”Secret Garden”, le bar gay le plus en vue. Mais c’est plein à craquer, du coup je décide de sagement reprendre le métro, ainsi que la plupart des autres volontaires. Je parle avec une des Tchèques, Denisa, à propos de son pays et des traditions en Europe de l’Est. En rentrant, je m’assois avec Léo,Victor, Catharina et Rebecca, nous discutons environnement, protection animale et veganisme. La discussion, intéressante, se poursuit tard dans la nuit, mais je parviens à tenir jusque trois heures du matin grâce à plusieurs expresso.
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Rififi au pays de Fifi Brindacier
La matinée du samedi 25 février est marquée par un soleil rayonnant. Décidément c’est plaisant la Suède en cette période. Je me lave rapidement et file chez Maria qui a reçu mon colis contenant les vinyles en édition limitée de Crucified Barbara. Comme la poste suédoise ne parvenait pas à trouver mon adresse, j’ai décidé de donner la sienne et ça a marché. Monsieur Viking, alias Janne, officier de police au commissariat d’Oskarshamn, est en train de passer l’aspirateur. Je ne m’attarde donc pas et rentre déjeuner. Vers midi, j’enfourche mon vélo et pars faire une promenade direction la plage. C’est silencieux et reposant, la mer est plate comme un miroir. Je m’arrête au Coop où j’achète un bocal à café et un thermomètre pour le sauna, ainsi que quelques victuailles. Je mange un peu, sors ensuite la basse avant de partir pour Stadsparken retrouver Lasse et Annika. Il y a peu d’enfants aujourd’hui et du coup je n’ai pas trop de travail sur le mur d’escalade. Je cuisine ensuite avec les filles et Annika, aujourd’hui c’est soirée tacos, puis Lasse et moi partons surveiller le match de foot. Il neige quand nous ressortons du gymnase, j’ai bien fait d’en profiter quand je suis sorti ce midi ! Au centre, nous comparons nos permis de conduire. Laurent me raconte qu’à la maison, ils ont sept voitures et quelques motos. Il en faut de la place ! Dimanche matin, je reçois un appel express de ma grand-mère qui m’informe que tout va bien et qu’il n’y a rien de neuf. Je pars ensuite à ICA faire mes courses. Comme il fait toujours beau, je me dépêche de cuisiner avant de faire un jogging dans les bois. En rentrant, je tombe sur une croix gammée peinte à la bombe sur un mur, à quelques centaines de mètres de chez moi. Après les émeutes de la semaine dernière et les fréquentes agressions, ça ne m’étonne même pas mais ça m’énerve toujours. Au soir j’apprends que quelqu’un a foutu le feu à un centre de réfugiés à Göteborg. Ça ne va pas très bien en Suède visiblement. Au soir je parle avec Maman et Vivien, tout un dégustant un verre de Havana Club 7 ans d’âge. Un régal.
Le lundi matin est toujours synonyme d’apocalypse pour moi, j’ai toujours autant de mal à démarrer et ce 27 février ne fait pas exception. Je tente de trouver quelque chose d’intéressant à dire sur mon weekend, je décide finalement de raconter mon escapade à la plage. Puis nous étudions un texte sur Astrid Lindgren, l’autrice de Fifi Brindacier. Nous regardons ensuite quelques extraits de films réalisés à partir de ses livres. Ça présente tout de même une image assez naïve et bucolique de la Suède, il y a quelques décennies. Bien loin des dernières infos en tous cas. Nous terminons le cours par l’instant chanson et subissons encore une ballade à l’eau de rose. Où sont donc les Vikings ! En rentrant, je déjeune avant de faire une sieste une nouvelle fois trop longue à mon goût. A Kristineberg, il ne se passe pas grand-chose. J’écoute de la musique électro en compagnie de Robert et Lasse. Hampus et David sont déchainés aujourd’hui, à croire qu’ils font une overdose de boissons énergisantes. J’ai pris ma basse pour ne finalement pas l’utiliser, mais je me rattrape au soir en écoutant de la musique. Je suis de nouveau sur le pont à 6h pour la lessive le mardi matin. J’ai encore de la marge avec mes vêtements mais je tiens à avoir de la réserve pour mon départ prochain pour Stockholm. Ça me permet de me reposer un peu avant de déjeuner et d’aller au SFI. Un cours sans histoire, avec un peu de vocabulaire, les informations. Nous discutons du mardi gras, fettisdagen en suédois. Alors que dans le Nord, on a l’habitude de faire des crêpes, eux préparent des espèces de choux à la crème. Mounir m’explique qu’ils utilisent la même pâte que pour faire des pains au lait. C’est lui le boulanger, je le crois sur parole. Nous chantons une chanson ridicule apparemment célèbre en Suède, « Ta Mig Till Havet », avant de regarder un épisode de Madicken. Finalement on aurait pu aussi bien travailler à la maison comme me le fait remarquer Linda, l’Albanaise francophone du groupe. Après le café, je file au centre où je retrouve la Linda suédoise et Robert. Linda et moi cuisinons alors que Robert fait une tour de Jenga avec un des gamins, qui finit immanquablement par se casser la figure dans un bruit fracassant. Au soir, je décide de passer un peu de chanson française, Renaud et Cabrel, ça semble bien passer. Une fois rentré, je me plonge dans la Peste, dont j’approche progressivement du dénouement.
Mercredi matin, en cours, nous parlons des Cafés Viola, une petite compagnie disposant d’un important capital sympathie. Ce qui nous permet d’aborder la tradition du café et de la pause fika en Suède. Nous parlons ensuite des addictions, au snus et à l’alcool notamment. En seconde heure, nous rejoignons le groupe de Britt-Marie avec les élèves qui débutent le suédois. Je suis ensuite envoyé dans une classe avec des élèves suédois afin de les aider à faire leurs devoirs, en dernière année de lycée. Ça tombe bien, c’est Histoire et Littérature. Ils ont une liste de noms et d’événements et doivent les placer dans la colonne correspondant à une période historique. Super facile, mais ça paraît assez exigeant pour le Suédois mal dégrossi que j’ai en face de moi et qui fronce les sourcils à l’évocation du nom « Shakespeare ». Qui cela peut-il bien être ? Et finalement ça ne se révélera pas si important puisque « ça concerne quelqu’un qui est mort il y a bien longtemps dans un pays lointain dans lequel on ira jamais et que de toute façon je travaillerai à l’usine Scania comme mon père et son père avant lui ». Bravo le raisonnement… Au niveau de la pratique de l’anglais il sont très forts, mais chez certains la culture c’est une autre paire de manches. La fois dernière un des gamins à Stadsparken voulait jouer avec le PSG, l’ancien club de Zlatan, mais il était bien en peine pour réaliser que Paris se trouve dans le championnat de France. C’est triste. Après la fin du cours, je retourne dans la classe de Britt-Marie afin d’aider un Syrien à faire un exercice. L’après-midi, j’envoie un mail à l’organisme universitaire qui me permettra de faire reconnaître mes diplômes. Je vais ensuite au sauna, aujourd’hui il n’y a pas beaucoup de monde. Au soir, je discute avec Maman et Vivien. La conversation s’étire avec Vivien jusque 11h. Ma tête d’ampli a des ennuis. Les lampes qui ont été montées ne sont pas les bonnes et plusieurs choses nécessitent d’être réparées. Ça va coûter de l’argent encore une fois. Mais une fois réparé l’ampli sera comme neuf.Du moins j’espère.
Jeudi matin, je manque un appel du Pôle Emploi français alors que je suis sous la douche. Ils veulent savoir où en est ma situation actuelle. Va falloir que je rappelle. Je parle rapidement à David sur Skype et prend des nouvelles des proches. Karine a encore des ennuis de santé, Pierre va bien et Dom est toujours en vadrouille. Mais le temps presse et je dois partir au SFI pour midi. Nous rédigeons un mail de réclamation après avoir acheté un produit défectueux, avant de regarder les informations. A la pause, je parle avec Linda et Mark. Si Linda est un peu désenchantée, Mark me parle des possibilités d’avenir en Suède. Ils cherchent des gens. Nous regardons ensuite un documentaire sur l’intégration des handicapés. Ce n’est pas très intéressant et Linda se demande pourquoi « on ne fait voir que les imbéciles ?! ». Comme le reportage est assez long, nous n’avons pas le temps de faire la dictée qui sera reportée au lendemain. Au centre, je retrouve la Linda suédoise et Viktor. Je passe un coup de fil au CIBC de Lens afin de les informer de ma situation. Ils ont besoin de statistiques pour le Conseil Général, mais ils s’y prennent toujours au dernier moment. Je leur promets de leur envoyer une copie de mon contrat avant d’expliquer à Viktor les subtilités de l’administration française. Puis mon punk décide de passer de la musique… punk, évidemment ! Au retour de Linda après son cours de gym-fitness, c’est séance relaxation. Denise décide ensuite de passer de la musique idiote pour enfants. Discrètement, et après un moment d’inattention, je me faufile à la platine pour faire vibrer KB au son du blues de Peter Green. Younès, Abdal, Linda et moi discutons. Je prends ma pause repas lorsque la playlist immonde de Denise réapparaît. Les gamins qui trainaient dehors rentrent ensuite pour nous avertir qu’il y a le feu dans la forêt. Quand nous sortons, il n’y a déjà plus rien. Juste quelques branches qui ont été brûlées. Après cet incident, le reste de la soirée est calme, je discute avec Linda avant la fermeture. Au soir j’écoute KYPCK, prononcer « Koursk », un groupe de doom metal finlandais russophone. Lourdingue et intéressant.
A l’approche du weekend, je décide de consacrer la matinée de vendredi à écrire pour le blogue, qui prend un peu de retard. Au SFI, nous commençons à évoquer les examens, qui approchent peu à peu. Certains veulent s’entraîner afin d’être prêts. Ils ont raison. Nous parlons ensuite des traditions suédoises, notamment Midsommar. Avec Mark, nous parlons du fait qu’il est typiquement suédois d’avoir des problèmes dans la communication personnelle, quand il s’agit de dire clairement les choses. Il pense cependant que les choses vont changer, grâce au fait que plus d’étrangers viennent en Suède. Je pense qu’il a raison. Nous regardons ensuite quelques sports sur la défense et l’armée suédoise. Pure propagande. Une de mes remarques concernant la futilité de la préparation de cette armée dans un éventuel conflit avec la Russie fait rire les Arabes. Cette fois nous n’échappons pas au contrôle de vocabulaire et à la dictée. Je pars ensuite à Kristineberg pour une partie disco. Cette fois nous avons du renfort, Hampus, David, Karo, Albin et Anton sont là pour aider. Je m’occupe du kiosque, à vendre des bonbons, préparer du popcorn et des paquets de chips. C’est amusant avec les petits, sauf qu’on retrouve des cannettes et du popcorn un peut partout. Mais à partir de 20h, les enfants retournent progressivement chez eux. Nous en profitons pour manger un morceau avant d’attaquer le nettoyage. A 9h30 tout est terminé et nous fermons la boutique à 10h. Je me rapproche toujours plus du dénouement de la Peste. J’apprécie le trait de plume journalistique de Camus et ses parenthèses sur la philosophie et la condition humaine. Samedi matin, je rédige un peu pour mon blogue avant de travailler « Boneflower » d’Avatarium. Je me rends à Stadsparken à 16h. Il n’y a pas de birthday party aujourd’hui. Après avoir mangé un bout de gâteau, Maria et moi discutons des nouveaux horaires « post SFI ». J’insiste un peu pour récupérer l’ancien horaire me faisant terminer à 16h le mercredi après-midi, afin de pouvoir aller au sauna et parler à Maman et Vivien au soir. Puis comme on est sensé avoir une fête avec des « musiciens », je retourne à la maison chercher la caméra. A mon retour, le type d’origine kosovarde que j’avais croisé la fois dernière au bandy est présent. C’est lui qui a organisé la soirée. Je joue ensuite au Scrabble avec Ullis et Rasha. C’est super compliqué mais ça me permet d’apprendre deux-trois mots. Peu après, j’apprends que les musiciens ont fait défaut, préférant annuler au dernier moment. Tant mieux, ça m’épargnera le fait d’écouter du rap sauce locale. A la place, nous organisons un concours d’escalade avec quelques gamins.Je m’occupe d’assurer. Ensuite un des gamins débarque avec une platine. La sono du centre est poussée à son maximum. Je me réfugie dans la cuisine, Ullis fait la gueule mais ça semble plaire à Maria. Au bout d’un moment toutefois, la chef finit par en avoir marre et nous fermons prématurément vers 10h. La météo avait annoncé de grosses chutes de neige pour la nuit, mais il fait juste humide.
Dimanche matin, toujours pas de neige. Je mange un petit-déjeuner tardif avant de poursuivre mon travail pour le blogue. En début d’après-midi, j’envoie mes diplômes à l’organisme chargé de faire reconnaître les qualifications étrangères en Suède. Ça peut servir, on ne sait jamais. Puis je reçois un coup de fil de mes grands parents maternels et de ma tante. Je leur raconte mon départ prochain pour Stockholm. Je pars ensuite faire un jogging et constate qu’il fait bien cru dehors. Alors que j’affronte le parcours d’obstacles dans la forêt, la neige survient à l’improviste. C’est l’enfer sur le retour, ça tombe fort et le vent projette les flocons sur mon visage. Une fois rentré, je me douche et me réchauffe avec un bon café avant de regarder Germinal, l’adaptation du roman de Zola. C’est drôle, on a l’impression de retrouver la situation actuelle en France dans une histoire se déroulant au XIXe siècle. Au soir je discute un peu avec Maman et Vivien. Il va bientôt commencer son stage mais vivement que la fac se termine ! Avec un pote, ils ont enregistré deux-trois riffs et je me charge de nettoyer le son et de faire la balance. Dehors, il continue de neiger, j’espère que ça ne va pas s’aggraver pour aller à Stockholm.
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Mais comment on freine !!!
Les weekends se ressemblent à Oskarshamn. Je passe une grande partie de la journée du samedi 18 février à écouter et jouer de la musique. Puis je reçois un coup de fil de ma grand-mère. A Stadsparken, il y a beaucoup de petites filles aujourd’hui pour la birthday party. J’aide Rasha à assurer sur le mur d’escalade avant de prendre moi même une corde. Puis ce sont les jeux habituels de danse et les chaises musicales. Rasha me parle de son futur, elle veut prendre la nationalité suédoise dès qu’elle le pourra. Après le match de foot, il y a pas mal d’agitation à cause de deux gars qui se disputent un vélo. Un des Arabes veut voler la bicyclette d’un gamin biélorusse qui ne l’entend évidemment pas de cette oreille. Peter fait alors appel à la police qui vient à nouveau régler le problème. L’incident dure presqu’une heure et je suis assez heureux de retrouver le calme de mon appartement. Dimanche matin, j’erre sur la toile avant d’aller faire mes commissions au supermarché. Je discute avec Katia et mon grand-père sur Skype avant que ça ne coupe à cause d’un problème de mise-à-jour. Nous convenons donc de poursuivre la discussion un peu plus tard. Du coup j’en profite pour aller faire un jogging dans la forêt, une première depuis trois semaines, ça décrasse ! Sur la route du retour, je croise Haytan, un des gars avec qui je suis en cours de suédois. Il n’a rien d’autre à faire donc il tourne en voiture dans Oskarshamn. Puis une fois rentré, je parle à nouveau avec Katia, prends des nouvelles de mes grands-parents. Je m’attaque ensuite à préparer une soupe de patates douces. Au soir je discute avec Maman avant de voir un message de Maria qui me prévient que Laurent ne reviendra pas de sitôt : l’autobahn est venu à bout de sa Mazda, dont le moteur traficoté a finis par exploser. J’imagine que le lascar ne devait pas circuler à 130 km/h. J’en parle à Vivien sur Skype qui rentre juste d’Amsterdam, un peu fatigué. Lui ça le fait rire. Après avoir médité sur ces péripéties, je vais me coucher car demain c’est lundi et j’ai cours au matin.
Lundi 20 février, je me lève à 7h30 et me rends au SFI plutôt en forme. Le lycée est vide, les gamins sont en vacances. Nous racontons notre weekend avant d’attaquer un nouveau texte concernant une balade en forêt qui se termine par une rencontre avec des serpents. Après un petit moment de lecture et de traduction avec le prof, nous passons à l’étude d’une chanson, encore de la soupe radiophonique, avant de regarder les informations. Nous parlons également de Donald trump qui invente des attentats en Suède. C’est une véritable indignation pour les Suédois, qui ont tout de même vérifié qu’il ne s’était rien passé sans qu’ils ne le remarquent, on ne sait jamais. Après une petite sieste, je cuisine des patates aux haricots, un plat typiquement suédois apparemment. Je pars faire deux-trois commissions avant de retrouver Robert et Annika au centre. Nous parlons un peu de nourriture avant que je ne planche sur mes exercices de traduction. Juste avant de cuisiner, nous parlons un peu de politique en France et en Suède. Vu de là-haut, les politiciens français paraissent foncièrement malhonnêtes. Je passe un peu de musique, Hellsongs, un groupe folk suédois qui réalise des covers de morceaux de metal célèbres, avant de défier David et Albin aux tirs aux buts. Je m’en tire bien en remportant plusieurs parties, je suis toujours aussi bon dans la cage et sens que je progresse balle au pied. Mardi matin, je me lève à 6h afin de descendre à la laverie. Une fois la lessive terminée, je vérifie mes mails. Je constate que mes disques sont toujours en promenade quelque part en Suède, et le label où je les ai demandé attend une réponse de la poste. Ça fait six semaines, et ça dure ! Au SFI, nous parlons de l’actualité, de l’odieux Donald Trump qui ose s’en prendre à la Suède où tout le monde sait bien qu’il ne se passe jamais rien, et des sectes. Nous faisons un peu de vocabulaire avant de regarder un documentaire sur une équipe de bandy, sorte de hockey sur glace mais avec une balle, exclusivement composée d’immigrés somaliens. Basée à Borlänge, celle-ci a participé aux mondiaux et a montré un bel exemple d’intégration par le sport. A Kristineberg, je récupère un équipement de ski, manteau, pantalon et gants: Demain, je pars skier avec les gamins. Puis Robert et Linda nous emmènent dans la grande pièce du fond pour quelques petits jeux typés colonie de vacances, version viking. Un consiste à se déséquilibrer en se tenant par la main, l’autre à combattre à quatre pattes, ou encore un bras de fer, mais avec les jambes. Nous terminons avec un jeu où il faut deviner la voix des autres les yeux fermés. C’est difficile quand on la modifie. Après le diner, la fin de soirée arrive rapidement.
Mercredi matin, il pleut comme vache qui pisse quand je me lève. Néanmoins je file entre les gouttes à Stadsparken où je retrouve Devla. Nous partons en minibus, récupérons les gamins, Anna et Nathalie, avant de nous diriger vers Rödsle où nous attendent Anton et Aurora. Le minibus de ”KB”, avec Robert aux commandes, est aussi au rendez-vous. Peu avant 9h, nous prenons la route et nous enfonçons à travers la forêt suédoise, à l’intérieur des terres. Arbres, lacs gelés, le paysage est 100% conforme à l’image qu’on se fait de la Suède, avec ces maisons rouges qu’on rencontre régulièrement en bord de route. Après une heure de voyage, nous arrivons à Virserum, un endroit perdu au cœur de la Suède, près de la frontière du Comté de Jonköping. Il a cessé de pleuvoir heureusement. Nous entrons dans une cabane pour nous équiper. Nous avons le choix entre les godasses de Darth Vader ou celles de Robot Cop, c’est difficile de se déplacer avec aisance avec des chaussures de ski. Un vieux Viking avec un accent du tonnerre m’aide à choisir mes skis et m’explique que c’est bien d’apprendre le suédois. Nous nous dirigeons ensuite vers la piste la plus simple. Je ne fais pas le malin mais Hampus et Aurora sont loin de savoir skier également. Les autres en revanchent n’en sont pas à leur coup d’essai. Freiner et tourner s’avèrent particulièrement délicats, je n’ai aucun contrôle sur mes mouvements. Je finis même dans la bouillasse hors-piste en voulant éviter Aurora, clouée au milieu de la piste. J’ai préféré me crasher volontairement afin d’éviter la collision. Mais comment on freine ! Je me fais également piéger par la remontée mécanique avant de piger le truc. En fait je passe l’essentiel du temps au sol à essayer de me relever. Mais au fil des descentes, je progresse lentement. A 11h30, nous posons les skis pour manger un morceau. Comme la femme à la caisse semble ignorer la notion de ”plats sans viande”, je me contente de toats au fromage. Aurora se casse la figure à cause de ses chaussures, c’est vraiment difficile de se déplacer avec ces choses aux pieds. Anton, pourtant à l’aise sur ses skis, se paye une gamelle phénoménale en plein milieu du restaurant. Puis je retourne dehors afin de profiter du paysage : nous sommes sur une colline et la ville et blottie le long d’un lac en contrebas. Un paysage idyllique typique de la Suède rurale, à l’écart des troubles du vaste monde. J’en profite pour prendre quelques photos. Je dois redescendre en empruntant une piste plus difficile, et y arrive sans difficulté majeure à ma grande surprise. Après quelques essais fructueux, Devla me pousse à essayer une piste plus longue, qui descend jusqu’au lac. Très mauvaise idée, c’est rapide et dangereux. Je me casse la figure à deux reprises, heureusement sans me faire mal. La remontée est acrobatique, mais au moins j’évite la chute. Pour ma seconde tentative, je ne tombe qu’une fois, en fin de parcours, ce qui m’évite de finir dans le lac. En revanche je me ramasse dans la partie la plus pentue du tire-fesses, me faisant trainer sur plusieurs mètres. Du coup, je décide de me contenter des deux premières pistes, plus simples, où je m’entraine à tourner et freiner. Hampus, peu expérimenté, a mis pied à terre. Paralysée au début, Aurora a fini par prendre confiance avant de valdinguer sans comprendre ce qu’il lui arrive. Du coup elle décide aussi d’arrêter. Nous terminons la séance peu après 14h30. Je suis rincé au sens propre, mes vêtements sont trempés, à la fois par la transpiration et par le fait d’avoir multiplié les roulades dans la neige. Le temps de rendre les skis, et nous retournons aux minibus sous les giboulées, qui s’arrêtent pile au moment où nous atteignons les véhicules. Au final, c’était une journée sympathique, le temps a été correct et personne ne s’est blessé. C’est assez agréable de se laisser glisser sur les skis, mais c’est plus sûr en contrôlant sa vitesse et en évitant d’aller trop vite ! Nous arrivons à Oskarshamn un peu avant 16h. J’en profite pour aller au sauna afin de permettre à mes muscles de se détendre. Au soir je discute avec Maman sur Skype de mon expérience avant d’aller me coucher plus tôt que d’habitude. Cette journée m’a vidé.
Du coup je passe une nuit correcte, me lève à 10h, écoute un peu de musique avant de partir au lycée. Comme souvent le jeudi, nous rédigeons une lettre à propos d’un problème, j’évoque ceux concernant la laverie. Puis nous regardons les informations et parlons un peu des émeutes qui ont secoué Stockholm en début de semaine. Nous terminons le cours sur une dictée à propos du cœur et de la symbolique qu’il représente. Après un café, je file à Kristineberg où je retrouver Viktor et Linda. Je regarde avec Viktor les gamins jouer au bandy alors que Linda prépare des pizzas. Je m’en prépare une également, avec du ketchup en guise de sauce tomate. Puis je reçois un appel de Maria : mon colis est arrivé après six semaines d’aventures ! Après le diner, Abdal arrive et nous parlons de son boulot comme serveur, puis d’alcool, alors que Viktor dessine et joue de la guitare. La fin de soirée arrive vite. Un dernier thé et nous levons l’ancre. Il y a de la lumière en rentrant. Laurent est de retour. Nous parlons de ses mésaventures avec sa voiture, il a carrément explosé le moteur, mais ce n’est pas si grave puisqu’au final il va en avoir une neuve. Le temps est clément et ensoleillé vendredi matin, je sors pour me débarrasser des poubelles et en profite pour faire un petit tour. A midi, je vais au SFI, où nous regardons un documentaire concernant la corruption et un médecin ayant réussi à exercer sans diplômes. On ne rigole pas avec ça en Suède. Nous regardons ensuite les informations avant de parler des tabous en Suède, dont la mort. Mark est un peu remonté face à l’attitude typiquement suédoise de ne pas exprimer clairement les choses. Nous finissons le cours par un contrôle de vocabulaire. Une heure plus tard, je retrouve Robert et Viktor au centre pour une birthday party qui se déroule sans encombres. Puis je mange le reste de salade d’hier que Linda m’avait gentillement laissé. Au foot, j’évolue au but où je suis bien sollicité avant de prendre place en défense. La fin de soirée est plutôt tranquille. Je bois un thé dans lequel j’ai ajouté du colorant bleu juste pour voir. Viktor doit ensuite repartir un peu plus tôt car il a oublié ses clefs. Robert se lance ensuite sur son sujet de discussion favori, l’intégration. Il est indigné par les incidents ayant eu lieu à Stockholm et par le bordel ambiant qui règne le samedi soir à Stadsparken. Tout n’est pas si calme en Suède, et parfois les problèmes du vaste monde s’invitent là où on ne les attend pas.
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“En Syrie on fait comme ça”
C’est par une matinée ordinaire que débute ce mercredi 8 février. Je déjeune en vitesse avant de débarquer au SFI. nous étudions un peu de vocabulaire, lisons un texte sur les camps de réfugiés en Irak. Je discute avec Mark, le Néerlandais. Le gars doit vraiment faire attention en franchissant les portes qui représentent un réel péril pour lui. Sa femme travaille à l'hôpital d'Oskarshamn. Il trouve que les Suédois parlent peu en face des gens mais qu'ils se lâchent un peu plus une fois le dos tourné, et ça a le don de l'énerver, c'est un peu hypocrite selon lui. En rentrant, je m'effondre dans le canapé et fais une sieste avant de cuisiner. J'ai deux-trois trucs à faire dans l'après-midi, mais comme il n'y a rien de pressé je décide de me faire du café et d'aller à la piscine. Cette fois-ci je décide de snober le sauna extérieur pour privilégier le sauna à poêle électrique, dont la chaleur est la fois plus élevée et moins oppressante. En rentrant je cuisine avant de prendre des nouvelles auprès de Maman. Le lendemain, je me lève tard avant d'aller au SFI où nous rédigeons une lettre pour la police après un cambriolage. Nous rédigeons ensuite une dictée sur le rapport que les Suédois ont avec la nature. C'est un Viktor un peu inquiet que je retrouve à Kristineberg : son père a des ennuis de santé et a dû être emmené à l'hôpital. Je détruis ensuite Denise aux Petits Chevaux avant de profiter d'un moment d'accalmie pour sortir la basse. J'alterne entre les morceaux metal et les morceaux pop avant de manger un morceau sur le coup de 8h. La fin de soirée arrivera vite ensuite.
Vendredi matin, je décide de jeter un œil distrait à l'actualité française avant d'aller au SFI. Nous regardons un documentaire sur une centenaire hyperactive qui publie régulièrement ses aventures sur un blogue. Nous n'échappons pas à un petit contrôle de vocabulaire. Une fois arrivé à Kristineberg, je suis obligé de repartir en arrière après avoir perdu mes gants en route. Ils sont tombés du panier de mon vélo sans que je le voie. La birthday party se déroule sereinement comme d'habitude. Viktor et Abdel commandent des pizzas alors que je me contente de riz avec des petits pois. Le match de foot est agréable, j'alterne entre le but et la défense. Abdel se prend au jeu et décide d'entrer sur le terrain. Les gamins éclipsent rapidement après le match, du coup nous écoutons de la musique, un peu de rock des 60s puis le sax' de John Coltrane. Nous fermons un peu avant 11h, Viktor et moi faisons la route ensemble. Samedi matin, j'avais prévu de faire quelques courses, mais mon lit a décidé de me retenir captif, du coup c'est reporté. Je me prépare tranquillement, reçois un coup de fil de mes grands-mères qui me parlent toutes-deux du temps. Je tue le début d'après-midi en compagnie de ma basse avant d'aller à Stadsparken avec Maria, Ullis, Rasha et les filles du groupe de voyage. Les gamins sont plein d'énergie pendant la birthday party. Rasha et moi allons jeter un œil au gymnase à côté où les filles d'Oskarshamn affrontent une équipe de Malmö en basket. C'est un match de première division, et Oskarshamn se fait latter sévèrement. Après la fin de la birthday party, les lascars habituels arrivent. Ullis se réfugie dans la cuisine lorsque la "musique" se met en route. Je partage un bout de pizza avec Rasha. Alors qu'Ullis part s'occuper du match de foot, je reste au centre avec Maria vu qu'il y a du monde ce soir. J'ai amené ma basse et grattouille quelques lignes avant d'abandonner, n'ayant pas d'ampli à disposition. Une fois rentré à la maison, je traine sur internet avant d'effectuer une balade nocturne. Il ne fait pas trop froid et ça me fait du bien de prendre un peu l'air. Il est passé 2h quand je rentre me coucher.
En conséquence, je ne parviens pas à me lever à l'aurore, je me lave et mange rapidement avant d'aller faire les courses. Sur le chemin du retour, je tombe sur Maria et son mari et m'engage à aller au gymnase pour voir le second match de basket de l'équipe féminine d'Oskarshamn. Après avoir bu un café, j'arrive sur place à 15h30 et c'est déjà la mi-temps. Cette fois Oskarshamn a largement pris l'avantage sur la seconde équipe de Malmö. Certaines filles dans l'équipe sont très jeunes mais Oskarshamn joue férocement et s'impose avec près de trente points d'avance. Un gouffre. Je rentre à la maison et joue un peu de basse, puis Vivien, Maman et moi parlons sur Skype dans la soirée. Vivien a participé à un festival à Arras où il a joué de la basse, c'est sympa. Il a pris ma bonne vieille Squier Precision et mon ampli afin de jammer en ouverture avec des potes. Quelques pages de la Peste m'assomment ensuite et je pars rapidement me coucher. Lundi 13 février, ma semaine commence dans la salle 110, où je raconte à mes camarades comment s’est passé ce weekend sans trop d’histoires. Nizar est allé conduire avec Haytan. Apparemment, en Syrie on apprend à manier le volant avec les copains, c’est plus amusant et moins cher qu’à l’auto école, et personne n’y trouve rien à y redire. “En Syrie on fait comme ça”, lance Haytan alors que ses compères approuvent du chef. Mais pas sûr que ça soit très en rapport avec les normes suédoise. Le prof a l’air de trouver ça déroutant. Nous étudions ensuite un texte ennuyeux, le dictionnaire de français m’est d’un grand secours. Nous regardons ensuite le journal télévisé. Après le dîner et la sieste réglementaire, je file à Stadsparken pour demander conseil à Maria à propos de ma facture de dentiste. Elle me conseille de la poster pour l’envoyer à Kalmar. Je jette ensuite un œil à Intersport pour voir s’ils n’ont pas d’écharpes de foot, mais visiblement rien de ce côté-là. La vendeuse me conseille d’aller à Kalmar si je veux une écharpe de Kalmar, ou sinon Stockholm… Cinq heures de route, ils sont comiques parfois. J’aurais aimé avoir une écharpe de Hammarby ou de l’AIK Solna afin de décorer ma pièce et tenir compagnie à celle du Racing Club de Lens. A Kristineberg, je remporte la victoire aux Petits Chevaux face à Robert, Lasse et Denise. Je suis ensuite sollicité afin de jouer avec les garçons aux tirs aux buts, puis au ping pong. Un peu plus tard, nous décidons de faire un match de foot. Les gamins ne semblent pas être au courant du concept d’équilibre entre les équipes : je me retrouve avec Denise et une autre fille contre quatre garçons. Malgré ce handicap, nous nous défendons bien, je défends avec ardeur et parviens même à marquer quelques buts. Il est ensuite temps de manger un morceau. Robert et moi discutons d’intégration, son sujet favori. Pour lui le sujet est tabou en Suède et il trouve bien dommage que personne ne veuille aborder les sujets qui fâchent. D’après lui, il n’existe pratiquement pas de milieu entre les gens qui ont des opinions racistes et ceux qui font preuve de naïveté et d’optimisme exagéré concernant les capacité d’accueil de la Suède. Au soir, je décide de changer de tirant sur ma basse pour passer sur un accordage plus grave avant de travailler sur un morceau d’Avatarium, un groupe suédois. Jenny-Ann Smith, quelle chanteuse !
Mardi matin, je m’occupe de mes mails et envoie un nouveau courrier afin de m’enquérir des disques que j’ai commandé voici plus d’un mois. Au SFI, nous étudions du vocabulaire avant d’aborder une nouvelle chanson suédoise qui ne semble intéresser l’auditoire que très modérément. Nous regardons un peu les informations. J’ai le sentiment que les Suédois développent assez peu l’actualité internationale, sauf quand il s’agit de parler de Trump et Poutine. Après le café, je me rends au centre en compagnie de Robert et Annika. Je bats à nouveau Denise aux Petits Chevaux. Ils ne se doutent pas en Suède de toute l’expérience que j’ai acquise à ce jeu en France lors de longues soirées sur fond de bière et de coups de Trafalgar. Je fais ensuite quelques exercices pour le SFI avant de discuter avec les gamins. Annika me demande de jouer un truc à la basse, je joue donc quelques morceaux adaptés à mon nouvel accordage mais Annika trouve ça bien trop bourrin. Pourtant Lucifer et Avatarium c’est lent et ce n’est pas agressif, mais du coup cela met fin à mon envolée musicale de la soirée. Le lendemain, nous étudions un texte sur les chiens, et ce qu’ils peuvent nous apprendre avant de parler des buts que chacun doit se fixer dans sa vie. Nous travaillons ensuite sur un nouveau texte avant de regarder un compte-rendu de tribunal sans sous-titrage. C’est loin d’être évident à comprendre, mais peut-être que le prof pense que certains de ses élèves auront à faire face à la justice dans le futur. L’après-midi, je profite du beau soleil pour aérer un peu avancer de consacrer un peu de temps à l’écriture. Je file ensuite à la piscine pour le rituel du sauna. Je croise les mêmes visages, aussi taciturnes que d’habitude. Au soir, Maman, Vivien et moi discutons un peu, du voyage à Amsterdam qui s’est bien passé, et de son futur stage à Carvin.
Jeudi matin, j’écoute un peu de musique avant d’aller en cours. Nous rédigeons une lettre pour prévenir un ami qu’on ne pourra pas se rendre à son anniversaire. Nous discutons ensemble de divers sujets avant de faire une dictée. A Kristineberg, il y a plus de gamins que d’habitude. Je me fais atomiser au babyfoot par Denise avant de prendre ma revanche au billard. Je la laisse ensuite choisir la musique, et elle décide de passer Markus & Martinus, une horreur en provenance de Norvège que tous les gamins écoutent. Après ces quelques errances, je récupère le contrôle de la sono. Des ”anciens” viennent ensuite rendre visite à Viktor et Linda. Ils ont la vingtaine, deux bossent chez Scania, un au McDonald. Pourquoi étudier quand on peut travailler sans réfléchir à côté de chez soi ? Bonne question. Ce n’est pas la première fois que j’entends ce discours, loin de là. J’ai l’impression que pour certains ici, l’horizon se limite définitivement à Oskarshamn. Je passe la matinée de vendredi à écouter les L7, ça déménage bien et ça me prépare éventuellement à supporter les chansons suédoises dont le prof raffole. Toutefois aujourd’hui on fera sans musique nous parlons d’objectifs à se fixer avant de décrire nos qualités et défauts. A 17h30, je retourne au lycée afin d’encadrer une compétition d’Innebandy, le hockey en salle suédois. Je parle avec un type originaire du Kosovo qui bosse au lycée, et tente de prendre quelques images avec la caméra. Je tente ensuite d’expliquer à Devla que ce n’est pas possible d’obtenir des photos de même qualité que le journaliste qui est présent avec un Reflex à gros objectif avec le vieil appareil compact du centre. Viktor et moi partageons ensuite une pizza. Je tente de regarder un peu les matches, mais ça n’est pas très intéressant. La finale se termine vers 10h, puis nous nettoyons. Je me retrouve avec un gros sac de bouteilles consignées, ça pourra rapporter quelques euros. Je décide ensuite de faire une petite escapade nocturne dans Oskarshamn. Il n’y a personne dans les rues, comme d’habitude.
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La discipline à l’irakienne
C’est comme une histoire de cycles, mais le lundi matin, j’éprouve toujours des difficultés à émerger. Et ce n’est pas le cours de SFI qui va accélérer mon réveil. Nous lisons le texte que nous avons reçu la semaine dernière avant que le prof n’aborde des questions immobilières. C’est compliqué et à mourir d’ennui. L’après-midi, je passe une partie de mon temps à taquiner ma basse avant de traîner ma bicyclette à Kristineberg. Lasse et Robert sont déjà installés à discuter. Je déniche les outils et répare avant de m’occuper d’un peu de paperasse, à propos de mon assurance, de mon achat en ligne, mes vinyles ne sont toujours pas arrivés, ainsi que deux-trois autres trucs pénibles. Puis nous jouons avec Denise à réaliser une tour de Jenga jusqu’à ce que tout s’effondre. David et sa copine Karo viennent ensuite dire bonjour, mais à part ça c’est le calme plat. La matinée du lendemain est assez agréable. Nous sommes déjà le 31 janvier, le mois se termine. Je constate qu’il commence à faire clair assez tôt le matin. Au SFI nous continuons à étudier notre texte à propos d’un cambrioleur avant de regarder les informations. J’embarque ma basse pour aller au centre. Robert, Annika, Denise et moi jouons aux Petits Chevaux. Je me fais laminer après pourtant un bon départ. Ensuite, d’autres gamins arrivent et nous jouons à deviner un mot après que quelqu’un ait donné la définition. Très instructif, c’est un bon entraînement pour progresser. En fin de soirée, alors que Robert et Annika discutent visiblement de politique interne au centre, je décide de jouer un peu de basse. Une fois rentré, je passerai la soirée à écouter un peu de jazz.
Mercredi matin, nous étudions un long texte sur Zlatan Ibrahimovic, issu de son autobiographie. Le joueur y raconte son enfance difficile dans un quartier défavorisé de Malmö. Avec le vocabulaire, ça nous prend toute la matinée. C’est assez ardu de se confronter au suédois sur des longs textes mais c’est le prix à payer pour maîtriser le langage. L’après-midi, je suis tellement heureux d’aller à la piscine que j’oublie au passage d’acheter des gros oignons pour faire de la soupe. C’est rageant ! J’ai la flemme de nager, du coup je reste dans le sauna. J’engage la conversation avec un vieux qui ne parle pas anglais. Il est impressionné par mon niveau après seulement quelques mois. Au soir, je parle avec Maman et Vivien sur Skype, Vivien a été accepté pour son stage à Carvin. C’est cool, ça lui fera une bonne expérience ! Jeudi matin, je suis un peu fatigué. J’arrive à midi au SFI. Nous entamons la rédaction d’une lettre avant d’étudier un texte de chanson, un truc naïf parlant d’amour, avant de finir sur une dictée. Entre-temps, j’ai demandé à Andreas des conseils afin de faire reconnaître mes diplômes en Suède. J’arrive au centre à 16h30, il fait encore clair. C’est appréciable. Comme d’habitude le jeudi, il n’y a pas grand monde. Je joue aux Petits Chevaux avec deux amies de Viktor venues lui rendre visite. Je remporte la partie haut la main. Je m’occupe ensuite de faire vibrer Kristineberg au son de la bonne musique : folk rock suédois, Dire Straits puis Charles Mingus. Il faut dire que je m’ennuie un peu. Linda s’amuse avec Denise. Comme les filles trouvent le jazz chiant, Viktor décide de les récompenser et de passer du brutal death metal. En fin de soirée, Youssef arrive et nous propose d’écouter sa dernière découverte : Maitre Gims. Mais c’est pire que la peste, ça se répand partout. Pas au pays d’Opeth, de Bathory, et des Crucified Barbara ! Je suis tenté de fuir en courant. Heureusement qu’il ne restait qu’un quart d’heure avant la fermeture.
Après une matinée qui ne restera pas dans les mémoires, j’attaque le vendredi avec le SFI où à nouveau nous faisons un exercice de rédaction. Je progresse mais j’ai toujours besoin de me référer à mon dictionnaire de français, heureusement qu’il y en a un ! Avant le test de vocabulaire hebdomadaire, nous travaillons sur des chansons suédoises. Entre ”Ta mig till Havet” et ”Kärlekens Skull” je suis bien servi en horreurs. Surtout la seconde, qui, pour un lecteur qui ne maîtrise pas la langue suédoise, pourrait sonner comme un nom de groupe de metal bien bourrin. Non non, c’est de la chanson à 200% ringard. Et le pire c’est que le prof est à fond dedans. Au soir, j’aide Linda et Viktor au centre avant le foot où je sers de cible dans la cage. Je finis par me prendre un ballon en pleine figure ce qui me laissera sonné toute la soirée. Ça ne m’empêchera pas d’écouter un peu de musique avec mon camarade punk tout en feuilletant le numéro de janvier de Sweden Rock.
Samedi matin, je décide d’aller faire quelques courses, au Coop et au Systembolaget : je vais profiter de la Chandeleur pour faire des crêpes, et il me faut donc une bouteille de rhum. Face au prix exorbitant des flasques, ben oui sinon les gens finiraient bourrés dans la rue, je décide d’acheter une bouteille de Havana Club 7 ans d’âge dont le prix est raisonnable. C’est dommage d’utiliser ce type de rhum pour faire des crêpes, mais il en restera largement pour une autre utilisation, plus intéressante. Mais je ne vais pas en dire plus afin de ne pas aggraver ma réputation concernant les alcools forts. L’après-midi, après avoir parlé un peu avec Mamie, je joue un peu de basse, U2 et VA Rocks, un groupe féminin suédois dans la lignée de Crucified Barbara, sympathique, mais loin d’égaler les furies stockholmoises. A Stadsparken, je retrouve Rasha pour la birthday party. Ça faisait un moment que je ne l’avais pas vue, elle est allée en Allemagne rendre visite à sa famille. Alors que tout se passe bien en début de soirée avec les petits, ce sont d’autres oiseaux qui prennent possession des lieux après 18h. Je discute avec Awaleh qui est venu dire bonjour, mais peu après ça barbe entre Abdel et d’autres Arabes. Un des lascars a trouvé très drôle d’infliger un coup de raquette de ping pong sur la tête du boxeur, et maintenant ils s’engueulent comme des poissonniers. Lasse regarde ça de loin, trouve la situation consternante et est perplexe vis-à-vis de la ”nouvelle Suède”. Une fois l’incident clos, la soirée est plus tranquille. Nous recevons tout de même une petite visite de la police. Lasse les a appelés afin de montrer aux gamins qu’il y a une autorité à respecter dans ce pays. Mais les gamins sont loin d’être impressionnés. En même temps, quand on a connu les polices du Moyen-Orient, la police Suédoise n’est pas spécialement effrayante. Après la fermeture, je pars avec Abdel boire un verre au Kråkan. Nous parlons des gamins, du fait que la discipline à l'irakienne pourrait leur faire du bien selon lui, de la guerre en Irak qu'il a connue étant jeune, et de zythologie. Entre les bières locales, je suis surpris de trouver une Westemalle et m'empresse de faire découvrir le breuvage à Abdel qui apprécie cette nouveauté. Puis nous rentrons sur le coup de deux heures du matin. Il n'y a personne dans les rues d'Oskarshamn.
Alors que Laurent a décidé de repartir au Luxembourg pour quelques jours et décolle au petit matin, je traine un peu au lit. La bière a tapé hier soir. Pas de doute, j'ai perdu un peu en descente. Après un rapide déjeuner, je file faire les courses. Le vélo dont dispose Laurent est une petite merveille, j'en veux un pareil dans le futur. Une fois rentré, je m'occupe de la préparation de la pâte à crêpes, puis d'une soupe à l'oignon. La cuisine me prend un temps fou, et l'après-midi avance sérieusement alors que je décide de taquiner la basse. Après avoir laissé reposer la pâte, je me colle à la cuisson des crêpes. La première est un désastre au point que je décide de changer de poêle. Les choses se passent bien mieux ensuite, et la soupe est également une réussite. Lorsque j'ai terminé, il est déjà temps de diner et de parler sur Skype avec Maman et Vivien. Je traine un peu et ne me couche que vers 2h du matin, oubliant que j'ai SFI le lendemain matin. C'est un peu déphasé que j'arrive au SFI lundi 6 février. Nous démarrons la semaine avec un nouveau texte avant de regarder un petit documentaire un peu bucolique sur le Småland. Je rentre directement faire une sieste à midi avant de cuisiner. Vers 15h, je file à l'Arbetsförmedlingen, Pôle Emploi local, afin de demander des renseignements. Je compte faire reconnaître mes diplômes si jamais je veux travailler dans le pays dans le futur. Finalement la femme à l'accueil me renvoie vers un site dont Rasha m'a déjà parlé. J'irai jeter un œil bientôt. Dehors il fait froid et il neige, et le temps empire sur la route du retour, c'est un vrai blizzard ! A la maison, j'apprends Boom Boom, un classique du Blues de John Lee Hooker, que Vivien m'a proposé d'apprendre. A Kristineberg, je remporte une brillante victoire aux Petits Chevaux, avant d'étudier mon texte du matin. Après dîner, je vais jouer au foot avec Denise qui remporte une victoire 15-14. Je l'ai aidée un peu évidemment mais ça lui fait plaisir et c'est l'essentiel. Sur le retour il fait vachement froid, j'espère que je ne vais pas à nouveau chopper la crève. Je me plonge ensuite dans la playlist Spotify de la semaine, il y a pas mal de bons titres aujourd'hui.
Mardi matin, je suis sur le pont à 6h pour la machine à laver, et alterne entre les phases de sommeil courtes et les aller-retour à la laverie. Je n'aime décidément pas ces machines, mes pulls ne sont pas secs et je suis contraint de les laisser pendre dans la salle de bain. Je discute avec Mémé en fin de matinée avant d'aller en cours. Nous étudions une grammaire assez barbante avant de lire un texte et de regarder les informations. Pour changer avant d'aller au centre, je bois un bol de maté bien chaud. J'en ai bien besoin pour la route, car il fait un froid de canard, je gèle sur ma bicyclette. Je me retrouve à diriger le centre alors que Robert est parti jouer au foot avec les gamins et que Linda est partie faire des courses. Robert, Linda, Denise et moi entamons ensuite une partie de Petits Chevaux que je perds d'extrême justesse face à Denise. Je suis encore enrhumé à cause du froid qu'il fait dehors, et circuler à vélo par tous les temps n'arrange pas les choses. Contrairement à d'habitude, les gamins décident de rester au soir et nous fermons vers 9h30.
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SFI, Fritidsgården et Petits Chevaux : Part.II
Ce n’est pas courant de ma part de faire de la publicité gratuite, mais j’apprécie de plus en plus Spotify, cet outil me permet de découvrir tellement de groupes de rock occultes, c’est génial. L’algorithme me dirige vers des groupes qui jouent du rock rétro, à la manière des 70s. Il semble y avoir pléthore de jeunes groupes suédois qui exploitent le filon avec talent. Au SFI nous rédigeons un texte à propos de souvenirs de notre pays avant de faire un test de vocabulaire. Nous avons une partie disco pour les petits à Kristineberg, et seuls deux gamins sont là pour aider avant que Julia, la Viking qui joue au foot, n’arrive en renfort. Je passe ma soirée au kiosque, tentant de comprendre et de m’exprimer en suédois. La soirée se termine vers 8h30 et nous sommes prêts à boucler à 9h. Je fais la route du retour avec Viktor et passe la soirée au son du sax’ de Coltrane avant de lire un peu. Laurent part faire du sport un peu avant minuit pour revenir un peu après une heure du matin. Curieux personnage. J’aborde le weekend avec le ménage en profitant du fait que Laurent soit parti le diable sait où pour nettoyer l’appartement. J’apprends ensuite sans effort With or Without You de U2 avant de replonger dans Sultans of Swing. Mes grands-mères me téléphonent. Sur la route de Stadsparken, je constate avec plaisir qu’il fait encore clair vers 4h. Malheureusement la birthday party a été annulée au dernier moment, et je retrouve Ullis et deux filles qui sont désœuvrées. Nous décidons donc de cuisiner un gâteau au chocolat. Maria arrive après mais la soirée se déroule très lentement. Les gamins vont et viennent, jouent au billard et à la Playstation. Le gâteau est une réussite bien qu’un peu trop chargé en sucre. Dans la soirée, alors qu’une partie des gamins va jouer au foot, Maria m’explique que beaucoup d’Afghans vont devoir retourner au pays. Le service d’immigration est devenu bien plus strict et la Suède a beaucoup à faire avec les immigrants arrivés ces dernières années. La population a bien augmenté, la Suède dépasse désormais le seuil des dix millions d’habitants. De quoi assurer la suprématie sur ces crétins de Norvégiens et ces abrutis de Danois. Dimanche, après les courses, je décide de m’entrainer sur le parcours d’obstacle. Une première depuis deux mois. Entre deux périodes avec un mal de gorge persistant et mon retour en France, et j’ai dû laisser tomber l’entrainement. A ma grande surprise je suis dans le coup, je manque un peu de rythme mais n’éprouve pas le besoin de m’arrêter pour reprendre mon souffle. Au soir je prends des nouvelles du côté de Maman et Vivien. Nous parlons un peu musique et politique, ce weekend se sont tenues les primaires socialistes et l’ancien premier ministre Manuel Valls a été battu par Benoit Hamon, un candidat plus à gauche.
Au SFI, lundi 23 janvier, nous abordons un texte à propos d’un joueur de football. Je parle avec Mark, venu des Pays-Bas, la quarantaine et plus grand qu’une porte. Il m’explique qu’il y a du travail en Suède, que les Suédois ont besoin de monde, surtout pour travailler dans le social. Les immigrants bien sûr, mais aussi avec les Suédois qui ont parfois de gros problèmes familiaux, sur fond d’alcoolisme et de violence conjugale. Un fléau fréquent dans le pays de l’égalité des genres, mais on ne le crie pas sur tous les toits. Après avoir déjeuné et fait la sieste, je jette un œil à la caméra, non seulement elle ne charge pas mais en plus il y a des ennuis avec le son. Je suspecte un grave problème. J’en parle à Robert en arrivant à Kristineberg et nous concluons que la batterie est morte. Les parasites au niveau du son me laissent penser que la caméra a pris un sérieux coup. Bref, c’est retour à l’expéditeur. Je dois réaliser un film sur le centre mais j’ignore comment je vais faire avec ce type de matériel. Nous jouons ensuite aux Petits Chevaux, je suis en mesure de briguer la victoire mais l’acharnement de Robert à éliminer mes deux derniers pions me fait échouer à la 3e place. Robert termine pour sa part bon dernier. Je m’occupe ensuite de diffuser un peu de rock puis de jazz alors que la soirée s’achemine vers sa fin. Le lendemain je me lève à 6h pour la machine à laver. Je n’ai pas trop de linge cette fois, donc je suis rapidement débarrassé de cette corvée. Au SFI, nous faisons un résumé du texte de la veille avant de regarder un reportage sur un prêtre transsexuel de Växjö. Le bonhomme va jusqu’à célébrer la messe habillé en femme sans que ça ne choque personne en Suède. Inimaginable avec l’Église catholique qui ne veut déjà pas entendre parler des femmes prêtres, alors des transsexuels n’en parlons même pas ! Ça semble également perturber légèrement certains de mes camarades du Moyen-Orient. Au centre, je bats enfin Denise aux Petits Chevaux avant que Robert ne m’invite à regarder le match de handball entre la France et la Suède dans le cadre de l’Euro. D’ailleurs ça se joue à Lille, j’imagine que des amis sont dans le public. Le match est très serré, la Suède mène à la mi-temps, mais le réalisme des Français ainsi que les fautes suédoises permettent aux Bleus d’assurer la victoire dans les dix dernières minutes. C’est un Robert impuissant et qui aura déployé tous les jurons dont dispose la langue suédoise qui assiste à la défaite de son équipe. Au soir je discute avec Dom sur Skype avant de lire un peu. Laurent quand à lui poursuit ses entrainements nocturnes.
Mercredi au SFI, j’ai l’impression que le cours a été préparé à la va-vite. Il faut dire que le prof va à Stockholm pour la fin de semaine. Nous parlons essentiellement des institutions suédoises, commune, land et État, avant de regarder les informations. L’après-midi, je file à Stadsparken afin de rendre un chargeur qu’on m’avait prêté pour la caméra. Maria m’apprend d’ailleurs que celle-ci est morte et qu’il faudra en acheter une autre. Je vais devoir me renseigner pour un modèle. Dans le sauna, j’entame la conversation avec un gars qui s’avère francophone. Il vient de Djibouti, a vécu pas mal de temps en France mais il s’est établi en Suède depuis plusieurs années. Cependant il ne vit à Oskarshamn que depuis quelques mois. Il ne parle que de sexe et je commence à me poser des questions. Après son départ je me rends au sauna extérieur où je retrouve les Suédois habituels, en train de parler de la météo. Je parle un peu avec Maman au soir, pas grand chose de neuf dans le Nord. Comme Andreas, le prof habituel est parti à Stockholm, il est remplacé jeudi après-midi par une dame du nom de Lilly Carlsson, un nom digne d’une chanteuse de schlager. Nous faisons quelques exercices de traduction ainsi qu’une dictée. A Kristineberg, tout est très calme. Il n’y a que Denise. Viktor passe sa musique, nous discutons un peu. Ce n’est que vers 8h que quelques gamins arrivent pour dire bonjour et boire un café, alors que j’ai sorti la basse pour grattouiller un peu. Sur la route du retour, mon punk et moi croisons Awaleh, je demande des nouvelles au Somalien. Il va bientôt rendre visite à des amis à Göteborg. Je passe une soirée tranquille à lire et à écouter de la musique.
Le cours du vendredi a été annulé, mais nous avons reçu des exercices à faire, ce qui ne me prend pas beaucoup de temps. Je retrouve Viktor et Robert à Kristineberg. Viktor s’est rasé. C’est pas le même homme sans sa barbe et il semble regretter sa décision. C’est l’anniversaire d’un gamin d’origine ivoirienne, du coup je discute avec sa mère qui parle français. Elle trouve que le climat et les gens sont froids en Suède, qu’il est difficile de parler aux locaux. Lors du match de foot hebdomadaire, je joue dans la cage, mais les meilleurs étant dans l’équipe d’en face, nous nous faisons laminer. Puis les gamins s’en vont et nous restons à trois. Je décide de passer un peu de rock, the Zombies et Led Zeppelin, avant la fermeture. En rentrant, je me plonge dans la discographie de Charles Mingus, le fameux contrebassiste de jazz. Je vivrais un weekend ordinaire, marqué par un entrainement soutenu à la basse et par un coup de fil de ma grand mère. Sur la route, je rencontre de nouveaux ennuis avec cette saleté de vélo. Je vais devoir réparer lundi. La birthday party à Stadsparken est intense, je suis bien sollicité sur le mur d’escalade. Anna, la fille araignée fait une démonstration et grimpe toujours aussi vite. Puis Annika et moi commençons un puzzle de 500 pièces qui va nous prendre toute la soirée. C’est pas évident de se livrer à ce genre de loisir qui nécessite du calme quand les murs tremblent au son des basses synthétiques et du dégobillage immonde des rapeurs de carton. A la fin de la soirée, Peter nous invite à boire un coup au Kråken, le bar d’Oskarshamnn, en compagnie de Laurent et Annika. j’ai à peine entamé ma pinte que Peter a déjà descendu la sienne. Au final, il en liquidera deux autres alors que me contenterai d’un litre de bière ce qui n’est déjà pas si mal. Sur le retour, Laurent, qui a pris sa voiture, me dépose à Stadsparken. Je dois récupérer mon épave de vélo que je traine jusqu’à l’appartement. Dimanche, après avoir pris mon repas, je décide d’aller faire un jogging. Dehors il fait cru et je ne suis pas en jambes, mais ça fait toujours du bien de faire un peu d’exercice. Après un bon café, je pars faire les courses avec le vélo de Laurent. Comparé au mien, c’est une vraie limousine ! En rentrant, je parle un peu avec Matthieu avant de discuter avec Maman et Vivien. Vivien va peut être obtenir un stage à Carvin pour les Éclectiques, mais en attendant il est débordé. Nous parlons actualité, la victoire de la France lors de l’Euro de Handball et la déroute de Manuel Valls, battu par Benoit Hamon lors des primaires socialistes. Au soir, j’entame un nouvel ouvrage, la Peste d’Albert Camus, une analogie entre la terrifiante maladie et le fléau du nazisme.
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SFI, Fritidsgården et Petits Chevaux : Part.I
Mardi 10 janvier, l’école reprend enfin. Je vais commencer à étudier au niveau D du SFI, ce qui est censé correspondre au niveau de la fin de collège, début du lycée en France. Mais vu la longueur des textes, ça ressemblera plus à ce que je faisais en terminale il y a quelques années. Bref, il y a du challenge dans l’air ! A 12h, je retrouve donc Andreas, le prof qui m’a fait passer mes examens, et mes nouveaux camarades. Au moins cette fois le prof parle anglais, même s’il a un accent assez terrible. Mais on ne peut pas tout demander. Nous passons la première heure à se présenter et à voir ce que contient le niveau D. A la pause, je parle avec Albert, un Canadien anglophone qui veut savoir comment les Français perçoivent Napoléon aujourd’hui. Drôle de discussion, je lui réponds ce que j’en pense, à savoir un homme qui a durablement réformé la France mais également un despote qui a mis l’Europe à feu et à sang. Andreas nous explique ensuite qu’il est important d’écouter du suédois au quotidien afin de progresser, et qu’écouter les infos et regarder les informations peut faire progresser. A Kristineberg, Linda et moi nous assurons une destruction mutuelle aux Petits Chevaux, ce qui permet à Denise de remporter la partie. Puis je discute avec mon pote somalien Awaleh qui pense que la police est un peu raciste et que les forces de l’ordre n’ont pas le droit de contrôler l’identité des gens. Si je lui accorde le premier point, je ne peux que lui donner tort sur le second. Nous fermons la boutique à 9h et je profite de la soirée pour écrire un peu.
Le lendemain je me lève à 6h30 après voir passé la nuit dans le canapé. Au SFI, je me retrouve avec Mounir et Nissar, deux frères Syriens avec qui je dois discuter du système scolaire suédois et le comparer avec celui de nos pays respectifs. J’apprends avec une certaine surprise que le système scolaire syrien est toujours basé sur le système français, avec un baccalauréat qui n’a pas été simplifié comme en France. Je n’ai clairement pas affaire à des idiots. Dans une vidéo, je constate que le système scolaire suédois est un peu différent de ce qu’on a en France. Ils ont l’école maternelle, un cours préparatoire avant d’entrer à Grundskolan qui regroupe école primaire et collège, obligatoire de 7 à 15 ans. Puis la scolarité se termine avec trois ans de lycée comme chez nous. Le système de bourses est différent également. Tout le monde les touche mais en contrepartie il faut en rembourser une partie après les études. L’après-midi je fais une sieste et n’émerge que vers 15h. Je décide alors de filer à la piscine où le bain à bulles est en panne. Du coup il y a moins de monde, mais c’est surtout le sauna qui me motive donc ce n’est pas un souci. En revanche en rentrant je constate que mes patates ont pourri. Une d’elles devait avoir un coup, et tout le paquet est à jeter, c’est un peu contrariant. Au soir je parle avec Maman et Vivien qui se plaint à propos de l’organisation dans les budgets pour le voyage qu’il compte faire à Amsterdam avec la fac. Comme je commence tôt le lendemain, je me couche rapidement après avoir lu quelques pages de roman.
Le lendemain matin, nous continuons à étudier des textes en lien avec l’école et une liste de mots dangereusement complexes finit par s’accumuler. Je suis un peu inquiet du fait que mes nouveaux camarades ont un degré de maitrise de la langue plus élevé que le mien. Certains vivent en Suède depuis plusieurs années. L’après-midi, je m’effondre dans le canapé pour une petite sieste. Une fois réveillé, je décide de m’attaquer à Sultans of Swing à la basse. Le classique de Dire Straits est plus accessible sur une quatre-cordes qu’à la guitare, mais ça représente tout de même un défi intéressant. À 16h30, j’arrive à Kristineberg où Viktor, pour changer, monte des cordes sur une des guitares. Je travaille un peu de vocabulaire et entame la lecture d’un ouvrage en suédois que j’ai reçu à l’école. Il raconte l’histoire d’un Kurde d’Irak forcé par sa famille d’épouser sa cousine. Ça implique une lecture lente et parfois pénible mais c’est un bon moyen pour progresser. Linda s’amuse avec Denise alors que je décide de jouer de la basse. Mais après quelques morceaux, l’ampli fait des siennes et je me retrouve sans volume. Viktor et moi décidons de passer ma playlist rock avant de fermer vers 9h30. Au soir je regarde un film ennuyeux avant de lui privilégier mon bouquin.
Vendredi 13 sera t-il synonyme de chance ou de malchance ? Pour moi c’est plutôt chance, le programme scolaire a changé, le SFI se tient l’après-midi du coup je peux me permettre de dormir un peu plus. Je déjeune au son du blues de Samantha Fish avant de partir en cours. Nous poursuivons sur le système scolaire. À l’oral, nous devons comparer le système suédois et celui de nos pays respectifs. Nous parlons ensuite de notre parcours et évoquons nos projets pour ce weekend. Au centre, la birthday party se déroule sans histoire. Au foot, comme les gamins les plus âgés et les plus batailleurs ne sont pas là, la partie est vraiment décontractée. Malheureusement tous les gamins s’en vont et il ne reste personne au centre après 9h. Je passe un peu de blues rock avant de faire résonner les murs du fritidsgården au son de Carpenter Brut à la demande de Robert qui voulait un peu d’électro. Je traine un peu sur le web au soir avant de lire un peu.
La matinée et le début d’après-midi de samedi rimeront avec ménage et cuisine. Puis maman téléphone depuis l’hôpital et je discute avec mes grands-parents. Je travaille ensuite la basse, je suis en voie de maîtriser Sultans of Swing. Après un café, je file à Stadsparken retrouver Lasse et Devla. Les enfants présents sont un peu jeunes pour l’escalade mais ils veulent tout de même grimper. Nous enchainons ensuite avec les chaises musicales et les jeux de danse. A 6h, Rasha, Aurora et Anna s’en vont acheter de quoi faire un gâteau au chocolat pendant que Lasse et moi faisons un peu de rangement. Les filles sont bien énervées en cuisine, en particulier Aurora, je crains un désastre imminent concernant le gâteau mais Rasha a la situation bien en mains. Elle m’annonce qu’elle va aller en Allemagne pour douze jours afin de voir sa famille. A 8h, je pars surveiller le match de foot sans avoir eu le temps pour une part de gâteau, j’espère que les filles auront eu la gentillesse de m’en laisser une de côté. Après une partie tranquille pour une fois, je retourne au centre où je retrouve les filles qui sont attablées autour d’une pizza. Nous parlons un peu alors que les zouaves qui occupent le centre sont occupés à passer un rap immonde sur la sono. Heureusement, les filles ont assuré avec le gâteau, il est vraiment bon et nous aidera à bien terminer la soirée. J’échoue à me lever tôt le lendemain, en même temps c’est dimanche. En début d’après-midi, j’enfourche ma bicyclette direction la plage pour profiter du soleil. C’est étrange d’être assis sur les bords de la Baltique alors qu’une couche de neige recouvre le sable. Après quelques courses, je joue un peu de basse et cuisine une soupe avec les légumes qui trainent. Je pensais que Laurent allait revenir aujourd’hui mais ce n’est pas le cas. Le bougre est toujours au Luxembourg.
Lundi 16 janvier, le prof arrive légèrement en retard, ce qui n’est pas courant en Suède. Nous travaillons ensuite sur un texte qui me pose quelques soucis de traduction, mais visiblement je ne suis pas le seul à rester perplexe. L’après-midi, Maria m’apporte une caméra afin de réaliser un reportage sur le centre. La caméra devrait convenir mais ne charge pas et ça me parait bizarre. On verra bien. La soirée est calme. Au soir en rentrant, je découvre une voiture à plaque luxembourgeoise sur le parking. Laurent est de retour. Il a changé de coupe, et nous discutons deux-trois minutes le temps d’échanger les nouvelles. Pas satisfait de son hôtel à Lübeck apparemment. Mardi, je me lève à 10h avant d’aller au SFI. Nous poursuivons l’étude de texte, apprenons du vocabulaire avant de regarder les informations. J’embarque un peu de travail à faire au centre. Je joue aux cartes avec les filles avant que Linda n’organise une séance de cirque qui se termine en fou rire général, sous le regard imperturbable de Younès qui travaille avec nous aujourd’hui. Robert et moi sommes ensuite bien en peine pour installer un filet sur une table de ping-pong. On aurait bien téléphoné à Ikea mais le matériel ne vient pas de là.
Le lendemain, j’ai rendez-vous chez le dentiste. Une dent cassée qui traine depuis pas mal de temps. Je retrouve Robert à Stadsparken et nous marchons jusqu’au cabinet dentaire. Là on m’explique gentillement qu’on ne pourra pas me faire les soins, qu’il faudra les faire en France et je me retrouve avec un nouvel amalgame temporaire. Bref une réparation temporaire qui risque d’enchainer sur une suite et des problèmes. C’est agaçant. Mais je ne perds pas de temps et file ensuite au lycée. Il reste une bonne heure de cours. Nous parlons des animaux sauvages avant de regarder les informations. Il n’y a pas foule à la piscine quand je m’y rends dans l’après-midi, mais cette fois le sauna chauffe bien. Au soir je discute avec Maman sur Skype avant de prendre quelques nouvelles auprès de Dom. Je dois faire quelques démarches administratives pour faire reconnaitre mes diplômes. Déjà que la paperasse c’est pas facile en temps normal, alors quand on doit jongler avec les législations de deux pays…
Mais je ne vais pas commencer à me plaindre, j’aime mon emploi du temps, ça correspond mieux à mon rythme. Je commence la journée de jeudi en écoutant Spotify. Au SFI, nous étudions un texte à propos d’une fille qui a Barbie comme modèle. Tout le monde n’est pas net en Suède. Puis nous faisons un peu d’oral, et discutons de divers sujets. Nous terminons le cours sur une dictée. À Kristineberg, je retrouve Viktor. Nous parlons un peu musique et politique. Puis Abdel arrive. Il nous explique que le match de foot organisé le weekend dernier au lycée a dégénéré à cause des Afghans. Raisons tribales apparemment. Les Suédois ont un peu de mal à comprendre ça. Puis Abdal explique que selon lui, la démocratie n’est pas faite pour les Arabes et les gens du Moyen-Orient, et qu’un bon dictateur est préférable pour des questions de respect de l’ordre. Ça laisse Viktor perplexe. Puis Linda arrive, accompagnée des filles. Nous participons ensuite à la confection de gâteaux au chocolat. En fin de soirée, je réédite l’exploit de passer du jazz. En rentrant, je poursuis en plongeant dans la discographie de Miles Davis.
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Bien commencer 2017
Les onze jours passés entre mon retour en France le 21 décembre et mon départ le 2 janvier au petit matin auront passé à une vitesse folle. J'ai pu réalisé qu'une expérience d'à peine quatre mois dans un pays étranger peut changer bien des perspectives. Bien sûr j'ai tout de suite retrouvé mes marques dans les rues de Libercourt, je ne parle pas français avec l'accent suédois et je sais toujours conduire bien que n'ayant pas touché un volant depuis le mois d'août. N'empêche... N'empêche que je me suis rendu compte à quel point notre région est peuplée et animée à côté de la vide et calme Suède, que la notion de propreté dans les rues n'est pas la même, ainsi que toute une série de petits détails qui font que la France et la Suède ont une identité bien à elles. Loin de moi l'idée de faire un jugement de valeur par ailleurs, surtout au moment de me rendre au Carrefour du coin pour acheter une bouteille, chose impossible à faire au Royaume nordique. Si ma mémoire ne me fait pas défaut c’est à ce moment que j’ai donné sans le vouloir un coup d’épaule à quelqu’un avant de m’excuser par réflexe en suédois, ”förlåt”. Le type a dû se demander ce que je pouvais baragouiner. Comme langue nordique à Libercourt on ne connait que le picard ! Mes vacances ont donc filé à grande vitesse, me laissant juste un peu de temps pour profiter de ma famille et de mes amis. J’ai pu entendre le puissant son métallique projeté par la Dual Rectifier de Vivien et jammer avec lui, retrouver la cuisine de Maman, faire rouler ma vieille Mazda 323 et récupérer quelques petites habitudes laissées de côté en Suède. J’ai pu boire un Picon bière pour la première fois depuis longtemps, et ce n’était pas le moindre des plaisirs. J’ai également retrouvé mes amis à une table du Farafina avec un verre de La Mauny 62° évidemment introuvable en Scandinavie et incompatible avec la méthode suédoise pour boire de l’alcool. Quand on se retrouve seul loin de chez soi on commence à comprendre pourquoi c’est important l’amitié, que ce soit afin de fêter ensemble le 1er janvier dans une sorte de messe universelle, partager un bout de gâteau dans un appartement de Ronchin ou encore zoner dans la galerie marchande d’Auchan Hénin-Beaumont comme à la bonne époque du lycée. Mes grands parents m’avaient manqué plus que tout également et j’ai passé le plus de temps possible à rendre visite à ma grand mère à l’hôpital. Noël et Nouvel An en famille et leur préparation auront forcément rythmé les vacances, et c’était bon de se retrouver en famille autour de la table. Une fois encore, Vivien et moi en avons profité pour narguer nos Sorcières favorites. C’était juste dommage que ma grand-mère ne soit pas des nôtres à cause de sa jambe cassée.
C’est donc au petit matin du 2 janvier, par un temps typique du nord de la France et de la Belgique en cette période que j’ai vraiment réalisé à quel point le temps est relatif. Certes être enfermé dans l’obscurité d’un ascenseur en panne semble plus long que lorsqu’on est assis à discuter avec une jolie fille mais bref ce n’est pas le sujet, puisqu’avant de retourner dans le Grand Nord je dois affronter l’aéroport de Zaventem et l’organisation belge un lendemain de fête. Face à l’absence de place pour se stationner, je fais mes adieux à Vivien et mes parents sur le parking avant de m’engouffrer seul dans les couloirs de l’aéroport. C’est grand Zaventem. Je perds du temps à faire la queue pour le checking des bagages sur les conseils d’un employé pour finalement constater que ce n’est pas nécessaire pour les bagages de cabine. Je passe ensuite le contrôle, bien plus souple qu’à Stockholm quelques jours auparavant. Même pas de fouille. Étrange pour un lieu qui a été le théâtre d’un attentat il y a quelques mois seulement. Mais c’est vrai que la faible affluence à Nyköping autorise plus facilement les contrôles zélés. Puis j’attends l’avion. Je constate que le brouillard est bien épais lorsqu’une navette nous emmène sur le tarmac. L’avion à destination de Stockholm est un appareil de petite taille, un Avro RJ 100 reconnaissable par son profil trapu et ses ailes situées sur le dessus du fuselage. Il est spécialisé dans les décollages et les atterrissages sur des pistes courtes avec une faible vitesse d’approche et un angle d’approche élevé. Idéal pour la piste de Bromma, en plein centre ville de Stockholm, qui ne permet pas d’accueillir des Boeing 737 comme ceux qui composent la flotte de Ryan Air. Cependant, l’organisation à la Belge est déjà en place : une partie des passagers, les Suédois qui doivent retourner au pays, n’est pas au rendez-vous. Et qui plus est les bagages ont disparu de la circulation. En regardant à travers le hublot je distingue à travers la brume un appareil de Air Ethiopia. J’espère que mon sac ne va pas se retrouver quelque part en Afrique ! Après presque une heure de perdue, nous décollons enfin. La couverture nuage se dissipe alors que nous survolons la mer. Nous survolons une mince bande de terre que je soupçonne être la pointe nord du Danemark, franchissons le détroit du Kattegat avant de survoler la Suède. Nous laissons le gigantesque lac Vänern sur notre gauche, d’aussi haut il ne paraît pas si étendu, mais il a tout de même une superficie de 5.650 km2, soit plus de neuf fois le lac Léman. Nous amorçons la descente vers Stockholm rapidement. La capitale apparaît en contrebas. Malgré l’angle de descente élevé, le pilote pose l’appareil comme une fleur. Il est toutefois 12h30 et je dois me dépêcher de regagner le centre. Heureusement, un bus attend devant le terminal, direction Central Station. Malgré un tarif exorbitant, 85 couronnes, je décide de le prendre afin d’éviter tout retard. Il est à peine 13h lorsque j’arrive au terminal de bus, Stockholm c’est décidément petit et il y a peu de trafic. J’ai donc une heure à tuer, j’achète des biscuits et le dernier exemplaire de Sweden Rock dans un bureau de presse. Le bus arrive peu avant 14h. Comme d’habitude, les Suédois font la queue avec discipline alors que je monte le dernier pour choisir mon voisin. Le trajet est long et sans histoire, la femme qui est à côté de moi n’a pas vraiment l’air de vouloir mener la conversation. Je débarque à Oskarshamn à 19h15. Je dépose mon barda dans l’appartement avant de filer au magasin Coop acheter de quoi manger pour ce soir. Je me couche vers 11h, demain je dois déjà me lever tôt.
Il n’est que six heures quand mon réveil sonne, et je ne suis évidemment pas assez reposé. Deux heures plus tard, je débarque au lycée pour faire mon test. Toutefois, la prof qui est là me propose de le faire le lendemain, ce que j’accepte sans hésiter afin de dormir toute la matinée. Je me rends à Stadsparken vers 15h30 où je tombe sur Annika et Viktor. Je récupère mon vélo qui a été réparé par Robert. Malheureusement la roue n’est pas fixée correctement au cadre, du coup je vais avoir un peu de bricolage supplémentaire. Je pars faire quelques courses supplémentaire alors qu’il s’est remis à neiger. Puis je décide d’aller travailler. En arrivant à Kristineberg, je constate que les habitudes n’ont pas changé : Robert lamine les gamins au foot et Linda organise une séance de relaxation avec les filles sur fond de musique douce. Ça fait plaisir d’être de retour en Suède ! Les choses sérieuses commencent le mercredi 4 janvier. Cette fois-ci je suis prêt pour affronter les épreuves. Normalement les élèves qui débutent le SFI enchainent sur le niveau C ou le niveau B+ si ils ont des difficultés, mais comme je me débrouillais bien on m’a proposé de tester l’examen final du niveau C. J’enchaine deux compréhensions écrites sans sourciller, une compréhension orale qui s’avère déjà plus compliquée, une production écrite avant de terminer sur une production orale. Lors de cette dernière, Almira, la prof qui m’a accueilli, d’origine bosnienne, me propose de discuter de divers sujets avec Andreas, un autre professeur. Je m’en tire comme je peux, mélangeant suédois et anglais, si bien qu’à la fin les professeurs m’annoncent que je vais passer directement au niveau D. C’est cool ! Comme les cours ne reprennent que la semaine suivante, ma fin de semaine ne va pas être trop chargée. Je vais à la piscine en milieu d’après-midi. J’ai à nouveau contracté un mal de gorge et j’espère que le sauna aura un effet positif de ce côté-là. Il neige à nouveau. Je profite de la proximité du Maxi ICA pour acheter les dernières choses qui me manquent, du riz et des patates notamment. Sans vélo et avec la neige qui m’arrive jusqu’aux chevilles, ma progression est lente dans les rues d’Oskarshamn. Le froid arrive sur la Suède. Comme je n’ai pas cours et que je ne commence qu’à 16h30, je profite du jeudi pour ranger un peu l’appartement avant de jouer un peu de basse. Il fait -10°C dehors mais j’ai tout de même trainé mon vélo jusque Kristineberg pour réparer. Ça ne prendra que quelques minutes le temps de replacer la roue et de bien serrer cette fois. Linda et Viktor ont prévu de faire des pizzas à partir de tortillas. C’est malin, ça évite à avoir à préparer la pâte. J’essayerai à la maison pour le coup, le résultat semble très concluant. Comme tout le monde est posé, j’en profite pour passer un peu de jazz. Une bonne partie de l’album réunissant Duke Ellington et John Coltrane défile avant d’être changé au profit de l’innommable Justin Bieber. Une fois les filles parties, Viktor reprend les commandes et nous délivre avec Johnny Cash. Nous discutons du fait que les chansons tristes sont les meilleures. Dehors la température a encore baissé d’après Linda, -14°C apparemment. Heureusement j’ai pris des vêtements chauds, je ne souffre pas du froid en rentrant mais c’est tout de même bien vif.
Le 6 janvier, c’est l’Épiphanie, et en Suède c’est jour férié. Du coup je consacre une grande partie de la journée à jouer de la basse, Hurt de Johnny Cash notamment. Durant l’après-midi, je vais me promener en direction du centre commercial, afin d’acheter de la roquette. J’ai décidé de tester les pizzas à base de tortillas. Il fait -15°C mais comme c’est sec et que je suis bien couvert, ça reste supportable. Je prépare ensuite ma pizza sur fond de rock féminin, avant de dîner au son de Cannonball Adderley et Bill Evans sur un classique du jazz. Je reçois un appel surprise de Dom, et nous parlons une heure avant que je ne décide d’acheter en ligne des singles réédités de Crucified Barbara sur vinyle, ce qui marquera le début d’un long périple. Samedi matin, alors que je passe mon temps à écrire, jouer de la basse et faire le ménage, il s’est remis à neiger. Une bonne couche recouvre le sol. A 16h je rejoins Annika, Abdel, Youssef et Rasha à Stadsparken. Il y a beaucoup d’enfants, nous enchainons avec de l’escalade puis un concours de danse. Annika s’est chargée de préparer des tacos, du coup nous avons droit à un bon dîner. Je m’occupe ensuite du match de foot à 8h avec Annika. Au retour, c’est calme, essentiellement parceque la sono ne fonctionne pas. Abdel me montre des vidéos où des Saoudiens s’amusent à drifter à haute vitesse sur l’autoroute. C’est complètement inconscient, mais là-bas c’est normal. Le roi a même ouvert des portions de route où les gens peuvent faire n’importe quoi. Autre pays, autres mœurs. Dimanche, il fait plus chaud, même si on reste encore dans le négatif. Je parle à Katia sur Skype avant de téléphoner à ma grand mère. Elle est malade, elle a certainement attrapé un virus. Je décide ensuite de regarder le 32e de finale de la Coupe de France : Lens affronte Metz à Bollaert et je ne peux pas manquer ce rituel. Malgré un brouillard épais et un match serré, le Racing l’emporte 2-0. La suite du parcours sera toutefois bien moins glorieuse. Je parle avec Maman et Vivien au soir. Vivien a acheté une PS4 pour 350 euros avec des jeux, ça vaut le coup je trouve. Il va participer à l’organisation de Musicampus le festival de musique qui se tient à l’Université d’Artois. Je jette une oreille sur la programmation. Pas mal de ska un peu louche, ça sent la drogue à plein nez. Je lis un peu les aventures du commissaire Wallander avant d’aller me coucher.
Lundi 9 janvier, je reprends le rituel de la machine à laver et le lever prématuré à six heures du matin. Je déjeune ensuite avant d’être dérangé par des Témoins de Jéhovah. Ils m’expliquent dans un mauvais anglais que les places au Paradis sont limitées et qu’il faut faire beaucoup d’efforts et de sacrifices dans la vie, du coup je leur demande si ça ne fait pas exploser les prix des loyers, comme à Stockholm où il est difficile de se loger. Visiblement ça ne leur plait pas et ils décident de ne pas perdre plus de temps avec l’hérétique que je suis. J’étudie ensuite un peu de suédois et joue un peu de basse avant de partir à Kristineberg. J’aide Robert et Lasse à déménager quelques cartons. C’est le dernier jour des vacances et la soirée est calme. Quelques gamins passent dire bonjour vers 7h mais peu après il n’y a plus personne. Mais demain je reprends les leçons de suédois et ça va m’occuper un peu plus.
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Escale à Stockholm : Part.II
Le lendemain matin, je suis réveillé tôt par les Chinois qui filent pour prendre leur avion. Pour ma part je reste au lit jusque 9h avant de me préparer tranquillement. Aujourd’hui, j’ai décidé de visiter Skansen, le zoo de Stockholm, qui se trouve aussi sur l’île de Djurgården. Ça va faire une belle promenade encore une fois. J’arrive peu avant midi après avoir flâné dans Gamla Stan. Situé sur une colline et en plein air, Skansen est une institution ici. Le parc regroupe à la fois un zoo et des constructions qui témoignent de la vie en Suède lors des siècles passés. J’y suis allé pour voir avant tout les animaux nordiques mais je compte aussi jeter un œil aux bâtiments traditionnels. Au XIXe siècle, la Suède s’est industrialisée comme le reste de l’Europe, et on a voulu conserver des habitations de l’époque, venues de toute le pays, des huttes samies aux maisons bourgeoises sans bien sûr oublier les typiques fermes scandinaves. J’imagine que l’été on doit faire appel à des intermittents pour jouer les villageois et les fermiers, mais ce n’est pas le cas à cette période de l’année, le musée semble moins actif en hiver. Les animaux nordiques sont de sortie heureusement, eux ne craignent pas le froid. On trouve des rennes, des élans, des bisons, quelques divers rapaces, surtout des chouettes. Puis j’en arrive aux carnivores, il ont des lynx, des loups et des gloutons. Ces derniers sont sympas, ils sont trapus et puissants mais on dirait de gros furets. Par contre ces feignasses d’ours hibernent, donc je n’ai pas pu les voir. Vers 14h seulement, le musée commence à se vider, le soleil fait déjà du rase-mottes. J’avais prévu de visiter l’aquarium, mais comme il est tenu par une compagnie différente et qu’il faut payer de nouveau, je décide de trainer dans le parc et faire quelques photos. Vers 15h, je retourne vers le centre et m’arrête au marché de Noël sur Stortorget afin d’acheter un bonnet / cache-nez pour Vivien à une échoppe lapone. Comme c’est bon marché et que ça a l’air bien pratique j’en prends un aussi pour moi. Je traine ensuite dans l’ancien quartier Klara jusque la gare avant de revenir sur l’hôtel. Après 18h, je décide d’aller faire quelques courses. Je suis persuadé d’avoir croisé Nicki Wicked, ancienne batteuse des Crucified Barbara en entrant dans l’ICA du coin alors qu’elle en sortait. Si ça se trouve elle est du quartier. Si il n’y avait pas eu cette stupide paroi en verre séparant l’entrée et la sortie j’aurai pu demander un autographe. Mais ça sera pour une prochaine fois sans doute. En arpentant les rues de Södermalm, je tombe sur une friperie intéressante avant de me retourner sur mes pas. Je longe Krukmakargatan. En voilà un nom à coucher dehors ! Puis j’arrive dans Sanktpaulgatan où se trouve une belle église, avant de revenir au bateau. Sur le chemin, j’ai discuté avec une femme âgée qui regardait des annonces alors que j’étais absorbé par une affiche de concert. Elle vit à Östermalm et trouve que les prix sont élevés, mais les logements sont plus accessibles à Södermalm apparemment. C’est drôle comme les gens à Stockholm ont plus de facilité à démarrer une conversation que les autres Suédois ! Je parle à nouveau à Maman et Vivien au soir sur Skype. Dans moins de 48 heures je serai à la maison.
Mardi arrive, et c’est déjà la dernière occasion pour moi de me balader dans Stockholm. Aujourd’hui, j’ai prévu de consacrer mon temps à une visite plus poussée de Södermalm. Il y aurait tant d’autres choses à faire, comme visiter le musée nordique ou le musée ABBA, Suède oblige, mais je manque de temps et ils sont de l’autre côté de la ville, sur Djurgården. Malheureusement, le temps n’est plus aussi clément que les deux derniers jours, il fait gris et une fine pellicule d’eau tombe sur Stockholm. Mes pas m’emmènent à l’ouest, sur la colline de Tantolunden. Ça doit être un joli parc pour se poser au soleil lors des beaux jours, mais là c’est plutôt triste et la pluie n’arrange rien. Il n’y a personne. J’explore ensuite les rues autour de Mariatorget et de Sankta Maria Magdalena Kyrka avant d’arriver dans Götgatan, l’axe central nord-sud, abritant de nombreuses boutiques et des fast-food. Je prends ensuite Skånegatan pour grimper sur la colline de Vitabergen sur laquelle est bâtie Sofia Kyrkan, une église toute rouge. Cette colline est fameuse pour avoir abrité le ghetto de Stockholm. Les miséreux y vivaient jusqu’au milieu du XXe siècle dans des conditions très difficiles et dans l’insalubrité la plus complète. Certaines maisons, des petites cabanes, ont été conservées et modernisées et sont toujours habitées. Mais le quartier a changé, tout a été réhabilité, c’est devenu tendance avec un côté bourgeois bohème. Il y a des petits bars et cafés un peu partout, des gens qui passent avec des instruments de musique. Et ça sent la weed dans les rues. Bref ça semble un endroit plaisant peuplé de gens intéressants. Toutefois je ne m’attarde pas plus que ça, car j’ai décidé de faire escale à Fotografiska, où se trouve une exposition de portraits. Intitulée ”We have a dream”, elle retrace le parcours de personnes plus ou moins célèbres qui se sont engagées pour des causes humanitaires, pour le droit des femmes ou contre le racisme. Plutôt intéressant. Une fois terminé, je parcours les autres expositions, une consiste en une série de photos de villes mélangées les unes aux autres et donnant un effet futuriste et étrange. Je me plais à suivre l’exposition sur la marque Diesel rassemblant des publicités provocatrices qui jouent avec humour sur les codes de la société. Il fait nuit depuis longtemps lorsque je quitte le musée. Je décide de monter à Katarina Hissen afin d’avoir un dernier point de vue en hauteur sur Stockholm. Je pars ensuite acheter des provisions pour la route de demain, repasse à nouveau dans Krukmakargatan, décidément quel nom barbare, avant de rentrer. Sur Skype j’apprends que ma grand-mère s’est cassée une jambe en se levant de son lit. A cause de ses ulcères les médecins ne peuvent pas la plâtrer et ne savent pas vraiment quoi faire. Je suis un peu inquiet pour elle. La vieillesse est un naufrage.
Mercredi 21 décembre, il est déjà temps pour moi de quitter Stockholm et enfin temps de retourner voir ma famille et mes amis dans le Nord. Je me lève à 6h, déjeune avec les provisions restantes tout en conservant des munitions pour la route. Je quitte Den Röda Båten à 6h45 et mets le cap vers Centralstation. Bien que Stockholm soit la capitale, il y a bien peu de circulation en cette heure matinale. Je traine mon gros sac le long des quais, passe devant Stadhuset avant d’arriver dans le quartier Klara. Je dois attendre un peu dans le terminal de bus, puisque le car en direction de Nyköping n’arrive qu’à 8h15. Sur le panneau je vois qu’il va jusque Kalmar, si je devais partir pour Oskarshamn, ça serait le même bus. Une dame me demande s’il elle peut m’emprunter le journal abandonné sur le banc à côté de moi. Je lui réponds que ce n’est pas le mien et qu’elle peut le prendre. C’est dingue comme j’ai plus de facilité à comprendre les Stockholmois que les habitants du Småland que côtoie pourtant tous les jours. Le bus part à 8h15 précisément et s’engage sur l’autoroute, et à peine quinze minutes plus tard nous sommes déjà en pleine cambrousse. C’est vraiment surprenant la Suède, on n’imaginerait pas que la capitale est juste à portée de vue. Le trajet est rapide, il est 9h30 quand je descends à Nyköping. Après quelques minutes d’attente, je prends un bus urbain en direction de l’aéroport. Il faut à peine dix minutes de route pour rejoindre le petit terminal. Il y a vraiment peu de monde à l’intérieur, moins d’une dizaine de personnes, je sais bien que ce n’est pas le plus gros aéroport et qu’il est un peu excentré, mais c’est tout de même celui de la capitale ! Comme le vol n’est qu’à 12h55 j’ai de la marge. J’en profite pour manger un morceau avant de me faire enregistrer. Je passe ensuite au détecteur et à la fouille réglementaire, les Suédois contrôlent tout le monde avec zèle et c’est tant mieux. Comme il n’y a plus assez de place en cabine, mon sac doit aller en soute, gratuitement heureusement, et je me retrouve obligé de trouver une place pour mon volumineux pc portable dans mon petit sac à dos. A 12h30, j’accède enfin au tarmac. Première expérience en avion. Il m’en aura fallu le temps. Le chef de cabine baragouine un anglais incompréhensible avec un accent londonien très mâché. Moi qui me croyais devenu bilingue, c’est raté. Le décollage n’est pas agréable, on n’a pas vraiment l’impression de bouger mais on se rend compte de la prise d’altitude : ça déséquilibre l’oreille interne et j’ai un peu la tête qui tourne. De plus, si les appareils de la compagnie Ryan Air ont plutôt de jolies couleurs, à l’intérieur on se croirait dans un jouet Playmobil, le confort est sommaire. Ajouté à ça le sourd sifflement des réacteurs et des sales gosses qui hurlent et qui tapent dans le siège dernière moi, et cette grande première au dessus du planché des vaches ne restera pas une expérience inoubliable. Mais nous nous posons sans encombre vers 15h sur la piste de Charleroi et c’est bien là l’essentiel. Le temps de récupérer mon sac, et je rejoins Vivien et mes parents. J’ai beaucoup de choses à leur raconter, en commençant par le contenu de ces pages. Nous sommes le 21 décembre, jour le plus court de l’année, pourtant alors que le soleil décline sur la Belgique, j’ai l’impression qu’il y fait clair comparé au Grand Nord.
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Escale à Stockholm : Part.I
C’est parti pour Stockholm. Je compte faire pas mal de choses dans la capitale suédoise, notamment visiter des musées, mais aujourd’hui j’ai rendez-vous avec Amon Amarth, le légendaire groupe de metal viking qui évoluera à la maison et devant son public. Cette date figure depuis longtemps sur mon calendrier. Je me lève donc à 7h, termine mes derniers préparatifs avant de lever l’ancre à 9h15. Je suis à peine arrivé à la gare que le bus arrive déjà. En Suède, le bus n’arrive pas à 9h40, il part à 9h40. Ça serait une très mauvaise idée d’arriver en retard. Je vais m’asseoir à l’arrière du bus en compagnie d’un gars et d’une fille que j’ai déjà croisés au lycée d’Oskarshamn. Je comprends à leur conversation qu’ils vont voir un concert à Stockholm, en plus la fille est tatouée, ça serait le comble qu’ils aillent voir Amon Amarth aussi ! Mais je déchante immédiatement quand je constate que la fille arbore un t-shirt Kent, un groupe de pop sirupeuse à l’imagerie vaguement gothique qui joue également ce soir. Très populaire en Suède alors qu’ils n’arrivent pas à percer à l’étranger. C’est drôle car la plupart des groupes suédois qui rencontrent le succès à l’étranger ne sont pas prophètes en leur pays. Il tombe deux-trois flocons en quittant Oskarshamn, mais rien de bien important, pas plus qu’à Västervik où nous arrivons une heure plus tard. Seule une fine pellicule recouvre le sol. Je comate durant le trajet qui est le même que lors de notre précédente virée à Stockholm, il y a déjà plusieurs mois : Gamleby, Valdemarsvik, Söderköping. Peu avant 13h, nous arrivons à Norrköping et il fait déjà bien sombre. C’est terrible la Suède à l’approche du solstice d’hiver, surtout quand le soleil est planqué derrière les nuages. Le bus arrive comme prévu à Stockholm à 15h, il fait déjà nuit. Je ne perds pas de temps, quitte la gare routière et me dirige vers Gamla Stan, mon gros sac sur l’épaule. Je traverse Centralbron avant de longer les quais de Mälarenstrand, sur l’île de Södermalm. Après une bonne vingtaine de minutes j’arrive enfin à l’hôtel, un bateau rouge justement nommé ”Den Röda Båten”. Un type aimable avec une tête à écouter du metal me file la clef de la chambre 12. Je suis agréablement surpris par le fait que je parviens à le comprendre en suédois sans trop de difficultés, chose inimaginable il y a à peine quelques mois. C’est étrange puisque je suis exposé au dialecte d’Oskarshamn, le ”smålandska”, qui me reste bien plus hermétique alors que le ”stockholmska” est plus accessible. Il y a là un mystère. Les gens de la campagne n’articulent pas, c’est pour ça et c’est partout pareil peu importe où on va. Je découvre ensuite mes compagnons de chambrée, trois Chinois qui visitent la Scandinavie. On discute rapidement puis je me prépare. À 17h, je m’enfonce dans Södermalm en direction du sud. Je traverse entièrement l’île et me retrouve à Hammarby. Je commence à songer à la carte que j’ai bien fait d’embarquer dans mon sac quand j’aperçois l’enseigne de Fryhuset, la salle qui accueille le concert. Il n’y a pas trop de monde devant les portes. J’en profite pour acheter des patchs et des écharpes de Grand Magus et Amon Amarth. J’en donnerai une à Vivien.
Après les habituelles balances, Grand Magus monte sur scène à 19h. Étonnamment je n’ai jamais vraiment pris la peine d’écouter ce ténor de la scène suédoise et j’ai eu tort : les Stockholmois balancent un heavy metal puissant avec des gros riffs sans pour autant négliger la mélodie, et ça me botte bien. Le seul guitariste, qui assure à la fois la rythmique, les soli et le chant est un sacré frontman. Après trois-quarts d’heure d’une prestation mémorable, on change de registre avec Behemoth. Ce groupe incarne tout ce que la Pologne a pu produire de plus maléfique, à savoir un mélange de black et de death metal aux textes profondément anti-religieux. Malgré un problème de balance sur la première chanson, Nergal et ses acolytes règlent vite le problème afin de plonger la salle dans une ambiance malsaine où plane une ombre démoniaque. C’est impressionnant à en faire froid dans le dos. Pour autant la musique ne semble pas faire trop bouger le public suédois qui attend probablement son groupe fétiche. Peu après 9h, les Suédois d’Amon Amarth débarquent et ouvrent les hostilités avec le classique ”The Pursuit of Vikings”. Côté public ce n’est pas génial : ça pogote un peu partout sans qu’un moshpit ne se forme vraiment, et beaucoup de gens ont l’air bourré. Et comme Amon Amarth continue sur un train d’enfer, le public stockholmois est liquidé après quelques chansons. Johan Hegg le remarque et n’hésite pas à railler son public mollasson. Mais concert à domicile et fin de tournée oblige, le groupe continue de mettre le paquet. Une grande partie des titres de “Jomsviking”, le dernier album, défile. Deux guerriers en armure sont là également pour mettre de l’animation sur scène. Ils se battent, l’un porteur d’un bouclier aux couleurs de la Norvège, l’autre de la Suède. Évidemment, le Norvégien finit promptement égorgé. Amon Amarth aura la générosité de procéder à deux rappels, deux chansons pour le premier, dont ”Guardian of Asgard”, avec comme invité L.G. Petrov, le chanteur d’Entombed, puis évidemment lors du second rappel l’incontournable ”Twilight of the Thunder God”. Le groupe livre ses dernières cartouches, lance-flammes, un dragon gonflable est même apparu sur le bord de scène afin de subir les attaques de Hegg doté du fameux marteau de Thor, pour un final à la fois épique et au ridicule pleinement assumé. Le concert s’achève sur une pluie d’étincelles. Amon Amarth a été impeccable dans sa prestation, avec un set de 1h45, et Johan Hegg est toujours un aussi bon frontman. C’est en revanche le chaos pour sortir de là : il faut faire la queue pour récupérer son manteau, et comme tout le monde sort en même temps de la salle c’est la cohue. C’est là qu’on voit que les Stockholmois sont différents des autres Suédois. On en vient presque à se bousculer et on tente même de doubler dans les files ! Ça fait presque plaisir à voir mais on voit bien qu’à ce petit jeu ils ont beaucoup à apprendre. Sans être un grand spécialiste de la discipline, je parviens à gagner de nombreuses places en empruntant la file extérieure. Je finis par récupérer mon sac et manteau avant de lever le camp. Malgré l’heure tardive, j’erre un peu dans les rues de Södermalm avant de regagner le bateau. Avec ses rues étroites, ses bâtiments mélangeant des façades ouvrières, des usines réhabilitées et des constructions plus récentes et modernes, plongées de surcroit dans une brume maritime, le quartier sud de Stockholm offre des allures de coupe-gorge. On imaginerait sans peine Södermalm servir de cadre à un film ou une série policière scandinave facon Bron ou Millenium. Je fais le moins de bruit possible en rentrant dans ma cabine vu que les Chinois dorment déjà, avant de m’effondrer sur ma couchette après cette longue journée.
Le lendemain, je me lève à 9h avant me laver dans des conditions spartiates : la douche est étroite, l’eau est fraiche et la lumière finit par s’éteindre. Heureusement, on est en Suède et c’est donc propre. A 10h, après avoir pris le petit déjeuner, je décide d’aller à l’exploration de la ville. Je remonte vers Gamla Stan avant d’aller sur la petite île de Skeppsholmen prendre des photos. J’ai de la chance aujourd’hui, il n’y a pas de nuage. Mais le soleil est très bas et se reflète sur l’eau présente partout, c’est éblouissant. Je file ensuite en direction de Djurgården avec l’intention de visiter le musée Vasa. C’est dingue, même a midi, le soleil est au ras des pâquerettes à Stockholm en cette saison ! Après avoir allégé mon portefeuilles de 130 kr, j’entre dans le fameux musée consacré au Vasa, le fleuron de la marine suédoise qui a lamentablement sombré lors de son lancement en 1628. Quoiqu’il en soit, le navire est impressionnant et incroyablement préservé, grâce à la faible salinité des eaux de l’archipel et à la pollution qui était importante jusqu’à ces dernières décennies et qui empêchait jusqu’aux micro-organismes de survivre. Le musée est construit sur plusieurs étages afin d’admirer le bâtiment de guerre sous différents angles, de la quille au château arrière. De nombreux panneaux reviennent sur la construction du navire, les conditions de vie de l’époque, et aussi sur la guerre qui opposait en ces temps la Suède à la Pologne. Afin de montrer son prestige et d’affirmer sa suprématie sur la mer Baltique, le puissant roi Gustave Adolphe s’est fait construire un navire à l’image de son égo, utilisant une grande partie du trésor royal afin de se doter d’une flotte de guerre dans un pays où les gens mourraient de faim et de froid. Hélas, il n’existe pas de plan pour construire des navires à l’époque, ni de service après-vente Ikea auquel demander de précieux conseils. Premier vaisseau suédois à disposer de deux ponts de canons, le Vasa a été mal conçu. Les Suédois n’ont pas l’expertise et les moyens des grandes puissances de l’époque, l’Espagne, les Provinces Unies, la France et l’Angleterre. Trop haut, trop fin, mauvais centre de gravité. Avec le ballast adéquat, le navire aurait pris l’eau par son pont le plus bas. On a donc décidé de l’alléger, quitte à compromettre l’équilibre. Résultat, au premier coup de vent, le Vasa a basculé, quelques centaines de mètres après son départ, causant la mort de plusieurs dizaines de personnes. Un choc national dont les Suédois ne se sont toujours pas remis, puisque ce tragique accident figure parmi les plus grandes pages de leur histoire nationale.
La visite terminée, en milieu d’après-midi, et il fait déjà nuit. Je regagne le centre, traine un peu dans la rue commerçante, Drottninggatan. Je m’arrête au disquaire du coin et ressort avec un disque de Saint-Vitus. Je traverse ensuite Gamla Stan sans me presser avant de retourner à ”Den Röda Båten”. Je me renseigne auprès de la femme à l’accueil afin de savoir où se trouve le magasin le plus proche. Je file ensuite acheter quelques provisions dans un ICA de Södermalm. Le prix ne me semble pas plus élevé qu’à Oskarshamn. Une fois de retour dans la cale du bateau, je discute avec Maman sur Skype avant d’errer sur la toile. Entre temps les Chinois sont revenus. Je discute avec le monsieur alors que les dames sont parties prendre une douche. Ils viennent des Pays-Bas, et visitent la Scandinavie. Mon compagnon de chambrée ne trouve pas les prix élevés en Suède, d’après lui la vie est plus chère aux Pays-Bas. Nous parlons un peu environnement, il est épaté par la qualité de l’eau et de l’air en Suède, bien meilleure qu’en Chine où c’est selon lui n’importe quoi. Quoi, un Chinois qui ose se rebeller contre le système, on aura tout vu ! Demain, ils s’en vont à la première heure direction la Finlande. Pour ma part je me sens bizarre. Je ressens le même blues que lors de ma première visite dans la capitale quelques mois plus tôt. Sacrée Stockholm !
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Noël au bout du tunnel : Part.II
Dimanche, nous avons droit à un nouveau repas de Noël, cette fois-ci avec les employés de la mairie. Nous avons rendez-vous à la piscine. Je constate que le pneu arrière de mon vélo est de nouveau à plat. A la piscine, je passe mon temps au sauna, mis à part Robert, je ne connais personne d'autre. A 16h45, nous prenons un bus qui nous emmène vers Kosta. Le trajet prend 1h30. Nous sommes invités à manger à la verrerie. Je me retrouve en compagnie de Rasha ainsi que de membres de la mairie qui décident de parler entre eux. Du coup je prends une bière et discute avec Rasha. Puis vient le temps du repas. Viktor et moi pestons face à la pauvreté du menu végétarien. Nous devons nous contenter de pain, de beurre et de patates. Génial pour un repas de Noël. C'est ensuite l'heure de la procession de la Sainte-Lucie. Des jeunes filles vêtues de toges blanches avec une ceinture rouge, dont une porte un chandelier sur la tête, les autres une bougie à la main ; accompagnées de quelques garçons, arrivent en chantant des chants de Noël. Ça a tout de la tradition catholique, à part qu'il n'y a rien de religieux là-dedans. Je me demande même comment cette idée de procession catholique a pu débarquer dans un pays comme la Suède. Du reste, la langue suédoise se marie parfaitement avec ce type de mélodies, je passe donc un bon moment. Malheureusement, les filles en toge sont bien vite remplacées par deux gugusses jouant du mauvais schlager. C’est énervant d’entrée de jeu, je supplie même Viktor de s’emparer de la guitare. Mais quel désastre ! En plus la plupart des gens semblent dans l’ambiance : ben ça, schlager, alcool et charcuterie ça va ensemble. Heureusement, c’est ensuite un souffleur de verre qui nous fait une démonstration de son talent, permettant une retraite salutaire. C’est très joli de voir le verre s’animer et prendre forme au grès des mouvements du souffleur. Nous passons ensuite au dessert et c’est avec effroi que je constate que les types du schlager sont toujours sur scène, prêts pour une seconde partie qui me forcera à puiser dans mes réserves. Vers 22h30, la soirée se termine et nous reprenons le bus. Une tombola est organisée dans le bus et fritidsgården est en réussite puisque Viktor, Annika et Robert gagnent des bouteilles et Lasse remporte le premier prix d’un quizz sur les villes, ce qui lui permet d’obtenir un chèque cadeau. Un peu avant Höxby, le bus s’arrête et trois-quatre Vikings descendent pour aider à remettre sur la chaussée une voiture qui a terminé dans le bas-côté. Il s’est mis à neiger et ça glisse un peu. Mais nous rentrons sans encombre à Oskarshamn. Je regagne l’appartement à pied avec mon vélo à la main.
La nuit a été très courte, surtout que j’ai eu du mal à m’endormir: J’ai fini par abandonner mon lit et opter pour le canapé afin de me reposer quelques heures. Du coup j’ai un mal fou à garder les yeux ouverts au SFI et j’avance sur mes exercices à un rythme de tortue. Au soir, je travaille à Rödsle avec Peter. C’est une première pour moi là-bas. J’emprunte la bicyclette de Laurent, me dirige dans Norravägen avant de faire demi-tour pour ensuite me rendre compte que c’était la bonne voie. Je finis par trouver mon chemin grâce aux renseignements des quelques passants que je croise en route. Excentré et ayant la réputation d’être un centre pour les petits, Rödsle est néanmoins agréable. Il n’y a que peu de gamins, certains jouent à Minecraft, d’autres défient Peter au billard et se font logiquement laminer. Celui qui bat Peter a droit à une sucette. Je suis a mon tour sollicité, et je remporte facilement la mise, sans pour autant avoir le droit à la sucette. La table est bien meilleure que celle de Kristineberg et ça valorise mon jeu en bandes. Peu après 7h30, tous les gamins sont partis et je reste discuter avec Peter. A la fermeture, il décide de me déposer à la maison afin de m’épargner le froid, en accrochant le vélo à sa voiture. Au soir je termine enfin Daisy Sisters avec un final doux-amer et le constat que la vie est une succession d’efforts qui ne sont pas toujours vains mais rarement couronnés d’un vrai succès.
Mardi 13 décembre, je suis à nouveau levé tôt, mais cette fois-ci, c’est pour la Sainte-Lucie. Elisabet, la prof de français nous a invité à venir voir la représentation à l’église juste à côté de Valhallaskolan. Après quelques préparatifs, la procession se lance et entame les différents chants. C’est très beau même si on sent que les gamines ne parviennent pas à livrer tout leur potentiel face à la pression de jouer devant un public. Je suis toujours aussi surpris que cette tradition d’origine sicilienne et purement catholique ait pu terminer là-haut en Suède. J’en fait part à Elisabet qui ne connait pas l’explication. Je profite du concert alors que Laurent n’a pas l’air dans l’ambiance, il passe son temps sur son téléphone. Après trente minutes, c’est terminé et je remercie Elisabet de nous avoir invité. Comme je n’ai rien de mieux à faire, je décide de rester pour la seconde représentation, qui s’avérera meilleure, les gamines se lâchent un peu plus. Je jette de temps en temps un œil au bassiste qui accompagne le concert, équipé d’une Fender Precision. Et je ne suis pas le seul, puisque je vois que “Monsieur” Roger Nilsson, l’ancien bassiste de Spiritual Beggars et désormais prof à Oskarshamn, semble avoir le même intérêt. Vers 10h30, je retourne à l’appartement, satisfait de ce moment. Au SFI, je me retrouve avec une Syrienne qui baragouine dans toutes les langues sauf celles que je maitrise, afin de faire un exercice de géographie. J’en viens presque à m’arracher les cheveux, non seulement elle ne connait rien sur la géographie et les drapeaux scandinaves, mais en plus elle soutient que je me trompe ! En rentrant, j’achète enfin mon ticket de bus pour Stockholm avant de filer à Kristineberg où je retrouve Robert et Viktor. Nous passons une partie de la soirée à jouer au Uno avec les gamins. Robert se moque des difficultés des Stockholmois dès qu’il y a un peu de neige. Pourtant pour une grande ville ils s’en tirent remarquablement bien dans ces conditions. J’imprime ensuite de la paperasse, billet de bus et d’avion notamment, en profitant que la machine fonctionne à nouveau. Je fais la route du retour avec mon punk avant de me pencher sur la question de l’hébergement à Stockholm. Je choisis ”Den Röda Båten”, un bateau transformé en auberge de jeunesse et amarré sur les quais de Södermalm. C’est le moins cher, j’espère que ça sera bien. Je termine ma soirée en me plongeant dans une nouvelle aventure de Kurt Wallander, la muraille invisible.
Mercredi matin, j’assiste avec impuissance à un retour en force de mon mal de gorge. Au SFI nous révisons en faisant une présentation de notre pays avons de faire une dictée. Je ne peux m’empêcher de mentionner l’épisode du Danois, seul éclair insolite dans une journée ordinaire. Personne n’aime vraiment les Danois ici, Britt-Marie n’en a pas une haute opinion, Peter non plus. Même Elisabet, la prof de français ne peut pas les sentir. La dernière fois qu’elle est allée au Danemark, avec un bus scolaire, ils ont dû demander leur route et les Danois les ont envoyé dans la direction parfaitement opposée. Si je parle autant des Danois, c’est parceque dans l’après-midi je suis allé comme d’habitude au sauna. Tout se passait le plus sereinement possible quand une homme d’une bonne quarantaine d’années et au ventre proéminent, a fait son apparition dans la pièce chauffée, vêtu d’un slip de bain représentant le drapeau danois. Evidemment le type était Danois, et attire l’attention en parlant bruyamment avec un de ses amis. Je m’amuse en observant les Suédois qui ne disent rien mais lancent tout de même des regards de travers. La situation dégénère quand le bonhomme prend l’initiative de mettre une bûche dans le four et manque de se casser la figure en marchant sur des clémentines laissée par une Suédoise. S’ensuit une sérieuse discussion où chacun s’engueule dans sa langue, le Danois parcequ’il a failli chuter de façon ridicule, et la Suédoise parceque l’autre a piétiné ses fruits. En plus le gaillard était avec un sandwich qui s’est disséminé un peu partout dans la pièce après les acrobaties du Danois. Bref un grand moment qui illustre la coopération et l’intercompréhension scandinave.
Il était écrit que je devais me lever tôt chaque jour de cette semaine. Cette fois c’est pour la machine à laver à 6h. C’est un sacrifice nécessaire si je veux avoir un peu de linge propre pour aller à Stockholm. Et après seulement il faudra repasser et préparer le sac, je crois que je vais griller une étape. Au SFI, je demande à Britt-Marie si je peux faire un test sur le niveau C afin de me jauger. C’est évidemment plus compliqué mais ça reste faisable, du moins à l’écrit, la compréhension orale restant une autre paire de manches. A mon retour dans la salle, je constate que c’est une autre prof qui s’occupe de la leçon aujourd’hui. Elle est francophone, nous discutons de l’intégration des Syriens, du fait que tout le monde est voilé et prie dans le fond de la salle à chaque pause. Elle est consciente du problème et me fait part de la faible estime qu’ont les Syrien(ne)s pour les femmes suédoises. Un problème de taille à ses yeux. Le modèle suédois est bon, mais se révèle insuffisant pour intégrer un flot de personnes aussi important que celui des trois dernières années. J’espère que ça ne finira pas par exploser. La soirée à Kristineberg est marquée par une certaine apathie. Linda et Viktor sont fatigués, Younès aussi peu expressif qu’à l’accoutumée. J’ai ramené ma basse mais finalement je ne la taquine même pas. En rentrant je trouve tout de même le courage de repasser afin de pouvoir préparer mon sac demain.
Vendredi 16 décembre, le grand jour approche ! Au SFI nous avons pour mission d’écrire une lettre d’embauche et un post à sa femme signalant qu’on rentrera tard ce soir. Je discute un peu avec le gros Urban qui m’apprend qu’il a travaillé pour Reporters sans Frontières dans le passé. Je termine la matinée sur les éternels exercices par ordinateur. A midi, je liquide les légumes restant avant de vider les poubelles. Je porte ensuite mon vélo à Stadsparken avant d’aller jeter un œil au nouvel arrêt de bus, celui ci ayant été déplacé du Resecentrum à Järnvägstation, la gare d’Oskarshamn. J’achète aussi des provisions pour la route. A Kristineberg, la birthday party est un peu agitée mais il n’y a pas de casse. Je décide de jouer en défense lors du match de foot mais j’anticipe la fin quand le jeu devient trop brutal, il ne faudrait pas que je finisse blessé avant d’aller à Stockholm. Je passe le reste de la soirée à parler avec Robert et Viktor avant, comme bien souvent, de faire la route du retour avec mon punk. Je prépare mon sac en rentrant, le temps de tout boucler et je me couche vers 2h du matin. Ensuite direction Stockholm avant de retourner dans le Nord !
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Noël au bout du tunnel : Part.I
Je ne garderai pas un grand souvenir des dernières semaines de 2016, mis à part la grande obscurité qui a régné sur la Suède et le fait que j’ai été aux prises avec une méchante crève dont j’ai eu le plus grand mal à me débarrasser.
Ça m'a fait du bien de voir un bon concert le samedi 26 novembre, ça aide à déboucher les oreilles et ça a ensoleillé on weekend ! J'organise mon dimanche en fonction du Grand Prix d'Abu Dhabi : Hamilton et Rosberg luttent jusqu'au dernier tour, ils finissent premier et deuxième et c'est donc l'Allemand qui obtient son premier titre. Au soir j'apprends avec consternation la victoire de Fillon à la primaire des Républicains en France. Je commence la semaine suivante avec les exercices informatiques. En fin d'après-midi, je rejoins Kristineberg. Lasse a choppé une bonne crève, au point qu'il retournera chez lui avant la fin de la journée. Avec Robert et les gamins, nous jouons aux tirs aux buts. Je me défends bien mais comme d'habitude Robert explose tout le monde. Il fait un froid mordant en repartant, celui qui saisit et transperce jusqu'aux os. En plus j'ai un peu mal à la gorge, j'espère ne pas tomber malade. Mardi 29 novembre, je me lève à 6h pour le rituel de la machine à laver. Au SFI, nous avons pour consigne d'écrire des lettres. C'est facile. Comme j'ai vite fini et que l'internet est en panne, je suis récompensé par des exercices de grammaire. C'est barbant. Je fais un peu de repassage avant d'aller à Kristineberg. J'apprends un jeu aux cartes, et participe à plusieurs tours en compagnie de Younès, Abdal, Robert et quelques gamins. Puis je suis sollicité pour le Uno. Après le dîner, je profite d'un moment de flottement pour passer ma playlist "Fritidsgård". En rentrant je sens que j'ai vraiment un coup dans l'aile, du coup je prends quelques médicaments et croise les doigts pour passer une nuit tranquille. Le lendemain je me lève vers 6h. Ma gorge va mieux mais j'ai l'impression que toute l'eau de la Baltique s'écoule par mon nez. Je tente de survivre au SFI pendant la matinée, d'autant plus qu'on attaque les choses sérieuses avec l'étude du passé. A midi, après le repas, je fais péniblement la vaisselle avant de comater dans le canapé. Lorsque j'émerge, je décide de prendre le risque d'aller à la piscine. Je ne suis pas en état de nager mais le sauna ne peut que me faire du bien. En effet je me sens revivre dans la cabane chauffée. Au soir en rentrant, je cuisine une soupe tomate qui sera vraiment à mon goût avant de parler avec Maman sur Skype. Je passe la nuit à transpirer, mes vêtements et mes draps finiront trempés.
Jeudi matin, mon nez va mieux, ma gorge est de nouveau encombrée, mais la soupe fait en partie disparaître le problème. Au SFI, Britt-Marie nous explique un peu de vocabulaire concernant les courses et la lessive, mais comme elle n'est pas en mesure de traduire ce n'est pas intéressant. Nous effectuons ensuite un test avant que je me rende à Kristineberg avec Viktor et Linda. Mon punk va à Stockholm demain pour voir son frère. Linda me montre une photo d'une fille qui s'est cassée la jambe en faisant du rugby indoor. La jambe s'est retournée, ça n'a pas dû être joli. Face à l'absence de foule, je décide d'apprendre un peu la géographie du pays avant de jouer un peu de basse. Au soir je prends une douche avant de m'assommer à coups de médicaments et d'aller me coucher. Au réveil à 6h30, mon lit est de nouveau trempé et je suis décalqué. Je parviens tout de même à me trainer jusqu'au SFI. J'enchaine quelques exercices avec le passé avant de travailler par ordinateur. Je parle un peu avec Dom l'après-midi, il ne semble pas aller bien mieux que moi, il traine toujours une infection pulmonaire. Puis je profite du fait que Laurent soit dans la cuisine pour lui demander expressément de sortir ses poubelles qui commencent à s’accumuler. Si ce n'est pas fait rapidement ça va voler dans sa chambre. Du coup tout disparaît, c'est peut être la bonne méthode avec lui. A Kristineberg, je travaille avec Robert et Awaleh. Je préfère rester sur le banc de touche pour le match. Awaleh me parle de son avenir. Il veut devenir mécanicien auto, puis lancer sa propre marque. Il se voit millionnaire à 30 ans, milliardaire à 45. Rêve pieux ou folie des grandeurs empreinte de naïveté ? En tous cas ce gars sait ce qu'il veut !
Samedi matin je traine au lit alors que Laurent s'en va tôt, pour jouer au handball à Karlskrona, dans la province de Blekinge. Mémé téléphone en fin de matinée. L'après-midi, je joue quelques morceaux des L7 avant de partir pour Stadsparken. Je passe une soirée agréable en compagnie de Devla, Awaleh et Rasha. J'arbitre un match de air-hockey entre des petites filles avant d'assurer sur le mur d'escalade. Awaleh et moi discutons musique, pour lui c'est un moyen intéressant de gagner de l'argent, surtout quand je lui explique l'existence et le fonctionnement de l'autotune. Lui trouve cette démarche géniale, ça permet de générer de l’argent sans effort ni talent. Je change alors le cours de la conversation pour éviter d'avoir à lui botter les fesses. Nous partons ensuite surveiller le match de foot avant de revenir à SP. Deux gamins s'amusent à se balancer des chaussures, et forcément l'un deux finit par en recevoir une en pleine tronche, et voilà qu'on s'engueule en arabe comme des marchands de tapis. Une fois le problème réglé, je fais découvrir MC Solaar à Awaleh qui accroche immédiatement. Le dimanche, c'est le coup de fil de Mamie qui me réveille peu avant midi. Du coup la journée est plutôt brève. Vivien me téléphone en fin d'après-midi parcequ'il m'a acheté une tête d'amplificateur à Paris. Il a dû trimballer son caisson dans les rues pavées et dans les escaliers étroits, mais finalement ça y est ! Le gars qui vendait son matériel est un bassiste professionnel, qui travaille notamment pour Amir et Kendji Girac. Au soir c'est évidemment notre principal sujet de conversation sur Skype. Il va falloir trouver un caisson maintenant !
Chaque lundi semble pareil à mes yeux, et celui du 5 décembre ne fait pas exception. Je fais des exercices par ordinateur au SFI, avec du stoner rock en bande son. Au moins je me sens mieux, la crève semble passée. L'après-midi, Robert me conseille d'aller voir sur le site de la compagnie Swebus pour voyager jusque Stockholm, où je compte me rendre avant de retourner en France pour Noël. Il tente de régler la nouvelle télé du centre pour qu'elle puisse aller sur internet mais ça n'a pas l'air de bien fonctionner. Le lendemain, j'avais prévu de faire quelques achats dans la matinée, mais je me lève trop tard, du coup je me contente d'écouter la nouvelle playlist Spotify en déjeunant. Au SFI, nous révisons un peu avant d'avoir une heure d'information avec une femme qui travaille pour le "service d'information clients" pour le compte de la mairie d'Oskarshamn. Comme c'est en suédois je n'y comprends rien à part qu'il faut conserver son ticket de caisse et ses factures. Lors de la dernière heure de cours, Juan, un Kurde de Syrie, ancien avocat, sort un luth oriental, un baglama comme il appelle ça, avant de pousser la chansonnette. L'instrument dispose de 7 cordes, les quatre premières en sont doublées et les trois dernières sont triplées, et apparemment on n'a pas besoin de jouer en accords. Puis Britt-Marie nous propose un test de compréhension orale mais d'une part le son est mauvais et ça finit par tomber en panne. Du coup on refera le test demain. Après une pause café à la maison, Laurent et moi allons travailler ensemble à Kristineberg. Je prépare des nudlars, affronte les gamins au ping-pong avant de terminer invariablement en compagnie de ma basse. Au soir je poursuis la lecture de Daisy Sisters, j'approche de la fin mais qu'est ce que c'est long. Mercredi matin nous reprenons le test de la veille avant que Britt-Marie ne nous explique qu'il est important d'avoir des buts dans la vie, et que celle-ci est faite de hauts et de bas. Mahmoud à côté de moi semble être dans une période haute de son existence, il s'amuse à tailler des crayons et ça semble bien lui plaire. Je termine la matinée par des tests sur ordinateur. Durant l'après-midi, je prends note des horaires de bus pour Stockholm avant de me rendre au sauna. Comme d'habitude, je discute avec Maman et Vivien sur Skype dans la soirée.
Jeudi 8 décembre, je suis surpris par un désagréable retour de la crève. Je crois que j'ai arrêté trop tôt de prendre mes médicaments. C'est pénible, d'autant plus que ce soir je suis invité au repas de Noël avec les autres volontaires à Kalmar. Nous avons rendez-vous à Ikea, en Suède c'est apparemment fréquent d'organiser des repas de Noël dans le magasin. J'enfile une belle chemise et me dope aux médicaments avant d'aller au SFI que nous quittons peu après 14h30. Laurent et moi retrouvons Robert à 15h, puis nous faisons route au sud. Nous arrivons à Kalmar à 16h où nous attend Alexandra Winberg, la responsable des volontaires à Kalmar. Je me demande quel âge elle a, à peu près comme moi, un peu plus jeune peut être. Nous sommes rejoints par Anton, le Russe, puis les volontaires allemands. La plupart des plats sont constitués de viande, mais je parviens à survivre en me composant une assiette avec différentes entrées. Je discute avec Anton, qui bosse avec des réfugiés à Emmaboda. Un vrai trou, moins de 5.000 habitants ! Il était prof d'anglais en Russie et parle suédois couramment, en plus il a une bonne culture et nous menons une conversation intéressante. Son but est de rester en Suède, mais n'étant pas citoyen de l'UE, c'est plus compliqué. Nous levons l'ancre vers 19h. Robert me demande de quoi j'ai parlé avec "le Russe". Je blague en disant que Anton est intelligent, aimable, cultivé, polyglotte et qu'il ferait un parfait espion. Robert me regarde avec une expression du genre "Si ça se trouve c'en est vraiment un". On ne sait jamais avec les Russes ! En rentant, je suis plus claqué que jamais et je m'effondre à 9h dans mon lit.
Je suis de nouveau bien enrhumé vendredi matin en me rendant au SFI. En plus je dois rattraper le test que je n'ai pas pu faire la veille. Mahmoud doit également faire le test, il s’est procuré le corrigé je ne sais trop comment, c'est bien plus facile pour avoir de bonnes notes. Je consacre ensuite mon temps à une production écrite et à quelques exercices par ordinateur. Je me repose durant l'après-midi puisqu'au soir soir nous organisons une "Christmas Party" à Kristineberg. Avec tout le bruit que font les gamins, j'ai un peu mal à la tête, mais je reste fidèle au poste dans le kiosque en compagnie d'El Kader. Heureusement, les petits s'en vont après 20h30 et nous passons rapidement au nettoyage. A 10h nous levons l'ancre à mon grand soulagement. Samedi matin, je me renseigne pour un hébergement à Stockholm. A 16h, je retrouve Maria et Ullis à Stadsparken, aidées comme de coutume par Hanna et Aurora. Rasha n'est pas là aujourd'hui. Comme les enfants sont un peu plus âgés que d'habitude, je suis davantage sollicité sur le mur. Awaleh nous a invité, Laurent et moi à sortir avec lui ce soir. A l'heure du foot, je me prépare à accompagner Ullis mais Laurent décide d'y aller à ma place. Au bout d'un moment, il revient car il s'ennuie du coup je pars au gymnase afin de ne pas laisser Ullis se débrouiller toute seule avec toute l’équipe de lascars. Après le match, Maria nous remet un cadeau de la part du centre, un sweat gris stipulant que je suis "volontär". Puis je discute avec Ullis de la Bosnie, son mari étant originaire du pays. Elle me raconte son premier voyage dans les Balkans, juste après la guerre dans les années 90. C'était très différent de la Suède apparemment. Après avoir fermé, nous rentrons à l'appartement. Laurent part se coucher bien que je lui ai rappelé qu'on avait rendez-vous avec Awaleh. Je ne sais pas où le Somalien se trouve, mais connaissant le bonhomme je me dirige vers "La Scala", la boite d'Oskarshamn. De nombreux jeunes Suédois et Suédoises sont sacrément éméchés devant l'établissement. Je tombe sur Abdal, Youssef, et même Younès. Tout Oskarshamn s'est donné rendez-vous ici apparemment. Pour ma part je ne compte pas rentrer dans la boite, deux hurluberlus en capuches donnent un concert d'électro à l'intérieur et il faut payer 120 couronnes pour rentrer. Mais Awaleh finit par sortir un instant après mon arrivée. C'est vraiment dommage que les Suédoises sentent le besoin de se torpiller à l'alcool, elles perdent tout leur charme. Sans compter que c'est inconscient, elles pourraient se faire agresser. Awaleh m'explique alors le rituel du samedi soir : le but c'est de boire un maximum, de trouver quelqu'un pour un coup d'un soir et ça s'arrête là. Sans romance et sur fond d'alcool, pas étonnant qu'il y ait un fantasme sur les amants latins dans le pays ! Ces demoiselles méritent mieux qu'un vieux type imbibé de vodka. Awaleh décide de s'en aller pour faire le plein de sa voiture, et il me dépose à la maison au passage. Il est près de deux heures du matin, et dimanche une autre fête se profile.
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Retour sur les bancs de l’école : Part.II
Le reste de la semaine se passe sans faire de vagues. Mercredi au SFI, je me retrouve avec trois Syriens pour construire un texte à partir de vocabulaire donné par la prof. Tout est dans l'ordre pour réaliser un récit simple, mais ils décident de prendre les mots au hasard. Forcément ça n'a ni queue ni tête et nous devons tout recommencer, sous ma conduite cette-fois. L'après-midi, je trouve enfin le temps de m'acheter une fichue souris d'ordinateur avant d'aller à la piscine. Je réussis à me faire une crampe en nageant, donc je choisis de passer le reste de la soirée au sauna, c'est plus confortable et moins dangereux. Le jeudi, je me retrouve avec une satanée lessive à 6h, j'ai décidé de tout laver, y compris les draps et les serviettes. Entre les différentes machines, je dors par tranches de demi-heures. L'après-midi, nous avons un contrôle au SFI pour vérifier nos progrès, mais c’est facile. La soirée au centre est tranquille, Viktor devient presque fou en accordant une nouvelle guitare, le bois bouge énormément. Perfectionniste comme il est ça lui prend près d’une heure. Le vendredi, en classe, nous faisons des révisions avant d'attaquer des exercices de grammaire assez faciles. La conjugaison en suédois n'a rien à voir avec les terrifiantes grammaires française et allemande. Au centre, je zappe le foot à cause de ma crampe au mollet pour mieux observer la guerre que les gamins se livrent sur le terrain. Robert, Viktor et moi échangeons quelques blagues sur les Belges et les Norvégiens. "Tu sais pourquoi les Norvégiens sont toujours bien habillés et bien coiffés quand il fait de l'orage ? Ils pensent que c'est le flash de la photo." Le samedi, je constate que mon vélo a un pneu crevé. Ennuyeux, du coup je vais à Stadsparken à pied. Rasha est contente, un de ses amis qui vit à Dubaï va venir lui rendre visite pour les fêtes. Maria m'apprend les règles des "Damer", un jeu de cartes que j'avais déjà pu observer à Kristineberg. Elle en a un peu marre de l'hiver, du coup la semaine prochaine elle partira une semaine en vacances aux Canaries. Je consacre le dimanche aux courses et au ménage, avant de partir me tester en jogging. Ma crampe a enfin disparu.
Le 21 novembre, ma semaine débute sur les pc en compagnie du gros Urban. J'apprends deux-trois trucs, différencier "på", sur, et "i", dans. C'est parfois traître en suédois car tout ne correspond pas au français. "Till" et "hos" également, les Suédois distinguant le "chez" de déplacement de celui de position, ainsi que les mots pour situer un objet. En arrivant à Kristineberg, j'entreprends de réparer le vélo, avec Lasse, le "Biking". Rapidement, nous constatons qu'il nous manque la colle nécessaire pour mettre en place une rustine. Je vais acheter le nécessaire au magasin d'à côté, mais la colle qu'ils m'ont vendue est périmée, et c'est pareil pour le second lot, du coup je décide de me faire rembourser. Nous improvisons les réparations avec une colle Uhu, rebaptisée ici "Karlsson", ça fait sans doute plus local. Lorsque les réparations sont enfin terminées, la soirée touche déjà presque à sa fin. Ça a été tout un cirque pour réinstaller la chambre à air puis remonter correctement la roue à cause du pignon fixe. Le "Biking" en a plein les bottes et moi aussi. Mardi, je passe l'après-midi au SFI à tenter de rédiger un texte avec les Syriens, avant de travailler à Kristineberg avec Robert et Annika. J'ai pour consigne de m'occuper de la musique et je ne me fais pas prier. Mercredi matin, on travaille sur les prépositions, ça se corse un peu mais les exercices sont plus intéressants. En fin d'après-midi j'effectue mon pèlerinage à la piscine. Je vais dans le sauna extérieur, où je discute avec une Finlandaise qui vit en Suède depuis trente ans. Puis le clan des vieux débarque, on se retrouve à dix dans le sauna, une foule immense pour la Suède. Ça n'a pas l'air de chauffer assez fort pour les locaux, ils rajoutent donc du bois dans le four et pas mal d'eau sur les pierres afin de faire augmenter la température. Mais rien n'y fait, résultat on se retrouve les pieds dans l'eau avec les vieux qui râlent parceque ce fichu sauna ne chauffe pas et que dans le temps c'était mieux. Le jeudi au SFI je termine mes exercices sur les prépositions avant de plancher sur un contrôle, rien de bien méchant. A la maison, face à mes difficultés à jouer "La Isla Bonita", j'attaque deux chansons de metal gothique : balancer de la fondamentale c'est plus facile. Ma basse m'accompagne à Kristineberg où je tente d'initier Linda et quelques gamins, mais visiblement la "grosse guitare" n'est pas si facile que ça à utiliser malgré les cordes en moins. Le lendemain matin, Urban remplace Britt-Marie au SFI dans l'improvisation la plus complète. Du coup pendant que ça discute, je décide d'avancer sur les exercices par moi même. Comme je les liquide rapidement je passe ensuite sur l'ordinateur. L'après-midi, je travaille sur la base des bases en jouant du Motörhead avant de retrouver Viktor et Linda au centre. J'effectue mon retour dans les cages au foot, et je suis bien sollicité puisque mon équipe évoluera en permanence en infériorité numérique, 5 contre 9 à un moment. Au retour, Viktor décide de passer du Tom Waits, une espèce de blues rock alcoolisé et fortement sous influence. C'est pas forcément le meilleur des choix. Ça exaspère Linda qui est affalée dans le canapé.
Samedi 26, c'est journée rock : Un petit festival de musique se tient au Big Bang, la salle où j'ai joué au bowling la fois dernière. Le groupe de Viktor, Death Rattle Dance, est de la partie. Mon punk n'a pas joué live depuis plusieurs années et c'est une grande première pour sa formation. Forcément je ne vais pas rater ça, mais avant je compte filer un coup de main à Stadsparken pour la birthday party. Je retrouve Peter et Annika. Hanna, la fille araignée qui grimpe le mur en moins de trois secondes et qui assure généralement les gamins avec nous s'est cassée une patte en jouant au basket. Elle est donc assistée par sa copine Aurora, une grande blonde un peu écervelée qui s'arrange pour faire un malström incroyable avec les cordes. Puis comme les gamines sot peu nombreuses et ont le crève, Annika décide d'animer un atelier de peinture, moins fatiguant. Mais il est déjà temps pour moi de rentrer pour me préparer. Je vais avoir droit à dix groupes ce soir, pour à peine 100 couronnes. Le son suédois dans les dents, tant de bons groupes viennent de ce pays... Mais d'un côté je me méfie, la plupart des groupes qui déménagent viennent de Stockholm ou Göteborg, ici c'est Oskarhamn. Quoique quelques groupes décents viennent du Småland. Bref la fête commence avec Stïllborn, un groupe de Kalmar mélangeant thrash, death, rap et metalcore. Bref c'est n'importe quoi, en plus les deux chanteurs braillent comme des chiwawas courant après un chat. Heureusement, ils sont vite remplacés par les papys rockeurs de Motumash qui balancent un bon vieux hard rock bien ficelé. Je prends mon pied mais je suis seul devant la scène, où sont donc ces damnés Suédois ?! Le hard c'est vraiment fait pour le live, T.E.R, malgré un nom hautement ridicule est lancé sur de bons rails et distille également un bon gros son. Programmé entre les deux formations, Viktor et son groupe, Death Rattle Dance, livrent une bonne prestation, surmontant un problème de balance. Les influences sautent aux yeux, un peu de Green Day en début de carrière, de Clash et de Blink 182. Mais le résultat est cohérent et agréable, pour une reprise c'est vraiment bien, Viktor assure en tant que frontman ! Mais le meilleur reste tout de même à venir, le pire aussi malheureusement. True Moon apparait en effet sur une scène rendue opaque par la fumée. Emmené par une chanteuse bassiste, le combo délivre une musique fantomatique à cheval entre la pop et le rock. Il s'agit pour moi de la meilleure découverte de la soirée avec The Stäbs, un trio qui mixe un rock mature à la U2 avec du Motörhead, avec d'un côté un guitariste affable et bluesy, et de l'autre côté une bassiste énervée et qui aime la distorsion. C'est surprenant, mais c'est frais et ça passe. Mais tout n'est aussi tranchant au pays du metal, à commencer par les groupes de metal eux-mêmes : Castella, un groupe de metalcore du coin, me fait fuir avec Viktor du côté du bar. Toujours la même alternance voix claire, chant hurlé, les mêmes breaks, les guitares accordées bien trop bas. C'est pourri. Achilles relève un peu le niveau avec des morceaux plus violents et une vraie énergie déployée sur scène mais au final c'est quelconque. J'ai quelques inquiétudes en voyant le groupe suivant prendre place sur scène. Le bassiste pourrait très bien tenir son rang à l'accueil du Créditt Agricole de Ronchin, pourtant il ressemble à un dur comparé aux autres musiciens. Mais Elin Namnieks et sa bande, proposent une pop convenue mais consensuelle. La chanteuse a une vraie voix et les musiciens font le boulot, particulièrement le bassiste qui assure une bonne rythmique. Ça n'empêche pas tous les êtres arborant barbes, tatouages et longs cheveux de prendre la poudre d'escampette comme si un Balrog allait surgir des coulisses. Mais j'ai bientôt l'explication : les amplis disparaissent sur la scène principale et sont remplacés par un pc. Quatre demeurés avec des capuches débarquent sur un fond d'electro rap insupportable. Le public a radicalement changé, plus jeune, un peu plus féminin aussi, et bien plus de casquettes. Je tente malgré tout de rester, sans réellement savoir pourquoi. Le rap en suédois c'est moche. Cette langue est faite pour les chants de marins, la musique folk et les chansons de Noël. Les énergumènes de Tjuvjakt tentent de démontrer qu'ils sont de vrais gangstas des bois, que de brûler des voitures et dire "fuck" à la police c'est trop un truc de fou et wesh t'as vu dans le Småland on est des oufs. Seul metalhead dans la salle, l'ingé reste fidèle à son poste avec néanmoins la tête du gars qui préfèrerait tout couper et s'en aller. Il aurait bien raison, c'est d'ailleurs ce que je décide de faire avant la fin du set. Mine de rien il est une heure du matin, et en plus j'ai un peu mal à la gorge. J'espère que j'ai pas choppé une saloperie à cause des gamines tout à l'heure.
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Retour sur les bancs de l’école : Part.I
Après la petite parenthèse d'une semaine à Uthammar, il était temps pour moi de retourner à mon appartement de Södertorsvägen. Nous sommes le 31 octobre, c'est Halloween aujourd'hui. Pour moi ça rime surtout avec l'écoute attentive de la playlist Spotify de la semaine. Puis je me rends à Kristineberg en fin d'après-midi. La soupe à la citrouille que j'ai préparée sent davantage la patate que la citrouille, c'est un peu ennuyeux. En plus les gamins ne sont pas là, probablement en train de tourner dans le quartier en quête de bonbons. Abdel Kader passe déguisé en vampire. Habillé comme ça il n'aurait pas fait tache dans un clip de Michael Jackson. Mais l'appel des ténèbres et des bonbons est le plus fort, et il s'envole dans la nuit. J'espère qu'il ne tombera pas sur un clown. Pour le premier novembre, j'ai décidé de raser ma barbe et de laisser pousser ma moustache. C'est le Movember, le mois de prévention du cancer de la prostate. Ici on appelle ça "Mustachkampen". J'ai aussi décidé d'acheter un tomte, un lutin de noël, afin de décorer un petit peu. J'ai l'impression qu'il passe son temps à se moquer de moi mais c'est pas grave.
Le mercredi 2 novembre, je me rends enfin au lycée pour le début des cours de suédois. La jeune prof, Ulrika, n'est là que pour un remplacement. On avance lentement, certains ont des difficultés. Pourtant la grammaire suédoise semble simple. Comme en anglais, on ne conjugue pas les verbes en fonction des personnes. Dehors il s'est mis à neiger. Ça ne tient pas encore mais ça indique qu'on est bien en Suède. J'ai des devoirs à faire sur un site internet mais j'ai été oublié, du coup je vais devoir attendre un peu qu'on me créé un compte. En allant à la piscine au soir, il tombe un vigoureux mélange de pluie et de neige fondue, mes doigts gèlent. Mais au moins il n'y a presque personne dans les bassins, je peux en profiter. Comme il n'y a pas cours le jeudi, je pars avec Maria, Laurent et Karina, une femme qui aide au centre à l'occasion, pour l'IKEA de Kalmar. Nous devons acheter de l'équipement pour le nouveau centre qui ouvrira ses portes à Kristala, un bled sur le territoire d'Oskarshamn mais situé à 30km du centre. Des ustensiles de cuisine, de la décoration et des plantes en plastique principalement. Car les vraies plantes sont interdites en cas d'allergie. Laurent a acheté des plantes vertes. Vont-elles crever prochainement ? Au retour, je suis libéré mais décide quand même d'aller à Kristineberg au soir. J'embarque ma basse avec moi et joue quelques morceaux, pendant que Viktor et Linda confectionnent des "Tomter" en plâtre, ces petits lutins qui tiennent compagnie au Père Noël. Le lendemain, c'est Halloween party. Après une matinée à apprendre un peu de vocabulaire, notamment sur le corps humain, sauf malheureusement les parties les plus intéressantes, je me rends à Kristineberg. Je m'occupe de préparer du pop-corn salé au micro ondes, et à le répartir dans des sachets individuels. Immangeable ce truc ! Je constate l'existence d'un choc culturel culinaire avec Viktor. Il me raconte avoir été à moitié empoisonné par du pop-corn dans un bled obscur d'Allemagne. Ses flocons étaient sucrés et recouverts de miel et il a trouvé ça innommable. Puis je m'installe au comptoir pour vendre pop-corn, chips et bonbons, en compagnie d'Hampus et de Frida, deux gamins venus aider pour l'occasion. Le rythme est assez intense, les gamins engloutissent les chips et les bonbons à vitesse phénoménale. Certains ont vraiment de beaux déguisements. Comme ils sont encore petits, la fête se termine vers 20h30, le temps de ranger et de nettoyer et il est bientôt l'heure de rentrer. Viktor s'est fait avoir : demain c'est férié, les Suédois fêtent leur équivalent de la Toussaint, le systembolaget est fermé du coup il devra se passer d'alcool ce weekend. Dur-dur.
Le weekend a été ennuyeux. Il n'a pas arrêté de pleuvoir. Ma seule distraction a été la visite des Témoins de Jéhovah qui ont tapé à la porte. Ils sont même ici ! Je suis sorti faire un tour rapidement, en passant devant le cimetière je constate que des lanternes ont été posées sur les tombes. Un spectacle beau et fantomatique à la fois. Le lendemain, j'ai décidé d'affronter les conditions pour aller faire un jogging. La pluie qui tombe sans interruption se transforme en neige alors que je suis en t-shirt. La température baisse, on doit être dans le négatif, mais grâce à mon bonnet, mes gants et l'effort, je ne ressens pas le froid. Le plus important dans ces conditions c'est toujours de protéger ses mains. Les choses deviennent plus amusantes quand je me rends à vélo au centre commercial. Piloter un vélo sur la neige, avec des sacs de courses de chaque côté, ça nécessite un certain savoir-faire. Le lundi à l'école, on travaille des exercices par ordinateur. Mon compte a été créé, du coup je vais pouvoir rattraper mon retard. Les premiers chapitres sont consacrés à la prononciation des voyelles en suédois. Il y a de quoi se tromper puisqu'il y a quelques différences avec le français et notamment plus de voyelles : A, I et U se prononcent comme en français, E se prononce "é", O se prononce "ou". Le Y a une sonorité bien a lui, située entre le I et le U. Si bien qu'il faut se méfier entre les I et les Y et entre les Y et les U. Puis il y a les autres voyelles, Ä qui se prononce "è", Ö qui se prononce "eu" et le fameux Å, qui ressemble au "Ô". Bref, en Suède, on a 29 lettres dans l'alphabet.
Comme il n'y a pas foule à Kristineberg, je poursuis mes exercices. Robert m'apprend qu'un des gamins a cassé une télé lors de la fête vendredi, du coup il est de mauvaise humeur. Il me parle de ses problèmes avec sa maison. Elle est bâtie sur une pente et sa cave est régulièrement inondée. Il veut creuser une tranchée pour dévier l'eau, mais comme le sol est en pierre ça risque de demander pas mal d'efforts. En repartant, je suis un peu saisi par le froid. On annonce du -8°C la nuit prochaine, ça va piquer. Le reste de la semaine passe assez vite. Mardi 8 novembre, avec Annika, je peints un des Tomter réalisé par Viktor et Linda. Comme le résultat est plus que satisfaisant, il trône désormais sur une étagère dans l'appartement. Le mercredi, la Suède est sous le choc de l'élection de Donald Trump. Personnellement je ne suis pas surpris. Après quel sera l'effet de l'élection du tonitruant républicain sur la Suède, difficile de se faire une idée précise. A la piscine, un vieux m'en parle dans le sauna. Il vient trois fois par semaine pour faire de l'hydrothérapie. Il trouve l'évolution du monde triste et inquiétante mais pense que la Suède n'a aucune raison d'être menacée directement. Trump ne va pas balancer de bombes atomiques sur Stockholm, et ce ne sont pas ces crétins de Danois et de Norvégiens qui risquent de déterrer la hache de guerre. Il reste que les Russes sont des voisins bien encombrants à ses yeux.
Le jeudi, on fait un peu de compréhension de texte, quelques tests également, mais rien de bien méchant, sauf pour certains Syriens qui se grattent la tête avec perplexité. Au centre, Linda a organisé une séance de relaxation avec bains de pieds, musique zen et massage. Ça permet de calmer les filles qui avaient l'air bien énervées et provoquaient un boucan phénoménal. Je tente ensuite de jouer un peu de metal sur l'ampli du centre, mais ça ne suit pas au niveau du son, du coup je laisse tomber. Le 11 novembre, le ciel m'est tombé sur la tête. José Pereira, le gamin que j'ai connu depuis tout petit et qui a fait les 400 coups avec Vivien, et moi à l'occasion ; qui nous a fait tant rire par ses pitreries et son caractère susceptible, mais qui était également si gentil, nous a quitté après un accident de la route. J'en reste sonné toute la journée. A 19 ans c'est affreux. Ça va être dur pour Vivien, je n'imagine même pas pour sa famille. Au SFI, pour répartir les niveaux, la prof me met avec trois Syriennes pour faire un peu de géographie. Au programme, les trois grandes villes, les lacs, le plus haut sommet. Visiblement les Syriennes n'ont jamais entendu parler de tout çà. L'après-midi, je travaille sur "The Sun Always Shine On TV" d'a-ha, en tentant de rendre le morceau plus lourdingue. Le résultat est intéressant. A Kristineberg, je passe la soirée en compagnie de Viktor et Awaleh. Ce dernier est intarissable mais parfois un peu naïf quand on discute de politique internationale ou de l’avenir. Il a commandé une pizza avec des frites mais c'est bien trop pour lui tout seul du coup il me laisse ses frites. Première fois que j'en mange depuis que je suis dans le pays, ça m'avait manqué ! On suit de près le match de foot : ce soir c'est France-Suède. Les Vikings sont bien contents quand ils marquent le premier goal mais l'équipe de France réagit et remporte assez logiquement le match.
Comme la birthday party du samedi a été annulée au dernier moment, Lasse, Devla, Rasha, les filles présentes et moi nous retrouvons à ne rien faire. Devla et les filles décident donc de cuisiner ce qui s'avèrera être un mélange de crêpes de de gaufres. Le résultat est plutôt réussi. Les filles jouent ensuite à un jeu qui consiste à placer une petite catapulte remplie de crème chantilly devant son visage et ensuite actionner un mécanisme piégé. Bientôt elles se retrouvent la figure et les cheveux recouverts de crème. Quel jeu barbare ! Puis ce sont les Syriens qui débarquent. Ma nouvelle playlist spéciale Fritidsgård constituée des tubes des années 80-90 ne fait pas long feu au profit de l'habituel electro rap sauce orientale, mais Lasse finit par en avoir marre et c'est ma playlist qui occupera la platine pour la fin de la soirée. J'ai visé juste, ma playlist plait à Lasse et Devla. Lundi 14 novembre, au SFI, nous sommes conviés par Urban, un bonhomme chauve et rond comme un œuf, à faire des exercices par ordinateur. J'enchaine les exercices comme un forçat. L'après-midi, je m'amuse à traficoter "The Sun Always Shines On TV" d'a-ha. Il y a moyen d'en faire quelque chose de vraiment percutant en débarrassant la version originale de toute ses sucreries. A Kristineberg, Robert est à nouveau de mauvais poil : les gamins ont réussi à cramer les enceintes à Stadsparken en poussant le son à fond. Résultat il faut en acheter d’autres. Pendant ce temps, les garçons tentent de faire un gâteau, la cuisine devient un vaste capharnaum mais le résultat est finalement plutôt convainquant et appétissant. C'est une autre histoire quand il s'agit de faire la vaisselle. Le mardi, rendez-vous est pris au Big Bang en fin d'après-midi, une salle de jeux où Laurent, Viktor, Peter et moi devons retrouver les autres volontaires de la région pour mieux faire connaissance. Je retrouve Leo, que j'avais déjà croisé à Stockholm, Theresa, une autre Allemande, et Anton, un Russe mais qui semble vivre en Suède depuis un petit moment déjà. J'en profite pour mieux faire connaissance avec Alexandra Winberg, qui s'était occupée de mon dossier avant que je vienne en Suède. Ça me fait du bien de voir un peu de monde, j*ai un peu le blues aujourd’hui, on a enterré José. L’église de Libercourt était pleine. Sur la piste j’alterne entre les spares et les gouttières, c'est tout ou rien, et forcément les boules finissent plus souvent par manquer leur cible que de toucher au but. Entre Viktor et Peter sur la piste à côté, c'est un autre niveau. Peter domine le début de partie avant de se faire rattraper et dépasser par Viktor. Après une bonne heure, nous mangeons avant que la soirée prenne fin à 19h. Certains ont de la route à faire avant de rentrer, Kalmar est à une heure de route et Anton vient de plus loin encore. C’est grand la Suède, et la superficie du Småland où j’habite est équivalente à celle de la Belgique.
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En Suède on fait comme ça : le Systembolaget
La Suède se distingue sur de nombreux plans vis-à-vis de ses voisins européens. C'est particulièrement le cas dans la relation que ses habitants ont avec l'alcool, et en conséquence avec la vente d'alcool dans le pays. Les Suédois, comme les autres Scandinaves, ont toujours eu une relation assez délicate avec la boisson, qui est à la fois un produit bien implanté dans la culture nordique, mais également un tabou. L'alcool a longtemps été un fléau en Suède, et il est toujours perçu comme quelque chose de dangereux. Au XIXe siècle, le pays était très pauvre et la vodka faisait des ravages au sein de la population. Les gens produisaient eux-même un alcool fort et de piètre qualité, certains patrons n'hésitaient pas à payer leurs employés en alcool. C'est ce qu'on appelle ici payer en liquide. On estime lors de cette période la consommation à 45 litres par an et par habitant. En conséquence, la mortalité, les maladies, les accidents, les agressions et les viols liés à la consommation d'alcool étaient un problème majeur. A tel point que des mouvements d'abstinence influents, inspirés par la prohibition américaine, ont demandé l'interdiction pure et simple de la production et de consommation d'alcool dans le royaume. En 1917, Ivan Bratt, un médecin et conseiller municipal de Stockholm, a mis au point ce qu'on appellera le "système Bratt". L'alcool a été rationné, prohibé pour les personnes sans emplois et les femmes mariés, limité pour les célibataires, la bière temporairement interdite. Tous les achats étaient notés dans un carnet individuel, et les clients devaient laisser de nombreuses informations personnelles à l’État. Mais ces mesures restrictives étaient impopulaires. Fidèle à sa réputation, la Suède a trouvé un compromis afin de contrôler sérieusement la vente d'alcool sans pour autant l'interdire. C'est ainsi qu'est né le Systembolaget en 1955.
Le Systembolaget est une entreprise d’État qui détient le monopole de la vente d'alcool en Suède. Il est impossible de trouver de l'alcool dans les rayons des magasins, à l'exception de produits dont le degré d'alcool est inférieur à 3.5%. Les prix sont volontairement élevés afin d'inciter les gens à consommer moins, et plus l'alcool est fort, plus il est taxé (ce qui est un problème quand on est amateur de bon rhum). Le règlement est très strict, il est interdit d'acheter de l'alcool avant l'âge de vingt ans, les produits sont vendus à l'unité, y compris les canettes de bière, et bien évidemment, il est strictement interdit de faire des promotions ou des rabais sur les produits. En contre-partie, le Systembolaget s'engage à proposer des produits de qualité. Pas question de vendre de la piquette où les alcools de salle de bain qu'on peut trouver par chez nous en tête de rayon dans les supermarchés. On privilégie les bonnes bières, le vin de qualité, et les spiritueux conçu avec savoir-faire. Comme la taxe s'applique en fonction du degré d'alcool, les spiritueux de "milieu de gamme" sont assez chers, en revanche, le prix des bonnes bouteilles, naturellement élevé, comme les whiskies de douze ans d'âge et plus par exemple, est relativement compétitif. De même il est possible de commander au magasin n'importe quelle bouteille dans le monde entier, on vous la livrera. Les horaires d'ouverture sont volontairement étroits : en général de 10h à 18h en semaine, et seulement jusqu'en début d'après-midi le samedi. Dimanche c'est fermé alors que les autres enseignes commerciales sont ouvertes. Gare à vous si vous n'avez pas eu le temps de faire vos provisions de picole, ici pas question d'acheter au dernier moment une bouteille à l'épicerie du coin avant d'aller à une soirée le weekend ! Car oui, le Systembolaget est certainement une des rares entreprises à vouloir réduire la vente de ses produits. L'organisation ne fait d'ailleurs pas de profit, les fonds liés à la vente d'alcool sont réinjectés dans les dépenses de santé de l’État suédois. C'est la raison pour laquelle le magasin ferme tôt le weekend, et c'est aussi pour ça que les gens font la queue le vendredi ou le samedi matin afin d'acheter leurs bouteilles.
Car en Suède, tout se joue le weekend. La différence culturelle avec l'Europe du sud, latine, est forte. Alors que la consommation d'alcool est régulière, parfois quotidienne, dans les pays du sud, où l'alcool fait partie de la gastronomie et où il accompagne les repas, les Suédois ne boivent pas en semaine. Une personne attablée au restaurant avec une bière ou un verre de vin pendant la semaine peut attirer les regards et passer pour alcoolique. Ce n'est pas toujours acceptable socialement. En revanche, finir dans le caniveau complètement éméché le weekend, ça c’est normal et acceptable. On ne se prive pas et on boit beaucoup sur une courte période de temps. N'importe quel repas de famille, soirée avec les copains et les collègues, ou virée dans les bars, est susceptible de se transformer en beuverie généralisée. Le but n'est pas simplement de boire de l'alcool pour passer un bon moment, mais plutôt de faire le plein et de chercher l'ivresse. Évidemment, ce n'est pas le cas pour tout le monde, mais le binge-drinking est fréquent au Royaume le vendredi et le samedi soir. C'est peut être une des failles du Systembolaget : comme l'alcool est cher, on en boit moins souvent, mais quand on débouche une bouteille, on tape sérieusement dedans. Je ne sais pas si ce dispositif, infantilisant d'une certaine manière puisqu'on estime que les gens ne seraient pas assez responsables si l'alcool était en vente libre, ne cause pas des frustrations qui mènent à ces comportements. C'est possible. C'est toujours grisant de flirter avec les interdits, et comme l'alcool est un tabou national on joue avec le feu en picolant.
D'ailleurs, d'autres failles existent. Les taxes et les interdictions ont entraîné l'apparition d'un trafic d'alcool. Dans le passé, des gens continuaient à distiller de façon clandestine, dans les baignoires où les machines à laver. Ces pratiques ont néanmoins reculé avec la mondialisation et l'ouverture à l'Europe. Des "routes de la soif" se sont ouvertes, les Suédois qui vivent dans le Sud vont régulièrement au Danemark ou en Allemagne pour faire le plein d'alcool, les habitants de Stockholm se rendent eux en Finlande et dans les Pays baltes. Comme l'alcool est détaxé sur les ferries, il est courant de voir des personnes faire un aller-retour direction l'Estonie, la Finlande ou la Pologne sans même descendre une fois arrivé à destination, juste pour faire la fête à bord pendant plusieurs heures. Autre bizarerie, il existe ici des dealers d'alcool, un peu comme on a par chez nous des dealers de cannabis. Des petits malins se rendent à l'étranger pour acheter de l'alcool à bas-prix et le revendre plus cher au pays. Des systèmes similaires au Systembolaget existent en Norvège, en Finlande et en Islande. En Norvège, c'est encore plus cher qu'en Suède donc les Norvégiens franchissent la frontière pour s'approvisionner dans les Systembolaget suédois. Un comble ! L'Islande, qui possède aussi un système restrictif (la bière a été prohibée durant une grande partie du XXe siècle) est moins chanceuse puisqu'il n'y a pas de voisin direct chez qui faire ses courses. Un tel dispositif prohibitif provoquerait des manifestations à n'en plus finir dans pas mal de pays dont la France et pourrait faire tomber des gouvernements, mais il est ici globalement bien accepté. Les Suédois apprécient l'offre de qualité proposée par la chaîne et craignent l'anarchie que pourrait créer la vente libre d'alcool. Car en Suède on craint tout ce qui est susceptible de mettre en danger le bien commun et de perturber l'ordre public. Mais bien sûr, rien n'empêchera nos amis Vikings de se ruer dans les rayons d’alcool des supermarchés pour les dévaliser dès qu'ils ont un pied à l'étranger. Ça serait dommage de ne pas en profiter !
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