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Droppin' Science - Un tonton te cause
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tontoncause · 5 years ago
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Chronique Nas - King’s Desease
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Je l’ai attendu désespérément, le voici le voilà, le nouvel album de Nas est arrivé ! 8 ans après le merveilleux Life Is Good, 2 ans après le très court et très décevant Nasir (réalisé dans la précipitation avec Kanye aux manettes) et un an après les très sous-estimées Lost Tapes 2, recueil de chutes de studios de diverses époques, dope mais qui ne permettaient pas de se rassurer définitivement sur sa forme actuelle et sa faculté à refaire un bon projet abouti. J’avais quelques informations avant la sortie : la pochette est stylée, ça s’appelle King’s Desease (la maladie des rois, surnom de la goutte dont j’ai l’extrême déplaisir de souffrir depuis quelques années), le single éclaireur est un très bon morceau mais pas un très bon single étant donné que loin d’un banger spectaculaire à faire péter pendant son cardio, la liste des featurings augure du possible meilleur comme du possible pire avec un grand brassage intergénérationnel, la liste des producteurs se résume à une personne : Hit-Boy. Cette dernière info en a laissé beaucoup perplexes, moi j’étais plutôt enthousiaste car familier du taf du bonhomme. Il s’est fait connaître aux débuts des années 2010 et a pas mal de hits ou de gros morceaux (Niggas In Paris, Sicko Mode, Clique, Goldie, 1Train)  pour des têtes d’affiche (Hov, Ye, Bey, Riri, Nicki, Kendrick, Travis, Nip, Meek,…) à son actif. Sa palette est hyper large, les breakbeats et les boucles/samples font parties de son ADN comme il a pu le démontrer aussi sur des projets moins mainstream parmi lesquels son excellent album solo passé complètement inaperçu cette année : The Chauncey Hollis Project. Les ignorants et les éternels nostalgiques font la moue, je suis assez confiant et excité.
 Puis le 21/8, je me suis réveillé à l’aube comme un enfant belge le 6 décembre et j’ai lancé ma première écoute, au casque. Concentration extrême, choppage d’un max de choses et enthousiasme. Ils l’ont fait, ça tue. Vite réécouter. Ce que je fais frénétiquement en boucle depuis. Comme beaucoup apparemment, surtout outre-atlantique, j’affirme que c’est un grand disque, peut-être même celui de l’année. Les prods vont comme un gant à Nas fluide comme jamais sur ces beats riches mais pas surproduits, qui laissent une large place à sa voix, l’instrument principal. Ça sonne actuel sans forcer, ni tendance ni à l’ancienne mais bel et bien 2020, bonne synthèse de ce que peut être un rap d’aujourd’hui qui lance des ponts entre hier et demain. Le fil rouge : les vicissitudes auxquelles sont confrontés les Kings, ces légendes du Hip Hop ou de la culture afro-américaine sorties des ghettos les plus durs pour se retrouver au sommet dans des positions pas si idylliques, contrairement aux images et aux illusions que bombardent les écrans. Les tentations, les excès, les jalousies, les trahisons, la grosse tête, les manipulations. Attention aux mirages, fausses oasis. Hubris. C’est un rappeur américain glorifié et haï depuis une trentaine d’années, il n’est pas à l’abri de propos et attitudes douteuses, de l’auto-mythification, de fanfaronnades de mâle alpha au milieu des requins mais c’est aussi une personne visiblement sensible, qui assume ses failles, intelligente, qui a soif de progrès, de justice sociale, d’harmonie, de sérénité, d’amour, de devenir meilleur. C’est aussi une des plus belles plumes si pas la plus belle de l’histoire de cette musique et se laisser porter par ces mots le temps d’un disque me passionne toujours.
 Analyse track par track :
 King’s Desease. Une boucle soulfull, pas de drums, dans l’école Alc/Marci/Griselda mais avec un son plus scintillant, des filtres, plusieurs couches. 1min50 pour que Nas plante le décor, trace les contours du thème de l’album, entre bravades, phases inspirantes, observations pertinentes, micro et macro. Ça flow sans trop forcer, le timbre est plus beau que jamais, ça coule tout seul, pure intro.
  Blue Benz. Dès que les drums arrivent je pète un cable. Ça sent le Boom Bap 5 étoiles, puis dès la sortie de l’intro, ça prend des dimensions en plus : Hit-Boy ne se contentera pas des recettes connues, aussi efficaces et classic soient-elles. Une énorme basse débarque, couplée à des arrangements riches mais pas rococos, ça groove, c’est varié et léché, comme si le son Large Pro et le son Dre vivaient un mariage heureux, le tout saupoudré d’un peu de drums TR-808. Über stylé. Nas débarque en mode Thug vétéran QB, images à l’ancienne avec 20 goons cracheurs de lames de rasoir au mythique Tunnel, à déchirer avec ses gars sûrs dans l’Amérique corporate en passant par les Rude Boys de Jamaïque et une envoutante femme fatale vénéneuse avec qui il fricotait jadis. Esco in full effect.
 Car #85. Me voilà conquis, aux anges. Nouvelle ligne de basse imparable, quelques vocalises discrètes du grand Charlie Wilson, groove languissant aux saveurs West Coast et génial storytelling autobiographique. On ride avec un Nas de 15-16 ans qui, trop jeune et petit joueur pour se balader au volant de son propre bolide, fait appel à un service de « plus ou moins taxis chelou » au chauffeur pas regardant tant que les gamins payent suffisamment. Monter à Times Square, cruiser dans Money Makin’ Manhattan, écouter ses tapes favorites pour aller au weed spot le plus proche, goûter aux plaisirs charnels avec une meuf plus expérimentée qui se lassera vite de son petit crush, le service peut même comprendre de t’attendre toi et tes assoc’ à la sortie de ton braco ! Le bon temps où dès qu’on voulait mettre le nez hors de la plus grande cité du monde, on appelait la Car #85. Du petit lait.
 Ultra Black. Single éclaireur décrié pour son manque d’efficacité, il s’intègre pourtant parfaitement dans la cohésion de l’album car oui et encore oui, c’est un très bon morceau. Qui amène à se poser cette question : un rappeur comme Nas a-t-il besoin d’un single éclaireur ? Est-ce que le sortir a déservi la sortie du projet ? Nas, dont l’amour et le militantisme à l’égard de son peuple ne sont plus à démontrer, propose ici un hymne pas pompier aux siens, truffé d’images et de références pas grillées avec un flow saccadé hyper technique mais pas tape à l’oreille, effortless plutôt que dans la démonstration. Le tout sur une prod que je valide et me fait penser à la vibe Common/Kanye sur Be. Un remix avec Common et Black Thought me fait bien fantasmer d’ailleurs… Nasir, si tu me lis…
 27 Summers. Ça commence avec une grosse ambiance trap bien lourde. Il y a 27 (!!!) étés Nas sortait son monument Illmatic, marquait éternellement cette musique de son empreinte. Il contemple son parcours, serein et triomphant. Après quelques mesures, le beat s’enrichit, la touche Hit-Boy apporte un plus à toutes les recettes… 1min43 et c’est déjà fini, tant mieux, ça augmente la replay value, ne laisse pas le temps de se lasser. Petite lourdeur efficace et bien placée.
 Replace Me. Un peu anxieux, premier feat du projet avec deux jeunes loups dans le coup, la sauce prendra-telle ? Est-ce qu’il n’aura pas l’air d’un invité incongru sur son propre morceau ? Nouvelle tuerie de ligne de basse, beat épuré pop mais pas guimauve, frais. Refrain autotuné de Don Toliver qui m’a un peu crispé à la première écoute mais qui fait finalement bien le job, très bonne mélodie. Rap de lover, bébé je vais te faire du bien à tout point de vue parce que je surassure dans tout, si tu veux me remplacer ça  va être chaud de trouver un successeur digne, fais gaffe. Bien fait, ça reste fun, les cainris tsé bien. Big Sean également à l’aise dans cet exercice, les 2 ont une chiée de verses dans ce genre de vibe, pas toujours pour le meilleur… Bon petit track pop chill, évidemment pas ce que je préfère dans son arsenal mais je ne skip pas, je kiffe. À mi-chemin, l’album est déjà super varié dans les ambiances musicales comme dans les propos et ça continue…
 Til The War Is Won. 2ème morceau qui me fait un peu peur. Lil Durk est une jeune mais déjà expérimentée tête de gondole de la scène drill de Chicago aka Chirak. Fils de Gangsta notoire et bien dedans depuis sa naissance, dans une ville rongée de dingue par les gangs, les meurtres et la misère. Il rappe et chante-autotune des trucs qui ne parlent pas souvent, du coup je ne connais pas très bien mais le sais capable. Il vient de faire une très belle perf sur le nouveau gros single de Drake. Mélancolie, trap douce (oui c’est possible), sentiments, atmosphère. Nas parle de la génération de Durk et beaucoup des femmes. Dénonce la lâcheté des hommes qui abandonnent, les violences conjugales, les frères et sœurs noirs qui s’entredéchirent, les dégâts de la violence aveugle et des conditions de vies abominables du cauchemar américain. Gros texte. Je ne le ressens ni démago ni pas sincère. Durk vient faire exactement ce qu’il doit faire : délaissant 2 secondes les fanfaronnades gangsta, il lâche un pur couplet chanté à cœur ouvert et désabusé, parlant avec des mots simples et justes de son vécu, de son environnement. On finit sur une outro hommage aux femmes, beau tout plein.
 All Bad. Ce coup-ci un peu anxieux mais parce que ça fait trop longtemps que je rêve de cette collab’ ! Grand fan d’Anderson Paak pratiquement dès le début de sa sortie de l’ombre il y a 5 ans déjà. Il me comble au chant, aux drums, en live. Son côté soulfull semble fait pour se marier à la vibe de Nas, mieux que pour d’autres rappeurs avec qui il réussit pourtant plus ou moins systématiquement ses featurings. Mon anxiété était donc qu’ils ratent l’immanquable, trop évident et gagné d’avance. J’ai un peu de mal à comprendre pourquoi mais à a première écoute je faisais un peu la moue. Depuis c’est un de mes morceaux préférés de l’album. Ils sont bel et bien faits pour créer de la musique ensemble et j’aimerais qu’ils en refassent beaucoup beaucoup plus. Drums aux petits oignons, mariage des voix, mélodie, groove, Musique. Lyricalement, ce n’est pas un des sommets du disque sans être déshonorable, les meufs et surtout les histoires d’amour qui finissent mal, les séparations amères… Mention à Paak qui semble considérer qu’emmener une meuf à un BBQ (référence à Live At The BBQ de Main Source, premier feat remarqué et légendaire de Nas ?!) devrait être LA preuve d’amour par excellence.
 The Definition. Nouveau morceau court avec une intro et outro anecdotiques mais qui font plaiz’ du légendaire DJ old school Brucie B (qui recevait un célèbre s/o dans Juicy de Biggie) et une prod un peu plus patate. Ça rappe vénère, flow plus rapide et énergique. Lyrics politiques où il dit majoritairement des bons trucs pertinents, ouvert sur le monde même si un peu douteux et ambigu par rapport à Gayle King souvent accusée de rabaisser des personnalités noires alors que ces dernières ne l’ont généralement pas volé. Soit. On préfère les réflexions sur la liberté, le contrôle, la surveillance des datas, les propos stigmatisants que Hillary voudrait qu’on oublie, Trump, les oligarques russes ou le réchauffement climatique. On s’amuse du petit passage sur la goutte spécialement pour moi.
 Full Circle. Autre morceau attendu impatiemment par tous les vieux fans, les retrouvailles avec The Firm (moins le pauvre Nature qui était un putain de rappeur quoi qu’on en dise). J’espérais de l’egotrip ou du storytelling mafioso-thug plein d’arrogance et de démesure, sur une prod bien Boom Bap lourde, une espèce d’Affirmative Action 2020. Désarçonné dès les premières mesures par ce nouveau beat atmosphèrique, minimaliste et à nouvelle bass line imparable. Cool mais pas dingue couplet de Nas pour commencer, parlant encore des femmes, des relations compliquées, de l’inutilité de vouloir les contrôler et les essentialiser. Une question qui prend de la place dans le disque, avec une pertinence et une élégance variable, parfois maladroit, souvent plein de bonnes intentions et je pense que c’est important qu’un mâle-alpha-star-de-premier-plan-du-rap plaide la cause des femmes, d’autant que ça n’est pas nouveau malgré, encore une fois, du chemin qui reste à parcourir sur certains points. Étonnamment, AZ et Cormega enchaînent élégamment sur cette même question, les thugs collectionneurs de conquêtes se révélant salutairement et sincèrement autocritiques, en quête de rédemption pour leur maladresse passée. Les 2 livrent de magnifiques verses à la hauteur de l’événement. Quelques belles phases et messages importants avec poésie. AZ remporte probablement la palme grâce à un flow fluide comme aux plus beaux jours, délicieux nectar pour les oreilles. Les anciens prouvent qu’ils peuvent sonner sur des prods actuelles et les habiller de la plus belle des façons. Le morceau « philogyne » laisse le dernier couplet à la First Lady de la clique : la revenante Foxy Brown. On l’avait déjà entendue sur le dernier Nicki Minaj, je n’étais donc pas surpris par sa voix actuelle. Elle n’a pas décidé de faire dans la finesse, le plaidoyer féministe. Egotrippin’ like a muh’fucka, elle est en mode Boss Bitch, hors sujet et sans finesse mais efficace, ça fait plaiz’ de la réentendre même si on l’imagine mal capable de nous tenir en haleine sur un projet complet.  Ultime surprise, ce bon Dr Dre, parrain du (décevant) projet originel, se fend d’une outro spoken word qui fait plaiz aussi, en espérant qu’il rebosse bien vite avec Nas (ce qui semble être le cas au vu de quelques images aperçues récemment sur les RS). Tuerie de track événement sous la forme la plus inattendue qui soit.
 10 Points. Ça commence par un énorme son Boom Bap brise nuque sur lequel on pourrait s’attendre à voir débarquer la clique Wu ou la clique Griselda. Puis direct on se rappelle que Hit-Boy a son son et le truc s’enrichit d’éléments divers, des super cuivres par exemple. Sans perdre le drive imposé par le break et la boucle de base. Nouvelle perf’ du beatmaker qui fournit décidément le terrain de jeu idéal à notre légende. Props. Sans se victimiser indécemment, il parle des difficultés des gens dans sa position, soupçonnés de ne pas faire assez pour ceux restés en bas (alors que souvent ils feraient beaucoup sans s’en vanter), la tendance de les porter aux nues pour mieux les descendre après, du public à l’entourage. De l’importance de surmonter les traumatismes du passé, de ne pas se perdre, que ça soit en essayant de se plier à toute sollicitation pour être aimé ou au contraire d’oublier d’où on vient et de faire des assists.
 The Cure. Le track d’après étant considéré comme un bonus track, voici le morceau supposé clôturer l’album, la conclusion. Ça commence par 4 bars sur une boucle sans drums, puis ça switch sur autre boucle sans drums pendant 12 mesures avant de switcher encore sur une troisième pendant 4 bars. Bars qui coulent et sont bouillantes comme la lave, que des joyaux, drop gems on ‘em. Puis après une petite minute et demie, il annonce le générique de fin et là, nouveau beat, pur Boom Bap avec un breakbeat qui claque.  Commence alors le couplet fleuve de 2 minutes de kickage que j’estime être le verse de l’année, intestable. Nas t’explique la vie, traumatisme, excellence suprême. Lebron a déclaré avoir écouté le morceau en boucle pendant des heures, de King à King, je l’imagine s’en servir pour se motiver, s’inspirer, se dépasser. Rap d’adulte qui ne tourne pas le dos aux jeunes. Grand album.
 Spicy. Pour finir, une petite friandise avec Fivio Foreign, le rookie new-yorkais qui buzz et ASAP Ferg, mon chouchou concernant les bangers (et capable de plus que ça), honteusement sous-estimé je trouve. J’avais un peu peur parce que Nas s’est déjà raté sur les bangers « à la mode » comme Summer On Smash, un des seuls moments faiblards de Life Is Good. J’espérais une grosse lourdeur drill car cette vibe à le don de me chauffer. Malheureusement pas pour ce coup-ci. Beat cheap mais addictif, couplet de sale gosse teubé mais charismatique de Fivio et dope 16 de Ferg qui s’est visiblement appliqué pour avoir des bars valables et pas seulement de l’enjaillement. Pas trop convaincu à première écoute, c’est un grower, morceau con-con qui fait du bien après tant d’orfèvrerie.  
 Conclusion, tu accuseras peut-être le grand nasologue d’en faire trop mais crois-le quand il te dit que cet album défonce tout. GOAT ish.
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tontoncause · 7 years ago
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10 assists pour mes confrères #02
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Au hasard. Parce que je suis sympa. Parce que notre scène nationale est riche. Parce qu’on oublie souvent de jeter un œil dans le rétro. Parce que je veux être positif. Parce qu’il y a des découvertes à faire. Parce que j’aurai de quoi remplir cette rubrique très longtemps. Si tu n’es pas dans la sélection ce coup-ci, ça sera peut-être pour la prochaine. Ya beaucoup beaucoup d’autres artistes que je kiffe artistiquement et/ou humainement. Voilà que je me soucie déjà de ceux qui pourraient se sentir oubliés alors que je distribue 10 assists de façon désintéressée… Fucked up. Sur un vieil album de Different Teep de ma jeunesse, Rocé rappait « Je te respecte si tu me respectes, OK mais qui commence ? ». Cette line m’avait super marqué. J’en ai fait une espèce de devise. Beaucoup n’ont pas envie de donner tant qu’ils ne reçoivent pas. Certain n’ont pas envie de donner même s’ils reçoivent. Je n’ai pas envie de réfléchir comme ça, de tenir des comptes. Je m’efforce donc d’être curieux, d’être un soutien dans la mesure du possible, de « faire ma part » comme dans la fameuse histoire du colibri. Et pas seulement pour mes potes. Je n’attends rien, je n’espère rien, je ne demande rien. Y’avait un truc qui faisait « Peace, Unity, Love and Havin’ Fun », c’est bien de s’en rappeler de temps en temps…
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Soulmista – Après La Pluie https://vimeo.com/150553556
 Vieux pote que je croise trop rarement, je suis de ceux qui savent qu’il est talentueux et actif dans l’ombre depuis très longtemps (avec son groupe Nighshot notamment) et que ce talent mériterait plus de lumière que bien des gens exposés. Après en avoir longuement peaufiné les textes et les musiques, il a sorti début 2016 un très bel album, Silence. Quelques invités (souvent pas rappeurs) y apportent pudiquement leur touche mais c’est avant tout l’album ultra personnel d’un homme. Sensible, introspectif, délicat, borderline dépressif et déprimant, touchant avant tout. Dans la veine (à ne pas couper siouplé !) de ce bien bel extrait. Il a tenu également à avoir des visuels soignés et a fait appel à son pote Mustapha Mezmizi pour ce faire. Un peu échaudé par cet aspect et peut-être bien refroidi par l’accueil réservé à ce projet pour lequel il a pourtant tout donné, il est désormais passionnément investi dans l’image, photo surtout mais aussi vidéo.
Mata Wangala – Amanirenas https://www.youtube.com/watch?v=uBQMC47zNiE
 Mata est de ma génération. Comme moi, il a dû trouver tout seul ses filons pour faire sa place et ne s’est pas laissé décourager par les mecs en place qui ne le calculaient pas. Comme moi il est « Student of the game », ayant passé des heures à disséquer la disco de ses héros et à creuser boulimiquement dans la culture, qu’elle soit Hip Hop, Afro-Américaine, Africaine ou autre. Il fait du taf propre, a déjà foulé des scènes ou croisé le fer avec des géants (Meth’ et Red, Onyx, Eric Sermon, etc), il fait de vraies propositions artistiques, il grind sans se plaindre. Sa technique personnelle bien que marquée par ses influences est affûtée comme on peut l’entendre sur ce track, dernier extrait en date de son EP tout frais et tout fresh.
L’hexaler – L’Esprit Seraing   https://www.youtube.com/watch?v=cey_3FYmFmM
 Je pense que tous ceux qui l’ont croisé seront unanimes, voilà un gars simple, authentique, qui a une fameuse capacité à noircir des pages et des pages de sa poésie sincère et à cœur ouvert. Un des seuls gars qui a rencontré un succès certain alors qu’il semble à peu près dénué d’ego. Un gars intéressé par le sort des gens et ferait tout pour les siens. Un gars qui n’oubliera jamais d’où il vient. Un gars qui ne conçoit pas de forme sans fond et ne craint pas de balancer des vérités. Jamais de révolution musicalement, rarement des surprises mais une plume juste et soignée qui a toujours forcé mon respect. C’est notamment le cas ici avec un de ses petits classiques, ode à son fief.
Seven – RVRBR (prod Eli)   https://www.youtube.com/watch?v=5i8GMEq7DLY
 Pourquoi Seven n’est-il pas en haut de l’affiche comme plusieurs de ses homies proches ? C’est pour moi un des plus grands mystères du rap belge. Il saute aux oreilles qu’il est doué. Il saute aux yeux qu’il a le charisme pour se mettre n’importe quelle audience en poche. On compte peu de MCs aussi versatiles dans le royaume. Il peut kicker de l’egotrip avec une technique très au-dessus de la moyenne, briller avec ses gars (Sima et Nem avec qui ils forment le groupe JCR), lâcher des bars poétiques, littéraires voire spirituelles et mystiques. Il aime aussi se réinventer constamment, évoluer, se frotter aux tendances actuelles généralement avec finesse et goût. Le tout en étant productif et exigeant sur la qualité du produit. Une fois les projets lâchés, on a l’impression que le bât blesse : où sont les lives, les interviews, la promo ? Manque-t-il d’ambition ? D’entourage malgré sa proximité avec les gars de Back In The Dayz ? De dalle ? Mystère donc… Quoi qu’il en soit, le taf est là et ne demande qu’à être découvert…
Zwangere guy – Outfit Van Me Daddy     https://www.youtube.com/watch?v=01h2YemUSeo
 Je connais trop mal le rap flamand notamment parce que rares sont les MCs qui arrivent à faire groover cette langue à mes oreilles. Ce gaillard y parvient. Il y a quelques années, j’ai partagé l’affiche de Bruxelles Ma Belle avec son groupe Stikstof et immédiatement j’ai noté qu’il avait un truc. Des skills premièrement, une personnalité, du charisme, un style unique et une aisance scénique évidente ensuite. On avait envisagé un track ensemble puis on ne s’est plus vraiment croisés et patati patata. Mon instinct était une nouvelle fois le bon et malgré tout j’ai été surpris de le voir pop, réussir à s’imposer aussi avec le public francophone. J’aime particulièrement ce morceau et son joli clip 100% féminin (actrices, réal et toute l’équipe). Il semblerait que l’ascension ne fasse que commencer…
Koss ft Masta Ace – Longevity   https://www.youtube.com/watch?v=wZFi6zcIedg
 Koss, c’est mon petit frangin, on a connecté et ça se passe désormais au-delà de la musique. Je l’ai vu concrétiser ses rêves sans l’aide de personne sous mes yeux. Hyper attaché à la Culture, à la tradition, aux classiques. Hyper respectueux de ses glorieux (ou pas) et respectables prédécesseurs. Hyper conscient et soucieux des racines de son son. Apporter humblement sa pierre à l’édifice en fournissant du travail sérieux et en s’entourant des meilleurs. Après 3 maxis (avec respectivement AG du DITC, El Da Sensei de The Artifacts et Craig G du Juice Crew) qui ont ravi les amateurs purs et durs de Boom Bap brise nuque assez traditionaliste, il a enfoncé le clou avec un excellent album truffé de prestigieux invités dont le légendaire Masta Ace sur ce petit bijou.
Starflam – Péril Urbain   https://www.youtube.com/watch?v=exjXe3SdgT8
 Un jour, j’ai entendu des gars rapper sur Liège aka la Cité Ardente sur une mixtape, ça m’a claqué. Puis j’ai entendu un maxi vinyle de ces Malfrats devenus Starflam, ça m’a claqué. Je les ai vus au Parc des 7 Heures aux Francofolies de Spa en 97, près de chez moi, ça m’a claqué. Puis un premier album et des montées de paliers, claque. Puis un deuxième album triomphal et des concerts, des télés, un grand public atteint par des gars que je connaissais un peu, claque. Ils ont grandement participé à me donner envie de prendre le micro, à oser me dire que c’était possible même pour un petit gars comme moi si loin de NY, LA ou même des cités françaises. J’avais le droit d’apporter ma pierre, de faire part de ma vérité, de « « « représenter » » ». Starflam m’a marqué, Starflam m’a claqué. Ce track, avec son quintuple beat du grand Mig One avec qui j’ai eu la chance de collaborer quelques fois, est un de mes préférés de leur riche répertoire et clôture parfaitement leur second opus.
L’Or Du Commun – 1000   https://www.youtube.com/watch?v=Ksb9-ns-_J4
 Ils sont gentils et l’assument, ils ont des « têtes de ienclis » et tout leur réussit, résultat, il est de bon ton de les dénigrer. Ils ont commencé par débarquer en faisant du rap hyper typé début 90’s et je craignais le risque de s’enfermer dans le gimmick, de rapidement tourner en rond. Puis Félé Flingue, le membre du groupe que je préférais a décidé de sa casser pour démarrer l’aventure 77. J’étais sceptique quant à leur futur, puis ils ont sorti le EP Zeppelin et j’ai été plus que rassuré. Musicalement murs, entre progrès très impressionnants de Loxley, plume poétique et littéraire hautement sous-estimée de Primero et flow aisément et imparablement mélodieux du bien nommé Swing. Visiblement gros bosseurs et exigeants des visus au mix à la scène, un disque d’un étonnant professionnalisme avec de grandes réussites comme ce 1000 au beat entraînant malgré une pointe de mélancolie et un refrain que je garde en tête (avec plaisir !) pendant des heures après chaque écoute. Mention spéciale aussi pour avoir été mon coup de cœur inattendu à Dour en 2017.
  Trezor – 1995  https://www.youtube.com/watch?v=KMx2SFwvtF0
  Je n’ai jamais eu l’indécence de me dire de la rue car je ne suis pas un mytho en quête de street cred’ et que j’ai trop de respect pour ceux qui ont vécu les galères qui vont avec ce mot de trois lettres qui fait tant fantasmer. Je n’oublie pas non plus que le Rap y est né et que la parole de ceux d’en bas ne doit jamais être délaissée ou méprisée. J’ai rencontré Treza en 2001, on a eu un bon feeling, j’ai immédiatement senti qu’il ne faisait pas semblant. Depuis, on s’est assez rarement croisés et il est clair que beaucoup de choses nous différencient, y compris d’un point de vue sensibilité artistique. Peut-être a-t-il déjà pensé que nous n’étions pas « du même camp », on pourrait facilement oublier que l’air de rien les différences n’empêchent pas d’avoir aussi des choses qui rassemblent. Pour ça il faut juste avoir l’occasion de se connaître et de passer par-dessus les éventuels a prioris. Si sa musique ne me parle pas systématiquement, j’ai un profond respect pour lui, son taf, son parcours, ses accomplissements. On ne peut pas parler de rap belge sans compter sur lui, il charbonne depuis toujours et on ne peut se passer de son point de vue, de sa perspective, de sa voix. Tant que Rap et Rue auront un lien, il en ira de même pour Treza et Rap Belge.  
Crapulax – Pirates Des Carapils   https://www.youtube.com/watch?v=vb0oZc981eg
  Un personnage. On commence à parler de lui dans les médias, tu as peut-être aperçu l’animal. Gouailleur, grossier, intolérant à toutes sortes de choses radicalement qualifiées de fils-de-puteries, indifférent à ce que font ses confrères, gros connard autoproclamé. Et pourtant gros tas de tendresse à qui on passe tout. Petit cœur tout chaud. Sensible. Drôle. Touchant. Au micro, la technique a beau être technique, on n’a pas affaire au supa MC virtuose qui va challenger Busta Rhymes. Ça dépasse un peu sur les côtés, ça peut être un brin bancal, bricolé comme il peut et pourtant ça fait bien plus le taf que plein de types plus carrés. Car il possède ce qui fait défaut à tant : une personnalité, un style, des avis personnels et tranchés, une singularité, des choses à dire fussent-elles dures à entendre, un tas de références geeko-fun-pointues-pop et la belgitude (bruxellitude plutôt) la plus pure et non coupée de ce Rap Game belge qu’il adore tant exécrer. Don’t Fuck with ton bourgmestre.
Voici pour la rubrique 10 assists à 10 confrères #01 ! Diggez, soyez curieux et toubi continuède
Retrouve mes trucs passés et présents ici :
tar-one.tumblr.com/ (NEW shit)
dopeadn.tumblr.com/tagged/tar-one (Archives)
losermagnifique.tumblr.com/ (Mixtape gratuite 27 tracks, dope shit only)
taroneledopeemcee.tumblr.com/ (HH/musique US-Fr-B-UK et autres trucs divers que je kiffe)
www.instagram.com/thomastarone/ (selfies de pute, matérialisme-fétichisme de geek et pics de wannabe photographe)
tontoncause.tumblr.com/ (articles, billets d'humeur, saintes paroles etc)
et www.facebook.com/taronedope (réseau social aussi relou qu'incontournable)
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tontoncause · 7 years ago
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Droppin’ Science - Un tonton te cause #05 by Tar One
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This Is The Life (sur Netflix)
Des semaines que je l’avais ajouté à ma liste Netflix négligemment, parce que ça parle de Hip Hop et que j’aime voir à peu près tout ce qui se fait sur le sujet, parce que j’avais aperçu quelques blazes familiers… Dans ces moments où tu es las et indécis, à chercher un truc à mater sans réussir à savoir dans quelle humeur tu es et ce qui te procurerait un peu d’intérêt, j’avais nié et nié encore. Comme 50 autres trucs potentiellement intéressants, divertissants voir passionnants. Quand trop de choix tue le choix. Drôle d’époque…
La brève description ne mettait pas trop en confiance : « Découvrez comment le groupe de hip-hop alternatif des Good Lifers a réussi à détourner l’emprise des gangs de Los Angeles en créant une véritable communauté artistique. » Aie. Alerte aux gros clichés. Les blazes cités rassuraient un peu : Abstract Rude, Chali2na et Cut Chemist (de Jurassic 5), Ellay Khule, Riddlore. Je ne connaissais pas les deux derniers. Les 3 premiers m’ont laissé deviner qu’on allait parler de cette scène californienne underground des 90’s que je connais assez mal parmi lesquels les mythiques et presque fameux Freestyle Fellowship dont j’ai découvert le classique Innercity Riots très tard. Je me souvenais également avoir été bluffé par leurs skillz surhumaines bien que pas super accessibles sur l’excellent docu Freestyle, The Art Of Rhyme dont je vous parlerai peut-être un de ces 4. On y voyait quelques images d’archive de ce fameux Good Life Café dont j’avais oublié le nom. Je connais quelques-uns des plus de 150 albums issus de cette scène, principalement choppés lors de mes digging sans fins de l’ère soulseek.
J’ai fini par daigner appuyer sur Play et j’ai pris ma grosse claque dans la gueule. Je ne rêve pas devant les grosses caisses et produits de luxe exhibés par tant de rappeurs US dans leurs clips, par contre voir des images de MCs qui se surpassent et chillent dans un petit spot qui ne paie pas de mine, ça me fait grave fantasmer et me rappelle un tout petit peu les bons moments passés au Baobab à Verviers quand on y organisait nos Open Mic mensuels. Ça ressemble pas mal à ce que je n’ose plus appeler « Real Hip Hop » tant cette appellation est devenue insupportable, galvaudée, un vieux poncif relou.
Ce docu nous montre donc les 5-6 années magiques d’un spot que rien ne prédestinait à l’être. Un magasin de bouffe bio un peu hippie sur les bords qui se transforme de 20 à 22h en lieu de Jams, le tout en plein South Central. Un jour Jazz, un jour Funk et grâce à la proposition d’une charismatique dame d’âge respectable, du Hip Hop pour offrir un espace à la jeunesse. Oser y croire, être prêt à le tenter et à gérer les problèmes que ça pourrait générer, faire appel au fiston passionné du genre. Quelques règles du jeu dont une bien américaine qu’on imagine mal être respectée par des Thugs du Hood (et pourtant ça a marché !) : ne pas dire de gros mots sous peine de se voir couper et confisquer le micro immédiatement ! Ça aurait pu être pris pour une contrainte moralisatrice, ça a finalement permis de repousser les limites de la créativité, de se prendre la tête pour convaincre par d’autres moyens. Les Gangstaz et les Pimps trouveront donc d’autres mots pour raconter leurs Ghetto Tales. Une autre interdiction suivra vite : celle d’être naze et les coupables de wackerie seront dégagés sans ménagement, qu’ils soient anonymes ou qu’ils soient Fat Joe et ses disques d’or.
Rapidement, quelques dizaines de MCs aux sensibilités et univers variés fréquentent le spot assidûment. Quelques incroyables talents (les vrais, pas ceux de la télé) aidant, une émulation hallucinante va les pousser à repousser sans cesse leurs limites et celles de l’art du emceeing en même temps, dans l’esprit du Jazz de certaines époques bénies des dieux. Flows élastiques, découpés, triturés, roulements supersoniques, mélodies, étirement de syllabes, délire cartoonesques avec l’excellence, la singularité ou la créativité comme valeurs cardinales. Tout ça au tout début des 90’s ! La foule à 99% noire (DJ Cut Chemist est pendant des années le seul blanc !)  valide ou dégage. Après la sainte messe de deux heures, ça battle furieusement sur le parking et d’autres moments spontanés et magiques surgissent dans tous les coins.
Le docu date de 2008 et est réalisé par Ava Duvernay. Elle était membre du duo Figures Of Speech qui faisait partie intégrante de cette scène. Depuis, elle est devenue réalisatrice accomplie de documentaires et de films, notamment derrière 13th sur l’incarcération de masses aux USA (et dispo sur Netflix) ou le célèbre Selma racontant un épisode marquant des combats de Martin Luther King. Grâce à son implication totale dans le sujet dont elle traite, le docu brosse une très large galerie de personnages avec de nombreuses images d’archives et des entretiens postérieurs. Si on sent une certaine frustration ou tendance à gonfler les trop rares moments de gloire chez certains, la fierté, la douce nostalgie et l’amour priment. Il y a de nombreuses anecdotes truculentes et plein d’étoiles dans les yeux à l’évocation des grands moments. Ça transpire la passion, le talent et une intégrité sans faille. Même si à l’exception de Jurassic 5, aucun n’a vraiment connu les spotlights, beaucoup ont pu vivre ou vivent toujours grâce à la musique et bénéficient d’un certain culte, voyagent, développent, proposent des sorties de qualité. Leur influence souvent minimisée ne peut être contestée et se retrouve clairement dans l’ADN d’un gamin devenu roi issu du même coin : Kendrick Lamar.
Bref, une passionnante plongée dans une oasis épargnée par beaucoup de vices et vicissitudes inhérents au Rap Game, un royaume pour Losers Magnifiques où il faut tuer (dans le bon sens du terme) pour survivre. Il est possible de tout donner pour la beauté du geste, ces gars l’ont fait, certains continuent de le faire, tant pis pour la reconnaissance méritée. Sauf que miraculeusement, leur histoire est disponible sur le géant Netflix et miraculeusement, tu tombes sur cet article qui t’incitera je l’espère à daigner appuyer sur Play à ton tour.
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Sélection de 10 tracks au hasard (clickez sur le titre) :
- Atmosphere – Trying To Find A Balance   
- Hodgy, Domo Genesis et Tyler The Creator- Rella     
- Jonwayne ft. Anderson .Paak  - Green Light  
- Cannibal Ox - Straight Off The D.I.C.  
- Public Enemy – Shut Em Down (Pete Rock Remix) 
- Tha Liks – My Dear 
- Milkbone – Keep It Real
- Rich Homie Quan – Man Of The Year 
- Juicy J ft Lil Wayne et 2 Chainz – Bandz A Make Her Dance
Sélection de 5 disques au hasard :
-          Madvillain – Madvillainy
-          Prince – 1999
-          Eyedea and Abilities – E & A
-          Ice Cube – The Predator
-          Funkadelic – One Nation Under A Groove
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tontoncause · 7 years ago
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Droppin’ Science - Un tonton te cause #04 by Tar One
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5 albums de 2017 que vous êtes trop peu à avoir calculé.
 Bon d’accord, peut-être que tu les as calculés, peut-être qu’on ne te la fait pas à toi. N’empêche, tu reconnaîtras que peu sont ceux - même dans les blogs-website-médias spécialisés – qui ont daigné mettre la lumière méritée sur ces beaux projets. Dans mon entourage, mon fil d’actu, les gens que je croise, ils ne sont que très rarement dans le radar. Qui de mieux placé que le « Best Kept Secret » du HH belge pour parler de ces pépites trop méconnues ? Personne cher ami, personne.
 Your Old Droog – Packs
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 Droog (« pote » en russe), jeune MC américano-ukrainien de Coney Island est sorti de l’anonymat en 2014 avec un premier petit projet soundcloud avec DJ Skizz aux manettes. Son buzz a grossi de façon impressionnante durant les semaines qui ont précédé sa sortie et pour son premier concert il a rempli le prestigieux Webster Hall de NYC. La raison ? Le petit filou est le presque jumeau vocal de Nas et la rumeur disait même qu’il s’agissait d’un projet secret du géant de QB sous une autre identité. Malin petit filou qu’il est, il a intelligemment laissé la rumeur se répandre en ne démentant pas et en cachant son apparence physique le plus longtemps possible, heureux de bénéficier d’un magnifique plan promo gratos.
Cette belle voix rauque, rocailleuse et joliment abimée (avec une articulation pleine de salive avec des mots qui lui fondent dans la bouche comme Monsieur Jones) n’est pas son seul atout. Le bougre écrit bien et a de la personnalité. Marrant, souvent ironique et sarcastique, pratiquant l’autodérision, la punchline aux références variées et le storytelling avec brio. Il est de ces new-yorkais qui suintent cette identité unique par tous les pores et honorent la tradition de lyricisme sur des vieux samples et breaks mais sans tomber dans le passéisme. Comme un Action Bronson, un Roc Marciano ou la clique Griselda, il offre un travail résolument ancré dans notre époque tout en se réclamant de la Tradition.  
Le gars n’est pas un Thug mais il est clairement Hood. Un univers de Delis qui vendent les clopes à la pièces (les loosies), des petites combines, des Timbs, des petits boulots et 1001 observations de Seinfeld du ghetto sur la vie parmi ses concitoyens souvent crevards et individualistes. Il dispense ces cartes postales anti-touristiques sur des prods crades et de bonnes factures de gens tels que 88-keys, The Alchemist ou Edan entre autres. Ni trop ambitieuses ni trop simplistes, homogènes et variées à la fois, pas de fautes de goût, pas de nuque immobilisée, quelques influences Rock discrètes et que du bon même si rien d’incroyable ou de révolutionnaire. En résumé, un MC marrant et plein de skillz qui rappe des textes créatifs et fun sur des bons beats avec la voix de Nas. De quoi personnellement me combler !
Wiki – No Mountains In Manhattan 
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Wiki est justement un très bon copinou de Your Old Droog. Ce dernier l’a invité sur son propre album pour un épique Help (avec Edan en troisième larron). Ils ont fait un super petit EP ensemble et enfin, il est présent sur l’album de Wiki sur le seul track que je trouve absolument inaudible à cause d’une prod sur-chelou que des hypeux doivent vénérer. Wiki est également un pur produit new-yorkais, issu des derniers coins populos de Manhattan. Sale gosse malicieux à qui il manque quelques ganaches et qui s’en branle, une espèce de baraki shlag du Lower East Side. Son disque est un magnifique foutoir. L’album est audacieux, bordélique, généreux.
Wiki y explore chaque coin et recoin de son île sans montagne fusse-t-il glauque et sombre. Il y explore les tréfonds de son âme et de son existence chaotique avec le même sens du détail. On y parle addictions, galères, rupture qui laisse des séquelles avec son ex Princess Nokia(le superbe Pandora’s Box), analyses sociologiques de playrounds, corners et bodegas. Une espèce de suite de Kids de Larry Clark avec des post-ados d’aujourd’hui. C’est parfois rough, ça secoue parfois les tripes mais c’est globalement plutôt joyeux (mention pour Nutcrackers, le tube qui n’en sera jamais un) et lumineux malgré les coups. Un peu comme la vie.  
Les sonorités sont super variées et surprenantes. Les prods sont signées par lui-même mais aussi Kaytranada, Earl Sweatshirt ou Sporting Life. Parfois déconcertantes, souvent addictives et réjouissantes au fil des écoutes, riches et originales, des effluves boom bap croisent des infrabasses, des influences UK (comme on le voit bien avec sa précédente collab avec Spekta ou ses lives Boiler Room), du synthétique comme des samples puisés dans toutes sortes de sources. Wiki les chevauche avec un flow tous terrains souvent chantonné mélodieux mais absolument pas délicat pour la cause et je crois y déceler un lien de parenté avec Cage, Can Ox et autres qu’il a peut-être bien dans ses gênes en plus de ses origines portoricaine et irlandaise. Souvent seul au long des 16 plages, il croise le fer à l’occasion avec ses homies (dont un type qui a osé le blaze « ACAB ») ou mon très cher Ghostface Killah pour le superbe Made For This étonnamment taillé sur mesure pour les 2.
Un univers singulier et une nouvelle preuve qu’on peut être new-yorkais jusqu’au bout des ongles sans pour autant reservir éternellement la même soupe. Enfin, la pochette tue.
2 Chainz – Pretty Girls Like Trap Music
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Dans mon morceau Jamais Une Star je dis dans une rime que « aucun MC n’a percé à passées 30 piges, tant pis (...) ». Récemment, Isha s’est activé pour me faire mentir et ça fait plaiz’, je lui souhaite de tout péter. Depuis 2012 un autre MC me fait mentir : 2 Chainz. Jusque-là, c’était juste un rappeur du Sud  de plus (au ridicule blaze Tity Boy) dans un groupe du Sud de plus (Playaz Circle). Quelques bons voir grands moments parmi lesquels le tube Duffle Bag Boy avec P’tit Wayne mais point de Stardom. Jusqu’à ce qu’il se réinvente et revienne sous un nouveau nom. Grâce à sa rarissime capacité à rester cool et jeune sans forcer, à son charisme de grand type fun et bizarre, son soin à se différencier des autres jusqu’à son port de bandana, sa plume lui permettant punchlines, humour, fulgurances et double sens, son amitié avec Kanye West notamment et sa sélection de Beats. La dernière demi-décennie fut émaillée de bangers et de featurings marquants, ainsi que de bons albums cependant un peu inconsistants et dispersés. On attendait toujours son album référence et peut-être bien qu’il est arrivé en 2017.
Contrairement à ce que certains pensent, j’ai toujours été un auditeur ouvert aimant goûter à des plaisirs variés. Point de snobisme, d’élitisme ou de conformisme, si ça me parle ça me parle et ça me parle d’abord physiquement. Il se passe un truc dans le bide ou pas. Dans les trucs Trap-Autotune-Turn Up-TR 808- machin, j’aime beaucoup de morceaux (que je préfère à mes classiques Boom Bap lorsqu’il s’agit de festoyer) mais assez peu de projets. Mais il y en a et cet album fait partie des quelque blockbusters de l’année que j’ai vraiment aimé. Straight Outta ATL, c’est de la Trap au sens littéral du terme avec sa Trap House rose en cover et ses références à ce lifestyle, cet univers étant son véritable milieu naturel. Au micro, quelques rappels par rapport aux background et expériences bien moins roses que le taudis de ladite pochette. Des placements imprévisibles, de la frime et de l’humour. Une personnalité, une présence dont on ne se lasse pas. À ses côtés, du gros nom à la mode à la pelle : Quavo et Migos, Pharell, Nicki Minaj, Travis Scott, Swae Lee, Ty Dolla Sign, Gucci Mane ou Drake !   Les prods sont d’excellente facture avec des plus-values dans les arrangements et les mélodies. Bravo à Mike Will Made It (l’architecte sonore derrière les excellentes sorties de Rae Sremmurd ou Humble et DNA sur le dernier Kendrick), Mike Dean (légende depuis Rap-A-Lot et bras droit musical de Kanye) ou Buddah Bless. Grandiloquent et efficace à la fois. 2 Chainz permet à tous de briller comme il se doit, fait de ce matos du Banger de compet’, réussit là où French Montana ou DJ Khaled ont échoué avec les mêmes ingrédients. L’album mainstream de maintenant qu’il te faut si tu es de cette humeur. Comme le dit mon track chouchou (avec Trey Songz, Jhene Aiko et Ty Dolla Sign dont je vais vous parler juste après) : It’s A Vibe !
Ty Dolla Sign – Beach House 3
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On reste dans le monde du blockbuster grosses ficelles avec les usual suspects du Rap/RnB mainstream au casting (Future, Swae Lee, Wayne, Pharell, Jeremih, Tory Lanez, Wiz et même Damian Marley, Skrillex et YG afin de ne pas faire trop dans le téléphoné). J’avais découvert le gars avec ses imparables singles Paranoid, Or Nah puis ses feats avec Stalley ou Kanye West sur les fabuleux Always Into Something, Fade et surtout Real Friends. Puis il y a eu le single Blasé et son incroyable pouvoir d’attraction sur dancefloor. Puis l’album de 2015 dont il est issu, Free TC (dédié à son frangin emprisonné) sur lequel on trouvait un sacré paquet de tracks addictifs.
Ses textes souvent graveleux n’ont pas trop d’intérêt pour moi. Par contre, je suis accro à sa voix graveleuse. Le genre de chose qui ne s’explique pas. J’ai toujours kiffé ce genre de voix, la sienne est un peu la quintessence de ce que j’aime dans le genre. Pas besoin de technique de ouf et de performances puissantes et maîtrisées pour faire mouche. Si parfois je suis écœuré par une overdose de sucre, quand ça marche, ça marche fameusement.  Qu’il la joue épure avec un petit guitare-voix, banger vénère ou gentiment bondissant, qu’il réadapte un 112 avec YG à la place de Mase et Biggie ou touche aux sonorités caribéennes à ma mode, il a  un don pour l’efficacité pop, les mélodies, la replay value, la concision. Pour ceux pas arrêtés par le côté too much, c’est assez idéal pour jouer à se donner des bisous. Il a vraiment la formule à tube et je ne comprends pourquoi il squatte depuis si longtemps dans le sous-bois à l’orée du statut de superstar. Peut-être un manque de charisme, un côté pas assez aisément marketable. Le fait est qu’il n’y a pas réellement de filler et pratiquement que des hits potentiels sur une mixtape de 20 tracks. J’aimerais que son prochain « vrai » album explose et que les rappeurs en fassent une espèce de Nate Dogg contemporain.
Blu and Exile – In The Beginning Before The Heavens
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En 2007, le rappeur Blu et le beatmaker Exile ont sorti un classique de l’undeground, Below The Heavens. Dans ma superbe rétrospective de 2007 que tu peux retrouver sur ce blog même, je qualifiais le disque de « magnifique révélation Boom Bap poétique, introspective et ensoleillée où ça excelle sublimement aux machines ET au micro ». Ça vient du LA de Insecure plutôt que du LA de Colors. De la galère, l’expérience black US avec tout ce qu’elle peut avoir de douloureux ou de compliqué mais point de gangstérisme ou de misère extrême pour Blu. Plutôt un niveau d’éducation plus élevé, de l’honnêteté et de la sensibilité assumée sans faire non plus dans le cucul trop gentillet. Exile met de la créativité, de l’âme et du soleil dans son Boom Bap avec ses découpes de samples caractéristiques, ses boucles mélodieuses et ses breaks bancals pour en optimiser le groove.
Le disque ici présent est constitué de chutes de l’époque, inédits restés dans l’ombre à cause d’un leak, parfois sous forme brute proche de la maquette. Le duo y délivre du bijou avec tous les mêmes ingrédients qui ont enchanté en 2007. Certainement un ton en-dessous mais c’est la même bonne soupe provenant de la même bonne vieille casserole. Comment ce qui était jadis considéré génial peut-il entraîner tant d’indifférence aujourd’hui ? Probablement un problème de promo, de timing, de saturation du marché. Car ce disque semble être passé complètement inaperçu malgré sa grande qualité.
 Bonus : Milo – Who Told You To Think ? et J.I.D. – The Never Story
 Je n’ai rien à en dire parce que je viens seulement de découvrir mais ça tue méchamment aux premières écoutes !
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Sélection de 10 tracks au hasard (clickez sur le titre) :
-          Capone-N-Noreaga – Blood Money Pt.III   
-          G Dep – Child Of The Ghetto 
-          Pac Div – Anti-Freeze 
-          Lil Wayne – Fireman  
-          Eric B and Rakim – Microphone Fiend 
-          Ice Cube – Ghetto Bird  
-          Action Bronson ft Riff Raff – Bird On A Wire   
-          Young Thug – Best Friend   
-          Slum Village ft Dilla – Reunion  
-          AZ featuring Raekwon - Doe Or Die (RZA's Rumble Remix)
Sélection de 5 disques au hasard :
-              Show & AG – Full Scale LP
-              Parliament – Mothership Connection
-              El Michels Affair – Return To The 37th Chamber
-              Prodigy & The Alchemist – Albert Einstein
-              Gorillaz – Humanz
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tontoncause · 7 years ago
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Droppin’ science – Un tonton te cause #03 by Tar One
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Sean Price. Aka Ruck aka Ruckus aka Megatron Sean aka Jesus Price aka Kimbo Price aka Mic Tyson aka Bar-barian aka P ! C’est de ce bonhomme tragiquement éteint dans son sommeil il y a 2 ans dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui. Il me manque, merde. Des kilomètres de bars écrites, des milliers de bars, des millions de bars, stakhanoviste appliqué et méticuleux, soigneux dans sa barbarie. Des bars techniques, polysyllabiques, bourrées d’allitérations et spectaculairement placées malgré l’épure, l’économie de mots, les petits silences bien vus. Avec du vocabulaire, de la référence variée et du style. Des bars dures, rugueuses, défiantes, triomphantes, exterminatrices même mais aussi sincères et touchantes à l’occasion, drôles, mordantes, avec juste ce qu’il faut de malice et de sourire en coin pour être bien plus qu’une brute pourfendeuse de wacks. Sean Price était un très grand MC et un putain de mec.
Né en 1972, il a grandi dans le Brownsville-Brooklyn des 80’s, en pleine Crack Era, c’est-à-dire au milieu d’un beau bordel qui a tragiquement broyé bien des individus. Gorille à dos argenté dans cette jungle, gouailleur, il est massif et bon avec ses poings et roule avec les mythiques Decepticons, bande de têtes brûlées avec qui il fout la merde et apprend à survivre. Le monde découvre sa voix (et son blaze Ruck mais pas encore son vrai nom) quelques années plus tard à l’occasion de la sortie de son premier grand disque, en compagnie de son fidèle complice Rock alias Rockness Monstah avec qui il forme le duo Heltah Skeltah. Operation Lockdown, 1996. Le groupe ne sort pas de nulle part, ils sont attendus car appartenant à une famille déjà prestigieuse et éminemment respectée : le Boot Camp Clik. Le BCC, au même titre que le DITC, la Gangstarr Foundation ou le Wu-Tang est un collectif mythique du NYC d’un certain âge d’or. Ils ont très largement contribué à cet âge d’or. Ils m’évoquent des images de Timberlands, de vestes militaires, de corners, de blunts, de dreads, de grosse clique massive, imposante, de concours de charisme. Ils m’évoquent des classiques, des beats poisseux, des samples pas proprets et plein d’âme, des intonations caribéennes, des flows on ne peut plus éloignés de la pop mais parfois entêtants et chantonnés. Black Moon, groupe phare et éclaireur emmené par Buckshot, le leader du crew tout entier, allume l’étincelle dès le premier single éternel Who Got The Props !?, en 92. Suit l’album Enta Da Stage, classique. Suit l’album Dah Shinin’ par le deuxième groupe à émerger du collectif, Smif-n-Wessun. Classique. Suit l’album de Sean Price aka Ruck et Rock - Heltah Skeltah donc - qui enfonce le clou avec Operation Lockdown. Classique. Le premier sur leur label Duck Down, indé et toujours actif, chapeauté par Buckshot et Dru Ha, le célèbre petit blanc du Crew, MC retraité après un seul couplet (U Da Man sur le premier Black Moon !).    
(Le futur) P n’est pas la star du crew et même pas celle de son duo. Sa voix est encore claire, pas rocailleuse bousillée par la fumée et du coup moins impressionnante et addictive contrairement à celle de Rock, grave jusqu’aux fins fonds des profondeurs d’outre-tombe et habitée. Il ne démérite pas pour autant, le flow assuré et tout aussi menaçant, enfilant les rimes brillamment sombres comme des perles. Un peu au-dessus de Rock techniquement et fichtrement complémentaire. L’année suivante, alors que le paysage rapologique change déjà et qu’une page se tourne, OGC est le dernier groupe à être mis en avant et vise juste avec l’album Da Storm. L’album est de grande qualité mais l’impact des précédentes sorties s’estompe un peu. Puis l’album du collectif au complet déçoit. Puis le deuxième album de Heltah Skeltah déçoit beaucoup, tentative ratée d’édulcorer leur son pour plus de succès. Les années suivantes connaîtront ventes décevantes, problèmes d’ego, déceptions mais aussi d’honorables voire excellents projets et apparitions, plutôt du côté underground de la force. P semble être un de ces très bons rappeurs à avoir marqué l’histoire de cette musique avant de plus ou moins disparaître. Sur un plan perso, il galère pour nourrir sa famille adorée, déprime et va même jusqu’à envisager le suicide. Il vend de la dope à la sortie de ses concerts, magouille, charbonne sur les chantiers.
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2005 sonne la renaissance du BCC. Buckshot (entièrement produit par 9th Wonder), Smif-n-Wessun et Sean Price sortent chacun un album aux purs visus qui se complètent. Ruck est désormais Sean Price comme à la ville, s’auto-surnomme The Brokest Rapper You Know (le rappeur le plus fauché que tu connaisses) et dope ses rimes hardcore à l’humour mais sait aussi se présenter à poil, assumant ses échecs et moments peu glorieux avec sincérité touchante et autodérision. Sur Mess You Made, extrait de son deuxième solo du même tonneau (Jesus Price Superstar – 2007), il rappe
My man said he heard me on Mister Cee
Yeah that’s cool, but it don’t equal chips to P
The brokest rapper you know sell crack after the show
With a fo’-fo’ that’ll blow back half your fro
The drugs that I sold got fucked up, God
So it’s Carhartt suits and construction jobs
It ain’t rap dough, but the money is cool
Gotta make sure Elijah ain’t bummy at school
 Dorénavant, il regarde les strass et paillettes du game de loin avec mépris, lucidité et amusement. Pas amer, plongé dans ses comics et ses cahiers de rimes, compétitif, entouré des siens, grattant brillantes bars sur brillantes bars. Il chill. Il a le respect de ses pairs. Il cherche à croiser le fer des MCs virtuoses à plumes respectées, avec son équipe, avec les bonnes brutes boom-bapeuses méconnues qu’il a à la bonne. Il ne recherche pas les gros noms. Il enchaîne les projets, presqu’un par an, albums et mixtapes à la qualité jamais démenties. Des gros beats brise-nuques et des centaines de couplets appliquant inlassablement sa recette maîtrisée. Un dernier album de Heltah Skeltah fin 2008 en mode Tango et Cash, action, explosions de flow et complémentarité naturelle et instinctive. Autre projet remarquable, celui avec le rappeur au style cousin de Detroit, Guilty Simpson et issu de la même ville, le très bon rappeur et surtout excellentissime producteur Black Milk pour l’album commun Random Axe. Projet qui rappellera de bons souvenirs aux quelques chanceux (dont moi !) qui ont assisté à 2h30 de démonstration bouillante de emceeing lors de leur passage chez Madame Moustache à Bruxelles. Blagueur, ultra charismatique, stylé, disponible, content d’être là et terriblement performant. Comme presque toujours. En solo, en mode BCC à géométrie variable, en Belgique et en Allemagne en petites salles ou grands festivals, je l’ai vu une dizaine de fois et il m’a laissé nombre de grands souvenirs. Je l’ai croisé quelques fois et il nous a chaque fois bien fait marrer. Il a d’ailleurs développé de plus en plus son talent comique inné avec les années et a balancé plein de petites vidéos déconnantes ou parodiques déguisées-jouées. Mythiques même si toujours un peu à la con, sans prétention. En 2013, j’ai eu le privilège d’être programmé sur la même scène que lui, au KVS à l’occasion de la traditionnelle soirée anniversaire du chapter belge de la Zulu Nation. Le tonton était là, disponible pour tous, à charrier gentiment le monde entier, à assurer le show sans effort sur et en dehors de la scène. Monsieur Sean Price, merci. La nuit du 8 août 2015, quelques semaines avant la sortie de sa mixtape Songs In The Key Of Price, il s’est putain de stupidement éteint pendant son sommeil, dans son pieu. Si sa voix, son parcours de vie accidenté et sa corpulence pouvaient laisser imaginer une vie dissolue de défonce et d’excès, ce n’était pas vraiment le cas même si certainement loin de l’hygiène de vie d’un crossfiteur. Il était plutôt casanier, chillant avec sa femme et ses 4 enfants qu’il adorait par-dessus tout. Quelques vidéos en attestent dont une sur scène sur ses terres de Brooklyn où sa petite princesse Shaun ( !!!) Price montre qu’elle a les bons gênes. La famille BCC a multiplié les hommages et sa veuve Bernadette est montée plusieurs fois sur scène rapper des couplets de son homme. Elle l’honore avec tout son cœur à chaque occasion et pratiquement quotidiennement sur les réseaux sociaux. Le mural peint en son honneur à Brooklyn est un lieu important. Des milliers de gens à travers le monde le portent encore dans leur cœur. Il est toujours aimé, peut-être pas à super grande échelle mais de la plus belle des façons.
Le 8/8/17, à l’occasion de la commémoration du deuxième anniversaire de sa disparition, son fidèle label Duck Down (il y a un rapport fraternel qui va bien au-delà du bizness dans la famille BCC) sort son ultime album, Imperius Rex. Avec des feats de l’autre « P» feu Prodigy (RIP !) DOOM, Styles P, Smif N Wessun, Rock, Method Man, Raekwon, Inspectah Deck, Junior Reid, Buckshot, Ruste Juxx, Bernadette Price. Avec des prods de Alchemist, Harry Fraud et Nottz notamment. Si tu sais, tu sais. Si tu ne sais pas, cherche à savoir !
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Repose en paix Sean Price, merci…
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 Sélection de 10 tracks au hasard :
-          Schoolboy Q ft Traffic et TF – Tookie Knows II
-          Scarface ft Jay Z, Beanie Sigel et Kanye West – Guess Who’s Back
-          Stalley – System On Loud
-          Consequence – Don’t Forget Em
-          Common – Be (Intro)
-          Ghostface Killah – Mighty Healthy
-          Danny Brown – Aint’ It Funny
-          Chance The Rapper ft Young Thug et Lil Yachty – Mix Tape
-          Westside Gunn – He Gotta Gun
-          Beastie Boys ft Q Tip – Get It Together
Sélection de 5 disques au hasard :
-          Jay Z – The Dynasty
-          Ohio Player – Greatest Hits
-          James Brown – The Payback
-          Common – Black America Again
-          Slick Rick – The Great Adventures Of Slick Rick
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tontoncause · 7 years ago
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10 assists pour mes confrères #01
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Au hasard. Parce que je suis sympa. Parce que notre scène nationale est riche. Parce qu’on oublie souvent de jeter un œil dans le rétro. Parce que je veux être positif. Parce qu’il y a des découvertes à faire. Parce que j’aurai de quoi remplir cette rubrique très longtemps. Si tu n’es pas dans la sélection ce coup-ci, ça sera peut-être pour la prochaine. Ya beaucoup beaucoup d’autres artistes que je kiffe artistiquement et/ou humainement. Voilà que je me soucie déjà de ceux qui pourraient se sentir oubliés alors que je distribue 10 assists de façon désintéressée… Fucked up. Sur un vieil album de Different Teep de ma jeunesse, Rocé rappait « Je te respecte si tu me respectes, OK mais qui commence ? ». Cette line m’avait super marqué. J’en ai fait une espèce de devise. Beaucoup n’ont pas envie de donner tant qu’ils ne reçoivent pas. Certain n’ont pas envie de donner même s’ils reçoivent. Je n’ai pas envie de réfléchir comme ça, de tenir des comptes. Je m’efforce donc d’être curieux, d’être un soutien dans la mesure du possible, de « faire ma part » comme dans la fameuse histoire du colibri. Et pas seulement pour mes potes. Je n’attends rien, je n’espère rien, je ne demande rien. Y’avait un truc qui faisait « Peace, Unity, Love and Havin’ Fun », c’est bien de s’en rappeler de temps en temps…
  CLICKEZ SUR LES TITRES POUR ACCEDER AUX LIENS 
De Puta Madre – Trippin’ Tranquilo
Une Ball Dans La Tête est le premier classique du Rap Belge, le premier « vrai » album aussi. 1995. À l’époque, je ne captais pas vraiment le délire même si j’aimais les beats. Il m’a fallu un peu grandir avant de rentrer dans le flash Rien A Branler. Une fois qu’on a trouvé les clés pour apprécier ce joyeux bordel, on se marre bien. Une sorte d’ouverture du troisième œil. Respect éternel aux tontons !
Sanzio – Mille Et Une Vies
Titre extrait de l’excellent 9 titres (et 9 clips !) du même nom. J’aime quand les rimes sont finement ciselées, quand l’auteur a de la finesse, quand les placements sont complexes et le champ lexical large. J’aime qu’en même temps on sente que ça sort des tripes. Sanzio ne triche pas, est brut de décoffrage, n’est jamais aussi bon que dans ce genre d’exercice. Il a des choses à dire et est capable de bien les dire. Le beat de John Z est le support parfait pour ça.
Scylla ft Convok, B-Lel, 13Hor, Kaz Robio, Sidéral, ZA, Psmaker, Rival et Gandhi – BX Vibes
Malgré tout le respect que j’ai pour le gars et son taf dont je ne nie aucunement la qualité, Scylla c’est pas trop mon truc. Peu importe. Ce track était un événement et représente à mon sens un moment décisif de l’histoire du rap belge. Il a certainement participé à planter la graine de la révolution qui a suivi. Les MCs présents sont fidèles à eux-mêmes et passent au-dessus de certaines inimitiés, conscients que comme le dit la devise de notre petit pays : « l’union fait la force ». C’est à partir de là que nous avons osé être fiers de notre identité, la revendiquer, voir à faire gentiment dans le chauvinisme.
James Deano Rizla Caballero Nekfeu Seyté Alpha Wann Jeanjass - freestyle give me 5 prod.
L’air de rien, autre moment historique qui représente un peu le point de départ d’une nouvelle ère selon moi. Je jouais avec Dope ADN dans le même festival (l’Inc’Rock) ce jour-là. Notre concert s’était magnifiquement passé et on festoyait sauvagement pendant que d’autres avaient l’intelligence de bouger leurs pions sur ce grand échiquier. Tonton Deano fait un peu le grand frère et prend tout le monde par surprise comme à son habitude puis la jeune garde (les visages ont déjà fameusement changés !) croise le fer avec la nouvelle génération de kickers frenchies et la regarde droit dans les yeux. Ils enfoncent les portes et ne veulent pas d’un moment avec des français connus mais bien se faire une place parmi eux. Le début d’une croissance exponentielle.
Bilal Benjany – Cellule Grise
À Verviers et chez les initiés, on appelle ça un classique. Bilal Benjany est un incontournable de la scène de chez nous et ce track est parfait. Putain de beat et de scratches de Sauzé + Bilal qui livre son vécu sans fard, sans glorification stérile, sans oublier de soigner la technique et la plume pour autant. Ce morceau est encore plus touchant quand on connait personnellement le gaillard. 
Aral et Sauzé – Ils Sont Mon Enfer
Extrait de leur album marathon Connection (presque 40 plages pour la version longue !) dont une chiée de tracks ont été clipés. Un travail super ambitieux qui compte de nombreuses réussites dont celle-ci. Un de mes morceaux préférés du duo et un de leurs clips les plus mortels. Track conceptuel/à thème bien traité et grosse prod aux couleurs Rock qui frappe fort. L’interprétation est juste, la folie contenue se ressent. L’enfant mort a grandi et se porte comme un charme, ni trauma ni maltraitance, rassurez-vous !
Exodarap – Jacowolf
Ce très joli morceau a été un élément déclencheur dans le lancement de cette petite rubrique. Prisonniers de l’actu fraîche, on regarde trop rarement dans le rétro. Habitué au JJ 2k18, j’ai voulu réécouter quelques sons de son trio originel, Exodarap. Que de perles ! Les autres me manquent, Raf en tête que je trouve hyper sous-estimé. Si je peux aimer les délires « egotrip pour du rire » et les gros tracks pour s’ambiancer, j’apprécie particulièrement quand JJ glisse pudiquement quelques éléments plus perso. J’aime aussi beaucoup les prods Jazzy avec apports de leur trompettiste Vin’s comme celle-ci. Les clips – même sans trop de moyens – sont toujours assez soignés et celui-ci marquait un passage au niveau supérieur. La professionnalisation était en marche…  
Za – Bomaye/Soundboistyle
Za a le talent, la plume, le charisme, l’attitude, la personnalité, le respect de ses pairs mais il lui manque ce qui m’a toujours manqué aussi cruellement : une équipe efficace. Les bonnes personnes pour le faire monter au sommet en lui fournissant un emballage et un accompagnement pros. Les mecs qui ont pris du poids et pouvoir devraient miser sur lui. C’est un bawse. Une espèce de Cam’ron/Dipset mixé à du The Wire mixé à du X Men (Ill-Cass-Hifi), le tout à la sauce bruxelloise. Il brille comme un ricain. Il peut même répéter « dans la partie » 50x sur un son dancehall et que ça tue quand même.
Syrax – Moral A Ras Du Sol
On est peut-être 32 à se souvenir de Syrax. À l’ère des mixtapes sur cassettes, il est apparu quelques fois et faisait systématiquement partie de mes préférés. Je n’ai jamais vu sa tronche mais au micro, il avait un putain de style. Spleen et Rue avec une technique en avance sur son temps, nonchalance et charisme. Ce morceau n’est peut-être pas son meilleur et a vieilli mais c’est chaud de trouver ses trucs sur Youtube. Je le poste aussi parce qu’il est extrait de la mixtape Voix Sans Issue pilotée par des gens de chez moi : Lunik et Oras (RIP). Toute une époque, le début de Verviers sur la carte et des bruxellois jusque dans nos murs, révolution ! Si quelqu’un a du Syrax dans ses archives, qu’il n’hésite pas à faire signe !
Invaderdz – Hip Hop Nonante
Invaderdz me manquent, Béhybé se fait trop rare. Il y a plein de morceaux à eux qui nécessitent de mobiliser tout son cerveau pour tout capter. C’est généralement (semi-)conceptuel, hyper dense, avec des sonorités pas catchy, des références obscures, une certaine fascination pour le triste et le glauque. De quoi me ravir quand le délire n’est pas poussé trop loin mais pas le groupe le plus facile d’accès pour le commun des mortels. Ce track fait un peu exception. La prod sans chichi est hypnotique, les passages chantonnés réussis et accrocheurs (alors qu’avec les parties chantées de Béhybé, ça passe ou ça casse chez moi), les couplets pour une fois facilement intelligibles. Je suis assez sensible à la (bonne) nostalgie, surtout quand elle évoque un espace-temps que j’ai connu. Ce track touche une petite corde sensible à chaque écoute, il m’émeut de façon diffuse, me rappelle quand on était juste quelques barges... Je l’avais oublié jusqu’à ce que Sixo ait la bonne idée de me rappeler son existence il y a 2-3 ans.
 Voici pour la rubrique 10 assists à 10 confrères #01 ! Diggez, soyez curieux et toubi continuède
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tontoncause · 8 years ago
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Droppin’ science – Un tonton te cause #02 by Tar One
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Retro 2007
 Si on en croit les réseaux sociaux et autres commentaires Youtube, le Rap se résume en 2017 à deux sons qui s’affrontent : le Boom Bap (voir « Old School » tant la terminologie est souvent pauvre et approximative) et la Trap. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un gars qui kick sur un break de batterie appartient à la première catégorie, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un son de rythmique TR-808 appartient à la seconde. Alors que cette musique n’a jamais été aussi riche, variée et foisonnante, on s’obstine à regarder tout ça avec une vision tristement réductrice.
De plus, il y a 20 ans, les choses n’étaient déjà plus si simples. Le son Boom Bap typique, magnifié par les prods classiques des Primo, Pete Rock, Large Pro, Easy Mo Bee, ATCQ, du DITC ou des Beatminerz se faisait tout doucement moins dominant même s’il connaissait toujours de grandes heures. Certes, la West Coast post-2pac avait la tête sous l’eau mais les vétérans DJ Quik, DJ Pooh ou MC Eiht assuraient fidèlement leur service et fournissaient la BO de la dangereuse vie locale sous les palmiers. On sentait les prémices du raz-de-marée du Sud. Via les piliers Outkast, Scarface et ses Get Boys ou Goodie Mob d’abord. Avec les futurs empires No Limit et Cash Money qui prenaient de l’ampleur, ensuite. Rawkus et Company Flow poussaient le Boom Bap dans des retranchements plus expérimentaux, donnant un premier nouveau souffle au genre. L’OVNI Timbaland était une révélation dans tous les sens du terme alors que les Neptunes s’apprêtaient à nous jouer le même fabuleux tour. Swizz Beatz façonnait un son synthétique et minimaliste pour ses Ruff Ryders tandis que les Trackmasters ou les Hitmen de Bad Boy donnaient une couleur plus propre et scintillante aux gros projets new-yorkais. Les années suivantes marquent une explosion de ces nouvelles variétés de sons dans nos oreilles de vieux fans de bon fuckin’ Rap. Bref, déjà à l’époque on ne pouvait pas réduire cette magnifique musique si longtemps mésestimée dans nos contrées à un seul son.
S’il n’y pas qu’une couleur musicale qui mérite notre attention, il n’y a pas non plus que deux époques, à savoir « maintenant » ou « il y a 20 ans ». Cette musique a une très longue histoire jonchée de pépites, de wackeries, de classiques. En constante évolution, la tête dans le guidon pour suivre, on regarde trop peu dans le rétro ou alors toujours dans la même direction, celle de ces éternels classiques validés 1.000.000.000 de fois ou un peu plus. Tant de choses à découvrir ou à redécouvrir. Étant donné qu’on parle toujours de l’actu brûlante ou d’il y a 20 piges, je me suis demandé ce qui remonterait à la surface de ma veille mémoire enfumée si je jetais un coup d’œil au milieu de ce beau bordel, dans le brouillard de la peu évoquée année 2007. Mérite-t-elle d’être dépoussiérée ? Qu’est-ce qui la lie à ce qui se passe aujourd’hui ? Quels blazes mériteront que tu cliques sur tous ces liens que je me suis fait chier à dénicher pour leur (re-)gréer une écoute (le but de cet article étant quand même de provoquer des plaisirs auditifs inattendus) ?
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Le feuilleton de l’année, c’était le grand concours de popularité entre Kanye West et 50 Cent qui avaient choisi de s’opposer le 11 septembre, jour de la sortie de leur troisième album respectif. Kanye triomphe, 957.000 ventes pour la désormais si importante fameuse première semaine de sortie contre 691.000, alors que les ventes générales ont déjà entamé leur inexorable chute libre. Au-delà de la mega opération marketing savamment entretenue vu qu’elle ne pouvait être que très profitable aux deux, le moment est marquant et à forte portée symbolique. Il représente quelque chose et aura des répercussions. Depuis 2003, 50 était une usine à hits, un rouleau compresseur qui écrabouillait tout sur son passage, Ja Rule et toute concurrence en premiers. La mode était clairement et sans contestation aux gros Thugs et Gangstas avec toute la mythologie du « dealer des coins malfamés qui pèse et monte tout au sommet poser ses grosses burnes de Super Héro du Ghetto qui t’emmerde sur la table de cette pute de Fatalité ». Oui Monsieur. G-Unit et le vite éjecté-vite ressuscité The Game. Le Jay Z encore Street entouré du Roc-A-Fella époque sauvageons de State Property. Les flamboyants Dipset de Harlem. D-Block, les cousins de Yonkers. Toutes les têtes cramées du Sud et tant d’autres encore. L’ère des seigneurs saigneurs. Vous reprendrez bien une petite louche de testostérone. Mais en 2007, la recette de 50 commence sa longue perte progressive d’efficacité et des peu inspirés et insipides Amusement Park ou Straight To The Bank lassent. Seul le banger I Got Money et son sample de Audio Two fait mouche même si le faiblard Ayo Technology connaît le succès aidé par l’immense popularité de Justin Timberlake (qui pour une fois ne me convainc pas). L’album craint un peu. L’overdose de postures de mâle alpha devient un brin pesante même si les Thug Shits peuvent aussi révéler plus de profondeur et d’intérêt. Le public a besoin d’un peu d’air frais, de varier les plaisirs. Kanye West est la bonne personne au bon endroit au bon moment et il en est parfaitement conscient.
D’abord Beatmaker pour la maison Roc-A-Fella où son incroyable talent ne tardera pas à se faire remarquer comme celui de son confrère d’écurie Just Blaze, il émerge au Mic en artiste solo un peu miraculeusement et saisit brillamment sa chance avec 2 fabuleux, créatifs, intrigants et passionnants albums. Sans compter des chiées de prods placées ça et là, Classic Shit au tractopelle. Déjà weirdo, geek, arrogant, habité, à fleur de peau mais pas encore complètement taré voir insupportable selon les sensibilités. Ses incursions dans le mainstream de masses n’avaient été jusque-là que ponctuelles. La ménagère américaine avait quand même déjà eu droit à des hits irrésistibles comme Gold Digger ou le pertinent mais Ô combien polémique « Georges Bush doesn’t care about black people » lâché comme une bombe en direct sur chaîne nationale dans les terribles jours post-Katrina. En 2007, avec Graduation, il veut et va franchir un nouveau palier. Il veut faire de la Stadium Music, il veut marquer son époque, il veut être Michael Jackson.  Avec les pieds encore un peu sur terre, il mène sa barque magistralement. Il anticipe l’air du temps, il utilise les mecs à la mode dans leur domaine (Daft Punk, T-Pain, Lil Wayne, Young Jeezy, Chris Martin de Coldplay, le fidèle John Legend) et les incorpore dans SON univers, ne les utilisant ni plus ni moins que nécessaire pour être au service du morceau. Il crée en collectif, bien entouré d’une armada de musiciens, d’arrangeurs et autres ingés d’élite. Il est personnel, à cœur et livre ouverts, vif, marrant et manie encore l’autodérision dans ses textes. Il a les Hits. Il surprend. Il influence. Il se déploie. Il ouvre une porte pour des artistes qui n’ont pas forcément été dealers un flingue à la main. Pour des artistes même pas forcément originaires de quartiers difficiles enfin autorisés à raconter leur histoire à condition d’avoir une personnalité intéressante et du talent. Il permettra à une flopée d’artistes de sortir du bois et d’élargir le spectre. Sans le succès de Graduation, peut-être pas de Kid Cudi, Wale, Lupe Fiasco, Drake ou J Cole sur les devants de la scène.
Quoi d’autre sur les devants de la scène en 2007 ? Des One Hit Wonders qui nous ambiancent avec des mongoleries virales et addictives qui n’ont rien à envier à celles d’aujourd’hui : Hurricane Chris – Ay Bay Bay, Mims – This Is Why I’m Hot, DJ Webstar - Chicken Noodle Soup, Shop Boyz – Party Like A Rock Star ou Soulja Boy – Crank That, ce dernier étant un peu le grand frère de beaucoup de petits de maintenant. Le Sud bondissant et synthétique squatte les dancefloors et les caisses avec les Webbie, Boosie, Lil Scrappy, Gucci Mane, Shawtty Lo, Plies, Yung Joc ou les vétérans 8Ball & MJG. Playaz Circle du futur 2Chainz cartonne avec Duffle Bag Boy ft. Lil Wayne. Lil Wayne qui à l’époque marche sur l’eau et est souvent cité comme le nouveau shérif en ville, qui shoote tout beat qui bouge au micro avec une productivité écœurante. C’est la même pour T-Pain qui impose l’autotune pour le meilleur et pour le pire et pour les 10 ans à venir et plus. DJ Khaled commence à gueuler par-dessus ses blockbusters sonores. Swizz Beats est toujours en embuscade pour fournir quelques bangers (pour Eve, Cassidy, Nore ou lui-même cette année-là). Pharell et Timbo étaient des géants. TI au top. Snoop un monument déjà dans l’auto-caricature mais parfois pour notre plus grand plaisir comme avec Sensual Seduction. Le Sud brille aussi grâce à l’étoile texane. C’est la fin de la brève vague qui aura porté quelques années les Slim Thug, Paul Wall ou Chamillionaire. Et puis le Texas c’est aussi Port-Arthur, terres des UnderGround Kingz, UGK.
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Au Texas, ça fait bien longtemps que Bun B et Pimp C sont des légendes, rien de moins. Le grand public les découvre après plusieurs années de gloire régionale grâce à leur participation au mega tube Big Pimpin’ de Jay Z en 2000, soit 8 ans après leurs premières sorties. L’explosion de la scène texane vers 2005 leur est profitable (malgré une malvenue incarcération de Pimp C) et ils en deviennent un peu les parrains. Leur monumental double album Underground Kingz arrive au moment parfait et est un magnifique condensé de tout ce qui fait leur force. 26 tracks, country rap tunes, des traditionnelles rythmiques sudistes TR-808 avec des samples et instrumentalisations gorgés de Soul et de Rythm-and-Blues. Moite, nonchalant, enivrant. Bande son parfaite d’un certain life style. Varié et homogène à la fois, le disque convie la crème du genre et de la région mais va aussi puiser hors de ses terres avec les glorieux tontons new-yorkais Big Daddy Kane, Kool G Rap et Marley Marl, le lyriciste intello Talib Kweli (qui rend la pareille sur son propre projet la même année),  ou même l’anglais Dizzee Rascal. Un rarissime exemple de double album de Rap réussi. Chef d’œuvre intemporel du disque, la première et très attendue collaboration avec d’autres légendes incontournables du Sud : Outkast pour International Players Anthem.  Bref, cet album est une parfaite porte d’entrée vers tout un pan de la culture sudiste dont Big KRIT serait un des rares (et trop sous-estimés) dignes héritiers. Quelques mois après la sortie de cette œuvre testament, Pimp C décédait d’une OD dans sa chambre d’hôtel. RIP.
2007 a encore d’autres joyaux à offrir. En y regardant de près, elle compte son lot de bons et mêmes de grands disques. Le Rap plus ou moins expérimental et plutôt dark aux textes extrêmement denses hérités de Rawkus-Co Flow se porte bien avec notamment de belles sorties de Aesop Rock et El-P (pré-Run The Jewelz, avant de rencontrer Killer Mike sa joie de vivre sautait moins aux oreilles). Malgré le temps qui passe, les glorieux tontons ne craignaient pas de remettre leur titre en jeux et de prendre des risques en allant à contre-courant des tendances. Le Wu-Tang avec un 5ème album qui a ses moments (surtout au Mic) mais qui déçoit à cause de trop nombreuses fautes de goût et une vision des choses de Rza pas en accord avec tous les membres du collectif, Rae et Ghost en tête. Ghostface Killah qui sort justement une Nième bombe en solo avec The Big Doe Rehab. Bombe cependant un cran en dessous d’autres sorties de ces années-là telles que Fishscale ou Apollo Kids. Prodigy nous régalait en laissant les manettes au génial Alchemist qui posait les bases minimalistes, funk 70’s et poisseuses d’un de ses nombreux styles. Prods sauvagement lacérées de ses rimes nihilistes et paranoïaques, ce qu’illustrent les fascinants clips dérangés issus du projet, Return Of The Mac auquel succéderait le sous-estimé HNIC 2 l’année suivante. Freeway faisait du Freeway et comme d’habitude ça le fait. N’oublions pas le patron, Jay Z, sorti de sa retraite l’année précédente avec le foiré Kingdome Come. Frappé d’une épiphanie en regardant le film alors en chantier American Gangster (de Ridley Scott avec Denzel Washington), il décide de se lancer dans un album concept autour de la vie de dealer dans le vieux NYC et de l’ésotérisme des bas-fonds, connaissant le sujet sur le bout des doigts étant donné qu’il provient lui-même de cet univers. Productions classieuses et retour aux fondamentaux, pas de tentatives de hits faciles, l’artistique qui prend pour une fois complètement le pas sur le bizness, Hova nous rappellait pourquoi il est un Grand.
Le Boom Bap prouvait qu’il avait encore de beaux jours devant lui avec des rookies bourrés de skillz qui excellent aux machines ou au micro : Black Milk et son By Popular Demand (pour qui j’avais eu l’immense privilège d’ouvrir la scène à Dour sur la scène de Lefto !) et Joell Ortiz avec The Brick: Bodega Chronicles. Autre magnifique révélation Boom Bap poétique, introspective et ensoleillée où ça excelle sublimement aux machines ET au micro : le classique indé Below The Heavens de Blu and Exile. Peut-être le seul disque de cet article dont le 10ème anniversaire a été réellement célébré via un concert anthologique sur leurs terres californiennes notamment. Ce n’est pas fini ! Les piliers d’un rap qualifié de l’adjectif « conscient » devenu malheureusement négativement connoté sont également de sortie et en grande forme ! Talib Kweli, Common, Pharoahe Monch et Brother Ali sortent chacun un de leurs meilleurs albums avec d’impeccables Eardrum, Finding Forever, Desire et The Undisputed Truth qui ont tous les 4 la particularité d’être excellents border line chefs d’œuvre dans leur genre et trop sous-estimés/oubliés à la fois. Peut-être parce que denses, exigeants, un peu intellos et engagés à une époque où ces adjectifs font toujours craindre (et parfois à raison) un truc chiant et moralisateur. Tout le monde l’a oublié mais un nouveau Super Groupe débarque mais disparaîtra aussitôt avec un seul morceau intitulé Us Placer avec son sample de The Eraser de Thom Yorke. Il s’agit de CRS, composé de Pharell, Kanye et Lupe Fiasco. Ce dernier sera le dernier artiste dont je vous parlerai pour cette looooongue (c’est plus fort que moi) retro 2007.
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Après avoir été découvert sur Touch The Sky de Kanye et après Food&Liquor, premier album d’excellente facture, il revient avec Lupe Fiasco’s The Cool. J’avais beaucoup aimé et saigné cet album à l’époque mais je ne l’avais plus écouté depuis des années. En m‘y replongeant pour les besoins de l’article, je me suis rendu compte à quel point cet album est son chef d’œuvre et à quel point il reste une influence majeure en 2017. Les textes n’ont rien à envier aux prestigieuses plumes susmentionnées. Introspection, storytelling, fresque conceptuelle, degrés de lectures nombreux et sens cachés, merdes du ghetto vues de l’intérieur, recul et vision macro, fougue de la jeunesse, Lupe a beaucoup vu et vécu et il a des choses à dire ! Il rappe avec les tripes sans oublier de soigner ses flows de virtuose. Musicalement, il a digéré et maîtrise tout ce qui fait son époque. Boom Bap soulfull ou rugueux, rythmiques et sonorités sudistes mais pas seulement. Assez précurseur pour l’époque, il construit ses tracks comme des morceaux et incorpore des éléments Pop ou Rock, ne se fixe aucune limite, touche à tout, toujours avec une volonté de rester accessible, de pouvoir toucher des gens hors de la chapelle purement Rap. J’y vois une espèce de blueprint des albums de Kendrick, J Cole, Big Sean ou Logic qu’on peut entendre de nos jours, tous les ingrédients étaient déjà là. Lui-même a retenté la formule plusieurs fois depuis mais à chaque fois il pêche par les fautes de goût musicalement mièvres. The Cool malgré sa longueur (une vingtaine de plages) et sa variété joue avec succès un périlleux numéro d’équilibriste. Ce disque est à l’image de cette fameuse année 2007 : riche, varié, équilibre de fondamentaux et d’innovations, injustement oublié et qui mérite totalement qu’on se repenche un peu sur son cas. Bonnes recherches archéologiques, Peace !
 Retrouve mes trucs passés et présents ici :
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Sélection de 10 tracks au hasard :
-          Outkast ft Cee Lo, Big Rube et Erykah Badu – Liberation
-          Lloyd Banks ft Juelz Santana – Beamer, Benz Or Bentley
-          Dead Prez ft Divine – Malcolm, Garvey & Huey
-          Ab-Soul ft Kendrick Lamar – Turn Me Up
-          Jay Electronica – Exhibit C
-          Rae Sremmurd – Swang
-          Mike Jones ft SlimThug et Paul Wall – Still Tippin’
-          Busta Rhymes ft Raekwon, Ghostface et Roc Marciano – The Heist
-          Kanye West ft 2Chainz, Big Sean et Pusha T – Mercy
-          ASAP Ferg ft Future – New Level          
Sélection de 5 disques au hasard :
- Frankie Cutlass – Politics And Bullshit
- Drake – Nothing Was The Same
- Zap Mama – Ancestry In Progress
- The Diplomats – Diplomatic Immunity
- Black Milk – Album Of The Year
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tontoncause · 8 years ago
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Droppin’ science – Un tonton te cause #01 by Tar One
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Il y a quelques mois, j’ai proposé quelques articles à Tarmac, voici ce que racontait  mon premier papier :
Bonjour cher jeune 15-25 ans du public cible de Tarmac. Bonjour cher jeune éventuellement encore plus jeune qui a soif d’apprendre et de découvrir. Bonjour personne un peu voir beaucoup plus vieille que la passion du Hip Hop a conduit sur cette nouvelle plateforme au formidable potentiel. J’ai dit bonjour, j’ai peut-être sauvé ma mère…
Je suis Tar One aka le Loser Magnifique, meilleur et moins populaire que ton rappeur préféré, actif dans ce Rap Jeu depuis plus de 20 ans, amoureux de cette culture depuis presque 30. Je ne suis pas une autorité suprême qui connait et comprend tout mieux que les autres mais j’ai de l’expérience, des savoirs, des points de vue et opinions qui mériteraient peut-être bien d’être partagés avec vous. J’ai envie de faire le pari que même à une époque d’immédiateté où on aime consommer des contenus courts qui vont droit au but et sont digérés sitôt ingurgités, des gens petits et grands sont encore demandeurs de contenu et aptes à la lecture. Avec des vrais morceaux de réflexion et des infos nourrissantes dedans. À propos d’un artiste, d’un disque ou de tout phénomène en lien avec cette culture, léger ou primordial, local ou international. J’ai également envie de faire le pari que vieux briscards et nouveaux arrivés peuvent encore s’entendre et se trouver des terrains d’entente. Qu’il y a de la place pour tout le monde et que, comme disent les potos sénégalais, « on est ensemble ».
Ce pari me tient d’autant plus à cœur que j’ai la sensation que nous sommes au bord d’un fossé générationnel sans précédent. Certains sont déjà tombés dedans, totalement déboussolés par les nouvelles manières de faire, d’être ou de voir les choses. Lil Uzi Vert refuse de rapper sur un beat de Saint DJ Premier pour un freestyle radio, Lil Yachty déclare que Saint Biggie est surestimé, Vince Staples est saoulé par le culte des sacro-saintes 90s, Young Thug arbore une robe sur une cover, les kids des slims et des t-shirts/jupes : les vieux « puristes » (et les jeunes qui veulent être plus catholiques que le pape) s’étranglent. Tandis que les nouveaux propriétaires de la tendance s’enjaillent avec insouciance voir même en se marrant bien des réactions outrées des (parfois jeunes) vieux cons. Mais ces derniers ont des circonstances atténuantes, ce n’est pas toujours facile pour les tontons, faut nous comprendre.
Avant, le Rap c’était à nous, les 0.1% de la population belge que ça intéressait et encore plus à nous, les 0.0001% de la population qui s’épanouissaient dans l’une ou l’autre des 4 disciplines et respectaient quelques codes qui nous semblaient sacrés. Je me sentais le devoir de connaître l’histoire des glorieux précurseurs. D’être au fait de ce qui se faisait malgré l’absence d’Internet et de sources (et de The Source) accessibles. Il fallait arriver préparé sinon on pouvait être hué et dégagé. Il fallait avoir son propre style et ne jamais pomper. Il fallait éviter le verlan, un truc de français honteux sous nos latitudes. Il fallait tenter d’être le meilleur en lyrics, en flow, en technique, en impro, en clash, en performance live. Il fallait être authentique dans ses textes, parler de ce qu’on vit et connait réellement, « keep it real ». Il fallait assumer ses baggys et casquettes à l’envers face à tous ceux qui les trouvaient ridicules. C’était notre sacerdoce, notre chemin de croix. Je prenais ce catéchisme très au sérieux et si je me suis assoupli depuis, il y avait du bon dans ces grands principes qui m’ont aidé à me construire et trouver ma voie, ma voix.
Puis lentement, progressivement puis rapidement et radicalement, notre petite contre-culture qu’on rêvait de voir devenir grande s’est mutée en culture de masse voir en culture dominante. En chemin elle a perdu quelques aspects qui participaient à son charme, en a partiellement conservé d’autres et s’est enrichie de milliers d’apports bons ou mauvais. Il serait ridicule de rejeter toute évolution, il serait tout aussi ridicule de toutes les sanctifier au nom du culte de la nouveauté et les choses sont ce qu’elles sont que ça nous plaise ou non. V’là que l’évolution du Hip Hop amène à philosopher sur la vie, rien que ça…
Sur des considérations moins profondes, il m’a fallu du temps pour comprendre et accepter qu’on pouvait bien faire sans flow de dingue, sans plume affutée, sans propos particulièrement interpellants et avoir malgré tout de l’intérêt. Les qualités mélodiques, les gimmicks, le charisme/l’attitude/la personnalité de l’artiste, l’aspect viral ou fédérateur et tant d’autres aspects jadis moins pris en compte peuvent être centraux aujourd’hui. Entre ça, les traditionalistes et ceux qui comme Kendrick (et bien d’autres) utilisent au mieux les bonnes recettes de toutes les écoles et générations, je suis personnellement comblé en bonne came malgré tous les trucs que je déteste (non sans avoir tenté de me montrer sincèrement ouvert auparavant). Et si j’ai tout à gagner en m’ouvrant aux bonnes choses que les nouvelles générations peuvent m’apporter, l’inverse est tout aussi vrai. On est ensemble !
C’est sur cette conclusion pleine d’espoir que je finissais ce papier introductif. Finalement, « on n’est pas ensemble ». Trop long, trop pointu, pas assez 15-25… Avec Akro, nous avons eu un échange de quelques messages pour tenter de trouver un terrain d’entente. J’avais un peu l’impression de gratter, d’être un poids alors que je pensais que tout ça était positif et prometteur pour eux comme pour moi. Après d’inefficaces tentatives pour accorder nos violons, il m’a demandé de proposer d’autres papiers plus courts uniquement sur des artistes à la mode que j’avais évoqués parmi une multitude d’autres artistes, idées et sujets potentiellement inspirants pour moi. J’ai réfléchi – conscient que ça pouvait être un moyen de rentrer dans la forteresse et de bénéficier d’une belle exposition – puis j’ai finalement décliné.
J’en suis bien conscient, ma proposition ne correspond pas à leur ligne rédactionnelle principale. Je comprends et respecte l’intérêt de celle-ci mais je suis convaincu qu’un média qui se clame « 100% Hip Hop » ne peut se passer d’un volet plus pointu, qui parle aussi aux passionnés, même si c’est un petit volet. Ce qu’ils font avec leurs excellentes mixtapes notamment. Il en va de la crédibilité du média. De plus, je ne cherche pas à m’adresser uniquement aux passionnés de notre génération, je pense qu’il y a aussi plein de 15-25 qui ont envie d’aller plus loin, qui sont passionnés aussi et capables de lire un truc un peu fouillé de 3 pages. Le nier serait insulter leur intelligence…
Me limiter aux artistes dans l'air du temps ne me convient pas. Je serais vite à court d'idées parce que peu m'inspirent, d'autres sont plus calés dans les new shits à la mode et surtout, ça va totalement contre ce que je voulais faire au départ : mélanger les générations plutôt que de tout miser sur une seule en fonction de supposés goûts de leur âge. Je suis opé pour parler de Vince Staples si je peux parler AUSSI de Sean Price. Je me refuse de mettre les anciens dans un placard poussiéreux. Me voilà donc avec mes principes et idéaux peut-être un peu vieillots sur mon petit blog, avec comme d’hab’ une exposition super limitée. Je ne suis pas en guerre contre Tarmac, une partie de ce qu’ils proposent me plait beaucoup, une partie me laisse insensible et une partie me consterne si je suis totalement honnête. Peut-être que ce petit articlounet participera à lancer un sain débat autour de ce que nous attendons de ce média si longtemps espéré. Peut-être que tout n’est pas perdu. Je ferai ce que je peux avec ma voix, ma plume, mon style, mes idées, mes humeurs, mes goûts, mes compétences. Plein d’autres peuvent le faire très bien et très bien si d’autres le font aussi mais même si ça ne semble plus vouloir dire grand-chose pour grand monde, ici ça sera « 100 % Hip Hop pour de vrai ». Et on pourra parler de Sean Price. Peace y’all, à bientôt. Et puisque sans rancunes et qu’encore une fois, ils font de bonnes choses dont on aurait tort de se priver : http://www.rtbf.be/tarmac/
 Retrouve mes trucs passés et présents ici :
tar-one.tumblr.com/ (NEW shit)
dopeadn.tumblr.com/tagged/tar-one (Archives)
losermagnifique.tumblr.com/ (Mixtape gratuite 27 tracks, dope shit only)
taroneledopeemcee.tumblr.com/ (HH/musique US-Fr-B-UK et autres trucs divers que je kiffe)
www.instagram.com/thomastarone/ (selfies de pute, matérialisme-fétichisme de geek et pics de wannabe photographe)
tontoncause.tumblr.com/ (articles, billets d'humeur, saintes paroles etc)
et www.facebook.com/taronedope (réseau social aussi relou qu'incontournable)
Sélection de 10 tracks au hasard :
-          Sean Price – STFU part 2
-          Ol’Dirty Bastard ft Rza – Cuttin’ Headz
-          Kid Dayton – Runnin’ Plays
-          The Cool Kids – Black Mags
-          Big KRIT – Cadillactica
-          Big Boi ft Killer Mike et Jeezy – Kill Jill
-          Mike Will Made It ft Pharell – Aries (Yugo)
-          Mobb Deep ft Nas et Raekwon – Eye For An Eye
-          Roc Marciano – 76
-          The Roots ft Common et Zap Mama – Act Too (Love Of My Live)
Sélection de 5 disques au hasard :
-          Show & AG – Full Scale LP
-          Parliament – Mothership Connection
-          El Michels Affair – Return To The 37th Chamber
-          Prodigy & The Alchemist – Albert Einstein
-          Gorillaz – Humanz
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