alabonneheure

[alabonneheure]

Je t'aime ça ne veut pas dire : vivons ensemble 78 ans, ayons des enfants, un chien, portons une alliance, dormons dans le même lit pour l'éternité, et tu n'as pas droit de rien faire sans me le demander. Je t'aime veut juste dire : là, t'es la personne qui me fait du bien.

Solange te parle, Dire je t’aime

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Ce livre est bref. Mais son pouvoir est long.

Joseph Kessel, préface de Des souris et des hommes (John Steinbeck)

[alabonneheure]

Les apparences ne sont que ce qu'elles sont, mon cher frère. Plates. Muettes. Elles ne doivent laisser apparaître qu'elles-mêmes. Les apparences n'expriment rien, elles appartiennent aux autres et ne leur sont tolérables qu'à ce prix.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

[alabonneheure]

Je ressentais une émotion longue, bouleversante, violente, entre la stupeur et l'émerveillement : j'éprouvais le bonheur d'exister. La joie simple d'être au milieu d'un monde si beau. N'être pas grand-chose et beaucoup à la fois : une fenêtre ouverte sur l'univers qui me dépasse, le cadre dans lequel l'espace devient un tableau, une goutte dans un océan, une goutte lucide qui se rend compte qu'elle existe et que, par elle, l'océan existe. Minuscule et grande. Intense et misérable.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

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- J'ai passé le plus beau jour de ma vie. Et je n'arrive pas à comprendre comment vous pouvez peindre l'invisible. - Cela seul mérite que l'on s'y attarde. L'invisible et l'infini. Pourquoi peindre des objets qui ont un contour ? - De quelle façon vous y prenez-vous pour réussir quelque chose de limpide avec de la matière opaque ? demandais-je en fixant le tableau. - Il faut du bruit pour entendre le silence.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

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Il y a des êtres qui, de dos, nous promettent un secret. Leur nuque, leurs reins, leurs omoplates ont tellement de présence qu'ils nous remplissent d'appréhension. Lorsqu'ils se retournent, ils nous font vivre un coup de théâtre, avec ses risques : risque que nous soyons enthousiasmés, risque que nous soyons déçus.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

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Entrevue rarement, la beauté illumine le monde. Côtoyée au quotidien, elle blesse, brûle et crée des plaies qui ne cicatrisent jamais.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

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Le suicide, c'est comme le parachutisme, le premier saut reste le meilleur. La répétition émousse les émotions, la récidive blase.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

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Jusqu'à ce jour, mon existence ne m'avait rien dû : j'avais été conçu par négligence, j'étais né par expulsion, j'avais grandi par programmation génétique, bref je m'étais subi.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

[alabonneheure]

Nous sommes des milliers sur Terre à manquer de force, d'esprit, de beauté ou de chance, or ce qui fait ma malheureuse singularité, c'est que j'en suis conscient. Tous les dons m'auront été épargnés sauf  la lucidité.

Eric-Emmanuel Schmitt, Lorsque j’étais une œuvre d’art

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Aucun fou n'est fou tant que l'on se plie à ses raisons.

Gabriel García Márquez, De l’amour et autres démons

[alabonneheure]

Que vous êtes insupportable. Insupportable et trouble-fête. Toujours, vous arrêtez l’élan, vous empêchez les miracles avec votre intelligence et votre incrédulité.

Jean Cocteau, La machine infernale

[alabonneheure]

Une lumière éclatante jaillit par la porte entrouverte et elle me blesse cruellement les yeux. Le verger est silencieux ; les abeilles si bruyantes à midi, se sont tues ; on n’entend que les grillons et le gazouillis des moineaux qui pillent les cerisiers. Les tournesols ont tourné la tête vers le soleil qui se couche déjà. Pour moi c’est le plus beau moment. Je déteste le matin et ses promesses d’épanouissement, je déteste le midi qui se glorifie de la plénitude de sa beauté. Mais le coucher de soleil qui descend lentement mais inexorablement dans la nuit n’éveille en moi aucun sentiment d’inquiétude ou de regret.

Ida Fink, Derrière la baie (Le jardin à la dérive)

[alabonneheure]

We like to keep Some places wild Like battlefields Where no one fights.

The Dø, Sparks

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J'imagine toujours le pire du pire pour ne pas être déçue. Pour être prête. Je m'interdis, ne peux pas m'en empêcher, et m'en veux d'imaginer la concrétisation d'un rêve parce que je suis certaine que ça le voue fatalement à l'échec. Je suis très forte au jeu de Si Dieu le veut. Au jeu d'Advienne que pourra. Alors que je voudrais exceller à Si tu veux tu peux.

Céline Milliat-Baumgartner, Les bijoux de pacotille

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Ce sont leurs bras qu'il veut, il est là le besoin immédiat, c'est celui des bras, des corps, des bouches, il est là le manque, dans l'absence de la chaleur des corps.

Céline Milliat-Baumgartner, Les bijoux de pacotille

[alabonneheure]

Se faire sacrément aimer et par le plus grand nombre devient mon objectif, construire un monde où un se perd et dix se retrouvent, où il faut quitter l'objet aimé avant qu'il ne nous abandonne, et vite s'en distraire avant d'en souffrir, devient mon obsession.

Céline Milliat-Baumgartner, Les bijoux de pacotille