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altriviera · 6 years
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Yves Klein et le Masque de Sommeil - une aventure de Benjamin Fincher*
* Benjamin Fincher - Masque de sommeil (FRA) @ le MAMAC (Nice.06), le 15.09.18
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Cela pourrait être également le titre d’une aventure de Bob Morane - ce dernier, lancé sur la piste d’un masque mystérieux, croiserait l’École de Nice à l’état natif, dans les méandres de la Riviera des fifties… Tiens, j’imagine déjà le moment où le jeune Ben, surpris en pleine performance de rue, recevrait en guise d’hommage, de la part d’un Morane un tantinet agacé, une manchette ou un atémi, et cesserait enfin de jacter à tout-va. Le temps qu’il reprenne un peu son souffle, se relève en geignant, époussète son complet mal coupé, l’on aurait tout le loisir de prendre un verre de Negroamaro - un délice - à la terrasse de ce minuscule bar italien sur la place du Pin. Petit établissement qui se démarque aisément de la concurrence “lounge“ alentour, en proposant des produits simples, savoureux, et bon marché. Avec en prime une insolite affiche de catch. De là, on irait au Mamac pour assister à la fin de cette première des Journées du Patrimoine (pas question de Johnny, bizarrement) tandis que Ben s’éloignerait poussivement sur ses quatre pattes - anticipant de belle manière les postures radicales du mouvement Fluxus.
Au programme ce soir-là, un hommage à Yves Klein, avec notamment le projet Masque de Sommeil de l’incontournable Benjamin Fincher… Il y a de cela neuf ans, quand j’arrivai (passé simple) à Nice, Ben Finch’ fut, apprenez-le, mon tout premier concert niçois. Une soirée de novembre au très regretté Volume, où je grelottais à qui mieux mieux, ignorant que la grippe aviaire enserrait ma gorge de ses pattes de poulet schlag, avec les sidérants Quadricolor en tête d’affiche. Soirée de légende dont j’ai toujours l’affiche dans mes archives. Je ne me doutais pas à l’époque que Finchie deviendrait, outre un équipier de rando-suicide hivernale dans le Mercantour, un électronicien aussi aventureux.
 Parenthèse, maintenant, sur un thème rebattu, un refrain tellement entonné à Nice que les supporters de l’OGCN sont sans doute en train d’en faire un hymne pour le stade : « On-n’a-tou-jours-pas-un-vrai-lieu-de-concert-en-ville » - avec bien sûr d’autres refrains du type « le-109-ça-ne-va-rien-donner-et-puis-c’est-excentré » (auquel je souscris moins), ou l’émouvant « le-Volume-est-irremplaçable-qu’est-ce-que-j’aimais-y-aller ». Ironie mise à part, nous en avons convenu avec Vlad dans le tram : la fin du Volume reste un coup très rude, et ceux qui disent s’en être bien remis ne nous convainquent pas… La mairie quant à elle n’est visiblement pas consciente du retard de Nissa dans le “game“ européen des “musiques actuelles“. Ou plutôt… elle s’en tape (je cherchais le mot juste), et laisse filer les talents (je ne parle pas des siens). Nice, ce nom qui fait fantasmer des kyrielles de groupes ou d’artistes étrangers, quatre lettres évocatrices d’un palmier éclatant (donc vierge de tout charançon (1)) sur fond bleu-Klein… Mais voilà : Nice la Belle dort sous son masque de sommeil, semblant ignorer que la Champion’s League culturelle se joue sans elle. Malgré quelques parasols culturels estimables (dépliés par le Nice Jazz (2) ou Panda), son temps de jeu est proportionnellement dérisoire comparé à celui d’une ville comme, disons, Reims, Caen ou Saint-Étienne. Le redire et s’en plaindre ne suffira sans doute pas, mais pour l’heure le programme rock-pop-électro-etc de l’automne est aussi terne que le “tout nouveau“ revêtement de la place Saint-François : sempiternel pavement (je ne parle pas du groupe indé, hihi, qui serait sans doute nettement moins cher), cette pierre bas de gamme, à peine posée, abimée ici et là, semble déjà, sous le soleil de cet été, comme teintée dans la masse à grands renforts d’une mixture de graisse de vidange et de chewing-gum piétiné. Noir c’est noir. La fontaine est certes intacte sur la place vide, les goélands partis avec les pêcheurs… J’imagine assez bien les musiques actuelles niçoises affalées dans un coin, faisant la manche avec une boîte d’anchois ou un gobelet de “café à emporter“, telles de pauvres réfugiées. Roms sonores dans leur propre patrie culturelle…
 Pourtant, il existe encore une poignée d’irréductibles, et comme le disait Didier Deschamps à Cap d’Ail il y a peu, il faut rendre grâce à la passion et la ténacité des bénévoles, et respecter leur travail considérable. Pour preuve, ce texto reçu pendant le concert de BF : « A quelques encablures du Mamac, pendant ce temps, une quarantaine de chanceux n’en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles en assistant à un rare concert solo de Peter Milton Walsh, membre d’un groupe australien légendaire : The Apartments. Leurs cœurs n’en finissent plus de palpiter. » Que dire, hormis que nous sommes très heureux pour ces privilégiés ! Il est juste incongru - mais significatif et typiquement nissart - que des dates haut-de-gamme de ce genre ne puissent être au moins hebdomadaires mensuelles et en soient réduites à la rareté, voire à la confidentialité (qui certes, en l’occurrence, arrangeait l’artiste), combats clandestins menés par quelques puristes alors que la mairie possède tout de même des escouades de salariés de la culture…
 Eh bien, le voici passé le cap des quatre paragraphes… Après avoir ri de bon cœur en voyant la tête du Popé collée aux vitres closes de la boutique du musée, demandant s’il peut faire rentrer cette bière qu’il brandit, animé d’un schlague espoir, nous gagnons les superbes terrasses sommitales de l’édifice, où nichent les nappes sonores de Benjamin Fincher : séquences de voix en écho, effet spatial des synthés, haute atmosphère. Public tout sage, installé par terre, coussins ici et là, très peu d’éclairage sans doute pour mieux savourer le glissement de la voûte céleste, et prêter l’oreille aux proférations d’Yves Klein - « le blanc est bleu » - réverbérées comme par la voûte d’une église cosmique. Aucune boîte à rythmes dans cette pièce musicale d’une heure. Le croissant de lune est cerné d’un halo signe de lendemain nuageux. Bambo s’enquiert de la présence du bar. Assis au bord de la scène, je m’absorbe dans la contemplation des tôles perforées en inox. C’est joli, cette surface luisante, percée de petits ronds à petits rebords, souple sous le pied… Cela étant, notre ami JB, que l’on sait sujet au vertige, ne semble pas s’apercevoir qu’il est suspendu à trente mètres au-dessus de la rue. On préfèrera cependant l’en avertir plus tard, après la fin du concert… Voici un doux bruit de tuyère synthétique, à peine troublé par un crissement de pneus sur le boulevard, puis par un hurlement lointain, sans doute légitime. Sur l’une des terrasses en face, des gens sont alignés comme sur le pont d’un navire, tournés vers le mur de feu d’Yves Klein, qui doit s’allumer vers 21h. Vu qu’ils sont de dos, on ne sait pas s’ils entendent, de là-bas, les murmures du Masque de Sommeil. Dans sa dernière partie, celui-ci adopte une forme sonore que je qualifierais d’« hélio-marine » voire discrètement « Thalassa » (grand respect pour cette émission de la chaîne “FR3“, comme la nomme encore Baldu), avec des moments quasiment à la Jean-Michel Jarre - les nappes plus amples, comme des vagues de son, avant une conclusion plus robotique. Dans un reflet diffractant les spectres lumineux des deux uniques projecteurs, une fourmi trace sa route bravement, absolument seule, sur l’inox chatoyant d’une large baguette, en route pour une galaxie lointaine. Alors, la Tour du Vieux-Nice sonne 21h, le mur s’embrase bientôt avec sa multitude de becs de gazinière. C’est la fin du concert : Benjamin Fincher, patiemment, a su faire sienne la flamme bleue d’Yves Klein…          
 Texte : Arnauld H.
Photo : Julien Griffaud
Masque : Emmanuelle Catlin
1 : Les Charançons : voilà un nom de groupe néo-yéyé parfait ! La municipalité soutiendrait à coup sûr.
2 : A ce propos il faut noter une implacable évidence : si « le Jazz » a pu s’enorgueillir - à outrance mais à juste titre - de faire jouer cette année les vétérans de Massive Attack, une formation débutante au potentiel comparable plafonnerait vite dans la Nice actuelle, faute de salles et de structures, et devrait sans doute s’exiler dans une capitale… Pour le dire autrement, un nouveau Massive Attack ne s’épanouirait jamais à Nice, alors qu’il a pu le faire à Bristol. Mais bon, on a (?) Hyphen Hyphen.    
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altriviera · 6 years
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Auto_tune Spitters - Critical Strike
Auto_Tune, c’est la critique en voiture, le banc d’essai paysager… à la vitesse du son. On y défend avant tout des groupes émergents/confirmés de la région PACA, dont on a placé un CD ou du mp3 dans l’autoradio. Carnet d’entretien mélodique… 
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 Je sais ce que vous allez (peut-être) dire : « Mais qu’ont-ils fait à Alt_Riviera, cet été ? Invisibles sur les lieux de concerts, les festivals, les évènements culturels, silencieux sur la toile… Alors ? » Bah, disons que nous fûmes fort occupés par ailleurs… Les programmations estivales en PACA ne sont pas en cause, même s’il est vrai que la surprenante annulation du MIDI-Festival occasionna une coupe sévère dans notre saison indie varoise. Mais voilà : on est encore là, comme disait NTM ! Aussi, pour cette rentrée, voici un Auto_Tune élaboré et mûri au plus fort de l’été : sur le circuit Alt_R, nous avons testé pour vous le récent CD des Spitters, ce Critical Strike dont la pochette équivoque - entre CBGB’s et motorcycle-club toulonnais - est tout à fait conforme au décorum spittérien.  
5h40 du matin : contact. Alors que la chaleur semble avoir opté pour une nuit blanche, ma Saxo  se réjouit de pouvoir s’ébattre cheveux au vent. Je pose négligemment la pochette du disque contre mon sac de randonnée appuyé sur le siège passager. Destination Saint-Etienne-de-Tinée, pour une excursion d’importance : le mont Ténibre (3031m) via le refuge de Rabuons. Ascension exigeante avec ses 1900m de dénivelé sur 9km environ - à déconseiller aux noctambules du Vieux-Nice et tout particulièrement aux clients du « Poupadou » ou du Pompéi… J’imagine que c’est l’heure des arrêts de jeu dans les rares pubs et boîtes encore ouverts, et que certain.e.s espèrent les prolongations puis les penalties… Avec en ligne de mire, et en guise de trophée, la grisaille d’une migraine réverbérante.
 Dans la moiteur ambiante, nous avons pris notre envol depuis « Las Vegas », au-dessus de Nice-Nord, pour l’A8. Laissés sur place par une camionnette « Molnar » puis par une autre, tout aussi blanche, entreprenante et pressée de goûter aux flashes. Mais la rareté des véhicules, en ces heures nocturnes, reste un délice que l’on sirote - attention tout de même aux fameux “retours de boîte“… RN 202 bis : j’ai attendu pour appuyer sur « play », car nos “Cracheurs“ proposent le plus souvent des réveils violents, et j’ai besoin d’un peu de temps to get ready. La première chanson de cet album Critical Strike, “Can The Dog Bite“, agit en effet tel un expresso ultra-tendu avec sa minute punk effrénée, son solo de guitare rudimentaire et têtu, l’acidité des voix martelant les quatre mots contenus dans le titre. Là - et dans un rictus un peu douloureux - je repense à une phrase de mon collègue Stéphane Lefebvre dans son roman Opale : « Un café sans sucre, obscur, serré et amer, un antidote brûlant, qui décolla ma langue de mon palais, et me radiographia l’œsophage puis l’estomac. Du Destop naturel. » Je pense que les Spitters apprécieront la comparaison. Petite pause. La 2, “I Can Call The Bomb“, nous ressert une tasse - fumante - avec un solo encore plus rapide et plus raide, et un risque d’ulcère de l’estomac, puis bientôt du cerveau. - Je suis fou, tout de même, d’entreprendre de telles auditions de grand matin… Surveillons le compteur car voici la sortie Carros, et il ne s’agirait pas de prendre la bretelle à 120 pour 70. Heureusement que j’aime les Buzzcocks et que tout cela s’accorde assez bien avec la teneur sportive de ma journée… Voici “Fuck You“, vraiment trop punk et rapide pour la circonstance… Il me semblait par le passé que nos Spitters avaient un penchant power-pop discret, mais affirmé, c’était fort appréciable, non ? Ce titre - pour le traduire poliment - répond sans ambages que non, ce n’est plus d’actualité. Mise sur « pause », pour retrouver un peu de calme, le temps d’en finir avec la vallée du Var.
 Dès les premiers lacets dans les gorges de la Tinée, toujours aussi déraisonnables avec leurs immenses falaises gainées de résille, émerveillement : la fraîcheur, qui paraît sans doute plus vive qu’elle ne l’est réellement, investit peu à peu l’habitacle, après avoir soulagé de ses froides coulées le bloc moteur. Des pans de brume au parfum de pierre stationnent aux abords des coteaux, ou fument, vapeurs animales, au-dessus des prairies et des bosquets… Majestueux. Je dirais même un peu wagnérien, même si ce n’est pas la saison. On se sent alors requinqué pour la 4, “Tonight“, qui cogne comme une sourde, poussant au maximum les gros cylindres d’une bécane préparée par Big Earl, et pilotée par un fondu arborant un dragon ivre sur le blouson qu’il a hérité de sa grand-tante. Au passage, deux remarques : 1) les “bikers“ du Sud font rarement, sinon jamais, le petit signe international de remerciement lorsqu’on se rabat pour leur laisser plus de place : ils craignent vraiment. 2) Je ne peux que mesurer l’absurdité de certaines limitations de vitesse : après la controverse récente sur les 80km/h, je note une alternance sans queue ni tête(-à-queue) de 70, 80, 90 (des mensurations de motard-mannequin), alors même que cette route de la basse Tinée est déjà périlleuse à 60-70. Hypocrisie fine ou bêtise épaisse de certaines limitations ? Cela dit, une Audi A4 rentrant de boîte, visiblement bredouille, puis un énorme 4-4 asiatique me contredisent en effectuant des dépassements rageurs. Ma consternation est interrompue par une constatation : le ciel se dégage peu à peu, la perspective d’orage s’éloigne, bonne affaire. C’est alors que “Like A Watchdog“ confirme l’embellie, en proposant une intro enfin un peu plus mélodique - quoique toujours véloce - avec notamment ce changement de tempo bien inspiré. Le refrain hystéro-punk réaffirme cependant une volonté de “critical strike“ coïncidant parfaitement, quelques km plus loin, avec le passage d’un troupeau conduit par un punk à chien matinal. Le gars me fait de grands signes, je crois qu’il va me demander de le dépanner. En fait non : c’est juste son troupeau de chiens (semble-t-il encadré par des chèvres) qui chemine le long de la D2205. Un camion blanc roule au pas juste derrière : peut-être qu’il va rembarquer tout ce petit monde après que chacun se soit dégourdi les pattes. Avec “I Fall Into The Dark Hole“, l’embellie se prolonge délicieusement : la voix un peu moins acide, comme effilée par la reverb, parcourt une mélodie simple et émouvante qui hisse ce titre au rang de classique spittérien, de tube incontestable de l’album. Dans un esprit plus Pixies, avec une orchestration plus rock et équilibrée, cette chanson est comme le prélude d’une ascension mémorable. Mes baskets de trail n’en perdent pas une miette, elles auront à cœur ce matin de placer à leur tour les potentiomètres sur 11. En tout cas je remets avec plaisir ces pistes 5 et 6, le temps d’arriver à la boulangerie de Clans, faisant une entrée remarquée sur un parking vide. Ah, voici notre 4-4, avec à bord une mignonne passagère assoupie, dormeuse sur laquelle on saurait veiller, en 4e vitesse. Son irascible conducteur ressort de la boutique : en réalité c’est un pépère tout sourire derrière ses lunettes de daron, et nanti d’un sachet de viennoiseries. Sans doute fuit-il la ville… Pour autant, la campagne n’est pas toujours simple : le boulanger, qui a déjà sorti de jolis pains cacao-fruits secs, en a après son four à bois, qui - je cite - « a décidé de faire chier aujourd’hui ». Il s’emporte de plus belle sur la pauvre masse indolente de brique et de tôle. « - Casseu-leu ! rigole un petit vieux. - Putaing’ de four, il veut pas, aujourd’hui ! »  
 Mais voici, servie sur quelques hectomètres de bitume, la fin de l’album (qui totalise… 16mn) : d’abord avec “Want It“ - toujours ce parti-pris punk-rock très speed, ces refrains qui vous vrillent les oreilles et semblent faire écho aux innombrables affichettes fluo que le comité des fêtes d’Ilonse a punaisées à tire-larigot, au bord du chemin, afin d’annoncer son festin des 3-4-5 août. Pour tout compliquer, une petite tranchée rosâtre s’étire sur la route : c’est contrariant car, selon un panneau, il faut éviter de la couper. On se concentre pour suivre la courbe et on n’y parvient pas. Début de migraine ophtalmique. On comprendra plus tard que ce boudin de couleur “cup-cake framboise“ ou “muffin fruits rouges“, destiné à être recouvert d’asphalte, protège la fameuse Fibre, dont l’installation a coupé de toute communication l’ensemble de la vallée il y a quelques jours… Enfin, voilà, c’est la 8, “You Turn Me On“, avec sa mélodie à la “Bitch Boys“ (je reconnais même le titre fameux “Slut John B“), son piano et sa rythmique de grand classique 70s : on a ainsi droit aux chœurs, au solo tranchant, à l’accord frappé, obstinément, sur les touches blanches, à une conclusion parfaitement coupée… Bravo… Et, par conséquent, album que nous conseillons si vous voulez attaquer et battre des records personnels !
Texte : Arnauld H.
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altriviera · 6 years
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Rockorama 2018*
* Robots in Disguise (UK) / Safia Bahmed Schwartz (FRA) / Dj Oil (FRA) @ Festival Rockorama [soir 1], le 29.06.18
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Retour rapide (= en moins de trois pages) sur une édition anniversaire et gratuite au cours de laquelle les programmateurs se seront fait plaisir, dans un esprit de fête et de partage plutôt que de grande exigence musicale. Assurément, nous aurions eu mauvaise grâce de bouder ledit plaisir, aussi c'est en trio inédit – Cath Arsonist, Ju' et moi – que nous décollions de Nice pour deux heures d'A8 agrémentée de quelques bouchons, avant de parvenir enfin, heureux, auprès du fameux bathyscaphe FNRS3, aux abords d'une rade parfaitement climatisée par le petit vent d'ouest. Tandis que je faisais le point avec Sébastien de Lèvres de Beurre (dont nous avions raté le concert) et ses enfants, Ju' était déçu de n'arriver que pour la fin de Section Azzura, mais leur reggae tempérait lui aussi rapidement les choses. Après un autre point toulonnais en compagnie de Boris, Cath testait le rougail saucisse d'un petit stand tandis que j'hésitais à m'acheter une part de cade. Passionnant. Une balade autour du site jusqu'aux confins de l'énorme tour Royale confirmait trois théorèmes que les Niçois connaissent par cœur : un, les Varois savent nous faire profiter de lieux magnifiques ; deux : leur public est mignon, cool et bien sympathique ; trois : le Var nous dépayse toujours autant malgré sa proximité, et l'air y est vraiment, farouchement, délicieusement différent.
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C'est donc l'esprit bien en vacances que nous nous empressions autour des filles de Robot in Disguise. Ce groupe anglais déjà en partie légendaire était là pour faire danser au son de ses mini-tubes résolument placés sous l'égide de l'amateurisme. Voix de crieuses sur fond de batterie à peu près carrée et de lignes de guitares sans sophistication, et (mais) une sorte de grâce mélodique, un petit mystère de charme et de fraîcheur malgré tout. Le public se trémoussait donc de plus belle, sans s'être (dé)concerté, et le résultat était fort cool - il aurait plu à Claire, mais cette dernière devait une fois encore, j'imagine, être en train de passer le 16e dan d'un art martial quelconque (combinant sabre, bâton, baguettes, nouilles, pieds, poings, shiba-inu et crêpes bretonnes) et n'avait pu venir.
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Le temps d'une bonne pause, on contemplait le site depuis le gazon frais qui jouxtait le bar, puis on était fin-prêts pour découvrir « en live » le groupe Faire. Passons sur les jeux de mots qui nous vinrent à l'esprit dès l'entame de ce concert - « ni fait ni à faire », « allez vous faire », etc – et rangeons le trio dans une case, comme nous avons toujours besoin de faire (pardon) : j'y colle soigneusement l'étiquette « suiveurs de La Femme » - en nettement moins raffiné, les paroles étant en effet d'une nullité qui n'a pas même l'alibi de la drôlerie. On sent une grosse envie de faire des tubes de La Femme et de les jouer comme La Femme sur leur troisième tournée, ce qui n'a aucun sens mais peut toujours s'avérer un bon choix commercial – ça, je ne dis pas le contraire. Le tout emballé dans un « concept » qui veut faire farfelu, celui de la Gaule-wave, et interprété à l'aide (enfin...) de tenues grotesques (encore et toujours les ravages involontaires du Secours Pop' chez les étudiants en art) et de gesticulations fatigantes, ennuyeuses, sans queue ni tête, qui voudraient faire croire à d'authentiques bêtes de scène made in France. Plus Faire-play que Cath et moi, Julien décèle et salue chez ce groupe un tempérament digne des orchestres de foire des années 80, entre salle des fêtes et podiums RMC, entre parties de flipper et groupies permanentées « pour ressembler à Kim Wilde ou Pauline Lafont ». OK ; cela dit, bien qu'éminemment sensibles à ces dégaines et sonorités qui baignèrent notre enfance, il nous est impossible en 2018 de savoir quelle est la part de sincérité en de telles attitudes : les Faire sont-ils des puristes, de gentils énergumènes allaités par le Châteauroux des années Mitterrand, ou bien des VRP sans foi ni loi shootés aux années Macron ? Réfléchissons... Hmm... Il me semble que la réponse est dans la question, comme on dit. Pendant ce temps, Faire a balancé un ou deux bonnes compos énergiques qui nous arrachent un demi-sourire, et a prouvé qu'il possède au moins un bon guitariste. JayBee n'est pas là mais on sait qu'il hait déjà Faire. Julien n'est pas trop déçu. Moi je prends des notes, sachant qu'un tel groupe permet au moins de me faire faire des phrases.
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On attendait donc beaucoup de la dernière artiste (n'oublions pas tout de même DJ Oil, qui mixera pour clore la soirée), cette intrigante Safia Bahmed Schwartz. Avec son nom alambiqué (« quel nom compliqué... Hubert Bonisseur de la Bath, mais ici je suis Lucien Bramard ») et son pedigree d'artiste contemporaine, avec ses clips stylisés mais équivoques, je nourrissais une certaine méfiance - encore accrue par l'attente - au sujet de ce concert. Mais la voici qui apparaissait dans une lumière bleue et un son de trap lourde : je m'en allais donc retrouver Ju' tout au bord de la scène... Si tu as l'habitude de franchir la première page de mes commentaires interminables et de supporter mon petit ton post-hipster, tu auras peut-être remarqué que dans de tels cas (où je vais un peu à reculons voir un groupe en concert), cela se solde souvent par un surprenant « mais soudain, d'entrée, un.e.tel.le balaie tous nos doutes (n'ayant pas le courage de dire « mes doutes») etc etc ». Eh bien c'est exactement ce qui se passe ce soir : la mousmé qui est montée sur scène défend crânement un concept (encore un) plutôt courageux : celui d'une performeuse-conteuse qui va nous susurrer des textes entre deux eaux, sur les fonds sonores qu'envoie la régie, à sa demande. Incidemment, le fait que la jolie Safia arbore une combinaison transparente en lambeaux de plastique, sous laquelle elle ne porte rien d'autre qu'un ensemble de sous-vêtements noirs (dont une culotte échancrée) n'oblitère en rien notre objectivité, non-non, pas question. Les textes sont très bons, les musiques percutantes, électro, un tout petit peu datées parfois (on pense aux productions rap des années 2010-2015, au premier Orties...), le jeu de scène très au point. Il faut une certaine bravoure mêlée d'intelligence pour proposer un tel show de nos jours, isn't it ? Les titres emblématiques défilent, ponctués par un lâcher de biftons dessinés et photocopiés par Safia, ses chorégraphies stylisées et ses sourires reconnaissants. Une belle sudiste, placée tout devant, connaît les paroles par cœur. Certains badauds restent incrédules, hésitent entre admiration et rejet, mais ce spectacle capiteux magnétise une bonne partie de l'assistance. Puissance, talent et douceur de Safia Bahmed Schwartz, choix parfait du Rockorama, fascination d'Alt_Riviera. On en voudrait « toujours plus, toujours plus fort », comme le chante si bien l'artiste. Certains machos venus se rincer l’œil sont ébranlés, contrariés, presque furieux, mais ce n'est pas grave : ils rentreront chez eux, grincheux, comme après une finale perdue, avant de revenir un jour, puis toujours, à ces titres, racontant plus tard à leurs enfants : « J'étais un féministe, à l'époque, et Safia Bahmed Schwartz, moi je l'ai vue en vrai : un grand souvenir »... Je n'ai rien de mieux à ajouter.
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Texte : Arnauld H.
Photos : Julien Griffaud
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altriviera · 6 years
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Comment Alt_Riviera s’en vint à Toulouse puis lors du festival Rio Loco rencontra le merveilleux groupe de psyché turc Altin Gün *
* Ebo Taylor / Kokoko ! / Altin Gün ... @ Rio Loco Festival, le 15-06-18
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Après nos récents chapitres rock puis trap, voici celui des musiques du monde (comme on dit)… Après Nîmes et Nice, voici donc Toulouse. Oh, je sais bien ce que vous allez dire : « Arnauld H. va encore nous prouver par Alt + Baie (des Anges) que Nice est à la traîne et que l’herbe est plus verte ailleurs ! » Pas faux, pas faux… Je ne puis en effet nier que Toulouse soit trop forte pour Nice sur bien des plans. Hormis - hormis - deux choses, trois, même : la mer, la montagne, et l’Italie. Pour le reste, c’est donc avec délice que je décolle dès ce jeudi 14 au soir (au prix d’un Uber pour Antibes) en longeant la somptueuse Côte d’Azur alanguie telle une baigneuse fauve (que j’imagine italo-russe) en bikini minimal le long de l’ultramarine merveilleusement ridé par une empreinte digitale ininterrompue… Iles de Lérins, Estérel - j’adresse un regard enamouré à Saint-Tropez puis je salue avec componction la dinosaurienne Sainte-Victoire, puis Aix-en-Provence -, je détaille les courbes du Tarn… C’est ainsi que l’easy-jet-set fait le point dès 20h avec Mona, notre pote installée depuis peu dans la Ville Rose. Comme fait exprès, débute ce même soir la 24e édition d’un festival populaire, thématique et pointu, autant engagé dans l’éducatif que dans le festif : Rio Loco. Après les mondes celtes en 2016 et les îles de l’Océan Indien l’an dernier, c’est le thème des rumbas du monde qui a été choisi cette année. Je vois déjà vos sourires qui m’associent à la rumba, aussi me suis-je fait discret et n’ai-je pas emmené mon t-shirt Trap Lord, qui attendra d’autres réjouissances. Ma mission n’est pas faire de faire de l’esclandre, mais de me concentrer sur la soirée du vendredi 15, avec ses stars Mike Ladd, Ebo Taylor, Kokoko ! et les géniaux Altin Gün, dont j’arracherai une interview quel qu’en soit le prix…
 Je passe sur ma journée de tourisme en ville - car je sens que tu es ici “tout pour la musique“ - mais il me faut souligner que les Toulousains sont d’une douceur et d’une politesse quasi-outrageantes pour le Nissart (leur côté rugby sans doute) et que le prix modique des rafraîchissements, même sur la fameuse place du Capitole, ainsi que le professionnalisme des serveurs, exclut d’emblée toute comparaison avec Nice (cela vaut mieux sinon je vais sortir des épithètes choisies). C’est donc au terme d’une grande promenade de bobo, sinon de hobo - depuis une conversation matinale, dans le jardin des Plantes, avec des coqs de parade et leurs amis canards dignes d’une toile de Jouy, suivie, entre quelques gouttes, d’un marché de qualité aux Carmes, d’un peu de cassoulet et de fritons de canard, - jusqu’à la contemplation émue de ces briques qui m’évoquent, en plus plates et pâles, celles de mon Nord natal - bref d’un parcours de pur touriste, jalonné de moult Toulousaines bien élevées -, c’est donc après cela que l’on parvenait à la Prairies des Filtres, beau parc tout en longueur où se tenaient les spectacles de la soirée, en bordure du fleuve. Dans un creux idyllique dudit parc, un superbe espace-presse visible depuis le pont me narguait de plus belle.
 Disons-le tout net : à cause de Mona et de sa dépendance au bibimpap du Boli Café, et du vin coréen aussi, certes tous délicieux, on manquait l’immense rappeur et poète Mike Ladd, qui épaulait Arat Kilo et Mamani Keita, et de ça je ne suis pas fier. Cela dit, je tâchais de me rattraper en me positionnant au plus près de la grande scène Pont-Neuf (le plus ancien pont de la ville, le médiéval “pont vieux“ n’existant plus que par une arche esseulée) et au contact de l’accès à l’espace-presse, de façon à pouvoir intercepter Altin Gün au cas où nos Turcs bataves feraient un passage côté public. N’ayant pas obtenu d’accès “pro“, j’en étais réduit à agir comme un renard, voire un ramasse-miettes, dans le but de vous offrir un reportage de qualité. Inquiet mais étrangement confiant, je me souvenais qu’Alt_Riviera était tout à fait capable d’arracher une interview croisée à Beyonce (avec ou sans Jay Z) et Kim Jong-un au coeur d’un bunker sous l’île de Ré, et que tenter de nous stopper est à peu près aussi illusoire que si Nicolas Sarkozy cherchait à plaquer un Teddy Rinner lancé à pleine vitesse… Trêve de divagations, retour au son. Avec un grand, grand Monsieur (comme dirait Patrick Sébastien) : Ebo Taylor. Ce Ghanéen octogénaire vêtu d’une sorte d’élégant pyjama chamarré est un artiste essentiel du mouvement highlife - entre jazz, soul, funk, et donc afrobeat. Quasi-inconnu hors d’Afrique jusqu’aux années 2000, il propose avec son big band familial de jeunes loulous une musique de transe plutôt démente, fusion aussi virtuose que simple et généreuse, reposant sur une section rythmique volcanique (pardon pour les adjectifs un peu réchauffés mais sincères), ornée de cuivres incendiaires autant que de chœurs obsédants - avec notamment ce “Mumudey Mumudey“ final qui envoie le public ravi au tapis volant. Merveilleux. Nombreux sont ceux qui de nos jours parlent à tout propos de “bonnes vibrations“ : je pense qu’ils reconnaîtront l’intensité et la primauté absolue de celles-ci.
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Le rappel joué par le groupe d’Ebo Taylor (qui a quitté la scène comme sur des patinettes) ayant agréablement et largement outrepassé l’horaire prévu, on décide déjà de se replacer stratégiquement près de la scène Village, à quelques encablures de là. Hors de question de manquer Altin Gün. Pourquoi eux, me direz-vous ? Eh bien ce groupe qui m’a été signalé par Julien - lequel sait mon goût pour le psyché turc 70s - est le plus rock de toute la programmation, d’où notre choix de tout miser dessus. Rassurez-vous, pendant ce temps Mona est allée superviser les fabuleux Kokoko ! (avec leurs instruments bricolés) mais se dit peu séduite par une musique par trop répétitive. Puis, après un tour sur le site, nous campons sur l’herbe en fumant comme des sapeurs (ce qui ruine mes semaines d’abstinence). Un mot sur l’organisation : rien à redire, avec ses innombrables stands de nourriture exotique, ses bars et ses longues tablées, Rio Loco donne dans le familial et l’amical, sans artifice, l’on converse ainsi agréablement avec des gens calmes et aimables, ce qui change de Nice. Certes, les tarifs ont été relevés à dix euros la soirée, mais vu l’affiche ça reste correct. Passage en drone au-dessus du public : toutes les générations sont là, tous les milieux, toutes les nationalités sans doute, et si l’on ne craignait que la formule ne soit trop usée par sa fourberie intrinsèque, on ressortirait à notre tour la fameuse devise « black-blanc-beur »… “So vingt ans après“, 2018 FIFA World Cup Russia TM oblige. Avec Mona, on se dit soudain qu’un attentat ici serait vraiment absurde… Hmm… du coup ça voudrait dire “intéressant“ pour un daech’pressif, non ? Plus sérieusement, j’ai une pensée pour Thomas Weber (et pour moi aussi) à la vue des myriades de beautés métissées (ou pas) dont les manières simples et douces et la circulation chaloupée peuvent engendrer, à force, une tachycardie bienheureuse et des surimpressions optiques. Passons… J’oubliais le seul défaut manifeste de Rio Loco : pas le moindre étal de vins régionaux, c’est vraiment regrettable en plein cœur de l’Occitanie. Je reste bête et, frustré, porte aussitôt réclamation à l’accueil. Mona quant à elle réclame des mojitos mais sait très bien que ça ne passera pas… Elle se rattrapera tard dans la nuit, au Snapper Rock, un pub australien équivoque (mais au personnel très gentil), me forçant à boire à l’aide d’une double paille dans un énorme « bucket » (pensée pour toi, colonel Sanders) du “mogiteau“ infâme, au milieu d’une ambiance masculine & trap racoleuse qui fait froid dans le dos.
 Happiness is an Altin Gün - Enfin on y arrive. Ce groupe est l’assemblage assez miraculeux, d’une part de la section rythmique du troubadour néerlandais Jacco Garner, et par ailleurs de deux chanteurs originaires venus du Bosphore, via Facebook : la piquante diva Merve Dasdemir et le timide virtuose Erdinç Ecevit Yildiz. Comme par enchantement, cette combinaison permise par les réseaux sociaux aura fonctionné d’entrée, Jacco Gardner en profitant pour produire un premier album, On, sorte de compilation contenant des reprises d’airs traditionnels turcs (Altin Gün signifiant âge d’or). Le bassiste Jasper Verlhust (il répondra ensuite à nos questions, voir plus bas), leader discret qui rêvait d’un projet de rock psyché turc au sortir d’un concert à Istanbul, aura donc été exaucé. Après avoir impressionné tout son monde aux Transmusicales de Rennes, c’est donc une formation déjà très prisée par les festivals et les connaisseurs - et pour tout dire le style de découverte que nous traquons sans relâche ni snobisme - que nous attendions avec excitation, dans la fraîcheur graduelle de ce soir ennuagé. D’autres questions ? Prêt.e.s ?
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Devant une foule dense et surexcitée, Altin Gün joue comme l’Ajax ou la Hollande de Cruijff : football total et utilisation intensive des ailiers (les deux guitaristes). Les défenseurs  - batteur et percussionniste - montent dès qu’ils le peuvent. En pointe, un duo magique : Merve et Erdinç. Dès la première minute, un but somptueux, “Tatli Dire Güler Yüze“, merveille de chanson totale : section rythmique ultra féline aux nuances baggy (certes pas aussi surnaturelle que celle des Stone Roses), refrain fluide et sensuel de Merve, riffs de guitare Gibson SG - forcément perforante - et de synthé qui embaument l’Anatolie… Le second titre, dans la même (groo)veine, met davantage en valeur le sobre (voire inexpressif) Erdinç, lequel chante aussi bien que sa collègue, même si c’est cette dernière qui fait chavirer hommes et femmes avec son timbre magnifique, sa puissance vocale, son sourire et sa danse orientale. Enthousiasme, et paradoxe : on ne comprend strictement rien aux paroles alors que l’articulation et le volume sont parfaits, tandis qu’on ne comprend généralement rien à celles des interprètes français, quel que soit le genre… Mais déjà A.G. plante une troisième réalisation en pleine lucarne : le tube “Goca Dünya“. (Et si un jour une superbe Stambouliote me chante ça rien que pour moi, je l’épouse aussi sec.) Erdinç semble désireux de passer inaperçu mais c’est mal engagé : c’est bien lui qui pianote ce phrasé serpentin - comme jailli d’une lanterne enchantée - qui fait la saveur de ce titre, et son aisance au synthé est quasiment aussi outrecuidante que sa maîtrise du saz, un luth au manche très fin et électrifié qu’il parcourt en virtuose… Il est ensuite la vedette vocale - à son corps défendant - des titres “Caney“ et “Sad Olup Gülmedim“ : l’on se dit que Jasper a eu le clic doublement heureux en dénichant ce duo yin/yang à une époque où le gnangnan et le baltringue pullulent… Que la musique semble simple, avec une formation pareille ! On comprend que le groupe affiche un air heureux : ça joue à une touche de balle, pas besoin de se regarder sinon pour partager une jubilation légitime. Le récital respectant l’ordre des chansons sur le disque, on comprend que ce soit bien rodé. Avec le tambourin et les trémoussements de Merve, cela devient implacable. Le public est en transe et les gens qui ne connaissaient pas A.G. ou les touristes qui ignoraient Rio Loco ne pourront pas revenir en arrière. Je dresse l’oreille sur “Cemalim“, dont nous avons écouté, avec Mona en fin d’après-midi, la version de 1974 par le Hendrix turc Erkin Koray - soit un des plus grands titres de tous les temps (si, si, écoute). On n’atteint pas ici la même intensité éternelle, mais c’est une très jolie version, et les inflexions de Merve tireraient des grosses larmes de bonheur à Erdoğan. Le concert s’achève dans l’embrasement des derniers riffs crépitants (on se demande si la Garonne ne va pas s’enflammer elle aussi), avec les deux voix décidément parfaites qui “scorent“ à qui mieux-mieux. Le gazon frais est idoine pour récupérer, à-demi allongé. On reste “sur zone“, hors de question de manquer le groupe lorsqu’il surgira des coulisses… Ils sont cernés, ils ne peuvent nous filer entre les doigts… Dix minutes s’écoulent.
Oh, alerte : les voici qui sortent - Merve et Jasper tracent comme des balles, mais ils ne peuvent échapper à un défenseur (modeste) qui a écœuré le LOSC en son temps. Première remarque : ils sont courtois mais on sent bien que nous n’avons pas gardé les cochons ensemble. Soit. Ils sont surtout pressés : il leur faut animer un peu le stand de disques, à 200m de là, illico presto, sachant que dans 10mn les vigiles renverront les gens dans leurs foyers.
 L’entretien avec Altin Gün :
 Une fan me prête main-forte pour féliciter une Merve sérieuse et pédagogue : « Ce que nous chantons, ce sont des airs traditionnels, vous ne pouvez pas comprendre tout ce qui est raconté, mais ce n’est pas plus mal : nous aimons l’idée que la musicalité des mots suffise… » Ah, OK, on doit donc se satisfaire de notre ignorance, super… J’ai soudain une pensée pour l’Education Nationale. « “Cemalim », dont tu me parles, n’est pas la chanson d’Erkin Koray : c’est déjà une reprise de chanson populaire maintes fois reprise. Elle raconte l’histoire d’une femme qui pleure son mari, mais au fond ce n’est pas important de le savoir… » J’ai un peu l’impression d’entendre un prof qui nous fait comprendre qu’on n’a pas à comprendre. Je me sens vaguement chiffonné… mais venant d’une rousse flamboyante qui maîtrise la danse orientale, c’est tolérable. Toujours servile, j’achète à Jasper un des seuls CD qu’ils auront le temps de vendre ce soir. Ils daignent me le dédicacer, Merve ajoutant un petit cœur dans lequel Mona verra un pénis ou alors des fesses, même si je doute que cela ait été l’intention de la diva. La fin, ce sera avec Jasper, par mail depuis les Pays-Bas…        
 Alors, Toulouse et la France vous plaisent ? 
Être en France nous plaît toujours beaucoup. Le public est toujours gentil, et nous aimons le pain français, les fromages et les vins. Et nous sommes très contents à l’idée de revenir bientôt.
 Quel est ton premier souvenir musical ?
 Je me vois en train de danser comme un robot sur les disques de Kraftwerk de mon père.
 Quand et comment as-tu commencé la musique ?
 Après que j’aie vu une comédie musicale sur Buddy Holly à Londres, je me suis acheté une guitare et j’ai commence à jouer du rock ’n’ roll et des reprises 60s avec mes copains d’école. J’avais 13 ans.
 Comment vous-êtes-vous rencontrés exactement, je veux dire Merve & Erdinç et vous, les Hollandais ? J’ai lu que c’était par Facebook… Tu peux préciser ?
 J’ai partagé une annonce demandant des musiciens turcs, et via des amis communs sur FB ce sont Erdinç et Merve qui ont répondu. Dès la première répétition j’ai senti que ça collait instantanément. 
 Êtes-vous des « geeks », collectionnez-vous les instruments ?
 Oui, je l’étais mais j’ai vendu la plupart de mes instruments. Je suis plus un geek des disques désormais ! Quant aux autres, aucun n’est collectionneur, mais nous somme capables d’apprécier un joli son d’instrument ancien, et autres synthés analogiques…
 Que pensent Merve et Erdinç à propos de la situation politique et sociale en Turquie ?
 C’est mieux que nous n’entrions pas dans le sujet… C’est complexe. Nous voulons juste apporter des bonnes vibrations turques.
 Qu’est-ce que vous écoutez et/ou lisez, en ce moment ?
 Nous écoutons de la musique du monde entier mais nous avons tous un faible pour le son des 70s… A la maison j’aime écouter de l’ambient et des disques New Age pour me détendre. A part ça je n’ai pas l’impression qu’il y ait de grands lecteurs dans le groupe ; je vois Merve lire, parfois, dans le camion, mais c’est en Turc, aussi je n’ai aucune idée du genre de livres !
 Avez-vous une devise ?
 “Essayons de ne pas détruire cette magnifique planète.“
 Que pensent vos parents de votre musique ?
Ils l’aiment beaucoup mais je soupçonne que c’est en grande partie parce que je joue dans le groupe ! Mais je pense que nos parents sont vraiment fiers de ce que nous faisons…
Texte : Arnauld H.
Photos : Romaric Pouliquen & Sidi-Ahlan Mascheix
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altriviera · 6 years
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Check The Trap *
* Prince Wally (FRA) / Niska (FRA) / Lala &ce (FRA) / Kalash (FRA) / Alkpote ( FRA) / Vald (FRA) / Caballero & JeanJass (BEL) - Festival Check The Rhyme (Nice), le 01.06-18
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 Checks reconnaissants à Roxane Bessou et Hélène Parmentier…
C’est arrivé : le premier juin, son atmosphère lourde et douceâtre propice à la baignade, et ce Check The Rhyme condensé en une soirée au Nikaia après avoir été annoncé initialement au Théâtre de Verdure. La formule prévue sur deux soirs au bord de l’eau faisait rêver, mais je présume que le maire aura eu peur - une fois de plus, de quoi, je ne sais pas - et aura fait délocaliser cette affiche très excitante qui, devant la Prom’, aurait fait rentrer un maximum de cash, alors que là, ce soir, on s’interroge un peu sur l’équilibre d’un festival qu’on estime toujours autant.
 Cette année, MC*5 et Panda ont misé sur une programmation 100% francophone, bien dans l’air du temps (donc assez trap) mais pas moins audacieuse, avec deux versants : un plutôt gentiment « racoleur » à base de poids lourds (Niska, Kalash, Alkpote et Vald : oui, louuurd) et un autre plus frais et expérimental qui aura eu nos faveurs. Non loin de là, l’équipe de France de football signait une belle victoire face à l’Italie, et l’on pouvait se demander si les Bleus n’allaient pas rendre une visite à leur copain Niska - nul doute qu’ils ne se soient retrouvés on ne sait où pour la fête d’après-match, mais c’est là une autre histoire…
 Pendant ce temps, la bourgeoisie alt_rivieresque et la quasi-totalité des hipsters niçois avaient transhumé, comme chaque année, jusqu’à Nîmes et son TINALS (voir le compte-rendu tranchant de mon nouveau collègue Mr Pickles), tandis que, demeuré seul ici avec mon précieux t-shirt Trap Lord, j’angoissais un peu en pensant aux hordes d’ados qu’il me faudrait sans doute chaperonner durant cette soirée, tel Seth Rogen ou Bill Hader dans Superbad  - un de mes films préférés, cela dit… Chris m’avait dépeint en daron putatif de collégiens en rupture de ban, et j’en venais presque à envisager le forfait. C’était sans compter sur la gentillesse de l’équipe Panda/ALLOVER, qui faisait de son mieux pour me programmer des interviews… Sur la force de frappe, aussi, de la bande à Pathak et sa « connection » marseillaise : ils étaient tous là, ou presque, et j’emmenais même la « so global » Janya dans ma fidèle Saxo, sécurisant on ne peut mieux mon arrivée au Nikaia, sur les parkings duquel l’apéritif avait déjà frappé. Il faut dire aussi que mon t-shirt Trap Lord et ma casquette de cycliste m’assuraient le respect de tous.
 A l’heure où rap et r’n’b, genres les plus populaires, occupent en partie la place de la variété, tu pourrais de bon droit considérer la scène trap comme un symptôme supplémentaire de la décadence qui trace narquoisement son signe de croix sur notre culture (comme le ferait, dans un ricanement impuissant et satanique, un pape noir tiré d’un tableau de Francis Bacon)… Tu pourrais en singer les paroles et l’auto-tune, les refrains bon-marché, t’affliger de son réalisme à la fois déprimant et bravache, de son retard sur la scène US. C’est là le point de vue de la plupart de mes amis. Tu aurais tort cependant de négliger son bouillonnement actuel, sa profusion de projets et de particularités. Avec un talent très variable - et certes parfois de la maladresse - la trap consacre la vitalité (in)contestable du son et de l’écriture made in Francophonie. J’irai même jusqu’à affirmer - histoire de faire hurler à la mort les Arsonists - que le niveau moyen d’écriture en trap est bien supérieur à celui en pop-rock… J’en vois qui décrochent, mais j’ai un argument massif et définitif : outre la trap, c’est en effet la Francophonie qui explose - démographiquement - ce qui fait que notre langue pourrait se retrouver - à condition bien sûr que la France et ses élites ne ratent pas le coche, ce qu’elles réussissent en général avec une aisance confondante - au premier plan mondial dès le milieu de ce XXIe siècle. En vérité je vous le dis : on ne pourra donc pas (on ne le peut déjà pas) stopper la créativité d’expression française dans les genres les plus populaires - rap et r’n’b, et trap désormais. Elle se fiche de notre avis et c’est bien ainsi.  
 Ok, j’en viens aux concerts… Alors certes, comme toute famille - comme la tienne ou la mienne - la famille (t)rap propose un panel large, grouillant, pas toujours glorieux : un oncle scandaleux qui régale la tablée de propos gênants (Alkpote), un tonton qui a réussi quoiqu’un peu paumé (Booba), puis on énumère sur la photo une kyrielle de cousins plus ou moins pâlots et fayots, les uns sortis de leur école de commerce de troisième zone (Orelsan, Nekfeu, je sais, je suis méchant), d’autres quelque peu dégénérés (Mao la Goële), plus quelques sportifs à têtes d’abrutis, quelques énergumènes (Stromae, Biffty), et surtout un tas de gamins qui attendent leur heure en polissant leur trap. Celle-ci déferle sur toutes les couches de la société, consacrant le triomphe d’une (petite) bourgeoisie qui a priori n’avait aucune chance d’intégrer le « game » - pas assez de muscles, pas assez de rue. On n’imaginerait ainsi jamais Orelsan et Nekfeu (je les additionne afin qu’à eux deux ils aient une chance d’approcher la masse de Booba) faire le poids face à IAM, NTM, et a fortiori le Wu Tang ou Cypress Hill. Seulement voilà : comme durant la Révolution française qu’elle est parvenue à confisquer, la bourgeoisie a su en faire de même avec le rap, qu’elle dilue déjà dans la variété depuis un moment - et c’est aussi inéluctable que le mélange d’un acide et d’une base. Qu’ajouterai-je ? Qu’on peut être très sceptique sur la durée de vie de la trap (c’est l’avis de Julien), mais qu’on peut également se demander jusqu’où iront ses hybridations : certains trappeurs (Retro X etc) parlent déjà de « trap rock alternative », et on soyez sûrs qu’à l’heure où je vous parle des groupes indé’ mélangent trap et psyché, trap et métal symphonique, ou encore trap et cold-wave, ou que sais-je encore… Verra-t-on surgir, un beau matin tranquille et serein, un Bertrand Cantrap ? (vu que le vrai arrête). Ou, plus inquiétant, Jean-Louis Aubertrapignac fondera-t-il l’affreux groupe Smartphone, inondant les ondes pour trente ans de stupides refrains ? Un Jean-Jacques Goldtrap ? La trap régénèrera-t-elle la pop ? Plus largement, l’avènement de la trap répond à une demande sociale (je verrai cela plus loin). Mais une question demeure : d’où provient l’ego-trip ? Non-non, pas de Kanye West… Historiquement, je reste incertain… De la fureur poétique ? Des sorciers, des pythies sous fumigations ? En tout cas, je me souviens parfaitement avoir vu et entendu mon oncle Pierre faire des free-styles d’ego-trip hilarants dans les années 80, et cela ne m’étonnerait pas qu’en Mésopotamie, au XXIe avant J.-C. (le trappeur ultime), des poètes partissent déjà en vrille sévère, imbibés de bière aromatisée au pavot et jouant avec l’écho d’un temple d’Ishtar… 
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Allez, les concerts… Mais avant cela, retrouver enfin Hélène Parmentier - qui porte une superbe robe jaune - et partir en coulisses pour les interviews. Rencontre sympathique du beatmaker G Tellaxxxx, mais rdv manqué avec la fascinante Lala &ce, pour deux très bonnes raisons : elle a pris du retard sur la route, et surtout elle n’accorde guère d’entretien avant la sortie de son album. Mais pas grave, on prend date pour plus tard. Direction la salle Nikaia Live (ex-700) et Prince Waly : déjà vu lors de Marsatac 2017 (comme par hasard j’arrive pile au même moment de son petit tube “Rov or Benz“), le rappeur de Montreuil propose des textes pleins d’humour (l’influence lointaine de TTC) sur une base nettement boom-bap, et son show est un régal - la débauche d’énergie du groupe dans une chaleur d’étuve, les interventions simples et amusantes d’un Moussa en nage et ravi, et un public qui affiche un enthousiasme inoxydable. « Vous m’avez usé, les Niçois… » Au-delà de la flatterie d’usage, Prince Waly ne peut que constater que ce public du 06, souvent privé d’affiches hip-hop, possède la passion et l’énergie cardinales du genre, à un niveau rarement égalé qui surprend toujours les Nordistes. C’est rarement, aussi, que je fais un compliment au 06, alors profitez… En attendant, on aurait besoin ici de nos propres princes Waly, histoire de “Soudoyer le maire“.
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Entretemps, Kalash joue dans la grande salle, et force est de constater que c’est quasiment du Patrick Bruel. Pas tant d’ironie que cela dans cette remarque, mais plutôt la constatation que ce rap des îles sait reprendre le flambeau d’une variété grand-public, avec des paroles simples et une musicalité pas négligeable : respect. Pause, on rejoint la horde, direction le parc à nicotine. Ils sont tous là ou presque : Bambo trop calme, Arthur, Janya, Marco - dont c’est l’anniversaire - et les autres. Paisible.s. À l’intérieur, malgré l’heure modeste, un ado ultra-pompette évacue déjà les lieux sur une frêle chaise roulante poussée par la Croix Rouge : le(s) pauvre(s).
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Retour dans la petite salle - lieu de chaos idéal - où jouent Caballero & JeanJass. A priori, leurs vidéos, leurs looks un poil baltringue et surtout leurs noms de clubbeurs ne m’inspiraient guère… En live, c’est pourtant, instantanément, un duo dévastateur et plein d’esprit qui balaie tous les doutes, tels des miettes huileuses de tacos géant sous le revers d’une manche de sweat Trap Lord XXXXL porté par Teddy Rinner. Comme pour Prince Waly, un jeu de scène très au point, un humour sans façon, modeste mais tranchant, et une finesse d’écriture qu’il serait de très mauvais aloi de ne pas relever (cf. §4). La voilà, cette faconde et cet esprit qui font défaut à la pop actuelle ! Et au travers des réjouissants “Clonez-moi“, “Incroyaux“, “Chef“, on savoure l’astuce avec laquelle ces textes explorent la langue du quotidien (toujours l’influence de TTC) sur des sonorités trap finement produites. « Vous êtes incroyaux », soulignent les deux acolytes, forcés de tout donner - ils ne peuvent que constater à leur tour que c’est le carnage dans cette salle Nikaia Live, avant de conclure par une version galvanisante de “Sur mon nom“. Bravo.
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Un détour par la grande salle : le prince (lui se dit empereur, mais j’ai vérifié, il n’en est rien) Alkpote (nom génial), connu autrefois sous l’enviable sobriquet de « rappeur le plus crade de la couronne parisienne » arpente la scène en débitant ses ego-trips, un peu comme mon père quand il soliloque, à ceci près que mon père n’a pas la tête rasée à blanc, ne porte pas de lunettes de soleil de blaireau et ne se balade pas avec une pochette de dealer en bandoulière. Pour le reste, c’est bien un daron qui parle, dans une langue redoutablement précise et éloquente. Nulle ironie ici, encore une fois : il suffit d’écouter les productions d’Alkpote pour s’apercevoir que son vocabulaire possède une étendue peu commune, bien supérieure à celle que j’observe, par exemple, chez mon pote Gillou ou encore chez mes amies agrégées de Lettres… - Eh bien elles seront contentes de l’apprendre, cher Arnauld H. ! - Pas de risque : elles ne me lisent pas !
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Pour reprendre des forces, entre deux brefs aperçus de Niska (toujours du Bruel, version foot), on délaisse le tabac et l’on se tourne (puis l’on retourne) vers ce stand de gaufres de Liège : rien à redire, c’est assez proche de ce qu’on peut déguster “là-bas“, et ça s’accorde assez bien avec la coloration “outre-Quiévrain“ de la scène trap. Adoucis et ragaillardis, on prend patience avant Lala &ce. Prononcer « ace », comme au tennis. Dans la salle, seul.e.s les pur.e.s et dur.e.s seront présents pour apercevoir la rappeuse française la plus énigmatique. Je devrais dire « la rappeuse française » tout court, vu que la scène rap féminine actuelle semble dévastée, décimée par (Disiz ?) la peste. Et ça, d’un point de vue féministe, ça craint… Ce n’est pas MeToo mais plutôt OnlyMe… Tout le monde a convergé vers la salle principale, où doit se produire au même moment l’idole Vald. Mais ici, devant une quinzaine de personnes, sa collègue Lala &ce aura tout de l’idole idéale. Car pour l’heure encore secrète. Je te laisse écouter les titres déjà frappants de cette Londonienne qui se définit plus simplement comme « une jeune négresse » (cf son interview pour i-d.vice.com). A la fois vaporeux, somnambulique, amniotique, anxiolytique, ténu, énigmatique, cryptique, laconique, semblant s’esquiver devant sa propre puissance, le flow de cette « trappeuse » invite l’auditeur attentif à une Kabbale contemporaine, où se perdre comme en une floraison étrange à l’accroissement indéfini. Et les superbes “Bright“, “Cabriole 78“ ou l’inusable “Why so icy“ de s’inviter durablement sur les playlists les plus sélectes. Et là, devant le maigre public, après s’être fait attendre agréablement grâce à son efficient DJ - lequel est flanqué d’une choriste brunette tout aussi efficace - c’est une possible « future grande », apprêtée simplement (un maillot-marinière rouge, un pantalon de sport immaculé et fluide, quelques bijoux, une paire de lunettes juchée sur une couronne de dreads), un peu ici, un peu ailleurs, déphasée mais se mouvant avec une sobriété sensuelle… Plus dangereuse, à elle seule, que les duos les plus agressifs (a fortiori tout le 1995), malgré ce fameux « air de ne pas y toucher » qui est une de ses marques de fabrique. Je suis conquis. Guillaume, de son côté, trouve que le son est loin d’être parfait… Je reste quant à moi ravi de voir un « rap ’n’ roll animal » aussi élégant. Le concert de la soirée selon Alt_Riviera, malgré sa brièveté. « To the happy few ».
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On a un peu de mal à quitter la salle - et l’affluence n’en est pas la cause - mais on se souvient que la sensation Vald a déjà bien entamé son concert. On le supervisera depuis la large galerie supérieure, appréciant le repos mérité d’une chaise en plastique. Je ne sais pas trop pourquoi j’associe toujours Vald à Jesse Pinkman, héros n°2 de la série Breaking Bad… Je vais tâcher de savoir dans ce §. D’abord, admirez les grands moyens mis à la disposition de ce trappeur qui s’est fait connaître il y a pile trois ans : plan de feu inspiré des pontes de l’électro (on pense à Vitalic ou Mr Oizo), hystérie de néons façon Die Antwoord pour enfants : ça sent la t(h)une ! Cela dit, première constatation : Vald n’est pas vraiment une bête de scène, il semble en effet peu à l’aise - à moins que ce ne soit une attitude. Il garde un bon moment sa capuche, tel un collégien rétif, arpentant une scène bien trop grande pour lui. Je dis ça sans méchanceté : rares sont les rappeurs qui font vraiment mieux, et je serais sans doute en détresse au milieu d’un espace pareil. Toutefois, c’est assez touchant de percevoir cela chez ce trappeur dont l’ascension a été plus que rapide, Gillou parlerait même de « croissance exponentielle ». Je pense du reste que son public sait gré à son idole de cette fragilité, s’y reconnaît, la salue, encourage son blondinet de plus belle, comme un gosse qu’on soutiendrait en famille, de toutes ses forces, lors de son spectacle de fin d’année devant toute l’école. Vald avouera d’ailleurs en fin de concert que sa famille est là ce soir, avant de demander le soutien de la foule sentimentale pour un “Lalala“ massif, histoire de montrer cela à la parentèle. Mais pour en revenir à Jesse Pinkman, j’ai trouvé : outre la ressemblance physique assez vague mais suffisante, c’est le côté baltringue, ces oripeaux trop amples et trop frimeurs de celui qui veut cacher son manque d’assurance, d’épaisseur, ce réel complexe devant le professeur admiré - Alkpote ou Walter White. D’un point de vue social, on l’a vu plus haut (plus haut, plus haut), c’est l’accession au rang de star du rap du petit babtou sans qualité notable, issu de son petit milieu, avec son petit flow crânement assumé avec une bonne dose d’auto-dérision (comment faire autrement) - mais aussi, sous-jacente, une réelle ambition. Tu pourrais te lamenter de cette évolution, si ce n’est qu’elle sanctionne assez logiquement la génération de rappeurs précédente, dont la vacuité fut parfaitement symbolisée par son culte de la gonflette. Vald fait donc ce qu’il peut lors de ce « show », et son comparse idem. Par moments l’abus de playback est vraiment agaçant. Mais, contrairement à Nekfeu et Orelsan (on dirait que je les hais) qui, cherchant à accumuler des points de prestige, nous demandent de bien vouloir faire comme s’ils étaient des choco-princes, Vald a du moins la politesse de ne pas nous demander de le considérer autrement que pour ce qu’il est : un petit gars en apparence un peu perdu, mais malin et travailleur. Et qui dit bonjour.
 J’en viens au moment-clef de la soirée : le duo avec Alkpote sur “Plus haut“. Vu par Pathak d’abord : Gui a en effet la chance d’être emmené juste derrière la scène par quelqu’un… Le voici au niveau du plateau. Moiteur, vapeur, noirceur. Il se demande quand Alkpote va apparaître… Un mouvement derrière lui, puis déjà quelqu’un l’effleure : Alkpote en personne s’avance pour son entrée en scène. Au même moment, la voix d’un de ses techniciens - « micrlo-micrlo » -, ambiance à la tunisienne, familiale, qui surprendra et attendrira ensuite Guigui lors de son passage en coulisses. Et là, le départ du King, comme vers un plébiscite, comme dans une tragédie, forêt hurlante de bras dressés vers les cieux… Surpuissant. Vu de mon côté, c’est d’abord la surprise de voir des enfants en transe - notamment ce mini-moi de Vald sur les épaules de son père (pas celui du rappeur) -, j’oubliais de dire qu’il y avait pas mal d’enfants ce soir-là (histoire sans doute de faire se sentir vieux les ados, haha), puis la stupéfaction d’entendre toutes les générations entonner la Marseillaise des Marches de l’Empereur, avec ces versets mémorables : « Pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute pute, salope, plus haut plus haut plus haut plus haut plus haut (encore 11 temps). » Un moment, j’ai une pensée pour les Arsonists : ils en feraient une attaque. Malaise. Des enfants de huit ans s’identifient donc à Vald ? Ou plutôt aux baltringues de leur famille qui n’ont trouvé personne d’autre à qui s’identifier ? Auto-dérision ou impuissance exaspérée ? Les deux ? Ravages de l’ironie ou de la théorie du complot ? Les deux ? Triomphe du baltringue comme modèle humain ? après le chevalier, l’honnête homme, le libertin, le philosophe des Lumières, le romantique, le réaliste, le naturaliste, le scientifique, le surréaliste, l’existentialiste, le hippie, le PDG, le socialiste, le bobo, le sarkoziste et le hipster ?
 Voilà. Il ne me reste plus qu’à vous laisser (plus ou moins) en paix, après ces monceaux d’incertitude. Je vois distinctement Cath & Jay-Bee finir de gober tous leurs Doliprane… Et s’il fallait garder en tête un dernier moment du concert de Vald, ce serait cette version émue, reprise en chœur par des milliers de gens, de “Deviens génial“ (le clip, pompé sur Disclosure, est en ligne depuis une semaine) : rythmiques façon « ERA 1992 », mélodie à la Goldman, paroles à la Bruel, pas une once de grossièreté, et un message confondant de candeur qui ferait passer ceux du pape François pour des grosses vacheries… Est-il vraiment besoin de vous écrire une conclusion ?
Texte : Arnauld H.
Photos : Gustavo Osorio
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altriviera · 6 years
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Interview de G Tellaxxxx
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Le point avec le beatmaker niçois, grand gaillard très affable et ultra-relax qui nous reçoit dans les coulisses du Palais Nikaia…
Parles-nous un peu de ton parcours : tu es d’ici je crois, on s’est déjà croisés !
Oui, je suis de Nice, des Moulins précisément. En fait je viens de la danse, je suis danseur pro’, c’est un métier que j’aime mais j’avais l’impression de ne pas avoir les moyens pour me projeter, me faire des contacts, tout ça : j’en suis donc venu à la production.
 Comment décrirais-tu tes prods’?
Dans mes prods, on trouve beaucoup de mélange : un fond old school, mais aussi un délire new school dans les percussions - l’idée c’est de toucher toutes les générations, tout en restant vraiment puriste. J’ai développé un label, Insolent lab., avec Axl et plein d’autres. Tout est permis dans ce label, avec une ambition : celle d’aller plus loin.
 Que penses-tu de la scène trap francophone ? et de ce qui se passe en Belgique ou en Suisse ?
Cette scène existe au niveau international, et j’aime vraiment le côté « alternatif rock » de certains artistes (il approuve quand je lui cite Retro X ou Jorrdee)… Tout le monde essaie de s’épanouir, c’est une bonne chose.
 Quels sont tes premiers souvenirs de musique ?
Les premiers, ce sont des sessions du Congo, rumba-salsa… Ensuite, à part ça, ce qui m’a vraiment éveillé dans le hip-hop ce sont les classiques : Outkast surtout, mais aussi Eazy-E, Dre, Cee Lo Green, le son de Detroit, Mad Lib, J Dilla… : c’est trop. J’écoutais ça grâce à mes frérots, aux grands du quartier… On avait cette manie de toujours vouloir apporter de la nouveauté.
 Tu évoques ta famille, alors j’ai envie de te demander ce que tes parents pensent de ta musique…
Mes parents ?… Ils ne savent même pas ce que je fais de ma vie… C’est dur de t’expliquer, disons que j’ai eu beaucoup de mauvaises ondes autour de moi, donc j’ai fait en sorte d’avancer avec une team. Mais la musique, c’est juste moi, et je veux créer la surprise, mes parents en sauront plus quand ce sera le moment, quand je serai allé beaucoup plus loin.
 Tu travailles entièrement sur ordinateur ou tu utilises aussi des instruments ?
Je joue de la flûte, de l’accordéon (il sourit en voyant ma surprise)… Je suis autodidacte, j’ai toujours testé, j’ai la chance d’apprendre vite. Là je bosse le piano, c’est nécessaire !
 T’intéresses-tu aussi à l’écriture ? Je veux dire : te verrais-tu écrire aussi, par-dessus tes instrumentaux ?
Tu sais, je reste un beatmaker, j’aime bien écrire mais je me trouve encore un peu timide… La danse, la prod’, c’est déjà pas mal ! Sinon je lis, je m’informe sur ce qui se passe…
 Un de tes concerts t’a-t-il marqué en particulier ?
Celui pour Panda Events : j’étais étonné qu’autant de gens me connaissent. On sait ce que je vaux en tant que danseur, mais je viens d’un milieu où c’est un peu carré - la street, la rue - et où on ne t’incite pas forcément à faire autre chose. Là j’ai une historie à écrire dans la musique, j’en profite pour pousser au maximum, mais je reste humble. Au même titre qu’un Niska (qu’on voit débarquer tranquillement dans le Palais Nikaia) ou un Kalash.
Et ce soir, qu’as-tu pensé de ta prestation ? Cela ne t’a pas déçu de passer ici plutôt qu’au Théâtre de Verdure, comme c’était prévu au départ ?
Sur scène, tout à l’heure, je l’avoue : je n’étais pas prêt !… Je ne parle pas techniquement, mais psychologiquement : c’est grand comme lieu, avec beaucoup, beaucoup de monde, crois-moi ! 30 mn seulement, mais beaucoup d’adrénaline. Je n’ai donc aucun regret : ici ce sont les vrais passionnés qui sont venus, et ça me va parfaitement.
 Propos recueillis par Arnauld H.
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altriviera · 6 years
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TINALS MMXVIII*
* This is not a love song Festival (Nîmes), du 1er au 3 juin 2018
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Si dès sa création TINALS s’est imposé comme le pèlerinage rock indé incontournable pour les sudistes que nous sommes, il faut admettre que la programmation de cette sixième édition nous est apparue de prime abord un poil moins excitante que les années précédentes (moins de groupes et des têtes d’affiches moins gouleyantes…). Pour autant, il faudrait être blasé pour ne pas se réjouir de se rendre à ce qui est sans doute le meilleur festival actuel de rock indé du grand sud (avec le Pointu varois).
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Mes coups de cœur : sans conteste Flatworms, John Maus et Viagra Boys. Le trio californien a livré un set très énergique, sans temps mort, avec un son subtilement crade et puissant, qui fait honneur à ce qui se fait de meilleur dans la scène garage actuelle. Hélas ce fut bien trop court : 35 minutes tout au plus. De son côté, John Maus a été plus généreux - 48 min. Dans une salle comble malgré l’horaire précoce, et accompagné de trois musiciens au jeu assez carré et au son millimétré, il a proposé un live intense et surtout déroutant par ses partis-pris scéniques - coups à la tête et à la poitrine récurrents, headbangings, chant ponctué de hurlements... Un live qui tranche avec la retenue de ses albums et qui démontre une réelle maitrise de sa voix, du micro et de ses possibilités ; j’ajouterai même un post-punk à réverbération qui nous plonge par moment dans des ambiances dignes de la musique de la renaissance ou baroque. Mais la vraie surprise du week-end est VIAGRA BOYS. Un nom qui refroidit d’entrée, et s’il n’y avait pas eu un creux sur la fin de soirée du samedi, je n’y aurais sans doute pas laissé traîner l’oreille. Mais dès les premières notes on est saisi. Une basse ultra percutante et dévastatrice accompagne une formation qui livre un post punk qui oscille entre Suicide et Endless Boogie. Et ce n’est pas la panne de son sur la façade sonore qui a empêché les six Suédois d’hypnotiser la foule. Une remarquable performance. C’est à regret que j’ai quitté la fin de leur concert pour Ty Segall (et je le regrette encore).
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L’instant fraîcheur : Ecca Vandal. Comme un petit air de Skunk Anansie en plus teenage, plus métal et plus rap. Elle aura su relancer la soirée du samedi à un moment où je commençais sérieusement à m’endormir.
La (relative) déception : Ty Segal and The Freedom. Une balance de son ratée et mal équilibrée qui a rendu l’écoute éprouvante par moment.  Le set semblait aussi moins rodé que celui de son précédent passage à Nîmes en 2016, ou alors tout simplement davantage « freedom » en accord avec son actualité... L’horaire tardif (1 heure du matin) a sans doute joué en sa défaveur (j’ai attendu son live toute la soirée). Mais je ne vais pas faire la fine bouche, cela reste malgré tout un plaisir que d’entendre son jeu de guitare très 60’s / 70’s par moments et ses tubes imparables…
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Pétard mouillé : Black Bones. Mené par Anthonin Ternant (ancien membre de The Bewitched Hands), je m’attendais à du costaud. Et si au départ j’ai pensé à Arcade Fire, puis Crystal Fighter, très vite j’ai eu en tête la compagnie Créole…
Le meilleur fond de scène : Vince Staples et ses visuels mélangeant ultra-violence et scènes de sexe Youtube. Son show fut en revanche un poil décevant. Que penser de cette nouvelle tendance qui consiste à chanter par-dessus ses  enregistrements, et où était passé le dj ?  
Regrets : avoir manqué The Spitters et Francobollo qui  jouaient trop tôt le samedi après-midi, ou encore les British d’Idles  et Mike Patton au sein de Dead Cross le dimanche (commencer tôt le lundi quand on habite à 350 km se paye très durement…).
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Les ratés : la gestion chaotique des balances entre les scènes Bamboo et Mosquito, nuisant aux live en cours  (Warmduscher aura pris assez cher avec Flatworms).
Bon point : la possibilité de ramener sa pitance et son eau. L’offre de stand de ravitaillement s’est également améliorée et le rosé m’est apparu pas mal du tout pour un honorable 2,5 €.  
Météo : étant donné le cycle infernal qui sévit actuellement dans le sud, il est évident que nous avons été chanceux…
Faits-divers : la Niçoise exilée à Berlin, Delphine Bissoni, a gagné 2 fois le concours de hula hoop haut la main (et les reins). Les infrabasses de Phoenix ont engendré un saignement de nez chez une certaine Sandra Cillo tandis que la pomme d’Adam d’un certain Jaybee Arsonist a failli quitter sa gorge…
Conclusion : Vive TINALS et vivement l’année prochaine !
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Texte : Mr Pickles
Photos : Florian Folco
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altriviera · 6 years
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Clubbing Chez Moi*
* Itoladisco (FRA)  / Les Ptits Chanteurs à la Gueule de Bois (FRA) / Renard le Rouge (FRA) @ Concert Chez Moi (Nice), le 25-05-18
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Vendredi 25 mai, c’est la fête des voisins. Or avec Concert Chez Moi, et avec le temps, on est tous devenus un peu voisins. Par conséquent, c’est la fête chez Élodie. Sa maison (la plus souvent réquisitionnée par CCM) ravit toujours autant : quel miracle de disposer d’un “bien“ pareil au cœur de Nice-Nord… Mais avant qu’on ne retombe dans notre travers « Century 21 Jump Street », remercions l’abnégation d’Élodie et de ses colocataires qui sont devenus, à force, promoteurs de spectacles. Et leur demeure une référence du (gros) son nissart. Pour preuve, ces trois concerts de soutien au Ti-Fest, évènement estival conçu - avec l’appui de CCM - par l’association tout-terrain Ti’ Pantaï. Emmenée par son attaquant de pointe Gianni, elle réunira tout son monde du 6 au 8 juillet dans un cadre champêtre proprement dément, à Tourrette-Levens.
Je rejoins Ju’ assez tôt, vers 7h : outre les retrouvailles amicales, l’urgence c’est cet IGP Mont-Caume Verdarail 2016 à regoûter, et à faire goûter. Ce rouge varois en cours de conversion “bio“ est une merveille tout-terrain, lui aussi : lancé tel une KTM d’enduro, il laisse sur place et au bord du chemin pas mal de tentatives de vins plus ou moins naturels que des bars branchés (sur 110V), aux noms en forme de calembours, s’échinent à refourguer à des bobos (peut-être vous) en mal de repères. Au prix fort, cela va de soi. Bon, on ne va pas engager un débat sur les vins naturels, aussi parlons de choses qui mettront à peu près toute la compagnie d’accord…
 D’abord, cette observation : les chiens sont vraiment sympas ce soir. Comme souvent, les canidés ont leurs entrées à CCM… sans doute aussi parce que c’est chez eux : ça doit être pour cela. Il y a celui-ci, avec sa barbiche de chèvre, ses yeux comme des billes et son air attentif. Il y a cet autre, patapouf de poils gris qui s’avance doucement « avec son air bonhomme » (dixit Karyn), et se nomme je crois Zolie. Il y en a d’autres, dont un “staff“, celui-là Julien l’apprécie nettement moins. Moi aussi je suis pour les animaux gentils, même si paradoxalement j’aime surtout les chats sauvages, type puma. Je n’exclus pas non plus d’avoir un jour des sangliers, de façon à rendre mémorables mes balades dans le centre-ville. Ou alors, tiens, des loups, que je lancerais à l’attaque des chiens d’attaque, pour remettre les pendules à l’heure. Parlons un peu des gens : assistance hétéroclite et croquignole, beaucoup de nouveaux inscrits, tous réunis sous la bannière de l’amitié et de la bonne humeur. Gianni semble préoccupé par son dossier de presse puis se détend graduellement : on est bien placés pour le comprendre, car organiser un festival sur trois jours c’est un sacré labeur. Mais l’homme est valeureux et a su fédérer autour de lui une famille déjà nombreuse.
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Parmi ses nombreux soutiens, l’intrigante chorale des Ptits Chanteurs à la Gueule de Bois. Avec un nom pareil, anti-transcendant au possible (tiens, ça pourrait faire l’objet d’un concours, je pourrais ainsi replacer mes Pessicart Dolls et autres Sean Paul Préboist), d’aucuns pouvaient escompter un crash avec perte des boîtes noires. Mais la foule envahissait bientôt salon et la Présidente Emma Catlin dirigeait un récital varié, rassembleur, mettant en valeur des visages familiers, des tronches mignonnes issues de la famille CCM, ou pour résumer des faciès qui effectivement arboraient les signes indubitables de la gueule de bois. Rien à redire, donc. Set-list :  “L’estaca" de Lluís Llach, traduite en Niçois / "Wasting my Time" de Mansfield TYA / “Ripe and Ruin" de Alt J / “Violet Hour" de Benjamin Fincher / BO de "Princesse Mononoke" de Miyazaki, l'air de "Ashitaka et San" de Joe Hisaishi / "Sobre et marin" du Skeleton Band. Apéritif éclectique, inédit, pas “clubbing“ pour un sou.
 Dehors, dans la tiédeur de la terrasse surplombant un jardin à la niçoise, Olivier répondait aux questions de Julien à propos de l’avancée du chantier du tramway. Interview Alt_Riviera ? En tout cas cela parlait voussoirs, tunnelier, extraction de (nuit de) boue, exploits techniques sous la rue Cassini, chantiers en Chine… - Et une ligne 100% en surface, ce n’était pas mieux, par hasard ? - Globalement, oui, c’était surtout moins cher, le projet niçois étant, à sa manière, dantesque, comparable sans doute à l’album inachevé Smile des Beach Boys multiplié par l’ultime disque de Johnny puis divisé par un maxi-45 tours de reprises de Dick Rivers par le chanteur (en chantier) coréen Psy… Et là, tandis que je m’imaginais le Gangnam Style quotidien de Christian Estrosi, clameurs à l’intérieur : les PCALGDB s’y taillaient un beau succès. Mais j’accélère sinon on ne l’aura jamais, ce Clubbing Chez Moi :  
 Itoladisco : d’entrée - c’est perceptible depuis le balcon - “ça crache“, fort et clair, « loud & clear », avec une sono plus que pas mal et surtout des titres qui semblent avoir pris de l’assurance… Eh mais, minute : je rêve ou c’est tube sur tube ? Retour dans le séjour : déchirade multimédia : les vidéos de Jérémy percutent elles aussi, énergiques, séduisantes, émouvantes quand voici qu’apparaissent les museaux des muses Jingran et Lisa (et Jérôme se moque de moi). Le son itolien se fait irrésistible. Probablement surexcité par le rouge, je répète à Ju et Manu qu’Itoladisco doit désormais viser les grands festivals électro. Oh, je sais ce que tu vas dire, JB Fincher-Bec : tu es déçu, le set n’est pas au point, « je suis dég’, faut qu’on travaille avec Jérémy »… Mais entretemps, Manu - qui se projette déjà après l’été car voyez-vous le temps passe vite ! - m’a annoncé qu’Aphex Twin jouerait à ClubToClub, à Turin… début novembre, et qu’on irait, lui et moi… Il n’y a pas de coïncidence, cher Finchie, il va falloir que Super Issue devienne partenaire de ClubToClub…  
 Renard le Rouge : ce n’est pas faute d’avoir tenté de déstabiliser ce DJ, en effet il a eu l’idée outrecuidante de mettre un copyright sur ce nom qui nous paraissait taillé sur mesures pour Claire (qui une fois de plus a opté pour son entraînement à Fuon Codéine). Pourtant, toujours pédagogue, il m’explique le choix de son nouveau sobriquet (le Roman de Renart + un cubi de rouge, enfin c’est ce que j’ai retenu), avant de répliquer de la seule manière sensée : à l’aide d’un set sacrément efficace, tech-house, étonnamment “clubbing“, joué fort, destiné à fédérer les filles et à tout ratiboiser… Pas de doute, Stéf reste un garçon surprenant.        
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Puis on traîne, indéfiniment ; il y a une sorte de soirée bis dans le jardin, qui intrigue les toujours caustiques Frank et Jérôme. Sans doute une fête des voisins, mais lesquels ? Puis, soudain, Jérémy annonce qu’il va tenter un truc fou (cesser de fumer et boire ?) mais je n’en connais pas le résultat, puis avec Elodie j’entreprends d’aller jeter un plein caddie de bouteilles vides, à cette heure indue, dans le container prévu à cet effet sous le parc Chambrun : il y en a bien 500, de contenants en verre, je suis content tiens… Mais voici que Ju’ arrive, satisfait de sa soirée, avec son sens toujours inimitable du mot de la fin : « Qu’est-ce qu’ils ont été sympas, ce soir, les chiens ! »
Texte : Arnauld H.
Photos : Julien Griffaud
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altriviera · 6 years
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Punchlines de Trap Lord*
* Jorrdee (FRA) / Lyonzon (FRA) / 9T5 (FRA) / Insolent Lab (FRA) @ Villa Arson, le 11.05.18
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Après un Festival de la Mode - de haute tenue évidemment - à Hyères, il y a quelque temps (voir notre récent reportage), il faut bien se résoudre à retrouver Nice-l’a-culturelle : rentrer, sortir, déjà renoncer à aller plus loin, donc rentrer, déprimer… Trop de “lounge“ trop de lourds, trop de “house“ trop de mousses, trop de “bars à …“ mais pas de baraka ni de rades, trop de barbes, trop de terrasses piètres empiétant sur « l’espace public » et, dessus, plus de murs de verre que de mûre dans ton verre, trop de vins naturels dans des lieux vains dénaturés, trop de schlagues, de cafards en jet-lag, trop de con.n.e.s, trop de codes qui tournent à vide genre “sans Avicii c’est trop comme Da Vinci Code…“ Je ne te dis pas « trop de touristes » car c’est grâce à eux si on est pas trop tristes.
Arrivés en bout de course, donc, sur ce pont du 8 mai, on place nos espoirs d’un soir dans l’underground de la Villa Arson. Un moment qu’on n’est pas venu - oh oui, ça remonte - et après les déferlantes varoises de sympathiques top-models qui ont ébloui mon week-end du 27 avril, place aux poupées équivoques et lunatiques de notre célèbre École d’Art - et surtout place aux copains d’abord, en cette soirée trap qui va re-situer Nissa et son fameux aigle Mèfi sur l’échiquier hexagonal : bien au centre mais sans être centriste.
« Les sept samouraïs + Le Club des cinq + un = Les 13 Assassins » - C’est le dernier délire d’Alhura, qui a fait convoyer jusque Nice-Nord treize (oui, 13, faudrait voir à pas manquer) rappeurs lyonnais rassemblés sous la bannière de Lyonzon (rien à voir avec la Zonmé ni la « Pascal good vibe ») avec en vedette le petit génie Jorrdee (rien à voir avec l’interprète de « Dur-dur d’être un bébé »). Pour cette affiche underground et ambitieuse qu’il ne fallait pas manquer, Arson a imposé un changement de disposition, avec une scène incongrument placée en bas du grand hall, sur la droite, et non plus dans l’axe. L’espace semble dissymétrique et réverbérant au possible,  avec les rampes d’accès en béton à l’opposé de la scène, mais contre toute attente l’ingénieur du son a fait des miracles en parvenant à un rendu tout à fait correct, ce qui est une première remarquable dans ce lieu où l’acoustique est d’ordinaire aussi chaotique que l’état du public. C’est très agréable, en prime, de se déplacer pour participer de près ou de loin aux concerts, comme dans une vraie salle avec balcon. J’ajoute que le terme « miracles » est à peine exagéré, car j’ai cru comprendre que les balances en fin d’après-midi furent éprouvant(abl)es, avec une Lyonzon ravagée dont les simagrées d’estrasses ont failli envoyer l’ingé' son passer le week-end à Ste-Marie. En attendant, je ne sais pas qui mixe, mais il passe Mercury, le tube de l’outre-monde signé GHOSTEMANE, et le rendu surpuissant de la sono nous ravit, Julien, Manu et moi. Karyn aussi, qui décrète une fois de plus que le rap c’est le nouveau rock’n’roll + l’esprit fin-de-siècle + Thomas de Quincey (Jones) + Paul Morand. J’exagère sans doute.        
 Et Claire, dans tout ça ? Elle est plus « j’suis dark » que Tsui Hark / mais plus Fuon Coda qu’à fond codéine : car non, Claire ne vient pas, pour cause d’entraînement d’arts martiaux dans la salle de l’école Fuon Coda… Drôle d’idée, surtout qu’au final elle va s’y blesser - en rejouant avec des bâtons, je présume, la scène légendaire du bol de nouilles de L’Auberge du dragon. Et donc, je me répète, elle est plus Fuon Coda qu’à fond codéine. Or, elle l’ignore probablement : « La meilleure défonce c’est la trap ».
 - Mais qu’est-ce que la trap, interrogerez-vous enfin avec timidité, les sourcils en détresse ? - Eh bien, si vous n’avez pas suivi Alt_Riviera, la trap c’est LA VAGUE qui balaie actuellement le rap mondial de ses sonorités décadentes, droguées, planantes, psychédéliques, sur des rythmes ralentis que les (t)rappeurs mettent à profit pour ressasser leurs paroles nébuleuses. Parfois l’on devine qu’elles se veulent arrogantes, ou alors touchantes - idéalement les deux. Puis, assez vite, on subodore qu’elles entretiennent un lien fidèle avec l’industrie pharmaceutique. Elles sont enfin aussi répétitives que les discours que t’adresse ton père, l’auto-tune en plus - le mien faisait déjà de la trap vers 91, totalement incompris, sans même avoir besoin d’un verre de médoc. De nos jours, les Migos, la famille A$AP, 21 Savage, Lil Pump et autres Rae Sremmurd (mes préférés) sont les princes du genre, juchés à des hauteurs très diverses sur des trônes comme les MC européens (du style Booba) rêveraient d’en avoir chez eux - et c’est en assez bonne voie avec toute cette école franco-belge (et suisse aussi) qui tente de suivre l’America tout en innovant.
 « Moi je trouve qu’on fait vraiment une bonne équipe pour ce qui est de prendre des produits » (rires) - Cela dit, quand on en arrive à fasciner déjà deux générations avec des vers libres du style « Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace Versace etc » ou encore « Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang, Gucci gang etc » ou le très racinien « pute, pute, pute, pute, pute, pute, pute, pute, salope salope, salope salope, pute, pute, pute, pute etc » (ciselé par Vald et Alkpote), c’est qu’on allie un vrai sens du décadentisme à une hygiène de vie pas top. Et comme le dit mon père : « La santé fiston t’en as qu’une… » Ce à quoi je réponds que les trappeurs ont à peine vingt ans (parfois beaucoup moins pour Lil Pump) ; ce à quoi il ajoute : « Je s’rai pas là pour le voir, mais j’s’rais curieux de voir dans quel état ils seront à mon âge… s’ils arrivent à la retraite ! » Et là j’abonderai dans son sens : Lil Peep non plus ne sera pas là pour le voir : il a opté pour une retraite radicale dès ses 21 ans. Mais la longévité biologique, vous l’aurez compris, est le cadet des soucis du trappeur, qui commande en ligne tous les flacons et comprimés nécessaires à la pérennité de son activité, qu’il espère lucrative à défaut d’être dépurative.   
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Revenons à Jorrdee, un des épigones les plus singuliers de la mouvance trap, avec son flow acide et nasillard, ses paroles qui suivent une ligne clair(e)-obscur(e) et ses productions puissantes, entre anesthésie et franche noirceur. On est très curieux de le voir sur scène, et l’on n’est pas déçu, tant il parvient à trancher avec le tout-venant d’une scène très concurrentielle. Le seul réel souci incombe à la voix, pas assez maîtrisée. Je me demande d’ailleurs combien de (t)rappeurs ont fréquenté des cours de chant. J’ai ainsi un souvenir assez tristounet d’Orelsan, sur la scène de Marsatac, il y a quelques années : un étranger n’aurait pas compris l’accueil délirant fait à un quidam aussi insignifiant. Bien sûr, ce n’est pas propre au rap : c’est le cas de 95% au moins (peut-être même 97,3) des chanteurs français, mais je trouve qu’en rap l’exercice du live - assez proche au fond de la boxe - est plus ingrat, surtout quand on n’est pas une bête de scène… En même temps, depuis NTM on n’a pas eu moult animaux sauvages, et ce n’est pas la classe Camif des Nekfeu et Lomepal qui fera le poids face aux Ricains. Le mieux serait donc déjà d’acquérir de la puissance vocale, à défaut de puissance physique. En attendant, pour me punir une bonne fois de toutes mes critiques, quelqu’un me renverse sur la nuque, depuis l’étage du dessus, une Tourtel (la seule boisson sans alcool disponible au bar) : fraîcheur pas désagréable, mais son odeur fadasse imprègne mon t-shirt Trap Lord jusqu’alors immaculé.  
 A priori, les Lyonzon ont une solution à proposer à l’un des problèmes précédents (je ne parle pas de la Tourtel, boisson qu’ils ignorent de toute façon) : à défaut d’être des bêtes de scène, soyons treize à avoir l’air bête sur scène. Cela dit je suis surpris : ça chante bien, les paroles sont même audibles. Explication de mon voisin : « playback ». Ah ? Ben oui, c’est vrai, ne reste qu’à placer quelques chœurs et cris divers en brandissant des cigarettes, des téléphones et des bouteilles aux trois-quarts vides. De son côté, Guillaume semble un peu rassuré concernant l’affluence - la jauge est atteinte - mais moins concernant la petite scène qui supporte un poids inusité d’acolytes lyonnais. Hicham, quant à lui, est serein, aussi imperturbable que Janya, et il faut avouer que le gang Alhura dans son ensemble a de l’allure…
 Dehors, on fait le point avec le crew Villani et ses satellites très en verve : d’abord la mercurienne Fanny Moser, qui peut disserter des sujets les plus variés sans jamais lasser son auditeur : Brésil, vins, brocante, littérature corse… Notre sommelière possède un flow et une culture qui en remontrent à la Lyonzon. Toutefois, son épicurisme joyeux et son souci de l’interlocuteur cachent en réalité un redoutable storytelling, et l’on devine chez Fanny une solide aptitude au « bouffage de crâne ». Pareil pour Maya, qui sous ses dehors sages raconte avoir mis au pas puis congédié tous les Lyonnais, qu’elle avait surpris à errer sans autorisation dans la Villa cet après-midi. Son talent de « bouffeuse de crâne » est confirmé par Maud, et je me dis qu’entre Maya et Fanny il y aurait matière à un grand match verbal. Puis on me complimente enfin sur ma tenue de Trap Lord : outre Hugo Vallée, c’est Lucas qui est fan, il dit que je porte le t-shirt ample comme son père, bien rentré dans le pantalon, la grande classe. Je savoure. De son côté, Bambo est très, très calme, presque inquiétant. Arrive le célèbre Gustave, toujours attachant et nanti de sa casquette de titi. Discours sur l’évolution sinistre du monde. Il voit bien que je suis incrédule, malgré mon besoin de douter, moi aussi. Il recourt donc au procédé incontournable de la trap et de l’éducation : la répétition. Il n’ira pas jusqu’à psalmodier ad libitum, non, mais il en ressort que « le but de ceux qui nous dirigent c’est d’éliminer l’argent liquide et de contrôler la baise » (Gustave). OK, on y réfléchira.
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A propos, que disent les Arsoniennes ce soir ? - Eh bien : égales à elles-mêmes + une bonne louche d’adhésion à la trap. Telle Thérèse d’Avila (Arson), il fallait bien qu’elles s’abandonnent au péché mortel de la musique actuelle pour ensuite espérer connaître l’extase… Niveau looks, tout est possible : depuis le tailleur-pantalon noir de Renée-Claire jusqu’aux imprimés les plus incongrus… La coupe afro fait un retour remarqué chez les pâles brunettes. A part ça, difficile de dresser une sociologie du nombreux public : plein de jolies physionomies fort diverses, plein de jeunes qu’on n’a pas l’habitude de voir, ce qui confirme que Nice regorge de mélomanes qui ne demandent qu’à sortir de chez eux. En tout cas c’est réjouissant, et l’on bénit une fois de plus la détermination d’Alhura, qui aura fait de la Villa, ce soir, un équivalent des OM-PSG en ligue trap. Au passage, ils surclassent sans difficulté la Villa Schweppes de Cannes, mieux pourvue en “softs“ à tous points de vue… Aussi pertinente et prometteuse que le Festival du Film sans Netflix.
Conclusion : une belle plongée dans l’underground lyonnais, avec atterrissage dans le chaos habituel. La sécurité peine à faire évacuer les lieux et c’est bientôt un bel attroupement dehors, avec quelques contestations passionnelles et puériles qui illustrent à merveille les vertus de l’alcool et de la fatigue. Le toujours fluet et amusant Bébert veut absolument aller se battre car, répète-t-il, « voir quelqu’un saigner ça m’fait d’la peine alors il faut que j’y aille aussi ». Charles cherche Alice, puis la trouve. Théodora quitte a priori bientôt Nice. Lina et Zoé veulent continuer la soirée mais la mention de La Friche me fait fuir. Cela tombe bien, car Pauline se sent un peu faible pour rentrer seule, après les deux gardes qu’elle a enchaînées : je me propose de l’accompagner dans la jungle de Nice-Nord. Nous retrouvons Bébert deux rues plus loin, par hasard : toujours croquignole, il nous explique un truc : « quelqu’un qui se bat ça me fait de la peine, du coup il faut que j’y aille aussi »… Encore un Trap Lord ! 
Texte : Arnauld H.
Photos : Julien Griffaud
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altriviera · 6 years
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Quand le 109 ça vaut un bifteck*
 * Forever Pavot (FRA) / The Landscape Tape (FRA) @ Le 109 (Nice), le 20.04.18
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Intro : retour à un compte-rendu « classique » car j’ai cru comprendre que nos récentes publications n’avaient pas toujours été appréciées (trop court.e.s sans doute) par un lectorat qui veut son compte de protéines et de gluten. Voici donc une intro copieuse en trois points : un) on est ravis de rallier le 109 pour sa première véritable affiche rock de niveau (inter)national : Forever Pavot, dont nous vous avions déjà signalé la grande valeur il y a trois ans (http://altriviera.fr/post/114481603610/interview-demile-sornin-forever-pavot). Deux) le 109 ce n’est pas si loin que ça : c’est en baguenaudant gentiment depuis l’arrêt Vauban qu’on arrive sans coup férir aux anciens abattoirs, devisant dans l’air estival de ce vendredi soir. Certes, il n’est pas aisé de se garer dans le quartier - un réel problème - mais qu’on cesse d’en déplorer l’éloignement :  d’aucuns sont même rentrés à pied jusqu’à Nice Nord ! Le.s Niçois.e.s, si réticent.e.s paraît-il à quitter leur centre-ville, le font pourtant sans rechigner quand ils sont en voyage dans des capitales diverses, pour des lieux excentrés et atypiques offrant une programmation de qualité… Et ils le feront ici aussi, à condition que le 109 relève le gant - ce qui semble bien parti avec ce 20 avril. Je passe sur les quelques nuances de graisse équivoque dont je pourrais enrichir cette intro - comme de petites taches de friture sur une Rolex étincelante (« oui mais là c’était une soirée gratuite et on ne comprend rien à l’organisation, entre la régie de la ville et la buvette de l’Entrepont, et c’est clair par contre que le Volume aurait dû accepter de venir ici, mais pas sûr que le public aurait suivi, tu sais etc »)… Trois) c’est le week-end du Disquaire Day et de la manifestation Mikrosillons, et là je dois être franc avec vous : j’en ai un peu marre des vinyles. D’abord, ils sont faits de 50% de pétrole, ils sont le formica de la musique enregistrée, et lourds à porter quand on déménage. Ensuite, qui possède encore (à part peut-être Thibaut et Manu) un bon tourne-disque et une chaîne haute-fidélité pour en apprécier la soit-disant supériorité - palette sonore expressive et basses capiteuses ? Soyons honnête : ils prennent la poussière dans nos rayonnages et tous ceux qui en achètent passent leur temps sur Spotify et Youtube (ça au moins c’est bien). Ils sont donc surfaits, parfois chers - il fallait en acheter avant 2000 - et surtout « vintage » : l’horreur. Pour rien au monde je ne voudrais revenir dans les 70s ou 80s : c’était sinistre, point final. Donc OK pour soutenir les disquaires, mais pas OK pour le reste. Je trouve d’ailleurs qu’on est très injuste envers le pauvre CD - support négligé qui m’a fait rêver bien davantage que le vinyle et qui mériterait, je vous le dis (attention, instant visionnaire) un Disquaire C-Day ou mieux, une Compacte Discussion… Quitte, j’admets, à retomber une fois de plus dans l’horrible vintage. Allez, temps mort : j’arrête les sottises et je presse le pas vers le Frigo 16, dans lequel nous avons mis au frais bon nombre de nos espoirs. Franchement, je veux bien venir jusqu’ici trois fois par semaine pour des soirées de ce niveau.  
 The Landscape Tape : en voilà un, de bon groupe ! JC, Cyrille et Didier ont l’air contents, joyeux, pimpants, presque frais. Leur set sera trahi par un volume étonnamment limité - comme un CD sous-produit dans le salon de papa qui ne veut pas gêner la voisine, veuve et acariâtre - mais ces trois quarts d’heure seront parsemés de tubes landscapiens et, en bout de course, d’une ravissante ballade inédite dont je n’ai pas noté le titre. A suivre… Pendant ce temps, les trognes croquignoles - car sorties des 70s - d’Emile Sornin et de ses musiciens circulent dans la salle, préparant un mauvais coup… Dehors, on tombe sur un Hugo V. de plus en plus növö et élégant, qui, de son côté, savoure ma tenue « à fond dans les 90s » agrémentée d’un large tricot de corps blanc de la marque Trap Lord : auto-congratulations.
 Forever Pavot : sensation de cette soirée, ce groupe propose un rock psyché pointu et son deuxième album La Pantoufle ambitionne une reconnaissance plus large à travers des morceaux en Français aux ambiances cinématographiques typiques des années Giscard (& the Lizard Wizard). Il y a trois ans, à Toulon, j’avais été impressionné par la restitution sur scène du CD (héhé) Rhapsode, entre surf-music, psyché turc, funk et envolées épiques façon Morricone ou Gainsbourg. Ce soir, c’est tout excités que nous nous pressons au bord de la scène, jouant des coudes avec Emma, Julie, JB et Anton. Dès l’intro, Émile Sornin et son quatuor impressionnent avec des orgues survoltées et ambitieuses, avant de sidérer sur un Beefteak jazz-prog qui doit susciter l’admiration (minimum) de bien des musiciens, logiquement ébahis devant un tel travail. La Soupe à la grolle achève de nous ratiboiser/transfigurer avec son élan qui doit autant à Jean-Claude Vannier qu’à François de Roubaix. Les FP jouent avec un plaisir visible et comme des furieux un répertoire dont ils peuvent s’enorgueillir : on retrouve ici la débauche d’énergie et la simplicité des jazzmen (on sent qu’ils jouent au maximum de leurs capacités, c’est rare en pop), avec en prime les interventions modestes et enjouées d’Émile Sornin, qui font pendant à la folie douce de ses paroles. Les standards tout frais s’empilent donc, avec notamment cette Pantoufle est dans le puits au fond duquel chaque partie brille (le guitariste est content d’user et abuser d’une wah-wah particulièrement idoine). Au hasard d’un échange d’instruments, Émile nous rappelle sur je ne sais plus quel titre qu’il est batteur de formation, par ailleurs tous sont d’excellents techniciens, flûtiste compris. Il faut aussi leur reconnaître un sens du groove assez dément. Le public, connaisseur, est vite déchaîné, et le rappel exigé sera plantureux, quasi-gargantuesque, ne lambinant un peu que pour repartir toujours de plus belle. Le stand de marchandise sera durablement bondé, logique. D’aucun.e.s n’auront pas été emporté.e.s par ces ambiances un peu trop « antiquités-brocante » (toujours ce fameux vintage), un peu « film du dimanche soir avec Belmondo », quand d’autres auront justement adoré ça … Certain.e.s , épris du premier album et de son « beau bizarre » tous azimuts, déplorent ici une trop grande uniformité de ton(s).  De notre côté, tout en notant les points précédents, et s’il y avait un sérieux bémol à signaler, ce serait ce côté obstinément rétro, presqu’enclos, et ces modèles prestigieux qui exigeraient une formation véritablement virtuose… Mais là, c’est vraiment parce qu’Alt_Riviera doit maintenir sa réputation de casse-pieds, parce que, sincèrement, si le 109 nous concocte une programmation de ce niveau, je m’abonne d’ores et déjà et je viens systématiquement revêtu d’un costume à pattes d’eph en tergal !
Texte : Arnauld H.
Photo : Julien Griffaud
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altriviera · 6 years
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Atmosphère chez eux*
Niels Duffhuës (NLD) / FOVEA (FRA) @ Le Pigeonnier (Nice), le 24-03-18
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Samedi soir paisible au Pigeonnier, dans le cœur (de volatile) du Vieux-Nice. Niels Duffhuës aura joué Disorder, spécialité à base de guitare très lente et de films en Super 8, puis c’est FOVEA qui nous aura servi un accord méditatif entre le larsen vidéo d’Emmanuelle (sa caméra filmant l’écran auquel elle est reliée) et le synthé songeur de Geoffrey. Résultat : atmosphère, atmosphère, et une soirée pas désagréable…
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Texte : Arnauld H.
Photos : Julien Griffaud
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altriviera · 7 years
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Itolèvres de disco de beurre de Bière de la Rade de l’apéritif & du week-end*
* Itoladisco (FRA) / Lèvres de Beurre (FRA) @ Brasserie de la Bière de la Rade (Toulon), le 09.03.18
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 Retour à Toulon. Nous suivons une voiture d’un blanc indéterminé, remarquable par cette tête de chien sur sa lunette arrière : une sorte de berger allemand nous regarde - son bout de langue caresse la vitre -, contemplant la circulation avec un détachement docile : que peut-il se passer dans ce crâne de canidé ? Eh bien… il se laisse conduire, quoi ! Un peu comme nous, enfants, quand nous nous abandonnions à l’image défilante et lacunaire de la route, diversement uniforme, dans l’attente que la portière s’ouvre enfin sous l’action du vent chargé d’embruns - et les bottes de caoutchouc qu’il faut enfiler avant de… Mais je m’égare, on croirait du Philippe Delerm.
19h23, brasserie de la Bière de la Rade : l’accès à la rue Amiral Nomy, aux bords de l’A57 et du tunnel de Toulon, est aussi nébuleux qu’un discours de Booba (ou d’A$AP Nomy), même si l’on peut convenir avec eux que « tous les jours négro c’est Friday ». J’enrage doucement tandis que Houda a gentiment activé l’application GPS de son téléphone. On finit par se garer dans la pénombre d’une charmante ruelle provinciale, là derrière, qui évoque la lisière d’une ville des années 1900. Quelques pas le long des maisons qui piquent du nez dans leur soupe. Voilà la brasserie. Une ravissante fillette coiffée d’un diadème de fleurs s’élance soudain vers moi (comme dans un clip de Florent Brunel), éperdue de bonheur, sa mini-bouille transfigurée : c’est très beau, elle croit me reconnaître, mais sa maman sexy la retient… Serait-elle une future lectrice d’Alt_Riviera ? et/ou une prometteuse collaboratrice du MIDI Festival ? Mais déjà je peste avec bonne humeur sur le seuil de l’entrepôt : « Alors ! Qu’est-ce qu’il se passe ici ? C’est quoi cette gargote ? où qu’ils sont les potes et la bière ? »… Voici déjà les Itoladisco - JB & Jérémy -, bien présents, contents du lieu même s’il résonne : vaste bar au loin, tables chaleureuses, fin de semaine hipstérienne : à vue d’aiglon, 80 personnes (bien plus par la ensuite) + la bière IPA (= « india pale ale », boisson qui supportait le voyage en bateau - objectif réhydrater les colonies britanniques), + une équipe Tandem (l’asso/SMAC qui organise le concert) toujours cordiale, + un public majoritairement grand, élégant et cool - tellement plus simple (désolé de le redire) que les Niçois.e.s : soit, OK, je note, je vais même laisser une chance à cette bière que je trouve ordinairement agressive, tout au moins perfectible - ce n’est pas pour rien que les monastères belges ont planché 500 ans sur leurs breuvages fermentés. Ici j’en viendrais presque à plagier OSS117 - « Comment est votre bière ? » - mais il s’avère que l’IPA ambrée, en pinte, passe crème. Et que je n’ai pas besoin d’asséner une manchette aux sympathiques et élégants serveurs.
 Entretemps le vidéaste Jérémy a escaladé sa tour de DJ en bois (la tour, pas le DJ, hihi) : deux mètres au-dessus de l’assistance, il va projeter sur une grande bâche, pendue au milieu de la pièce, tandis que JB Finchie tournicote les boutons de ses machines installées sur l’estrade. Ils ont même prévu de s’envoyer des sms durant le concert pour accorder leurs partitions : ça pourrait donner lieu à un jeu de scène intéressant, à condition qu’ils assument le statut de téléphone-héros (j’imagine Bertignac ou M faire les guignols en live sur leurs Nokia). C’est parti, donc, pour une heure de récital. Les gens manifestent tout leur intérêt en jactant de plus belle, en allant commander des tacos artisanaux (poulet, bœuf ou lentilles), ou toujours plus de bière - ou alors en sortant fumer, histoire de « décompresser de cette semaine » plutôt hivernale. Houda, Manu et moi faisons bonne figure et suivons sagement le live, qui est plutôt bon, très bon même. Nous sommes ravis de notre vendredi option culture : salade de poulpe à Hyères, expo « piscine » relativement intéressante à la Villa Noailles, route du bord de mer sous la grisaille, tour à la Librairie Contrebandes (qui aura rançonné un Manu rendu fou par les mangas) : il y avait pire comme fin de semaine. Coup d’œil sur l’écran en compagnie de Benoît et Jérôme, acteur-phare dans les vidéos de Jérémy : on se gondole en revoyant les trombines de Jingran et Lisa (que devient-elle, au fait ?). Jérôme se fend aussi la poire devant mon t-shirt « Commandos Marine », pourtant totalement « raccord » avec Toulon. Cependant il faut admettre de nouveau que la décoction « anti-clubbing » proposée par Itoladisco, mixture d’electronica jouée en direct sur des synthés modulaires et de courts-métrages dans le style « secte étudiante », tape juste sans jamais prendre les fidèles de l’apéro pour des gogos. Une petite heure plus tard, JB est un peu désabusé : tout le monde semble s’en ficher de la musique. Mmmmoui… et surtout non, cher JB : le soudain exode, à la fin de ton set, vers l’air frais de la rue Nomy et sa bienfaisante pause tabac témoigne du fait que le public a su prêter sans doute plus d’une oreille… D’ailleurs, à recueillir les avis, beaucoup votent déjà Itoladisco… Se souvenir que le public varois est particulièrement connaisseur à défaut d’être démonstratif. Tiens, des groupies se pressent maintenant autour de nos héros attristés : pas mal, pour une simple soirée « apéro » !
 Lèvres de beurre aura donc, à domicile, la partie moins aisée que prévu, et le charmant duo Laurie & Séb (il ajuste ses lunettes, pour mieux les jeter en fin de concert) enclenche la touche « clubbing de haut vol » de façon à pouvoir rivaliser. En ligne de mire, le fameux couple berlinois Saschienne, auquel Anton « Lune Apache » et moi avons rapidement pensé (moi bien plus vite qu’Anton, et ce malgré mon âge mûr). Absorbés par les minuscules potentiomètres de leur mini-machines Korg et autres joujoux, notre couple toulonnais en noir (un peu The Kills, donc) dédaigne le jeu de scène (un peu moins The Kills, donc) pour préférer expédier ses proto-tubes du bout de leurs petits doigts. Efficace, très efficace. Toutefois, si cela peu rassurer nos Itola, par rapport à il y a une heure, il y a encore plus de monde qui soigne sa condition « physique-Morris » dehors. Certes, les sifflets et clameurs ont fait leur apparition : on ne pouvait pas en attendre moins de la « fami ». Pilou-pilou, en somme. Point de vue description sonore, les mini-machines diffusent une électro faussement minimaliste qui additionne les séries de notes répétitives et forment une couche hypnotique à souhait, avec en prime des montées de basses et de beats qui conquièrent sans peine les jolies filles souriantes et les échalas en tenue bourgeoise/week-end. Nos Nissarts sont alignés contre la scène, comme pour un haka modeste mais digne. Pas loin derrière, la grosse barbe et la tignasse de Daniel Herrero, sur son poster dédicacé dans l’entrée des lavabos (avec leurs urinoirs en fût de bière drôlement bien pensés) semblent nous couver d’un regard tendre de grizzli philosophe. Les Lèvres de beurre - qui ne révèleront jamais le secret de leur nom - inscrivent en bout de course leur essai avec un tube final dont j’ai oublié le titre, mais que Laurie m’a pourtant donné tandis que nous allions transférer de la marchandise dans mon coffre. Tant pis. Jérôme, surexcité, Benoît, en apparence imperturbable, et Jérémy, les yeux mi-clos depuis qu’il est redescendu de sa tour de bois, s’interrogent sur « l’after ». De ravissantes toulonnaises - une rousse exquise et une brune stylée - ainsi que leurs accompagnateurs sont formels : rendez-vous au Barathym… Incertitude… l’évidence de l’inévitable embuscade, mes amis ! Contre toute attente, ce sera le retour à Nice (vous vieillissez, les gars), histoire sans doute de garder des forces pour regretter un peu, demain, ce superbe début de week-end…    
 Texte : Arnauld H.
 Photo : Tandem Smac  
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altriviera · 7 years
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EITSession #9 au 4 avenue Malausséna, chez des Humains bien Urbains*
* Itoladisco (FRA) / Africa Twin (FRA) / NkDm (FRA) @ 4 av. Malaussena - lieu éphémère (Nice), le 01/03/18
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Merci, de nouveau, à Hervé Tillier, Henry-Pierre Marsal et toute l’équipe du groupe Créquy pour leur accueil et leur disponibilité…
C’est au débotté qu’EITS, charmé par le lieu autant que par l’accueil, avait profité de l’exposition Humains Urbains pour vous ficeler en trois jours cette session électro-rock à succès. Aux quelques-un(e)s qui crurent entendre parler d’une friche sauvage en plein cœur de Nice, et furent peut-être un brin déçus, redisons-le : cette installation au 4 avenue Malausséna était bien sûr l’œuvre d’un mécène, le Groupe Créquy, entrepreneur immobilier lyonnais spécialisé dans la rénovation et la re-dynamisation d’immeubles anciens ou de quartiers en désuétude… C’est donc en connaissance de cause et avec enthousiasme que nous nous faufilions dans une opération de communication telle que les affectionne son PDG, l’aventureux et turbulent Hervé Tillier.
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A vrai dire, après une solide conversation avec ce dernier (qui se fiait à ma tête de ravi de la crèche), l’affaire était conclue : nous ne laisserions pas s’achever ces dix jours d’expo sans proposer un événement Easter In The Sun Rain & Snow… Même si l’on aurait pu se contenter de « chiller » dans le superbe Black Swan Bar (« ruin bar » éphémère de nos Lyonnais), avec la fami’, affalé dans les fauteuils en cuir, étendant paresseusement les jambes, rêvassant, dans les vapeurs d’un Génépi-tonic, aux lourds flocons qui saupoudraient Nice la Belle. Sauf que si tu crois que nous sommes de cette farine-là, eh bien… « tu sais rien, Jean Neige ».
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Voilà, tout est dit ? Presque, car avant de vous laisser parcourir les images de cette soirée réjouissante, quelques remarques histoire de n’oublier rien ni personne : d’abord, une expo à la fois de qualité et grand-public, pensée comme telle par l’omniprésent H-P / ensuite, une esthétique de la démolition particulièrement calculée, avec cette perspective lointaine traversant plusieurs appartements anciens, ces cloisons savamment abattues ou préservées, créant un effet pour le moins théâtral, et ces tapisseries d’avant Tino Rossi qui suscitaient bien des convoitises / 3. un bar en forme de clou du spectacle - accessible par un vieux placard - avec son atmosphère « über cosy », son sanglier et son éland du Cap naturalisés, et surtout une équipe « premium » Bastien-Hugo-Vincent-Romain + un fin barman exfiltré de L’Orangerie à Lyon, Emeric, + Lydie, une demoiselle charmante à casquette de l’Armée Rouge / 4. des lives qui ont apparemment plu (Africa Twin de mieux en mieux, malgré les imperceptibles soucis de batterie que déplorait Hugo), même si le plancher oscillait pas mal au milieu de la salle de concert. Cependant la structure haussmanienne semblait « calculée pour » / enfin, un public mignon qui a accepté toutes les contraintes imposées par cet immeuble en chantier - et désolé, vraiment, pour les retardataires (parmi lesquels des amis chers), on a voulu faire plaisir au plus grand nombre possible… sans pour autant accorder le moindre « passe-droit » (ni gauche, du reste).
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Qui ai-je oublié ? La compta’, d’abord : coucou et merci les filles ! / la sécu’ (alias… l’équipe du bar), défense solide que même les francs-tireurs Bambo (alias Incident Diplomatico) ou Grég n’ont pu déstabiliser… Défense de zone dans la tradition de l’Olympique Lyonnais, et sur laquelle je pus me reposer / puis les artistes : Vlad, Geoffrey & Hugo, Manu et Jérémy (qui ont fait rêver la team Créquy), JB Itoladisco, incarnation d’EITS / et enfin le public, qui a déjoué toutes les prévisions de fréquentation par la grâce du bouche-à-oreille, ce réseau social inégalé… En vertu de quoi EITS a presque malgré soi embrasé les confins sud de la Libé (juste au-dessus de la voie rapide) par une humide nuit d’hiver !  
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      Texte : Arnauld H.
Photos : Julien Griffaud
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altriviera · 7 years
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Le dal désarmant*
 * La Coupure (FRA) / Le Mal des Ardents (FRA) @ La Zonmé (Nice), le 24.02.18
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Merci à l’internet (Alain Ternette ?) pour ses précieuses ressources dans le domaine du quotidien (et des sottises).
Fin de soirée à la Zonmé, douceur humide sur la rue des Combattants en AFN (un jour il y aura une rue des Anciens de PNL)  : soudain je me ravise et retourne dans le repaire de l’émulsion/émulation artistique, pour interrompre la conversation entre David et Pascal, d’un « c’est bien… » qui les fait éclater de rire. Pascal ne cesse plus de se gondoler et me fait promettre de placer ça en conclusion de mon article. Soit, mais en intro aussi… Pour en revenir au début, je n’ai pas d’explication nette à ce demi-tour effectué devant le Leader Price. Est-ce le regard vitreux des volets métalliques de la Scientologie, sur le trottoir d’en face - concentrant toute l’intelligence grise et bovine des lunettes fendues façon clubbing (le nom étant : shutter shades), sous la double quenelle verte du logo de la confrérie - ou bien le vague à l’âme ? En effet, la dépression musicale que traverse notre bonne cité rend plus précieux les rares concerts de qualité, et plus douloureuses les sorties définitives. Ainsi j’ai eu du mal à quitter l’exposition éphémère du 4 avenue Malaussena, lieu exceptionnel dont nous reparlerons très bientôt, héhé, je n’en dis pas plus… Mais bon, entre un triple-vernissage hier soir et l’atmosphère guillerette du Carnaval, l’espoir, un peu, demeure. Oh, cela dit, j’admets volontiers que Nice semble être pilote (comme on disait en 2003) dans l’organisation d’anniversaires et autres fêtes entre soi… Mais je préfère de loin le dal « particulièrement réussi » - dixit le chef -, typique de la Zonmé, + une affiche marseillaise comme celle de ce soir… Qui ressemble tellement à du Easter In The Sun que ce n’en est pas mais que tout le monde est persuadé du contraire ! Là encore le directeur rigole : « Tous les gars d’Easter sont là, en plus ! » - ce qui est la moindre des choses. Hmm, tu dis ? OK, le groupe est prêt, je me tais.
La Coupure  : sur la toile on trouve ceci : « (psyche kraut wave/Katatak Rec./Marseille,FR.) Duo trance hypnotic, mystical combining tribal rhythms and cold tunes. http://lacoupure.bandcamp.com. » D’autres questions ? Signalons juste que Claire (autrefois connue sous les sobriquets de Sveta puis de La Présidente) a aimé, et ceux qui connaissent ses goûts étranges saisiront, hi-hi. Objectivement, c’est un projet solide avec un parti-pris sobre et frontal, punk sur les bords, et au milieu aussi. C’est parfois rêche, rude, rugueux, ça rudoie durablement, c’est bien.
 Le Mal Des Ardents : rebelote : « (new beat–analog synths/lofi record/Marseille,FR.) Dark house music old school with vintage analog synths… ». Hmm attendez… Contrepèterie : « Le Dal désarmant » ? Pas mal, hein ? Très beau nom pour ce projet solo qui fleure le bon temps de François Villon (Fillon déjà oublié), les gravures curieuses de la Renaissance, les éruptions cutanées massives et la gangrène sèche, ou Depardieu dans Le Retour de Martin-Guerre. Avant le concert, tandis qu’on admire la masse de machines qui encombre(nt) la table (de dissection) - Geoffrey signale à mon attention un synthé Roland et une TR 808, tous deux d’époque, qui redonneraient ses lettres de noblesse au larcin - Cyrille me glisse malicieusement qu’il joua autrefois (entre 91 et 97 je crois) avec Ben dans un groupe « psyché-LSD » , « Les 25 ». Ben, non pas le clown de l’école de Nice qui fait rire avec ses âneries et son écriture, mais Ben le musicien marseillais. Jouée entièrement en direct (à ce qu’il me semble), sa musique transperce tout, tel (attention l’analogie…) un sous-marin à remonter le temps qui longerait les berges des fleuves médiévaux, éviterait la collision avec les piles du Pont-Neuf pour longer la tour de Nesles, s’enfoncerait dans les douves des principales places-fortes du royaume et irait inspecter les forêts de pilotis des grandes cathédrales. Inutile de dire que ça vrille, ça trille, c’est du brutal, du subtil aussi, et du passionnant surtout. Gars attachant en prime, qui se laisse entraîner dans une séance photo (mais n’aime pas trop cela), craignant que ses sons « granuleux » n’aient un peu trop « bouilli » à cause de la sono, puis nous racontant Marseille : installé depuis 98, il s’active dans cinq projets différents, semble goûter les tournées dans le Nord et en Belgique, mais se dit surpris et heureux du dynamisme musical phocéen - « Tous les concerts sont blindés tout le temps, même en semaine »… Ce qui relance une fois de plus la perspective d’un prochain reportage Alt_Riviera dans le département 13 (Savage)… Avant cela, sachez que j’ai fait un « passage noctambule de soutien » (ou PNS) à la Southern Session d’électro-minimale « Le Loup », dans un local de la ZI de St-Laurent (Baldu, qui a raté cela, va me jalouser durablement) et que, comme week-end… « c’est bien ».   
Texte : Arnauld H.
Photo : Julien Griffaud
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altriviera · 7 years
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Tout.e.s Inclusiv.e.s
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Merci à Thomas Weber pour s.e.s photographi.e.s, ainsi qu’au Groovin pour cet excellent.e.s concert.e.s du 19 janvi.e.r derni.e.r !
Quand notr.e.s photograph.e.s parisien.n.e.s Thomas Web.e.r arriv.e à Nic.e.s - virgul.e.s - c’e.s.t pour un séjour.e.s « all inclusive »… Traduisons par « tout.e.s inclusiv.e.s » et ne lambinons pas - virgul.e.s - car il semblerait que tu(.e.s?) soi.e.s déjà laminé.e.s par la mis.e.s en form.e.s de c.e.s text.e.s qui pourtant fait la part bel.l.e.s à un systèm.e d’écritur.e.s particulièrement.e.s innovant.e.s à bas.e.s de point.e.s médian.e.s - virgule.e.s - surpassant.e.s toute.s l.e.s tentativ.e.s l.e.s plus radical.e.s, mais parvenant à rendr.e.s fou.e.s mon correcteur.e.s d’orthograph.e.s.
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 Espac.e.s à Vendr.e.s : la galerie a sorti.e.s une double-exposition et un stock pas mal.e.s, mais c’est encor.e la statue animé.e de Thomas Weber qui retient le plus l’attention des femm.e.s et se taille un.e joli.e.s succ.è.s ! De son côté, Bambo.e.s a, lui, sorti un stock de Chouff.e.s qui lui permet.t.ent de supporter à peu près vingt minute.e.s le milieu de l’art.e.s.
 Back.e.s Pack.e.s : nouveau bar pas loin, accueil cordial.e.s, et un DJ.e.set typiquement niçois = qui alterne le daté.e.s (parfois bon) et le bizarre (comm.e dirait Francis Blanch.e.s). Il y a à grignoter, mais pas de cart.e des consommation.s, ah non. Soit.e.s. En sortant, je me dis encor.e.s un.e foi.e.s que c’est en se montrant un peu plus professionnel.l.e.s qu’un établissement.e.s niçois.e.s cré.e.ra vraim.e.nt la surpris.e.s ! A ce train-là je vais d’ailleur.s finir par lancer mon propr.e bar.e.s.
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 Groovin(.e.s) : alors que la dépression musical.e dans cett.e vill.e explor.e des profondeurs inédit.e.s et que seul le Ketj.e paraît sauver les meubl.e.s, le salut.e.s vient ce soir de l’inénarrabl.e Groovin. Blais.e.s, sorti.e du diabl.e-vauvert avec une superb.e.s affich.e.s jazz, .e.st ravi.e.s : Jam.e.s Andrew.s, trompettist.e et fils de la légend.e.s Jessi.e Hill - qui composa en 1960 le standard « Ooh Poo Pah Doo » - nous rassasi.e avec ça et bien d’autr.e.s standard.e.s New Orlean.s, avec du « Blueberry Hill », du Charlie Parker, du swing, du chant, et beaucoup de punch. L.e.s gars.e.s de la section rythmique se démènent. Les danseur.e.s se croient au Cotton Club.e.s. Julien Griffaud.e.s est content.e.s du Vieux/Vieille-Nic.e, ce qui n’arrivera sans doute plus jamais. Je sirot.e du jus d.e.s frais.e.s.
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 Et le lendemain, la houle se poursuit : San Remo.e.s, Italien.n.e.s, Clair.e.s qui conduit bien sans avoir trop tuné sa Modu.e.s, fiesta encor.e le soir.e.s… En fin de compt.e.s, on.e.s remettra la dépression à plus tard… point E point S ! Voilà, c’e.st tout.e.s ce qu’avait à vou.s dir.e.s ce.tte.s c**.n.e.s d’Arnauld.e.s H. point point.
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Texte inclusif : Arnauld H.
Photographies argentiques : Thomas Weber
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altriviera · 7 years
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AN MMXVIII
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"C'est un garçon surprenant : il fait de la clarinette à haut-niveau, mais aussi de la cuisine, du tango et des go-fast."
ALT_R (feat. Guillaume P.)
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altriviera · 7 years
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Setlist 2017
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L’année s’achève. Voici venu le temps de notre rituel de fin décembre avec notre sélection des concerts qui nous ont le plus marqués en 2017, de Marseille à Turin, en passant par le Var ou le 06...
                                                                                                             ALT_R
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