Tumgik
antispecisme · 5 years
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Véganisme, extrémisme ? Et puis quoi encore
C’est quelque chose qui m’interroge, que dans notre société actuelle, on considère le véganisme, comme mode de vie, comme un extrémisme.
Je rappelle que non seulement, dans sa définition simple, l’extrémisme est une attitude de jusqu’au-boutisme, où toute modération est proscrite ; mais l’extrémisme dans le climat politique actuel est aussi très souvent connoté comme une forme de terrorisme, et quand les véganes sont associés à des épithètes comme « radicalisés » dans les médias, cela ne fait que renforcer ce sens.
1. Quel jusqu’au-boutisme ?
Je ne parle même pas ici de militantisme végane — qui en réalité est pacifique et consiste surtout en tractage, happenings et manifestations, lobbying politique et éducation, lancement d’alerte, et au « pire » libération d’animaux… Ces actes n’ont rien de terroriste et ressemblent beaucoup à d’autres mouvements de militantisme, même s’il est vrai que gouvernement et médias tendent à diaboliser les mouvements protestataires en général.
Mais sans parler de militantisme, le simple fait de vivre végane est considéré comme un extrémisme.
C’est d’autant plus étonnant au premier abord que le véganisme est un comportement passif !
Certes, être végane dans une société qui ne l’est pas demande de changer activement son mode de vie et ses habitudes, donc se renseigner, faire de nouveaux choix, continuer à faire le choix, jour après jour, des alternatives véganes quand on le peut. Mais dans le fond, vivre végane, c’est simplement : éviter les produits issus de l’exploitation animale au maximum.
Quand on suit une doctrine morale, éviter ce qui vient en contradiction avec cette doctrine dans nos choix personnels, c’est la base de la base, le minimum absolu.
Si on croit que c’est mal de battre les enfants, c’est comme éviter soi-même de les battre. C’est tout : même pas empêcher physiquement d’autres enfants d’être battus par d’autres personnes autour de nous, créer des refuges ou essayer de faire changer des lois — tout cela c’est du militantisme et de l’engagement politique, et ce n’est pas nécessaire pour être « juste » végane.
Alors de quel extrémisme parle-t-on exactement ?
2. Et surtout dans ces conditions… pourquoi cet extrémisme est-il si grave ?
Quand notre morale nous dit de « ne pas tuer », on ne traduit pas ça en « sauf notre partenaire infidèle et notre chef qui nous enquiquine et cette personne là qui nous énerve ». On évite de tuer des gens. Quand notre morale nous dit de ne pas violer, on ne traduit pas par « mais une exception de temps en temps reste raisonnable ».
Est-ce qu’on dirait de quelqu’un qui ne frappe ses enfants que le dimanche et quand il est énervé qu’il croit au fait de ne pas battre les enfants mais que c’est un « modéré » et c’est donc plus acceptable ?
Est-ce que quelqu’un qui croit en la communication non violente mais insulte de temps en temps ses collègues est plus modéré et donc plus respectable que quelqu’un qui parle correctement aux gens au quotidien ?
Pour rappel, le véganisme c’est se dire que quand on peut, on va juste essayer de ne pas volontairement participer à faire du mal aux animaux.
En quoi, quand on parle moralité, respecter ses propres valeurs pour soi-même, et en particulier des valeurs qui touchent au fait de ne pas faire de mal — sans même les imposer à d’autres, est-il un extrémisme, et pourquoi cela est-il négatif ?
Même si on refuse de voir la valeur morale à ne pas faire souffrir les animaux, même si on considère que ce n’est qu’une « prescription », comme de ne pas manger certains aliments, en quoi serait-ce pire de la respecter que d’être « modéré » et de se dire que « oui mais si on est invité chez quelqu’un on peut », « si cette personne veut vraiment vraiment me faire goûter de son plat ça vaut bien une exception »… ?
3. C’est une question de degré de séparation avec l’état actuel de la société
Ce que je comprends, c’est que le progrès social est extrême.
Tout ce qui s’éloigne un peu trop de ce qui est acceptable moralement par la société à un moment donné, est très mal jugé, mais cela me semble particulièrement vrai quand l’exigence morale augmente. 
On peut le voir d’un point de vue historique (l’absurdité initiale de proposer que les êtres humains naissent libres et égaux, ou encore de ne plus faire travailler les enfants), ou on peut le voir dans le présent : j’ai vu plus d’articles et entendu plus de discussions en 2018 sur le radicalisme supposé des véganes ou des gilets jaunes (quelques vitrines cassées, quelques poubelles brûlées, quelques graffitis), que sur les actes commis par les mouvements fascistes, antisémites, islamophobes, homophobes et transphobes  ou sur le traitement des réfugiés par notre propre gouvernement. Pourtant ces derniers ont un message et une action qui contredisent directement notre morale commune affichée.
Plus subtilement, la majorité des Français sont contre la chasse et la corrida, la majorité des Français veulent que les conditions animales s’améliorent, mais comme la majorité des Français consomme des produits animaux, les véganes sont considérés comme extrémistes parce qu’ils appliquent ces principes partagés.
Aujourd’hui, un chasseur qui a tué un promeneur n’a pas été plus durement puni par la loi qu’un militant qui a diffusé des photos d’abattoirs et prouvé des pratiques de maltraitance. 
Dans notre société, s’écarter de la norme est traité comme un plus grand crime que le crime que l’on peut commettre en restant inséré dans la société.
Participer à un repas collectif festif et ne pas manger comme les autres est plus choquant que de tuer des animaux pour le plaisir.
Sur ce constat, ma seule conclusion est que : le jugement d’extrémisme de cette société n’est ni cohérent, ni respectable. Il n’y donc aucune raison de le prendre en compte.
Jugeons nos actions à l’aune de la somme totale de violence à laquelle nous participons : en devenant végane, on la diminue objectivement. Et loin d’être un extrémisme, ce n’est qu’une première étape.
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antispecisme · 6 years
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Aimer les animaux, aimer les exploiter
Nous avons — pour la plupart — une fibre morale et de l’empathie. Nous savons éprouver de la compassion devant un destin singulier réel ou fictif (Babe pour les moins jeunes, Nemo de nos jours !). Nous savons trouver mignonnes des petites chèvres comme des poussins, des chiens ou des chats, même des petits veaux, ou encore des girafes. Et nous aimons bien manger notre viande, et notre fromage de chèvre (et notre poisson, et visiter notre zoo ou aquarium, et monter à cheval…).
Nous n’avons pas envie de voir de contradiction là-dedans. Nous avons un coeur, nous avons aussi des besoins, et pourquoi pas ?
Et si on y réfléchissait un peu plus ?
1) Quel que ce soit le sentiment positif que nous ressentons en voyant des animaux vivants, ce n’est pas de l’amour.
Si nous sommes prêts à les accepter captifs, séparés de leur famille, empêchés de suivre leur comportement naturel, tout ça pour passer un chouette moment à caresser un animal — ou les voir finir tués dans nos assiettes — pas pour notre survie mais parce que nous aimons ça et n’avons pas envie de nous en passer, que vaut « l’amour » que nous croyons avoir pour les animaux ?
La plupart d’entre nous ne sommes pas des peuples vivant en dépendance complète de leurs animaux locaux dans ce qui est par ailleurs un désert, qu’il soit chaud ou glacé.
On ne peut pas aimer les chèvres et le fromage de chèvre. On ne peut pas aimer ses cochons comme ses enfants... et les envoyer à l’abattoir. Ou alors c’est quoi exactement, cette définition de l’amour ? 
La réponse est simple : ce n’est pas de l’amour : c’est du plaisir narcissique, centré sur soi et ses besoins et absolument pas sur ceux des autres. C’est un rapport utilitaire, où l’empathie n’est admise que là où ça nous arrange (jolie chèvre en bonne santé dans une petite exploitation = je prends en photo ; moins jolie chèvre en moins bonne santé dans une grosse exploitation = j’ignore les images qu’on voudrait me montrer ; fromage issu de l’exploitation de ces mêmes chèvres et de l’envoi de leurs chevreaux à l’abattoir pour récupérer le lait des mères et la viande des chevreaux = je me régale).
C’est un peu comme de dire à quelqu’un « je t’aime parce que tu m’écoutes, tu m’encourages, tu me prépares des petits plats, tu fais mon ménage, tu m’aides pour relire mon travail… » et c’est tout : chaque personne mérite d’être respectée, sinon aimée, pour elle-même, et non pas ce qu’elle apporte aux autres (même s’il l’on peut évidemment aussi montrer son appréciation pour ce qu’elle apporte !) Surtout… quand cela touche son autonomie corporelle et sa vie même ! « Je t’aime parce que tu vas te sacrifier pour notre déité ou notre dîner, on apprécie ça, vraiment, maintenant arrête de te débattre ».
Qui veut d’un amour comme ça ? Que vaut un amour comme ça ? 
Je dirais presque que si on faisait le parallèle avec une vision amoureuse moderne entre humains on verrait que ça cloche mais il y a eu des bouquins qui ont au contraire montré le lien entre la façon dont on objectifie sexuellement les femmes et dont on objectifie utilitairement les animaux, avec souvent les mêmes codes. La beauté des femmes est faite pour être appréciée... par les hommes, qui peuvent tout se permettre puisque ce sont les consommateurs... idem chez les animaux... 
Alors être ceux qui profitons des animaux sans jamais nous demander quels sont leurs besoins ? Ça ne fait peut être pas de nous les pires ordures de la terre parce qu’il y a une sacrée compétition, mais sur ce point précis ça ne fait pas de nous des gens bien.
Infantiliser, objectifier, utiliser. Pourquoi ce n’est pas de l’amour ? — et c’est vrai pour les êtres humains aussi : l’espèce n’a rien à voir là-dedans.
Cela pourrait paraître une question de sémantique, d’un intérêt limité. Après tout, on peut aussi dire qu’on n’aime pas les animaux, qu’on n’a aucune compassion pour eux ou uniquement quand ça nous arrange, et le débat serait clos. Sauf que… sauf que ce n’est pas ce qui se passe, et ce n’est pas ce qu’on a envie de se dire. Oui certaines personnes n’aiment pas les animaux, et certaines personnes dans des débats avec des véganes vont momentanément affirmer qu’elles n’aiment pas les animaux, mais en général ? La plupart des gens pensent sincèrement aimer les animaux, la plupart des gens témoins de la souffrance animale éprouvent de la sympathie ou de l’horreur, la plupart des gens se réjouissent devant une histoire d’animal sauvé d’une situation dramatique… tout en continuant à participer à leur exploitation et leur massacre de masse. 
Questionner cette notion d’amour prend alors tout son sens.
2) La poule bien traitée du jardin n’ajoute pas à la somme de bonheur des animaux du monde
Peut-être que ce n’est pas moralement équivalent de massacrer des millions d’animaux pour du profit et d’élever trois poules dans son jardin... 
Ce qui mérite d’être questionné, c’est que la base de raisonnement et les justifications sont les mêmes. « Je peux », « j’ai envie », « j’aime mon omelette », « on a toujours fait ça », « c’est normal », « ce n’est qu’une poule », « oh elle ne souffre pas »… 
Mais aussi : qu’est-ce qui se passe pour avoir des petites chèvres mignonnes sur son terrain et faire du fromage, qu’est-ce qui se passe pour avoir une ou quelques poules et récupérer des oeufs ?
On achète des chèvres, ou des poules, femelles et jeunes : en effet, c’est un élevage, pas un refuge d’animaux vieillissants, qui ne produiraient rien. Quelques mâles sont conservés pour la reproduction, la majorité sont tués. Dans la basse-cour, on n’a jamais vu moitié poules, moitié coqs n’est-ce pas ? Pourtant, ce serait ça la nature…
On élève des chèvres ou des poules : quel que soit l’espace dont elles disposent, quelles que soient leurs conditions de vie, on ne leur permet pas de répondre à tous les comportements naturels (le choix de leurs congénères privilégiés, la propreté, la fouille, le fait que les oiseaux remangent leurs propres oeufs non fécondés pour en récupérer les nutriments…).
On tue des chèvres ou des poules : oh pas toujours. Des fois on s’attache. Ou on choisit délibérément de les laisser vivre jusqu’à leur mort naturelle. Mais souvent, quand ce n’est pas qu’un appoint mais une source de nourriture ? Il faut tuer les chèvres et poules jeunes, dès qu’elles sont moins productives mais tant qu’elles sont encore bonnes à consommer et pas trop coriaces.
En fait à partir du moment où on a placé un intérêt personnel (économique ou non) avant les intérêts fondamentaux des animaux, on n’a aucune raison de les prendre en juste considération : on va choisir de tuer un animal car il est malade ou blessé et que prendre soin de sa santé coûterait plus cher que ce qu’il apporte ; on va  choisir de tuer un animal car il n’est pas ou plus utile et qu’on n’a pas le terrain et la nourriture pour lui et son remplaçant plus utile ; on va choisir de mutiler un animal car il est plus facile à exploiter ou plus agréable à consommer ainsi (écorner, castrer, etc.) ; on va choisir de modifier génétiquement des animaux pour qu’ils produisent plus d’oeufs ou de lait ou de chair, jusqu’à les débiliter ; on va choisir de tuer un animal car on l’a rendu agressif  ou ingérable en l’exploitant ou en le détenant dans des conditions qui ne correspondent pas à ses besoins, et notre confort passe avant notre responsabilité ; on va « casser » un cheval, c’est le mot de la profession pour le dresser et le forcer à accepter qu’on monte sur son dos, ce qui en effet ne lui fait pas de bien, etc etc.
Quand un animal est un bien meuble — comme c’est le cas dans le droit français actuel, qui protège ses intérêts ? Uniquement ses propriétaires. Avec qui il y a clairement un conflit d’intérêt puisqu’ils tirent un bénéfice financier ou en nature de cet animal, et une envie de valoriser et justifier leur propre action. 
Qui s’intéresse à la vie, au respect des besoins fondamentaux, de ces animaux, pour eux-mêmes, de façon intrinsèque, sans parti pris opposé ? Personne d’autre qu’eux-mêmes, qui n’y peuvent rien. 
Alors de quel bonheur parle-t-on ? Quel est ce mythe de la viande heureuse ?
3) Pourquoi continuer une exploitation « modérée » ?
La dernière chose qui mérite d’être dite sur ce sujet, c’est que chaque manière de vivre que l’on trouve acceptable doit pouvoir être mise à l’échelle de 7 milliards d’êtres humains - bientôt 9, puis 10. 
L’exploitation de masse est juste la conséquence logique du premier raisonnement si « tout le monde » a droit à la même chose et l’applique. 
Que deviennent les 3 poules du jardin quand il s’agit de nourrir tout ce monde ? Pour une population en France d’un peu plus de 60 millions de personnes, on en est à 11 milliards d’animaux terrestres tués par an, et 15 milliards environ d’animaux marins. Il est loin le temps où des poules en liberté dans des cours et jardins pouvaient nourrir notre population.
Mais pourquoi ne pas accepter une vraie alimentation modérée de produits animaux ?
Les gens « modérés » dans nos sociétés occidentales ne mangent pas juste les œufs de 3 poules, pondus à leur rythme naturel. 
Pour rappel, avant sélection génétique, les poules pondaient de une fois par mois à environ une fois tous les 5 jours dans les années 1900 ; ce n’est que depuis le 20ème siècle que les poules de batterie pondent 300 oeufs par an — au détriment évident de leur santé. Dans tous les cas, on est loin d’une alimentation riche en produits animaux avec une poule dans sa cour !
En France, nos grands parents qui vivaient à la campagne tuaient un cochon - ou une vache - par an. C’était l’événement, le saigneur passait, tout ça. Ils le partageaient un peu et vivaient bien sûr en famille plus que nucléaire - plutôt des mini-hameaux. 
D’après le bilan carbone national alimentaire, aujourd’hui 30% de notre alimentation solide est d’origine animale. Actuellement un Français consomme en moyenne 1,5 kg de viande par semaine ou environ 70 kg par an : ça représente les 2/3 dudit (gros) cochon - pour une seule personne. 
Manifestement, « revenir » à un mode de vie des animaux « du jardin » pour de grandes cellules familiales ou communautaires reviendrait à diminuer largement la part de viande de notre alimentation.
Allons-y déjà. Je mets au défi les personnes qui parlent d’élevage raisonné de diminuer à ce point leur consommation de tous les produits animaux. C’est déjà ça de gagné.
Mais à ce stade, pourquoi insister sur le fait de conserver l’exploitation animale « raisonnée » quand ça ne peut tout au plus représenter qu’un complément de nourriture et absolument pas la base d’une alimentation ?
Parce qu’on aime, parce qu’on veut, parce qu’on peut ? 
« Peut »-on vraiment quand pour ce faire on pollue plus et on épuise nos ressources, d’ailleurs ? Aujourd’hui l’élevage qui ne représente qu’une part minoritaire de notre alimentation (significative, mais minoritaire), mobilise la majorité des terres agricoles (y compris hors prairies). On s’appuie beaucoup sur l’argument que la viande ou les produits animaux sont à la base de la survie de certains peuples. La vérité c’est que les plus grandes consommations dans le monde sont dans les pays riches, et chez les gens les plus riches de ces pays.
L’exploitation même modérée n’est pas une solution, pas pour notre survie, pas pour nos ressources, et surtout pas pour le bien des animaux en tout cas.
Qu’on ne s’y trompe pas. Le mythe de la « viande heureuse », de l’animal de famille au fond du jardin, bien traité jusqu’à ce qu’on l’amène vers une fin « humaine » (quelle humanité de tuer un être qui ne veut pas mourir ?), n’a pas de base dans la réalité, et n’a qu’un seul but : se donner bonne conscience. Qu’il est bon de calmer notre dissonance cognitive en se donnant l’impression d’aimer les bêtes mêmes que l’on maltraite et mange...
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antispecisme · 6 years
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Antispécisme. Changer son système de pensée.
Je n’ai pas envie de détailler un « bingo » végane ici : oui, on sait que quand il s’agit d’aborder le sujet de l’antispécisme, du véganisme, on retrouvera des variations de « j’aime la viande, je suis un carnivore », « les plantes aussi ça souffre », « et les protéines ? », « je respecte ton choix donc tu peux respecter le mien », « c’est de la sensiblerie de bonne femme », etc etc. Ces « objections » sont faciles à contrer sur le fond et les réponses existent partout, mais ça ne sert à rien parce que le problème n’est pas (que) le contenu du discours. Elles ne reviennent pas si souvent sur le tapis par hasard : elles sont l’expression du refus des gens de remettre en cause leur mode de vie et de pensée.
Et c’est cela que je voudrais aborder aujourd’hui.
Personne n’a envie de s’avouer qu’on participe à quelque chose d’immoral.
Personne n’a envie de remettre en cause un mode de vie habituel, agréable, pratique, sans prise de tête, surtout quand on se rend compte qu’il est prévalent dans tous les aspects de nos vies (vêtements, courses, restaurants, sorties, divertissement, hygiène et cosmétiques…).
Plein de gens n’ont pas de temps, d’énergie mentale et physique, de ressources, pour changer de mode de vie dans un système qui ne favorise pas ce changement.
Plein de gens n’ont aucune envie de se confronter au regard dédaigneux des autres, à l’inconfort social de ne pas se plier à la tradition du groupe, surtout sur un aspect de la vie qui est un symbole de convivialité et partage.
C’est complètement normal et humain, et c’est normal aussi que le réflexe face à un discours antispéciste soit donc un rejet si total qu’il confine à l’absurde.
Mais il est urgent au moins d’y réfléchir.
Peut-être que l’antispécisme n’aurait pas l’importance morale qu’il a aujourd’hui si on était encore 5 millions d’être humains sur terre comme à la préhistoire (-8000 ans), et qu’on s’efforçait de chasser avec des outils rudimentaires et notre endurance des animaux qui représentaient moins de 20% de notre régime alimentaire aux périodes les plus fastes. A cette époque nous étions plus ou moins un animal comme les autres, cherchant à survivre, avec à peu près autant de chances que les autres d’y arriver.
Aujourd’hui… Aujourd’hui nous sommes plus de 7 milliards. Nous épuisons notre planète, nos terres agricoles et non agricoles et celles qui ne nous appartiennent pas, nos ressources en eau et celles des générations suivantes — ce qui se fait en passant aussi au détriment des autres espèces d’animaux, et la biodiversité s’amenuise à vue d’oeil. Nous élevons volontairement et massacrons 60 à 140 milliards d’animaux terrestres et d’oiseaux par an (150 fois plus de morts que toutes les morts humaines de toutes les guerres depuis le début de l’humanité, chaque année) et 970 à 2740 milliards d’animaux marins. 
Il est loin, le « cycle de la vie ».
Et pendant ce temps, les experts mondiaux en nutrition confirment année après année que l’on peut très bien vivre en parfaite santé avec un régime végétarien ou végétalien — ce que prouvent par l’exemple au quotidien des végétariens et véganes encore en trop petit nombre.
L’humanité ne peut pas continuer à aller acheter sa tranche de jambon bien propre et emballée et fermer les yeux sur ce qu’est devenue sa « participation » au monde. C’est vrai, notre comportement est tout ce qu’il y a de normalisé. Toute la société nous assène constamment que c’est normal et même souhaitable, et bon tout le monde le fait. Quand tout le monde, nos grands parents (qui étaient des gens frugaux et proches de la campagne, eux, ce sont des bons modèles, non ?),  nos parents, nos amis, nos professeurs, nos collègues, nos chefs, nos stars… quand tout le monde le fait au quotidien, bien sûr que c’est hyper dur de se lever contre l’écrasante majorité et dire « non en fait c’est pas cool, on n’a pas besoin de faire ça ».
Et oui, c’est dur de changer ses habitudes. Parce que c’est pas tout de réfléchir dans le bon sens, si on veut être cohérent·e il faut passer à l’action, et en effet, c’est difficile. 
Mais attendez. 
Même si ce n’est pas encore envisageable pour vous de passer à l’action, il y a d’autres choses aussi importantes à faire. 
Pour les animaux, pour changer notre société, il vaut mieux 30 ou 40% de la population qui demande que des décisions politiques soient prises pour proposer des options véganes et éthiques faciles partout, subventionner le végétal-bio-local y compris les protéines végétales plutôt que l’élevage et le fourrage et l’importation de végétaux destinés à l’alimentation des animaux, former les nutritionnistes et médecins à toutes les formes d’équilibrage de régimes y compris végétaliens, abolir les abattoirs !… que 3% de personnes convaincues qui deviennent  végétariennes et véganes à titre individuel.
Et une fois que le système est fait pour favoriser le véganisme ? Changer ses habitudes n’est plus un sujet !
Alors laissons de côté pour le moment le fait de changer son mode de vie, et concentrons-nous sur le système de pensée.
Est-ce que mon système de pensée est réfléchi jusqu’à toutes ses implications ? Cohérent ? Juste ?
Est-ce que nous sommes prêt·e·s à accepter des faits — comme ceux ci : 0) on ne doit pas faire de mal gratuitement aux créatures qui peuvent souffrir (ex : couper des limaces en deux pour voir comment c’est fait, arracher les ailes des coccinelles et les queues des lézards…), 1) les animaux sont sentients, 2) on n’a pas besoin de produits animaux pour bien vivre 3) on choisit de les tuer à un rythme que jamais rien d’autre n’a égalé —  ou est-ce que nous préférons refuser de reconnaître ou de penser à ces faits qui ne vont pas dans le sens de nos préférences et croyances ? 
Est-ce que nous sommes logiques et rationnel·le·s et économes ou est-ce que nous préférons épuiser des ressources qui ne sont pas les nôtres tant que nous trouvons du plaisir au résultat ?
Est-ce que nous sommes sensible à la justice, est-ce que nous nous en fichons (mais alors arrêtons tout simplement de vivre en société), ou est-ce que nous préférons la loi du plus fort, de l’homme supérieur - quand ça nous arrange ?
Est-ce que nous pensons avoir des valeurs de compassion, d’amour, est-ce que nous nous verrions en héroïnes ou héros dans une situation qui s’y prêterait, ou est-ce que nous nous satisfaisons pleinement d’être dans la masse passive ou parmi les super-méchants ?
Est-ce que pour nous les autres n’ont de valeur que par leur utilité pour nous-mêmes, ou est-ce qu’il y a une valeur intrinsèque dans la vie des autres - et la nôtre ? Si les autres nous trouvent inutiles sauf pour les servir au prix de notre vie, trouvons-nous ça aussi juste que ce que nous imposons à d’autres ?
Est-ce que nous aimons les animaux, est-ce que nous en aimons une poignée et méprisons tous les autres, est-ce que nous les méprisons tous, ou est-ce que nous les détestons ?
Si nous devions montrer des images du monde à nos/des enfants (ou des aliens qui se poseraient des questions sur notre fonctionnement pour savoir comment nous traiter, tiens !), est-ce que nous choisirions des images de nature, d’animaux en liberté, de champs de blé, de haricots et de fraises, ou bien des abattoirs, et la chaîne d’importation du soja destiné à leur alimentation ? De quoi serions nous fièr·e·s ?
Est-ce que dans la vraie vie nous sommes plus proches des personnages auxquels nous avons envie de nous identifier dans la culture populaire, ou de leurs adversaires ? Bambi, Babe, Nemo et son papa, Willy, les 101 dalmatiens, les aristochats...  ou le chasseur, le dentiste avec son aquarium, Cruella… ? Est-ce que nous croyons profondément en la nécessité des abattoirs et à l’humanité d’y envoyer des animaux, ou est-ce que nous avons envie de nous réjouir face à une histoire d’un animal enfui et sauvé d’un abattoir ?
Est-ce que nous sommes prêt·e·s à ignorer toute nouvelle concernant l’utilisation de chiens pour se battre, de zoophilie, de.... puisque nous ne sommes pas hypocrite et nous pensons sincèrement qu’on a le droit de faire du mal aux animaux si le résultat nous fait plaisir et qu’on reste les gentils de l’histoire ?
Est-ce que nous préférons construire notre morale sur des principes les plus universels possibles (ce qui s’applique à nous s’applique aux autres et vice versa) ou sur des catégories arbitraires (certains types de personnes valent mieux que d’autres parce que certains d’entre nous l’avons décidé ainsi et ça nous arrange) ?
Est-ce que nous reconnaissons avec le droit français actuel que torturer et tuer un animal domestiqué « gratuitement » est immoral (même si ça fait plaisir à l’être humain qui le fait), tout en préférant penser que torturer et tuer un animal domestiqué pour le vendre et qu’il soit mangé est tout à fait moral (parce que ça fait plaisir à l’être humain qui le mange) ? Ou est-ce que nous pouvons envisager l’idée que la moralité ne dépend pas du choix et du plaisir d’une seule des parties concernées et préfèrerions prendre en compte les intérêts de toutes et tous y compris des animaux ?
Finalement, est-ce que notre système de pensée au regard des animaux reflète nos valeurs et notre système de pensées plus global ?
Sinon, à quoi pouvons-nous réfléchir et à quoi pouvons-nous exiger que nos gouvernants réfléchissent pour faire avancer notre société dans son ensemble vers un modèle plus cohérent et moral ? 
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antispecisme · 6 years
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Quel type de société pourrait être antispéciste ?
L’antispécisme fait souvent face à des réactions du type « vous voulez qu’on puisse épouser son chien ? » ou « vous êtes pour le vote des poules » ou encore « vous voulez qu’on donne plus d’importance aux animaux qu’aux humains ». Incompréhension ou mauvaise foi, en tout cas ça ne fait pas avancer le schmilblick. 
Qu’est-ce que ça voudrait dire, à l’échelle d’une société, de ne pas discriminer par rapport à l’espèce ?
D’abord, prendre en compte les comportements naturels et besoins de chaque individu
En effet, quand on ne discrimine pas par rapport à l’espèce, on doit faire attention aux besoins des individus. 
On ne peut pas traiter par dessus la jambe le traitement des animaux de ferme ou des homards parce que des êtres humains ont envie d’en manger, et auraient donc priorité sans discussion possible. 
On s’oblige à prendre en compte les intérêts des individus : dans la balance, d’un côté une vie de captivité et de perte d’autonomie, terminée en exécution à un tiers de son espérance de vie naturelle, de l’autre, un repas qui pourrait être remplacé par un autre, végétal. Dans ce cas et les cas similaires, la balance penche du côté de l’animal.
Les exemples ridicules de l’introduction ? Un chien ne va pas naturellement s’accoupler avec un humain, et n’est certainement pas en position de consentir à un mariage ; une poule n’est pas en capacité de voter… Et ce n’est pas leur besoin ! Les ours n’ont pas besoin de logement chauffé, les cigognes n’ont pas besoin d’aéroports et de contrôle aérien, les vaches n’ont pas besoin de vêtements… Arrêtons les fausses équivalences. 
Aucune société ne devrait fonctionner en traitant tout le monde pareil, ça n’a pas de sens. J’ai besoin de lunettes. Est-ce que quelqu’un préconise de se battre pour que tous les gens qui voient très bien aient eux aussi des lunettes de vue remboursées par la sécu ? Evidemment non. Par contre, s’ils ont besoin qui d’un contraceptif, qui d’une radio et d’un plâtre, qui d’un traitement à vie pour une maladie génétique, eh bien oui, c’est ce qui devrait leur être proposé.
La politique des êtres humains ne devrait avoir aucun impact sur les poules comme elle ne devrait en avoir aucun sur les poissons des fonds des océans. Si elle en a, elles devraient avoir comme tout individu qui ne peut se défendre soi même physiquement, intellectuellement ou légalement, des personnes défenseuses de leurs intérêts — leurs vrais intérêts : la vie, la proximité de leurs congénères, l’autonomie, la capacité de se déplacer, se nourrir, s’accoupler, etc. En fait, toutes choses qu’elles feraient tranquillement sans l’être humain : ce n’est pas une faveur qu’on leur ferait !
Nous avons adopté une position de hauteur vis-à-vis des animaux. Ironiquement, notre justification pour les exploiter est de prétendre que nous avons besoin d’eux. Eux n’ont pas besoin de nous, et qui plus est, lorsqu’on les laisse tranquilles ils participent bien mieux que nous à créer un environnement et une biodiversité nous permettant de mieux vivre.
Les individus, ça veut dire tous les individus
Mais une société antispéciste, ce n’est pas qu’une société où on doit s’interroger sur le traitement des animaux. Quand on est antispéciste et qu’on considère qu’on ne doit pas traiter les animaux d’une certaine façon juste parce qu’ils sont différents de nous, c’est un impératif de justice et de morale. 
Ces concepts ne s’étendent pas qu’aux animaux.
L’exploitation de l’homme par l’homme est clairement à remettre en question dans un modèle de société antispéciste. 
Si on s’intéresse aux besoins des individus, c’est qu’on refuse de les essentialiser en classes et de les prioriser idéologiquement les uns par rapport aux autres. On ne tiendra pas un discours qui dira que les humains méritent plus d’avoir leur mot à dire que les animaux juste « parce que », mais on ne dira pas non plus que le coût du travail des pauvres doit être fonction de comment une entreprise et un riche employeur peut faire des dividendes au lieu de combien il faut pour vivre ; on ne trouvera pas juste que des milliardaires amassent pour eux un pourcentage de la richesse collective qu’ils ne pourraient jamais dépenser en des milliers de vies pendant que d’autres personnes sont sans abri, sans ressources, ne mangent pas à leur faim. On ne trouvera pas juste que tant qu’il y a des ressources à partager, des individus soient laissés sur le carreau, qu’ils soient victimes de guerres, marginalisés, handicapés, malades, qu’ils vivent une mauvaise passe.
La raison en est très simple : les besoins fondamentaux des individus  sont non négociables et ne peuvent être remis en cause que par des besoins incompatibles équivalents. Un profit plus important pour des actionnaires ne sera jamais à la même hauteur morale que la possibilité de vivre (de son travail ou d’une aide) c’est à dire se loger et loger sa famille, se nourrir, se déplacer, se vêtir, entretenir des relations sociales. Accueillir des réfugiés dans un pays où des milliardaires existent est juste un signe que la vie humaine doit rester plus importante qu’un pécule d’argent qui ne sert à personne. C’est la base.
S’assurer que les intérêts des individus n’empiètent pas les uns sur les autres
Si on pense qu’on ne sait pas faire ? C’est que notre modèle n’est pas le bon, et il faut créer autre chose. Pour notre système économique ça peut être le revenu de base, ça peut être un système de taxation vraiment juste et appliqué augmentant par paliers et taxant sur le patrimoine et le surplus et pas seulement le revenu, ça peut être autre chose encore y compris plein de modèles pas encore imaginés, mais si on n’arrive pas à créer de la richesse sans laisser les gens lutter pour leur survie, c’est qu’on n’a pas les bonnes priorités. Pour notre système alimentaire ça peut être de favoriser les cultures végétales et bio et des systèmes qui ne mettent pas non plus en danger la santé des agriculteurs et de leurs enfants, ni celle des salariés des filières de production et de distribution…
Oui, car les conditions de travail ? Même combat. Si pour produire davantage et créer davantage de richesses on met en péril la sureté et la sécurité des personnes, c’est qu’on s’est encore trompé dans la hiérarchie des besoins de chaque partie. 
Les individus ont tous autant le droit que les autres à la vie, la sécurité, la santé, l’autonomie, la liberté de s’exprimer, d’établir du lien social, etc.
D’autres exemples ? 
On ne peut pas être sincèrement antispéciste et misogyne, et par exemple harceler les femmes dans la rue… Ce serait placer des intérêts superficiels (ego, volonté de pouvoir, sécurité d’une image unidimensionnelle de l’autre… ?) au-dessus des intérêts fondamentaux d’autres personnes (vivre en authenticité et en sécurité, avoir la liberté de s’exprimer et d’être autonome sans conséquences négatives non provoquées).
On ne peut pas être sincèrement antispéciste et raciste ou xénophobe. Ce serait placer des intérêts personnels superficiels (préjugés, volonté de domination, habitudes d’humour pas drôle mais qu’on n’a pas envie de changer, privilège de voir raconté une seule version de l’histoire et c’est la nôtre…) au-dessus des intérêts fondamentaux d’autres personnes (vivre en authenticité, avoir la liberté de ses choix, avoir accès aux mêmes opportunités que les autres pour répondre à leurs besoins, sans conséquences négatives non provoquées, etc.).
On ne peut pas être sincèrement antispéciste et homophobe ou transphobe. Ce serait placer des intérêts personnels superficiels (ça me met mal à l’aise, je ne le comprends pas, je ne sais pas l’expliquer à mes enfants, je suis contre, quelqu’un m’a dit que ce n’était pas bien) au-dessus des intérêts réels d’autres personnes (vivre en authenticité, établir des relations sociales réciproques qu’elles soient de famille, d’amitié, amoureuses, sexuelles, etc.) qui appartiennent aux besoins fondamentaux et donc en soi ne nuisent à personne. 
Et où ça s’arrête tout ça ? Il n’y a rien de bien neuf là-dedans, ni d’excessif. Tout le monde le sait déjà : « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ». Si mes intérêts fondamentaux empiètent sur les intérêts fondamentaux d’autres personnes alors que j’ai d’autres options qui les épargnent, ce n’est pas juste. Si mes intérêts superficiels (loisir, richesse, pouvoir, gourmandise, et même culture…) empiètent sur les intérêts fondamentaux d’autres personnes, ce n’est pas juste. Si mes intérêts superficiels empiètent systématiquement sur les intérêts superficiels d’autres personnes, ce n’est pas juste. Etc.
Je peux interroger mes privilèges et mon rôle individuel dans la société : ce que j’achète, dans quelles conditions est-ce que ça a été produit ? Est-ce que j’ai des alternatives plus éthiques ? Qui sont les victimes potentielles de mes actes ? Qu’est-ce que je peux changer ?
Mais il ne faut pas oublier que la plupart d’entre nous n’avons que peu de choix, et nous vivons dans une société que nous n’avons pas beaucoup le pouvoir de changer en dehors d’une révolution. Ce que nous pouvons faire à notre échelle, que ce soit survivre, faire survivre notre famille, voter, manifester, signer des pétitions, changer nos actes de consommation, éduquer les prochaines générations, etc, c’est déjà ça de pris !
On doit prendre en compte l’ensemble de la chaîne et les impacts non visibles
Revenons à la société globale. On a dit antispéciste. Ça veut dire que l’espèce n’est pas un critère pour juger de comment on traite les autres. Ça veut dire qu’on redéfinit les critères. On a parlé de l’intérêt des individus, il ne faut pas oublier les impacts plus cachés.
Intéressons-nous à l’ensemble de la chaîne de nos actions : on abandonne l’exploitation animale, bon point. Si c’est pour faire comme la majorité du reste de l’industrie actuelle et déforester l’Indonésie et tuer les grands singes pour ajouter de l’huile de palme à tous nos produits, ça s’appelle généreusement se planter. Abandonner le cuir mais créer comme les autres des chaussures dans des sweatshops non contrôlés à l’étranger ? Même si les chaussures sont vegans, c’est pas l’idée non plus.
Une société antispéciste, c’est une société qui ne se divise pas en « eux et nous », une société qui ne se permet pas de piétiner les intérêts des autres, humains, animaux, notre environnement à tous, pour répondre aux intérêts de quelques uns qui ont la chance de se trouver du bon côté.
Une société antispéciste, c’est une société qui se préoccupe de vivre ensemble. 
Car comment prendre en compte les intérêts des autres si on n’est pas à l’écoute ? Une société antispéciste est forcément une société de dialogue, d’observation, de partage, une société où tous les individus voient leurs intérêts représentés, avec un poids égal dans la balance.
En fait, une société antispéciste, c’est une société naturellement plus juste et équitable, pour tout le monde
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antispecisme · 6 years
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Antispécisme, sensibilité et sensiblerie
Pour justifier le peu d’empathie éprouvé pour les animaux et le traitement qu’on en fait, on est prêt à nier toute sensibilité… chez eux comme chez nous.
Et puis on s’appuie sur une histoire bien biaisée. 
Notre société raffole de Descartes pour une raison que j’ignore, et certes il n’a pas dit que des c…ies, mais il était aveuglé par ses préjugés avec son invention de l’animal-machine, selon laquelle l’animal serait une sorte d’automate perfectionné. 
Il est parti de ce postulat faux et l’a alimenté de son biais de départ par une interprétation non scientifique de ses observations — pour résumer et paraphraser : « il réagit comme nous quand on le pique, mais chez nous c’est la vraie douleur et chez lui c’est une réaction mécanique ». Comme l’aurait dit mon prof de prépa, même en maternelle on fait mieux que ça en termes d’observation scientifique.
En réalité, la science n’a cessé depuis des années de prouver encore et toujours, en se penchant sur de nombreuses espèces terrestres, aériennes et aquatiques, que les animaux ont des émotions, ressentent la souffrance, ont un intérêt à la vie et notamment à la vie sans douleur, peuvent faire preuve d’empathie et de compassion, de solidarité, reconnaissent des individus, créent des liens avec leurs congénères et même parfois en dehors de leur espèce, et agissent de façon délibérée dans diverses situations en dehors d’un simple impératif biologique (ils n’agissent pas que pour leur survie personnelle ou leur reproduction, mais aussi par gourmandise, par compassion pour un autre animal y compris d’une autre espèce, y compris humaine!, par sentiment de justice, etc.).
A partir du moment où l’animal est sensible, se préoccuper de son traitement est l’essence même de la compassion : “souffrir avec”. On n’est pas censé éprouver de compassion pour des créatures qui ne sont pas censées souffrir, mais la compassion est une valeur humaine fondamentale envers celles qui le peuvent. C’est ce qui sépare l’humanité de l’indifférence et de la cruauté.
Sauf que... notre société méprise la compassion. Il n’y a qu’à voir comment elle se traite elle-même. 
Nous n’avons même pas de compassion pour notre prochain ! « L’autre » plus exploité ou en détresse que nous est présenté comme de la concurrence déloyale ou un poids pour nos ressources.
Alors la compassion pour les animaux ? Ha! C’est rangé dans la catégorie « sensiblerie », c’est à dire que sur le fond c’est peut-être moral mais personne n’a envie d’être aussi moral, parce que c’est :
Chiant - ben oui, ça veut dire qu’il faut remettre en question notre système de pensée et que peut-être notre modèle de société entier n’est pas si réussi qu’on préfère le croire
Ridicule - ben oui, dans un pays qui se revendique de droite, quand on se préoccupe des plus vulnérables c’est perçu comme une faiblesse de jeunesse… si ça persiste, là ça devient risible.
Déjà, ça me donne envie de crier : mais c’est quoi le problème de notre société avec l’amour ? Vouloir vivre en paix et en harmonie, sans faire de mal à son prochain, dans un pays qui se flatte de sa laïcité et d’avoir décapité les exploiteurs du peuple mais aussi, dès qu’il s’agit de voile musulman et de crèches de noël rappelle sa longue tradition chrétienne, ça devrait être la voie royale républicaine!
Les êtres humains ont un cyclone dans la tête qui les tourne à l’envers sur le sujet des sentiments : ils sont prêts à produire des oeuvres d’art où les animaux de la ferme ou de la savane ou de la jungle ou de la préhistoire… sont les héros et se sauvent ; où des êtres humains tombent amoureux d’aliens, de robots, de poupées, de monstres… Les gens s’attachent à leurs aspirateurs, ils ont du mal à éteindre un robot programmé pour leur dire « non s’il vous plaît j’ai peur du noir »…
Mais protester qu’on emprisonne, torture et tue 3 millions d’animaux par jour rien qu’en France, ça, c’est la borne de la sentimentalité à ne pas dépasser ?
Alors j’ai une bonne nouvelle pour celles et ceux qui pensent vraiment ça : ce n’est pas qu’une question d’amour ou de compassion, c’est une question de justice, de cohérence morale, de mesurer la responsabilité de ce que nous faisons. Même quand les animaux c’est pas notre dada, quand on regarde honnêtement ce qu’on fait avec, alors que pour l’immense majorité on n’en a pas besoin, c’est révoltant.
Comme on dit : On peut manger de tout sans manger personne.
Et il est temps de prendre le sujet au sérieux.
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antispecisme · 6 years
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Nous sommes tou·te·s exploité·e·s : l’antispécisme et le mythe de la participation animale à la société
On trouve une justification de l’animal exploité qui « participe à la société » dans toutes les mouvances : 
Pour les personnes qui ne considèrent pas que les êtres humains soient exploités à la base, l’animal est vu comme simplement participant à la société, apportant « comme tout le monde » ses contributions, et cela est juste et bon. 
Ce qu’il y a de dérangeant dans cette association d’idées, c’est que c’est déjà une chose de considérer les êtres humains comme étant entrés volontairement dans ce modèle de société où l’on participe activement à la société (en travaillant, principalement)  et où en échange de quoi on trouve un entourage et une famille, un abri, de la nourriture, de la protection, du divertissement, etc. 
Mais nul ne peut argumenter sérieusement que les animaux enfermés dans les zoos et aquariums, exploités et tués pour l’élevage, le cirque, la corrida, la chasse et la pêche… ont fait ce choix-là. 
Si les êtres humains peuvent être considérés comme libres, les animaux, non, par le simple fait de ne pas avoir la capacité de consentir, par le fait d’entrer dans notre société en étant capturés ou issus d’une reproduction forcée, par le fait d’être commercialisés et légalement traités comme des biens.
Pour les personnes qui considèrent que les êtres humains sont exploités par un système injuste, la libération animale est assez souvent opposée à la libération humaine comme si les humains devaient nécessairement s’appuyer sur l’exploitation des animaux pour s’élever eux-mêmes, ou renoncer à tout.
Il y a sans doute une certaine dose de mesquinerie là-dedans : est-ce que le fait que je n’ai pas le choix, moi, de vivre dans un système exploiteur ne justifie pas que moi aussi je profite de l’exploitation des animaux ? 
Cette image de la société parfaite où chacun contribue rejoint cette image de la société imparfaite où êtres humains comme animaux sont autant exploités, dans l’insincérité. 
Non, nous ne sommes pas dans la même galère. 
La participation attendue des êtres humains est en théorie de celle qui peut se donner - c’est à dire du temps et de l’effort - et l’on tente au moins de vivre selon des règles et de faire respecter des droits.
Bien sûr, beaucoup de gens doivent travailler dans des conditions difficiles, et compter leur argent, et se priver de choses aussi bien de nécessité (un peu de chauffage, des nouveaux vêtements) que de luxe dont d’autres ne se privent pas… Bien sûr beaucoup ne savent pas ce qu’il sera possible de manger le lendemain. Bien sûr il y a des êtres humains qui sont traités plus mal que certains animaux… Bien sûr beaucoup d’êtres humains vivent dans des conditions indignes, n’épargnent pas leur peine et ne reçoivent ni argent, ni protection, ni sécurité, ni toit, ni nourriture.
Je suis de celles qui pensent que la société nous a failli.
Mais la « contribution » des animaux ? c’est leur vie (où ils ne sont ni en sécurité, ni entourés de leurs proches et familles, ni libres de leurs mouvements et comportements naturels) et leur mort prématurée, violente et préméditée.
A l‘échelle des 3 millions d’animaux tués par jour en France ? La façon dont nous traitons les animaux n’a à voir avec la façon dont nous traitons les humains que parce qu’elle montre ce que nous sommes prêts à faire si on nous en donne le droit et les moyens. Si l’expression « être traité·e·s comme des animaux » existe, ce n’est pas parce qu’on a « tou·te·s notre rôle à jouer dans la société ». Nous avons parfaitement conscience de la violence que nous commettons.
Et la réponse à ce constat serait de se dire : ah, au moins on ne souffre pas seul·e·s ? « Bien fait ! » ?
Il n’y a pas dix mille attitudes morales, et même si l’on n’a que faire de la moralité, il n’y a pas dix mille attitudes cohérentes.
Si on se dit qu’on participe tous à la même société, où sont les représentants et défenseurs légaux des animaux pour représenter leurs droits, au même titre que les avocats et le droit civil et pénal, au même titre que les syndicats et instances de représentation du personnel et le code du travail ?
Si on est tou·te·s exploité·e·s, où est notre solidarité de victimes ? De quel droit puis-je demander justice pour moi si je justifie de torturer, tuer, manger, mes camarades exploités ? Si le droit du plus fort et de l’exploitation prévaut, de quoi je me plains ?
Reconnaissons que cette société exploiteuse, ce sont les humains qui l’ont construite. Les animaux n’y sont pour rien. Alors pourquoi les punir ? Qu’est-ce qui justifie ce qu’on fait ?
Les êtres humains, tout exploités qu’ils sont, sont dans une position 100% dominante et injuste avec les animaux : on créé la société, on créé les règles, on décide de tout… à quoi les animaux « participent »-ils exactement ? 
Plutôt que de couler et prendre les animaux (qui n’ont rien demandé) avec nous, on n’a pas mieux à faire ? Oui le monde est injuste et donc, on va peut être arrêter d’y mettre plus d’injustice là où on peut agir ?
Si on est dans l’action, allons y, changeons le monde. 
Et si on ne peut envisager la vie commune sur terre et la libération des jougs qu’en passant par l’exploitation d’êtres sentients, que vaut notre vision ? 
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antispecisme · 6 years
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Antispécisme : comment sait-on si ce qu’on fait est moral ?
Dans un billet précédent, je partais du principe que la plupart d’entre nous avons une fibre morale et l’envie d’être éthique, et que pour que ça ait du sens il faut l’appliquer. Dans la pratique ça peut prêter à confusion, alors j’aimerais bien revenir sur ce point : comment sait-on que ce qu’on fait est moral ?
Un peu comme Socrate et ses trois tamis, on passe notre action au crible :
Est-ce que je fais du mal (physique, émotionnel) ? 
L’éthique étant la discipline de la philosophie qui s’intéresse au Bien et au Mal, ça me semblait pas mal comme première question. Prenons donc le mot littéralement, faire mal à autrui. 
Si la réponse est non, si vraiment on ne dispense aucune souffrance, physique ou émotionnelle, ça règle 100% de la question, c’est moral ou neutre moralement !
Si la réponse est oui, en revanche, ce n’est pas un excellent début, on rentre dans la zone de moralité grise ou d’immoralité, alors la question suivante à se poser est : 
Est-ce justifié ? Ou une autre façon de poser cette question : est-ce que mon intérêt à faire du mal est supérieur à l’intérêt d’autrui à ne pas souffrir/mourir ? 
Si c’est survie contre survie, on peut considérer que ça se balance équitablement ; si j’y gagne un plaisir et une certaine commodité le temps de quelques repas contre une vie de souffrance abrégée par un meurtre pour quelques animaux… on sent un déséquilibre dans le poids accordé à nos intérêts : cela ressemble à de l’abus. 
Ce n’est pas par hasard que les mots de « balance » et d’équilibre arrivent sur le tapis : on arrive bien à une question de justice : comment je peux justifier le mal que je fais ? est-ce que ce que je fais est juste ? 
Dans la justice, il y a une notion de conséquence (dans un accident de voiture, la différence entre un constat et un homicide involontaire), et il y a une notion d’intention et de circonstance (les différences entre un homicide par autodéfense, un homicide involontaire et un meurtre) : 
si je fais mal, est-ce que c’est parce que je suis attaqué·e ou pour défendre quelqu’un d’autre ? la notion d’auto-défense peut aussi être cette interprétation : est-ce que je tue (cet animal) parce que je dois survivre, est-ce que c’est lui ou moi ?
est-ce que c’est par accident dans la poursuite de ma survie ou de celle de quelqu’un d’autre ? (je moissonne mon champ pour me nourrir ainsi que mes congénères et il y a probablement un mulot et plein d’insectes qui ont été fauchés dans l’appareil, sans que ce soit fait exprès ; ou, oh non j’ai écrasé un escargot en marchant !)
est-ce que c’est par choix (je tue un animal pour me nourrir mais je pourrais m’alimenter d’autre chose) ? Si nous avons du temps, de l’argent, des rayons bien achalandés ou même un accès direct aux producteurs… bref, si nous pouvons ne pas tuer d’animaux ET ne pas mourir de faim, alors tuer un animal devient un choix « gratuit ».
En termes d’homicides humains, je suis allée dans l’ordre du plus moral au moins moral. En termes de notre approche des animaux, la vérité est qu’on se trouve beaucoup plus entre le premier et le dernier point. Beaucoup sont au premier (”l’option la moins chère que je peux m’offrir, chaude et nourrissante, contient des produits animaux”) mais beaucoup d’autres croient y être (« on doit manger de la viande et des laitages et des oeufs pour vivre ») et sont en fait au dernier (« j’ai fait soirée raclette, hum, c’est trop bon » ou encore « oui mon budget mensuel de nourriture dépasse 200�� par personne et j’ai accès à tous les fruits et légumes et légumineuses et céréales et oléagineux et épices possibles et je sors au restau au moins une fois par semaine, pourquoi ? » Ou « moi je ne pourrais pas me passer de ma viande »).
Il est vrai que dans la plupart de nos sociétés il reste assez difficile d’éviter les produits animaux, surtout lorsqu’on n’est pas seul·e.
Alors, si je crois sincèrement que c’est mieux pour moi et que je n’ai pas le choix, je me retrouve dans le cas 1 de ma propre défense, et tout va bien ?
Ce serait trop facile. 
Quand nos actions ont des conséquences sur les autres, on ne peut pas se justifier en disant qu’on n’a pas de mauvaises intentions et qu’on fait juste ce qui est le mieux pour nous. On a une responsabilité, celle de prendre en compte la position de l’autre.
Et ça tombe bien, car c’est la question suivante :
Est-ce que je serais d’accord de me retrouver de l’autre côté ? 
Par exemple - à tout hasard !, est-ce que j’accepterais volontiers qu’une autre créature qui se trouve de son seul avis plus intelligente ou tout simplement plus précieuse que moi m’enlève de ma famille, m’insémine artificiellement, m’enlève mes petits pour les tuer et extraire mon lait, me laisse vivre quelques années en captivité en pouvant très peu bouger, encore moins faire les choses qui me font du bien (profiter de la nature, du compagnonnage de mes congénères selon mes propres termes, des intérêts propres à mon espèce et à mon individualité, etc.), puis m’envoie à l’abattoir, parce qu’elle préfère les protéines humaines, a une nostalgie de la raclette et que les hamburgers c’est bon et pas cher ?
Quelqu’un de mauvaise foi et qui ne se croit pas beaucoup à risque que ça lui arrive pourrait me dire « bien sûr, pas de problème », mais est-ce qu’on trouverait vraiment ça juste ?
Pour avoir la réponse la plus sincère et la plus globale sur le sujet, il n’y a qu’à se pencher sur notre très riche industrie du divertissement : livres, films, et séries de science fiction, fantasy, dystopies, reflètent que non seulement nous avons très peur d’être dominés par des robots, réduits en esclavage par des aliens, massacrés par des monstres et des zombies, mais nous considérons que ce sont eux les méchants. 
Je ne suis sûrement pas la première à le penser, mais les comportements que nous leur attribuons sont probablement des projections de ce que nous ferions à leur place - de ce que nous faisons déjà en tant que société, dans de si nombreux cas.
Et quand notre comportement ressemble à celui des méchants de nos histoires ? Oui, c’est plutôt mauvais signe pour notre bonne moralité.
Et si on le fait « gentiment » ? Faire du mal gentiment est une antinomie. On peut faire du mal avec ignorance et inconscience et sans réelle mauvaise intention, mais dans les notions explorées plus haut il y a aussi celle de conséquence. Faire souffrir un être vivant, tuer un être qui ne veut pas mourir, ne peut pas être fait avec gentillesse, car il ne s’agit pas de nous. Voir aussi l’expression « c’est pour ton bien ».
Il y a une autre objection que certaines personnes voudraient faire, c’est que toutes les souffrances ne se valent pas. Que la mort de cet animal ne vaut pas ma mort, que la captivité de cet animal n’est pas comme de la vraie captivité… 
Qui suis-je pour juger de la souffrance d’autrui ?
Nous savons que les animaux souffrent, moralement et physiquement ; cela a été démontré de multiples fois pour de multiples individus de multiples espèces par de multiples scientifiques de multiples pays depuis de multiples années. Point.
Même si une créature nous semble bête, laide, inconnue, incompréhensible, pas intéressante ni sympathique — et par ailleurs inutile à notre mode de vie, si elle est capable de ressentir de la souffrance, alors la faire souffrir sans nécessité est immoral*. C’est la même chose qu’il s’agisse de souffrance morale ou physique. 
*Reprendre le billet depuis « est-ce que je fais du mal ? » si besoin.
Tout ce que quelqu’un pourrait penser de nous-même n’enlève rien à notre dignité et à notre besoin de vivre, d’autonomie, d’auto-réalisation, de compagnonnage, de ne pas souffrir, etc. Dans un système de valeurs, cela signifie qu’on accorde cette même vérité à autrui.
Mais si j’ai envie de considérer que mes intérêts sont quand même plus importants… Nous avons tou·te·s des pulsions égoïstes ; c’est plus facile de vivre sa vie sans se demander si on fait du mal aux autres et si on doit en changer. « Si je prends quelque chose à autrui (son temps, sa vie, sa santé…), c’est que mon intérêt doit valoir au moins ça. »
On cherche en fait à justifier notre sens de la justice, la fameuse balance qui équilibre les torts et le bienfaits. 
Mais si l’on veut agir de façon morale, il faut prendre un peu de recul et chercher l’objectivité.  Une façon de reposer la question pourrait être celle-ci :
Est-ce que l’intérêt de cette action dépasse l’intérêt de ne pas agir pour toutes les parties ?
Pour commencer, l’on croit faussement qu’il n’y a que deux options : 
Si je fais du mal, j’y gagne quelque chose (quelques repas, de l’argent, du plaisir…), mais l’autre partie a seulement la souffrance. C’est injuste pour l’autre partie.
Si je ne fais pas de mal, l’autre partie ne souffre pas mais je n’ai pas ce que je recherche. Je n’aime pas cette option car elle n’est pas satisfaisante, mais elle n’est pas injuste car nous n’avons pas « droit » à la souffrance de l’autre pour quelque chose qui ne soit pas d’égal poids moral.
L’action qui nous conviendra le mieux sera de rechercher l’option éthique - sans souffrance animale - qui nous apporte la satisfaction attendue. Il existe déjà de nombreuses initiatives et solutions véganes et nous pouvons contribuer à ce qu’il y en ait plus.
Mais moralement ? Est-ce que ma déception devant un dessert moins bon, ma frustration devant ma salade au restaurant à burger, sont à mettre sur le même plan que la vie de souffrances et la mort d’un animal ?
Est-ce que mon action changera autant ma vie qu’elle change la vie de l’autre partie ?
La plupart du temps, non : si j’ai des options en général dans ma vie, alors un repas, une soirée, ne changeront pas ma vie. Pour ces animaux, c’est bien leur vie qui est en jeu.
Alors une dernière question :
Qui suis-je pour décider ou non d’octroyer cette souffrance ?
Je veux que nous prenions la responsabilité de nos actions.
Nous sommes parti·e·s d’un postulat : nous avons envie d’être éthiques, mais nous avons aussi envie de certaines choses, qui peuvent causer du tort à d’autres. Alors nous cherchons à positionner et justifier nos actions. Mais dans ces actions, nous représentons à la fois juge et partie. Et une partie n’a pas réellement la parole. Les animaux sont nos victimes muettes et impuissantes. 
Nous avons déjà fait un choix de société, traiter les animaux comme une marchandise, un produit, un bien. Nous partons d’une situation qui est déjà en leur défaveur. Leur parole ne compte pas, et si nous ne sommes pas convaincu·e·s par certains arguments, nous continueront à les faire souffrir - sans qu’eux n’aient rien demandé. 
Qui sommes-nous pour juger que nous pouvons ou pas faire souffrir, unilatéralement ? 
Car rappelons-le, si les animaux sont aussi capables de cruauté, d’agressivité, même de meurtre et d’infanticide, ce que nous leur faisons subir n’a aucune espèce de comparaison dans le monde animal. 
Nos victimes n’ont pas le poids moral que nous portons.
Nous avons tou·te·s nos responsabilités, individuelles et collectives, dans ce à quoi nous acceptons de participer.
Finalement, comment savoir si nos actions sont éthiques ?
En tant que société, nous avons déjà des valeurs partagées. En tant que créatures terrestres sentientes, comme beaucoup d’animaux, nous avons des sentiments innés d’indignation face à l’injustice ou de compassion face à la souffrance.
Nous avons des billes pour peaufiner notre système de valeurs propres, mais nous avons aussi déjà les bases d’un système éthique partagé.
En particulier, nous avons déjà quelques recommandations très répandues : 
Ne fais pas aux autres ce que tu n’as pas envie qu’on te fasse
Ne fais pas de mal juste pour le plaisir - en particulier aux animaux, l’un des rares commandements moraux où ils sont cités lorsqu’on éduque un petit être humain
Les principes de base, nous les avons déjà. Nous avons juste quelques angles morts dans leur mise en pratique cohérente.
Alors face à nos choix quotidiens, posons-nous ces questions : est-ce que nous faisons du mal ? Est-ce que c’est juste, est-ce que nous accepterions de nous retrouver de l’autre côté ? Alors quelles alternatives pouvons-nous trouver ?
Et pour continuer à nous améliorer : Est-ce que nous nous pouvons comprendre le point de vue de l’autre ? sinon, que pouvons-nous apprendre sur cet enjeu et ses conséquences sur d’autres que nous ?
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antispecisme · 6 years
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Antispécisme : où doit s’arrêter la violence ?
Réflexion sur le discours autour de la violence dans l’antispécisme, à travers 4 citations. 
La « spirale de la violence »
Il ne s’agit pas de comparer ici les souffrances nombreuses et variées des êtres humains et des animaux, mais de dresser un parallèle sur la façon dont une société se construit dans son approche de la violence, car les mécanismes sont toujours les mêmes, et chaque violence est un symptôme d’un mode de pensée qui les engendre toutes.
Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.
Don Hélder Câmara (1909-1999), évêque catholique brésilien, connu pour sa lutte contre la pauvreté et partisan de la paix, contre toute forme de violence.
Rapporté à l’antispécisme, ce propos permet de réaliser tout d’abord que la violence institutionnelle d’une société tournée non pas vers la survie mais vers la consommation d’animaux comme des produits, comme un mode de vie, est soigneusement gommée, alors même que 60 milliards d’animaux terrestres sont tués chaque année pour leur viande dans le monde (1 milliard en France), et plus de 1000 milliards d’animaux marins. Notre société met en avant la tradition, de terroir, de label, de bien-être animal, d’abattage « humain », de soin des animaux et de recettes de cuisine. 
Notre société ne met surtout pas en avant le fait qu’il s’agit de créatures sentientes, d’une relative intelligence, qui ressentent la douleur, le désir de vivre, et de nombreuses émotions, et que l’on traite comme des objets, à qui l’on dénie ce qui leur est naturel, avant de les assassiner, toutes actions extrêmement violentes par définition.
Par contraste, la violence bien plus limitée d’une poignée de personnes révoltées par cette situation est identifiée clairement comme un acte de violence, et paradée dans les médias, les discours politiques, les appels aux associations antispécistes de se désolidariser publiquement de ce qui est qualifié comme un extrémisme, l’accent mis sur le fait que les victimes n’avaient pas provoqué cette violence. De quoi s’agit-il ? une cinquantaine d'actes de vandalisme à l’échelle du pays : vitres de boucheries brisées, jet de faux sang... S’indigner de vitres cassées parce que cela représente un tort matériel causé à quelqu’un, soit. S’en indigner davantage que des milliards de victimes animales que ces actes dénoncent, et qui ne sont pas autant relayées, certainement pas sur le même ton ? Allons donc. Où est notre humanité ?
L’obsession des vitrines cassées n’est d’ailleurs pas un procédé nouveau. A chaque manifestation contre le gouvernement (1er mai, antinucléaire, anti-loi travail…), les médias et les politiques s’emparent de quelques faits divers et… c’est autant de conversation en moins sur le sujet de fond pour lequel la majorité des personnes présentes s’est mobilisée.
Orienter le discours commun sur la violence d’une protestation cherche à étouffer ce qui fait l’objet de cette protestation, et à protéger le statu quo.
N’acceptons pas cette dérive indigne d’une société qui se veut de plus en plus consciente, démocratique, réfléchie. N’ayons pas l’hypocrisie de nier la violence la plus extrême et la plus massive, et de penser que ce sont les véganes qui ont « commencé ». Ne confondons pas les victimes. Parlons de la violence infligée aux animaux.
Qui est violent ?
Ceux qui 'abjurent' la violence peuvent le faire uniquement parce que d'autres commettent des actes de violence en leur nom. 
George Orwell (1903-1950), écrivain et journaliste britannique engagé contre l’impérialisme et les totalitarismes, pour la justice sociale.
La violence est subjective. On ignore la violence de ce qui ne nous ressemble pas, surtout quand elle est cachée derrière les murs des abattoirs, ou transformée en un produit méconnaissable. Quand on paye pour l’assassinat d’animaux tous les jours, non plus pour notre survie mais pour notre plaisir, nous avons le sentiment d’avoir les mains propres, et pourtant !
La violence d’une vitre brisée nous émeut à l’inverse car elle est proche, c’est celle de l’artisan de notre rue, notre voisin. Et pourtant, bien que demeurant condamnable, elle est objectivement bien moins grave que la première.
Quand on priorise ses intérêts propres, même matériels, aux intérêts d’autres êtres vivants, pour lesquels il s’agit de vie et de mort, on n’est pas en position de reconnaître la violence qu’on inflige soi-même, et on prête toute la sauvagerie à notre adversaire.
Faudrait-il comme s’y refuse le NPA face aux réactions du 1er mai présenter ses condoléances aux familles des vitrines ? Un peu de perspective sur notre violence en tant que société ne nous nuirait pas !
Mon propos n’est pas d’encourager les actes de protestation violente et de vandalisme, pour deux raisons principales : 
une minorité qui se bat pour défendre des droits n’est pas dans une position équilibrée face au pouvoir en place : c’est elle qui prend le plus de risques ;
Je ne souhaite pas qu’on se trompe d’ennemis : les petits artisans, les employés des abattoirs, survivent dans une société où l’on n’a pas toujours le choix de ce qu’on fait pour se nourrir et se loger, et il est difficile de les accuser eux seuls de violence quand elle est normalisée dans notre société et que 99% de la population en est la commanditaire. L’ennemi commun n’est pas un individu mais notre système entier, et celles et ceux au pouvoir (politique, économique) qui le maintiennent.
Cependant, je ne les condamnerai pas non plus car cela n’a pas de sens : on dirait que notre société confond un mouvement de protestation et des violences individuelles.
On trouvera toujours des violences individuelles :
Celles qui sont gratuites car il existe et existera toujours des gens violents ou cruels - bien qu’une société pacifique et intolérante de la cruauté puisse probablement en diminuer leur proportion.
Celles qui sont utilisées pour protester contre le système en place, souvent comme dernier recours, et parfois avec plus de subtilité et de pertinence qu’on croit.
Celles qui émanent de ce même système, qui les favorise : dans une société où on force des animaux à marcher vers leur mort et où on les exécute, où est la limite de la « maltraitance » animale exactement ? Comment juge-t-on un comportement violent ? Bien sûr qu’il y a des violences dans les élevages et les abattoirs : c’est atroce et condamnable, mais c’est une conséquence directe de la façon dont le système entier objectifie les animaux - et traite les êtres humains. Pourtant, notre société ne les calcule pas souvent : le dernier procès d’abattoir s’est davantage ému du non respect d’un label que de la maltraitance animale caractérisée.
On demande de la sécurité près des boucheries, on s’inqui��te de la montée de l’extrémisme végane : plutôt que d’accorder autant d’importance au comportement de quelques personnes, il faudrait se pencher sur ce à quoi nous contribuons, à l’échelle de l’ensemble de notre société.
La non-violence serait-elle la meilleure solution ? Pourquoi pas, et même : très bien, dans ce cas montrons l’exemple à l’échelle de la société ! C’est trop facile d’attendre un comportement parfait de la part des autres sans rien remettre en cause chez soi-même. Construisons une société réellement, profondément, non violente, et nous serons beaucoup moins confrontés à des formes violentes de protestation, car il y aura toujours des alternatives pour nous faire progresser ensemble.
En attendant, la violence qu’il faut pointer du doigt, poursuivre, condamner, mais j’aimerais dire surtout prévenir, c’est celle qui prévaut, celle qui peut être massive parce que la situation la permet et la favorise, celle à laquelle la société donne tous les droits (refus de caméras dans les abattoirs malgré les promesses de campagnes, les services vétérinaires qui continuent à accepter des situations où des abus existent clairement, bien sûr l’existence même des élevages et des abattoirs, la chasse à courre, la corrida, etc.). 
Cette violence est directement engendrée, entérinée par la société ; c’est par là qu’il faut commencer le travail. Ne nous laissons pas aveugler par les symptômes et les éclats autour du vrai fond du sujet : en tant que société, nous avons (notamment) un problème de violence massif envers les animaux.
Peut-on se passer de la violence ?
Toute la violence qui ne se produit pas n'est pas signalée dans les actualités. 
Steven Pinker (1954- ), psychologue cognitiviste canadien, notamment auteur de La part d’ange en nous, faisant apparaître que le monde est de moins en moins violent (en termes d’homicides) mais que chaque violence nous touche plus, et est amplifiée dans notre communication moderne.
Les médias relayent un documentaire par-ci par-là, on rapporte quand L214 diffuse de nouveaux reportages pris dans les élevages et les abattoirs, on anime quelques débats, mais si le véganisme est un sujet de discussion entre l’entrée et le poisson (ha), c’est qu’on ne prête pas réellement attention à ce qui est dénoncé, et à notre implication dans ce système. 
On rapporte plus de choses sur le mouvement végane qu’on ne questionne notre rapport à la société, à la violence et à l’exploitation, aux animaux. En fait, on ne prête que très peu d’attention au discours antispéciste et à tout ce qui devrait l’entourer. On parle plutôt de tel abattoir, du véganisme comme un mode de vie, des antispécistes comme des individus qui ont fait un choix de vie militant sans que tout cela ne nous concerne vraiment, et sans mettre l’accent dessus.
De manière générale, le discours antispéciste n’a pas de vraie plateforme commune dans notre société.
En revanche, ce à quoi on prête le plus attention, c’est aux faits divers, et ça, ça tourne en boucle pendant des jours et même des semaines - tout en disant à la cantonade et sur un ton moralisateur que ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer les choses. 
Alors comment ?
Quelle mauvaise foi et quelle insulte que de ne relayer que la violence et les faits divers, tout en exigeant de ceux qui le font déjà de demander plus poliment les droits qu’ils défendent ; alors peut-être seront-ils entendus. En parallèle la violence extrême de la société continue sans être inquiétée…
Si on continue à ignorer un problème, on renforce l’idée que la seule manière de le faire avancer est par la violence. 
Steven Pinker explique dans The Atlantic (en) que la violence marche moins pour amorcer le changement que la non violence. Cela dit, toutes les occurrences de non violence qu’il cite ont bien été accompagnées de vandalisme ! Après tout, dans la marche de l’Histoire, ce n’est peut-être pas si grave.
Mais qui veut escalader un cycle de violence et se mettre en danger si ce n’est pas nécessaire ? Presque personne.
Alors peut-on enfin prouver qu’il n’y a pas besoin de violence de la part des véganes ? C’est presque simple, il suffit pour cela d’engager un vrai dialogue national sur le discours antispéciste, comme il peut en exister sur les droits humains, ou notre impact sur l’environnement, en mettant en avant nos arguments légaux et constitutionnels comme nos arguments moraux (basés sur les valeurs que nous partageons en tant que société) et scientifiques. C’est une démarche de société.
Comment sortir de la violence et rééquilibrer la conversation ?
Le monde aura toujours besoin de révolution. Ça ne veut pas forcément dire fusillade et violence. Une révolution, c’est quand vous changez votre manière de penser. Le confucianisme et la chrétienté ont été des révolutions. (adapté de l'anglais) 
José Mujica (1935- ), homme d’Etat uruguayen, ex-président de la République connu pour son refus des avantages liés à sa fonction et pour ses réformes sociétales et sa vision de la décroissance.
Les antispécistes ont ouvert le dialogue et produisent des réflexions. Ce serait maintenant à la société tout entière de poursuivre avec maturité : 
Ne prenons pas les choses personnellement (les autres y sont méchants, y disent qu’on est immoraux…), ouvrons les yeux sur ce qu’il se passe vraiment autour de nous et à quoi nous contribuons.
Soyons prêt·e·s à nous remettre en question, ainsi que notre modèle de société et de vie. Rappelons-nous nos valeurs : qu’est-ce qui nous semble important ?
Soyons prêt·e·s à étudier avec honnêteté nos vrais besoins, et des alternatives sans violence, sans exploitation, sans souffrance pour y répondre.
Soyons prêt·e·s à changer le système ! (Allez, tout le système tant qu’on y est !) Remontons à la source de la violence, et changeons de chemin. Comment on accueille tout le monde, comment on loge, nourrit et habille tout le monde éthiquement, comment on vit et survit ensemble au bénéfice des êtres humains, des animaux et de l’environnement ?
Faisons dans notre société une place au dialogue. Pas à l’intolérance - pas au nazisme et au racisme et à la loi du plus fort et du plus riche, pas à ce qui va à l’encontre de nos valeurs et principes de base de vivre ensemble, mais une place au vrai dialogue qui vise à nous remettre en question en tant que société et individus, et à nous améliorer. 
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antispecisme · 6 years
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Véganisme : plus qu’un(e) mode (de vie), un défi sociétal
On parle « beaucoup » de véganisme ces dernières années dans les médias. Et j’entends parfois des gens réagir à ça, en se sentant agressés comme si c’était le discours majoritaire qu’on n’arrêtait pas d’asséner. Mais de quoi parle-t-on ?
Effectivement, comparé à il y a plus de 6 ans quand je suis devenue végane et qu’on n’en parlait pas du tout, même un discours ponctuel et partiel semble « beaucoup ». 
Ce phénomène me rappelle les études sorties sur la conversation des femmes, qui est inconsciemment comparée par les hommes au silence et non à leur propre parole, et donc ils considèrent toujours que les femmes parlent trop alors qu’en réalité ce sont eux qui parlent le plus (généralité bien sûr, mais expérience réelle et très bien étudiée). 
Quand on est de ce côté de l’argument, on reste très conscient que le discours majoritaire fait la part belle à l’exploitation et à la consommation d’animaux : il suffit de faire une recherche par mot clé sur les chaines d’infos et autres médias, éplucher les publicités pour s’en rendre compte. En réalité, le discours dominant est spéciste (mangez de la viande, des produits laitiers, des hamburgers, du poulet, des steaks, du fromage, les chasseurs premiers écologistes de France ?, plutôt égorger un animal directement ou plutôt l’assommer d’abord ?, moi j’aime les chèvres et le fromage de chèvre, oh les chatons c’est mignon et mon bacon alors ?, regardez ces films sur des animaux qui cherchent leur liberté et visitez le zoo et l’aquarium du coin, etc.). Le discours dominant est aussi anti-végane (tous des casseurs de vitres pauvres vitres, maltraitance des enfants à qui on ne donne pas de lait de vache, carencés, dangereux extrémistes, pas gentils, secte, se croient au-dessus des autres,…) même s’il existe bien sûr des articles qui vont dans le sens du véganisme.
Si vous trouvez qu’on parle « trop » de véganisme et de notre traitement des animaux, commencez à prêter attention au contenu du discours : il y a peut-être de bonnes raisons de soulever ce sujet.
Dans un monde où l’information est partout, on peut vite se sentir envahi. Un conseil ? Avant de se faire une opinion sur le sujet, se demander où trouver les sources les plus scientifiquement informées sans conflit d’intérêt.
Sous prétexte que l’on parle beaucoup de véganisme et que l’on voit fleurir les cafés et lieux tiers véganes, on voudrait le rejeter comme une mode. 
« Ah oui, ce truc de hipster (ou de hippie), ça nous concerne pas. C’est une mode. »
Le véganisme est pratiqué par moins de 1% de la population, ce qui n’est pas tout à fait la définition de ce qui est à la mode : une tendance fluctuante qui concerne des styles de vie, devenus pendant un moment un modèle très largement répandu dans la société voire représentatif d’une époque. 
En outre, pour la plupart des véganes, c’est un engagement de plusieurs années voire de toute une vie, ce qui ne ressemble pas non plus à « une » mode, saisonnière ou annuelle.
Si un sujet fait parler de lui et qu’on apprend qu’on a quelque chose à y voir (et si on mange des animaux, oui, on est concerné), avant de se dire que c’est le divertissement ou même le combat d’autres personnes, essayons de comprendre de quoi il s’agit. Ça nous expliquera peut-être pourquoi cela soulève, dans notre culture et notre sensibilité et avec nos informations d’aujourd’hui, des remises en question.
Si vous vous sentez agressé·e·s par ce discours, c’est que cela reflète une contradiction chez vous. Et c’est bon signe et c’est pour ça que je m’adresse à vous ! 
Si vous êtes confronté·e·s à la souffrance animale comme la montrent les nombreuses enquêtes en France et ailleurs, et que vous vous dites « ça me va, si je peux manger mon steak et boire mon lait, j’assume ! zéro regret », nous n’avons pas grand chose à nous dire et d’ailleurs vous n’avez aucune raison de lire ces lignes. 
C’est parce que le discours végane met le doigt sur la dissonance cognitive que nous avons développée à l’échelle de notre société qu’il y a malaise : « je ne maltraite pas les animaux, d’ailleurs je les trouve plutôt mignons mais comment ? Il faut ça pour faire mon steak et mon lait ? Non ! Non mais ça c’est… (introduction des justifications ou dénis ou professions d’incapacité à se passer d’un aliment) ».
On commence tou·te·s par là !
Le truc dont beaucoup d’anti-véganes ne se rendent pas compte, c’est qu’on n’a pas commencé avec deux camps de chaque côté d’une barrière : la grande majorité d’entre nous ne sommes pas né·e·s et n’avons pas été éduqué·e·s véganes. Ce n’est pas un combat de société duale. Nous sommes passé·e·s par la même chose que vous : nous avons fait ce qu’ont fait nos parents avant nous, apprécié de bons repas sans se poser de questions, et soudain été confronté·e·s à quelque chose qui nous montrait que cela rentrait en contradiction avec nos valeurs profondes. 
Peu d’entre nous ont sauté le pas vers le véganisme immédiatement. C’est dur de se remettre en question, de changer de vie, surtout quand ce qu’on rejette est à ce point normalisé dans la société. Ce n’est pas comme si on avait arrêté de manger des insectes ! Là je vous parle d’avoir arrêté le fromage - en France ! Et tout le reste, que tout le monde consomme, markette, échange en permanence autour de nous de la manière la plus anodine.
Donc notre discours n’est pas : « vous êtes des monstres ». Notre discours est : « ce que notre société a peu à peu contribué à construire, et ce sur quoi nous avons assis une partie de nos cultures, est en fait quelque chose qui n’a plus grand chose à voir avec les valeurs que nous professons par ailleurs ; c’est à la fois cruel et non nécessaire : hé, si on changeait les choses ?"
Le véganisme n’est pas qu’un mode de vie.
Car oui, le véganisme n’est pas comme se mettre au sport ou devenir volontaire dans une association : pour beaucoup d’entre nous ce n’est pas qu’un engagement personnel. Si je ne contribue plus à exploiter et tuer des animaux, tant mieux. Plus que plusieurs millions par jour rien qu’en France, moins un ! 
Bien sûr il faut le faire, si c’est possible (si on ne vit pas dans un désert alimentaire, si on a le temps, l’énergie, les moyens, le choix de s’informer et d’adapter son mode de vie), ce qui n’est pas le cas pour tout le monde dans nos sociétés par la façon même dont nous les avons construites (même si c’est faisable pour plus de gens qu’ils ne le pensent !).
Le véganisme, c’est important même à l’échelle individuelle car nous vivons dans notre société de consommation où les animaux aussi sont des produits, et ce que nous achetons ou boycottons a du poids. D’autres actions comme le végétarisme et le flexitarisme font aussi progresser les choses, ainsi que les changements de comportement d’achat nés des craintes légitimes de beaucoup de personnes après les risques sanitaires de vache folle, grippe aviaire, fièvre porcine, etc. (tous effets démultipliés par le fait de parquer beaucoup trop d’animaux ensemble…) Economiquement parlant, les gens consomment moins de (certains) produits animaux, la demande baisse, donc moins d’animaux sont élevés et ultimement tués. Ça se vérifie ces dernières années. Donc si vous pensez devenir végane, oui, vous aurez aussi une influence par ce biais. Et puis c’est toujours plus agréable de vivre en phase avec sa morale.
Mais le véganisme, moralement parlant, c’est une non-action. C’est une des raisons pour laquelle j’ai envie de rire quand on nous traite d’extrémistes : la seule chose qu’on fait, c’est ne PAS faire de mal aux animaux. Certain·e·s véganes travaillent ou sont volontaires dans des associations, des refuges, font de l’action directe, etc. mais être militant·e n’est pas nécessaire pour entrer dans la définition du véganisme. Il suffit de ne pas participer à l’exploitation des animaux. A titre individuel, le véganisme est la chose la plus minimale qu’on puisse faire pour être juste décent·e quand on est antispéciste. C’est comme si je vous disais que je suis anti-violence envers les enfants, d’ailleurs on me traite même d’extrémiste car je prends soin de ne pas battre d’enfants moi-même. Wow, où est mon bon point ? Alors oui, à la fin c’est toujours mieux que d’être une de plus qui les bat, mais c’est douloureusement inadéquat.
Pour poursuivre l’analogie, j’aimerais vous rappeler qu’il y a des pays où battre les enfants est interdit (mais ne l’a pas toujours été), et d’autres comme le nôtre où ça ne l’est pas (si on est leur parent). Imaginez que vous êtes dans un pays où tout parent a déjà frappé son enfant, voire les enfants des autres. Du coup vous l’avez fait aussi, sans avoir l’impression d’avoir rien fait de mal. Soudainement vous apprenez que ça n’a pas de bénéfice éducationnel, au contraire ça leur apprend à reproduire la violence et ne leur apprend pas à résoudre leurs conflits ni gérer leurs émotions. Alors vous arrêtez, on vous dit que vous êtes trop sensible, vous en ferez des mauviettes, ça n’a jamais tué personne, d’ailleurs l’adulte à côté de vous qui frappe ses enfants considère qu’il s’en est très bien sorti, il faut qu’ils apprennent à respecter les adultes, tout ça tout ça. Dur dur d’être à contre-courant. Et puis arrive la prochaine crise avec votre enfant et vous faites quoi ? Soit vous avez pu vous renseigner sur des méthodes alternatives, et vous avez le temps et la patience de tester tout ça, avec un peu de chance sans trop de témoins qui y mettent leur grain de sel sans vous aider, soit vous vous rendez compte que c’est trop dur, vous ne savez plus quoi faire sur le moment et vous craquez. Au moins, la claque, ça votre enfant « comprend ». Maintenant imaginez qu’à l’échelle du pays ce soit interdit : frapper votre enfant n’est absolument plus une option. En revanche, puisque c’est un changement à l’échelle de la société, non seulement vous avez plein de ressources autour de vous pour vous dire quoi et comment faire et vous proposer des alternatives, mais les gens qui vous entourent, le personnel éducatif dans la vie de votre enfant, sont aussi toutes et tous formé·e·s à l’éducation non violente et peuvent vous accompagner.
C’est ça, ce que peut apporter un changement de société. Quand on normalise le comportement moral, et que ça devient ce qui est le plus acceptable et le plus facile, tout le monde peut agir en fonction de la morale sans que ça demande un énorme combat individuel dans une vie déjà pas toujours facile.
Quand on prône le véganisme, bien sûr qu’on dit aux gens « devenez véganes si vous le pouvez, ça en fera toujours un·e de plus, et vous êtes du bon côté de l’Histoire », mais on dit surtout au gouvernement : « fermez les abattoirs », « interdisez l’exploitation des animaux », etc.
Si vous vous sentez un peu agressé·e·s par les discours véganes et antispécistes, c’est peut-être parce qu’on vous invite à changer le monde avec nous, et c’est vrai que c’est pas toujours confortable de sortir de ce qu’on connait.
Car si le véganisme est un choix individuel, l’antispécisme est un défi civilisationnel. C’est notre société, notre culture, notre façon de considérer les animaux, qui doivent changer. 
Voilà pourquoi mon focus sur ce site, et celui de gens remarquables comme les fondateurs et auteurs des Cahiers antispécistes, c’est l’antispécisme, pas le véganisme (même si je suis moi-même végane depuis 6 ans).
Bref, de bons sites et encore d’autres si vous voulez devenir végane, c’est très bien !, et aussi les associations et organismes qui essayent de faire bouger les choses au niveau national pour les droits des animaux.
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antispecisme · 6 years
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Un point sur l’éthique… avec un soupçon d’antispécisme
La plupart d’entre nous pensons être des personnes éthiques, vivant généralement selon les principes de la morale de notre groupe. Nous savons que nous sommes loin de la perfection, mais nous faisons de notre mieux.
Sauf que parfois… nous nous trouvons confronté·e·s à des pratiques totalement normalisées qui entrent en complète contradiction avec notre éthique profonde. Et ces pratiques, ce sont les nôtres.
C’est là que commencent les maux de tête, aussi connus sous le nom de dissonance cognitive.
Notre attitude face aux animaux est de celles-là, mais avant de l’explorer plus avant voyons ce qu’est l’éthique.
Ethique, de quoi parle-t-on ?
L’éthique, pour définir des règles de conduite, doit avoir trois composantes :
c’est un système qui s’appuie sur des valeurs (à partir desquelles se fait le jugement moral);
il suppose un certain universalisme (s’applique à la société ou au moins à la relation aux autres et doit donc prendre en compte cette interface) ;
la notion d’échelle, de priorités, de contexte est inévitable mais c’est un impératif (sinon autant faire ce qu’on veut à tout moment, et se satisfaire que ça coïncide parfois avec notre « morale »).
1. Valeurs : éthique universelle et personnelle
Quand on cherche à réfléchir à un modèle éthique, on se tourne vers les valeurs et principes qui cherchent à différencier le bien et le mal, le juste et l’injuste, l’acceptable et l’inacceptable.
On sait que d’une culture à l’autre, certaines valeurs peuvent exister ou pas, avoir plus ou moins d’importance, et seront donc plus personnelles et nuancées. 
Le fait que 58 Etats aient pu adopter en 1948 un texte comme la Déclaration universelle des droits de l’homme (aujourd’hui traduite dans 500 langues) montre que l’on peut se retrouver sur l’essentiel. Dans ce cas, c’est le respect des besoins fondamentaux des êtres humains (vie, dignité, liberté, justice, paix, appartenance…).
Certaines valeurs sont tellement universelles qu’on les trouve chez les humains à travers toutes les cultures aussi bien que chez les animaux : la compassion (observée chez les éléphants, les grands singes, les rats…), la justice (chez les singes, les chiens et beaucoup d’autres animaux), la solidarité (intra- et inter-espèces), etc.
A quoi reconnaît-on une valeur ? Quand un comportement nous montre que ce n’est pas l’intérêt personnel immédiat qui a primé dans une situation donnée. Un individu a choisi de ne pas faire mal alors que c’était le plus facile et naturel pour lui, ou d’aider activement un autre individu sans avoir rien d’immédiat à y gagner, ou encore s’est indigné d’une situation, soit passivement, en refusant quelque chose pour soi-même, soit activement, en se mettant en colère par exemple. Il y a là-dedans un jugement de valeur moral et une action guidée par une telle valeur.
Il existe des listes de 5, 6, 11, 38, 211, 284… valeurs. On peut toujours en explorer les nuances, mais ici tâchons de les rassembler pour plus de lisibilité. Voyons par exemples les catégories suivantes :
Dépassement de soi (bienveillance, fiabilité, soin des autres, humilité…)
Universalisme (égalité, justice, tolérance, environnement…)
Conformité (interpersonnelle : éviter de gêner ou blesser les autres, harmonie, humilité ; règles et obligations formelles ; préservation des traditions : culturelles, familiales ou religieuses, système d’honneur ; respect, politesse)
Sécurité (personnelle et santé, ordre social, image publique=préserver sa dignité)
Pouvoir (contrôle des ressources, domination sur les gens, réussite sociale, image publique, reconnaissance, ambition, compétence, influence)
Hédonisme (plaisir, joie, stimulation, audace, changement) 
Autodétermination (des actions, de la pensée : liberté, autonomie, curiosité, créativité)
Exercice : 
Posez-vous un moment et essayez de vous demander quelles sont les valeurs qui vous tiennent le plus à coeur personnellement.
Et maintenant questionnez-les et entrez dans la nuance ! Pourquoi cette valeur ? Qu’est-ce qui est vraiment important pour vous au fond sur ce sujet ? Si par exemple c’est la tradition qui vous porte, de quoi s’agit-il exactement ? Les traditions sont souvent des habitudes prises à un certain moment dans un certain contexte, par certaines personnes : à replacer dans la société actuelle, pour vous aujourd’hui, qu’est-ce que ça veut dire ? La célébration de la famille, la proximité avec la nature, le respect des ancien·nes… ?
2. Universalisme : éthiques ensemble !
Et maintenant ? Le but d’un système éthique n’est pas de chercher à remplir tout seul sa valeur (« bon j’ai fait ma B.A. du jour en poussant le fauteuil de cette personne handicapée qui ne me demandait rien, je suis fière de moi » ne vaut pas mieux que « bon j’ai gravi tous les échelons en montant sur d’autres têtes et ça y est je suis au sommet »). 
Comme les valeurs peuvent être culturelles et personnelles, imposer ses propres valeurs à tout le monde n’est pas forcément éthique.
Eh oui, si une valeur n’est acceptable que pour nous, ce n’est pas une valeur, on n’est pas dans un système éthique ; ça devient juste la récompense ou le privilège que nous voulons avoir pour nous-mêmes, et que nous n’avons pas de problème à dénier aux autres.
Aucune valeur n’est mauvaise de façon inhérente, c’est la façon dont elle s’impose aux autres qui peut l’être. 
Vouloir avoir une influence sur les gens, vivre heureux, respecter des traditions, être libre ne pose pas de problème en soi - tant qu’on permet aux gens de poursuivre leurs propres valeurs : qu’on ne mette pas d’obstacles et même qu’on contribue à bâtir une société où elles et ils aussi puissent devenir influent·e·s, heureux·ses, autonomes, ou vivre selon leurs traditions.
Cela introduit plusieurs notions dans le système éthique :
Limites 
En reconnaissant qu’il y a des systèmes de valeurs légèrement différents des nôtres, on ne retrouve pas seulement « ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » mais aussi « ne fais pas aux autres ce qu’iels ne souhaitent pas que tu leur fasses ». Peut-être que vous respectez prioritairement la tradition et donc vous acceptez que votre tradition vous impose certaines choses ; peut-être que ce n’est pas la valeur principale de votre voisine, qui est d’abord éprise de liberté, et donc ce n’est pas à vous de lui imposer votre, ni même sa tradition, comme elle ne devra pas vous imposer de renier votre tradition (on parle bien sûr de contextes où l’on ne fait de mal à personne : les valeurs les plus universelles sont respectées).
Ainsi, l’exercice de ma valeur ne se fait que dans le respect de l’exercice par les autres de leur propre valeur.
Réciprocité
Plus intuitif, l’exercice de ma valeur ne se fait que dans le respect de l’exercice par les autres de cette même valeur. C’est le principe légal de base : je préfère que les gens qui en attaquent d’autres soient punis, donc j’accepte que cette loi s’applique aussi à moi si j’attaque un être humain un jour.
Si je trouve qu’être plus intelligent/plus fort/plus outillé/plus riche/plus nombreux me donne le droit moral de tuer quelqu’un car j’exerce mon pouvoir, une valeur forte chez moi, j’accepte que quelqu’un de plus intelligent/plus fort/plus outillé/plus riche/plus nombreux puisse me tuer, car alors iel exercera son propre pouvoir.
Inclusion
Beaucoup de gens veulent mettre une barrière arbitraire dans leur responsabilité morale : je dois le respect à telle population qui m’est proche, mais pas à ce qui n’y appartient pas ; je peux traiter les humains d’une certaine manière mais ce n’est pas nécessaire pour les animaux.
Le système éthique se définit dans un vivre ensemble, on ne peut pas ne pas prendre en compte l’autre. Alors qui est l’autre ? Où plaçons-nous la limite et pour quelle raison ?
Nous avons à faire des choix éthiques dans notre relation à l’autre, dans la pratique de notre profession ou activité, au sein de notre famille, de notre communauté politique ou religieuse, en tant que membre de l’humanité, en tant qu’habitant·e de la Terre… 
Quand l’humanité ne pense qu’à elle-même nous épuisons nos ressources, nous nous polluons nous-mêmes, l’extinction de la biodiversité à laquelle nous participons affecte nos cultures, nous nous créons nos propres nuisances et en créons à la planète et ses autres habitant·e·s… Bref, le reste de l’environnement se rappelle à nous. 
On ne peut pas dire « oui on fait du mal à X, mais X ne compte pas » : si on peut faire du bien ou du mal, on est bien dans un système éthique.
Les notions éthiques de bien et de mal, de juste et d’injuste, trouvent leur place dans toutes les activités humaines et leurs impacts. Qui est l’autre ? Toutes celles et tous ceux que nous affectons de près ou de loin. Nous sommes au monde, et c’est bien cela qu’il faut reconnaître quand on cherche à vivre de façon éthique.
Suite de l’exercice : 
Est-ce que mes valeurs telles que je les conçois passent ces trois filtres ? Quelle réflexion devrais-je mener pour les passer ?
Bonus : Comment, pour chaque valeur, sont incluses les femmes, les enfants, les étrangers, les personnes racisées, les personnes handicapées, les personnes âgées, les personnes qui ne pensent ou ne vivent pas comme moi, les animaux,…?
3. Impératif éthique : on y vient
Je rappelle qu’on n’est pas en mode « c’est mieux si on fait comme ça, et sinon c’est pas grave, il n’y a pas de mal » : quand on est devant un choix éthique, c’est justement parce que quelque part, pour quelqu’un il y a du mal. 
Donc un système éthique, ça s’applique.
Et si on ne peut pas ?
Il y a des gens qui surprennent en faisant des choix éthiques là où d’autres n’auraient pas vu de choix - en général on les appelle des héroïnes et des héros. On a toutes et tous à gagner à découvrir et émuler ce genre de modèles. Mais la question de l’éthique, qui nous fait avancer au quotidien et en tant que personne et que société, elle se pose quand on est en civilisation, qu’on a le privilège de pouvoir se la poser, qu’on a accès à de vrais choix au-delà de la survie.
Si on n’a pas vraiment le choix ce n’est pas un problème éthique, c’est un problème de survie. 
Notre intérêt à vivre nous pousse à faire des choses impossibles, des choses taboues, comme manger de la chair humaine quand on est seul·e survivant·e d’un crash aérien ou boire de l’urine quand on se retrouve perdu·e dans le désert ; et des choses qui n’ont pas forcément notre préférence : acheter de la malbouffe parce que c’est la seule option abordable et fonctionnelle pour trouver les calories qu’on dépense pour survivre, ou encore mentir à quelqu’un qui nous menace. Ce n’est pas une remise en question de nos principes, c’est une priorité vitale momentanée. 
Au-delà des thèses de philosophie sur la théorie pure, quand on parle d’éthique, la prémisse est d’être dans une situation d’autodétermination. La capacité de choix est cruciale.
Quand on est dans une situation de pénurie alimentaire, manger de la nourriture toute prête à base de viande parce que c’est ce qu’on trouve d’abordable qui nous donne assez d’énergie pour tenir et qui n’a pas besoin d’être conservé, n’est pas un choix moral ou immoral, c’est de la survie. Quand on a accès à des fruits, légumes, graines, céréales, à de l’information, qu’on a la possibilité de modifier son mode de vie, alors manger de la viande est un choix qui a une valeur morale. 
Il existe beaucoup d’exercices, mini-problèmes éthiques qui ressemblent un peu à ça : « et si tu étais seul·e sur une île déserte et que ton unique chance de survie était de manger un animal/ton chien/ta petite soeur, est-ce que tu le ferais ? » ou encore ça : « entre sauver un bébé et ton chien, entre sauver ta grand mère et une voisine plus jeune que tu ne connais pas, entre laisser mourir ces 8 personnes sur le trajet d’un train et aller tuer exprès cette autre personne seule sur une route alternative… qu’est-ce que tu choisis ? » 
L’intérêt de ce genre de problème, est de nous questionner sur notre échelle de valeurs, pas seulement en « quoi » mais en « pourquoi ». L’erreur de ce genre de problème, est de conclure que ce qu’on ne choisit pas en premier ne vaut rien pour nous et que nous sommes donc immora·le·s, ou nous oblige à faire un choix de toutes façons immoral et pense que ça vient contredire notre éthique. Ce sont des problèmes biaisés, et la plupart du temps dans la vie, ce n’est pas le genre de choix auxquels on fait face. En outre, dans des circonstances extrêmes on peut se surprendre beaucoup et on ne ferait pas nécessairement les mêmes choix que calé·e·s sur notre canapé. Ce n’est donc même pas un bon entraînement ! Sortons de ce genre de raisonnement si on veut avoir une conversation raisonnable sur l’éthique.
Le choix éthique est ce qu’on fait réellement quand on est dans une situation : comment on agit. Être éthique dans notre tête, si nos actions ne suivent pas, ce n’est pas être éthique. 
On peut se dire tolérant et ouvert à la différence, mais si on n’intervient jamais face à l’intolérance et qu’on laisse dire ou qu’on rit, et qu’on ne fait jamais rien pour montrer de la tolérance ou aider les gens différents, alors où est notre tolérance ?
Alors pour celles et ceux qui me lisent et qui ont le choix aujourd’hui, en faisant vos courses, en programmant votre sortie culturelle, en commandant votre paire de chaussures, quel choix faites-vous ? Et pour quelles raisons ? Est-ce que ce qui est agréable, facile, connu, une bonne affaire, passe avant ce qui est éthique ? Ou l’inverse ? Ou au même niveau parce que parfois, le choix existe réellement ?
En effet, c’est la seconde question cruciale du choix et de l’éthique : 
Est ce que je dois sacrifier mes intérêts personnels pour être éthique ? 
S’il ne s’agit pas de sacrifier notre vie, de quel sacrifice s’agit-il ? Notre plaisir à manger un bon steak et du fromage, notre amour pour les escarpins et les sacs haute couture, notre veste en cuir préférée ? La paix et l’harmonie sociale quand on fait « comme tout le monde », l’impression qu’on ne demande pas un traitement particulier ? Eviter la corvée de lire les étiquettes des produits avant de trouver celui qui convient ? Eviter l’option végane pas tout à fait à la hauteur dans ce restaurant ou cet événement particulier ?
Soyons clairs. C’est compliqué de changer de mode de vie. Plein de gens le font pour plein de raisons dans toutes sortes de circonstances : aller dans un autre pays et ne reconnaître aucun magasin, aucun produit, même pas toujours la langue, et devoir repartir de zéro pour se recréer des habitudes confortables, ça arrive. Quand on a le privilège de l’argent, du temps, du choix, c’est évidemment beaucoup plus facile. 
Le comportement éthique, c’est de faire ce qu’on peut, sincèrement, en gardant en tête nos priorités et nos valeurs.
Dans ce cas, c’est-à-dire quand il est possible d’agir de façon éthique, je propose de ne pas voir le comportement éthique comme un sacrifice mais comme la prise en compte de tous les intérêts.
D’un côté de la balance, nous savons que la viande, le lait, les œufs engendrent de la souffrance. Qu’est-ce que ça vaut en face ? Quel effort serions-nous prêt·e·s à faire pour ne pas contribuer à cette souffrance ? 
Pas mourir de faim car ce serait souffrance pour souffrance. Peut-être pas s’engager dans une sorte d’ascétisme ou de négligence de soi, où l’on ne mangerait que du gruau avec des graines cultivées dans notre jardin. Ce genre de mode de vie ne serait plus acceptable aujourd’hui pour les gens parmi nous qui avons accès à d’autres conforts humains.
Mais par exemple trouver des alternatives végétales qui nous plaisent aussi et nous permettent de retrouver du plaisir différemment dans notre vie ? Recréer des plats vegans car la tradition c’est important pour nous ?
La question à se poser n’est pas ce qu’on sacrifie, mais comment nous pouvons vivre de façon éthique : appliquer non pas une valeur au détriment des autres, mais faire de la place aussi pour nos autres valeurs fondamentales, que ce soit la joie, la liberté, la tradition…
Les valeurs, une échelle de priorités
On l’a vu, l’éthique c’est un système. On a rarement une seule valeur, il nous faut donc être bien conscient·e de notre échelle de priorités.
Une valeur prioritaire dans notre système s’applique dans le plus de circonstances possibles. Non seulement c’est à ça qu’on la reconnait mais c’est aussi le but du système éthique : être applicable !
On peut ajouter cohérent : c’est l’articulation de cette échelle de valeurs qui le définira. En fait c’est d’autant plus essentiel que ça marche dans les deux sens. Si notre système de valeurs est clair, cohérent, applicable, on se sentira plus souvent guidé·e·s dans la bonne direction sans trop de doutes ou de difficultés ; si on a l’impression de sacrifier certaines valeurs, on se sentira frustrés et on risquera de faire des « exceptions » à notre propre système éthique ! 
Et c’est aussi pour cela qu’il vaut mieux anticiper les difficultés, celles qui iraient à l’encontre de nos autres valeurs (temps pris sur celui passé avec nos proches, absence de plaisir gustatif, etc.) : par exemple pour le passage à l’action vers le véganisme, qu’est-ce qui peut nous aider ? Est-ce qu’il nous faut plus d’information pour équilibrer notre nutrition, répondre aux questions et objections de l’entourage ? Est ce qu’on aurait besoin d’idées pratiques, de bonnes adresses où manger ou se vêtir, des recettes, l’accès à des substituts de certaines viandes ou fromages convaincants, des astuces pour organiser notre quotidien, des vies et faits d’animaux pour nous inspirer…?
Suite et fin de l’exercice : 
A quel point j’applique mes valeurs à moi-même et aux autres ? Sur quoi je peux réfléchir ?
Entre deux choix dans mon quotidien, quel est mon comportement le plus fréquent ? Est-ce que ça reflète bien mon échelle de valeurs ?
Quelles pratiques je pourrais cesser/adopter/améliorer/étendre… pour avoir un comportement plus en phase avec mes valeurs ? 
Qu’est-ce que je peux faire dès maintenant pour être plus éthique ?
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antispecisme · 10 years
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Le spécisme, un système de croyances recouvrant une réalité intolérable
Notre société véhicule et applique une idéologie spéciste, discrimination basée sur l’espèce, dont les croyances n’ont pas de fondement dans la réalité et que la science comme la morale savent déjà réfuter :
Il est acceptable d’asservir et d’utiliser les animaux ; c’est parfaitement légal et d’ailleurs tellement normal que simplement s’en abstenir est considéré comme extrême et peut amener des soupçons de dérives sectaires.
Dans nos interactions avec les animaux, ce sont nos désirs qui sont prioritaires, devant les intérêts fondamentaux des animaux ; certains animaux doivent être choyés (mais tout de même sujets à reproduction forcée et asservissement) ; d’autres doivent être mangés et/ou fournir de la nourriture par leurs sécrétions corporelles ; d’autres peuvent être utilisés pour du travail, du divertissement, du spectacle, de l’expérimentation ; d’autres doivent être « régulés », haïs ou craints ; d’autres peuvent mourir sans qu’on s’en émeuve car nos besoins de consommation détruisent leur habitat ; enfin, certains peuvent être protégés. Et c’est notre culture qui a raison sur lesquels de ces animaux appartiennent à quelle catégorie.
Un seul et même dogme sous-tend ces idées : on peut le faire, parce que ce sont des animaux ; et nous, nous sommes des humains. Voilà.
Pour asseoir le caractère inéluctable de notre rapport aux animaux, une croyance très forte a été mise en place, sans plus de fondement scientifique mais assénée à tous les niveaux de la société :
Il est nécessaire et même vital de se nourrir de produits animaux (alors que les associations de diététiciens les plus représentatives d’Amérique du Nord reconnaissent depuis des années qu’un régime végétalien équilibré est approprié pour toute personne, à tous les âges de la vie ; les chercheurs d'Harvard proposent également une assiette équilibrée et critiquent les relations entre les programmes environnementaux et les groupes agro-alimentaires, qui font la part belle aux produits animaux).
Il est de notre responsabilité de remettre ces croyances en question. Même si on a bien envie de faire confiance aux législateur et au système de santé publique et de se dire que tout va bien... et même si la situation actuelle est finalement bien confortable pour nous (pas pour les animaux).
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antispecisme · 10 years
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4) Les animaux sont des personnes
Le véganisme est la mise en application de l’antispécisme : cela consiste à mener sa vie en tâchant de minimiser son impact sur les animaux, et de ne pas consommer de produits ou de services nécessitant l’exploitation ou la mort d’animaux. Mais l’antispécisme en soi doit aller au-delà d’un engagement personnel et doit atteindre l’ensemble de la société.
Un choix personnel, c’est pâtes ou pizza, ciné ou télé, fast food ou salade, drogue, cigarette, alcool et rock and roll ou jus vert, encens, sport et méditation. Un choix déjà un peu plus complexe, qui devrait nécessiter un accord consensuel des parties, c’est mariage ou colocation, télétravail ou temps partiel, déménagement ou renouvellement du bail. Mais boire du lait, manger du poulet, assister à une corrida, c’est autant un choix personnel qu’agresser ou tuer une personne. Ce choix n'est pas neutre, il a des conséquences : il a des victimes.
Si l’on vit à une époque d’obscurantisme où cette catégorie de personne n’est pas protégée par la loi et que tout le monde autour de nous fait la même chose, il n’y aura pas de conséquence légale ni même sociale contre nous ; ça n’en rend pas moins notre « choix » immoral, y compris contre nos propres convictions intimes.
Qu’a-t-on appris, petits ? Qu’enseigne-t-on à ses enfants ? Qu’il ne faut pas faire de mal aux animaux. Qu’il faut caresser, pas taper, et qu’il ne faut pas malmener un être plus vulnérable que nous même si on aurait bien envie de jouer avec. Qu’il ne faut pas faire souffrir gratuitement, pour le plaisir. Que les animaux méritent qu’on soit gentil avec eux. L’antispécisme n’est même pas une idéologie étrange avec des idées différentes de la norme : la reconnaissance que les animaux souffrent, la volonté de ne pas contribuer à cette souffrance notamment pour quelque chose d’aussi trivial que le plaisir, cela fait déjà partie de notre morale collective.
Quand on croit fermement à ces principes, mais qu’en même temps la question qu’on se pose au quotidien n’est pas « qu’est-ce que je vais manger aujourd’hui » mais techniquement « QUI est-ce que je vais manger aujourd’hui », on se trouve en situation de dissonance cognitive, c’est-à-dire confronté à des croyances et comportements incompatibles.
Notre réflexe très naturel dans ce cas-là est de chercher à retrouver notre confort psychologique : cela passe le plus souvent par une rationalisation de notre comportement, une réinterprétation des éléments dissonants, pour nous faire croire à nous-mêmes que nous agissons conformément à nos croyances et que nos croyances sont justes. Il est en effet plus facile de se convaincre que l’on est une personne appliquant ses principes modérés, que d’accepter de corriger des idées acquises depuis longtemps ou de changer ses habitudes.
L’antispécisme questionne et bouscule le discours ambiant et les normes sociales. Il impose de revisiter nos comportements en concordance avec notre morale.
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antispecisme · 10 years
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3) Les animaux ne sont pas des objets
Les animaux sont des êtres sentients, c’est-à-dire que non seulement ils sont vivants, mais ils éprouvent des expériences subjectives, des sensations et des émotions et ont une certaine conscience d’eux-mêmes. De là à considérer que ce ne sont pas des objets, il n’y a qu’un pas et je le franchis.
Qu’est-ce que l’objectification ? Le fait de soumettre un être sentient (qui n’est donc pas un objet) à au moins l’une de ces intentions :
instrumentalisation : le traiter comme un outil pour ses propres fins
négation de son autonomie personnelle : ne pas tenir compte de sa volonté de disposer de son propre corps
appropriation : le traiter comme un bien, la propriété de quelqu’un d’autre
fongibilité : le traiter comme interchangeable (avec des êtres de la même espèce, par exemple, mais pas nécessairement), sans identité propre
violabilité : permettre d’attaquer son intégrité, de l’abîmer, voire de le détruire
négation de sa subjectivité : ne pas tenir compte de ce qu’il expérience et ressent.
On peut se rendre compte ici que dans notre culture les animaux sont objectifiés selon toutes ces acceptions. (Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls membres de la société dans cette situation). Il est important de poser ces éléments par écrit, car cela permet de percevoir la gravité de ce que nous faisons subir aux animaux, et que nous avons normalisé depuis longtemps : l’objectification est horrifiante précisément parce qu’elle s’applique à des êtres sentients qui la ressentent et en souffrent. L’antispécisme vise à faire cesser l’objectification de tout être sentient quelle que soit son espèce.
Ressources pour aller plus loin : sentience!, dans les cahiers antispécistes
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antispecisme · 10 years
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2) Les animaux sont doués de sensibilité
La loi française reconnaît depuis 1976 et réaffirme dans l’article L214-1 du code rural que les animaux sont des êtres sensibles et doivent être placés « dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de leur espèce ».
Cependant, elle se permet des distinctions qui n’ont rien d’objectif :
Elle ne considère que les animaux domestiques ou détenus en captivité car ils sont alors un bien sous la responsabilité de leur propriétaire. L'animal captif est donc vu à la fois comme un être sensible et comme un objet.
A ce titre, le code pénal inscrit comme des délits le fait de maltraiter un animal, ou attenter involontairement ou volontairement à sa vie.
Cette même loi n’empêche aucunement les cas de maltraitances prévus par ailleurs dans d'autres lois, qui permettent de maintenir les animaux dans des conditions incompatibles avec leurs impératifs biologiques, de les maltraiter et de les tuer : élevages, expérimentations animales, animaleries, cirques, zoos, etc.
Les autres animaux sont considérés comme des biens sans propriétaire. Ils peuvent recevoir protection s’ils sont considérés comme précieux ou utiles (espèces partiellement ou complètement protégées par la loi), ou être légalement chassés et piégés s’ils sont déclarés nuisibles dans certaines conditions, ou simplement n’entrent pas sous la protection de la loi.
En bref, la loi s’arrange avec elle-même pour répondre aux sensibilités naturelles des citoyens (punir un individu qui égorge, ébouillante, pèle, dépèce, cuit et mange son chat) tout en protégeant les intérêts des entrepreneurs (ne pas punir les intervenants de l’industrie agro-alimentaire qui égorgent, ébouillantent, pèlent, dépècent des centaines de milliers de veaux pour que les citoyens et eux-mêmes puissent les cuire et les manger).
La position actuelle de la loi est donc qu’il ne faut pas maltraiter ou tuer un animal, sauf pour le profit. Il ne s’agit pas du statut de l’animal ou de ses intérêts fondamentaux, mais bien de l’intérêt des lobbys et des coutumes gustatives du pays.
Une position politique claire serait de considérer l’animal comme un bien, et de laisser le propriétaire traiter son bien comme il l’entend. Or, c’est impensable car personne ne peut affirmer de bonne foi que finalement l’animal est bien un objet au même titre que les autres biens meubles reconnus par la loi. La conscience commune reconnaît qu'un animal, contrairement à un objet, peut être victime de cruauté.
Il est temps d’adopter l’autre position politique claire, la seule acceptable, qui est de considérer que si l’animal est un être sensible, alors il doit être protégé comme un être sensible : ce que l’on ne permet pas de faire à un être humain contre son gré ne doit pas être imposé à un autre être sensible contre son gré. Le fait qu’il est pratique, utile, profitable, agréable… de les traiter comme des objets, de les exploiter sans respecter leurs besoins et intérêts fondamentaux, n’est pas justifiable si les mêmes actions par un individu sont considérées comme des actes de cruauté dignes d’une punition sévère.
Cela demande d’appliquer l’idée déjà présente dans la loi que les animaux sont des êtres sensibles et de les traiter comme tels en respectant leurs intérêts fondamentaux, sauf bien sûr dans des cas d’auto-défense ou défense d’autrui.
Quelles sont les pistes ?
dans le cas d’espèces déjà domestiquées ou d’individus anciennement en captivité et libérés ou abandonnés dans des refuges, des êtres humains peuvent être responsables de leur bien-être et de leurs intérêts par un système équivalent à la tutelle ;
les autres espèces peuvent être protégées au même titre que les espèces déjà sous la protection de la loi ;
il est important de mettre fin à toute action visant la mort, l’utilisation, la reproduction forcée d’animaux hors situations de danger, etc.
Ressources en français pour aller plus loin :
Estiva Reus a publié en 2003 dans les cahiers antispécistes un article commentant l’approche de Gary Francione sur les droits des animaux ; du même auteur, un document de septembre 2014 « quels droits politiques pour les animaux ? »
positions, analyses et publications de la fondation Ligue française des droits de l’animal (LFDA)
recueil Droits des animaux et libération animale, Si les lions pouvaient parler, essais sur la condition animale, sous la direction de Boris Cyrulnik
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antispecisme · 10 years
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1) Les animaux ont des besoins et des intérêts fondamentaux comparables à ceux des êtres humains
Biologiquement, contrairement aux végétaux ou aux champignons, les animaux sont des individus qui vont réagir différemment les uns des autres, selon leurs motivations internes, et non seulement en réaction à des stimuli ;
les animaux ne repoussent pas quand on les coupe et cherchent à échapper à leurs prédateurs ; ils ont un intérêt à ne pas être blessés et à rester en vie (bien que certains animaux se suicident dans certaines circonstances) ;
les animaux ont un système nerveux qui leur permet de percevoir la douleur : il est certain que les animaux peuvent souffrir et cherchent à éviter la souffrance ;
la plupart des animaux sont mobiles ; ils ont besoin de se déplacer, pas seulement pour se nourrir, se cacher, ou se reproduire, mais aussi pour se défouler et jouer ;
beaucoup d’animaux ont besoin d’interactions ; ils forgent des liens avec leurs congénères, voire avec des individus d’autres espèces : partenaires, amis, enfants, groupe, etc. ; ils échangent des services et des informations, s’entraident ou entrent en concurrence ;
beaucoup d’animaux montrent des émotions : affection, joie, contentement, fierté, agacement, déception, tristesse, jalousie, honte, colère, anxiété, peur, etc. et de l’empathie pour leurs semblables mais aussi pour des individus d’autres espèces, y compris des humains ;
beaucoup d’animaux ont une conscience d’eux-mêmes assez complexe pour comprendre ce qui leur arrive et pour que cela leur importe.
Historiquement, l’être humain a longtemps cherché une justification biologique qui lui permette d’affirmer qu’il n’est pas un animal comme les autres ; on n’y est pas plus près aujourd’hui. La grande majorité des animaux sont biologiquement au niveau de l’homme, et ont les mêmes besoins vitaux : une vie sans souffrance et en liberté, dans un environnement qui répond à leurs besoins naturels (eau et nourriture, liens émotionnels, espace, protection contre le danger ou les éléments, etc.).
Les scientifiques reconnaissent de plus en plus que le partage entre les règnes et les catégories du vivant est relativement arbitraire, et que beaucoup de situations sont plus ambiguës que notre classification, toujours en évolution, ne le laisse percevoir.
Il est temps de réfléchir aux droits moraux des individus en fonction de leurs besoins et de leurs intérêts fondamentaux, plutôt qu’en fonction d’une classification par espèces et sous-espèces de moins en moins pertinente.
Ressources en français pour aller plus loin : les articles des cahiers antispécistes ayant trait à la biologie
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