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L'Abîme et le Rêve
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arrogantedio · 3 months ago
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arrogantedio · 3 months ago
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Le corps 1
Dans mon rapport à l'existence, dans mon expérience de la vie, mon corps s'est régulièrement retrouvé en soumission volontaire, replié sur lui-même, guidé par d'absolus idéaux. Que ce soit par le cadre de l'éducation familiale, dans l'enfermement scolaire, dans la discipline sportive ou encore par le choix de la carrière professionnelle, toujours la sensation corporelle s'est tue, au profit du bien faire, du savoir-être, et surtout au profit de ce qui était attendu. Pour toutes sortes de raisons raisonnables, religieuses ou familiales.
En lame de fond, j'ai longtemps cru que mon être était perverti par le péché originel, renvoyant de facto l'ensemble de mes phénomènes physiques et psychiques (désirs, envies, sentiments, émotions) au rebut du choix. L'esprit est supérieur à la chair. La chair doit se soumettre à la volonté de Dieu, à son esprit, à sa Parole avec un P majuscule. Car la chair est faible. La réalité, c'est que mon corps-esprit n'était pas perverti par le péché originel, il l'était par le christianisme. Une machine sémantique avait imprimé son code source sur mon être, utilisant toute la violence symbolique biblique disponible dans le texte pour organiser mon intériorité.
J'entends déjà les plus domestiqués caquetter derrière les lunettes d'un consensus helvétique tiédasse. "Par un certain christianisme". Se croyant probablement supérieurs dans leur expression de foi. Je devrais arrondir les angles, histoire d'éviter tout sentiment de blasphème, afin de n'offusquer personne et ainsi permettre une lecture tranquille. Car le propos est fort intéressant, n'est-ce pas ? Il serait dommage de perdre dès le départ le fidèle qui croit sincèrement en la parole du bon Seigneur. J'utilise le terme perverti à bon escient, car je n'ai cure du blasphème. Chrétien, je l'étais jusqu'à la moelle, développant une pensée contre moi-même, une pensée auto-immune.
Comment le christianisme pourrait-il pervertir un être humain ? C'est tout au contraire une source d'émancipation du péché.
J'affirme de fa��on péremptoire ceci : le péché originel, le corps crucifié, la divinisation du Christ, la supériorité du texte biblique, c'est de la violence symbolique au service de la hiérarchie institutionnelle. Quelle que soit la taille de "la cellule de maison".
La machine sémantique religieuse, quant à elle, organise l'intériorité du fidèle au travers des récits, des rites et des dogmes, en donnant une grille d'interprétation particulière aux individus. Elle module les comportements des personnes, imposant un cadre normatif dans le but de produire un certain type de comportement. Un certain type d'individu.
Il ne s'agit donc pas d'émancipation du péché, mais d'une double aliénation. Aliénation par un groupe de dominants, les sachants-interpréter, d'une part, qui utilisent une dialectique précise du texte sacré pour asseoir leur autorité par la violence symbolique (et qui s'auto-aliènent eux-mêmes dans une posture perverse). Puis, de l'autre côté, une soumission volontaire du fidèle à la machine sémantique qui organise sa vie et lui dicte son comportement.
L'institution religieuse domine donc et soumet les corps des individus. Elle règle la sémantique pour faire s'incarner les comportements attendus. Comme l'ADN, code source, déploie dans la matière une incarnation physique donnée par le code génétique. Ou encore comme le capitalisme provoque, par son propre mécanisme sémantique, la compulsion d'achat : dans le monde marchand, je suis souhaité être au monde, consommateur. Je suis ainsi nommé. Une bête, un animal compulsif, impulsif, soumis à ses instincts mais paradoxalement "libre de son choix". Cependant, les pulsions ne sont pas l'objectif en soi, mais une comorbidité. Ce qui est recherché, c'est avant tout mon consentement d'achat.
De la même manière, la religion cherche à faire plier le consentement du fidèle à la soumission au dogme, quitte à réduire son corps en miettes. Les explications fournies par la machine sémantique règlent l'ensemble de l'existence, évacuant l'angoisse existentielle au prix d'une réduction de la perception même de la conscience. Aux questions subtiles de l’intuition humaine, cette machine propose des réponses qui valent pour tous les êtres vivants, de façon univoque et universelle : "Tous ont péché et tous sont privés de la gloire de Dieu".
"Si, par exemple, il y a du bonheur à se savoir sauvé d’un péché, il n’est pas nécessaire, comme condition, que l’homme soit coupable ; l’essentiel, c’est qu’il se sente coupable. Mais, si en général la foi est nécessaire avant tout, il faudra mettre en discrédit la raison, la connaissance, la recherche scientifique : le chemin de la vérité devient chemin défendu."
Nietzsche – L’Antéchrist
La négation du corps par sa soumission à la machine sémantique, c’est le refus du réel. Le réel tel qu'il se présente à nous : maladie, divorce, échecs, naufrage. Dans ce système, les affects humains doivent impérativement être placés sous silence, car soupçonnés d'être guidés par une influence diabolique du vieil homme. Refuser de faire exister ses émotions, ses sentiments, ses désirs, ses envies, ses fantasmes les plus tordus, c'est se nier. Se nier, c'est rejeter toute potentielle immanence du divin dans sa propre nature.
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arrogantedio · 3 months ago
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arrogantedio · 3 months ago
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Sans titre 3
Ce monde est ridicule.
Ce monde du travail, je veux dire.
Directeur général de la technologie, sergent-major en stratégies systèmes, dirigeant-colonel des programmes de ventes, conseiller tactique en sciences informatiques, consultant en localisations opérationnelles, senior vice-président du développement des produits et grand maître du département de recherches en ingénierie logicielle...
Ces grands titres, tous acquis au prix d'un long et douloureux parcours étudiant et professionnel, servent l'illusion complète d'avoir la maîtrise sur nos modalités de travail. Modalités induites uniquement par un paradigme productiviste.
Toutes ces structures fabriquent de toutes pièces des postes de travail au service du néant le plus absolu. Et ce néant génère une quantité d'argent fictif inimaginable.
Tout le système repose sur une virtualité totale, et pourtant, la souffrance quotidienne de milliers de travailleurs est bien réelle. Les rues grouillent d'humains fatigués dès le lever du jour. Tous s'empressent de se rendre à leur poste, prêts à jouer leur rôle de Customer Operations and Financial Computing Analyst durant plus du tiers de la journée.
Le métier est mort.
Les métiers sont morts.
Les humains sont morts.
Moi aussi.
Automate je suis.
Les compétences nous enchaînent à nos chaises de bureau. Team building. Team spirit. Je suis obligé de travailler avec d'autres types qui, tout comme moi, n'en ont rien à foutre d'être là. Les moins lucides, eux, tiendront plus longtemps. Jeudredi. Vendredi. Samedi soir. Quelle illusion de merde.
"J'ai une vision précise pour ma vie", et voici que j'en ai fait un produit, un projet. Je vais soumettre d'autres sacs à viande dans l'écartellement de la conscience.
Mais qui sont ces maîtres de start-up qui fondent une entité morale générant des valeurs morales, alors qu'il ne s'agit que de statuts légaux imprimés sur un document ?
Comment est-ce possible ?
Qui sont ces géniaux marionnettistes reconnus qui réussissent à créer des emplois façonnant des besoins inexistants, d’un simple mot ?
Parce que oui, il faut bien qu'une personne décide de monter un projet en se disant : "Je vais proposer un service pour pouvoir répondre à ce qui me semble être un besoin que personne n'a encore découvert."
De véritables orfèvres de l’illusion.
Un humain, possédant un master en sciences du business, c'est-à-dire un mec qui a lu des bouquins à l'université et qui a bien répondu tout comme il faut à ses professeurs, peut devenir chef financier d'un monstre commercial, piétinant les individus comme des grappes de raisins dans un pressoir de torture.
Il faut vouloir, vraiment, se faire chier dans la vie. Tout comme nous, au quotidien. Nous sommes identiques d'une certaine façon. Tout est pareil. Seule la taille du porte-monnaie varie.
Les dirigeants possèdent une capacité à inventer des besoins. C'est complètement démentiel, non ?
Ils insufflent la vie à des besoins morts-vivants. À l’envie. Selon leur caprice. Ils scrutent nos pulsions et découvrent ce dont pourraient se repaître nos sociétés libres et démocratiques. Ils fabriquent les rouages qui nous broient, et nous nous réjouissons d’huiler la mécanique de cette horloge cosmique de notre sang.
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arrogantedio · 3 months ago
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arrogantedio · 3 months ago
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Note Sans Titre - L'ennui à l'infini
Je griffonne des notes, hagard. Vidé intérieurement. Les yeux rivés sur l'écran scintillant de mon téléphone, je tente d'écrire. De me sauver. Je bredouille, hébété, sans réussir à formuler une seule parole claire. Je suis confus. Je ne fais que de m'excuser depuis des mois. Il ne me semble être à la hauteur de rien du tout. Depuis des semaines j'ouvre des notes sans titre et sans texte dans mon carnet numérique. Il me semble que mon cerveau est mort. Foudroyé par un mal dont je n'arrive pas comprendre l'origine. Et en même temps il le semble le savoir mais c'est comme si j'ai oublié.
Alors je publie des notes et des notes encore. Sans titres. Et sans texte. Sans rien. Rien. Le neants.
L'ennui. Une cage ouverte sans clé dans laquelle je me suis enfermé pour des raisons raisonnables.
l'ennui encore.
Je tente alors une autre formulation. Mais malgré tout je m'ennuie de moi même et de mes perpétuels questionnements. Tout est vain et sans queue ni tête.
L'ennui permanent. Cela m'arrive fréquemment. Comme les insomnies.
l'ennui, l'ennui, l'ennui et l'ennui encore et encore. L'interminable répétition d'un non mouvement psychique. Cyclique. Comme la roue d'un cycliste dopé, habitué à ne plus ressentir de douleurs, ou plutot comme la roue d'un hamster au cerveau débile.
L'ennui de l'enfermement. J'enferme mes pensées mortes dans des notes. Dans mon téléphone. Elles n'existent plus. Comme moi, je n'existe plus à chaque fois que je me rend en ville, au travail.
Le travail.
De l'enfermement à perte de vue.
Un horizon d'ennui et d'enfermement perpetuels.
Il faut faire de l'exercice physique. Mais lorsque je me rend dans une salle de fitness, à nouveau mon corps est guidé par la machine. Je n'en peux de ces machines. Même le corps le plus performant d'une salle de fitness sera toujours celui d'un être humain guidé. Domestiqué.
Guidée par les verrins, l'énergie cynétique corporelle est ennuyée et enfermée.
L'humain mécanisé musclé performant, le corps substitué de l'humain assis. Assis toute la journée, le dos voûté sous le poids du chronométrage et de la productivité.
La performance est le fouet de l'ennui.
enfermement à l'école
enfermement à l'église
enfermement au travail
enfermement à la place centrale
Enfermé sur l'autoroute
La forêt ? Enfermée elle aussi sur une carte délimitant sa zone de croissance.
Les témoins de jéhova, les mormonts, les chrétiens, les musulmans, les manager, le patron. Tous veulent t'enfermer avec du papier à brûler. Des statistiques pour aller au paradis. Pour obtenir ton bonus célèste. Pour payer tes impôts.
Le crédit bancaire le crédit social le crédit temporel le crédit amoureux
Et blablabla
j'ai l'envie de me creuver les yeux. De m'arracher les membres fatiguées. Je m'endors sur ma chaise de bureau au travail, tous les après-midi. Mes yeux se ferment tout seul. J'ai dessiné des yeux sur mes paupières pour que personne ne me voit dormir. Je transpire froid. J'ai chaud. Je n'en peut plus de cet enfermement.
Cet écran d'ordinateur m'oblige à rester assis à ma place car j'ai signé un contrat me livrant consentant à l'obligation de soumettre mon être à la suveillance perpétuelle de mes performances.
Le plafond est bas. L'open space est une prison pour l'âme des humains. Ça pue. L'ambiance est faussement courtoise. Les sourires n'en sont pas, ce sont des aveux d'impuissance. Je ne suis plus un humain, je suis une bête de foire. Je suis dans un cirque. Certains collègues hurlent comme des macaques. Entre deux tâches, d'autres se lâchent dans des borborismes troglodytique. La pression du contrôle palpe mon intimité. Je dois uriner et déféquer à des heures précises. Il me semble dormir sur place dans ma vie. Je produit sans discontinuité email, téléphones, résiliation, tableaux excels, email, téléphones, résiliation, tableaux excels. J'active une carte sim, je désactive une carte SIM. Résiliation. J'active un bouquet TV, je désactive un bouquet TV. E-mail, téléphones, résiliation, tableau Excel, le loyer, e-mail, téléphones, résiliation, tableaux Excel, l'assurance maladie, e-mail, téléphone, résiliation, tableaux Excel, pas de tunes, tableaux e-mail, téléphone excel, j'active une facture, je résilie mon cerveau.
Mon supérieur m'observe à distance, "plus vite !" Il scrute ce que je fais sur mon ordinateur depuis son écran. Il surveille mes conversations privés. E-mail, téléphone, résiliations, tableaux excel. Mes vêtements ne servent à rien, je suis nu. Je m'offre "bêlement" à l'auto-exploitation.
Cette routine cinglée m'essoufle, ces rouages dentés me brisent, ces invariables répétitions me mastiquent. Ainsi l'existence se vide de toute vitalité, chaque geste est mécanique, automatique. Je suis digéré. Je referme les yeux, clic clic, ma souris se déplace à l'aveugle. Je suis une pompe, un vérin, je suis une porte informatique ouverte, fermée, je suis un code, un bot, une machine, un robot, mes pensée sont moribondes. Mon esprit même se prolétarise, je troque mon savoir faire pour du savoir être au profit d'une automatisation absolue de mon existence.
Quand est ce que cela va s'arrêter ?
Ambulance, urgence. Mon cerveau à pété une névrite. Les plombs ont sautés. Mon oreille gauche est morte. Mon quintal s'écroule. Je vomis toute cette nausée existentielle 3 jours durant à l'hôpital. Je ne peut plus bouger la tête, ni me lever sans tomber dans un vortex de vertiges et de sucs gastriques. Je reste couché 1 mois. 2 mois. 3 mois. 4 mois. Je suis vaincu. Mon esprit m'afflige encore d'avantage et minimise mon état, déni de mon phénomène encore. De quelle maladie mentale suis je atteint ?
Je vis entre parenthèse depuis le premier jour où j'ai accepté ce travail. Depuis le premier jour de mon apprentissage. Mon CV est merdique. J'en ai chialé plus d'une fois. J'ai peur d'aller dormir car il faudra se lever le lendemain matin.
Je suis épuisé mentalement et émotionnellement.
J'ai perdu le sens de l'activité quotidienne et je n'ai plus aucune motivation à vendre 8:30 de mon temps contre de l'argent. Cela me fait souffrir terriblement de devoir m'en accommoder pour la raisonnabilité raisonnable.  Je suis devenu cynique, détaché de mon corps et de mes émotions pour réussir à subir encore et encore. Faire le dos rond. Me taire. Ne rien dire. J'ai perdu le contrôle, je suis enfermé. A la maison j'hurle, je fais la gueule, je suis une merde.
Je suis intensément fatigué physiquement. Je me sens las et faible d'être brulé mais paradoxalement honnête et lucide sur mon naufrage.
J'insomnise encore.
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