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ATOMIC DYSTOPIA
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Introduction
De Hiroshima à Woodstock : la déflagration de la bombe atomique sur les certitudes envers le monde technicien.
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La Seconde Guerre Mondiale, avec son cortège de malheurs, a eu pour conséquence la fin des idéologies, lesquelles ont entraîné le monde à feu et à sang et fait des millions de victimes. Par ailleurs, le point final de cette guerre fut le bombardement des villes japonaises d'Hiroshima et de Nagasaki par un nouvel engin destructeur d’une puissance jamais vue auparavant. En effet, un groupe de scientifiques regroupés dans le projet Manhattan ont mis toutes leurs compétences scientifiques dans le seul but de créer cette machine de mort apocalyptique.
Ainsi, pour la première fois de de l’Histoire de l’Humanité, l‘Homme a réussi à se doter de la capacité de détruire la planète. La technique, depuis toujours synonyme de progrès pour l’Homme va désormais devenir un vecteur d’angoisses, ce qui est une césure dans la longue histoire de l’Homme et de la technique, qui depuis le mythe de Prométhée, sont des partenaires pour l’amélioration des conditions d’existences matérielles, mais également dans l’histoire des idées.
En outre, en cette période où les idéologies se confondent, la fin de la Seconde Guerre Mondiale représente une perte de confiance dans la technique, elle qui devait être une solution plutôt qu’un problème. Tout en pansant les plaies, l’humanité qui pleure les victimes vit une sorte de désenchantement et bien plus encore, une désillusion.
Nous allons ici nous intéresser plus particulièrement aux effets de l’existence de la bombe nucléaire pendant ces temps troublés, et aux conséquences qu’elle a engendrées. Nous nous appuierons sur tout un corpus documentaire afin de répondre à la problématique des conséquences énormes tirées par la possibilité, pour l’Homme, d’être en capacité de créer une telle puissance destructrice. Ainsi, nous étudierons des écrits d'Albert Camus et de Albert Einstein faisant part de leurs inquiétudes face à l’arme nucléaire, une vidéo où le scientifique dirigeant le Projet Manhattan fait acte de repentance avoir avoir vue les effets désastreux de son invention. Nous analyserons ensuite des  extraits du film de Stanley Kubrick “Dr Strangelove”, une véritable farce cinématographique où le réalisateur s’efforce de démontrer au public à quel point l’Humanité se doit de rester raisonnable avec un tel arsenal à sa disposition et où Kubrick nous présente ce à quoi la vie pourrait ressembler dans un monde post-apocalypse nucléaire. Enfin, nous étudierons les réactions de certains qui se sont lancés dans le combat du pacifisme et dans le mouvement antinucléaire. Par ailleurs, nous verrons le cas de certaines communautés qui décidèrent de vivre complètement hors du système technicien et tentèrent de réinventer des modes de vie fondés sur la paix et l’amour.  
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Robert Oppenheimer et le projet Manhattan
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Cette vidéo a été filmée à la suite du premier essai de la bombe atomique par le gouvernement américain le 16 juillet 1945 dans le désert  d’Alamogordo au Nouveau-Mexique. Le nom de code de cette essai été intitulé “Trinity”. Robert Oppenheimer (1904 - 1967) était un des scientifiques responsable de la conception de la bombe atomique.
LE PROJET MANHATTAN
Le projet Manhattan connue sa genèse lorsqu’en octobre 1938, le scientifique Albert Einstein (1879 - 1955) écrit une lettre au Président américain Roosevelt lui expliquant que les progrès des scientifiques nazis dans le domaine de la recherche atomique, devrait bientôt permettre à l’Allemagne de disposer d’une bombe atomique aux capacités destructrices exceptionnelles. A. Einstein indiqua au Président Roosevelt qu’en utilisant les ressources d’Uranium extraites au Congo belge, les États-Unis pouvaient eux aussi mettre au point une telle arme.
Ainsi, cette lettre fut le point de départ du Projet Manhattan car c’est à la réception de cette missive que Roosevelt pris sa décision de lancer concrètement le projet.
Dès l’année 1939 le Président Roosevelt va ainsi créer le “National Defense Research Commitee” en collaboration avec Vannevar Bush (1890 - 1974), un ingénieur de renom auquel nous devons le développement  des radars et et des sonars. Roosevelt va également créer le Comité Uranium afin de mettre en place un programme de recherche sur la fission de l’uranium.
En 1940, plusieurs comités vont voir le jour afin de rassembler toutes les compétences scientifiques, technologiques et militaires pour améliorer les performances de la “pile atomique“ inventée par Enrico Ferni (1901 - 1954). Cet engin, à base d’Uranium et de graphite, permettait à lui et son équipe de vérifier la théorie d’A. Einstein, à savoir la réaction en chaîne et la possibilité de créer une réaction explosive.
Le projet Manhattan fut pharaonique tant dans ses ambitions, ses moyens financiers mis à  disposition (2 milliards de dollars à une époque où la valeur du dollar était très élevée) que dans le nombre de personnes impliquées (environ 200 000). Les meilleurs scientifiques dans de nombreux domaines y participent, des laboratoires furent construits comme celui de Oak Ridge dans le Tennessee, spécialisé dans l’enrichissement de l’uranium.
L’étape suivante du Projet fut la concrétisation de la construction de la première bombe atomique. Ainsi en 1942, le Général Leslie Richard Groves (1896 - 1970) fut nommé directeur du projet Manhattan qui s’installa au Nouveau-Mexique dans le désert de Los Alamos. Par ailleurs, le Général nomma le Docteur R. Oppenheimer à la tête de la direction scientifique du projet.
Dans le complexe de Los Alamos furent donc développées deux types de bombes : l’une à base de plutonium et l’autre à base d’uranium. La conception de celles-ci découle particulièrement des travaux théoriques du mathématicien John von Neumann (1903 - 1957) en particulier en ce qui concerne le profil de la bombe qui sera plus tard larguée sur la ville d’Hiroshima.
L’une des particularités du projet Manhattan est le fait notable qu’il soit resté secret : les enjeux étaient énormes en pleine Seconde Guerre Mondiale. Afin de parvenir à maintenir le secret, chacun des 200 000 participants furent tenus au secret, tous les services furent compartimenté et seuls les hauts responsables civiles et militaires connaissaient le dessein du projet final.
Le secret sera finalement dévoilé en mai 1945, mais seulement en ce qui concerne le personnel présent dans le désert d'Alamogordo lorsque les militaires effectuaient le premier essai grandeur nature de la bombe nucléaire, baptisé “Trinity”. C’est d’ailleurs suite à cela que le Docteur R. Oppenheimer offrit au monde un témoignage des plus poignants.
Le projet Manhattan s’inscrit complètement dans le système technicien à savoir un mode où la technique offre une réponse à tout et s’impose comme un nouvel horizon indépassable. Le philosophe français Jacques Ellul (1912 - 1994) était un fervent critique de ce système technicien qui vise des avancées de la technique au détriment des individus. Partant de cette définition, la bombe atomique en est la parfaite illustration par l’absurdité et l’horreur de son pouvoir destructeur. D’autant plus aujourd’hui, avec un certain recul historique, nous savons que l’Allemagne nazie fut vaincue sans avoir eu recours à la bombe atomique. Quant à celles ayant détruit les villes de Nagasaki et d'Hiroshima, de nombreux historiens s’accordent à dire que la raison invoquée par le Président Harry Truman (1884 - 1972)  était fausse, à savoir qu’une invasion de la péninsule nippone aurait été trop coûteuse en vies américaines et trop longue dans la durée alors que le Japon était déjà au plus mal et que l’URSS venait de lui déclarer la guerre. Il est en effet bien plus que plausible que Truman ait souhaité faire une démonstration de force à Joseph Staline (1878 - 1953) préparant déjà l’affrontement des deux Blocs dans ce que l’on appellera plus tard la Guerre Froide. Malheureusement le résultat escompté fut loin d’être un succès, car les Soviétiques décidèrent eux aussi d’avoir à leur disposition un tel engin de destruction et c’est ainsi que débuta la course à l’armement nucléaire entre les deux Blocs, chacun ayant dans son arsenal la capacité de détruire plus d’une fois la planète.
ANALYSE DE L’EXTRAIT-VIDEO
Dans cet extrait vidéo, nous observons le savant Robert Oppenheimer (1904 - 1967) complètement anéanti psychologiquement par les résultats des travaux du projet Manhattan. L’explosion à laquelle il vient d’assister semble lui avoir fait prendre conscience des conséquences désastreuses de cette invention humaine aux capacités destructrices, jamais vues auparavant.
Dans son intervention filmée, il y affirme que les participants du Projet Manhattan avaient conscience du fait qu’avec l’existence d’une bombe nucléaire, avec de telles capacités de destruction,le monde ne serait plus jamais comme avant. Il décrit également les attitudes des personnes présentes lors de ce premier essai nucléaire où certains pleuraient, certains riaient mais où la majorité restait silencieuse, trois réactions psychologiques assez communes face à un phénomène qui nous dépasse. Aussi, c’est ce silence qui finalement parle le plus. Les mots se perdent et sont inexistants.
Le professeur Oppenheimer nous fait part ensuite de son état d’esprit personnel : il nous raconte que lui sont revenus en mémoire des lignes du livre le plus sacré de l'hindouisme : la “Bhagavad Gita”. Ce texte est un dialogue entre Krishna -la huitième réincarnation de Vishnu- et le guerrier Arjuna où sur un champ de bataille, ce dernier s’aperçoit qu’il va devoir mener un combat contre des membres de sa famille et de ses amis présents dans le camp opposé, et exprime donc son dilemme au dieu Krishna qui s’est mis à son service. Il devait faire son devoir - c’est à dire de commander son armée - ce qui impliquerait la mort de ses proches.
Les mots qui lui sont revenus plus précisément sont ceux prononcés par le dieu qui essayant de persuader le guerrier lui déclarant qu’il se doit de remplir sa fonction et, pour l’impressionner, reprend son apparence de dieu aux bras multiples. Il clame alors : “ Maintenant je suis devenue la Mort, le destructeur des mondes”.
R. Oppenheimer, les traits toujours aussi marqués par le poids de la culpabilité nous dit qu’il suppose que toutes personnes présentes lors de cet essai ont eu ce sentiment, cette impression de vivre mais aussi de participer à l’horreur, d’une façon ou d’une autre.  Cette métaphore est assez explicite d’autant plus que si une invention peut bien personnifier la Mort et la destruction à grande échelle, la bombe nucléaire semble être l’objet idoine. Bien plus que son discours, l’attitude de R. Oppenheimer exprime ses remords. D’ailleurs il n’est pas le seul scientifique à éprouver ce sentiment, en témoignent les nombreuses prises de positions pacifistes et contre l’usage d’une arme de destruction de scientifiques et d’intellectuels. Albert Camus et Albert Einstein en sont deux autres exemples. 
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Lettre d’Albert EINSTEIN - “Comment supprimer la guerre”
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Photographie d’Albert Einstein
« Ma responsabilité dans la question de la bombe atomique se traduit par une seule intervention : j’ai écrit une lettre au Président Roosevelt. Je savais nécessaire et urgente l’organisation d’expériences de grande envergure pour l’étude et la réalisation de la bombe atomique. Je l'ai dit. Je savais aussi le risque universel causé par la découverte de la bombe. Mais les savants allemands s'acharnaient sur le même problème et avaient toutes les chances de le résoudre. J’ai donc pris mes responsabilités. Et pourtant je suis passionnément un pacifiste et je ne vois pas d’un oeil différent la tuerie en temps de guerre et le crime en temps de paix. Puisque les nations ne se résolvent pas à supprimer la guerre par une action commune, puisqu’elles ne surmontent pas les conflits par un arbitrage pacifique et puisqu’elles ne fondent pas leur droit sur la loi, elles se contraignent inexorablement à préparer la guerre. Participant alors à la course générale aux armements et ne voulant pas perdre, elles conçoivent et exécutent les plans les plus détestables. Elles se précipitent vers la guerre. Mais aujourd’hui la guerre s’appelle l’anéantissement de l’humanité.
Alors protester aujourd’hui contre les armements ne signifie rien et ne change rien. Seule la suppression définitive du risque universel de la guerre donne un sens et une chance à la survie du monde. Voilà désormais notre labeur quotidien et notre inébranlable décision : lutter contre la racine du mal et non contre les effets. L’homme accepte lucidement cette exigence. Qu’importe qu’on le taxe d’asocial ou d’utopique ?
Gandhi incarne le plus grand génie politique de notre civilisation. Il a défini le sens concret d’une politique et sut dégager en tout homme un inépuisable héroïsme quand il découvre un but et une valeur à son action. L’Inde, aujourd’hui libre, prouve la justesse de son témoignage. Or la puissance matérielle en apparence invincible de l’Empire britannique a été submergée par une volonté inspirée par des idées simples et claires. »
Dans cette lettre intitulée “Comment supprimer la guerre “, le physicien Albert Einstein (1879 - 1955) revient sur sa responsabilité dans l’invention de la bombe atomique lorsqu’il évoque la missive qu’il a envoyée au Président américain Roosevelt .Il se justifie de cette initiative en rappelant que l’Allemagne nazie mettaient à l’époque tout en oeuvre afin d’acquérir cette arme d’un nouveau genre, il parle même “ d’acharnement ” des savants allemands à percer le secret de l’atome. Ainsi, selon A. Einstein, il était à l’époque devenu prioritaire pour les Alliés de remporter cette course à l’armement, les nazis ayant démontrés leur peu de considération pour la vie humaine.
Malgré son pacifisme, il a donc pris ses responsabilités avec cette lettre à Roosevelt, bien qu’il fût conscient du “ risque universel causé par la découverte de la bombe ” .Mais face à un ennemi tel que le Troisième Reich, il faut savoir faire des concessions. Selon lui, la bombe atomique, aux mains des Américains, pourrait être qualifiée de Mal nécessaire .
Par ailleurs, A. Einstein est avant tout un pragmatique malgré son aversion pour la guerre et ses morts. Il nous explique que tant qu‘un arbitrage pacifique ne réglera pas les conflits et tensions entre les nations, il faut se donner les moyens de gagner une guerre, au risque que seuls  les pays les plus acharnés, les plus violents et les moins humanistes imposent leur joug à d’autres pays. Cette attitude d’A. Einstein fait penser au proverbe de l’Antiquité romaine “ Qui vis pacem, para bellum “ (“ qui veut la paix, prépare la guerre “).
Dans cette lettre il dénonce néanmoins la course aux armements qui pousse inexorablement aux conflits, d’autant qu’avec la puissance de destruction acquise par l’humanité la conséquence d’une guerre peut aller jusqu’à “ l’anéantissement de l'humanité ”.
Le théoricien dénonce aussi l’inutilité de protester béatement contre les armes tant qu’il y aura des risques de guerre. Selon lui la bonne méthode pour  arriver “ à la suppression définitive du risque universel de guerre ” passe plutôt par l'exigence de “ lutter contre la racine du mal et non contre les effets ”. Par ailleurs il anticipe ceux qui pourrait le qualifier de naïf ou d’utopique en justifiant que le pacificisme est le seul combat qui vaille d'être mené.
Ainsi, à la fin de sa missive, il rend hommage à Gandhi ainsi qu’à sa philosophie de la non-violence qui est venu à bout de l’Empire britannique. Albert Einstein déclare “ la puissance matérielle en apparence invincible de l’Empire britannique a été submergé par une volonté inspirée par des idées simples et claires “. Il se range alors aux côtés d’Albert Camus et de sa vision pacifiste.
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Analyse de la réaction d’Albert Camus au bombardement d’Hiroshima
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Photographie d’Albert Camus
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Albert Camus, éditorial de « Combat », le 8 août 1945
En guise de phrase introductive à cet éditorial, l’écrivain Albert Camus (1913 - 1960), exprime sa vision philosophique du monde à savoir absurde et révoltée et nous voyons ces deux piliers de son idéologies en filigrane tout au long de sa prise de position que nous nous proposons d’analyser.
Ainsi “ le monde est peu de chose ”, et ceci encore plus depuis que toute l’humanité a appris l’existence de la bombe atomique après le bombardement de la ville d’Hiroshima.
Nous pouvons déceler de l’ironie voire du mépris pour tous les médias qui ont transmis la nouvelle dans un “ formidable concert  “ dont il déplore l’enthousiasme indécent signifiant un véritable aveuglement quant aux ramifications d’un tel événement ou une absence de mise en perspective. A.Camus reproche notamment aux journaux francais et anglo-saxons leurs “ dissertations élégantes [...] indépendant de la bombe atomique ”. En effet, pour le philosophe, avec l’explosion de la bombe atomique sur la ville d’Hiroshima, “ la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie ”. C’est à la fois une accusation forte mais aussi extrêmement lucide. Par ailleurs la formulation est excellente  le terme “ sauvagerie “ renvoyant au monde de la Nature et “ la civilisation mécanique “ incarne le monde de la Culture. Nous sommes donc, ici encore, au coeur du fameux débat opposant nature et culture mais où la cette dernière, d’ordre scientifique, a acquis un tel pouvoir de destruction que la Nature semble être plus désirable. A. Camus en appel ensuite à une prise de conscience, car selon lui nous sommes dorénavant à un carrefour séparant l’humanité “ entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques ”.
Au second paragraphe il revient sur le caractère indécent “ à célébrer ainsi une [...] depuis des siècles “. Qui plus est, il dénonce la violence du XXeme siècle avec ses deux Guerres Mondiales, ses millions de victimes et une science, produit de son époque qui “ se consacre au meurtre organisé ”. Surtout, le pire dans cet état de fait est que nul n’en semble étonné, tous semblent indifférents tant l’Homme est conditionné par son époque “ dans un monde livré à tous les déchirements de la violence, incapable d’aucun contrôle, indifférent à la justice ”.
Selon A. Camus, la science et la Rationalité se sont mises au service du Mal, de la destruction, tout comme l’Allemagne nazi, sous-entendant peut être que les Alliés ne valent pas mieux qu’eux.
Dans ses propos, on retrouve cette volonté que l’humanité mesure bien les conséquences et les effets d’une telle invention de Mort en faisant un appel solennel pour que la bombe atomique  ne soit pas un sujet négligé. Il ajoute qu’il trouverait “ insupportable “ que des gens la traitent avec une dimension humoristique, le sujet étant bien trop grave selon lui.
Il précise sa pensée en déclarant que nous vivons déjà “dans un monde torturé” et que cette invention risque de nous donner “des angoisses supplémentaires“. En d’autres termes, la bombe ne ferait certainement pas partie de la solution mais va a contrario ajouter de la complexité aux problèmes déjà existants.
Le pessimisme d’A. Camus se lit lorsqu’il déclare que cette angoisse nouvelle “ a toutes les chances d’être définitive ”. Ce qui semble signifier qu’il imagine déjà une catastrophe nucléaire irréversible et d’une ampleur planétaire, voilà pourquoi il ajoute “ on offre sans doute à l'humanité sa dernière chance ”. Il en appelle ainsi à la réflexion de tous sur le sujet ainsi qu’au silence - à l’opposé des réactions des journaux enthousiastes et sans le recul nécessaire pour comprendre un événement d’une telle ampleur. Selon Albert Camus ce n’est rien de moins que la survie de l'humanité qui est en jeu dorénavant.  
Par ailleurs, le philosophe francais s’inquiète des répercussions diplomatiques ainsi que dela rivalité des blocs soviétique et occidental, qui se dessine déjà avant la signature de la capitulation japonaise. Il se méfie du scénario d’anticipation décrit par l’Agence Reuters (qui promeut les intérêts américains) selon lequel avec l’acquisition de cette bombe par les Américains “ cette invention rend caducs les traités ou périmées les décisions même de Potsdam “. Ainsi il semble mettre en garde les Américains qui paraissent grisés par ce bombardement sans précédent, croyants ainsi détenir l’arme absolue des relations diplomatiques. A. Camus n’est pas dupe des réelles raisons pour lesquelles les Occidentaux se réjouissent, non pas au nom du progrès scientifique mais en raison du fait qu’ils sont convaincus, qu’ils vont gouverner le monde - de gré ou de force - en utilisant la force de dissuasion ou en mettant leurs menaces à exécution ; et ceci sans se rendre compte que c’est gouverner par la peur qu’ils inspirent aux autres, un modèle de gouvernance peu apprécié d’un philosophe.
De plus, il précise qu’il n’est pas un pacifiste béat et qu’il se réjouirait  tout de même si les Japonais capitulent “ après la destruction d’Hiroshima et par l’effet de l’intimidation ”. En revanche, son objectif serait alors “ de plaider plus énergiquement encore en faveur d’une véritable société internationale (....) de tel ou tel État “.
Enfin, avec la bombe atomique, il devient plus que nécessaire qu’une organisation internationale chaperonne les relations entre les pays car dorénavant, si un conflit éclate, avec les moyens de destructions que l’Homme possède, ce conflit peut définitivement donner naissance à des conséquences irréversibles. Le XXe siècle nous a offert son lot de décisions prises aux noms des instincts primaires ou des idéologies, les nations ont nécessairement besoin d’un garde fou si l’humanité veut s’éviter une catastrophe.
Il conclut son éditorial avec un appel pour “ la paix ,le seul combat qui vaille d’être mené ”. Il précise d’ailleurs que “ ce n’est pas une prière mais un ordre (...) l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison “.
Avec cet éditorial rédigé le lendemain du premier bombardement nucléaire, Albert Camus semble être un des seuls à être resté lucide et à s'inquiéter des conséquences pour l’humanité d’une telle invention. Il nous invite tous à la réflexion et à la prise de conscience que le monde ne sera plus jamais comme avant avec cette menace de destruction. Il en appelle à l’intelligence et à la raison de l’Homme qui, désormais doté d’un tel pouvoir, se doit d’être d’autant plus responsable.
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Extrait du film “Dr. Strangelove” de Stanley Kubrick
Analyse de la scène “Doomsday machine”.
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Cet extrait est tiré du film de Stanley Kubrick (1928 - 1999)  réalisé en 1963. Avec le personnage du docteur Folamour, le réalisateur souhaitait mettre en scène la folie militaire de son époque, où le bloc occidental et le bloc soviétique possédaient un tel arsenal nucléaire que chacun des deux parties avait potentiellement la capacité de détruire notre planète entière. Il est à noter que ce film a été réalisé juste après la crise des missiles de Cuba lorsque l’antagonisme entre les deux blocs était à son paroxysme, tout comme l’angoisse planétaire face à cet équilibre de la terreur dénommé “ Destruction Mutuelle Assurée ” ou “ Mutual Assured Destruction ” dont l’acronyme MAD (fou en français) se passe de commentaire. 
C’est donc dans un tel contexte que Stanley Kubrick réalisa ce film, et afin de mieux transmettre son message, il décida d’en faire une satire. Ainsi, ressortent la folie et le grotesque qui peuvent parfois appartenir aux caractères des hommes. En outre, tous les personnages du film sont caricaturaux à l'extrême, jusqu’à leur patronyme tel que le Général Turgescent, le Premier Ministre soviétique Kissoff ou encore le Docteur Folamour lui-même.
L’extrait de ce film que nous avons sélectionné se situe au milieu de l’intrigue que nous pouvons résumer ainsi : un Général américain complètement fou a décidé de sa propre initiative d’envoyer des avions nucléaires bombarder l'URSS. Ayant eu vent de cette information et souhaitant à tout prix éviter que cela se produise et entraîne des représailles atomiques de la part des soviétiques, le président américain réunit tout son état-major dans la “ War Room ” afin de trouver le moyen de rappeler les avions partis en mission en suivant les ordres d’un Général ayant perdu toute lucidité. Après moultes péripéties, les Américains pensent avoir évité le drame, mais malheureusement un avion continue sa mission et risque d’envoyer une bombe nucléaire sur le territoire russe. Afin de démontrer leur bonne foi aux dirigeants soviétiques, les Américains ont convié l’ambassadeur soviétique aux États-Unis afin que les deux Grandes Puissances puissent collaborer, dans le but d’abattre l’avion toujours dans les airs avec sa cargaison apocalyptique et ainsi éviter l’irréparable.
Malheureusement les Américains n’avaient pas prévu un élément décisif : “ the Doomsday machine ” ! En effet dans cet extrait du film de S. Kubrick, nous observons un ambassadeur soviétique  pris de panique à l’idée qu’un avion n’ait toujours pas été informé que la mission était annulée car si l’équipage réussit à larguer sa bombe atomique sur le territoire soviétique, le diplomate prédit à tout l’Etat-major américain un hiver nucléaire d’une durée de 93 ans, à cause de la présence du Cobalt et du Thorium G dans la fabrication des bombes soviétiques. La réaction du Général Turgescent est remarquable. Il ne veut pas croire l’ambassadeur en grande partie par dogmatisme anti communiste. .En revanche le Président américain est interloqué par cette remarque de l’ambassadeur et lui demande plus de précision quant à cette fameuse “ Doomsday Machine ” .
Le diplomate va ainsi lui décrire cette “ machine du Jugement Dernier ” qui a été fabriquée afin qu’elle puisse se déclencher automatiquement mais qui explose  également si quelqu’un tente de la désamorcer. Fidèle à lui même, le Général Turgescent reste septique et n’y voit que de la propagande soviétique, le Président au contraire prend cette information très au sérieux et s’écrit que c’est une pure folie : “ mais pourquoi quelqu’un fabriquerait une chose pareille ? ”. L’ambassadeur russe n’ayant pas saisi la dimension éthique du cri du coeur du Président lui répond que c’est à cause du coût de la poursuite à l’armement, à l’espace et à la paix. Il ajoute le plus sérieusement du monde que cette machine fut inventé afin de répondre aux attentes du peuple soviétique qui souhaitait plus de confort. Ainsi, vu son relativement faible coût de fabrication, la “ Doomsday machine ” semblait ,pour les dirigeants soviétiques le meilleur moyen - si ce n’est le moins onéreux - pour rester dans la course face au bloc occidental tout en répondant aux attentes des peuples soviétiques. Qui plus est, la décision fut prise de la mettre en fabrication lorsqu’ils ont lu dans le New-York Times, prestigieux périodique américain, la volonté des Américains de construire une machine semblable. Or, les soviétiques ne voulaient pas encore une fois être dépassé par leur grand rival !
Cette séquence décrit assez bien jusqu’à quel degré d'irresponsabilité la rivalité entre les deux blocs les a entraînés.
Le Docteur Strangelove entre à son tour en action dans cette séquence. Ce personnage représente à merveille les transfuges nazis qui, après la Seconde Guerre Mondiale, se sont vus offrir une amnistie par les États-Unis ainsi qu’une terre d’accueil . Ils pouvaient alors mettre leurs compétences au service de la lutte anticommuniste après avoir servi les intérêts du Troisième Reich. Ainsi, l’énigmatique Docteur Strangelove occupe le poste de directeur de la commission des recherches sur l’armement. Le réalisateur S. Kubrick sous entend, en l'occurrence, que l'intérêt des humains, la préservation de leur vie n’est que secondaire dans la liste des priorités de ce personnage. Cette impression se confirme au fur et à mesure de ses interventions.
Lorsque le Président lui demande si une Doomsday machine peut effectivement exister, sa réponse pleine d’enthousiasme et faisant figure des conséquences humaines est assez glaçante. Selon lui, une telle machine peut effectivement avoir pu être construite, les soviétiques possèdent les capacités technologiques pour y arriver, seul manque la “ volonté de le faire ”. Nous pouvons voir ici son côté nazi qui revient au galop, avec son accent dans la prononciation du terme “ volonté ”. D’ailleurs, cette dernière est le principe mis en avant par l’homme d’État Adolf Hitler (1889 - 1945). Le film de Leni Riefenstahl (1902 - 2003) célébrant le congrès de Nuremberg en 1935 s’appelle en effet Le triomphe de la Volonté. Il nous semble que le choix du mot “ volonté ”, prononcé avec l’accent allemand, est une manière de dénoncer la folie qui pourrait s’emparer de la conscience des Hommes, particulièrement quand ces derniers ont la capacité intellectuelle et technique de détruire la planète. Le Docteur Strangelove continue sa description de la Doomsday machine qui repose sur le principe de dissuasion qu’il décrit comme étant l’art de produire dans l’esprit de l’ennemie la peur d’attaquer. Il ajoute qu’il est par ailleurs essentiel, même nécessaire que le facteur humain soit exclu du processus de prise de décision ! Nous sommes ici en présence d’un personnage qui possède une foi totale en la technique. Encore une fois, on peut faire référence au sociologue Jacques Ellul (1912 - 1994), qui dénonce le système technicien. Il décrit celui-ci comme visant son développement au détriment des individus qui ne seraient plus que des auxiliaires au service de la technique. À un tel point dans ce film, que les personnages ne se rendent même plus compte des catastrophes irréversibles qu’ils risquent de provoquer. Il est aussi intéressant de noter que dans cette War room se trouve les décideurs politiques, du monde de la recherche et de l’armée. Ce sont tous ceux qui voient dans le progrès technique le sens de l’Histoire, à laquelle ils risquent aussi, à cause de leur attitude irresponsable, de mettre un terme définitif .
La suite de la séquence semble abonder dans ce sens lorsque le Docteur Strangelove défend le fait que cette arme ne soit nullement dépendante de l’homme pour être actionnée. Il affirme même “ c’est là tout le principe de cette machine : un processus automatique et irrévocable de prise de décision qui écarte toute interférence humaine ” .Il ajoute que la machine du jugement dernier “ est terriblement simple à comprendre et complètement convaincante ”.
Le Général Turgescent ne semblant pas avoir pris la mesure du problème déclare en confidence à une autre personne de la War room qu’il rêverait de posséder un tel engin ! Nous pouvons remarquer que comme son nom l’indique le Général semble un adepte de ce que nous appelons trivialement “ le concours de virilité primaire ” une expression pouvant assez bien caractériser chez certains la raison pour laquelle ils souhaitent participer à une course à l'armement .
Le Docteur Strangelove continue sa description de la Doomsday machine en abordant les aspects plus techniques de sa mise en oeuvre. Ainsi il dit qu’il suffit d’un large complexe d’ordinateurs qui programment le moment et la raison pour laquelle les bombes doivent exploser. Le tout est stocké dans une large bande de données. Alors qu’il décrit le pire cauchemar que le système technicien a transformé en réalité, son enthousiasme trahi son peu de considération pour la vie humaine inversement proportionnel à sa fascination pour le système technique.
Que l’humanité entière puisse disparaître du fait que l’avion américain mène à bien la mission de bombarder l’Union Soviétique, et ainsi déclencher la Doomsday machine, ne semble guère l’émouvoir.
Cette séquence se termine sur la remarque Docteur Strangelove à l’ambassadeur soviétique concernant l'intérêt d’avoir un tel engin. Il serait vain si on le garde secret, et le diplomate, embarrassé lui répond que l’annonce aurait dû avoir lieu au Congrès du Parti Communiste Lundi prochain car le dirigeant Kissoff aime les surprises.
Les personnages impliqués dans ce scénario catastrophe ont ainsi tous des comportements irresponsables. 
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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L’utopie post-apocalypse nucléaire selon le Dr Strangelove
Cet autre extrait du film de Stanley Kubrick “Dr Strangelove” nous offre une vision de ce que l’espèce humaine serait contrainte de faire pour survivre suite au déclenchement de la fameuse Doomsday machine . Le projet énoncé par le Dr Strangelove peut paraître utopique pour certains et dystopique pour d’autres.
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Suite à la catastrophe nucléaire , nous retrouvons les protagonistes dans la War Room et tout de go, le Dr Strangelove propose au Président américain “de conserver des spécimens de l’espèce humaine” (une expression pour le moins déshumanisante pour désigner des individus !) en les logeant au fond de profondes mines où ils seraient ainsi protégés de la radioactivité. Selon le docteur, à partir de là, en quelques semaines, la survie pourrait s’organiser. Il est à préciser qu’à cause des radiations, les survivants devront tout de même rester en profondeur pour environ une centaine d’années.
Le Président semble sceptique quant aux capacités de pouvoir vivre décemment au fond d’une mine pendant une telle durée mais le Docteur, assez enjoué, lui raconte que c’est possible grâce aux réacteurs nucléaires qui peuvent fournir de l'électricité indéfiniment, ils pourront ainsi faire pousser des végétaux dans des serres, élever et abattre des animaux afin de se nourrir . Il est assez savoureux que malgré la catastrophe nucléaire encore récente, la confiance du Dr Strangelove pour le nucléaire et l’univers technicien n’est en rien ébranlée.  
Le docteur continue la description de son projet et précise que 700 000 personnes pourraient trouver refuge au fond des mines. Quant à savoir qui sera sélectionné - et par extension qui sera condamné à survivre à la surface radioactive du globe - le Dr Strangelove rassure le Président et le dédouane de toute culpabilité en lui affirmant qu’un ordinateur se chargera de la sélection. Cet ordinateur sera programmé pour sélectionner les individus en fonction de certains facteurs comme la jeunesse, la santé, la fertilité sexuelle et l’intelligence. Évidemment, les meilleurs scientifiques, les membres des élites politique et militaire auront leurs places réservées dans cette communauté souterraine.
L’argument qui achève de convaincre même les plus septiques est ensuite énoncé par le Dr Strangelove : dans cette nouvelle société au fond des mines, il n’y aura rien d’autre à faire si ce n’est se reproduire pour la préservation de l’espèce humaine avec un ratio de dix femmes pour un homme. Continuant à exposer son projet qu’il estime utopique, le docteur va jusqu’à affirmer que les survivants retrouveraient d’ici une vingtaine d’années le niveau de leur PNB actuel. Le sexe et l’accumulation de richesses, deux obsessions qui caractérisent l’espèce humaine. Malgré le fait que le docteur nous semble être en plein délire, depuis l’argumentaire sur la nécessité de sauvegarder l’espèce humaine, les membres de la War Room ne remettent plus en cause les paroles du Dr Strangelove, car représentant de la Science. Il semble donc avoir un certain talent de conviction, ayant fait sien l’adage de Napoléon selon lequel on gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus !
Le seul à avoir quelques réticences est le Président américain, ce dernier s’interrogeant sur les séquelles psychologiques d’une catastrophe nucléaire avec ces milliards de morts et de l’obligation d’aller se terrer au fond des mines. Il se demande si un éventuel complexe du survivant ne frapperait pas les 700 000 élus, anéantissant du coup leur libido et les espoirs de rattraper le niveau du PNB. Mais, avec un enthousiasme sans pareil, le Dr Strangelove balaie ces inquiétudes et déclare qu’au contraire les survivants se prendront au jeu et verrons cela comme une aventure ! Le Docteur est un véritable sociopathe pour ceux qui en douteraient encore, sans beaucoup d’empathie.
Le Général Turgescent quant à lui se pose également quelques questions éthiques, notamment si dans ces conditions, les hommes vont devoir abandonner la monogamie et très hypocritement, le Docteur lui répond que malheureusement oui, C’est le sacrifice requis pour le futur de l'espèce humaine. Il ajoute que par conséquent les femmes devront être sélectionnées selon leurs caractéristiques sexuelles qui doivent être stimulantes !
Ainsi est présenté le projet utopique post apocalypse nucléaire par le Dr Strangelove, du moins utopiste si vous êtes un homme hétérosexuel, que vous avez survécu à la Doomsday machine, que vous avez été sélectionné par l’algorithme de l‘ordinateur, que vous n’avez pas été traumatisé par la catastrophe ainsi que par les deuils multiples, etc. Cela fait beaucoup de conditions à remplir tout de même pour profiter de l’expérience du Docteur, d’autant plus que personne ne semblent avoir tiré les leçons de cette folle course aux armements de plus en plus destructeurs. Il n’est pas exclu d’imaginer qu’une fois le nuage radioactif évaporé, si nous nous fions aux personnages présents dans la War room, une nouvelle catastrophe se produise car comme le disait Karl Marx “ lorsque l’Histoire se répète, la première fois, c’est une tragédie, la seconde fois c’est une farce.“
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Happy Hippie Days
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       Les années 60 ont été marquées par l’émergence d'un refus d'autorité et d'un mouvement anti-guerre. Né aux États-Unis en conséquence des différentes luttes nationales et internationales des années 1950, le mouvement hippie répond à la guerre de Corée (1950 – 1953), à l'invention en 1954 de la bombe à hydrogène, au mouvement des droits civiques pour les Afro-américains, et d'autres événements sources de conflits. Rappelons que le contexte était assez particulier : le système technique était en développement exponentiel, tant dans le bloc soviétique qu'occidental, avec les prémices d'une course spatiale au coût exorbitant. Par ailleurs, des événement majeurs tels que la répression du Printemps de Prague par le régime soviétique  en 1954, et la Révolution cubaine en 1959, ont aussi bouleversé cette décennie. Les hippies se sont donc levés contre une société de consommation occidentale en constante développement, prônant des valeurs aussi fondamentales que simplistes : l'amour, la liberté et la paix. Ces trois termes résonnent alors comme une utopie simplifiée où le matériel ne vaut finalement rien. Ainsi, des slogans ont commencé à voir le jour comme « paix et amour », « le pouvoir des fleurs », représentant un monde bénin, sans inquiétude ni problème. Ils ont donné naissance à une sérénité si particulière qu'aujourd'hui, encore, certains continuent de suivre ce mouvement.
Le hippie se démarque par sa rébellion pacifiste. Un oxymore qui en dit long sur cette communauté qui protège et considère autrui. Le hippie vénère alors l'homme en lui-même et pour lui-même. Son objectif ultime était finalement de vivre avec ce que la nature lui donne, sans accessoire ni artifice. D'ailleurs, le hippie inspire le mouvement écologique qui met la Nature au devant de la scène. En outre, le mouvement hippie se caractérise par le port de vêtements atypiques. Les motifs sont majoritairement des fleurs, symbole de la sérénité. Les couleurs sont multiples et sont en totale contradiction avec l'esprit sombre de l'époque. Notons aussi la différence marquée par les cheveux longs des hommes hippies face aux crânes rasés des soldats. 
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Qui est donc à l'origine de cette mode particulière ? S'il est d'abord inspiré par la civilisation indienne, le style hippie a vu le jour avec l'un des premiers groupes formé par l'écrivain américain Ken Kesey (1935 – 2001) et le groupe Mercy Pranksters. Celui-ci est considéré comme le lien principal entre le mouvement littéraire (Beat Generation) et hippie. Implantée en Californie et en Oregon, cette communauté d'individus partageront les mêmes idéaux, voyageront dans un bus scolaire aux couleurs vives, tout en ingérant de grandes quantités de LSD (illégale jusqu'en 1965). Ainsi, ce groupe semi-nomade aura parcouru le pays, organisé de nombreuses fêtes, distribué du LSD, etc. Guidé par Jack Kerouac (1922 – 1969) et son ouvrage Sur la Route (1957), le hippie fuit cette société dans laquelle il ne s'identifie pas et trouve refuge au cœur de la nature et la musique, qui lui rappellent finalement la beauté du monde.
Aldous Huxley (1894 – 1963) nous rappelle que la drogue offre une autre perception du monde. Les conséquences de cette pensée se sont dessinées à travers la littérature et la musique, en donnant la parole à la Paix. Reflets de l'identité sociale, ces deux domaines permettent à des artistes majeurs d'écrire et de chanter leur hymne à la Liberté. Il faut savoir que le terme «  hippie » a une connotation péjorative dans le sens où on y associe très vite une génération de rebelles, une hygiène de vie douteuse des drogues multiples, en bref, un monde psychédélique redouté. Mais, le mouvement culturel hippie ne se limite pas aux caricatures de ses détracteurs, et son influence est assez importante. Dans ce climat, un groupe de jeunes poètes et écrivains dont Irwin Allen Ginsberg (1926 - 1997), Jack Kerouac (1922 – 1969) ou encore William S. Burroughs (1914 – 1997),  va être à l'origine d'un mouvement de contre-culture. Nous parlerons d'eux comme étant la Beat Generation. Ce mouvement littéraire de la côte Ouest américaine, a fortement influencé celui hippie. La guerre du Vietnam a donc propulsé le mouvement dans la conscience collective américaine, notamment lorsque le conflit s'enlisa, et que le gouvernement s'obstina à faire appel de plus en plus à de jeunes conscrits, avec le système de « draft ». Ce conflit n'a jamais vraiment été populaire dans l'opinion américaine, mais ceci alla en s'aggravant, avec de gigantesques manifestations d'étudiants, de vétérans, et de hippies.
Ainsi, pour répondre à cet appel au combat et donc, à la violence, les hippies vont se conforter dans la musique. Ils sont à l'origine d'un nouveau genre : le rock psychédélique.
Influencé par la prise de LSD, on retrouve un thème digne de l'hypnotisme. On cherche alors à faire transparaître aussi bien les effets de la drogue que l'engagement pacifiste qui règne au dessus de cette communauté. Le très apprécié duo Simon and Garfunkel écrit The Sound of Silence (1964), véritable chef d’œuvre. En 1965, le silence est brisé, et le groupe The Byrds, nous rappelle dans sa chanson Turn ! Turn ! Turn !, qu'il y a un temps pour tout, moins pour la guerre mais davantage pour la paix. Un an plus tard, The Cowsills chante un amour fleuri digne du mouvement hippie dans The Rain, The Park and Other things (1966). L'année d'après, Aquarius de la comédie musicale Hair invite le monde à accueillir le Soleil à bras ouverts, cette source de chaleur mais aussi de lumière, esquisse d'un sourire. Le hippie devint alors célèbre pour son influence dans les mouvements pacifistes et protestataires, ce qui sera sa « marque de fabrique » dans les années 60. Le Summer of love de 1967 est considéré comme l'un des plus grands rassemblements social et politique de l'histoire des États-Unis. En effet, plus de 100 000 personnes se sont réunies dans le quartier de Haight-Ashbury (San Francisco, Californie). Durant cet été, la ville fut le centre culturel du mouvement, fruit de l'amour libre, de la consommation de drogues et de la vie en communauté. Tout ceci était devenu des normes auxquels les hippies étaient très attachées. Ce type de rassemblement eu lieu également au Canada et en Europe.
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Finalement, le mouvement hippie se résume en un festival : Woodstock, Bethel, 1969. Il a été l'aboutissement de ces années d'expérimentations et d'évolution des pratiques sociales. Durant trois jours de paix et de musique, des centaines de milliers de curieux, venant des quatre coins de la terre, étaient attirés par ces scènes où les artistes chantaient leur volonté de changer le monde et, en somme, de le rendre meilleur. Toujours en opposition à cette guerre dont on ne voyait pas le bout, le festival de Woodstock  transmettait un message d'amour et de paix non négligeable. En pleine nature, le hippie pouvait enfin partager ses valeurs à un public. On y retrouvait le célèbre Jimi Hendrix (1942 – 1969), Jefferson Airplane, Janis Joplin (1943 – 1970), ou encore le groupe londonien The Who. Associé aujourd'hui à une légende, le festival de Woodstock s'inscrit dans l'histoire des hippies et en est son apogée. Le festival de Monterey (1967, Californie) serait l'inspiration de Woodstock, car il fut le tout premier festival Hippie, mais moins important. Par ailleurs, le festival d'Altamont (1969, Californie), fut le dernier et annonçait la fin – ou presque – du mouvement hippie. La drogue, toujours dominante, était consommée sans modération et ce fut l'une des raisons de multiples overdoses. Le hippie, si proche de la nature, n'avait désormais plus les pieds sur terre.
En voulant franchir les portes de la perception d’A. Huxley de nombreuses personnes finirent malheureusement par passer celles des hôpitaux psychiatriques… Mais comme le montre l’extrait vidéo issu du film Las Vegas parano (1998) de Terry Gilliam, le mouvement hippie restera une expérience unique en son genre qui bouleversa les certitudes et les paradigmes traditionnels et ceci malgré la sortie de route dramatique marquant la fin du mouvement.
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atomic-dystopia-blog · 8 years ago
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Conclusion
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Ainsi l'invention de la bombe atomique et son usage par deux fois à des fins militaires en 1945 ont fortement remis en cause la croyance aveugle des populations envers le progrès et le système technicien. Cette prise de conscience fut immédiate pour certains comme Albert Camus (1913 - 1960) et Robert Oppenheimer (1904 - 1967). Tous deux s'engagèrent très vite pour un usage raisonné et raisonnable de nos capacités techniques, l’enjeu étant dorénavant proportionnel aux capacités destructrices d'une telle invention.
Les années qui suivirent le largage sur la ville d’Hiroshima, le 6 Août 1945, virent se développer une contestation antinucléaire et anti militariste. Le mouvement hippie est allé jusqu’au bout de ses convictions en rejetant le consumérisme et toutes les idéologies de l'époque. Parce que le mode de vie des hippies, marqué par la consommation importante de drogue et la mauvaise hygiène, commençait à poser de sérieux problèmes, la communauté connut une fin brutale et soudaine. Le combat contre le nucléaire, lui, ne cessa pas.
Aujourd’hui encore, le mouvement pour la sortie du nucléaire est très actif. En effet, les nations se sont plus ou moins accordées pour un désarmement de leurs arsenaux respectifs et l'usage militaire se limite pour l'instant à la dissuasion bien que des tensions existent. Avec l’exemple de la Corée du Nord et de son régime d'inspiration stalinienne, mais où le pouvoir se transmet héréditairement, le combat pour la sortie du nucléaire est désormais civil. Les catastrophes de Tchernobyl et plus récemment celle de la centrale de Fukushima ont définitivement mis à mal l'argument selon lequel l’énergie nucléaire serait la plus propre et sans danger.
La tendance actuelle - dans ces temps où l’écologie semble être un nouveau paradigme - est à la sortie raisonnée du tout nucléaire mais de nombreux intérêts, notamment  économiques freinent ce qui pourtant semble inéluctable. Il serait dommage de devoir attendre une nouvelle catastrophe humaine, écologique et sanitaire provoquée par le mauvais fonctionnement d'une centrale pour enfin prendre une décision.
Que ce soit avec la bombe nucléaire qui suppose une dystopie, ou les drogues qui font du monde un rêve éveillé, où se place la limite de la réalité ? L’homme saura-t-il enfin se montrer raisonnable face aux progrès techniques qu'il crée ? En effet, plus que jamais aujourd'hui la phrase de François Rabelais reste d’actualité “ Science sans conscience n'est que ruine de l'âme “.
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