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camaradobono · 7 years
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Et si on parlait politique ?
« Audacter calomniare semper aliquid haere »
Mercredi 11 octobre dernier, l’Assemblée nationale a adopté en seconde lecture le projet de loi « renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme ». Ce texte est critiqué depuis plusieurs mois par l’ensemble des organisations de défense des droits humains (Ligue des droits de l’Homme, Amnesty International, Human Right Watch, ONU…) et de nombreuses associations de magistrat·e·s, d’avocat·e·s, de citoyen·ne·s... Parce qu’il fait reculer l’Etat de droit et les libertés démocratiques, parce qu’il passe à côté de ce qu’il faudrait faire pour prévenir efficacement les actes de terrorisme, parce qu’il participe à la stigmatisation de nombreux secteurs de la population. Raisons pour lesquelles le groupe parlementaire de la France insoumise s’y est opposé tout en soumettant des propositions alternatives (voir, entre autres, ici et là les interventions argumentées d’Ugo Bernalicis et les miennes sur le sujet). Mais de tout cela, le grand public, les citoyen·ne·s n’en sauront rien. En tous cas pas par la voix des principaux grands media. L’important débat national qu’il aurait fallu avoir sur un sujet aussi sérieux et sensible n’aura malheureusement eu lieu ni à l’Assemblée nationale, ni dans le reste de la société.
Il y avait pourtant matière à débattre. Comme par exemple sur la trentaine d’amendements portés par le groupe de la France insoumise en faveur : du renforcement des moyens des services de police, de justice, de renseignement et de douanes ; d’un meilleur encadrement des contrôles d’identité pour prévenir les excès ; d’une lutte plus déterminée contre les individus, entreprises et Etats qui soutiennent financièrement les organisations terroristes, ainsi que contre les paradis fiscaux par où transite cet argent sale…Tous ces amendements ont été accueillis, au mieux par un silence gêné de la part de la majorité nos collègues parlementaires, au pire par d’infames insinuations proférées par la frange la plus « radicalisée » de la droite, d’« En marche » et de ces olibrius en mal de légitimité et habitués des coups de menton permanents, sous les applaudissements de l’extrême-droite.
Le travail d’information médiatique n’aura lui non plus pas été à la hauteur des enjeux. Le rejet par les député·e·s de la majorité des arguments de toutes les organisations des droits humains sur le caractère liberticide de cette loi ou de tous les amendements visant à mener une lutte globale pour prévenir les actes de terrorisme ne suscite quasiment aucun questionnement appuyé. Par contre, quand je tente d’expliquer en réponse à la question d’une journaliste que le comportement du désormais fameux chauffeur de bus qui refuse de prendre son service après une femme est bien évidemment sexiste et doit être sanctionné par sa direction, mais que cela n’a rien à voir avec la loi actuellement en débat car ce n’est pas forcément « le » signe d’une « radicalisation » pouvant mener à la commission d’actes de terrorisme et qui justifierait d’être fiché « S », de voir son domicile perquisitionné, d’être assigné à résidence, de porter un bracelet électronique, etc., on assiste aussitôt à un emballement caricatural où amalgames et raccourcis tiennent lieu d’analyses politiques pour tout ce petit monde toujours si prompt à user et abuser de concepts imprécis comme arguments d’autorité. Emballement que ne susciteront d’ailleurs pas, une semaine plus tard, les propos du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb quand il répond à côté de la même question que lui pose la même journaliste dans la même émission, et qu’il finit par réfuter l’idée qu’on pourrait se baser sur « un signe » pour constater un processus de radicalisation pouvant mener à la commission d’actes de terrorisme.
« Une mise au point s’impose. Ni le terme de radicalisation ni aucun de ses dérivés n’est employé car il ne s’agit pas d’un concept scientifique rigoureux. « Radicalité » est devenu un mot fourre-tout pour désigner vaguement ce qui est perçu comme une menace non maîtrisée et un label hasardeux des politiques publiques dans un contexte de montée de la violence djihadiste depuis les attentats commis en France par Mohammed Merah en 2012. » Ces propos sont ceux d’Antoine Jardin, chercheur au CNRS associé à l’enquête de 2016 de l’Ifop et de l’Institut Montaigne sur l’Islam français, dans une tribune parue dans les colonnes du Monde en septembre 2016. Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique, parle, quant à lui, d’ « un terme ambigu, aux sous-entendus hypocrites et aux conséquences dangereuses » dans son ouvrage Les Mots piégés de la politique paru en mai 2017 aux éditions Textuels. Les traitera-t-on eux aussi d’« islamo-gauchistes », les accusera-t-on de « complaisance à l’égard de l’islam politique » voire de complicité avec les terroristes ?
Bien sûr que non. Ces qualificatifs insultants ne sont réservés qu’aux député·e·s de la France insoumise et en particulier à celle qui, par sa singularité de femme politique noire et insoumise, insupporte au plus haut point les tenant·e·s du système. En lieu et place d’une discussion informée et argumentée autour des processus qui peuvent mener une personne à commettre des actes de terrorisme – et dont tou·te·s les spécialistes s’accordent à dire qu’ils sont complexes et multifactoriels – toute une série d’irresponsables politiques et médiatiques auront préféré faire le procès en illégitimité et en dangerosité de Danièle Obono et de la France insoumise pour mieux parasiter notre message et rendre inaudible nos propositions. Il n’en fallait pas plus comme signal de ralliement à toute la lie raciste, sexiste et xénophobe si décomplexée depuis ces dernières années pour se lancer dans une nouvelle vague d’attaques, d’insultes et même de menaces à tout va, après la séquence de juin dernier. (Et pour celles et ceux qui douteraient du caractère raciste et sexiste d’une bonne partie des attaques dont j’ai fait l’objet, je vous invite à faire une recherche avec mon nom sur les différents réseaux sociaux depuis le mois de juin).
Ces attaques ne paraissant pas suffisantes pour nous réduire au silence, et comme pour répondre à l’appel du torchon d’extrême-droite Minute dont la Une de la semaine arborait ma photo avec l’apostrophe « Mais qu’on la fasse taire, bordel ! », une nouvelle charge a été lancée contre ma personne, et à travers elle la France insoumise, pour faire peser sur nous le soupçon d’antisémitisme. En cause : un court passage d’un texte que j’ai écrit le 11 janvier 2015 et où j’interroge mon propre engagement politique et le bilan de cette gauche à laquelle je pensais appartenir sous le coup du traumatisme des attentats terroristes qui s’étaient produits quelques jours auparavant. Dans ce passage, allègrement tronqué, je déplore notamment l’attitude d’une certaine gauche dans sa défense de la liberté d’expression, qui fluctue souvent en fonction de l’identité des personnes visées, en citant l’exemple du sinistre Dieudonné M’bala M’bala. Là où je pointais la faute politique d’une censure étatique qui alimente l’accusation d’un « deux poids, deux mesures » quand il s’agit de réagir à des propos racistes, de zélé·e·s commentateur·trice·s se sont autorisé·e·s à m’attribuer de la complaisance ou des accointances avec cette crapule d’extrême droite antisémite. En prenant toujours le soin, pour les plus malins et malignes d’entre elles et eux, de le citer abondamment et même de notifier ses comptes sur les réseaux sociaux, histoire de bien s’assurer qu’il profite, en bon opportuniste qu’il est, de la publicité gratuite qui lui est ainsi complaisamment faite, ce qui n’a pas manqué d’arriver.
Les mêmes n’avaient pourtant pas proféré de pareilles inepties lorsque la Ligue des droits de l’Homme a pris position contre l’interdiction par le Conseil d’Etat du spectacle de ce mauvais drôle en 2014... L’organisation de défense des droits humains expliquait notamment que : « En faisant prévaloir la décision administrative d’interdiction sur la règle du droit garante de la liberté d’expression et du jugement sur le fait constaté, la décision du Juge des référés du Conseil d’Etat introduit un précédent porteur de risques de dérives dans le fonctionnement de notre démocratie. […] Ce qui est sûr, c’est que le battage médiatique suscité sur cette affaire par la circulaire et par ses suites juridiques, a donné à M. M’Bala M’Bala et à ses propos une insolente publicité, lui conférant au surplus un rôle de victime, là où une poursuite sans faille des condamnations pénales déjà prononcées ou en cours d’examen auraient certainement eu plus d’effets. Car, à n’en pas douter, ce n’est pas cette interdiction qui arrêtera ledit personnage de véhiculer ses propos haineux habillés d’emballage humoristique. Encore une fois, ces propos sont condamnables et sanctionnables par la loi […]. A la peine d’emprisonnement, peuvent se substituer des interdictions d’exercice d’une activité professionnelle ou d’apparition dans des lieux ou catégories de lieux où l’infraction a été commise. Autrement dit, tout en respectant la règle de droit fondamental, il aurait été possible depuis plusieurs mois déjà de privilégier une accentuation des sanctions pénales prononcées à l’encontre de M. M’Bala M’Bala en laissant la justice faire son travail plutôt que de recourir à une mesure d’exception qui crée un risque de dérive par laquelle le régime d’exception se substitue à la règle fondamentale du droit et au travail judiciaire. » (« Le piège Dieudonné : rappel des positions de la LDH », 13 janvier 2014)
Mais là encore, il ne s’agit pas vraiment pour nos détracteurs et détractrices d’avoir un débat de fond sur les meilleurs moyens pour lutter contre l’antisémitisme et toutes les autres formes de racisme. Ni d’ailleurs d’engager une réflexion sérieuse sur l’intérêt théorique et pratique des analyses du courant des études postcoloniales (comme le font par exemple cet article de la revue Sciences humaines ou ce dossier du site « La vie des idées ») lorsque les mêmes agitent comme un épouvantail le Parti des indigènes de la République avec lequel elles et ils m’attribuent des « proximités ». Non. Il s’agit d’empêcher la réflexion et la discussion en réduisant la diversité et la richesse des débats du mouvement anti-raciste aux positions, par ailleurs contestables et souvent vivement contestées, de l’une de ses micro-composantes. Le but n’est pas la recherche commune et sincère d’un sens aux mots et aux choses pour non seulement mieux s’écouter mais aussi s’entendre, à défaut de parvenir à se mettre d’accord. Ni d’élaborer, à partir de nos conditions, de nos perceptions, de nos expériences particulières, les outils et moyens d’une lutte commune contre l’oppression et l’exploitation. Non. L’objectif est plutôt de discréditer, délégitimer et faire taire toutes les voix, dissidentes et dissonantes, qui remettent un tant soit peu en cause, de manière sensée et argumentée, le statu quo, l’ordre dominant, sous toutes ses formes. Pour ces gens-là, chercher à comprendre pour agir plus efficacement ce serait déjà s’impliquer, comme lorsque l’ex-premier ministre Valls disait que « expliquer c’est déjà vouloir un peu excuser ». « A mort l’intelligence, vive la mort ! » clamaient d’autres…
Et bien non, mesdames et messieurs les censeurs, vous ne nous, vous ne me ferez ni taire ni marcher au pas ! Vous êtes peut-être momentanément parvenu·e·s à affaiblir le débat démocratique en alimentant l’infect climat de peur, de suspicion et de haine qui s’est installé depuis trop d’années. Vous avez voulu nous enterrer, vous ne saviez pas que nous étions des graines. Vous avez essayé de nous diviser mais vous ne vous rendiez pas compte à quel point nous sommes des « têtes dures ». Vous n’avez au final fait que renforcer notre détermination à continuer à argumenter, débattre et convaincre de nos idées (ici, là ou encore là), et à défendre, en principes et en actes, la devise de notre République : liberté, égalité, fraternité.
« You may write me down in history /With your bitter, twisted lies,
You may trod me in the very dirt/But still, like dust, I’ll rise. […]
Did you want to see me broken?/Bowed head and lowered eyes?
Shoulders falling down like teardrops,/ Weakened by my soulful cries?[…]
You may shoot me with your words,/You may cut me with your eyes,
You may kill me with your hatefulness,/ But still, like air, I’ll rise.
Out of the huts of history’s shame/I rise/Up from a past that’s rooted in pain/I rise
I’m a black ocean, leaping and wide,/Welling and swelling I bear in the tide.
Leaving behind nights of terror and fear/I rise/Into a daybreak that’s wondrously clear/I rise
Bringing the gifts that my ancestors gave,/I am the dream and the hope of the slave.
I rise/I rise/I rise. »
Femme, noire, insoumise. Et fière de l’être. Hier, aujourd’hui et demain.
A bon entendeur et bonne entenderesse !
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camaradobono · 7 years
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En campagne JLM 2017 sur les routes de la France insoumise
En campagne à la rencontre d'Insoumis•e•s et de citoyen•ne•s mobilisé•e•s, on fait le plein de questions, d'arguments, de sourires et de chansons ! 
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camaradobono · 7 years
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Notre campagne…c’est une campagne qui doit être….c’est pas une campagne de communication, les gens, comprenez. Bon, il y en a de la communication, il y en a dans tout, ça aussi ça en est d’une certaine façon. Mais c’est avant tout une campagne d’implication qui touche la tête et le cœur. On ne parle pas seulement par des raisonnements, on parle aussi par des affects. Vous êtes dans une société qui se déshumanise, qui se brutalise. C’est pour ça que je suis avec vous aujourd’hui avec vous tous. Donc notre manière de réagir à tout cela c’est bien sûr des slogans politiques, c’est bien sûr de l’explication politique, mais c’est avant tout une contribution par un raisonnement, par de l’affection, par de l’intérêt pour les autres, par la manière de mettre en avant ce qui concerne le caractère le plus humain de notre existence quotidienne. Rien qu’en faisant ça, on commence à changer la société dans laquelle on est. Chacun d’entre vous, quand vous sortez d’ici,  demandez-vous quel genre de révolution citoyenne vous ferez dans votre entreprise, comment vous allez modifier la manière de travailler. Oh, le dites pas aux autres, c’est pas la peine, ils vont rigoler. Mais, réfléchissez-y. Et vous verrez, tout d’un coup, qu’en vous sentant responsable du monde, en oubliant les maitres qui le dominent, et leurs raisons absurdes, alors vous regarderez la vie et tout autour de vous différemment. Voilà tout ce que je vous souhaite. Bon succès à vous tous.
Jean-Luc Mélenchon, Tourcoing, 8 janvier 2017 #lateteetlecoeur #voilatoutcequejevoussouhaite
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camaradobono · 7 years
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Demandez l’programme !
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Depuis le 1er décembre dans toutes les bonnes librairies, en ligne ici sur le site dédié et en vente militante près de chez vous partout en France les 10 et 11 décembre prochains.  
A lire, à offrir, à diffuser massivement #leprogrammeestunearme
Retranscription du discours de Jean-Luc Mélenchon à la Fête de l’Humanité, septembre 2016, la Courneuve.
« Ma candidature est d’abord celle d’un programme, dont la cohérence doit être gardée, protégée, nourrie avec soin.
Un programme ce n’est pas un copier-coller de toutes les revendications que l’on a entendues. Il faut qu’il y ait un fil conducteur, qui s’applique dans tous les compartiments de la proposition. Ce fil conducteur, c’est l’intérêt général humain qui est mis en cause par la menace qui pèse sur la civilisation humaine, la destruction du seul écosystème compatible avec celle-ci.
Le fil conducteur qui organise tout le reste, c’est cette vision des biens communs, de ce que nous avons en commun, de notre humanité partagée.
De l'Humain d'abord à l'Avenir en commun
Et bien je peux dire que le candidat a quelques privilèges, - on va appeler ça comme ça – il en a un, c’est de trancher parmi la foule des propositions qui lui sont faites, en matière de mots d’ordre ou de slogans. Et bien, j’ai tranché, et j’ai choisi que l’on appelle notre nouveau programme, qui s’appelait L’Humain d’abord, j’ai choisi qu’on aille au bout de la logique de « l’humain d’abord ». Si c’est l’humain d’abord, alors l’humain est dans tout homme, toute femme, quelle que soit sa condition sociale, quelle que soit son éducation, quelle que soit sa religion – puisqu’on n’arrête pas d’en parler, et même s’il n’en a pas, ce qui est la masse du peuple français. Et bien ce qu’ils ont en commun c’est cela que nous allons valoriser, c’est de cette manière que nous allons interpeller chacun, sans nous occuper de savoir comment il a voté avant, ce qu’il faisait avant, ce qu’il disait avant.
À cette heure, voici que s’avance la plus grande des menaces, nous pouvons y faire face et relever ce défi ce qui serait extraordinaire, la dette écologique est dorénavant parvenue au 8 août ce qui signifie qu’à partir du 9 août au matin, la terre se voit prélever plus que ce qu’elle ne peut reconstituer. Dès lors l’intérêt général est appelé […]
Cela signifie que nous devons aller au bout de l’humain d’abord, le bout de l’humain d’abord, c’est d’appeler en toute personne, cette communauté de la condition humaine. Le programme s’appellera : L’Avenir en commun.
Je souhaite que vous compreniez le mot jusqu’au bout, car il n’y a pas d’avenir en commun pour les êtres humains sans tous les éléments qui constituent la biosphère. Il n’y a pas d’avenir en commun pour les êtres humains sans toutes les espèces animales et végétales qui ont permis l’émergence de la conscience. L’Avenir en commun est un projet global qui concerne tous les aspects de la biosphère et de sa conservation. Cet avenir en commun, cet intérêt général humain qui est appelé, c’est celui qui me permet de m’adresser à tous, en toutes circonstances.
Le programme de la France insoumise
[…] Nous proposons un programme, nous proposons une démarche, nous proposons un mouvement, la France insoumise, dans lequel tout le monde est appelé.
Je suis un candidat hors parti, mais je ne suis pas un candidat contre les partis, je suis moi-même membre d’un parti. Mais il faut que tout le monde puisse participer à cette campagne, apporter son intelligence, sa capacité individuelle sans être obligé, jamais, de se soumettre à telle ou telle règle ou bien d’adhérer à telle ou telle organisation partisane, c’est cela ce que nous cherchons à faire, et vous voyez notre force c’est là qu’elle est. C’est 125 000 personnes, qui ne demandent rien à personne et qui font campagne dès aujourd'hui à nos côtés. Je ne suis pas capable de vous dire exactement tout ce qu’ils disent, mais je suis certain qu’ils le disent plus efficacement et avec plus de sensibilité que ne le ferait n’importe quelle organisation qui aurait décidé de passer un discours dans un moule unique, même si parfois ce discours est nécessaire pour penser.
La solidarité pour sortir de la peur
Il faut compter sur le peuple, sur son intelligence, son humour, sa dérision, sa finesse pour convaincre et entraîner. Car il faut convaincre et entraîner. Il faut sortir de la sinistrose, il faut sortir du déclinisme, il faut sortir de la peur qui est le seul nouveau lien social que la droite ait proposé au peuple pour se rassembler.
J’y reviens un instant : permettez-moi que je m’y attarde car cela concerne la morale, cela concerne la manière de vivre ensemble. Autrefois, le grand lien social étaient la solidarité, la fraternité et personne ne trouvait à y redire quand bien même était-il de droite. La cupidité était considérée comme une tare ; aujourd’hui elle est considérée comme le premier moteur de l’activité. Chacun est amené à développer son égoïsme personnel comme une affirmation de soi.
Et ce qui était autrefois le lien commun, qui fait notre vie quotidienne, c’est-à-dire l’amour, c’est-à-dire l’intérêt pour les autres sans lequel nous n’avons pas d’existence personnelle, ce lien était le lien de la société. Ils l’ont remplacé par un autre lien : la peur. […] La peur tout le temps. Nous, nous remettons au centre de commande, d’autres valeurs. Et ce sont elles qui, en fonctionnant, vont nous donner l’énergie de fonctionner autrement. »
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camaradobono · 7 years
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Trump président : comment en est-on arrivé là?
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Commençons par le commencement…ou plutôt par la fin : Hillary Clinton a bien gagné une majorité des suffrages des électeur-trice-s des Etats-Unis. Selon les derniers résultats provisoires, elle et son co-listier Tim Kaine ont en effet obtenu 64 925 492 soit 48 % des voix contre 62 562 131 soit 46,25 % des voix pour Donald Trump et son co-listier Mike Pence, avec un taux de participation de 58,4 % (1). Et pourtant, c’est Donald Trump qui a été annoncé vainqueur et qui devrait être formellement confirmé comme tel le 19 décembre prochain par le collège électoral puisqu’il aurait remporté 290 à 306 des 538 « grand-e-s électeur-trice-s » qui composent ce dernier.
Archaïsme institutionnel      
L’élection présidentielle états-unienne est en effet une élection au suffrage universel indirect. Le jour de l’élection, même si les bulletins de vote portent les noms de candidat-e-s à la présidence et à la vice-présidence, les électeur-trice-s élisent en fait un collège (electoral vote) de « grand-e-s électeur-trice-s » (presidential electors). Ce sont ces grand-e-s électeur-trice-s, désigné-e-s Etat par Etat, qui élisent ensuite, après le « vote populaire » (popular vote), le binôme présidentiel. Les candidat-e-s comme grand-e-s électeur-trice-s sont nommé-e-s par les partis politiques des différents Etats dans les mois qui précèdent l’élection. Chaque Etat reçoit autant de grand-e-s électeur-trice-s qu’il possède de membres au Congrès (Chambre des représentant-e-s et Sénat), soit au minimum trois grand-e-s électeur-trice-s (2). A deux exceptions près, tous les Etats utilisent ensuite la méthode du winner-takes-all (« le-la gagnant-e prend tout ») qui attribue en bloc l’intégralité des grand-e-s électeur-trice-s à la candidate ou au candidat ayant reçu la majorité des suffrages dans l’Etat en question. Les grand-e-s électeur-trice-s ainsi déterminé-e-s se réunissent ensuite dans la capitale de leur Etat respectif et votent, en général, en faveur de la paire de candidat-e-s pour laquelle elles et ils ont été élu-e-s. Un binôme présidentiel doit recevoir la majorité absolue des votes (soit 270 voix) pour être élu.
A l’origine, fin 18e-début 19e siècle, ce système aurait été mis en place pour au moins deux raisons importantes. Tout d’abord par défiance envers la majorité de la population qui était jugée trop ignorante et incompétente pour pouvoir choisir directement son président. Mais aussi pour permettre aux Etats esclavagistes du sud d’avoir autant voire plus de voix au sein du collège électoral que ceux nord, en leur permettant d’inclure dans le recensement de leurs populations (et donc dans le calcul de leur proportion de grands électeurs) leur très grand nombre d’esclaves qui n’avaient pourtant pas le droit de vote et ne représentaient à l’époque que les 3/5e d’un homme blanc (3). A la lumière de cette petite histoire, que Donald Trump puisse être élu président sur la base d’un système inégalitaire littéralement conçu sur le dos des esclaves n’est finalement pas si étonnant que cela (4)... Mais au-delà de son incongruité institutionnelle et mathématique, la « victoire » de Trump, qui s’appuie sur une vote plus contrasté qu’il n’y parait, révèle aussi l’étendu de la « défaite » de Clinton, la faillite des deux mandats d’Obama et le rejet par une part significative du peuple états-unien de son oligarchie.
Un vote partisan contrasté
Victoire et défaite se sont jouées dans une poignée d’Etats. Six Etats et une partie du Maine qu’Obama avait gagnés en 2012, et dont certaines circonscriptions votaient démocrates depuis des décennies, sont passés à Trump.
En Floride il obtient 49,1 % contre 47,8 % pour Clinton (un écart d’à peine 120 000 voix) et emporte les 29 grand-e-s électeur-trice-s de l’Etat. En Pennsylvanie il obtient 48,8 % contre 47,6 % (un écart de moins de 100 000 voix) et 20 grand-e-s électeur-trice-s. Dans le Wisconsin, c’est encore plus serré : 47,9 % contre 46,9 % pour Clinton (à peine 20 000 voix d’écart) et 10 grand-e-s électeur-trice-s. Pareil dans le Michigan : 47,6 % contre 47,3 % (quelque chose comme 10 000 voix d’écart) et 16 grand-e-s électeur-trice-s. Il a une plus grande marge dans l’Ohio : 52,1% contre 43,5 % soit 18 grand-e-s électeur-trice-s ; et dans l’Iowa : 51,8 % contre 42,2 % soit 6 grand-e-s électeur-trice-s. Dans le Maine, le seul autre Etat avec le Nebraska qui applique une proportionnelle locale pour l’attribution des votes du collège électoral, il fait 45,2 % et obtient un des trois votes. Au total, Trump aurait ainsi gagné la majorité dans 30 Etats et un district soit l’équivalent de 100 votes (dont 75 gagnés sur le fil) du collège électoral de plus que le candidat républicain Mitt Romney en 2012, et qui sont autant de votes perdus pour Clinton.
Certaines tendances relevées au niveau national, au travers notamment des sondages de sortie des urnes, corrélées avec ceux de l’élection précédente en 2012, peuvent aider à saisir ce qui s’est joué dans les différents électorats (6). Par exemple, le fait que, même si Hillary Clinton obtient une majorité des votes des personnes dont les revenus sont les plus modestes, sa marge chez les revenus en dessous de 30 000 $ par an (53 % contre 41 % pour Trump) et chez les revenus entre 30 000 et 49 999 $ par an (51 % contre 42 %) est beaucoup plus étroite que celle de Barack Obama en 2012 (respectivement 63 % contre 35 % pour Romney et 57 % contre 42 %). Clinton fait également moins bien qu’Obama auprès des syndiqué-e-s : elle est majoritaire dans cet électorat à 51 % contre 43 % pour Trump là où Obama obtenait 58 % contre 40 % pour Romney.
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(Source : « Election 2016: Exit Polls », The New York Times, 8 novembre 2016)
Elle progresse par contre dans les deux tranches de revenus supérieures suivantes : chez les électeur-trice-s gagnant entre 50 000 $ et 99 999 $ et celles et ceux gagnant entre 100 000 $ et 199 999 $ par an. Et elle fait quasiment jeu égal avec Trump pour les deux dernières tranches chez les électeur-trice-s gagnant entre 200 000 $ et 249 999 $ et celles et ceux gagnant plus de 250 000 $ par an.
Si l’on s’intéresse maintenant aux distinctions de genre, on note que Clinton obtient à peu près les mêmes marges qu’Obama en ce qui concerne le vote des femmes : elle est majoritaire à 54 % contre 42 % pour Trump quand Obama obtenait 55 % contre 44 % pour Romney. Les femmes ont ainsi voté moins pour Trump que pour Romney, mais aussi un peu moins pour Clinton que pour Obama. Chez les hommes, c’est Trump qui est majoritaire, mais, avec ses 53 % contre 41 % pour Clinton, il réalise à peu près les mêmes scores que Romney qui avait obtenu 52 % contre 45 % pour Obama. Les hommes n’ont pas beaucoup plus voté pour Trump que pour Romney et ont moins voté pour Clinton que pour Obama.
Enfin, en ce qui concerne les différentes communautés ethnoculturelles, on s’aperçoit que s’il est majoritaire chez les Blanc-he-s, Trump fait à peu près les mêmes scores que Romney dans cet électorat et que Clinton fait un peu moins bien qu’Obama: 58 % (contre 37 % pour Clinton) là où Romney faisait 59% (contre 39 % pour Obama). Par contre, là où Trump semble avoir progressé par rapport à Romney et là où Clinton, tout en étant majoritaire, a régressé par rapport à Obama, c’est dans les électorats des minorités : il fait 8 % contre 88 % pour Clinton là où Romney faisait 6 % et 93 % chez les Noir-e-s ; 29 % chez les Latinx et les Asiatiques là où Romney faisait 27 % et 26 % respectivement.
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(Source : « Election 2016: Exit Polls », The New York Times, 8 novembre 2016)
Le taux de participation devrait bientôt égaler voire légèrement dépasser celui 2012. Mais alors que le nombre de votes pour Trump dépasse maintenant largement celui de Romney (plus d’1 million voix en plus malgré une part du vote légèrement inférieur de moins d’1 %), celui des votes pour Clinton est toujours en deçà du score d’Obama (environ 1 million de voix et 3 % en moins). Elle obtient  Rapporté Même si ce différentiel devait se réduire, les dynamiques partisanes locales et nationales très différenciées qui s’esquissent à la lecture tous ces différents chiffres aident à un peu mieux comprendre le résultat final.
La défaite de la candidate du système
Trump a réussi, malgré l’hostilité d’une partie significative de la direction du Parti républicain, à mobiliser sa base électorale traditionnelle et à gagner des marges dans quelques secteurs ciblés parmi l’électorat majoritairement Blanc, aux revenus modestes, de quelques anciens bastions démocrates. Clinton, elle, malgré le soutien de tout l’appareil du Parti démocrate, de la majorité des médias et des célébrités et même d’un nombre non négligeable de dirigeant-e-s républicain-e-s, n’a pas réussi à mobiliser suffisamment ni les électeur-trice-s démocrates ni le reste des abstentionnistes dans les Etats clés. 
Les obstacles institutionnels à l’inscription sur les listes électorales mis en place dans certains Etats ont probablement eu un impact, notamment parmi les populations les plus vulnérables (pauvres, minorités…) qui auraient eu plutôt tendance à voter démocrate. Et bien sur le sexisme, le racisme et la xénophobie des discours de Donald Trump ont sans conteste joué un rôle dans la mobilisation des secteurs de la population les plus conservateurs et réactionnaires, à commencer par l’électorat traditionnel du parti républicain, composé aussi bien de très (très) riches que de milieux populaires. Sa rhétorique identitaire et nationaliste a même certainement eu un écho bien au-delà de ces sphères, dans un pays dominant, impérialiste, aussi structurellement raciste et patriarcal que les Etats-Unis.
Mais ces facteurs n’expliquent qu’une partie la défaite d’Hillary Clinton. Après tout, le même électorat majoritairement Blanc des Etats pivots avait voté en 2008 et en 2012 pour un certain Barack Hussein Obama, fils d’un étudiant noir africain et d’une femme blanche, marié à une grande, belle et brillante femme noire à la peau foncée, et dont jusqu’à présent beaucoup sont encore persuadé-e-s qu’il n’est pas né sur le sol états-unien et/ou qu’il est de confession musulmane. Les Etats-Unis n’étaient pas moins racistes, sexistes et homophobes à l’époque, surtout pas après les deux mandats de Georges W. Bush et le lancement de la guerre sans fin « contre le terrorisme ». Trump n’a pas non plus fait significativement mieux que Romney dans ce même électorat (blanc, masculin…). Et puis, rappelons-le, au niveau national une majorité des électeur-trice-s (dont le nombre devrait augmenter une fois le dépouillement complété), a bel et bien voté contre Donald Trump et tout ce qu’il représente.
Et pourtant il a gagné. Il a gagné avec des marges petites, mais suffisantes, dans quelques Etats clés. Les principaux Etats qui ont fait défaut à Clinton et permis la victoire de Trump sont situés dans la région du nord est, autour des Grands Lacs, appelée la Rust Belt, l’ancienne ceinture industrielle désormais toute rouillée, où les électeur-trice-s, majoritairement Blanc-he-s, ont rompu leur alliance traditionnelle avec Parti démocrate. Ancien centre industriel du pays (qui compte tout de même encore pour 40 % de sa production), elle est tombée en déclin à partir du milieu du 20e siècle en raison des transferts de production (d’abord vers l’ouest, puis à l’étranger), de la baisse d’attractivité du charbon et de l’acier, de l’automatisation accrue, etc. Dans les années 1990, les accords internationaux comme que l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena/Nafta) ont dramatiquement accéléré le phénomène (8).  
D’après l’Economic Policy Institute, un centre de recherche basé à Washington, les salaires des travailleur-euse-s états-unien-ne-s stagnent depuis des décennies, le salaire minimum réel ayant lui diminué depuis 1970. La plupart des « gains » économiques se sont faits en haut de la pyramide salariale et sociale. Et ces profits se sont traduits par plus de pouvoir et d’influence politiques pour les plus riches, leur obtenant des subventions publiques, des niches fiscales, des accords commerciaux favorables, ou encore, comme en 2008, le sauvetage de leurs banques mis à sac par leur mauvaise gestion. Les récents indicateurs économiques dont se prévaut Obama dans son bilan ont beau être présentés comme positifs, ils ne rendent pas compte de l’insécurité sociale que connaissent bon nombre d’Etats-unien-ne-s, de la peur constante du déclassement, de la colère qu’elles et ils ressentent face à la dégradation de leurs conditions de travail et de leur qualité de vie, ni de la désaffection grandissante vis-à-vis des institutions et du pouvoir politique (9).
C’est pourtant ces sentiments que reflètent les sondages de sorties des urnes auprès des électeur-trice-s de Trump : parmi les 62 % de personnes interrogées qui estiment que leur pays a « sérieusement déraillé » 69 % sont des électeur-trice-s de Trump ; elles et ils sont aussi 79 % parmi les 21 % des sondé-e-s qui trouvent que la situation du pays est mauvaise, 78 % parmi les 27 % qui estiment leur situation économique est pire qu’avant et 63 % des 34 % qui pensent que la situation sera pire pour la prochaine génération.
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(Source : « Election 2016: Exit Polls », The New York Times, 8 novembre 2016)
Donald Trump a su parler à suffisamment d’électeur-trice-s au sein de ces communautés ravagées par le néolibéralisme sauvage et sans complexe des administrations démocrates et républicaines successives, en légitimant leur colère et leur rejet de l’establishment, en promettant d’y remédier tout en dévoyant une bonne partie vers d’autres cibles tout aussi vulnérables et opprimées : les immigré-e-s, les Noir-e-s, les féministes, les personnes LGBT…A l’opposé, Hillary Clinton, qui a délaissé un partie de ces Etats pendant sa très onéreuse campagne, n’a cessé de mettre en avant ses années d’expériences au sein même du système dont elles et ils voulaient se débarrasser. Alors qu’elles et ils réclamaient du changement, tout ce qu’elle leur a proposé c’est fondamentalement de maintenir le statu quo (10).
Faillite du social-libéralisme
Un tel aveuglement n’est pas le fait de la seule candidate Hillary Clinton. La victoire de Trump met à nu la faillite du Parti démocrate et du social-libéralisme états-unien qui a tant inspiré ses homologues européens (Blair, Schröeder, Hollande….). Le Parti démocrate n’a jamais été un parti ouvrier ou même de gauche, comme l’a par exemple été le Labour Party en Grande-Bretagne ou même le Parti socialiste/SFIO en France. Mais à partir du milieu du 20e siècle, il était devenu le parti « progressiste » soutenu par la plupart des grandes centrales syndicales et pour lequel les minorités ethnoculturelles et sexuelles votaient majoritairement. Le tournant néoconservateur et néolibéral des années 1980 passées sous les trois mandats républicains (Reagan puis Bush senior) a progressivement eu raisons de ces avancées. La victoire de Bill Clinton en 1992 consacra ainsi celle de son courant de pensée, les New Democrats (les « nouveaux et nouvelles démocrates ») qui poussèrent le parti vers le centre, adoptant ce qu’Anthony Gidens conceptualisera plus tard comme la « troisième voie » (11).
Ce sont ces « néo-démocrates » au pouvoir à Washington qui vont, les premier-e-s, mettre en œuvre les politiques néolibérales que l’on connaît maintenant trop bien aujourd’hui et donner ses lettres de noblesse au « social-libéralisme » qui va ensuite essaimer en Europe. Règle de l’équilibre budgétaire, réduction acharnée des dépenses publiques, affaiblissement du droit de travail et des syndicats, précarisation des salarié-e-s, démantèlement accéléré de la protection sociale, stigmatisation et criminalisation des pauvres, rhétorique de l’ « égalité des chances » et de la responsabilisation personnelle, déréglementation économique (notamment dans l’agriculture et les télécommunications), signature des traités de libre-échange dont le tristement fameux Alena, etc. Clinton a également présidé à l’adoption de la très controversée loi sur le contrôle de la criminalité (le Violent Crime Control and Law Enforcement Act) dont une partie des dispositions a conduit à des taux d’incarcération records (notamment des pauvres et des minorités), à la décimation de communautés entières et au développement de la très lucrative industrie pénitentiaire.
Cette première génération de néo-dems était aussi très conservatrice du point socioculturel. C’est en effet sous l’administration Clinton qu’a été signée la loi DoMA (le Defense of Marriage Act) interdisant au gouvernement fédéral de reconnaître les mariages homosexuels, ainsi que l’arrêté « Do not Ask, Do not Tell » interdisant aux personnes ouvertement homosexuelles de servir dans l’armée. S’il a été plus progressiste que Bill Clinton sur ces questions (il a appuyé l’abrogation de « Do not Ask, Do not Tell » en 2010 et le rejet la loi DoMA en 2013) (12), Barack Obama, de son propre aveu un « nouveau démocrate », s’est inscrit dans cette même tradition néolibérale, sécuritaire et impérialiste, en plus d’une politique d’expulsion massive des immigré-e-s qui lui a valu de perdre le soutien d’importantes associations latino de défense des droits civiques et de gagner le surnom d’ « expulseur en chef » (Deporter-in-chief) (13).
Dans les années 1990, Hillary Clinton a pour sa part été en première ligne dans le développement du courant de la « Troisième voie » centriste au niveau international. Elle a également fait partie de la branche au Sénat de la Coalition des nouveaux démocrates de 2001 à 2009 (14). Tout  au long de sa campagne elle n’a cessé de défendre le bilan des années Clinton/Obama et s’est présentée comme la continuatrice de leur héritage politique. Les quelques inflexions apparues dans sa plate-forme (gratuité des frais d’inscription à l’université, opposition au Tafta…) l’ont été sous la pression du mouvement de son adversaire à la primaire démocrate, le sénateur (ex-Indépendant) du Vermont Bernie Sanders, et n’ont sonné pour beaucoup que comme des vœux pieux concédés par opportunisme électoral plutôt que par réelle conviction. Et ces soupçons d’insincérité ont été en grande partie confirmés par la publication d’extraits d’emails de John Podesta, ancien chef de cabinet de Bill Clinton et directeur de la campagne de 2016 d’Hillary Clinton.
Bill Clinton a été pendant ses deux mandats un fervent promoteur des nouvelles technologies de l’information (et du pouvoir de leur industrie aujourd’hui multimilliardaire dans la Silicon Valley). Ce n’est donc que par un juste retour des choses que l’incurie et la corruption de l’appareil du nouveau Parti démocrate qu’il a forgé aient été révélées au grand jour par le premier réseau informationnel pirate au monde qu’est Wikileaks. Et qu’un « mercenaire » politique tel que Trump, qui a été affilié au Parti démocrate de 2001 à 2008, qui a contribué au financement des campagnes électorales de plusieurs de ses membres, qui a déclaré que Bill Clinton était son président préféré, et que la direction de campagne d’Hillary Clinton, dans le cadre de sa si brillante stratégie du « Joueur de flûte » (Pied Piper), avait listé comme un des trois candidats parmi les plus extrêmes de la primaire républicaine à faire mousser dans les média, soit celui dont la victoire sonne peut-être (enfin !) la fin du « Clintonisme », des nouveaux démocrate et de la « troisième voie » centriste (15). 
What now ?
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Manifestation anti-Trump post-élection à Miami en Floride (Capture d’écran).
Trump est devenu, dans la nuit de mardi 8 à mercredi 9 novembre 2016, le 45e président-élu des Etats-Unis d’Amérique. Après l’annonce de sa « victoire », des manifestations de rue ont lieu dans plusieurs grandes villes du pays, une pétition en ligne appelant les grand-e-s électeur-trice-s républicain-e-s à changer leur vote en décembre a rassemblé à ce jour plus de 4 millions de signatures et Jill Stein, la candidate du Green Party, a engagé une procédure pour faire recompter les voix dans le Wisconsin et les autres Etats où Trump est arrivé en tête de justesse. Pourtant, il est aujourd’hui quasiment certain qu’il va devenir en janvier le président en exercice et le rester…au moins pendant quelques temps. Hillary Clinton, son adversaire, a reconnu sa défaite et lui a concédé la victoire ; Barack Obama, le président en exercice jusqu’en janvier prochain, lui a fait visiter la Maison-Blanche ; et les services du département d’Etat et des services secrets ont commencé le briefer sur tous les cadavres qui peuplent les placards du Pentagone.
Après avoir usé d’un népotisme sans fard pour constituer son groupe de conseiller-e-s, il a commencé à nommer de son équipe gouvernementale de transition, qui sera dirigée par son lugubre vice-président Mike Pence. Et les noms qui circulent actuellement donnent froid dans le dos. Avec des figures comme l’ex-maire de New York, Rudolph « Stop and Frisk » Giuliani, pressenti comme ministre des Affaires étrangères (Secretary of State), directeur des Renseignements (Director of Nationa Intelligence) ou secrétaire à la Sécurité intérieure (Secretary of Homeland Security) et Sarah Palin, l’ex-gouverneure complètement givrée de l’Etat d’Alaska, qui pourrait devenir ministre de l’Intérieur (Interior Secretary) ou de l’Energie (Energy Secretary), c’est un véritable musée des horreurs. Grâce à sa courte majorité au Congrès, il a aujourd’hui les moyens de mettre en œuvre les aspects les plus réactionnaires de son programme au niveau fédéral (notamment à travers la possible nomination de 2 à 3 juges de la Cour Suprême) : en s’attaquant aux droits des femmes, des LGBTQIA, etc. Il va pouvoir s’appuyer sur les secteurs d’extrême droite qui ont été revivifiés par sa campagne (Alt-Right, Tea Party, Ku Klux Klan…) et dont il vient de nommer un des hérauts, Steve Bannon comme « stratège en chef » (Chief Strategist) au sein de son équipe. Mais il est moins certain qu’il puisse (ou veuille) remettre en cause les grandes orientations économiques et géostratégiques des Etats-Unis : une des personnes pressenties pour le poste de ministre des Finances (Secretary of Treasury) est Steven Munchin, un ancien de Goldman & Sachs, pas vraiment du genre économiste populiste… Au-delà d’une certaine inflexion de forme, tout indique donc que Donald Trump entend continuer, voire accentuer les stratégies néo-libérales et impérialistes menées par Obama avant lui.
Mais les mobilisations anti-Trump sont importantes à plusieurs titres. D’abord comme un moyen de réagir et de donner confiance à celles et ceux qui subissent actuellement des attaques racistes, sexiste et homophobes. Elles permettent à des milliers de personnes d’exprimer activement et collectivement leur rejet d’un président aussi ouvertement raciste, sexiste et xénophobe que Trump et des institutions dépassées qui ont permis sa victoire. Mais elles rappellent aussi que les polarisations à l’œuvre dans ce pays depuis plusieurs années, et qui ont donné naissance à d’importants mouvements sociaux, d’Occupy Wall Street à #NoDAPL (16) en passant par la lutte pour le salaire minimum à 15 $ et Black Lives Matter, sont loin, très loin d’être surmontées. Au contraire, elles devraient même plutôt s’exacerber. Et puis un autre effet de la victoire de Trump et de la défaite de Clinton concerne la lutte de pouvoir qui va s’ouvrir au sein du parti démocrate. Plusieurs grandes voix de la gauche du parti commencent à appeler à sa transformation. C’est le cas par exemple de Robert Reich, ancien « ministre du travail » (Secretary of Labor) sous l’administration Clinton (17). Dans une tribune parue il y a quelques jours dans le New York Times, Bernie Sanders annonce qu’il va également proposer une série de réformes dans ce sens. Il déclare notamment :
« I believe strongly that the party must break loose from its corporate establishment ties and, once again, become a grass-roots party of working people, the elderly and the poor. We must open the doors of the party to welcome in the idealism and energy of young people and all Americans who are fighting for economic, social, racial and environmental justice. We must have the courage to take on the greed and power of Wall Street, the drug companies, the insurance companies and the fossil fuel industry. When my presidential campaign came to an end, I pledged to my supporters that the political revolution would continue. And now, more than ever, that must happen. We are the wealthiest nation in the history of the world. When we stand together and don’t let demagogues divide us up by race, gender or national origin, there is nothing we cannot accomplish. We must go forward, not backward. » (18)
La révolution « bernicienne » parviendra-t-elle à réformer de fond en comble le Parti démocrate ? En tout cas, les bases politiques et l’énergie militante existent pour pousser dans ce sens, dans et en dehors du parti. Jill Stein, la candidate du Green Party, qui avait proposé à Bernie Sanders une place sur son ticket présidentiel, a pu se qualifier pour apparaitre sur les bulletins de vote de 45 Etats (plus trois autres où on pouvait écrire directement le nom de son ticket). Malgré l’intense campagne de dénigrement menée sans relâche contre elle par la machine démocrate elle a obtenu un peu plus d’1 million de voix, réalisant ainsi le meilleur vote pour ce parti depuis…Ralph Nader en 2000. 
Au niveau international, le meilleur soutien que l’on puisse apporter aux mouvements états-uniens passe, d’une part, par la mobilisation dans toutes ces luttes qui nous sont communes : pour l’égalité des droits, la justice sociale et climatique, contre les traités de libre-échange comme le Tafta, les guerres sans fin « contre le terrorisme », les idées réactionnaires (racisme, sexisme, homophobie…), les politiques migratoires répressives…Mais cette solidarité dans les luttes doit aussi s’accompagner d’une réponse au niveau politique : en faisant émerger une alternative de gauche au social-libéralisme « troisième voix » des Clinton/Obama et leurs affidés européens comme François Hollande qui fut un des premiers au sein du Parti socialiste à diffuser les écrits des New Democrats.
La reconfiguration du champ politique s’accélère. Construire des forces politiques de gauche, écologistes, internationalistes, capables d’articuler les questions de classe, de race et de genre tout en étant des solutions politiques crédibles pour le plus grand nombre n’est plus une perspective lointaine. La victoire de Jeremy Corbyn, le candidat de gauche anti-guerre et anti-austérité, porté par un mouvement de masse à la tête du Parti travailliste britannique contre son propre appareil, a asséné un coup qu’on espère mortel au blairisme. La repolitisation du pays qui l’accompagne porte en elle la possibilité d’une alternative. En France, où l’échéance est encore plus rapprochée, la reconstitution d’une gauche politique à vocation majoritaire est à la traine. Éparpillées, souvent refermées sur leurs débats internes, les multiples organisations de la gauche radicale survivantes du 20e siècle sont réduites à l’impuissance. Dans ce paysage de désolation, la dynamique autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon tranche. A quelques mois des présidentielles, elle s’est imposée comme le seul pôle capable de proposer, sur le plan électoral, une alternative politique de gauche crédible  face à la droite et à l’extrême droite.
Au delà de la diversité des rythmes nationaux, la séquence historique ouverte par la crise de 2008 est désormais pleinement entrée dans la phase des turbulences politiques. D’abord confinées au pourtour  méditerranéen, celles-ci se déchainent désormais au centre du capitalisme mondial. Après le Brexit et l’élection de Trump, la droite radicale a le vent en poupe. Les grands pays de l’Europe continentale sont clairement en ligne de mire. Interrompre la série noire tient essentiellement dans la capacité de la gauche à défendre une solution politique de rupture avec le néolibéralisme et de reconquête de la démocratie.
 Notes
(1) Parmi les principaux autres candidat-e-s Gary Johnson et William Feld, du Libertarian Party, auraient obtenu 4 444 752 voix soit 3,29 % ; et Jill Stein et son colistier Ajamu Baraka du Green Party auraient obtenu 1 418 522 voix soit 1,05 %. Au total, en rajoutant les différents autres bulletins, 135 257 516 votes auraient pour le moment été enregistrés. En 2016, la population ayant l’âge de voter (Voting Age Population) se monte à 251 107 404 personnes et celle en ayant effectivement le droit (Voting Eligible Population, c’est-à-dire sans notamment les ex-détenu-e-s et les étranger-e-s qui sont privé-e-s de droit de vote et dont les proportions ont beaucoup augmenté depuis les années 1970) à 231 556 622. Le taux de participation de la population ayant le droit de vote serait donc de 58,4 % (et de 53,8 % pour la population en âge de voter) soit à peu près égal à celui de 2012 qui était de 58,56 %. Les votes n’ayant pas encore fini d’être comptés et agrégés dans un certain nombre d’Etats le comptage étant en cours, ces chiffres devraient encore augmenter. Les résultats définitifs ne seront pas connus avant encore plusieurs jours. Chiffres provisoires et projections : Dave Leip, « United States Presidential Election Results », US election atlas, 30 novembre 2016 ;  « United States presidential election 2016 », Wikipedia, 30 novembre 2016 ; « AP Election Results », Associated Press, 30 novembre 2016 ; « Presidential Election Results: Donald J. Trump Wins », The New York Times, 30 novembre 2016 ; « Presidential results », CNN, 30 novembre 2016.    
(2) Chaque Etat élit au Congrès un nombre fixe de deux sénateur-trice-s et au moins un-e représentant-e, le nombre total de ces dernier-e-s dépendant de la population de l’Etat. En 2016, les six Etats possédant le plus de grand-e-s électeur-trice-s sont la Californie (55), le Texas (38), New York (29), la Floride (29), la Pennsylvanie (20) et l’Illinois (20). Les sept Etats les moins peuplés – l’Alaska, le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Delaware, le Montana, le Vermont et le Wyoming – en ont trois.
(3) Akhil Reed Amar, « The Troubling Reason the Electoral College Exists », Time Magazine, 9 novembre 2016.
(4) Le 19 décembre prochain, si les grand-e-s électeur-trice-s républicain-e-s confirment le vote de leur Etat (et rien ne semble indiquer qu’il en aille autrement), ce sera la cinquième fois dans l’histoire états-unienne que, en toute vraisemblance, le collège électoral n’élira pas la personne ayant recueilli la majorité des suffrages populaires. La dernière en date remonte à l’élection de 2000 quand, après un vote contesté pour ses irrégularités, la majorité des suffrages de l’Etat de Floride a été attribuée au républicain G. W. Bush ce qui a fait basculer le collège électoral en sa faveur alors que son opposant démocrate Al Gore avait obtenu une majorité du suffrage populaire au niveau national.
(5) Kevin Uhrmacher, Kevin Schaul et Dan Keating, « These former Obama strongholds sealed the election for Trump », The Washington Post, 9 novembre 2016 ; Kim Soffen, Ted Mellnik, Samuel Granados et John Muyskens, « In a crucial Democratic stronghold, Trump surged. Clinton didn’t. », The Washington Post, 11 novembre 2016.
(6) Jon Huang, Samuel Jacoby, K. K. Rebecca Lai et Michael Strickland, « Election 2016: Exit Polls », The New York Times, 8 novembre 2016 ; « Exit polls », CNN, 9 novembre 2016 ; Jedediah Purdy, « How Trump Won », The Jacobin, 11 novembre 2016.
(7) En 2012, Barack Obama avait obtenu 65 915 795 de voix soit 51,1% des suffrages contre 60 933 504 de voix soit 47,2% des suffrages pour Mitt Romney, 1 275 923 voix soit 0,99% pour le libertarien Gary Johnson,  469 015 soit 0,36 % pour Jill Stein du Green Party, 639 790 voix cumulées soit 0,55% pour une vingtaine de divers autres candidat-e-s. Le taux de participation de la population ayant le droit de vote était 58% (et celle en âge de voter de 54,9%). Le plus fort taux des 50 dernières années a été atteint en 2008 avec une participation de la population ayant le droit de voter de 61,6 % (et celle en âge de voter de 57,1 %). Un tel niveau n’avait pas été atteint depuis 1968.
(8) Cf. Adam Davidson, « Blaming Trade and Voting Trump in the Rust Belt », The New York Times Magazine, 6 juillet 2016; Jedediah Purdy, « How Trump Won », The Jacobin, 11 novembre 2016.
(9) Jeff Guo, « A new theory for why Trump voters are so angry — that actually makes sense », The Washington Post, 8 novembre 2016.
(10) Cf. Michael Brull, « Why Donald Trump Won: What The Numbers Tell Us (And It’s Probably Not What You Think) », New Matilda, 12 novembre 2016.
(11) Cf. Michael Lind, « Obama: Last of the “New Democrats”? », Salon, 30 octobre 2012; Premilla Nadasen, « How a Democrat Killed Welfare », The Jacobin, n°20, 2016 ; Alex Cachinero-Gorman, « The Imaginary Center », losartilugios, 9 novembre 2016 ; Ed Kilgore, « The End of the Clinton Era of Democratic Politics », New York Magazine, 10 novembre 2016.
(12) Au-delà des différences de trajectoires politiques, le progressisme d’Obama s’explique aussi par (ou du moins reflète) le second déplacement de la cible électorale du Parti démocrate sous la houlette des « nouveaux démocrates », après être déjà passé pendant le mandat de Clinton, des ex-Etats conférés du Sud à Wall Street, comme l’explique notamment Michael Lind (op. cit.) : « During the two terms of George W. Bush, the evolving New Democrat or “neoliberal” movement was dominated by socially liberal economic conservatives in Wall Street and Silicon Valley.  These centrist Democrats jettisoned the white working-class Southerners and Westerners who had been wooed by the original New Democrats, and focused instead on winning over former moderate Republicans in the Northeast and West Coast who combined liberal attitudes on abortion, gay rights and environmentalism with opposition to “big government” and concern about federal deficits ».
(13) Cf. Reid J. Epstein, « NCLR head: Obama ‘deporter-in-chief’», Politico, 4 mars 2014.
(14) Cf. Curtis Atkins, « The Third Way International », The Jacobin, n°20, 2016.
(15) Cf. Zachary Newkirk, « Donald Trump’s Donations to Democrats, Club for Growth’s Busy Day and More in Capital Eye Opener », Center for Responsive Politics, OpenSecrets.org, 17 février 2011; Will Cabaniss, « Donald Trump’s campaign contributions to Democrats and Republicans », PolitiFact.com, 9 juillet 2015; Adam B. Lerner, « Donald Trump names his favorite prez: Bill Clinton », Politico, 17 juin 2015.
(16) L’opposition à la construction d’un oléoduc sur les terres de la nation Sioux de Standing Rock dans Le nord de l’Etat du Dakota. Cf. https://nodaplsolidarity.org/.
(17) Cf. Robert Reich, « Why We Need a New Democratic Party », 10 novembre 2016.
(18) Cf. Bernie Sanders, « Where the Democrats Go from Here », The New York Times, 11 novembre 2016.
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camaradobono · 8 years
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« Une agriculture écologique et paysanne pour une alimentation de qualité »
Voici le premier numéro de la collection des « Livrets de la France insoumise » dont Laurent Levard et moi-même assurons la coordination. Ce premier livret, préparé par un groupe de travail animé par Laurent Levard et Eve Saymard, détaille les mesures d’urgence et les grandes orientations sur l’agriculture et l’alimentation proposées par la campagne de Jean-Luc Mélenchon et du mouvement de la France insoumise pour l’élection présidentielle et les élections législatives de 2017. Vous pouvez le lire et le télécharger sur le site de campagne ici ou en cliquant après l’image ci-dessous. 
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« L’agriculture fournit l’essentiel de notre alimentation. Or le modèle agricole actuel détruit tout : l’écosystème, la santé des consommateurs et celle des paysans. Les maux sont connus : soumission au libre-marché et au libre-échange, ultra-spécialisation, gigantisme agricole, pesticides chimiques. L’ensemble du système agricole et alimentaire est responsable de près de la moitié du réchauffement climatique global du fait des gaz à effet de serre qu’il génère, contribue à la déforestation, repose sur l’utilisation de ressources non-renouvelables, contamine l’environnement et les hommes et contribue à la destruction des sols et de la biodiversité. Près d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim, alors que la malbouffe et l’obésité progressent. À terme, ce système met à mal notre capacité à nourrir l’Humanité […] »
Pour lire la suite cliquez ici.
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camaradobono · 8 years
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Et les autres, je leur dis, vous ne voyez pas la belle histoire qu’on est en train d’écrire? Vous ne voyez pas nos rêves s’accomplir ? Vous ne voyez pas tout ça ? Alors venez prendre votre part de bonheur !
Jean-Luc Mélenchon, Convention programmatique de la France insoumise, 16 octobre 2016
C’est...quelque chose. Impressionnant. A voir, à écouter.
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Et retrouvez ici sur la page Facebook de la communauté JLM 2017 l’album photo de la Convention.
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camaradobono · 8 years
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Parlons programme !
« L’avenir en commun » est le titre du programme porté par la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017 et par celles qui seront investies dans le cadre de la « France insoumise » aux élections législatives. Il a fait l’objet d’un processus assez original d’élaboration et d’adoption qui mérite qu’on s’y arrête un instant.
Le travail programmatique a en effet démarré en février dernier, tout juste après la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon. Deux camarades du Parti de gauche, Charlotte Girard, juriste, et Jacques Généreux, économiste de profession, assisté-e-s d’une équipe de jeunes rapporteur-trice-s, ont été chargé-e-s de la coordination de cette tâche. La réflexion collective qui s’est déployée au cours des mois suivants s’est principalement appuyée sur « L’Humain d’abord », le programme commun de 2012, enrichi de textes ultérieurs comme les 18 thèses pour l’écosocialisme ou l’ouvrage « L’ère du peuple » de Jean-Luc Mélenchon.
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Et elle s’est structurée autour de sept axes : la 6ème République, le partage des richesses, la planification écologique, la sortie des traités européens, l’indépendance et l’altermondialisme pour la paix, le progrès humain et la conquête des nouvelles frontières de l’humanité que sont la mer, l’espace et le virtuel.
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La première étape du travail a consisté à mettre à contribution les membres de la campagne. Ce sont pas moins de 3000 propositions qui ont ainsi été postées sur le site jlm2017.fr de février à août 2016. Des synthèses, réalisées par les rapporteur-trice-s du programme, ont permis de les intégrer à la trame programmatique en cours d’élaboration. Parallèlement, en mai et juin, des auditions ont été organisées avec des personnalités issues d’horizons divers (vous pouvez visionner ici sur internet la plupart d’entre elles). Enfin, en septembre, ce sont les contributions de toutes les organisations et sensibilités politiques soutenant la candidature de Jean-Luc Mélenchon et la campagne commune présidentielle-législatives (les citoyen-ne-s communistes, Ensemble ! Insoumis-e-s, la Nouvelle Gauche Socialiste, le Parti de Gauche et Révolution) qui ont été recueillies.
C’est ainsi par exemple que trois d’entre nous, votre très chère accompagnée de deux camarades d’Ensemble ! Insoumis-e-s, avons pu discuter avec l’équipe du programme de différents points qu’il nous semblait important d’inclure, clarifier, mieux préciser et/ou développer. Nous avons notamment insisté sur la nécessité de ré-affirmer clairement notre positionnement commun sur l’immigration considérée non pas comme un problème mais une richesse (cf. L’humain d’abord, chapitre « La République pour de vrai », p. 57) et d’enrichir aussi bien les différentes dimensions de la lutte contre le racisme et pour l’égalité des droits que notre politique internationaliste en s’appuyant sur le travail effectué au sein des anciens Fronts de gauche thématiques (cf. « Les propositions de Jean-Luc Mélenchon et du Front de gauche en réponse à l’appel « France métissée» » et « Pour une nouvelle politique de la France avec l’Afrique - Les propositions du Front de gauche »).
A l’issue de ce processus, une première version du programme a été élaborée et est actuellement soumise au vote, chapitre par chapitre, des plus 130 000 soutiens de la campagne. Elle sera rendue publique lors de la Convention organisée les 15 et 16 octobre prochains à Lille, qui sera également l’occasion pour l’ensemble des membres de la campagne de se l’approprier et d’en établir les grandes mesures prioritaires. A la suite de quoi une nouvelle étape de l’élaboration programmatique va s’ouvrir autour, entre autres, des livrets thématiques et des initiatives de popularisation de nos propositions et de soutien aux luttes qui y seront associées.
Alors, si vous ne l’avez pas encore fait, allez y jeter un coup d’œil, soumettez nous vos contributions, participez à la consultation et rejoignez nous pour, dès maintenant, dans les luttes et dans les urnes, défendre l’humain d’abord et construire l’avenir en commun !
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camaradobono · 8 years
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Barbara Lee (D -CA) est la seule membre de la Chambre des représentant-e-s (chambre basse du Congrès) des Etats-Unis à avoir voté contre l'autorisation de forces militaires en réponse à l'attentat du 11 septembre 2001.
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It takes far more courage and wisdom to boldly say “NO” to war when everyone else is saying yes.
Three days after September 11th 2001, Barbara Lee (D-CA) bravely called for a no vote against authorizing George W. Bush’s wars.
In an op-ed she published in The San Francisco Chronicle 9 days later, she explained her vote by pointing out that the resolution “was a blank check to the president to attack anyone involved in the Sept. 11 events — anywhere, in any country, without regard to our nation’s long-term foreign policy, economic and national security interests, and without time limit.” She added: “A rush to launch precipitous military counterattacks runs too great a risk that more innocent men, women, children will be killed.” 
For her lone stance, Lee was deluged with rancid insults and death threats to the point where she needed around-the-clock bodyguards. She was vilified as “anti-American” by numerous outlets including The Wall Street Journal. The Washington Times editorialized on September 18 that “Ms. Lee is a long-practicing supporter of America’s enemies — from Fidel Castro on down” and that “while most of the left-wing Democrats spent the week praising President Bush and trying to sound as moderate as possible, Barbara Lee continued to sail under her true colors.” Since then, she has been repeatedly rejected in her bids to join the House Democratic leadership, typically losing to candidates close to Wall Street and in support of militarism. (continue reading from theIntercept)
On this September 11th, in addition to remembering all of the lives lost in America, Iraq and Afghanistan, I choose also to remember Barbara Lee’s brave example in calling for calm, reflective thought before blindly rushing into endless war in the Middle East. Even at the risk of her political career, she stood up and did what was right.
We need more leaders who know that sometimes, it takes more strength to say “no” when everyone else takes the easy way out by saying “yes” to war and militarism.
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camaradobono · 8 years
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“When you come back woke” @KristenMeghan #VeteransforKaepernick  #thisishowyoually #totalrespect
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When you come back woke
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camaradobono · 8 years
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“Ni guerre, ni état de guerre”
Appel à signatures Collectif ni guerres ni état de guerre
Tribune parue initialement dans Libération du 25 novembre 2015
13 févr. 2016 — Bonjour à toutes et tous, Le Collectif ni guerres ni état de guerre a adopté sa plateforme (ci-dessous). C'est un appel à signatures individuelles et d'organisations (associatives, politiques, syndicales). N'hésitez pas à le signer, à le faire connaître largement autour de vous et à nous contacter pour la mise en place de collectifs locaux. Prochaine réunion à Paris: mercredi 17 février, 19H, Bourse du Travail, 3 rue du Château d'eau 10e. Merci!
Collectif ni guerres ni état de guerre Texte fondateur
La France était en guerre bien avant les attentats du 13 novembre, lesquels ont largement servi de prétexte à intensifier ces engagements militaires. Les guerres de pillage pour le contrôle des ressources n’ont pas manqué depuis le début des années 2000, en Irak, en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Centrafrique. Ces conflits doivent être désignés par leur nom : ce sont des guerres d’ingérence impérialiste. La France n’a aucun « rôle positif » dans ces interventions, malgré ses prétentions puisées à l’ancien répertoire colonial.
Les interventions militaires que mène l’État français sont très largement invisibles dans les médias. Le peu qui en est dit impose un consentement au nom d’une logique sécuritaire, avec ou sans habillage humanitaire ; le discours belliciste entend anesthésier et tétaniser la population. Pourtant, comment ne pas rappeler les désastres que sèment ces guerres, les millions de morts, de blessés et de déplacés, la misère, le désespoir jetant les populations sur les routes, tandis que s’enrichissent les profiteurs de guerre, les multinationales vendeuses d’armes – la France tenant en la matière le quatrième rang mondial. Ce sont aussi des dépenses colossales, qui détournent l’argent public de dépenses sociales, culturelles et écologiques vitales. De surcroît, l’État qui mène ces guerres, en pompier pyromane, nous entraîne dans une spirale infernale ayant pour effet de renforcer la haine qui débouchera sur d’autres attentats. Les « Rafale » tuent des civils aussi innocents que ceux du Bataclan. Ces bombardements sont des bombes à retardement.
La guerre devient désormais un moyen de gouverner – et de gouverner par la peur. L’état de guerre proclamé justifie la privation croissante des libertés et des mesures directement inspirées de l’extrême droite comme la déchéance de nationalité. Cette situation, d’une extrême gravité, passe pourtant pour une évidence dans le discours politique dominant, comme s’il s’agissait de banaliser la guerre et de nous habituer à cet état martial et sécuritaire. Car l’état d’urgence vise à museler les colères et les luttes : cette guerre est aussi une guerre sociale.
Nous nous opposons aux guerres d’ingérence et de spoliation - donc à tous les impérialismes. Mais nous sommes en France et c’est donc en France que nous pouvons nous battre en priorité contre « notre » propre impérialisme. Nous pouvons le faire concrètement, sans abstraction ni proclamation : parce que les questions géopolitiques qui se jouent parfois à des milliers de kilomètres ont des résonnances fortes, ici, dans nos quartiers. C’est pour cela que la lutte de notre collectif passe par le combat contre tous les racismes, et notamment le racisme antimusulman, contre les inégalités et les discriminations, le soutien aux migrants et aux sans-papiers, l’opposition aux mesures d’exception et au contrôle généralisé des populations qui ciblent en priorité les personnes musulmanes ou supposées telles, les quartiers populaires et les mouvements sociaux.
Il nous faut donc nous organiser, riposter par une résistance à la hauteur de ce que nous subissons, à la hauteur des guerres qui se font contre les populations, contre nous et en notre nom. C’est pourquoi nous avons décidé de lancer un Collectif contre la guerre, qui • exige l’arrêt immédiat des interventions militaires françaises, le retrait des bases militaires, la fin des traités et alliances (OTAN…) ; • dénonce le marché des ventes d’armes qui irrigue entre autres les pires dictatures; • combat la militarisation de la société, le quadrillage des territoires et des esprits par le complexe militaro-sécuritaire ; • soutient le droit à l’autodétermination des peuples, apporte sa solidarité aux forces de résistance et d’émancipation.
Nous voulons élargir ce comité, nationalement et localement, à toutes les organisations et toutes les personnes qui se retrouvent dans ce combat. Pour tout contact et signature : [email protected]
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camaradobono · 8 years
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“Les dangereuses impostures de la « guerre contre le terrorisme »”
A lire : le très bon dossier de Survie sur “Les dangereuses impostures de la « guerre contre le terrorisme »” en ligne ici.
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Les dangereuses impostures de la « guerre contre le terrorisme » - Dossier
 2 février 2016 par  Survie
Depuis les tragiques attentats de Paris le 13 novembre 2015, nombreux sont les associations et mouvements de la société civile à avoir exprimé leur profonde inquiétude face au tout sécuritaire de l’état d’urgence, notamment au sein de l’appel unitaire « Nous ne cèderons pas » dont Survie est signataire. Aujourd’hui, le gouvernement est sur le point de demander au Parlement de voter la prolongation de cet état d’urgence jusqu’au 26 mai et son inscription dans la Constitution, ainsi qu’une loi « contre le crime organisé et le terrorisme ».
L’état d’urgence en vigueur depuis bientôt trois mois a pourtant prouvé ses dangers et ses limites : plus de 3000 perquisitions en dehors de tout contrôle judiciaire, pour la plupart inutiles et sans aucun lien avec la « lutte anti-terroriste », dont une majorité à l’encontre de personnes ciblées en tant que musulmanes, près de 400 assignations à résidence arbitraires et souvent basées sur le « comportement », l’interdiction opportune de plusieurs mobilisations lors de la COP21, et de nombreux cas de bavures et violences policières.
Dossier Les dangereuses impostures de la « guerre contre le terrorisme »
Dans le même temps, l’interventionnisme militaire de la France en Afrique et au Moyen-Orient se poursuit sans pour autant susciter le moindre débat dans la classe politique et médiatique. Au nom de la « guerre contre le terrorisme », la France est aujourd’hui présente militairement principalement sur deux fronts : en Afrique de l’Ouest et Centrale dans le cadre de l’opération Barkhane [1] ; en Irak et en Syrie, notamment par ses frappes aériennes contre l’Etat Islamique (opération Chammal).
Cette politique sécuritaire et guerrière doit cesser. Liberticide, inefficace, elle est le résultat d’un dangereux aveuglement politique quant aux causes profondes du « terrorisme » et est menée en l’absence de tout réel débat démocratique. Encore plus qu’avant les attentats, questionner la politique étrangère de la France, en particulier son volet « anti-terroriste », et ses enjeux à l’étranger comme en France, est indispensable. Depuis plus de 50 ans, la France soutient en Afrique des régimes criminels, précieux clients de l’industrie française de l’armement, producteurs de matières premières stratégiques, marchés juteux pour les entreprises françaises et parfois investisseurs opportuns en France. Depuis plus de 50 ans, l’armée française, pilier incontournable de cette politique de puissance, reste positionnée en Afrique, autrefois sous prétexte de l’opposition au « péril » communiste, et aujourd’hui sous celui de la « guerre contre le terrorisme ».
La classe politique, prompte à voter de façon quasi unanime l’état d’urgence, n’est toujours pas parvenue à se saisir des enjeux de cette politique extérieure court-termiste et mortifère. Comme en matière de contrôle des opérations extérieures, lorsqu’ils sont consultés par l’exécutif, rares sont les parlementaires qui s’insurgent des alliances criminelles de notre État au nom d’intérêts économiques ou géostratégiques [2] , ou encore à exiger un renforcement du contrôle parlementaire des exportations d’armement. Personne ou presque n’ose critiquer l’interventionnisme de l’armée française, vieille tradition impérialiste désormais parée de nouveaux habits, qui ne fait pourtant que renforcer la colère et parfois le basculement dans la violence de celles et ceux qui subissent cette politique va-t-en guerre, et dont toutes les alternatives de mobilisation politique ont été méticuleusement sapées. Les conséquences dramatiques de cette politique sur les citoyen-ne-s d’Afrique et du Moyen Orient, et ce qu’elle révèle sur l’état de la démocratie et la justice en France, sont passées sous silence.
Depuis plus de 30 ans, l’association Survie analyse les ressorts de la politique étrangère française en Afrique. Ces dernières années, l’interventionnisme militaire français sur le continent africain a retenu toute notre attention, car les opérations Serval (2013) au Mali puis Barkhane (2014) ont permis le déploiement ou le repositionnement des forces françaises dans ses anciennes colonies, dans un contexte de renforcement du poids des militaires sur la vie politique française et de l’organisation de leur impunité. En s’appuyant sur les régimes dictatoriaux et autocratiques du continent pour mener à bien cette « guerre contre le terrorisme », l’Etat français se rend complice de la terreur pratiquée par ces régimes sur leurs populations : par exemple au Togo, premier pays à avoir annoncé son soutien à l’opération Serval, au Tchad, première force mobilisée en nombre, mais aussi à Djibouti, en Mauritanie, au Cameroun. En France, les enjeux de ces guerres sont tout aussi nombreux : menées depuis plusieurs années sans véritable contrôle parlementaire (parfois même en violation de la Constitution), symboles de l’influence grandissante du militaire sur le politique, elles illustrent la prégnance de l’héritage colonial et du système françafricain sur nos institutions. L’état d’urgence mis en place aujourd’hui, et les mesures sécuritaires qui l’ont précédé depuis deux ans et l’accompagnent, est lui aussi inspiré de doctrines coloniales.
Ce dossier, qui rassemble des textes et articles publiés récemment par l’association et son mensuel Billets d’Afrique, vise à apporter divers éclairages : sur les origines coloniales de l’état d’urgence (pages 4 à 9), sur la « guerre contre le terrorisme » menée en Afrique (pages 10 à 19), sur ses enjeux en Afrique et en France (pages 20 à 36).
Dossier Les dangereuses impostures de la « guerre contre le terrorisme »
[1] Selon les déclarations du gouvernement, celle-ci concernerait la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Le dispositif sert aussi pour la lutte contre Boko Haram au Nigéria et déborde très probablement sur le sud de la Libye.
[2] Y compris lorsque certains de ces régimes ont des liens idéologiques et parfois financiers avec les groupes "terroristes" que la France entend parallèlement combattre (A ce sujet, voir "L’Arabie saoudite, sponsor de l’Etat islamique ? Oui, jusqu’en 2014", Justine Brabant, arretsurimages.net, 17/11/2015)
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camaradobono · 8 years
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Black history month, baby !
“Au bout d’un certain temps, je me suis dit : il faut que j’aille à Paris. Parce que, continuer comme ça...J’étais encore fragile, je sentais qu’il fallait me renforcer, apprendre ; et puis aller dans la gueule du loup, vraiment, dans la capitale de l’impérialisme. C’est là que je devais venir, c’est là que l’épreuve décisive devait se passer.” (Kateb Yacine) Hamé Je suis né juste après l’extinction d’un feu, dont je garde des braises fumantes au creux de ma gorge, de ma langue, de mes yeux A ce pays de sable je n’ai jamais dit adieu On m’a porté à bout de bras jusqu’ici dans la poussière d’un septembre après-midi dans des langes dépliés par le bruit dans l’espoir d’entrevoir un peu la vie Ça ne s’oublie pas un être humain qui n'a plus rien et qui s’arrache pour mettre à table un bout de pain c’est comme la peur du noir dans une chambre sans fenêtres c’est comme des mots rares d’un analphabète Et puis j'ai grandi en apprenant des noms de géants : Feraoun, Fanon, Kateb Yacine comme des trésors de guerre à la fin du film D’un bout à l’autre de ma trajectoire l’Algérie s’évade et revient me voir tout comme je verrai jusqu’à l’ultime soir le pas de mon père et ses mains noires Casey Les mains noires ce sont celles de ma mère de beaucoup de mes héros ou de certains de mes alliés quand je quitte ma terre, celle de ma grande-mère qui me font des adieux du haut de sont palier Les mains d’Aimé Césaire qui m’ont hypnotisée quand elles ont saisi la plume et l’encrier et puis m’ont rendu la dignité avec le retour au pays natal de son cahier Les mains de Martin, de Malcolm (X), de Toussaint sans oublier le poing de Tommie Smith de Frantz Fanon, de Raphaël Confiant de Rosa Parks et d’Angela Devis Les mains mutilées, empalées, empilées, gangrenées à genoux, sans raison enchainées qui ont tenu bon même à bout et dominées je suis fière d'avoir les mêmes que celles de mes ainés “ - ... Imaginez ce spectacle extraordinaire, dix volcans à la fois crachant leur lave pour faire la Martinique. C’est fantastique, quelle naissance prodigieuse, çà vaut bien tous les big-bang ! - C’est donc une colère cosmique ? - C’est une colère cosmique et, autrement dit, la colère créatrice, elle est créatrice ! Nous sommes loin de cette néréide sous la mer endormie, c’est beaucoup plus que cela; ce sont des terres en colère, des terres exaspérées, ce sont des terres qui crachent, qui vomissent et qui vomissent la vie, et c’est de cela que nous devons être dignes.Cette parcelle créatrice, il faut la recueillir et il faut continuer ... Il faut la continuer. Et non pas s’endormir dans une sorte d’acceptation et de résignation.” (Aimé Césaire)
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camaradobono · 8 years
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Ensemble ! dit oui à des primaires citoyennes de la gauche alternative en 2017
Il y a bien deux orientations, deux stratégies, deux perspectives incompatibles, dans ce qu’on appelle encore “la gauche” aujourd’hui en France : l’une, celle du PS et de ses allié-e-s, austéritaire, raciste, guerrière; l’autre, celle que partagent des forces allant du Front de gauche au NPA en passant par EELV et des secteurs du PS, écosocialiste, solidaire, démocratique, pacifiste. Il ne peut donc y avoir non pas une mais deux “primaires” : la leur et la notre. Maintenant, y’a plus qu’à...
Extrait de la déclaration d’Ensemble ! “Se rassembler, refonder la gauche, changer le système” suite à la réunion de son collectif national des 9 et 10 janvier 2016, rendue publique aujourd’hui. [J’vous épargne les 4 pages d’analyse sur les bilans, la période, tout ça, tout ça… Le positionnement nouveau et important est à la fin, reproduit ci-dessous. Vous pourrez lire la déclaration dans son intégralité ici sur le site du mouvement.]
“Plusieurs  appels et déclarations proposent que s’engage un processus de désignation d’un-e candidat-e commun-e de  toute la gauche pour 2017. Cela reflète le plus souvent une volonté  de changer de politique, d’engager une démarche citoyenne, et un refus de se résigner à devoir s’aligner sur la politique de Hollande pour contrer le FN et la droite. Mais comment y inclure Hollande et Valls, qui ne peuvent représenter ni être acceptés par ceux qui refusent l’austérité, défendent les services publics, les droits et les libertés? L’existence d’une autre gauche que celle de Valls et Hollande est une condition pour remobiliser les millions d’hommes et de femmes de gauche qui rejettent ce gouvernement et se détournent de la politique.
L'aspiration à l’unité face à la politique de Valls et Hollande existe dans le pays. Les expériences de large rassemblement aux élections régionales, comme la liste « Nouveau Monde » en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées  ont  montré que l’unité des forces à la gauche du PS était nécessaire mais pas suffisante. Il  faut commencer par la construction d’un  projet commun, articulé avec le choix de candidat-e-s commun-e-s qui devront se mettre au service du projet.
Pour Ensemble !, il est indispensable de construire une démarche de rassemblement incluant les forces sociales et politiques, les citoyen-ne-s qui portent des propositions partagées de façon à déboucher sur les grands axes d’un projet alternatif. Cette démarche doit s’appuyer sur la une véritable participation citoyenne mettant entre les mains du plus grand nombre l’ensemble des décisions politiques, qui ne doivent pas rester l’apanage des seuls partis politiques. Il faut refuser toute logique de division, ou de décisions unilatérales de candidatures ; préférer la construction d’un nouveau rassemblement et d’une proposition politique nouvelle; permettre ainsi de désigner des candidatures à la présidentielle et aux législatives. Des candidatures qui doivent être représentatives, acceptées par toutes les forces du  rassemblement, et suffisamment fortes pour déjouer les pièges d’une « tripartition » de l’espace politique, ne laissant place qu’à trois option, le FN, la droite, ou la politique du gouvernement, et faisant disparaître toute alternative de gauche.
Un tel rassemblement pour construire son programme, sa stratégie et désigner ses candidat-e-s pourrait procéder par de larges votations citoyennes qui permettent l’implication du maximum d’énergies et l’émergence d’une nouvelle gauche dans le pays.  
Ensemble ! participera à toutes les initiatives qui permettent d’avancer dans ce sens à l’échelle locale comme à l’échelle nationale. Il contribuera par tous les moyens à la construction de ce rassemblement, de son programme, de ses candidatures.”
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camaradobono · 8 years
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Dépasser le cartel, construire une autre gauche
Le Front de gauche a vécu. S’il a permis de poser les bases d’une politique de gauche alternative, il a échoué à représenter cette alternative, non seulement aux yeux d’une majorité de la population, des millions d’électeur-trice-s qui avaient pourtant voté pour son candidat en 2012, mais aussi parmi les franges les plus organisées, militant-e-s des partis, syndicats, associations et autres mouvements, anciens et nouveau, du peuple de gauche dans toute sa richesse et sa diversité.
Toutes celles et tous ceux qui se reconnaissent toujours dans l’objectif stratégique qu’il s’était fixé (contester l’hégémonie à gauche du PS social-libéralisé et devenir majoritaire à gauche et dans le pays), dans ses grandes lignes stratégiques et programmatique (unité, autonomie, mobilisation citoyenne), ont aujourd’hui la responsabilité de construire autrement, sur de nouvelles bases, une autre gauche.
Une gauche véritablement antiraciste et solidaire, qui s’adresse sans sectarisme à tous les courants, mouvements et réseaux qui (se) mobilisent aujourd’hui contre les discriminations, pour l’égalité des droits et la justice pour tou-te-s, pour mener ensemble de grande campagnes populaires contre la déchéance de nationalité, la répression des migrant-e-s, le contrôle au faciès et les violences policières…Une gauche activement anti-guerre et internationaliste, capable d’opposer aux stratégies impérialiste de son propre Etat une politique de paix et de justice. Une gauche profondément démocratique qui dépasse le cartel organisationnel pour systématiquement donner la parole et le pouvoir aux citoyen-ne-s et aux militant-e-s.
Cette autre gauche est nécessaire et possible. Mais elle ne se construira pas en reprenant les mêmes mécanos politiques fabriqués par en haut qui nous ont menés à l’échec. Elle se reconstruira dans les fronts de lutte unitaires (contre la guerre, l’austérité, l’état d’urgence démocratique et climatique, l’islamophobie et la xénophobie…), les collectifs locaux de résistance, les mouvements alternatifs qui inventent chaque jour la gauche de demain. Et elle devra converger dans lors des échéances électorales, en premier lieu celles de 2017, non pas à l’issue d’interminables tractations d’appareils, mais à l’initiative d’une grande mobilisation citoyenne qui déterminera le contenu et la représentation d’un projet politique en construction permanente et à vocation majoritaire.
C’est ici et maintenant que tout commence.
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camaradobono · 8 years
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Semaine de mobilisations pour la justice climatique et pour la paix
La semaine prochaine, après le sommet citoyen sur le climat de demain et dimanche à Montreuil, plusieurs rendez-vous de mobilisations à ne pas rater!!!
L’atelier affiches-action #22vlalacop le 7/12 au 104
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C’est lundi 7 décembre de 10h à 13h au 104 (rue d’Aubervilliers, Paris 19e), dans le cadre de la Zone d’action climat (ZAC) de la Coalition Climat 21.
Plus d’infos sur le collectif ici, et quelques unes des photos des affiches déjà réalisées ici.
Le meeting international “Face à l’urgence climatique, assignation à résistance” le 10/12
Alors que les plus pollueurs capitalistes de la planète et les chefs de l'Etat font de la COP21 une grande mascarade tout en cherchant toujours plus de marchés, toujours plus de profits, toujours plus de ressources naturelles à exploiter, souvent au prix de guerre aux quatre coins du globes, il est urgent de porter des solutions anticapitalistes et anti-productivistes radicalement différentes. Elles ne pourront être mise en place que par les luttes écologiques qui sont en cours dans le monde entier; ce meeting se propose d'en être le porte voix en réunissant des militant-e-s écologiques et anticapitalistes du monde entier, d'Europe et de France!
C’est organisé par le réseau 99% stand for Climate jeudi 10 décembre à partir de 19h à la salle Olympes de Gouges, 15, rue Merlin, à Paris 11e.
Le meeting “Pour une politique de paix, de justice et de dignité” le 11/12
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A l’appel d’un collectif d’associations, c’est vendredi 11 décembre à 18h30, à la Bourse du travail de Saint-Denis, 9-11 Rue Génin.
A lire également la déclaration “La génération de la crise ne sera pas celle de la guerre !” de plusieurs organisations de jeunesse.
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L’action de masse pour la justice climatique le 12/12
Le 12 décembre : nous maintenons l’appel à une mobilisation internationale !
L’état d’urgence aujourd’hui c’est aussi l’état d’urgence climatique. Les nécessités minimales pour une planète juste et vivable sont des lignes rouges qui sont depuis longtemps franchies. Le 12 décembre, nous nous mettrons en mouvement pour le rappeler.
Nous souhaitons que le 12 décembre soit l’occasion pour les communautés affectées par les changements climatiques et leurs conséquences de s’exprimer, et nous maintenons donc notre volonté d’organiser des actions à Paris dont nous sommes en train de revoir les modalités au vue des circonstances. Elles seront placées sous le signe de la paix et de la justice climatique. Rien ne nous empêchera de faire entendre nos voix à la fin de de la COP21.  
Prenons les choses en main, personne le fera à notre place !
Les actions organisées au cours de cette journée partagent un Consensus d’action pour le « D12 » que nous vous invitons à lire.
COMMENT PARTICIPER ?
Pour participer aux actions, nous vous encourageons à venir à Paris dès le vendredi 11 décembre à midi. Plusieurs assemblées de préparation se tiendront dans l'après midi.
Pour en savoir et vous inscrire à cette journée d'action, rendez-vous sur la page du D12
C’est dimanche 12 décembre à l’appel de la Coalition Climat 21.
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camaradobono · 8 years
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Changeons le système, pas le climat !
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Belle mobilisation les 28 et 29 novembre du mouvement pour la justice climatique, avec plus de 500 000 personnes à travers le monde qui ont pris par à des actions, marches et autres manifestations. En France également, malgré les interdictions et la répression, nous étions plusieurs milliers à être mobilisé-e-s. 
Chaine humaine “Pour un climat de paix” à Paris, de République à nation
(Photos : Dan Obono)
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Soyons encore plus nombreuses et nombreuses les 5 et 6 décembre à Montreuil au sommet citoyen pour le climat, du 7 au 11 décembre à la zone d’action climat au 104 à Paris dans le 19e, et le 12 décembre partout dans la rue pour une grande action de masse et “avoir le dernier”!
Contre l’état d’urgence, la répression et la guerre sans fin, pour la paix, la justice sociale et climatique, on ne lâche rien !
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