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Paquet Noir
J'ai 200 yeux.
Telle une grosse mouche libidineuse je mate à 360 degrés les corps qui s'entassent sur la plage.
Des centaines de jambes s'agitent dans le sable, dans l'eau et dans mes tripes.
Je veux tout baiser.
Les jeunes filles qui bronzent, clouées à leur rocher comme des moules bien bandantes, les vieilles à la peau défoncée par le soleil qui marmonnent et font des allers-retours infinis d'un bout à l'autre de la plage, les vieux, les gosses, les parasols, le soleil, les bateaux, je veux tout baiser.
Tout ces corps pubères, pré-pubères mijotant dans la mer…ça me donne une érection monstrueuse. A force d'accueillir tous ces culs et ces nichons même l'océan doit bander. Le paysage tout entier bande. Un chien hurle à la mort.
Faut que je me calme.
Je coince ma bite entre l'élastique de mon maillot et mon ventre, enroule ma serviette autour de ma taille, puis, comme un bernard-l'ermite précautionneux, me lève et me dirige lentement vers l'océan en prenant bien soin de ne pas perdre la serviette.
Je me force à entrer dans l'eau glacée très vite pour ramollir le tout.
C'est la dichotomie de cette petite station balnéaire du nord-est de l'Espagne qu'est Sanxenxo.
Un soleil infini, un océan glacé.
Le miel et le vinaigre dans une même tapas.
Bref, il se force à entrer dans l'eau.
D'abord la jambe gauche, toujours, puis les couilles, d'un coup sec.
C'est froid bordel. Je reste là, immobile dans l'eau glacée. Les autres bougent pour moi. Les autres ont toujours bougé pour lui.
Je reste là, alangui par tous ces bouts de chair qui nagent, s'activent tandis que ma bite et mes couilles rétrécissent, que je ne sens plus mes jambes tant le froid ambiant empêche mon sang de circuler. Je coagule à la vitesse de la lumière. Je mate les culs, ce qui me rend heureux. Je me les gèle, ce qui me rend triste. Le miel et le vinaigre.
Il reste là planté dans l'eau, une moitié immergée, une moitié émergée. Au milieu du décor, à contempler la carte postale qui s'offre à lui. Il prend des photos mentales avec de long temps de poses, immobile, lui-même au centre de la photo. Photos d'une après-midi de vacances idyllique.
Sable, filles, palmiers, cahute à cocktails, tube de l'été dans le lointain sont à la fois là pour illustrer ses vacances et pour décorer un espace mental où sont catalysées toutes ses envies, ses frustrations, ses fantasmes.
Il contemple à la fois la photo et son négatif. Et c'est le négatif qui l'emporte toujours sur la photo elle-même. Ce que l'on se construit comme souvenirs passe forcément par le prisme des sentiments. Ce n'est pas juste une jolie plage de Sanxenxo. La plage et tous ses figurants sont le décor d'une partouze monumentale qui se déroule dans sa tête. Ce que l'on retient c'est ce que l'on a ressenti, pas nécessairement ce que l'on a vu.
Si je reste une minute de plus dans l'eau mes couilles vont tomber et dériver à jamais dans l'océan. J'ordonne à mes jambes de bouger. Temps de pose. Mes couilles me font mal. je sens qu'elles sont ultra ridées et toutes dures. Furtivement je check ce qu'il se trame dans mon slip. Eau glacée, rétrécir. Mission accomplie mais c'est pas glorieux.
Ma noiraude n'a jamais rien eu de particulièrement exceptionnel mais là…Paquet noir. C'est la première chose qui me vient à l'esprit. Ma bite et mes couilles ne forment plus qu'une seule entité riquiqui, compacte, dure et noire comme l'anus d'un singe. J'ai un peu honte. Ça me fait un peu rire.
Il récupère sa serviette, ses tongs à 1 euro, commence à partir, fait semblant de regarder la plage pour pouvoir regarder en même temps, avec le reste de ses yeux, deux filles qui bronzent seins nus.
Son passage dans l'eau glacée a beau avoir ramolli ses parties, cela n'a pas suffit à doucher ses pulsions.
Ces deux filles seins nus sont la goutte de sperme qui font déborder ses couilles. Il reste un instant à les mater salement, à s'imaginer toutes sortes de scénarios plus dégueulasses les uns que les autres. Il a envie de leur éjaculer sur les seins devant tout le monde, devant leurs mecs, devant les vieux, la plage, l'univers tout entier. Il a envie de les traire. De leur mettre un parasol dans le cul. Putain je pars en couille. Il part complètement en couille. La semence qu'il n'a pas réussi à répandre dans les autres durant ses vacances lui est montée au cerveau, a vicié son esprit déjà bien perturbé. Sperme et sang mélangés à parts égales dans ses veines, il doit se concentrer plus que tout pour ne pas devenir taré. Il se situe sur un fil tendu entre le ça et le moi, tenté de violer le monde, retenu in extremis par un reste fragile d'humanité.
Du coup il rentre dans son airbnb pour vivre seul les contrastes de son être.
Un appart en bordel, lumineux, intérieur fin de journée.
Faut que je baise tellement. Putain vincent, alexia, non..ou alors..non..tellement mais tellement mais putain j'ai tellement bien fait de partir en solo..pééééééééépouse…personne pour faire chier, pour parler alors que j'ai rien envie d'écouter…si je me fous à poil et que je me branle en buvant de la sangria personne pour faire chier. faut que je baaaaiiiise.
"Spend some time away, getting ready for"..Boire bière bière sangria whisky.titittutaaaargh. Regarde depuis sa fenêtre d'autres moules clouées à leur rocher. le soleil décline, la bouteille de sangria aussi. Allume son ordi. Chancelle. Allume Pornhub : "Teen pov on the beach". Une blondinette s'affaire sur un type, y met du coeur.
- Eh bah..
Un temps.
- Que pasa ??
Un temps.
Ma bite n'a pas bougé d'un iota. Elle bouge pas. J'essaye de me branler, ça bouge pas. Je tire dessus, ça vient pas. Ça reste là, tout dur, tout compacte, tout petit. Paquet noir.
Bof, ok, boire. Puis boire plus. Moi et ma meilleure ennemie. Boire. Fondu au noir.
La nuit il ne rêve pas.
Ouverture en iris, même plage, même soleil, même chien qui hurle à la mort.
Il regarde dans son slip. Ça commence à l'inquiéter sévère. L'entité riquiqui n'a pas bougé. Il a même le sentiment que le tout a encore rétréci. Il s'allume une clope. Putain mais oui ça a rétréci. Comme si c'était pas déjà minuscule.
Faut peut-être que j'aille voir un docteur.
Des centaines de jambes, comme la veille, mais il est sevré.
Trois lézards morts forment un cercle sur la plage. Il fait lourd.
Au loin une mouette qui volait dans le ciel meurt d'un coup et tombe la tête la première dans l'océan. Des nuages se forment à l'horizon.
Il fixe l'intérieur de son slip, fasciné et flippé à la fois.
- Hola que tal! Tiene una cigaretta ? euh..una clopa ? Merde je sais plus comment ça se dit..
- Tu sais plus quoi ? il écoutait pas. Il sort la main de son slip et lève les yeux.
- Ha t'es français ! T'aurais une clope s'il te plait ?
- Ui. Je la remets, c'est la meuf que j'ai maté salement hier en partant de la plage, celle qui bronzait seins nus avec sa pote. Je lui file une clope, elle s'assoit. Le chien hurle toujours à la mort.
- Moi c'est roxy!
- Charles.
- Tu viens d'où ? T'es là tout seul ? Comment tu…
Je l'écoute pas. Une sensation inconnue dans mon slip accapare totalement mon cerveau.
- Hein? Qu'est-ce que tu dis ?
- T'es marrant toi, tu comprends rien !
- Oui je comprends rien.
En effet il comprenait rien du tout à ce qu'il se passait dans son corps. Il avait le sentiment que du vent entrait en lui. Du vent putain. Du vent. Il osait pas regarder dans son slip avec la meuf à côté.
- Attends 2 secondes faut que..
- Tu sais je me fais chier ici, mon mec a acheté une game boy color, il passe ses journées à jouer à mario ..
- Attends sans dec faut que j'aille..
La sensation du vent entrant en lui s'accentue : comme si sa bite avait été remplacée par un aspirateur. Une énorme branche de palmier se casse et tombe bruyamment sur la plage, non loin de là.
- On peut aller boire un verre si tu veux !
- Non mais faut
- Je vais dire à ma pote de venir, tu vas voir elle est
Il n'y tient plus et soulève l'élastique de son slip.
- Hé mais qu'est-ce que tu fais !!??
Il regarde, il n'y a plus rien, le paquet noir a disparu.
- Oh bordel.
Il passe sa main à l'endroit où il y avait une bite, plus rien.
Tout est rentré à l'intérieur de lui. Plus rien, juste un trou noir.
- Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde Merde
- Mais qu'est-ce qui t'arrive??!!
Il ne l'écoute pas, il n'entend plus rien. Mû par une intuition atavique il se dirige vers l'eau. vers l'endroit exact où la veille il était resté immobile à contempler la carte postale.
L'air est épais. À mesure qu'il marche au ralenti vers l'océan, il sent que son ventre, ses jambes, ses bras rétrécissent. Il sent que tout bouge à l'intérieur de lui.
Il s'aspire lui-même. C'est ça, il s'aspire lui-même. Il sent son paquet noir remonter le long de son intestin. Il sent ses jambes se rétracter et traverser son corps à l'endroit où jadis se trouvaient ses couilles. Il sent tous ses organes sortir de lui-même, son coeur passer à travers sa bouche, son cerveau passer à travers sa bouche, sa bouche passer à travers sa bouche.
Il est totalement retourné. Toute sa peau est retournée. Comme s'il avait été écorché entièrement. Il ressemble à un steak tartare humanoïde. Sa peau à vif, les cheveux à l'intérieur de sa tête, il se contemple, hébété.
Les gens sur la plage le regardent bizarrement.
Plus aucun bruit. le chien qui hurlait s'est chié dessus. Roxy reste figée, son mec a levé les yeux de sa game boy. Une mouette meurt et tombe dans le sable. Un gamin commence à pleurer. Une vieille suffoque. Une femme pousse un cri bref qui déchire le silence.
Un temps.
Je veux dire quelque chose, n'importe quoi. J'ouvre la bouche et ça recommence. Le sable s'engouffre en moi, les parasols, les palmiers, les gens, l'air, les buildings, les îles, le ciel, les mouettes sont aspirés à l'intérieur de moi. Les parpaings, les chevreuils, christine boutin, les chinois, la finlande sont aspirés à l'intérieur de moi. Le monde entier s'engouffre et se retourne en moi.
Un instant il n'y a plus rien que moi flottant dans l'absence de vide. Un temps. Qu'est-ce qu'il se passe ??? Une punition divine pour avoir voulu violer le monde ? Je suis dieu ? Dieu était dans mes couilles ? Harry potter ? S'il n'y a plus rien et que je suis le tout alors je suis tout et rien ? Je n'ai pas le temps de continuer à me poser des questions, je n'ai pas le temps d'en profiter pour contempler le néant absolu que tout sort de moi. Je vomis l'univers retourné tout entier.
Alors que tout reprend sa place à l'envers, d'un coup je me sens calme, bien. D'un seul coup, comme ça. Pas besoin de thérapie, il suffit d'aspirer le monde et le recracher.
Le temps de ma transformation, mes yeux retournés à l'intérieur de moi j'en ai profité pour regarder ce qu'il restait dans ma tête. Je n'ai rien vu. Simplement une grosse masse gélatineuse dégueulasse. Pas de sentiments. Pas d'idées. Pas de grand secret. J'avais le sentiment d'être une coquille laissée vacante, une planète abandonnée. Je sais que c'est ça maintenant et je me sens bien. J'ai été rien puis tout et rien du tout à la fois.
Il se sent bien, il reste là immobile au milieu du décor. Son attitude contrastant largement avec la scène qui se déroule devant ses yeux. Tout s'est retourné à l'intérieur de lui, le ciel est rouge, l'air est chaud, épais, et le monde appartient maintenant aux steaks tartares humanoïdes. Seuls quelques uns semblent apaisés comme lui. Les autres hurlent et courent dans tous les sens sur la plage. Roxy inversée fracasse la tête de son mec avec la game boy color. Il git inanimé dans le sable, des petits bouts de cervelle autour de lui. Des mecs steaks tartares baisent des meufs steaks tartares dans tous les sens. Et inversement. Le chien qui hurlait bouffe les restes de son maitre. Des steaks tartares frottent leur bite ou leurs nichons contre des parasols. Des mouettes inversées hurlent et attaquent des chats inversés. Des gens sautent des immeubles environnants en éclatant de rire.
C'est l'apocalypse dans la carte postale.
Je regarde la plage, le monde que j'ai créé malgré moi. On est dans le négatif de la photo.
Je pense au fait que rien n'est resté accroché en moi. Le monde entier m'est passé à travers mais rien ne subsiste dans mon ventre, dans ma tête ou dans mon coeur. Je suis passé à travers les gens, à travers les pays, les animaux, les montagnes et je n'ai rien gardé. Ça m'est égal.
Je reste là immobile, steak tartare paisible.
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Cul Rouge
J'étais dans le train depuis 6h44.
J'avais épuisé toutes les distractions possibles et éprouvais une terrible envie de changer de caleçon. Mon corps entier était moite, je me sentais puer de l'intérieur et aurai aimé une de ses douches salvatrices d'après cuite qui vous donnent l'impression de changer de peau.
6h44, c'est long.
J'avais tué le temps par un film entrecoupé de coups d'oeil machinaux à mon écran de téléphone, un Houellebecq corné à force de relire les mêmes pages faute de concentration et surtout passé de longues minutes à fixer le repose bagage situé au-dessus de ma tête, cherchant à mater les nichons d'une voisine assise 3 sièges plus loin dans les reflets de verre.
Nouveau coup d’œil à mon téléphone : je suis dans le train depuis désormais 6h53.
Je suis un type sans trop de personnalité, du genre à aimer le brouillard romantique dans lequel l'esprit est embourbé après une courte nuit, à arracher les croûtes de mes boutons de moustique ou humer les effluves de cul émanant d'un fromage au lait cru, mais mon masochisme reste d'un niveau tristement commun. Je m'aperçois d'ailleurs que l'exercice de sa description est déjà d'un ennui mortel. Jamais, Ô grand jamais je ne me serais embarqué dans un voyage aussi interminable si un "incident passager" n'en avait pas décidé autrement. L'"incident passager", moins communément appelé "sales fils de pute de suicidaires égoïstes". Cette sale race qui décide de sauter à pieds joints sur les couilles d'autrui jusqu'à son dernier souffle : "Ma vie est nulle, mon ultime fulgurance sera donc d'en partager le goût avec 15 wagons d'innocents. J'offre ainsi généreusement la cerise sur le gâteau à ces pauvres bougres qui, après avoir choisit d'être fisté par le poing anguleux de la SNCF coiffé d'une gourmette en marbre, méritaient bien une dernière douceur." Quel ingrat fils de pute.
Je pensais alors aux viscères encore chaudes de cet ordure lorsque la voix nasillarde du chef de bord annonça notre arrivé à San Sebastian. J'attrapa ma valise au dessus de ma tête et après quelques politesses gênantes, me faufila au milieu de la rangée compacte, impatient de m'échapper du train à l'air saturé. En regardant devant moi, je m'aperçu que ma voisine à gros nichons avait également joint la file. La dizaine de personnes et un couple de vieux puant la friture juste devant moi ne m'empêchèrent pas de promener mon regard le long de son corps, découvrant un short rouge trop court emballant le cul le plus rebondit d'Espagne. Mon dieu. Le bas des fesses était à l'air libre, dévoilant deux petites poignées de peau aussi lisses et blanches qu'une gomme neuve. Bordel, impossible de détourner les yeux. Je sentis à nouveau le collant de mon caleçon sale et l'envie d'une douche froide. Un léger coup dans le dos me pressa alors de suivre le mouvement des passagers qui descendaient un à un et je perdis cul rouge sur les quais.
Cela faisait des jours que c'était la merde et j'avais éprouvé le besoin de prendre l'air. Bordeaux était alors saturé de connards à barbe taillées et de conasses à tatouages qui achetaient des vinyles de groupes pour lesquels elles s'inventaient une passion surjouées. Ces gens mâchaient des chewing-gum goût merde en faisant la queue au nouveau bouiboui sans gluten du centre, s'auto convainquant que la bouffe sans goût proposée allait sauver le monde ou tout du moins leur éviter le cancer. Ma boite mail était elle remplie de mails de connards et me rappelait à quel point la vie était globalement une connasse. J'avais terriblement besoin d'un weekend.
San Sebastien a ce côté carton pâte à la Disney Land tout en conservant un aspect moche, bâclé et rassurant. De l'exotisme modéré qui permettait de prendre l'air sans prendre de risque. La mer, les tapas et visiblement le bonus non négligeable du gral des paires de fesses.
Le lendemain j'errai dans la rue de bonne heure, trouva un café et m'y posa comme un porc, jambes écartées et clope aux lèvres. J'avais en effet passé la nuit à fantasmer sur ces coussins laiteux perdu à quais, les estoquant à en rassasier la Chine. Résultat, mes couilles étaient aujourd'hui tellement sèches qu'elles en étaient douloureuses. J'avais rejoins San Sebastien dans le seul but de prendre l'air, je rêvais désormais de m'y étouffer en avalant l'entièreté de ce cul pour rassasier la moindre cellule de mon corps.
Je passa rapidement du café à l'alcool blanc et me décidai à rejoindre la promenade pour me vider la tête. Fixer l'horizon et le corps ferme de jeunes mineures vigoureuses requinque son homme.
En ce samedi matin hors saison, la plage n'était pas saturée. Il y avait cependant des dizaines de parasols immondes, protégeant des UV des gros tas déguelasses et difformes qui tâchaient le panorama de leur absurdes présences, huilés comme des donuts bons marchés qu'on filerait même pas à un chien. Mon dégout s'apaisa lorsqu'au milieu des bourrelets puants et disgracieux j'entrevis cul rouge, seule sur une serviette. Vision sublimée par une lumière soudain changeante, dieu déplaçant quelques nuages créant ainsi un écrin pour la Rolls Royce des boules. Deux bosses objectivement insignifiantes à l'échelle de l'Univers mais qui auraient à elles seules justifiées toutes les guerres de notre monde. Exposées ainsi aussi solennellement dans la lumière, j'en conclus que dieu était définitivement un mec. Check, bien ouej' poto. Au fond de toi tu sais que, contrairement à la chair, toutes ces d'églises bâtis par des corps volontaires et robustes marqués par l'effort et le soleil, offrant leur sang et leurs os pour le plus hauts des clochers, n'arrivaient finalement même pas à faire sonner le tatoo du stagiaire de ta secrétaire. Cul rouge, lui, titillait ton divin et moi j'étais en train d'assister à ton érection divine.
Je suivis Cul Rouge le reste de l'après midi et le jour suivant, si bien qu'elle finit par remarquer ma présence. Je croisai finalement son regard et elle se fendit d'un sourire que je lui rendis au centuple. Impossible alors de dire si elle était jolie ou non. Lorsque je tentais de détailler son visage, un spasme brulant et désespéré émanant du plus profond de mon ventre me suppliait de la retourner pour planter mon sexe au plus profond de ses deux collines, en angle droit et pile au centre. Un mat épais et rugueux pénétrant l'unique lune taillée selon le nombre d'or, la peau de mes couilles offertes aux vents célestes.
Après lui avoir prêté mon feu, on s'assit à la terrasse d'un café pour échanger quelques trivialités. Cul Rouge me raconta alors sa vie : les études de pharma, la famille Franco Espagnol, un aller-retour à Limoges deux jours auparavant pour quitter Kevin, un petit ami jaloux... Les mots mitraillés par sa voix de pimbêche satisfaite passaient par une oreille et sortaient par l'autre pendant que j'enquillais des sangrias pour tenter de contenir la fureur de mes spasmes. Elle aurait pu me parler de foot ou de harengs que je n'aurai daigné quitter la table, hypnotisé par son cul grandiose écrasé sur une vulgaire chaise en plastique à qui le miracle rebondit avait du conférer la vie.
On échangea les premiers baisers dans sa chambre et mes mains sur ses hanches tremblaient à l'idée de pouvoir rencontrer son boule quelques centimètres plus bas. J'y descend et ensuite ? Que se passe t-il ? Le monde et les connards sans gluten explosent ? Dieu apparait et me met une droite ? Que devient l'homme lorsqu'il met un doigt à la perfection ? Putain, j'en avais des frissons. Elle me repoussa légèrement lorsque son téléphone sonna. J'étais à la limite de la syncope, mes mains et ma bite gorgés de lave pendant que mes spermatozoïdes étaient en réunion pour choisir les meilleurs d'entre eux. Elle s'élança sur son lit pour attraper le téléphone resté dans son sac et décrocha, allongée sur le ventre . Bordel de merde... J'avais envi d'y plonger tout entier, de déchirer Cul Rouge avec les dents, d'avoir deux bites pour remplir simultanément ses deux orifices, j'avais envi d'exploser en elle comme un feu d'artifice du 14 juillet ou les artificiers crèvent tellement la pétarade est incontrôlable. Mon cerveau était sur le point de fondre lorsque que Cul Rouge se retourna vers moi, en larmes. D'abord des mots trébuchants les uns sur le autres puis un long silence. On avait identifié le petit ami jaloux qui avait sauté sous un train, bloquant la correspondance Limoges - San Sebastian pendant de longues heures (heures pendant lesquels je m'étais incroyablement fait chier). Cul Rouge se déroba et je restais seul comme un con au milieu de sa chambre, le mat douloureux et vainement tendu vers le ciel comme le cou de l'oisillon implorant d'être sustenté.
Sans déconner Kevin, quel espèce d'ingrat fils de pute égoïste tu fais.
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Sandwich Jaune
Il est minuit moins vingt-cinq. Carl repose un peu fort son verre de bourbon sur la table et dit à Frank :
"Tu vois, la légère brise soulève les grains de sable qui viennent caresser ceux d'en dessous dans un mouvement imperceptible de frottement frénétique semblable à un gang-bang microscopique. Imagine que les grains sont des micro-organismes pratiquant la masturbation à l'échelle de l'atome, à chaque fois qu'on les effleure. Ces êtres minuscules nous regardent et sont prêt à s'astiquer et s'enfiler à notre contact, nous, les grands bovins humanoïdes arpentant les plages au radar de nos yeux, à la recherche de jambes caramélisées, aussi dorées que des steaks ; ces guiboles tiennent le soleil en otage toute l'année, comme s'il avait le syndrome de Stockholm, parce que lui aussi il les aime ces jambes et les bourreaux qui vont avec, ces produits triomphants de l'humanité consommatrice, ces élus de magazines qu'on nous a vendu comme l'unique beauté enviable... Je m'égare.
Donc moi je vois ces nano-trucs faire une partouze du tonnerre, jouir du vent en continu, et le vent produit les pousse les uns sur les autres et la boucle est bouclée sans bruits.
Voilà le genre de pensée qui me traverse lorsque je vais sur une plage. C'est crade et excitant. Je n'aime pas les plages. »
Frank écoute distraitement, fait basculer le liquide de son verre à son gosier, laisse échapper un rot sonore après avoir dégluti et lâche entre ses dents un « N'importe quoi » atone.
« Mais penses-y deux secondes », enchaine Carl visiblement bien entamé, « quand t'es à la mer, sur ta serviette à moitié à poil, bercé par la chaleur, avec le ballet des petits culs, t'es jamais traversé par... une envie ? C'est l'endroit où l'on croise le plus de gens qui vont baiser, qui ont déjà baisé, accompagnés de leurs nuées de chiards bruyants, on voit de la peau dans toutes les directions. On devrait faire des plages sur lesquelles on se rend uniquement à poil et obligatoirement dans un but copulatoire.
-Tu connais le cap d'Adge en France?
-... les français sont dégueulasses, ça compte pas.
-T'es bourré.
-Toi non peut-être.?
-Pas autant que toi, et je conduis.
-Il faut ce qu'il faut je suis jamais allé dans un boxon.
-Relax, je suis passé par là le plus dur c'est d'y rentrer.
-C'est bien ça qui m'inquiète oui.
Carl fini son verre cul-sec, et emboite le pas chaloupé de Frank qui a déjà pris son blouson, son portefeuille, des capotes, un paquet de chewing-gum et son trousseau comprenant les clefs de l'appartement et celle de la bagnole.
Ces deux-là s'étaient connus par accident, à essayer de comprendre comment fonctionnait une femme, enfin plutôt une fille précise dans le cas présent : Sandy. Ils s'étaient retrouvés dans une fête de lycée, amoureux de la même nana, du moins chacun d'entre eux pensait l'être, et elle s'était faite prendre sa virginité à deux mètres d'eux, viande saoule qui capitule à même le sol. Dépités, écœurés et humiliés, ils avaient bu pour oublier, ils avaient bu comme des centaines de milliers d'autres avaient bu et boiraient tout du long de l'existence de l'homme moderne, et ce soir-là dans une salle des fêtes de location d'un village minable d'Arizona, leurs peines s'étaient trouvées en écho larmoyant à l'angle de leur premier échec.
Frank coupe le contact de son truck Ford© défraichi et tend une cigarette à Carl. Derrière les cactus et la poussière du désert une petite enseigne en néons bleus et rouges éclaire en syncope les rangées de véhicules garés dans la caillasse, deux fois bleu, une fois rouge, un temps puis les deux en même temps trois fois.
« On y est.
-Putain.
-Les appelle pas comme ça.
-Non je veux dire putain c'est étrange d'être là..
-Respire, serre les dents et dégrafe ton fute, ton corps fera le reste. »
Ils rentrèrent vaguement saouls dans la Rosa Venenosa, un bordel réputé, non loin de la frontière avec le Mexique. Vaguement saouls si on faisait la moyenne de leur taux d'alcoolémie, mais en vérité, Carl en tenait déjà une sacrément bonne.
La musique susurrait des notes lascives et moites, tandis que les regards se tournaient discrètement vers eux, les nouveaux arrivants, les deux nouveaux compères dans la confrérie des employeurs des travailleuses des origines du commerce.
Puisqu'aucun mode d'emploi n'existait pour faire ce genre de choses, ils se dirigèrent vers le bar, et commandèrent deux shots, suivis de deux whisky coca.
Les filles connaissaient leur affaire, elles tournoyaient l'air de rien autour d'eux en glissant une main sur leur épaule à la recherche d'une étincelle, du sang qui bat aux tempes et ailleurs, provocantes et conciliantes malgré leur misère quotidienne, leur jeunesse évaporée aux promesses corrompues, broyées dans le vice des amants irréguliers.
Une professionnelle mal refaite de la tête au pied empoigna la cuisse de Carl en lançant un « Ola que tal guapoooos » aux relents de mauvaise bière.
Carl lança un « Je parle pas un broc d'espingouin » en balayant la main entreprenante. La chica effarouchée lui tendit son majeur en s'éloignant.
« T'inquiètes on va trouver mieux » dit Frank en comptant ses biftons.
Les filles avaient de l'allant, tout semblait glisser vers la sueur à venir d'une partie de jambe en l'air selon les tarifs en vigueur.
Quand une apparition vint ébranler la pièce. Une déesse asiatique à faire bouffer les soutanes d'une congrégation de curetons fit son entrée. Serpentine, élégante et animée d'une flamme perverse, satinée des cheveux à la pointe miraculeuse de ses pieds, les souffles lourds des mâles ralentirent d'un demi-temps quand cette créature d'une perfection incongrue en un tel lieu fraya son chemin vers le bar.
Carl bavait littéralement, Franck soufflait comme un bovidé. A eux deux ils ressemblaient à un film animé de Tex Avery.
« Mec. C'est celle-là qu'il nous faut » begaya Carl extatique.
« Je suis prêt à péter mon compte en banque pour ça.
-Et moi de même.
-Moi d'abord. »
La beauté asiate était venue terminer sa marche à deux mètres d'eux. Son regard se planta dans celui de Carl, et celui-ci eu une érection immédiate, vigoureuse comme à ces vingt ans, flatté, terrorisé et obnubilé par le désir implacable que lui inspirait cette femme irréelle. Frank prit les devants et tenta de négocier une passe. La fille écoutait sans ciller, imperturbable, puis elle fit signe à Carl de les rejoindre et elle énonça ses règles du jeu :
« Vous me prenez tous les deux sinon rien.
-On est pas trop dans ce délire là... » risqua Frank en cherchant l'approbation de Carl.
-Ecoute moi bien mon joli, je peux te faire jouir deux fois rien qu'avec mon petit doigt, c'est la nuit de vos vies que je vous propose. Un joli petit sandwich tous les trois.
-Et il coûte combien le sandwich jaune ? » demanda Frank.
L'asiatique sourit « 400$ chacun. Prix spécial. D'habitude c'est 500$ de l'heure, mais ton ami me tente, alors je regarderai pas trop l'horloge. Appelez-moi Soun-Hia.»
Soun-Hia avait déjà tourné les talons et embarqué Carl en le tirant par la main, sans un mot de plus. Frank leur avait emboité le pas sous les regards médusés des autres hommes de l'assistance qui n'avaient pas eu le temps d'approcher ni même d'esquisser un mouvement pour ,eux aussi, tenter de passer du temps avec la plus belle prostituée de l'établissement.
La chambre où opérait Soun-Hia était nimbée d'une lumière tamisée, des volutes d'encens sophistiqués enveloppaient l'air d'un mystère brumeux, un futon énorme trônait au beau milieu de la pièce et il était surplombé d'une structure baroque en métal poli à laquelle pendaient une poulie, quatre paires de menottes sur rails, et des ustensiles dont les utilisations ne faisaient que peu de doutes.
« Vous payez maintenant. » ordonna la pute en tendant la main. Elle prit les billets et les plaça dans une boite à l'angle du lit.
« Toi » dit Soun-Hia en désignant successivement Frank puis une porte à sa gauche tandis qu'elle s'asseyait en plein centre du futon, « à la douche ».
Frank ne savait pas quoi faire à part s’exécuter, il disparut donc derrière la porte.
« Toi. Viens ici. » Carl s'approcha de l'ombre de Soun-Hia, tâche sombre au milieu du matelas immaculé. En un clin d'oeil, elle avait attaché ses mains aux menottes et lui avait arraché sa chemise. L'eau coulait dans la pièce adjacente, et lentement, d'un geste expert et sûr, elle finit de déshabiller Carl. Son sexe en érection n'avait pas eu le temps de surgir de son slip qu'elle l’enfonçait en entier dans sa bouche, dans un soupir d'extase, comme soulagée.
Carl vivait la pipe de sa vie, il le savait. La bouche de la prostituée semblait tapissée de velours, elle pompait bon train en variant les rythmes. Carl se laissait aller, perdu dans ses sensations, il regardait Soun-Hia faire son office et elle lui rendait ses regards avec malice et délectation. C'était une drogue humaine, une séance d'hypnose à coup de langue, un concentré d'extase fait corps. Alors qu'il sentait monter la jouissance, elle s’arrêta net, et ordonna à Frank, qui avait à peine eu le temps d’entrouvrir la porte, penaud, gêné, enroulé dans sa serviette, de les rejoindre.
Frank connu le même sort que Carl, et pendant qu'elle prodiguait à l'un son savoir faire buccal, elle frottait sa croupe contre la queue raidie de l'autre.
Ils étaient à sa merci, abandonnés à la jouissance qui montait en eux. Brusquement, au summum de l'excitation elle cria : « PISSEZ MOI DESSUS ».
Carl et Frank rouvrirent les yeux ne crurent pas dans un premier temps avoir entendu ce qu'ils avaient entendu. « PISSEZ MOI DESSUS MAINTENANT JE VAIS JOUIR » implorait-elle, en transe. Cette demande soudaine eu pour effet de couper les moyens des deux hommes, mais avant qu'ils aient eu le temps de formuler un début de protestation, Soun-Hia avait glissé un doigt dans leur anus et pressait leurs vessies à travers leur prostates. Malgré eux, ils pissèrent et éjaculèrent de concert, couvrant Soun-Hia d'un mélange d'urine et de sperme par saccades.
La pute hurla de bonheur et tournoyait son visage en direction des jets dorés qui sortaient par salves chaudes.
Elle resta allongée un moment au milieu d'eux, encore menottés, poussant des râles rauques, luisante et fumante dans la pénombre, comme une pièce de viande sortant de la friteuse. Sans un mot elle les détacha, les poussa jusqu'à la douche et les lava méticuleusement.
Carl et Frank n’échangèrent pas un mot jusqu'à la voiture. Ce n'est qu'au bout de quelques kilomètres que Carl lança « Je me suis cru à la plage. En bien plus crade et en beaucoup plus excitant. »
Franck dit « Je pense qu'on rebouffera pas de sandwich jaune de sitôt. » Il éclatèrent de rire, nerveusement, un rire venu de loin, comme un exorcisme.
« On en reparle plus jamais ok ? » dit Frank en regardant l'asphalte.
« Bien sûr. » acquiesça Carl.
Il était deux heures du matin. La route défilait, les phares déchiraient l'obscurité. La lune découpait les contours du désert d'un trait pâle. Plus rien ne serait jamais pareil.
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