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Texte accompagnant l’exposition d’Eric Madeleine « Les marches en pierre s’usent en se creusant quand les assiettes creuses, elles, ne présentent pas d’usures », 23 mai au 13 juin 2021 à IDEALFRÜHSTÜCK
ERIC MADELEINE & MADE IN ERIC
Le retourneur retourné ... Cette mauvaise réputation …
Eric Madeleine retourne les corps, les mots, les fonctions et les sens. La vue angulaire de l’araignée repliée et suspendue, comme l’artiste tisse, trame et tire le fil, une autre lecture du corps mais cette fois écorché, mis à nu, fonctionnalisé et même, essentialisé.
Déranger, verbe trans. :
P. ext. [Le compl. d'obj. désigne un ensemble organisé, un état, un développement temp.]
Troubler le bon fonctionnement, l'état ou le déroulement normal. Cet orage va déranger le temps (Ac.). L'amour (...) dérange la vie, ôte le repos, compromet la réputation (Péladan, Vice supr.,1884, p. 57). Quand un fait impertinent dérange une théorie, rien n'est plus simple que de le nier (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 687) SYNT. Déranger le cerveau, les habitudes, les projets, les plans de qqn; déranger le cours, l'équilibre, l'ordre de qqc.
Il est question du poids du geste et de sa portée, et ce, jusqu’à l’ombre de la bienséance. Le vernis et l’empreinte des mots, comme ceux de l’homme, se dressent en code. C’est comme si, à chaque fois, l’artiste demandait au corps, à ce corps : qu’est-ce qu’une fonction vitale ? Car toute son œuvre adresse la question de la réversibilité de l’être. De l’arroseur arrosé (Multiplication des jets, 2020 ; Non-pisse, 2014), Eric Madeleine est le « retourneur retourné ». Un corps boussole, désorienté à l’envi, en lévitation ou faisant parfois l’expérience des forces. Cependant que le corps de l’artiste dont il fit l’outil total est bien vrai, il est aussi, en miroir, lieu d’une réalité à entrées multiples, au choix : prise-science ou prise-métaphysique, empirique, etc.
Que ce soit Eric Madeleine ou Made in Eric, l’intention est de briquer des subterfuges.
Des « faux-pensants » aux faux-fuyants, il n’y a qu’un pas de mesure, le sien. En éprouvant sans cesse ce corps, son corps - bien qu’il tente parfois le coup double - celui-ci reste à la fois le sujet et le motif. Les fluides sont ce liant qu’ils entrent ou qu’ils sortent, et le décoratif, un figurant ; Eric Madeleine orne à mêmes les organes. Dores et déjà le déterminisme nous a montré ses limites (1996) : les extrémités du regard, des possibles vues sur la vie, le trou noir très très près, insondable pourtant.
A celui qui lui parlait d’un tel ou d’un tel comme d’une star, il répondit : « never mind because I’m a black hole » et précisa : « on sait mieux maintenant l’importance des trous noirs et des rôles qu’ils remplissent bien qu’ils soient moins bling-bling que les étoiles … ». La référence ou dirions nous plutôt la source, englobe chacune des « idées » contenues dans ses pièces. Elle se veut prétexte, citation ou conjuration, n’apparaît-elle pas d’ailleurs in primis des dessins au fusain.
Faux-fuyant : CHASSE. Sentier dans un bois pour les gens à pied; p. ext., chemin par où l'on peut fuir sans être vu
C’est d’ailleurs bien un titre mis en pièces. Les marches en pierre s’usent en se creusant quand les assiettes creuses, elles, ne présentent pas d’usures couve trois axiomes fondateurs du travail qui se trouveront en partie rebattus ici : Le Corps-Objet prend pour principe le « potentiel structural d’une pose pour lui faire endosser une fonction », les Habitudes-fictions se soucient plus du geste, des compétences et des us et coutumes qui leur sont affiliés et les Faux-pensants expriment « une pensée trompeuse, explique l’artiste, qui cherche à faire basculer les idées reçues là où le trompe l’œil tend, par exemple, à convaincre par la forme ». Ici peu de trace unique de l’action, le « performatif » (Eric Duyckaerts ?1) est devenu concomitant et se loge dans le travail du dessin, dans l’élaboration de l’image, dans le tracé des lignes qui pousse au verbe, quasi préalable. C’est du geste « à penser » et non pensé, et cette matière préliminaire coexiste désormais avec l’action, sans en avoir non plus nécessairement l’obligation ou le besoin.
Je - impossible de ne pas dire « je » dans ce contexte car « je » a expérimenté l’œuvre – Je me souviens donc, depuis 2014, date de notre rencontre au vernissage de l’exposition Cherchez le garçon au Mac Val, les actions vues en direct, presque toutes : Entrebâillements sur une libre interprétation du Fantôme de la Liberté de Luis Buñuel au Musée de la Chasse et Changer de point de vue sans tourner la tête dans le cadre de « Lecture ? » au Palais de Tokyo en 2015, mais aussi l’action Laps-shoes en 2016 pour Amorces, Fragment de cérémonie 1 : procession de prieur au Centre Pompidou la même année ou encore plus récemment, la reprise du Pied-micro lors des concerts du groupe des Tétines noires. Presque à chaque fois, le même renversement des pôles, la tête en bas et les membres inférieurs surélevés. Ce rapport fréquent à l’inversion de la gravité sous-tend que l’artiste, à l’instar du corps, doit se retourner sur lui-même, redistribuer les lois et les évidences. Comme si observer, vérifier, pratiquer, supposait cette torsion. C’est là encore affaire de posture et d’action.
Réputation : Opinion favorable ou défavorable attachée à quelqu'un ou à quelque chose. Nuire à l'honorabilité de quelqu'un. Hélas! on ne répare pas le dommage causé à l'honneur. Perdue de réputation, je ne pouvais songer à conserver mes élèves (Champfl., Bourgeois Molinch., 1855, p. 310).
Posture engageante également lorsque l’action accompagne la recherche. Dans le cadre d’un échange avec le service d’Epidémiologie des virus oncogènes de l’Institut Pasteur, il s’agira d’actions réduites et de la fonction première du geste produit. Convoquer le sang en symbole de contagion, en fil rouge, retracer ou détourer le geste, là encore, il faut désormais que les Habitudes-Fictions ne prennent plus le corps comme matériau uniquement mais bien ce qui émane de lui. La photographie vient dans ce cas faire fondre le sang et démonter l’expression consacrée. Mais au-delà du détournement se trouve l’orientation mallarméenne donnée à ses titres. je suis le cerveau délibéré, encellulé au-dessus des incisives2 le confirme et rappelle que le texte et la lettre se mêlent au dessin, que tout concourt à une porosité des champs. Ecrire le dessin ou la performance, jouer de l’action, contrarier le geste, établir des jeux de jambes photographiques ou des cache-cache langagiers, muer les anatomies3 en autonomies ou les combiner tel Alfred Kubin4, Eric Madeleine irrite, détourne l’ordre logique des choses. Sa démarche pourrait sembler salir, empêcher, vulgariser. Il n’en est nullement le cas car « l’idée n’est pas de faire du beau avec du laid, dit-il, « mais bien d’en faire sortir une belle idée malgré tout ». « Cette mauvaise réputation … » avait titré Guy Debord un ouvrage paru en 1993. En revenant sur la masse critique dont son œuvre avait pu faire l’objet au fil du temps, il pointait au passage cette « police de la pensée médiatique ». A son sujet avait-on dit : « ces faux-fuyants et ces propos codés peuvent irriter ou faire rire » et son « art de brouiller les pistes et de semer des silences aux creux des phrases, sans laisser de traces » ont tôt fait de faire résonner en nous ces interstices que certains savent façonner, sortes d’orifices permettant ce déplacement rare et dérangeant, la disposition.
« Notre corps ! Notre esprit ! »5, dores et déjà, Eric Madeleine avait cerné l’enjeu qui se trouve totalement poché entre l’un et l’autre, et sûrement saisi que pour tenter une approche sensible du physique, la moins lisse et la moins évidente est sans doute la plus favorable.
Fanny Lambert
1 Le terme de performatif et tel qu’il était envisagé par l’artiste Eric Duyckaerts pourrait se définir selon Magali Uhl ainsi : « La performance agit donc ici comme un performatif puisqu’elle permet de rendre visible un dispositif : celui d’un mode de transmission historique du savoir, la conférence, interrogeant ainsi sa légitimité actuelle. Les artistes pointent par conséquent la contingence historique d’une forme sociale, celle de la conférence ou de la leçon, mais en utilisant aussi une narration résolument contemporaine, faite à la fois de second degré humoristique et de narration de soi, ce qui leur permet de rencontrer leur public. In , Le mode “conference” : un art performatif, ludique et réflexif, revue Inter, numéro 115, 2013, p.38.
2 Eric Madeleine, je suis le cerveau délibéré, encellulé au-dessus des incisives, 2014, Al Dante., 126 p.
3 Le travail de l’anatomie s’encre bien évidemment dans la lignée de Petite anatomie de l'inconscient physique ou l'anatomie de l'image de Hans Bellmer, paru en 1957.
4 Alfred Kubin (1877-1959) fait en effet partie des influences de l’artiste.
5 In, Op.cit., je suis le cerveau délibéré, encellulé au-dessus des incisives.
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« Les combles de la justice » - Nicolas Daubanes
Texte accompagnant l’exposition Nomen Nescio de Nicolas Daubanes au Château d’Oiron (11 juillet - 31 Octobre 2020)
« Pour paraphraser Marx : très longtemps les hommes se sont inclinés devant les créations dont ils étaient les créateurs et qui les dominaient de toute leur hauteur. Puis, ils se sont révoltés contre l’emprise de ces illusions et se sont libérés des chimères, des idées, des dogmes devant lesquels ils s’inclinaient. Avec les Lumières, ils ont appris à combattre les idées fausses sur eux-mêmes. Ils ont organisé de nouveaux rapports sociaux et politiques mettant en cause les représentations traditionnelles de Dieu, de l’homme et de la femme.[1]
Un trou, un vide, un hiatus, une grotte ou une absence, c’est apparemment un noir dense et profond qui cueille le regardeur lorsqu’il s’apprête à franchir la frontière des combles du Château d’Oiron. Le noir total, est-ce notre sentence ? Devrons-nous le subir indéfiniment ? Etaient-ce les intentions de départ ? Après tout, ne partageons-nous pas le poids du passé et les limites de notre condition ? Nicolas Daubanes, contrairement aux apparences, semble vouloir reconstruire la maison.
Prisons, miradors, structures barbelées ou grillagées, listes et livres noires, le travail de l’artiste baigne, à quelques exceptions près, tout entier, dans l’univers carcéral[2]. Les victimes, les injustices et les oublis de l’Histoire peuplent tels des détonateurs une démarche qui retourne la condition humaine sur elle-même pour la forcer à s’y voir. Si l’œil se fait duper par le trouble d’une poudre de limaille de fer aimanté avec laquelle il dessine, par la porosité et la rugosité de ses structures en béton et sucre, ou encore par des images aux effets saturés, la contrainte chez l’artiste est à la fois son lieu de départ et de destination. S’en libérer, composer avec ou tirer dessus, ses dispositifs en « béton armé » de sucre servent l’ambiguïté d’un recto/verso : symboliquement, l’appréhension visible de la matière convoque l’immuable et l’indéfectible solidité de ces escaliers hélicoïdaux dont il sème des tronçons. Voyons comment cette denrée anodine mais très recherchée durant la seconde guerre, devient alors l’illustration de l’emprisonnement, comme de la délivrance. Capturé dans le mortier du ciment qu’il fabrique, le sucre se fait piège quand ses propriétés permettent à la fois son enfermement et sa libération : une désagrégation de la matière, qui plus est dans le cadre d’une exposition en extérieur, est à plus forte raison envisageable. Même si le poids et la force du béton l’en empêchent inexorablement.
Or, tout peut très vite s’écrouler. C’était le pari de ces résistants qui une fois faits prisonniers, intégraient du sucre à la construction du « Mur de l’atlantique » à laquelle ils étaient forcés. Une fois sec, le ciment rendait l’ensemble des structures beaucoup plus vulnérable mais la tentative vaine et peu discernable était parvenue à se glisser dans un interstice invisible : c’est dans la lenteur et l’invisible que la révolte s’enracine.
Faisant usage d’un fragile distillé dans le despotique, les œuvres de Nicolas Daubanes déjouent les censeurs éventuels en nous. Ses « sabotages »[3], formes carottées d’escaliers en colimaçon en sont un bon exemple. L’artiste pousse le trouble à son paroxysme. Le vrai et le faux se disputent et ne nous offrent aucune issue. Il n’y en aura aucune en effet. Si nous sommes ceux qui doivent encore voir et comprendre, tous les moyens sont bons. Et l’artiste en sait quelque chose, lui dont la quête est de chercher toujours ce qui permettrait d’accéder à une liberté plus vaste.
Sur ces traces de sabotages orchestrés, on retrouve les résurgences de l’Histoire et des résistances aux pouvoirs en place, bien qu’il fit de la Seconde Guerre mondiale, l’un de ses thèmes privilégiés. Et en effet, quoi d’autre que les fils qui, à travers le temps, relient l’Homme et ses événements ? En tirant la pelote de l’Histoire, c’est toujours un bout de la sienne que l’on retrouve sur des sentes abandonnées.
S’il est évident que l’on a largement évoqué jusqu’à présent l’aspect coercitif et hétérotopique du travail de Nicolas Daubanes, on a moins fait état de l’empêchement de la voix. Nomen Nescio, littéralement, « je ne connais pas le nom », affirme l’ignorance, l’entrave et même l’empêchement d’énoncer ce qui est de l’ordre de l’innommable ou de l’inqualifiable comme la servitude, la restriction de liberté, la destruction organisée et absolue de la vie.
Chez Nicolas Daubanes, il n’y a pas d’emphase, de joliesse immotivée, mais bien la poésie et la minutie du regard, assimilation des images et de leur portée, conviction de la transmission et du partage d’une histoire commune. Il y a là un geste couplé d’un regard humaniste et qui laisse la rencontre avec les œuvres, au plus prêt du brut. Tout comme le noir de En plein jour, il ne peut être que résolu. Une action nécessaire, venue de la contrainte ou peut être de l’effort à fournir, à offrir, de la déférence, encore. Ce « plein jour » est une source lumineuse qui surexpose celui qui, plongé d’abord dans le noir, découvre peu à peu, et une fois la lumière surgie, une table éclairée par des ampoules reliées à une batterie posée dessus. Le détecteur de présence permet alors au regardeur, actif, de s’exposer littéralement sous cette lumière prélevée ailleurs. La première fois, c’était en 2019[4]. Extraite des jardins de la colonie des enfants d’Izieu, connue pour sa rafle des quarante quatre enfants juifs enlevés le 6 avril 1944, la charge électrique était projetée dans l’ancienne cours de promenade de la prison à l’endroit du passage emprunté par les enfants avant leur déportation vers Auschwitz.
Ici, la lumière provient de l’Abbaye de Fontevraud[5], lieu s’il en est, d’incalculables fantasmes ou tentatives d’évasion.
Sous les toits, dissimulé mais non loin du jour, ce médium immatériel, voulu comme emmagasiné et même « archivé » à l’aide de panneaux photovoltaïques, devient aussi un fort symbole de résistance. En se soumettant ainsi à la lumière, l’individu affirme son identité, ses idéologies et ses positions. La référence aux interrogatoires et à l’emprisonnement étant d’emblée suggérée par cette mise au noir : l’infâme pratique de « la question » et du pouvoir tyrannique, qu’elle ait lieu en sous-sol ou bien cachée sous les combles, n’aura pas échappé à la sensation de celui qui pénètre dans l’espace. Le toit est ce lieu où finalement, même la lumière naturelle, aussi proche soit-elle, ne pénètre plus.
Sur cette table dont les bancs sont autant d’estrades ou de marchepieds que d’assises à échelle disproportionnée, des livres sont proposés à la consultation[6]. Si cette documentation fait partie des références et outils de l’artiste, le message est univoque : il s’agit bien de ces ténèbres-ci et de cette lumière-là.
De la même façon que dans le film de Jean Pierre Melville[7] L’Armée des ombres (1969), il existe la lumière aveuglante et violente des forces de l’Occupation et celle, de faible intensité mais néanmoins persistante, de la Résistance. Cependant, l’analogie avec l’effet de mise en scène ne s’arrête pas là : la structure de bois conçue par Nicolas Daubanes est la réplique fidèle de celle employée sur scène lors d’une représentation retraçant les détails du procès de la révolte de Nancy[8] par le Théâtre du Soleil[9] .
Du plancher au plafond, il n’y a qu’un toit, la répétition des motifs (escaliers, cuisines, maisons) dont celui de la charpente, concoure à rétablir les fondations. Avec le dessin de La Prison de Charles III de Nancy (2017), le toit incarne également une volonté d’émancipation, de dépassement de soi puisque le 15 janvier 1972, une dizaine de détenus montent sur les toits de la prison pour s’insurger contre les conditions carcérales. Se rendant ainsi visibles, ils revendiquent leurs droits et lancent en signe de révolte et d’alerte, des tuiles entre lesquelles se logent des messages. Six d’entre eux seront jugés lors de ce procès de la révolte de Nancy. Se rendre visible, prendre de la hauteur, c’est vouloir s’élever, se rebeller. C’est ce geste là, semble-t-il qui mobilise l’artiste.
Si les dessins à la limaille de fer portent en eux une esthétique de la ruine et de l’évanouissement, c’est aussi à l’idée d’une reconstruction éloignée des « sociétés de surveillance » développées par Foucault, qu’ils se lient. Leur évanescence matérielle fait d’eux la possibilité de renverser les représentations académiques du dessin. Ils iront même jusqu’à s’écouler sous ou sur eux-mêmes.
A côté, La Grotte de la Luire (2009), présente les mêmes aspirations. A ceci près que c’est emprisonné sous le verre que la poudre de fer s’est incrustée par projection. Référence à la Seconde Guerre mondiale, cette grotte, transformée en hôpital de fortune pour des résistants durant le mois de juillet 1944, a donné liue au massacre de 35 maquisards lors d’un raid allemand particulièrement meurtrier.
Dans l’escalier d’honneur, Les Mille en feu (2019) poursuit la thématique nazie puisque ce camp[10] a été celui qui avait retenu prisonnier de 1943 à 1944 l’artiste Hans Bellmer, et dont la gravure d’époque (1940) laissait figurer son désir de voir la prison brûler. Le dessin de Nicolas Daubanes simule par glissement de la poudre de fer, une évasion par le haut.
La cuisine clôture l’épisode nazie. Réquisitionnée par les soldats allemands durant la guerre, le sol de la cuisine aurait gardé les « stigmates » de leur occupation. La force des impacts liée à la découpe du bois sur la pierre fait de cet événement anodin, insidieux, le lieu d’une conservation. Celle contenant les traces discrètes d’un moment de l’Histoire.
Car l’artiste n’a pas cédé à l’oubli et, en habillant de noir les combles en un manteau de rappel à la justice, il sert la survivance d’une Histoire qui ne doit pas s’éteindre. Après contrôler, « surveiller et punir », il rappelle ainsi l’importance de la position et du geste de l’individu face à la communauté des hommes.
Le simulacre pour écraser la servitude. Peut être est-ce dans les éléments naturels, premiers témoins des événements, ou à l’endroit du foyer, que l’artiste et l’homme doivent encore puiser pour déjouer les détracteurs de la révolte, et contrer ceux qui oeuvrent à poser un mouchoir dessus.
Fanny Lambert
[1] Jordi Vidal, Servitude et simulacre en temps réel et flux constant, Editions Allia, Paris, 2007, p.9
[2] Pour preuves, les nombreuses résidences artistiques en milieux carcéraux réalisées à ce jour par l’artiste.
[3] Série Sabotages (2013-2015)
[4] Installation réalisée dans le cadre de la Fête des Lumières à Lyon au Mémorial National de la Prison de Montluc.
[5] Après des siècles d’activité cléricale, le bâtiment devint centre pénitencier de la Révolution à 1963.
[6] Manuscrits de l’extrême, Mémoires des camps, La collaboration Vichy – Paris – Berlin, 1940-1945, ou encore Leçons de ténèbres – Résistants et déportés, pour ne citer qu’eux.
[7] Ce film est une adaptation du roman de Joseph Kessel « L’Armée des ombres » (1943) et retrace les actions et les chemins de crois d’une cellule de résistants durant l’occupation nazie en France.
[8] « Le 15 janvier 1972, une violente mutinerie éclate à la prison de Charles-III à Nancy . Ce mouvement intervient un mois, jour pour jour, après la révolte de Toul et au lendemain de la remise du rapport Schlmek, consécutif à cette révolte et qui, pour la première fois, reconnaît la rigueur excessive avec laquelle le régime pénitentiaire est appliqué dans certains établissements. Si cette journée de révolte constitue un événement dans l’histoire des luttes autour des prisons du début des années 1970, ce n’est pas tant par son déroulement, ni par la violence qui s’y manifesta, ni même par ses revendications. La mutinerie de Nancy présente les mêmes caractéristiques que bien des mouvements contemporains dans les prisons. Si elle fait événement, c’est par sa réception. Elle intervint au moment même où l’esquisse d’une réforme se faisait jour du côté de la chancellerie. Elle fut durement réprimée : bon nombre des mutins, comme c’était souvent le cas, furent transférés dans d’autres établissements mais surtout six d’entre eux furent inculpés dans le cadre de la loi anticasseurs ; leur procès eut lieu le 8 juin 1972 devant le tribunal correctionnel de Nancy où les six prévenus furent condamnés à des peines allant de cinq à huit mois de prison. Cette inculpation entraîna une mobilisation sans précédent, animée principalement par le Groupe d’information sur les prisons, créé un an plus tôt, le 8 février 1971, par Michel Foucault, Jean-Marie Domenach et Pierre Vidal-Naquet . Le mouvement se développa aussi bien à l’extérieur des murs qu’au sein des prisons à travers des comités de prisonniers. La mutinerie de Charles-III est ainsi un formidable événement à retardement qui donna lieu au premier grand procès de la prison de l’après-guerre ».
in Philippe Artières, La Prison en procès – Les Mutins de Nancy (1972), 2001/2002, Presses de Sciences Po, N°70, p. 57.
[9] « Le Procès de la mutinerie de Nancy », représentation donnée par la compagnie Le Théâtre du Soleil à la Cartoucherie à Vincennes en 1972.
[10] « Le Camp des Mille » était un camp d’internement et de déportation situé à Aix-en-Provence et dont la structure était réalisée en tuiles. Iconographie caractéristique reprise dans la gravure en question et dans certains dessins de Hans Bellmer
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De l’Air - Revue - N°57 - Eté 2014
“L’Invisible contaminé”, pp. 42-50
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Texte de parrainage de l’édition de POHL #10 de l’agence Hans Lucas.
(texte et editing : http://hanslucas.com/mag/previously10)
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Texte réalisé dans le cadre d’un protocole établi par Camille Moravia en miroir de son exposition à la Non Maison autour de la question : “Suis-je la nouvelle Anaïs Nin ?”. Publication sur le site de la Non Maison et sur les réseaux sociaux.
Juillet 2017
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Texte Jadis revient toujours aux mêmes à propos du film Les Chagrins des marins sont tous les chagrins de Clarisse Tranchard et Jérémie Nicolas.
Avril 2017.
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http://a-m-o-r-c-e-s.fr
Lancement du volet #2 d’Amorces. Projet éditorial en ligne, à mi-chemin entre l’exposition en ligne et la revue.
Vue de la soirée de lancement le 26 janvier 2017 à la Galerie Papillon. (c) Charlotte Gonzalez
https://www.facebook.com/pg/flsdnbmv/videos/
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Exposition “Texte/Image - Agnès Geoffray & Gladys Brégeon”
Galerie Gradiva du 23 février au 21 avril 2017.
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Un Printemps pas comme les autres avec Katarzyna KOZYRA

/// Compte rendu
Au corps que l’on étire au bord, en dedans comme en dehors (du cadre), il est encore des expériences qui n’aient pas été absolument consumées. Et lorsque le spectacle est total, au centre de la pièce, et que les silhouettes apparaissent en pantomimes, on croit encore voir s’immiscer ces mêmes figures que l’on pensait avoir déjà maintes fois reconnues. Pourtant, quand l’imaginaire se dégage, on voit enfin la distinction s’installer et occuper une place nouvelle.
Chez Katarzyna Kozyra, il y a là du Cabaret Voltaire et de ses drôles de marionnettes aux arrêtes expressives, aux traits isolés, mais aussi le déchainement orgiaque des Actionnistes Viennois et le drame des silhouettes démembrées ou souillées, des allures malmenées ou aigrelettes, et dont le genre semble disparaître avec elles derrière les plis excessifs. Nous pensions alors ces questionnements autour des formes inspirées par l’art corporel ou ses expressions performatives en bout de course, à court d’idées et de possibles.
Mais l’installation vidéo polymorphe de l’artiste polonaise réveille nos regards en berne et donne au Sacre du printemps (Stravinsky, 1913) un souffle mordu d’insolite qui ne relève ni de la chorégraphie, ni de la performance à proprement parlé, bien que l’on y soit assurément, mais d’une continuité narrative. 25000 clichés montés, ensemble, lui confèrent l’effet d’un film. Ce sont alors davantage des tableaux d’êtres saugrenus qui, passant d’un écran grandiose à un autre, écrasant les perspectives sur leur passage, s’amusent tels de petits diables à contraster l’apparence de leur corps avec l’agilité de leurs poses. Parés d’attributs sexuels factices, ces anciens danseurs de ballets renforcent par leur posture l’absurde à l’œuvre dans l’installation. Mais la drôlerie annulera la gêne et servira depuis ses gestes dé-coordonnés à contrer la gravité qui accompagne habituellement une vision telle de l’intime. Corps vieillissants, vivants et parfois même pimpants, mythes anciens ou cultes modernes évoquant les rites sacraux païens, ils sautillent d’un espace à un autre, d’une ère à une autre. Ce faisant, l’artiste s’acharne à démonter les mécanismes en lutte que le corps et l’esprit alimentent sans cesse. Glissades du masculin au féminin, du juvénile à l’âge mûr, chaires pénétrées et impénétrables à la fois se fondent dans l’atmosphère et l’immensité de la galerie.
Actrice majeure de la scène polonaise, Katarzyna Kozyra présente à la Galerie Christophe Gaillard sa première exposition personnelle en France. Vivant entre Varsovie, Berlin et New York, son installation vidéo Men’s bathhouse avait été remarquée lors de la 48ème Biennale de Venise.

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All the Beauty - Katarzyna Kozyra
3 septembre au 1 octobre 2016
Galerie Christophe Gaillard
5, rue Chapon - 75003 Paris
http://galeriegaillard.com
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Vues de l’installation in situ. © Fanny Lambert
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Exposition “Au milieu des choses - In Medias Res” de Benoit Blanchard -
Galerie Gradiva du 16 septembre au 18 novembre 2016
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Dans l’œil de la science-fiction - De Cajarc aux Arques, un parcours stellaire

Thomas LASBOUYGUES, Radôme à palabres de la Baume, Dôme géodésique, 2016, Bois, PVC, Leds, en complicité avec Christophe Issaly. Photo in situ.
Qu’il soit noir, d’une clarté effarante ou d’un bleu sidéral, lever les yeux vers lui depuis la terre reste toujours cette expérience détonnante. Ce ciel, c’est celui qu’a eu pour horizon durant plusieurs semaines une petite vingtaine d’artistes. Tandis que les uns trouvaient résidence dans le petit village des Arques à travers la proposition de Caroline Bissière et de Jean-Paul Blanchet (Centre dArt contemporain de Meymac), les autres habitaient le non moins charmant Saint-Cirq Lapopie, devenu dépendance de la Maison des Arts Georges Pompidou de Cajarc.
En guise de plongée dans l’éternité, ces inflorescences nous projettent dans une dimension multiple se déterminant à faire, à la fois l’expérience du paysage à travers un territoire donné et celle de l’expression narrative à travers les sciences fictions aspirées par l’art. Cet ouvrage du 17ème siècle relatant une traversée des Alpes ne revendiquait-il pas, avant tant d’autres, « l’expérience du paysage » comme étant « avant tout une expérience de soi » ?
Aux Arques, à la croisée des chemins, telle une quête philosophale, remise en question de la notion de modernisme par Laurent Kropf, trompe l’œil et autres troubles visuels provoqués par la bâche-caméléon de David Coste, une constellation nocturne et diurne sommeillant aux pieds du petit bourg par Séverine Hubard, tabous familiaux occultant les identités et leurs histoires en résonance avec la vie de Zadkine (où il y avait installé son atelier) dans la peinture de Giulia Andreani et pour finir, match de football acrobatique dans la forêt chez Jérémy Laffon. Sous les scories, les illuminations.

Caroline LE MEHAUTE, Négociation 82 - Méta, 2016, Sculpture, fibre optique. Photo in situ.
De l’autre côté, des stations spatiales composites et des drones de surveillance émergent d’un nouveau territoire. Bienvenus dans cette Exoplanète ! Depuis le Rocher de la Baume, Thomas Lasbouygues domine la lande, de jour comme de nuit, car c’est là que sa fantaisie opère. Drônes mais aussi dispositif multi-écrans transformé en enregistreur de reliefs, passant progressivement de la figuration de la nature à son abstraction, avec Landmark, Thomas Lasbouygues se réapproprie « l’esthétique de l’imagerie satellite et topographique » nous dit-on. Cette « fiction exploratoire » de ce nouveau territoire fait place aux autres réalisations qui habitent également le domaine : l’aventure sera donc collective ou ne sera pas ! Comme souvent chez l’artiste. Pour preuve, la station de radio audible sur la fréquence 108 MHZ et jusqu’à 5 km à la ronde installée sur la fusée réalisée à l’aide d’un ancien silo, et qui permet de diffuser plusieurs des pièces sonores des artistes de l’expédition « Exoplanète Lot”. Ce faisant, d’un pont à l’autre, c’est également au point culminant de la vallée que l’artiste a élaboré un gigantesque dôme dit « géodésique », inspiré par l’architecte américain Buckminster Fuller, chez qui l’artiste puisera en particulier l’esprit de ses structures d’habitat modulables qu’il introduisit en 1954. Entièrement bâtie en bois, Radôme à palabres de la Baume (c’est son nom) rappelle à l’envie, la forme de l’abris du berger du Causse, l’ossature d’un ADN ou encore une zone s’apparentant à l’agora, là où la parole du peuple a la possibilité de se faire entendre.

Thomas LASBOUYGUES, Station Radio, 2016, Installation, Silo agricole, antenne, pièces sonores de Tania Candiani, Thomas Lasbouygues, Caroline Le Méhauté, Ludwig, Tracey Warr. Photo in situ.
Cette Exoplanète, initiée par le duo de commissaires Martine Michard (Directrice de la MAGP) / Rob La Fresnais se révèle en précipité. « Sous la clarté du ciel noir de Quercy » ; on dirait presque le début d’un roman. Ce ciel qui, si l’on en croit la science est l’un des moins pollué qu’il soit en hexagone, prend la forme de tous les fantasmes. Quand l’art s’adjoint la science, des sites se dessinent en purs décors de scénarii. Caroline Le Méhauté fait sortir de terre l’entrée d’une station à l’évocation SF dont les scintillements du couloir en cul-de-sac servent l’émerveillement comme la limite de l’aventure. Un mystère demeuré total. Un mystère… ou le signe d’un constat.
Une nouvelle géographie pour de nouvelles formes de représentations, du passé comme du futur. La Maison des Arts Georges Pompidou accueille également l’étonnant film d’Angelica Markul dont voici le récit subjectif.
Sorte de mantra métallique, et nous conduisant à vers 400 000 milliards de planètes, le film diffuse comme un goût d’acier dans la bouche alors même qu’il a plutôt tendance à s’y loger un sentiment d’apaisement. La froideur de l’automatisme s’efface devant l’évident rouage et sa mécanique folle, démesurée, presque bestiale. Avec cette spirale infernale dû à la rotation de la machine sur elle-même, la roue et la fortune de l’humanité ne s’arrêtent plus de tourner. Il y a Ici, dans « le cœur de cette gigantesque machine », le constructivisme des années 1920 et la Nouvelle Objectivité décrite par P. Mac Orlan. Image méditative, hypnotique à géométrie variable de formes et de couleurs, elle captive, engloutie la pensée. C’est son autre versant. La répétition comme mode de perdition. Ce que met par ailleurs en avant Julien Prévieux dans nombre de ses films à travers l’automatisation et la réitération du geste. Il y a là, derrière, toutes les révolutions industrielles du 19ème et du 20ème siècle, le remplacement de l’homme par la machine et son pouvoir infini de destruction. Sa suprématie. Que faire de cette iconographie d’anticipation du futur ? Il semble que pour y répondre, les formes de l’abstrait soient sans cesse conviées par l’homme ou laissées dans un imaginaire. Ici ou là, « la vérité est ailleurs ». Ailleurs ou dans l’arrière-pays tels qu’il est imaginé et animé par Yves Bonnefoy. La naissance d’un paganisme ne suggèrerait-elle pas l’évocation de parties immergées la constituant et des parties dissimulées que la conscience n’est pas encore a même d’inventer ?
« Imaginant ainsi, je me tourne à nouveau vers l’horizon. Ici, nous sommes donc frappés d’un mal mystérieux de l’esprit, ou bien c’est quelque repli de l’apparence, quelque défaut dans la manifestation de la terre qui nous prive du bien qu’elle peut donner. Là-bas, grâce à la forme plus évidente d’un vallon, grâce à la foudre un jour immobilisée dans le ciel, que sais-je, ou par le fait d’une langue plus nuancée, d’une tradition sauvée, d’un sentiment que nous n’avons pas (je ne peux ni ne veux choisir), un peuple existe qui, en un lieu à sa ressemblance, règne secrètement sur le monde… Secrètement, car je ne conçois rien, là non plus, qui heurte de front ce que nous savons de l’univers. La nation, le lieu absolu, ne sont pas si défaits de la condition ordinaire qu’il faille, pour en rêver l’existence, les entourer de parois d’ozone pur. Si peu nous manquant ici, les êtres de là-bas n’ont qui les distingue de nous, je suppose, que la bizarrerie peu marquée d’un simple geste, ou d’un mot que mes proches, en commerçant avec eux, n’ont pas cherché à approfondir. N’est-ce pas toujours l’évidence qui nous échappe le plus ? Moi, cependant, si un hasard m’ouvrait cette voie je saurais peut être comprendre. »
in Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays, 1972.
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Les Ateliers des Arques
5 juillet / 18 septembre 2016
Le Presbytères - 46250 Les Arques
05 65 22 81 70
www.ateliersdesarques.com
(Les Ateliers des Arques, résidence d’artistes, accueille depuis 1988 des artistes plasticiens dans le village des Arques, au coeur du milieu rural.)
Artistes en résidence : Giulia Andreani, David Coste, Séverine Hubard, Laurent Kropf, Jérémy Laffon.
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Exoplanète Lot
3 juillet / 4 septembre 2016
Maison des Arts Georges Pompidou
Centre d’Art Contemporain
Résidences internationales d’artistes
134 avenue Germain Canet - 46160 Cajarc
05 65 40 78 19
http://www.magp.fr
Artistes en résidence : Tania Candiani, Thomas Lasbouygues, Ludwig, Caroline Le Méhauté, Hehe, Angelika Markul, Tracey Warr.
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“Quelques manuscrits trouvés dans une cervelle…“et tout ce qui l’entoure à la Galerie Martine Aboucaya
/// Compte rendus
Reprenant à son compte le titre d’un conte de Paul Valéry, Agathe ou le Manuscrit trouvé dans une cervelle, la proposition collective faite ici a ce quelque chose de rare. Rare, donc fragile et mouvant, puisqu’elle ouvre plusieurs portes à la fois. A chacun le loisir de choisir la (les) sienne(s).
Discuter à travers le temps et la diversité des médias permet de souligner la mise en transformation que l’art, comme ses créateurs attendent patiemment avant de faire apparaître cette intense “matérialité d’une idée sur un support”. Qu’elle soit picturale ou poétique, de nature sémantique ou conceptuelle, c’est l’émergence d’une idée telle qu’elle condense à ce moment précis toutes le promesses qui lui sont suspendues, que l’exposition lisère avec subtilité. Cette fugacité opérant en mystère. Si ces “étincelles” telles qu’elles sont évoquées dans le texte peuvent s’épanouir, rien ne nous contraint à penser qu’elles ne puissent pas s’évanouir aussitôt.
Attraper les mots, les sons, les images. La poésie se veut répandue, quasi ubiquiste à travers ce voyage mental qui laisse chacune de ses oeuvres s’inventer une grammaire liant la pensée au geste langagier. Si La Pluie chez Marcel Broodthaers dilue les lignes manuscrites jusqu’à leur totale illisibilité donc néantisation, chez Angela Detanico et Rafael Lain, sémiologues et graphistes d’origine, au contraire, les mots se font apparition lumineuse, éclaircissement de la Conscience. Ce sont de légers déplacements de l’oeil qui forcent à déchiffrer les systèmes de représentations. Ce fameux changement du temps de l’écriture à l’écriture de nos multiples temps. Rien n’est moins aisé, pourtant, que de faire apprendre à une plante l’alphabet ! semble insinuer avec facétie John Baldessari qui s���évertue à répéter infiniment les mêmes phonèmes.
Au cartel, une liste pléthorique d’artistes : John Baldessari, Christian Boltanski, Marcel Broodthaers, Philippe Cazal, Claude Closky, Angela Detanico/Rafael Lain, Peter Downsbrough, Hans-Peter Feldman, Joseph Grigely, Joséphine Kaeppelin, Thierry Kuntzel, Claire Morel, Federico Nicolao, Bernard Ollier, Jacques Roubaud, Fabrice Samyn, Vittorio Santoro, Michael Snow et Elsa Werth.

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Quelques manuscrits trouvés dans une cervelle…
12 mai au 22 juin 2016
Galerie Martine Aboucaya
5, rue Sainte Anastase - 75003 Paris
http://www.martineaboucaya.com/group-show-quelques-manuscrits-trouves-dans-une-cervelle/
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Angela Detanico et Rafael Lain, Conscience, 2016, single projection animation, B/W, silent, edition of 5. Vue de l’exposition.
Marcel Broodthaers, La Pluie (projet pour un texte, ….). Vue de l’exposition.
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Exposition du 20 mai au 20 juillet 2016
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http://a-m-o-r-c-e-s.fr
Projet éditorial en ligne, à mi-chemin entre l’exposition en ligne et la revue. Lancement mai 2016.
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A line made by walking or… dreaming – « Unidentified Line » à la Galerie Eva Meyer
/// Compte Rendus
Suivre la ligne et s’en éloigner. Ne pas en rester là.
Un échappatoire, une respiration à travers la masse d’équation papier/crayon qui nous est présentée en rouleau ces jours-ci. Voilà à quoi nous convie la galerie Eva Meyer. Car aborder le dessin contemporain, qu’il flirte du côté du concept ou de la matière, c’est aussi accepter ses œillades vers l’extérieur. Si l’œuvre sur papier, qui semble avoir le vent en poupe, constitue le dénominateur commun de cette exposition faite d’élégance et de justesse, elle accompagne également une distance légitime, pour ne pas user du souhaitable - au sujet d'une pratique qui, bien souvent, chez l’artiste, coexiste avec d’autres champs d’intervention.
« Non identifiées », ces lignes qui nous sont données à voir à travers ces “autres dessins” (entendez perforations, collages mixtes, recadrages In-cadre, emploi de gouache et carton commercial), nous conduisent à repousser les frontières du médium, et avec lui, du figurable. Dans ce « pays de nulle part » emprunt d’une Utopia Morienne nous dit le texte de présentation, on donne là, les possibilités à ceux que le voyage séduit, d’embraquer vers cet ailleurs. Voici des portes forcées par de nouveaux horizons (pourquoi donc se limiter au cadre de la raison ?) que des cartes géographiques ne pourraient identifier. C’est un « Tourisme » abstrait auquel nous convie Stéphane Bérard – Une localisation virtuelle et sans doute, aimerait-on le croire, quasi arbitraire de nous-mêmes. Zoomés dans cet espace physique qui est le nôtre, entre le papier vivant et notre perception oblique. Des règles aux échelles, tout saute à mesure que nous nous y approchons.
Avec Vitali, Jan Kopp confirme cette mise à mal des reliefs. Matière repoussée, raboutée, perceptions troublées oblige, le vrai détour à effectuer durant cette célébration à main levée se situe ici, et à travers cette déclinaison d'”unidentified lines”.
FL.


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Unidentified Line
31 mars - 7 mai 2016
Galerie Eva Meyer
5, rue des Haudriettes - 75003 Paris
www.galerieevameyer.com
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Stéphane BERARD, Dessin cadré, Tourisme, 2001, Stylo sur carte IGN, 25x31 cm. Vue de l’exposition.
Jan KOPP, Vitali, 2016, Crayon papier sur carton commercial, 37x28,5 cm.Vue de l’exposition.
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Les échos invisibles de Mustapha Azeroual
Un jour, un billet, une image
/// Extraits
Dans le cadre de la Première Biennale des Photographes du Monde Arabe Contemporain, la galerie Binôme a choisi de montrer ce qui selon Mustapha Azeroual, nous est impossible de distinguer de façon visible à travers le voir : la lumière du soleil. Issue d’une contradiction ultime, le constat de l’artiste est le suivant : ce qui rend visible (la lumière) demeure invisible à nos yeux.
En tentant de capturer cette matérialité insondable, ses daguerréotypes sont les résultats d’une inversion en négatif des forces lumineuses, comme celle provoquées par le flash (qui se rapprocherait le plus de la source solaire). Le négatif perdure, laissant en facture, un virage final à l’or qui offre une double réalité de l’image, à la fois en positif et en négatif. Mise en abîme des miroirs qui se succèdent, qui convoque ou malmène, c’est selon, la duplicité de nos propres représentations, ces images réalisées à la chambre portent en elles l’apparence mystérieuse et mystique des reliques. Preuves elles aussi voulues tangibles à une certaine forme de réalité. Fondu parmi le dévoilement d’une photographie issue de monde arabe contemporain, ce fameux discours sur la lumière est à observer de près jusqu’à samedi prochain.

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Discours de la lumière (Dans le cadre de La Première Biennale des Photographes du Monde Arabe)
10 novembre 2015 - 16 janvier 2016
Galerie Binôme
10, rue Charlemagne
75004 Paris
www.galeriebinome.com
http://www.azeroualmustapha.com
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Mustapha Azeroual, Echo#1 - Daguerréotypes, 2015
épreuve sur plaque de cuivre argentée, 20 x 16 cm.
Texte et photo Fanny Lambert
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