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fvarcheek · 1 month ago
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Former Amstrong Rubber Building (1968-70) in New Haven, CT, USA, by Marcel Breuer & Robert F. Gatje
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fvarcheek · 2 months ago
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National Library of Turkmenistan, Ashgabat, 1991 (source)
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fvarcheek · 2 months ago
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On croit aujourd’hui mon pays divisé contre lui-même. Il ne l’est qu’à l’égard des mystiques qu’on prétend lui imposer du dehors et qui répugnent à sa tradition et à son génie, mais qu’il s’efforce, malgré cela, d’assimiler, ou du moins de rendre intelligibles, parce que sa vocation est de tout comprendre, de tout risquer pour comprendre. Notre honneur, et aussi notre malheur, est que nous restons sincères parmi les menteurs, humbles parmi les orgueilleux, raisonnables parmi les fous.
On nous accuse de douter de nous. Mais il faut plaindre davantage les peuples qui, pour croire en eux-mêmes, ont besoin de s’exciter jusqu’à la frénésie, qui ne se trouvent qu’à la limite du délire collectif et qui redeviendront des esclaves dès qu’ils cesseront de se proclamer des dieux au roulement de cent mille tambours. […]
“En avant ! en avant ! Une humiliation ne se répare pas, elle se venge.”
Je souhaite que la France ne perde pas trop de temps à combler cette espèce d’orifice ouvert dans son histoire et d’où monte une odeur sinistre. Qu’elle jette une planche dessus et qu’elle passe outre. En avant ! en avant ! Une humiliation ne se répare pas, elle se venge.
Il est facile de trouver des excuses à notre défaillance, nous préférons mille fois qu’on ne lui en cherche aucune, nous refusons de plaider pour la déroute. C’est la propagande ennemie qui commence à se charger de ce soin, inspire çà et là de timides réserves contre un jugement trop hâtif, trop dur, nous invite sournoisement à rejeter sur un petit nombre d’hommes le poids du désastre de la nation, comme si la France n’était pas assez grande pour l’assumer. Je dis la France, la France de quarante rois, de deux empires, de trois révolutions, la France de la Marne et de Verdun. Prennent-ils donc la plus vieille chrétienté d’Europe pour un enfant mineur, victime de mauvaises fréquentations, et en faveur duquel l’avocat plaide l’irresponsabilité ?
Il est honteux de voir de jeunes Français bien intentionnés je suppose, mais sans doute justement inquiets pour leur génération du jugement de l’histoire, lier leur cause à celle du pays. « En faisant douter de nous, disent-ils, vous allez faire douter de la France. » Et ils s’efforcent de dresser un bilan favorable des efforts d’avant-guerre, de ces diverses « Renaissances » — littéraires, sportives, morales, religieuses — dont ils avaient si soigneusement jadis établi les plans sur le papier. Ils versent ces pièces précieuses au dossier. Hé bien la France ne veut pas de dossier ! Il ne saurait être question pour elle de s’en remettre à son banquier, à son avocat, ou même à son confesseur, dans une affaire où son honneur est engagé.
Quelle que soit, en effet, l’opinion qu’on ait sur l’armistice, un fait est certain, indiscutable : nos armées ont été dispersées, Paris rendu, notre territoire conquis de la Meuse aux Pyrénées en un peu plus de vingt jours. Le caractère foudroyant d’une telle catastrophe a quelque chose de suspect. La France ne peut supporter d’être soupçonnée d’une sorte de faillite frauduleuse, ce soupçon fût-il injuste. C’est ce que comprendront sans peine mes plus déterminés contradicteurs, et parmi eux mon distingué confrère, M. le Directeur du Meio-Dia (l), car, si loin que nous entraîne parfois le démon de la polémique, ce proverbe de mon pays est toujours vrai qu’entre honnêtes gens, n’est-ce pas ? On finit toujours par s’entendre.
Bref, au risque de renier ce qu’elle doit, la France préfère celui de payer ce qu’elle ne doit pas. Des deux hypothèses qui se proposent à sa conscience, elle admet la pire, elle signe au monde un chèque en blanc. Après tout, elle devait à ce monde une victoire, elle lui a donné une défaite, elle n’en discutera pas les causes. Une nation de son rang ne supporte pas de décevoir, fût-ce le plus humble de ceux qui ont cru en elle — et celui-là moins qu’un autre. Il se peut que notre défaite soit honorable, il se peut que notre honneur soit sauf, mais ce n’est pas assez qu’il se puisse, il faudrait que ce fût évident, que cette évidence s’imposât du premier coup à tout homme de bonne foi. Dans le doute, la France préfère répondre de la déroute, et nous avec elle.
Car enfin, la défaite, c’est nous. Jeune ou vieux, tout Français aujourd’hui vivant doit accepter sa part de honte. Les anciens services rendus, les sacrifices consentis, les maux soufferts, ne comptent plus. Que les jeunes Français acceptent de jeter dans la fosse sans gloire leurs « Renaissances » ratées, leurs ambitions déçues, leurs bonnes intentions, d’autrefois, inutilisables maintenant, nous y jetons bien, nous les vieux, nos vies usées, nos pauvres lauriers de l’avant-dernière guerre. La France choisira plus tard, beaucoup plus tard, entre ces reliques poussiéreuses, ce qui lui paraîtra pouvoir encore servir. Aujourd’hui nous ne pouvons rien, nous nous reconnaissons insolvables, voilà tout. Il faut que notre pays réponde, pour ses fils prodigues. La France avait tiré une traite sur nous, et sous prétexte que nous avons laissé passer l’échéance, elle ne laissera pas protester sa signature. Elle ne regarde même pas le tas de papier qui s’accumule à ses pieds depuis trois mois, elle dédaigne d’en vérifier le compte, elle regarde le monde en face — amis ou ennemis — et elle dit simplement : « Je paierai tout ! »
“Je reste debout non par orgueil, comme ils vont faire semblant de le croire, non pour les défier eux-mêmes, mais parce que je ne puis parler que debout, c’est une position qui m’est naturelle, et d’ailleurs je ne parle qu’aux hommes debout !”
Les jeunes réalistes peuvent bien croire que ce que j’écris ici, c’est de la littérature. Leur jugement m’importait peu hier, il m’importe encore moins aujourd’hui. La France dont je parle n’est pas un mythe, une image poétique, elle existe réellement. C’est même la seule qui compte, car c’est celle qu’on aime, l’amour la fait vivante, mille fois plus réelle et plus vivante que celle qui négocie, épargne, spécule, fabrique. Toutes ces Frances-là ne seraient rien sans elle, car c’est à elle qu’on croit. Pour me mettre à la portée des jeunes réalistes, je dirai que notre crédit lui-même, en dernière analyse, se fonde moins sur l’or de nos coffres que sur le juste renom de l’honneur français. […]
Les ennemis de mon pays m’accusent probablement d’orgueil, et je n’ai jamais été moins orgueilleux qu’aujourd’hui, j’ai ressenti jusqu’aux moelles l’humiliation de mon pays et, doutant parfois de lui — non de son passé, certes ! mais de son avenir —, je ne suis que trop tenté de désespérer de moi-même, de mes livres, de tout ce que j’ai fait. Je reste debout non par orgueil, comme ils vont faire semblant de le croire, non pour les défier eux-mêmes — car je ne les méprise nullement, et peut-être nous aimerions-nous si nous nous connaissions mieux —, mais parce que je ne puis parler que debout, c’est une position qui m’est naturelle, et d’ailleurs je ne parle qu’aux hommes debout ! Oui, le geste naturel de ma race devant Dieu, c’est de se lever, de se mettre debout, d’attendre ainsi ses ordres, ce n’est pas de se coucher par terre, en frappant le sol du front, comme on fait ailleurs. Un chrétien français ne devrait se coucher que pour mourir.
Nous n’ignorons pas, et je n’ignore moins que personne, quelle faute nous venons de commettre, quelle déception nous avons donnée. Notre seule manière d’en demander pardon est de nous lever pour les réparer. Nous les réparerons à notre manière, nous les réparerons “à la française”. Nous sommes la chrétienté de France. Nous ne dédaignons pas les autres chrétientés. Nous savons qu’elles ont chacune leur vocation particulière, et que toutes ces vocations particulières retourneront un jour à leur source, qui est la Sainte Charité de Jésus-Christ. Mais sous prétexte de repentir ou d’humilité, nous n’inclinerons pas devant d’autres traditions historiquement moins glorieuses et moins pures que la nôtre, la tradition des aïeux. […]
Il est si facile d’avoir raison contre la France ! On pourrait presque écrire que notre histoire est l’histoire de nos fautes, ou du moins elle parait telle au regard des hommes graves, des hommes sérieux, et en général de toute espèce d’animaux à sang froid. Les hommes graves voient les fautes, en calculent les conséquences, mais ils ne vivent jamais assez longtemps pour reconnaître qu’ils se sont trompés dans leurs calculs, que les mêmes erreurs qui eussent consommé leur ruine n’ont ralenti qu’un moment l’élan de notre peuple, ou plutôt ne l’ont ralenti qu’en apparence, car le rythme de la vie française n’est pas celui de leur propre vie.
Un homme même grave, même conservé par l’ennui, ne dure pas beaucoup plus d’un demi-siècle, et dix siècles, pour une nation, ce n’est rien. D’ailleurs, on n’a jamais vu une nation mourir de vieillesse ou de maladie, les nations sont moins fragiles que les races, parce qu’elles sont riches d’hérédités diverses, parfois contradictoires, elles ont plus de nerfs que de muscles, au lieu que les races réservent aux historiens les mêmes déceptions que les colosses aux médecins.
“Croyez-vous qu’un pauvre bonhomme, en vingt ans d’expériences de bibliothèques […], puisse comprendre quelque chose au destin d’une nation qui a un millénaire derrière elle, et plusieurs millénaires par-devant, pour qui les siècles sont des jours ?”
Les mêmes femmes qui bien portantes font la fortune des pharmaciens triomphent d’affections aiguës dont la moindre mènerait au cimetière un champion. Je sais bien que ce que je vais dire ne me vaudra pas l’estime des lecteurs qui ont soif de vérités surprenantes, paradoxales, mais, sincèrement, croyez-vous qu’un pauvre bonhomme, en vingt ans d’expériences de bibliothèques — sans parler du temps qu’il donne à ses petites affaires, au bridge, à l’Académie, à d’autres soins plus frivoles encore —, puisse comprendre quelque chose au destin d’une nation qui a un millénaire derrière elle, et plusieurs millénaires par-devant, pour qui les siècles sont des jours ?
Oh ! sans doute, ils passent pour s’instruire les uns les autres, d’âge en âge, on dit qu’ils se transmettent le flambeau. Il faut donc que ce flambeau n’éclaire jamais le même pan d’ombre, car ces Messieurs ne s’accordent pas du tout entre eux sur ce qu’ils voient, sur ce qu’ils ont vu. C’est peut-être qu’ils ne regardent vraiment qu’eux-mêmes. Ils attendent de l’histoire de France qu’elle les justifie d’être ce qu’ils sont, de penser ce qu’ils pensent. Ils voudraient que cette histoire fût aussi sérieuse, aussi ennuyeuse que la leur, on les étonnerait bien en leur disant qu’elle ressemble beaucoup plus à la vie d’une femme passionnée qu’à l’honorable et studieuse carrière d’un membre de l’Institut. Les événements ne leur apprennent rien, parce qu’ils s’efforcent de les relier entre eux par la même logique arbitraire qui gouverne leur destin, ils refusent de croire à ces réactions spontanées, imprévisibles, foudroyantes, qui font tout le mystère des grandes âmes et des grands peuples.
L’histoire est un perpétuel recommencement, disent-ils. Quelle erreur ! C’est eux qui recommencent toujours, c’est eux qui ne changent jamais. On voit ainsi, dans mon doux pays de Provence, les vieux « retraités », chauffant leurs rhumatismes au soleil, assis gravement côte à côte sur les bancs de la petite place. Ils regardent jouer les enfants, mais ils ne comprennent plus rien à leurs jeux. Ils regardent passer les amants, mais ils ne comprennent plus rien à l’amour. Parce qu’ils ne comprennent plus rien au jeu ni à l’amour, ils se croient sages, ils remâchent amèrement leur sagesse, haussent les épaules, branlent la tête, jusqu’au jour où leur place est vide, aussitôt remplie par un autre vieux qui leur ressemble comme un frère, qui reprendra la même vaine méditation au point où l’autre l’aura laissée, avant d’aller bientôt le rejoindre au cimetière.
“Je me suis toujours efforcé de comprendre la France, parce qu’elle m’est toujours apparue depuis l’enfance ainsi qu’un être vivant, vraiment vivant, c’est-à-dire capable d’aimer.”
Je me suis toujours efforcé de comprendre la France, parce qu’elle m’est toujours apparue depuis l’enfance ainsi qu’un être vivant, vraiment vivant, c’est-à-dire capable d’aimer. Je ne souhaitais pas seulement de l’aimer, comme si mon amour était un don précieux, volontaire, qu’elle dût accepter avec gratitude. Je désirais de tout mon cœur qu’elle m’aimât, qu’elle me comprît, qu’elle me reconnût pour l’un des siens, que son regard se posât sur moi, ne fût-ce qu’un moment, qu’elle se révélât le temps d’un éclair, une fois, une seule fois, comme le bon Dieu daigne se révéler aux saints.
Et pour voir se réaliser ce souhait magnifique, je ne comptais nullement sur la chance d’une carrière heureuse, ou glorieuse, qui m’imposât un jour à son attention, car je savais déjà, je sais encore aujourd’hui, que la grandeur et les honneurs sont peu de chose à ses yeux, que nous ne devons rien attendre que de son royal bon plaisir, de son libre et gracieux choix. Je me suis toujours efforcé de comprendre la France, mais à présent il me faut la comprendre coûte que coûte, je ne puis plus me passer de la comprendre, rien ne m’importe plus que de la comprendre. Jamais je ne l’ai sentie si loin de moi, et c’est peut-être qu’elle n’a jamais été plus proche, qu’elle m’impose la suprême épreuve non de souffrir pour elle, comme il y a vingt ans, mais de souffrir par elle, de ne plus reconnaître son visage humilié.
Notre peuple a été vaincu, il est aujourd’hui tenté. On ne doit traiter à la légère ni la tentation, ni le tentateur. Nous n’ignorons rien des fautes du passé, ni des arguments qu’elles peuvent fournir aux agents de l’ennemi. L’ennemi fait beaucoup de promesses, et peut-être en tiendra-t-il quelques-unes, peut-être ne refusera-t-il pas quelques menues faveurs à sa belle proie pourvu que, se prosternant, elle l’adore. Le Maître nous tend sa main à baiser, « Baisez-la, qu’importe » murmurent les entremetteurs et les casuistes, les intellectuels pourris, les vieillards macérés dans l’impuissance et la rancune comme un cadavre dans les aromates.
Ainsi parlaient-ils déjà, voilà bien des siècles, à l’oreille de Jeanne d’Arc. Elle était seule devant eux, les mains nues. Et ils avaient tout. Ils avaient la force, la science, le prestige du ministère sacré. Ils argumentaient au nom du bon sens, de la raison, de la foi catholique, de Dieu même. La seule chose qu’ils ne pouvaient faire, c’était de parler au nom de l’honneur. L’honneur de la France était dans ces mains nues, innocentes. Hé bien ! il y est encore aujourd’hui. Les frêles doigts, les doigts enfantins que toute la force de la puissante Angleterre des Plantagenêts n’a pu réussir à desserrer, ne s’ouvriront pas aujourd’hui entre les mains d’un rustre allemand. […]
“Il est consternant d’observer que des écrivains illustres, de renommée universelle, et dont le caractère est certainement égal au talent, se sont laissé gagner par la contagion, cédant ainsi au désir de toucher, de séduire, de secouer les nerfs du public.”
Pour être tout à fait sincère, il ne suffit pas, comme le pensent tant de bienheureux et de bienheureuses formés par les casuistes, de s’abstenir de mentir. Il est nécessaire de s’avancer avec toute la part de vérité dont on dispose, part qui, si modeste soit-elle, est presque toujours beaucoup plus précieuse qu’on ne le pense soi-même : car il nous est difficile de jauger d’emblée la valeur de ce qui nous a coûté tant d’efforts et que nous avons dû attendre si longtemps, au-dedans de nous-mêmes. C’est pourquoi, chaque fois que je vous parle de mon pays, je reste consterné en faisant le compte du petit nombre de choses que j’ai à vous dire, une fois que j’ai achevé la tâche d’écarter toutes celles qui ne me paraissent pas nécessaires.
Il serait évidemment plus avantageux pour moi de ne pas me montrer aussi sévère dans ce choix, et cela flatterait la vanité d’un certain nombre de lecteurs, qui probablement ne se sont jamais donné la peine de comprendre la France, mais se donnent beaucoup de mal pour garder l’illusion qu’ils l’ont comprise ; il accueillent évidemment les recettes fournies par des intellectuels dont le rôle se ramène à transporter de livre en livre et de capitale en capitale quelques idées sommaires et brillantes, faciles à placer, comme ils transporteraient des échantillons dans une valise. Tous les pays possèdent de tels parasites, mais, conformément au proverbe « corruptio optimi pessima », les exemplaires les plus ridicules de cette espèce sont fournis par quelques artistes et écrivains français, devenus fournisseurs attitrés de pacotille destinée à l’exportation.
Je ne prétends aucunement que de tels individus soient des imbéciles, bien au contraire. Ils seraient très capables d’exercer une autre profession, mais ils ont choisi celle-là comme étant mieux accordée à leur nature, comme s’ils étaient venus au monde pour ce genre de succès. Ils connaissent admirablement les points faibles du public et s’entendent à lui épargner tout effort de discernement, à substituer à l’idée vraie une banalité prétentieuse, au sentiment sincère le jeu sentimental. Il est consternant d’observer que des écrivains illustres, de renommée universelle, et dont le caractère est certainement égal au talent, se sont laissé gagner par la contagion, cédant ainsi au désir de toucher, de séduire, de secouer les nerfs du public. […]
L’effort désintéressé d’un homme pour comprendre la France est un acte qui va bien au delà de la simple littérature et qui a, à mes yeux, un caractère sacré, presque religieux. Si humble que soit cet homme, si étranger que je le suppose à notre race, et sa peau fût-elle de couleur très foncée, je ne puis tolérer qu’il soit mystifié par des intrigants et des pédants, ou que la noble passion qui l’anime tourne à ce conformisme dont justement l’esprit français a horreur, étant donné que sa mission est de le briser sans cesse, à mesure qu’il se reforme, comme un bateau brise-glaces passe et repasse à travers les banquises, afin d’ouvrir une voie libre à la mer.
“Si vous aimez la France et son esprit, n’en attendez pas la définition, car cette définition n’existe pas.”
Chers amis, cette fois encore, l’idée que je vous offre est très simple : pourtant je ne la traiterai pas à la légère, car elle est de celles qu’un Français préfère à toutes les autres, parce qu’elles mettent d’accord l’intelligence et le cœur. Il n’y a qu’un moyen de servir réellement la France, c’est de l’aimer. Et il n’y a qu’un moyen de l’aimer, c’est de la comprendre, je veux dire de chercher à la comprendre, car c’est en vertu de cette volonté et de l’effort qu’elle exige que vous vous trouverez associés à son aventure millénaire, à l’immense déroulement de son histoire, l’histoire d’un peuple dont le génie tendre, lucide et douloureux est le génie de la sympathie.
Si vous aimez la France et son esprit, n’en attendez pas la définition, car cette définition n’existe pas. Mon pays est plein de contradictions, comme n’importe quelle créature humaine, comme la vie elle-même ; la raison seule ne saurait résoudre ces contradictions, il y faut absolument la clairvoyance de l’amour, que le christianisme a divinisée sous le nom de charité. On parle beaucoup de son génie équilibré ; on pourrait bien mieux parler de sa flamme, de la ferveur sacrée qui la jette sans cesse d’expérience en expérience, de risque en risque.
Cette contradiction, comme les autres, est à peine apparente, car l’équilibre est une condition du mouvement, et si le danseur de corde voltige à cinquante mètres au-dessus du sol comme un oiseau ou comme une flamme, c’est qu’il a le sens de l’équilibre dont il paraît défier les lois. Oh ! je sais très bien que beaucoup d’entre vous, en lisant ces phrases, me feront peut-être l’honneur de les trouver harmonieuses, émouvantes, poétiques, mais l’instant d’après les oublieront. Ah! il n’y a qu’un moyen d’aimer et de comprendre la France, mais de même, pour elle, il n’y a qu’un moyen de se faire aimer et comprendre, c’est d’agir, de s’élancer en avant, de montrer la voie.
Il suffit qu’elle s’arrête, ou simplement qu’elle ralentisse son ardent élan historique, pour que les parasites intellectuels qui foisonnent partout sur le monde comme les poux dans la fourrure d’un animal malade, se jettent sur elle comme sur leur proie. Ils sophistiquent sa pensée, à l’imitation des Pharisiens qui sophistiquent l’Évangile, et ils mettent la pensée française hors de la portée des esprits droits et des cœurs simples pour lesquels Dieu l’a faite.
Lorsque j’affirme que la France est révoltée par l’imposture, qu’elle a pour l’imposture, et particulièrement pour les formes supérieures de l’imposture — celles de l’esprit —, une espèce de répulsion nerveuse, capable de la porter à des actes extrêmes, de la faire passer brusquement de l’agitation de la colère à la prostration du désespoir, le moindre petit licencié d’histoire m’accusera de tomber dans un anthropomorphisme enfantin ; mais j’aime mieux être d’accord sur ce point avec Michelet et Péguy qu’avec n’importe quel petit licencié d’histoire.
Car en écrivant que notre peuple est le moins pharisien du monde, c’est-à-dire le peuple qui compte le moins grand nombre de Pharisiens, chez qui le pharisaïsme prospère mal, l’auteur du Mystère de Jeanne d’Arc nous a définis essentiellement, substantiellement, puisque notre horreur naturelle du pharisaïsme explique à la fois nos vertus et nos vices, cette horreur a fait nos héros comme nos anarchistes, des êtres d’une droiture et d’une loyauté incomparables, mais aussi des cyniques et des débauchés. Elle explique également certaines contradictions apparentes de notre histoire, certains retournements prodigieux.
“La France est capable de se résigner à bien des injustices, mais elle ne saurait tolérer […] cette espèce d’injustice qui prétend s’exercer au nom de la justice.”
La France est capable de se résigner à bien des injustices, mais elle ne saurait tolérer — au sens exact, j’oserai dire au sens médical de ce mot — cette espèce d’injustice qui prétend s’exercer au nom de la justice. Ainsi, par exemple, l’Inquisition, introduite chez nous par les moines fanatiques d’Espagne, et dont le but principal semble bien avoir été d’enrichir, par les confiscations, le clergé simoniaque d’Italie, nous rendit anticléricaux pour des siècles. Il ne serait pas moins vrai d’affirmer que la féroce hypocrisie des princes protestants du XVIe siècle, qui pillaient l’Eglise sous prétexte de la réformer, nous détourna à jamais du protestantisme.
C’est face à une imposture de ce genre que le grand Drumont disait : « Cela me rend physiquement malade. » Et c’est bien une imposture de cette sorte qui rend la France malade, qui l’intoxique, qui l’empoisonne. Comme je le disais naguère, il arrive alors que le venin lui monte à la tête et la jette au paroxysme de la fureur. Mais il se peut aussi que les nerfs lâchent et que la révolte de l’âme nationale s’exprime par l’ironie douloureuse, le scepticisme, et même la stupeur. […]
Je ne me suis jamais senti plus d’estime pour les masses de gauche que pour les masses de droite, et la raison en est bien simple- Il y a eu autrefois des idéalistes de gauche et des idéalistes de droite, mais les méprisables dégénérés qui se recommandent aujourd’hui d’eux ne mériteraient que leur mépris. Comment d’ailleurs les reconnaître ? L’homme jadis flétri par les révolutionnaires sous le nom d’homme d’ordre ne serait pas aujourd’hui Cavaignac, mais M. Thorez. Les gens de droite dénoncés par moi dans les Grands Cimetières utilisaient contre leurs adversaires des méthodes qu’ils n’avaient cessé de flétrir.
Mais les gens de gauche tout au long du XIXe siècle n’ont cessé d’exalter ces méthodes. “La Révolution est un bloc”, déclarait G. Clemenceau solidarisant ainsi les combattants de l’armée du Rhin avec les égorgeurs de septembre. Il est certainement ignoble d’entendre un prêtre approuver l’épuration sans jugement des suspects, mais il n’est pas seulement ignoble, il est comique de voir un homme de gauche prétendre être traité par la Gestapo avec des égards que ses ancêtres et ses modèles n’ont jamais eus pour leurs compatriotes « ci-devant ».
Je parle naturellement ici de la masse des gens de gauche et des gens de droite. Il y a dix ans, j’ai pu essayer de me faire illusion sur ces masses de gauche par dégoût pour les masses d’une droite avilie. Je ne vois plus là maintenant qu’une tentation du désespoir. La paix au moins a démontré l’impuissance de ces gens-là, leur hypocrisie au moins égale à celle de leurs adversaires. On dit que la Résistance a eu le cœur à gauche. Que veut-on prouver par là ? Elle l’aurait eu à droite et non à gauche en cas d’occupation par les Russes.
Je le demande à tout lecteur de bon sens et de bonne foi. Si nous pouvions faire exactement le compte des hommes qui se sont prononcés contre Munich, Rethondes et Montoire sans aucune arrière-pensée de haine politique ou de préjugé social, c’est-à-dire inspirés par l’unique souci de leur propre honneur et de l’honneur de la nation, quel en serait le nombre ? Il ne saurait être assurément que très petit. Le chiffre une fois fixé, qui oserait se prétendre absolument sûr que dans cette sélection des sélections les gens de droite seraient moins nombreux que les gens de gauche ! […]
“La vocation de la France est de démasquer l’imposture. Vous trouvez peut-être une telle formule un peu simpliste ? Tant pis pour vous !”
Oh ! certainement, une fois de plus, il y a, grâce à Dieu, des hommes libres un peu partout. Non pas de ceux qui se disent libres parce que la démocratie leur donne cette étiquette, mais réellement libres, et qui le seraient n’importe où et n’importe comment, dans la richesse ou dans la pauvreté, la santé ou la maladie, qui le seraient même dans les chaînes, s’ils vivaient sous un tyran. De tels hommes, je le répète, se trouvent partout. Peut-être, pourtant, eussent-ils été naguère dans mon pays plus simplement, plus naturellement, plus ingénument libres qu’ailleurs, sans rien de prétentieux, d’affecté, de recherché, de tourmenté ; libres presque malgré eux et à leur insu, parce que leur liberté avait pour principe une espèce de liberté intérieure, dont ils n’éprouvaient pas le besoin de refaire l’expérience à tout instant, de même qu’un vrai chrétien ne met pas à tout moment sa foi à l’épreuve.
On les jugeait parfois conformistes, parce qu’ils s’efforçaient de n’attirer l’attention de personne. On les disait conformistes, et ils Tétaient, en effet, dans les circonstances futiles et familières de la vie. Ils étaient conformistes comme ils étaient pacifiques, c’est-à-dire jusqu’à un certain point, et, passé ce point, rien n’aurait pu les faire reculer, sinon la certitude — ou l’illusion — d’avoir accompli leur tâche, de pouvoir revenir sans remords au conformisme et à la paix. […]
Pour définir la vocation spirituelle de la France, je n’ai nullement besoin d’être docteur en théologie, j’ose même dire que Jeanne d’Arc en savait beaucoup plus long sur un tel sujet que saint Anselme ou saint Thomas d’Aquin. La vocation spirituelle de la France est de démasquer l’imposture, et l’une des plus grotesques impostures de ce temps est la prétention des intellectuels catholiques à s’ériger en perpétuels censeurs du désordre de la société moderne, alors qu’ils lui donnent précisément l’exemple d’une anarchie spirituelle qui passe toute mesure, parce qu’on s’efforce de la masquer sous des formules vagues qui, condamnant tout le monde, dispensent de juger personne.
La vocation de la France est de démasquer l’imposture. Vous trouvez peut-être une telle formule un peu simpliste ? Tant pis pour vous ! Elle résume merveilleusement au contraire toute une philosophie pratique de la vie. Dois-je faire remarquer une fois de plus que ce livre n’est pas une apologie de mon pays ? Lorsque j’écris qu’il hait l’imposture, je ne veux nullement dire qu’il la hait seulement par vertu, qu’il est plus vertueux que les autres. Mon pays n’a pas choisi sa vocation, elle lui a été donnée ; s’il se déshonore en y manquant, on ne saurait lui faire un grand mérite de suivre la voie où la Providence l’a engagé il y a des siècles, et qu’il n’a jamais quittée sans payer sa faute d’épreuves effroyables. Pourquoi sa haine de l’imposture ne serait-elle pas devenue, à la longue, une sorte de réflexe héréditaire, une des formes de l’instinct de conservation ? Mais d’abord de quelle espèce d’imposture s’agit-il ? Je réponds sans hésitation : des impostures de l’Esprit.
Georges BERNANOS
3 Octobre 1975
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fvarcheek · 2 months ago
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La Klein House située à Boise, Idaho conçue par Art Troutner en 1959. Photo Logan Banx. - source MCM Daily.
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fvarcheek · 2 months ago
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Situé à King of Prussia, Pennsylvanie, la maison Sarah & David Coveney. Conçu et achevée en 1960 par Richard Neutra (1892-1970). Photo Thomas C. Donkin. - source MCM Daily
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fvarcheek · 2 months ago
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fvarcheek · 2 months ago
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Il n'y a que les Américains, sur cette terre, qui puissent évoluer avec tant de grâce libre et souriante au milieu de gens sales, affamés, malheureux. Ce n'est pas un signe d'insensibilité : c'est un signe d'optimisme et, en même temps, d'ingénuité. Les Américains ne sont pas cyniques, ils sont optimistes. Et l'optimisme est souvent par lui-même un signe d'ingénuité. Celui qui ne fait pas, et n'imagine pas le mal, est porté non pas à nier l'existence du mal, mais à refuser de croire à la fatalité du mal, à se refuser d'admettre que le mal soit inévitable et inguérissable. Les Américains croient que la misère, la faim, la douleur, tout peut être combattu, que l'on peut guérir de la misère, de la faim, de la douleur, qu'à tout mal il y a remède. Ils ne savent pas que le mal est inguérissable. Bien qu'ils soient, sous de nombreux aspects, la nation la plus chrétienne du monde, ils ne savent pas que sans le mal le Christ ne saurait exister. No love, no nothin'. Pas de mal, pas de Christ. Moins de mal dans le monde, moins de Christ dans le monde. Les Américains sont bons. Devant la misère, la faim, la douleur, leur premier mouvement instinctif est d'aider ceux qui souffrent de la faim, de la misère, de la douleur. Il n'est pas de peuple au monde qui possède un sens de la solidarité humaine aussi fort, aussi pur, aussi sincère. Mais le Christ exige des hommes la pitié, non la solidarité. La solidarité n'est pas un sentiment chrétien.
La peau.
Curzio MALAPARTE
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fvarcheek · 3 months ago
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Utrecht, The Netherlands (by Hans Splinter) 
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fvarcheek · 4 months ago
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Yoshiyuki Yatsuda - 2019
Tokyo,Japan_
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fvarcheek · 4 months ago
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Casa en Playa Brava, Punta del Este, Uruguay,
This single-family dwelling, built in 1982, is a work of the Argentine architect Ricardo Gomara, located in one of the most favored areas of Punta del Este, Uruguay.
Situated on the front line at stop 20 of Playa Brava, this house illustrates a period of boom in second-residence architecture for the Argentine upper classes.
Its construction coincides with the real estate boom of the late 70s and early 80s, which found a break in the economic crisis of 1982.
Leandro Villalba Photography
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fvarcheek · 4 months ago
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« Une religion qui agenouille les hommes devant une femme couronnée manifeste une misogynie plus que suspecte. »
André MALRAUX
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fvarcheek · 4 months ago
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Bass Residence, Fort Worth, Texas, United States,
The home is an extravagant white multilevel structure which can be classified as Modern architecture. 
The single-family home was designed by Paul Rudolph for Sid and Anne Bass in 1966. 
The landscape was designed by landscape architect Robert Zion. There were a total of 8 acres in the estate for which Zion was the original designer.
From 1981 to 1982 another landscape architect Russell Page worked on a redesign of the estate's grounds. 
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fvarcheek · 5 months ago
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BEAR - Nahinuena House, Gorliz 2024. Photos (C) Luis Díaz Díaz.
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fvarcheek · 5 months ago
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Les 147 maximes du temple d'Apollon à Delphes
1. Suis les Dieux 2. Obéis à la loi 3. Adore les dieux 4. Respecte tes parents 5. Bats-toi pour la justice 6. Apprends de tes expériences 7. Analyse ce que tu as entendu 8. Connais-toi toi-même 9. Cultive le désir de te marier 10. Agis au bon moment
11. Pense comme un mortel 12. Si tu es un étranger, agis comme tel 13. Honore ta maison 14. Maîtrise-toi 15. Aide tes amis 16. Retiens ta colère 17. Exerce la prudence 18. Estime la providence 19. Ne donne pas de serment 20. Aime l’amitié 21. Persiste malgré les difficultés
22. Recherche l’honneur 23. Sois ami de la sagesse 24. Fais des louanges à ce qui est bon 25. Ne dénigre personne 26. Fais des louanges à la vertu 27. Fais ce qui est juste 28. Soutiens tes amis 29. Fais attention à tes ennemis 30. Exerce la noblesse de ton caractère
31. Abstiens-toi de la méchanceté 32. Sois impartial 33. Protège ce qui est à toi 34. Ne convoite pas ce qui appartient aux autres 35. Écoute tout le monde 36. Garde toi une bonne réputation 37. Rend service à tes amis 38. Ne fais aucun excès 39. Ne gaspille pas ton temps
40. Préoccupe-toi de ton avenir 41. Méprise l’insolence 42. Respecte les mendiants 43. Sois accommodant en toutes choses 44. Éduque tes fils 45. Sois généreux avec ce que tu possèdes 46. Méfie-toi des tromperies 47. Parle toujours correctement des autres
48. Sois un chercheur de sagesse 49. Accorde ta préférence à ce qui est sacré 50. Agis seulement quand tu sais 51. Détourne-toi des envies de meurtre 52. Prie pour des choses possibles 53. Consulte les sages 54. Teste la moralité de ton interlocuteur
55. Offre aux autres ce que tu as reçu 56. Ne suspecte personne 57. Utilise tes compétences 58. Fais ce que tu as prévu de faire 59. Honore tous ceux qui te sont bénéfiques 60. Ne sois jaloux de personne 61. Sois vigilant 62. Garde toujours l’espoir 63. Méprise le calomniateur
64. Gagne ta vie avec honnêteté 65. Félicite les hommes bons 66. Connais le juge 67. Préserve ton mariage 68. Sache saisir ta chance 69. Évite de faire des promesses 70. Que ta parole soit sans équivoque 71. Fais toi des amis parmi ceux qui te ressemblent
72. Contrôle tes dépenses 73. Sois heureux de ce que tu as 74. Respecte la honte de ceux qui admettent qu’ils ont eu tort 75. Sois disposé à rendre service 76. Prie pour le bonheur 77. Apprend à aimer ton sort 78. Analyse ce que tu as écouté
79. Travaille pour obtenir ce que tu veux posséder 80. Méprise le conflit 81. Méprise la honte 82. Retiens ta langue 83. Abstiens-toi d’être insolent 84. Juge équitablement 85. Utilise ce que tu as 86. Juge incorruptiblement 87. N’accuse que si ton accusé est présent
88. Ne parle que si tu sais 89. N’agis pas avec violence 90. Vis sans chagrin 91. Comporte-toi envers autrui avec douceur 92. Achève la course sans te laisser intimider 93. Traite les autres avec bonté 94. Ne maudis pas tes enfants 95. Guide ton épouse (ma préférée)
96. Sois bon envers toi-même 97. Sois courtois 98. Réponds à temps 99. Bats-toi glorieusement 100. Agis en t’assurant que tu ne vas pas le regretter 101. Repens-toi de tes péchés 102. Maîtrise ce que ton œil regarde 103. Décide-toi à temps 104. Agis rapidement
105. Préserve tes amitiés 106. Sois reconnaissant 107. Poursuis l’harmonie 108. Sache garder un secret 109. Crains ceux qui sont au pouvoir 110. Recherche ton intérêt 111. Accepte la mesure nécessaire 112. Débarrasse-toi de tes ennemis 113. Accepte la vieillesse
114. Ne te vante pas de ta force 115. Cultive la discrétion 116. Fuis la haine 117. Acquiers tes richesses de manière juste 118. N’abandonne pas l’honneur 119. Méprise le mal 120. Aventure-toi prudemment dans le danger 121. Ne te lasse pas d’apprendre 122. Sois économe
123. Respecte les oracles 124. Aime ceux que tu élèves 125. Ne critique pas quelqu’un d’absent 126. Respecte les anciens 127. Enseigne les plus jeunes 128. Ne fais pas confiance à la richesse 129. Respecte-toi, toi-même 130. Ne laisse pas l’orgueil naître en toi
131. Honore tes ancêtres en plaçant des couronnes de fleurs sur leurs tombes 132. Sacrifie-toi pour ta patrie 133. Ne sois pas insatisfait de la vie 134. Ne te moque pas des morts 135. Partage le fardeau des malchanceux 136. Sois généreux sans arrière-pensées
137. Ne t’attriste pas de tout 138. Enfante dans des lignées nobles 139. Ne fais de promesses à personne 140. N’essaye pas de tromper les morts 141. En tant que mortel, sois heureux 142. Ne compte pas sur la chance
143. Enfant, comporte-toi bien 144. Adolescent, maîtrise tes passions 145. Adulte, demeure juste 146. Vieil homme, sois de bon conseil 147. Parvenu à ton dernier instant, sois sans regret
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fvarcheek · 5 months ago
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La machine pense contre l’homme parce qu’elle pense à sa place, elle le dépossède non pas seulement de sa propre opinion, mais de la faculté d’en avoir une. Il ne pourra jamais dire ce qu’il pense, pour la raison qu’il ne saura plus ce qu’il pense. La Machinerie le saura pour lui. Le jour n’est pas loin, en effet, où tous les moyens de diffusion des idées se trouveront réunis en quelque organisation monstrueuse, qui d’ailleurs en viendra vite à substituer aux idées, d’un emploi difficile et parfois dangereux, des images simples et violentes, comparables à celles qu’utilise avec une maîtrise grandissante la publicité américaine. Non, ce jour n’est pas loin ! Les imbéciles peuvent encore se faire illusion, car la Machinerie à penser compte encore — pour combien de temps ? — deux centrales colossales, l’une à New York, l’autre à Moscou. Les slogans paraissent différents ou même contradictoires, mais qu’importe ! Le slogan des slogans, le super-slogan reste le même pour les deux. Il s’agit toujours de convaincre l’humanité, au nom du Progrès fatal et indéfini, de monter sur le billard pour se faire ouvrir le ventre par la Technique, en vue de l’expérience décisive, manquée jadis au paradis terrestre, qui fera de l’homme un dieu.
Que ceux de mes lecteurs tentés de blâmer en moi quelque dureté de langage veuillent bien comprendre que le temps nous est mesuré.
La machine pense contre l’homme 17 avril 1948
George BERNANOS
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fvarcheek · 5 months ago
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Autochrome by Alfonse Van Besten, c. 1910.
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fvarcheek · 5 months ago
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"Hommage à Zola"
« Les hommes sont des mystiques de la mort dont il faut se méfier. »
En pensant à Zola, nous demeurons un peu gêné devant son œuvre ; il est trop près de nous encore pour que nous le jugions bien, je veux dire dans ses intentions. Il nous parle de choses qui nous sont familières… Il nous serait bien agréable qu’elles aient un peu changé.
Qu’on nous permette un petit souvenir personnel. À l’Exposition de 1900, nous étions encore bien jeune, mais nous avons gardé le souvenir quand même bien vivace, que c’était une énorme brutalité. Des pieds surtout, des pieds partout et des poussières en nuages si épais qu’on pouvait les toucher. Des gens interminables défilant, pilonnant, écrasant l’Exposition, et puis ce trottoir roulant qui grinçait jusqu’à la galerie des machines, pleine, pour la première fois, de métaux en torture, de menaces colossales, de catastrophes en suspens. La vie moderne commençait.
Depuis, on n’a pas fait mieux. Depuis L’assommoir non plus on n’a pas fait mieux. Les choses en sont restées là avec quelques variantes. Avait-il, Zola, travaillé trop bien pour ses successeurs ? Ou bien les nouveaux venus ont-ils eu peur du naturalisme ? Peut-être…
Aujourd’hui, le naturalisme de Zola, avec les moyens que nous possédons pour nous renseigner, devient presque impossible. On ne sortirait pas de prison si on racontait la vie telle qu’on la sait, à commencer par la sienne. Je veux dire telle qu’on la comprend depuis une vingtaine d’années. Il fallait à Zola déjà quelque héroïsme pour montrer aux hommes de son temps quelques gais tableaux de la réalité. La réalité aujourd’hui ne serait permise à personne. À nous donc les symboles et les rêves ! Tous les transferts que la loi n’atteint pas, n’atteint pas encore ! Car, enfin, c’est dans les symboles et les rêves que nous passons les neuf dixièmes de notre vie, puisque les neuf dixièmes de l’existence, c’est-à-dire du plaisir vivant, nous sont inconnus, ou interdits. Ils seront bien traqués aussi les rêves, un jour ou l’autre. C’est une dictature qui nous est due.
La position de l’homme au milieu de son fatras de lois, de coutumes, de désirs, d’instincts noués, refoulés est devenue si périlleuse, si artificielle, si arbitraire, si tragique et si grotesque en même temps, que jamais la littérature ne fut si facile à concevoir qu’à présent, mais aussi plus difficile à supporter. Nous sommes environnés de pays entiers d’abrutis anphylactiques ; le moindre choc les précipite dans les convulsions meurtrières à n’en plus finir.
Nous voici parvenus au bout de vingt siècles de haute civilisation et, cependant, aucun régime ne résisterait à deux mois de vérité. Je veux dire la société marxiste aussi bien que nos sociétés bourgeoises et fascistes.
L’homme ne peut persister, en effet, dans aucune de ces formes sociales, entièrement brutales, toutes masochistes, sans la violence d’un mensonge permanent et de plus en plus massif, répété, frénétique, « totalitaire » comme on l’intitule. Privées de cette contrainte, elles s’écrouleraient dans la pire anarchie, nos sociétés. Hitler n’est pas le dernier mot, nous verrons plus épileptique encore, ici, peut-être. Le naturalisme, dans ces conditions, qu’il le veuille ou non, devient politique. On l’abat. Heureux ceux que gouvernèrent le cheval de Caligula !
Les gueulements dictatoriaux vont partout à présent à la rencontre des hantés alimentaires innombrables, de la monotonie des tâches quotidiennes, de l’alcool, des myriades refoulées ; tout cela plâtre dans un immense narcissisme sadico-masochiste toute issue de recherches, d’expériences et de sincérité sociale. On me parle beaucoup de jeunesse, le mal est plus profond que la jeunesse ! Je ne vois en fait de jeunesse qu’une mobilisation d’ardeurs apéritives, sportives, automobiles, spectaculaires, mais rien de neuf. Les jeunes, pour les idées au moins, demeurent en grande majorité à la traîne des R.A.T. bavards, filoneux, homicides. À ce propos, pour demeurer équitables, notons que la jeunesse n’existe pas au sens romantique que nous prêtons encore à ce mot. Dès l’âge de dix ans, le destin de l’homme semble à peu près fixé dans ses ressorts émotifs tout au moins ; après ce temps, nous n’existons plus que par d’insipides redites, de moins en moins sincères, de plus en plus théâtrales. Peut-être, après tout, les « civilisations » subissent-elles le même sort ? La nôtre semble bien coincée dans une incurable psychose guerrière. Nous ne vivons plus que pour ce genre de redites destructrices. Quand nous observons de quels préjugés rancis, de quelles fariboles pourries peut se repaître le fanatisme absolu de millions d’individus prétendus évolués, instruits dans les meilleures écoles d’Europe, nous sommes autorisés certes à nous demander si l’instinct de mort chez l’homme, dans ses sociétés, ne domine pas déjà définitivement l’instinct de vie. Allemands, Français, Chinois, Valaques. Dictatures ou pas. Rien que des prétextes à jouer à la mort.
Je veux bien qu’on peut tout expliquer par les réactions malignes de défense du capitalisme ou l’extrême misère. Mais les choses ne sont pas si simples ni aussi pondérables. Ni la misère profonde ni l’accablement policier ne justifient ces ruées en masse vers les nationalismes extrêmes, agressifs, extatiques de pays entiers. On peut expliquer certes ainsi les choses aux fidèles, tout convaincus d’avance, les mêmes auxquels on expliquait il y a douze mois encore l’avènement imminent, infaillible du communisme en Allemagne. Mais le goût des guerres et des massacres ne saurait avoir pour origine essentielle l’appétit de conquête, de pouvoir et de bénéfices des classes dirigeantes. On a tout dit, exposé, dans ce dossier, sans dégoûter personne. Le sadisme unanime actuel procède avant tout d’un désir de néant profondément installé dans l’homme et surtout dans la masse des hommes, une sorte d’impatience amoureuse à peu près irrésistible, unanime pour la mort. Avec des coquetteries, bien sûr, mille dénégations : mais le tropisme est là, et d’autant plus puissant qu’il est parfaitement secret et silencieux.
Or les gouvernements ont pris la longue habitude de leurs peuples sinistres, ils leur sont bien adaptés. Ils redoutent dans leur psychologie tout changement. Ils ne veulent connaître que le pantin, l’assassin sur commande, la victime sur mesure. Libéraux, Marxistes, Fascistes, ne sont d’accord que sur un seul point : des soldats ! Et rien de plus et rien de moins. Ils ne sauraient que faire en vérité de peuples absolument pacifiques…
Si nos maîtres sont parvenus à cette tacite entente pratique, c’est peut-être qu’après tout l’âme de l’homme s’est définitivement cristallisée sous cette forme suicidaire.
On peut obtenir tout d’un animal par la douceur et la raison, tandis que les grands enthousiasmes de masse, les frénésies durables des foules sont presque toujours stimulés, provoqués, entretenus par la bêtise et la brutalité. Zola n’avait point à envisager les mêmes problèmes sociaux dans son oeuvre, surtout présentés sous cette forme despotique. La foi scientifique, alors bien nouvelle, fit penser aux écrivains de son époque à une certaine foi sociale, à une raison d’être « optimiste ». Zola croyait à la vertu, il pensait à faire horreur au coupable, mais non à le désespérer. Nous savons aujourd’hui que la victime en redemande toujours du martyr, et davantage. Avons-nous encore, sans niaiserie, le droit de faire figurer dans nos écrits une Providence quelconque ? Il faudrait avoir la foi robuste. Tout devient plus tragique et plus irrémédiable à mesure qu’on pénètre davantage dans le destin de l’homme. Qu’on cesse de l’imaginer pour le vivre tel qu’il est réellement… On le découvre. On ne veut pas encore l’avouer. Si notre musique tourne au tragique, c’est qu’elle a ses raisons. Les mots d’aujourd’hui, comme notre musique, vont plus loin qu’au temps de Zola. Nous travaillons à présent par la sensibilité et non plus par l’analyse, en somme « du dedans ». Nos mots vont jusqu’aux instincts et les touchent parfois, mais, en même temps, nous avons appris que là s’arrêtait, et pour toujours, notre pouvoir.
Notre Coupeau, à nous, ne boit plus tout à fait autant que le premier. Il a reçu de l’instruction… Il délire bien davantage. Son delirium est un bureau standard avec treize téléphones. Il donne des ordres au monde. Il n’aime pas les dames. Il est brave aussi. On le décore à tour de bras.
Dans le jeu de l’homme, l’instinct de mort, l’instinct silencieux, est décidément bien placé, peut-être, à côté de l’égoïsme. Il tient la place du zéro dans la roulette. Le casino gagne toujours. La mort aussi. La loi des grands nombres travaille pour elle. C’est une loi sans défaut. Tout ce que nous entreprenons, d’une manière ou d’une autre, très tôt, vient buter contre elle et tourne à la haine, au sinistre, au ridicule. Il faudrait être doué d’une manière bien bizarre pour parler d’autre chose que de mort en des temps où sur terre, sur les eaux, dans les airs, au présent, dans l’avenir, il n’est question que de cela. Je sais qu’on peut encore aller danser musette au cimetière et parler d’amour aux abattoirs, l’auteur comique garde ses chances, mais c’est un pis-aller.
Quand nous serons devenus normaux, tout à fait au sens où nos civilisations l’entendent et le désirent et bientôt l’exigeront, je crois que nous finirons par éclater tout à fait aussi de méchanceté. On ne nous aura laissé pour nous distraire que l’instinct de destruction. C’est lui qu’on cultive dès l’école et qu’on entretient tout au long de ce qu’on intitule encore : La vie. Neuf lignes de crimes, une d’ennui. Nous périrons tous en choeur, avec plaisir en somme, dans un monde que nous aurons mis cinquante siècles à barbeler de contraintes et d’angoisses.
Il n’est peut-être que temps, en somme, de rendre un suprême hommage à Émile Zola à la veille d’une immense déroute, une autre. Il n’est plus question de l’imiter ou de le suivre. Nous n’avons évidemment ni le don, ni la force, ni la foi qui créent les grands mouvements d’âme. Aurait-il de son côté la force de nous juger ? Nous avons appris sur les âmes, depuis qu’il est parti, de drôles de choses.
La rue des Hommes est à sens unique, la mort tient tous les cafés, c’est la belote « au sang » qui nous attire et nous garde.
L’oeuvre de Zola ressemble pour nous, par certains côtés, à l’oeuvre de Pasteur si solide, si vivante encore, en deux ou trois points essentiels. Chez ces deux hommes, transposés, nous retrouvons la même technique méticuleuse de création, le même souci de probité expérimentale et surtout le même formidable pouvoir de démonstration, chez Zola devenu épique. Ce serait beaucoup trop pour notre époque. Il fallait beaucoup de libéralisme pour supporter l’affaire Dreyfus. Nous sommes loin de ces temps, malgré tout académiques.
Selon certaines traditions, je devrais peut-être terminer mon petit travail sur un ton de bonne volonté, d’optimisme. Mais que pouvons-nous espérer du naturalisme dans les conditions où nous nous trouvons ? Tout et rien. Plutôt rien, car les conflits spirituels agacent de trop près la masse, de nos jours, pour être tolérés longtemps. Le doute est en train de disparaître de ce monde. On le tue en même temps que les hommes qui doutent. C’est plus sûr.
Quand j’entends seulement prononcer autour de moi le mot « Esprit » : je crache ! nous prévenait un dictateur récent et pour cela même adulé. On se demande ce qu’il peut faire, ce sous-gorille, quand on lui parle de « naturalisme » ?
Depuis Zola, le cauchemar qui entourait l’homme, non seulement s’est précisé, mais il est devenu officiel. À mesure que nos « Dieux » deviennent plus puissants, ils deviennent aussi plus féroces, plus jaloux et plus bêtes. Ils s’organisent. Que leur dire ? On ne se comprend plus.
L’École naturaliste aura fait tout son devoir, je crois, au moment où on l’interdira dans tous les pays du monde.
C’était son destin.
Louis Ferdinand CÉLINE, Médan, 1er Octobre 1933
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