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"A rester proche de son enfant à la maison, on ne fait pas rien. On se construit, on construit quelque chose qui n'est pas visible mais qui est immense, à un niveau profond.
Mère ou Père au foyer
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La plus courte, la plus belle des randonnées.
Départ pour une très belle balade dans les Aravis. Enfant sur le dos, je suis parée.
Au bout de 100m, il se débat, crie, me fait comprendre qu’il ne restera pas accroché derrière. Je lui explique alors en le descendant qu’il est impossible pour lui de marcher sur les chemins que l’on va faire, “trop dangereux”, “trop raides”, pas accessible quand on a deux ans.
Il pleure. Fort.
Alors je regarde autour de moi. Une prairie magnifique et immense, un panorama à 360 sur le massif alpin. Un lieu à couper le souffle. Et rien d’autre… Pas de routes, de voitures, de jeux où il pourrait tomber, d’autre enfants à qui il pourrait piquer la trottinette. Juste nous deux, un soleil radieux et la nature partout.
C’est OK. On reste là. Et c’est toi qui gères. Aujourd’hui, j’arrête. J’arrête de te trouver des activités pleines de contraintes.
Je pose mon sac, je range la montre. Je sors gourde et fruits. Et j’attends… Et je me détends.
Il court, lance des bâtons, sort ses bottes, les lance, crie, râle, rigole… Et je le regarde. Je ne dis rien, je n’interviens absolument pas. Il ne risque absolument rien (pas d’ortie, pas de ravins, … rien de dangereux) . J’ai l’impression de le redécouvrir. Je suis surprise de le voir immobile pendant un temps qui me parait très long le “connaissant”, à regarder une abeille butiner. Il s’allonge, le visage à quelques centimètres et observe immobile. Je l’admire. Je le trouve grand et beau.
Combien de temps qu’il n’avait pas passé un moment libre, dans un endroit avec un horizon à 360 sur la nature… Pas juste une heure, “je te regarde,profite”. Non vraiment une journée, à son rythme à lui…
Le temps est long, le soleil nous chauffe, il joue avec des cailloux à côté, j’en profite pour méditer.
Soudain rien ne va plus. Le caillou ne veut pas tenir droit sur un autre. La tempête émotionnelle est en marche. Il vient se réfugier dans mes bras et hurle, se débat. Je le serre fort, le sécurise. Vas y petit humain, crie, pleure, hurle! Il me pousse, sort de mes bras, fait trois pas et revient de plus belle. La tempête est longue, et intense à la mesure de la liberté qu’il a eu. Je tiens bon, le félicite pour cet incroyable lâché prise. Je veux lui offrir la paix, le calme.
La magie de l’écoute opère. Dans mes bras, il lâche d’un coup. Son petit corps se détend, sa tête bascule en arrière. Il ferme les yeux. Non il ne dort pas d’épuisement. Il sourit. Il a atteint ce que j’appelle l’orgasme émotionnel. MAGIQUE! Il reste las quelque seconde, tout détendu, béat. Puis hop, repart explorer comme si de rien n’était. J’ADORE mais j’adore ces moments. C’est tellement beau, et puissant. Quelques temps après il vient me chercher, prend ma main comme pour dire c’est bon on rentre, on change de lieu. Ok, je range les affaires, c’est lui que fait le programme. Et après quelques pas, il s’arrête. Refuse de bouger mais sans colère. Juste droit et stoïque. Bon… Je m’accroupis en face de lui… Qu’est ce qu’il se passe ? Tu veux quelque chose..? … (Il ne parle pas encore je ne m’attendais pas à une réponse précise ;)
Mon moment à moi. Il me fixe droit dans les yeux, entoure ses petits bras autour de mon cou et serre très fort. Il ne relâche pas. Sur le moment je suis surprise. Comme ça, maintenant, un si gros câlin ? (Vois comme nous les humains, on est sur la défensive et on connait pas tellement les câlins juste comme ça pour faire un câlin) Puis je me love avec lui. Un câlin plein d’Amour. Il décroche ses bras et revient me serrer fort, il ne veux pas que je le touche. Ses yeux essaient de me fixer droit dans les pupilles. Et là je comprends. Et j’explose en sanglot. Je lâche prise à mon tour. Il rigole et serre encore plus fort. Il n’a pas de mots mais je ressens tout ce qu’il veut m’exprimer. C’est à mon tour de décharger. Je pleure, absolument pas de tristesse. Je pleure avec des larmes d’extase, des larmes de gratitude, et de joie immense. Je lâche aussi mes stress quotidiens, JE ME NETTOIE ÉMOTIONNELLEMENT AVEC UN ENFANT DE DEUX ANS!
Il se décroche, prend ma main et on repart en marchant. Il veut bien faire une petite balade. On reprend la vie “normale”
Ce petit garçon, qui n’a pas encore deux ans est capable d’écouter un adulte… De comprendre : si je veux que tu m’écoutes alors je dois aussi t’écouter. Il sait de lui même que si l’on reçoit, c’est parce que l’on donne.
Cela n’a absolument rien d’incroyable en soi. Tous les enfants naissent avec une empathie naturelle pour absolument tout (humains, animaux, nature), ce sont nous les adultes qui les dévions. Il n’y a pas d’enfants méchants, hyperactifs, violents, renfermés. Il n’y a que des enfants qui manquent d’horizon libre, qui vivent des tempêtes plus ou moins violentes, et qui ont plus ou moins d’écoute. Une tempête enfouie… Imagine!
Prescription: Une journée (tu verras qu’une demi journée peut suffire) en pleine nature, avec un horizon dégagé et beau. Et laisse faire. Je ne dis pas que cela sera facile… surtout quand on est habitué à contrôler ou que l’on est soi même contrôlé tout le temps. Vas y progressivement avec ton enfant, lâche doucement en l’observant intensément et prend confiance en lui. Il le sentira très rapidement.
Prescription valable pour un adulte: trouve un lieu qui te plait , sans montre, sans téléphone... Attends. As-tu déjà essayé d’être en nature sans challenge sportif, sans but précis? Être là, l’instant présent... Et bien c’est loin d’être facile! Au bout de quelques minutes tu vas vouloir partir ... Respire et reste en place ! Les minutes deviennent des heures.
Beaucoup de déblocages se font grâce à l’horizon.
MERCI.

Notre horizon (13/05/2019)
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