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2 - Elisa Lam
Qu’est-il arrivé à Elisa Lam, une jeune Canadienne de 21 ans, originaire de Hong Kong, entre le 31 janvier et le 1er février 2013, à l’hôtel Cécil de Los Angeles ? Après être passée par San Diego, elle avait séjourné quelques jours dans cet hôtel pour ses vacances aux États-Unis et devait initialement regagner Santa Cruz le lendemain. Quotidiennement en contact avec ses parents, ceux-ci se sont inquiétés de ne plus avoir de ses nouvelles et ont rapidement alerté les autorités.
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- La vidéo Cinq jours après sa disparition largement médiatisée, et à la recherche de témoignages, la police de Los Angeles rend publique une vidéo de 3minutes59 pour le moins déconcertante, prise par la caméra de l’ascenseur du Cecil. Les parents d’Elisa Lam la reconnaissent immédiatement. Bien qu'elle ait été filmée dans la nuit du 31 janvier au 1er février 2013, l'heure et d'autres indications dans la partie inférieure de la vidéo sont illisibles. On y voit la jeune femme entrer dans la cabine et appuyer attentivement sur plusieurs touches des 14 étages, avant d’attendre sans succès que les portes se referment. Quelques secondes plus tard, elle sort soudainement la tête, comme pour surprendre quelqu’un en train de la suivre – on reste soi-même à l’affût d’un Jump Scare. Elle se réfugie dans un angle de la cabine, l’air inquiet et les mains jointes. Elle observe, met un pied dehors, effectue un enchaînement de pas étranges et saute comme pour effrayer quelqu'un. De retour dans le couloir, Elisa disparaît de longues secondes de l'image. Pendant tout ce temps, les portes demeurent ouvertes... Elle entre de nouveau, appuie sur une longue série de touches, et ressort, gesticule, tâte l'air, remue les bras, semble-t-il à l’attention d’une personne qui se tient hors de portée de la caméra. En dernier, elle dresse une liste en comptant sur ses doigts. Puis, elle quitte définitivement le champ. Les portes se rabattent enfin... pour s’ouvrir sur un autre étage. Elisa ne réapparaîtra à aucun moment.
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- Un hôtel malfamé Construit en 1924 dans le quartier d’affaires de Dowtown Los Angeles, l’Hotel Cecil (renommé depuis le Stay on Main) est à l’origine un hôtel de luxe destiné à l’élite hollywoodienne pour des soirées mondaines. Sa réputation fut tout autre à la suite du krach de 1929 et de la Grande Dépression ;  n’accueillit dès lors plus que de modestes voyageurs et glissa peu à peu dans la vétusté, jusqu’à se transformer en repaire de gangs et tueurs en série. Richard Ramirez alias Night Stalker, ou encore Jack Unterweger, plus connu sous le nom de l’Étrangleur de Vienne - fâcheusement célèbres pour des cas de meurtres, viols et enlèvements - y ont notamment élu domicile dans les années 1980-1990. Parmi les émetteurs d'hypothèses circulant sur le Net, nombreux sont ceux qui pensent que les esprits de ces criminels, ainsi que ceux de leurs victimes hantent toujours l’établissement. Aujourd’hui encore, le quartier situé à deux pas de « Skid Row » que l’on pourrait traduire par « le coin des amochés », est réputé peu fréquentable.
- La découverte Tous ceux qui ont croisé Elisa certifient qu'elle était seule le jour de sa disparition. Durant deux longues semaines, les enquêteurs du Los Angeles Police Department ne constatent aucun indice probant ; aucun témoin potentiel ne vient les aiguiller. Jusqu’au 19 février. Ce jour-là, plusieurs clients se plaignent d'un faible débit d'eau. Ils indiquent qu'elle est parfois trouble et au goût « bizarre ». Lorsque des employés se rendent sur le toit, ils tombent sur un phénomène plus préoccupant encore. Elisa Lam, nue, flotte au milieu de ses vêtements - identiques à ceux de la vidéo - dans l'un des quatre réservoirs de 3800 litres de l'hôtel. Il faudra attendre plus de quatre mois pour découvrir les résultats de l'autopsie, qui elle-même a duré quatre heures. Aucun signe d'agression ni de drogue ; dans son sang, seuls des traces de médicaments prescrits sur ordonnance, compatibles avec ceux retrouvés dans ses affaires personnelles, ainsi que du Sinutab et de l’Ibuprofène, furent décelés. Le médecin légiste conclut à un décès « accidentel et dû à une noyade ». Dès lors, les questions fusent. Notamment, par quel moyen Elisa a-t-elle pu passer la porte verrouillée qui mène aux toits, elle-même sécurisée par une alarme que seuls les employés sont en mesure de désactiver ? Et pourquoi aller se jeter dans cette immense citerne ?
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- Le profil psychologique Depuis quelques mois, Elisa tenait un blog sur lequel elle partageait sa vie et ses états d’âme. À la longue, certains sont devenus intrigants. On y découvre que la jeune femme s'enfonçait dans un état dépressif. Elle a notamment écrit ce que l'on pourrait traduire par : "J'ai passé deux jours entiers dans mon lit à me haïr. Pourquoi est-ce que je ne fais pas simplement des choses qui me font me sentir meilleure ? [...] Ce n'est pourtant pas difficile. Sors de ton lit. Mange. Vois des gens. Parle à quelqu'un. Fais de l'exercice. Écris. Lis.", "Je ne me souviens pas m'être sentie "bien" depuis 3 ans. Ce constat me fait réaliser que je n'ai fait aucun progrès du tout.", "Tu es toujours hanté par l'idée que tu gâches ta vie" ou "J'espère juste que quelqu'un autour de moi est en mesure de comprendre ce qu'être dépressif signifie." Elle avait par ailleurs été diagnostiquée bipolaire et dépressive et suivait un traitement (Wellbutrin, Lamictal, Xeroquel, Effexor). Cet état l'a progressivement amenée à ne plus suivre les cours de l'Université de la Colombie-Britannique à Vancouver (Canada), jusqu'à stopper ses études et partir seule aux États-Unis pour ce dernier voyage. Ses parents s'y étaient initialement opposés, puis lui avaient fait promettre de les appeler tous les jours. À son arrivée à l'Hotel Cecil, elle avait loué une chambre partagée. Ses cooccupants se sont vite plaints de son comportement. Ils auraient retrouvé des post-its accrochés à leur lit sur lesquels était inscrit "Leave." (Partez). On la fit changer de chambre pour lui en proposer une solitaire.
- Les théories Au vu de l’ampleur médiatique qu’a suscité cette affaire, plusieurs internautes se sont improvisés enquêteurs du Web, multipliant les théories autour de l’histoire d’Elisa Lam, lucides ou complétement alambiquées. • les médicaments : Elisa Lam prenait un traitement à base d’antidépresseurs et d’antiépileptiques pour lutter contre la dépression associée à des troubles bipolaires. Les médicaments pouvaient avoir comme effets secondaires (rares) des « pensées hostiles et autodestructrices, des humeurs changeantes », des risques d’« amplifier une dépression » pour le Lamictal, un détachement affectif, des épisodes de somnambulisme et d’insomnie. Sa promenade nocturne dans les couloirs, son comportement étranges envers les occupants de l’hôtel, ainsi que sur les images captées par la caméra de l’ascenseur seraient selon eux dus aux effets indésirables. Cet état second l’aurait-elle poussée à se rendre sur le toit du Cecil pour se jeter dans la cuve d’eau ? • le traqueur : puisque la porte menant aux toits était barrée et reliée à une alarme que seul le personnel pouvait désactiver, certains émettent l’hypothèse que ce qu’Elisa fuit sur la vidéo n’est autre qu’un employé en train de la traquer. Malgré l’absence de signe d’agression sur les résultats d’autopsie, des internautes pensent que l’employé en question l’aurait jetée dans le réservoir après l’avoir dénudée. • l’’Invisible Light Agency : quelques jours avant de mourir, Elisa Lam aurait publié sur son compte Twitter « une compagnie canadienne invente des capes d’invisibilité ». L’anecdote pourrait faire sourire, cependant une théorie en lien avec son commentaire émerge. En face de l’Hotel Cecil se tient le siège de l’Invisible Light Agency, une agence secrète qui a vraisemblablement plié bagage depuis. Cette agence aurait travaillé sur le concept d’invisibilité. Lorsqu’Elisa découvre le projet, un agent serait venu l’« éliminer » en utilisant l’une de ces fameuses capes... • le jeu de l’ascenseur : c’est une version détournée du « Bloody Mary », selon laquelle il suffirait d’appuyer sur une série précise de touches dans l’ascenseur d’un bâtiment à au moins 13 étages. Si le code est correctement effectué, une dame éthérée se manifeste, à laquelle il ne faut surtout pas répondre. A cette condition seulement, le « joueur » se voit entrer dans un monde parallèle pouvant déboucher sur le plus doux des paradis, ou les folies les plus sombres. Elisa aurait-elle pris le pari ?
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1 - L’inconnue d’Isdal
Lorsque le 29 novembre 1970 deux fillettes et leur père découvrent le corps calciné d’une femme dans les sentiers escarpés de la vallée d’Isdalen, non loin de Bergen, toute la Norvège est sous le choc.
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La découverte - La femme, cachée entre des rochers, est nue, recroquevillée et les poings crispés dans une position de boxeur, caractéristique des personnes immolées par le feu. “L’odeur nous prend à la gorge”, décrit Carl Havor Aas, juriste à la police de Bergen. Elle est entourée de ses affaires personnelles - un sac à main, des vêtements déchirés, une paire de bottes en caoutchouc bleues, un parapluie, deux bouteilles d’eau fondues, une autre de “Kloster Liqueur” à moitié bue, une pochette plastifiée et une cuillère en argent. À leur arrivée, un premier détail intrigue les enquêteurs : les étiquettes des vêtements et des bouteilles ont été soigneusement retirées. Le cou de la victime comporte une ecchymose, et du pétrole est décelé sous le corps. La peau poncée sous les doigts ne permet pas d’obtenir ses empreintes. La piste de l’homicide paraît alors évidente. Seulement, lors de l’autopsie, environ cinquante pilules de Gardénal - un antidépresseur, aussi utilisé contre certaines formes d’épilepsies - sont retrouvées dans son système digestif, apparemment ingérées à des moments différents. Quelques jours après la découverte macabre, deux valises appartenant à la victime sont retrouvées dans la gare de Bergen. Elles renferment une perruque, des lunettes de soleil, des lunettes sans correction et d’autres cuillères en argent, une ordonnance dont la date et le nom du médecin ont été grattés, deux bouteilles de cosmétiques dont les étiquettes ont été arrachées, 500 deutschemarks et 130 couronnes norvégiennes dissimulés dans une doublure.  “Tout a disparu, même les marques du peigne et de la brosse à cheveux.”, affirme Tormod Bønes, l’un des enquêteurs. Enfin, un bloc-notes comportant le nom de plusieurs gares sur la ligne de Bergen, et un code. Seule affaire dont la référence n’a pas été supprimée : un sac du magasin de chaussures “Oscar Rørtvedt” de la ville de Stavanger. Lorsque les enquêteurs se rendent sur les lieux, le fils du gérant se souvient bien de cette femme venue acheter des bottes bleues trois semaines plus tôt. Il en fait une description détaillée : taille moyenne, cheveux longs et foncés, yeux brun foncé, visage rond, aux courbes légèrement marquées, presque potelées, et... aux jolies jambes. Un portrait-robot est alors constitué. On retrouve peu après sa trace dans un hôtel à quelques pas de là, où elle a dormi sous le nom de Finella Lorck, de nationalité belge. Ce qui s’est avéré être une fausse identité. Coup dur pour les policiers qui voient la résolution de l’enquête leur échapper.
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Le parcours - Le décryptage du code retrouvé dans le bloc-notes est confié à Tor Martin Røhr Andresen. L’homme réussit à faire coïncider le message avec des lieux que la femme a visités en Norvège. Lorsque les enquêteurs se rendent dans les différents hôtels à proximité, ils découvrent que l’inconnue s’est enregistrée sous de multiples noms et autant d’origines que de passeports. Elle aurait voyagé de cette façon à travers l’Europe. Geneviève Lancier, Claudia Tielt, Vera Schlosseneck, Claudia Nielsen, Alexia Zarna-Merchez, Vera Jarle, Elizabeth Leenhouwfr et... Finella Lorch. Des témoins rapportent qu’elle avait parfois demandé à changer de chambre dans un même hôtel, pour en obtenir une sans balcon ou vis-à-vis. L’un d’eux l’aurait entendue dire à un homme dans le hall d’un hôtel “Ich komme bald” (“J’arrive.”), un autre encore l’aurait vue fumer des cigarettes françaises et entendue parler français. Elle était apparemment recherchée par la police qui la décrivait comme étant une “dame belge parlant anglais”. Le 3 octobre, elle aurait dîné avec un photographe italien à l’hôtel Alexandra, à Loen. L’homme est interrogé ; il certifie aux enquêteurs que la femme venait d’une petite ville d’Afrique du Sud et n’était que de passage en Norvège pour visiter le pays. Un avis de recherche est lancé par Interpol en Europe, Afrique et Proche-Orient : « Environ 25-30 ans. Taille 164 cm, mince avec des hanches larges. Longs cheveux brun-noir, petit visage rond, yeux bruns, petites oreilles. Les dents présentaient de nombreuses réparations, plusieurs des molaires avaient des couronnes d'or, et le travail dentaire est d'un genre pratiqué en Extrême-Orient, en Europe centrale ou méridionale et en Amérique du Sud. Quatorze des dents sont partiellement ou complètement réparées. Il y a une séparation marquée entre les deux dents avant supérieures. »
Les dernières pistes - Lorsqu’elle quitte la chambre 407 de son dernier hôtel qu’elle règle en espèces, elle semble sur ses gardes et monte dans un taxi. Pour aller où, ensuite ? Le chauffeur qui la mena du bâtiment à la gare ne fut jamais retrouvé. Les policiers ne sont pas parvenus à poser un nom sur cette inconnue. Les questions restent en suspens : pourquoi tant d’identités ? Pourquoi tant de déplacements ? Pourquoi tant d’indices dissimulés ? Pourquoi tant de méfiance ? L’inconnue était-elle en fuite ? Meurtre ou suicide ? Certains pensent que le contexte de Guerre Froide y fut pour quelque chose et vont jusqu’à supposer qu’elle était liée à une mission d’espionnage. D’abord suspectée d'opérer pour les services secrets soviétiques, cette piste fut écartée suite aux précisions d’Alexander Vassiliev (lui-même ancien agent du KGB) qui affirma que l’utilisation de nombreux passeports ne font pas partie de leurs méthodes, à la différence de celles du Mossad - agence de renseignements israélienne. Cette piste n’a, elle non plus, jamais été confirmée. Cependant, les dossiers déclassifiés de la défense nationale norvégienne rapportent que plusieurs des déplacements de l'inconnue coïncident avec des essais, à l'époque top-secrets, des missiles norvégiens Péguin, et des témoins l’auraient vue en pleine observation autour de sites sensibles.
Une affaire bouclée ? - La police a retenu le suicide par ingestion de médicaments, ce qui a soulevé des soupçons quant à l’implication de la police elle-même dans cette affaire. L'inconnue de l'Isdal fut enterrée le 5 février 1971 au cimetière de Møllendal à Bergen, dans une tombe anonyme, suivant une cérémonie catholique. À noter qu’enfant, elle se serait échappée d’Allemagne avec ses parents à la montée du nazisme, laissant supposer qu’elle était juive ou tsigane. L’affaire reste médiatisée en Norvège, et certaines pistes semblent ne pas avoir été exploitées. Comme un témoignage - tardif - en 2002. Le 24 novembre 1970, un randonneur aurait aperçu une femme d’apparence étrangère, dont les vêtements élégants n’étaient pas conformes à une promenade en montagne. Elle était apeurée et suivie par deux hommes habillés en noir. Ce témoin potentiel a immédiatement reconnu le portrait-robot. L’un des policiers de l’époque lui aurait répondu “Oubliez-la, elle a été tuée. L'affaire ne sera jamais résolue.” Ce à quoi le témoin obéit. Elle reste simplement le dossier “134/70” à l’hôpital de Bergen où a eu lieu l’autopsie.
Et maintenant ? - Depuis 2016, des journalistes norvégiens de NRK remettent le dossier sur la table. Un portrait-robot a été commandé à l’artiste américain et spécialiste de la reconstruction faciale Stephen Missal. Les analyses ADN évoquent la possibilité qu’elle soit née autour des années 1930, près de Nuremberg. Elle aurait suivi une scolarité en France, d’après son écriture.
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