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soeur
quand j’étais petite, ma grand mère m’emmenait à l’Église, je cherchais Dieu du regard mais je ne le trouvais nulle part mais toujours j’apercevais au loin les sœurs et voilà ce que je pensais vraiment, oui, sincèrement que les sœurs étaient toutes de vraies sœurs, qu’elles avaient la même mère ! et je me disais que cette dame avait eu vraiment beaucoup, mais alors beaucoup d’enfants
le dimanche j’avais toujours un pincement au cœur parce que, moi, je n’avais aucune sœur non aucune zéro personne nulle part
même sous le lit, j’ai vérifié cent fois mes parents me le confirmait chaque jour tu es fille unique you’re an only child
j’en inventais une la nuit je la voyais me caresser les cheveux je lui prêtais mes robes et elle me suivait dans la rue qui mène à l’école
elle se serait appelée Isore et je l'ai retrouvée chez Agathe, Juliette, Amanda, Amandine, Sara, Emna, Serena, Elise, Ana, Marie-Pierre, Laurène, Marine, Adèle, Floriane, Hélène, Margaux, Lara, Aïcha, Marie, Alexandra...
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compter
sommeil agité j’ai le réveil pas clair et le regard austère
dans ma tête les pensées se font la bise « comment vivre avec moins d’argent » rencontre « c’était une bêtise » et « j’ai grossis oui ou non?? »
la race humaine est l’espèce la plus addict sur terre c’est simple pour son confort elle tuerait père et mère
comment casse-t-on le système ? si je hurle assez longtemps ma voix se brise tout le système est pensé pour qu’on l’oublie
on calcule toujours mais jamais les bonnes choses le prix des choses, notre poids, le temps qu’il nous reste jamais le nombre de vies derrière les objets qu’on jette
on devrait oublier de compter et prendre une pause
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les voix de décembre 2023
j’entends des voix le soir elle me parlent ou peut être que c’est pas à moi qu’elle causent mais comme je les entends alors je crois bien que je suis leur destination elles racontent plein de choses des nouvelles le glyphosate, la palestine et le consentement les tickets restos, Frederic Michel et les manifestations j’ai oublié les téléfilms de Noel moi non plus je ne sais pas qui est Frederic Michel il faudra chercher
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le tour de personne
on peut faire le tour du monde et encore mais on a pas le temps de faire le tour de sa personne
à l’intérieur on y verrait pas grand chose pour commencer paradoxalement il faudrait pour y voir clair aller profond et encore s’assurer de ne pas tourner en rond et en rond
de l’extérieur on a pas d’œil à l’arrière de la tête jusqu’à preuve du contraire quand bien même c’est pas pour ça
on ne voit jamais rien presque toujours voir c’est projeter il y a toujours une image sur une image il y a toujours une attente dans un rêve j’y peux rien moi
vous aussi vous avez les oreilles humides ?
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l'eau
quand j’étais petite c’était toujours mieux d’être dans l’eau que nulle part ailleurs c’est parce que chaque cellule est parfaitement enveloppée je crois
c’est parce que l’eau il me semble a la particularité de t’envelopper entièrement sans t’envahir
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poésie #4
enfant de la nuit on apprend à cacher ses peurs sous un tapis
tout le monde le voit que tu as peur mais personne n’a la mesure de sa grandeur
la montagne se cache dans un tiroir de la chambre
ni la cave ni le grenier juste là sous l’oreiller
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poésie #3
il y a des lieux où la mémoire s’affaisse
ici elle est moins vive, elle perd ses couleurs si je restais là des mois entiers dans cette maison figée aux recoins poussiéreux aux objets pleurnichards aux carreaux délavés il est certain que je perdrai jusqu’à mon visage
il n’y a que lorsque je plonge et que l’eau froide vient réveiller mes tempes que je recouvre la mémoire jusqu’au dernier de mes os
mais elle s’évapore dès que le vent souffle dans mes cheveux
amour sans faille de la baignoire amour vital de tout ce qui coule délice du poisson qui se glisse entre mes orteils
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poésie #2
les nuits je dors sur le ventre contre mon sommeil comme pour le protéger de tout ce qui s’échappe de ma tête et des jeux de miroirs dans la pièce
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poésie #1
créer une armure sorte de mue solide mais fluide qui se glisse sous la peau
un refuge au creux du ventre sous le nombril pour les jours de pluie et de tempêtes
la vraie maison être dans son corps pouvoir accueillir chacun de ses esprits même le plus trouble
toc toc qui va là un.e ami.e ou un.e inconnu.e une altérité main-forte oeil triste,
avec son jardin et son gouffre, ses cabanes et ses ruines, qui vient soigner les fissures à quoi ressemble votre paysage intérieur ? quels oiseaux le peuple ?
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le garçon aux cheveux longs
je n’ai jamais coupé mes cheveux non, jamais. je sais, ce n'est pas très commun un jeune garçon aux cheveux longs
les miens sont noirs, très noirs, un noir ébène comme dit ma soeur. elle me les coiffe chaque jour avec un peigne en bois
les garçons dans la cour de l’école s’en prennent toujours à mes cheveux, ils les tirent, les attrapent, les coincent, les arrachent. c’est comme si ils s’en prenaient à mon coeur.
je n’ai jamais coupé mes cheveux parce que ma mère les avaient longs, très longs comme ça elle aussi et qu’elle était magnifique
je n’ai jamais coupé mes cheveux parce qu’il y a tous les souvenirs avec ma mère dedans dans les racines il y a ma mémoire la plus grande jusqu’au pointes fourchées et là il y a deux souvenirs flous qui n’en font qu’un c’est beaucoup de cheveux sur la tête d’un petit garçon
mais heureusement à l’école il y a Emile, lui, il les caressent. il est drôlement intrigué par mes longs cheveux, il est aussi fasciné par leur couleur, il dit que c’est une couleur qu’on ne voit que dans les grandes forêts et à une certaine heure, quand la lumière de la nuit naissante se reflète sur le bois des arbres. j’aime Emile et ses courts cheveux blonds
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les fantômes de la cuisine
je suis seule dans la maison aux milles ornements, aux objets délaissés, au papier peint déchiré elle me joue des tours seule comme on peut l’être dans une maison habitée
aujourd’hui j’ai vu dans le reflet étrange du carreau de la cuisine un homme habillé de noir et prêt à sortir par la fenêtre tout en déployant son parapluie j’ai cru voir ou bien j'ai vu mon hypothèse étant qu’il ait mangé un biscuit dans le placard est-ce que cet homme est déjà venu ici ?
vers treize heures trente mon téléphone a sonné j’avais rendez-vos par téléphone à quatorze heures mais comme j’oublie tout alors je fais sonner des alarmes sept heures et trente minutes le réveil, treize heures et trente minutes rappel rendez vous, seize heures et quarante-cinq minutes ? vingt deux heures pilule quand l’alarme s'est déclenchée la musique douce s’est mélangée à la voix d’un garçonnet pendant une seconde, une seconde infinie mon cerveau a bien cru qu'un enfant parlait sous la table s’amusait-il souvent ici ?
l’après-midi, le vent claquait les portes, les volets battaient les fenêtres, les centaines de tiges et de fleurs dans l'herbe haute du jardin s’allongeaient, les nuages traçaient leur chemin sans plus attendre vers un autre village et puis il y a eu un drôle de bruit comme du verre cassé je pense qu'il s’agissait d’une veille dame, avec un jupon à carreaux, qui cherchait des bocaux en verres pour ses confitures, je ne vois que ça.
j’ai toujours su que cette maison avait été habitée : il y avait quelqu’un ici — une dame, une vieille dame avait ses habitudes, dormait là où je dors, rangeait son bol ébréché et ses fourchettes dans le placard mural, regardait les mêmes champs autour de sa bâtisse, déposait sans y penser son empreinte sur la poignée de la porte d’entrée quand chaque jour elle sortait de chez elle, même pour faire quelques pas. je l’ai toujours su mais parfois j’oublie que cette maison n’est qu’un passage — les fantômes reviennent toujours ou peut être n’en sont-ils jamais vraiment partis
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la fille des réseaux
quand la nuit tombe et que, dans mon lit pour deux, je suis seule, que je joue à deviner les formes qui m’entourent, que le sommeil me regarde au loin : j’éclaire mon visage d’une lumière bleue
la voix d’une vidéo youtube résonne en boucle les pixels défilent et disparaissent j’observe l’image d’une femme, de mes yeux mi-clos je regarde son corps en deux dimensions
à chaque nouvelle photo que je décèle, je tente de discerner les contours de son visage, les dunes sous sa peau, les grains de beauté qui ponctuent, et même la couleur de ses yeux mais sa figure toujours devient lune
les soirs d’ennui, je clique et je tombe sur son pseudo comme au coin d’une rue je mords mes doigts pour ne pas lui envoyer de message direct
quand sous le poids des mégaoctets et de la fatigue mes paupières tombent, quand le téléphone de mes mains glisse, quand les contours de mon lit disparaissent, elle flotte dans mes rêves
elle conna��t mon existence, oui, elle me cherche sûrement les soirs de septembre et dans le fond du bus elle connaît mon existence, oui, sans doute elle sent ma présence dans la pénombre des cinémas et dans les bousculades des rames de la ligne treize
oui, je rêve qu’elle me devine et que tout s’éclaire et que tout s’apaise
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