Fragments, écume, écorces, parts des anges, miettes, émail, entrailles, mitrailles et autres trouvailles : « Le langage est une peau : je frotte mon langage contre l’autre. C’est comme si j’avais des mots en guise de doigts, ou des doigts au bout de mes mots. Mon langage tremble de désir. L’émoi vient d’un double contact : d’une part, toute une activité de discours vient relever discrètement, indirectement, un signifié unique, qui est « je te désire », et le libère, l’alimente, le ramifie, le fait exploser (le langage jouit de se toucher lui-même) ; d’autre part, j’enroule l’autre dans mes mots, je le caresse, je le frôle, j’entretiens ce frôlage, je me dépense à faire durer le commentaire duquel je soumets la relation. » Roland Barthes, « Fragments d'un discours amoureux »)
Don't wanna be here? Send us removal request.
Text
Cavalier chevauchant un dragon sous les alizés

1 note
·
View note
Text

Tout est là, autour de cette photo, dans les débordements extravagants, hors du cadre. L’éternelle beauté de la grande fougère aigle, le pied - unique dans la région, le seul répertorié par les naturalistes - d’une petite mousse qui s’est toujours « littéralement » prise pour un arbre (climacium dendroïde), le bedon bleu roi moiré d’un géotrupe qui me chatouille la paume de la main, les scores en grains de beauté sagement alignés dans les crosses naissantes des polypodes de Manton, deux salamandres aux couleurs hypnotiques, le doux tapis étoilé des polytrics élégants, la feuille soyeuse du néflier du bout de la pulpe des doigts, les longues hampes florales des nombrils de Vénus qui sont l’écume de la forêt (et ramènent Vénus à son écume originelle), le goût multiplié d’une mini-pomme sauvage explosant en bouche… Dans les débordement de cette photo, pousse aussi un poirier sauvage aux fruits dont le goût indéfinissable est si merveilleux quand ils flirtent avec le blet.


Le ruisseau bouillonnant sous ce chaos de granite joue les alchimistes : au hasard de la rencontre des molécules d’acides humiques et fulviques, une rareté éphémère que l’on ne voit que quelques heures au printemps, au moment encore incomplet de la biodégradation de tout ce fatras organique, colore l’eau d’un rouge irréel. Le cycle menstruel du ruisseau.

Au sommet de l’un de ces géants ballons de granite qu’il faut escalader, un rond parfait d’une quinzaine de centimètres de diamètre. Une légende. Celle de la trace du sabot du bœuf de l’ermite sauvé ici de la maladie par les bienfaits de ces eaux. Et une incroyable vérité à travers le temps fissuré : qu’importent les saisons, qu’importent les sécheresses, cette petite excavation parfaite creusée dans le rocher est invariablement remplie d’eau.

Un engoulevent est venu planer au dessus de mon crâne et a déversé ses stries chantantes sur tout ce secret paradis comme pour saluer cet instant d’infini aux parfums d’éternité.

Au-delà de l’énergie de l’eau qui bouillonne et gronde sous ce chaos jusqu’à faire vibrer l’âme et la peau dans une danse incroyablement sensuelle, il est un vrai bonheur ici bas, dans ce vert paradis. Personne n’ose s’aventurer jusqu’a ces profondeurs - hormis quelque loup en dispersion. Le discret sentier qui grimpe jusqu’à la plus haute table de granite - gigantesque plateau avec vue imprenable sur la canopée - est protégé par des ronciers qui se dressent haut en gardiens de la forêt. On ne ressort pas indemne - au propre comme au figuré - de ce coffre-fort. Mais le trésor qu’il recèle confine au divin. Sauvage, libre et bien à l’écart de l’espèce humaine.
youtube

0 notes
Text

Est-ce que ça existe, les soirs à la Sergio Leone ?
Un truc qui te serre le ventre et embaume le parfum d’éternité ?
Avec l’amour qui poudroie à travers les fissures de timidité ?
youtube
1 note
·
View note
Text

Les derniers frimas de l’hiver, entre lune furibonde et soleil timide, n’y peuvent rien.

Aussi glacial soit ce ciel hirsute sur ma vieille hutte, il n’a toujours pas éteint les braises de novembre.
Un moment que je les pistais. C’était à La Maroquinerie, leur seule date en France sur une quinzaine de concerts pour leur première tournée en Europe. Bonny light horseman (oui, je sais, encore un post avec eux).
Une bonne bière et quelques mots échangés avec eux - et elle - dans le petit café adossé à la salle de concert avant leur set… Et la magie de ces talents sur scène a enflammé les petits fantômes parisiens. L’un des meilleurs concerts de mes douze vies (et demi ^^).
Quatre mois depuis La Maroquinerie. Tout un hiver. Et la lune furibonde et le soleil timide n’ont rien refroidi.
youtube
1 note
·
View note
Text
Oh mais quelle splendeur métissée !
Ce titre ouvre le deuxième album « Hymns of Bantu » d’Abel Selaocoe dans lequel il livre notamment une « Suite pour violoncelle Nº6 » (la touchante Sarabande BWV 1012-IV pour les puristes) sur la corde d’une émotion harmonique d’une rare finesse. L’impro sur Marin Marais vaut aussi le détour. Bref, gros-gros coup de cœur du jour.
Après « Where is home » (« Hae Ke Kae ») en 2022, le violoncelliste sud-africain poursuit ses explorations des notions de foyer et de racines. C’est d’une beauté pure.
youtube
1 note
·
View note
Text
Komorebi 🤍
youtube
0 notes
Text

Radiographie des frissons dans le ventre
1 note
·
View note
Text

C’est un passage secret entre deux saisons
Interstice du temps fissuré
Creusé par les pas lents du Grand Siècle
Il invite au chuchotement
Et ce sanctuaire à l’abri des hommes embaume l’air de son parfum d’éternité.
youtube
3 notes
·
View notes
Text

Septembre, je t’épure; je te funambule sur la ligne la plus fine possible de tes (trop) pleins et déliés pour ne retenir que l’allégresse dénudée du vertige, là tout au bord du monde, sur la crête loin de la cohue, du tohu-bohu triomphant et des remugles bouillonnants, pour voler, voler, voler entre les lignes claires du nouveau roman à venir qui pousse ses ramures sur les bois éternels, je le sens, il vibrionne, poudroie dans des myriades de bouquets d’étoiles à cueillir, mûres, irréelles et tactiles, si proches d’une vérité qui affleure de peaux et de chairs le chevalier fou bravache, hardi devant ce vide qu’il décompose, recompose, le regard tourné à l’exact opposé des frénésies brouillonnes et écumantes d’ici-bas, des pétales d’uncinia - les plus légers du monde - tout au bout des ultimes stimulus des doigts des fées. Septembre nu, d’ambre, se cambre jusqu’à l’acmé exaltée des petits mots chuchotés sur le papier de soie gracile, agile de ses esquives entre les vagues, petit poisson volant argenté fendant de célestes horizons aux amours infinies entre les nuages-escargots.
youtube
5 notes
·
View notes
Text

Et puis « j’ai embrassé l’aube d’été » façon Rimbaud dans ses « Illuminations », et mes nuages étaient comme sa jetée « dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière ».

youtube
5 notes
·
View notes