lemonlamour
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Amouriste. Belle comme une bête. Contenantielle. Douce, Effortlessly Farouche. Guerrière Hippie. Indie Jammeuse d'air. Kunderiste La Mer Nue. Obsédée par les trous. Prend la plume plutôt que le papier. Quêteuse de lumière. Râtisseuse de vérité. Spiritueuse tressée. Universalis Vagabonde. Why oh why. Xénophage. Yogista et aussi Zéro année (sinon mon nom c'est Catherine Anne Laranjo je vis à Montréal et je viens au monde).
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lemonlamour · 7 years ago
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lemonlamour · 7 years ago
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Some beings will walk with you for the duration of this bodily existence, up to the very end. Some will come with bright promises, bright lights, but they fade quickly. Others come, they don’t look like they will go very far, but they are marathon runners ; they’re there with you all the time. You cannot determine this. Somehow in the flow of your own unique river, you will see that everything is as it should be.
Mooji, quand il chuchote à mon oreille
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lemonlamour · 7 years ago
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God had made a special visit. He threw a dark cloak over me. And then the most remarkable thing was that He didn't leave, He couldn't leave. He was there just waiting. And I said : I'll be fine. Don't worry about me. And in that pause, I had a sense of such grace. And I thought : That's it. It's a gift. It's not a gift I want. It's not a gift I want my children to have, but it is a gift. So the question is not 'why have I got it ?' but 'what am I going to do with it ?'
John Hull, on what makes us rich and what makes us poor
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lemonlamour · 7 years ago
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Passages.
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lemonlamour · 7 years ago
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C’est le grand mystère : tu ne veux pas parler, tu aimes le silence, mais pour garder le silence, il faut parler. C’est ça le mystère. Si tu restes en silence devant le silence, le silence s’en va. Mais si tu commences à parler, le silence se fortifie. Tout dépend de la manière de parler pour fortifier le silence. C’est aussi ça le mystère de la poésie. Des fois il faut quand même parler. S’il y a le moment où on peut employer le mot « amour », il faut. Et c’est la chose la plus grande qui peut arriver. Mais c’est une chose rare comme les parcs. Plus rare, beaucoup plus rare.
Peter Handke balbutiant si bien l’indicible
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lemonlamour · 7 years ago
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A device for tenderizing the heart
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Tu as mal ça élargit la beauté. Ton cœur tremble sans arrêt la vie ralentit. Le timbre déjà si bas de ta voix descend encore. On ne l’entend presque plus ta mère te rappelle qu’elle ne te comprend pas ma chérie, peux-tu parler plus fort s’il te plaît.
Tu ne peux pas.
Tu es occupée à vivre cette inspiration. Tes côtes s’ouvrent comme un grand ciel autour de l’île ton torse suit les bateaux en craquant. Tu ne peux pas parler plus fort tu es occupée à sentir que l’espace autour du cœur te fait mal lui aussi. Tu le remarques clairement maintenant la fracture est passée dans les os ils l’enlacent lui offrent un berceau ça te touche éperdument tu te demandes si tu n’es pas en train de virer folle avec ça.
La peine t’amène dans l’intense douceur au monde on dirait un désagrègement. Chaque événement t’arrive vêtu d’un halo blanc. Ils te glissent sur le corps comme la lotion appliquée sur le ventre des futures mamans. Ils sont froids et tendres se définissent mal mais leur effet ne s’ignore pas.
Ta mère te parle de la nouvelle humilité qui t’habite. Elle t’explique comme il fait bon d’être près de toi depuis que tu es revenue de ton tour sur la lune. Tu es encore humide du voyage il t’a enflée, maintenant que la gravité revient la vie s’enrobe d’une tendresse imprévue. Tu n’es presque plus là ton corps devient translucide, tout t’enveloppe. Tu portes la douleur comme un petit paquet de lumières diffuses, elles flottent sous chaque chose qui te croise. Tu découvres un grand réservoir de beauté juste là sous la laideur du rejet, ça te fait pleurer derrière un pare-brise en route vers les commerces de banlieue un dimanche où il fait chaud. Tu t’appuies contre le siège de la voiture, son solide accueil t’émeut. Tu fermes les yeux, le ronronnement du moteur est un bercement, tu t’y donnes tu y tombes. Dehors les autos passent comme des avions de papier des lasers de coton des petits animaux de compagnie, autant d’accompagnements à la peine.
À la librairie tu trouves un bout libre dans la section du bien-être. Le coin des deux rangées te prend à la gorge, un parfait triangle presque invisible, doucement l’air rosit. Tu couches ton manteau au sol : une doudou pour accueillir les chatons de ruelle. Tu tapotes le vêtement que tu portes depuis cinq ans tu flattes tu flattes, la doublure secrète n’aura jamais été aussi douce.
Tu revois la peau olive de la Suédoise à Barcelone, le fruit mûr de sa bouche quand elle a dit : it took me six months to realize it was beautiful.
L’écran du téléphone s’allume tu suis du doigt les contours arrondis de la petite bulle verte. Ça t’achève et te rempote en même temps, ton index ce mouvement, la douceur des lignes, le vert sur fond blanc, des traces de printemps en plein hiver. À la caisse tu peines à trouver la carte de membre dans ton petit porte-monnaie surpeuplé. L’employée pose sa main sur ton poignet elle t’offre les points quand même ton regard s’embue, elle te dit it’s fine, ça y est tu pleures.
Ça n’arrête pas c’est bientôt le matin, quatre jours d’étreintes depuis la rupture. Tu sors le chien dans la ruelle glacée la blancheur de ses pattes sur la neige t’inonde. Tu rentres ta mère t’accueille tu le lui partages. Dans le vestibule ses yeux mouillés te répondent ça te gruge te couvre. L’échange de sensibles irradie il devient la dernière petite roche dans ta poche. Tu la serres.
Un matin tu marches vers le métro tu pleures encore à haute voix sous ton capuchon en écoutant le soleil se lever. Cette fois tu ouvres la bouche en un très grand rond l’air s’y engouffre. Tout cet espace pour recevoir l’intense fraîcheur ça arrive gratuitement te touche tellement que tes chevilles en tremblent. Vers quatre heures ton ami t’écrit « reste, tu es la personne la plus forte que je connaisse » ta main rapetisse autour du téléphone les mots se soulèvent et en-dessous d’eux brûle le même feu doux. Le soir une amie a pour toi déverrouillé la porte de son appartement. Elle a pensé à toi avant d’aller dormir son geste illumine la poignée sous la paume de ta main glacée. À l’étage la chaleur du chat lové au bord de ton ventre te démet. La bouillotte rouge placée comme un cœur entre vos corps couchés te défait. Un tout petit rythme dans la nuit, aucune musique, un coussin d’allaitement sans extrémités, il couve le désintègrement.
Un jour tu te réveilles et la douleur n’est plus en plein milieu. Elle s’est tassée un peu sur le côté ça t’étonne. Au cours des prochains jours elle viendra par vagues, cette clarté entre les grands coups de bleu. Tu comprends alors ce que clairvoyance veut dire. Sous la grosse couche de peine il y a la réalité. Si définie si bien dessinée impossible de ne pas la recevoir.
Si l’amour est mieux auprès d’une autre, qu’il y soit. Si le corps que tu appelles amour respire mieux loin, qu’il y reste. Les paroles de chansons les bouts de poèmes t’arrivent maintenant tous seuls. Après la panique vient l’innocence. En vrai rien n’est doux, seulement toi quand tu émerges. C’est un soulagement que d’être ici, tu n’as pas grand-chose mais au moins tu n’as plus à te battre.
Anéantissant de simplicité. De la trempe de la tendresse qui s’est mise à cerner chaque petite beauté. Ici on ne se débat pas on ne tire pas la couverture de son côté on ne cherche plus à décrypter à deviner à déplier. Ça vibre de clarté : sous le gluant de la peine il y a la réalité exactement telle qu’elle est. Elle traverse toute volonté tu n’es même pas tant impliquée. C’est troublant et soulageant. Les deux. Voir ça, les coutures. Les choix, ce qu’ils sèment. Voir que. C’est comme mon amour. C’est juste comme ça.
Ça dure un temps.
Après la douleur revient plus forte que jamais c’est une autre tempête sur ton corps épuisé mais au moins maintenant tout est auréolé d’une odeur de vanille et de bois mouillé, all this weather my love you’re gonna be fine.
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lemonlamour · 7 years ago
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Des fois les poèmes sans mots.
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lemonlamour · 7 years ago
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Les phénix s'ils chuchotent
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Elle croyait que tout serait toujours doux Qu’ensemble était leur nature Que les saisons couleraient sur leurs dos même courbés contre d’autres Elle croyait que l’espace polirait Que la distance rapprocherait Mais le temps a durci On dirait un petit marteau de verre Elle n’a presque plus de force pour cogner les clous.
Elle pleure plus que jamais dans l’allée des viandes au supermarché Porte les mêmes trois gilets en alternance depuis un mois : le gros beige, le petit beige, le mince blanc, tout le reste dort Elle se promène sur Mont-Royal une laitue au bras des sacs à recyclage dans l’autre On dirait des bébés sur la rue glacée ça la fait tomber Elle glisse dans la potion du jour Traîne ses pieds mouillés Elle revient toujours des mêmes cafés N’a plus d’énergie que pour aimer Elle voudrait aimer Qu’aimer rien d’autre qu’aimer elle est fatiguée.
Elle ne sait plus s’il faut dormir nue S’il faut respecter l’espace ou bien tout piller S’il faut prendre son visage à deux mains en brasser le non-sense away Ou si les blessures guérissent seulement quand le pardon ne veut rien d’autre que lui-même.
Elle ne sait plus s’il faut dire qu’on sait tout Les multiples cœurs rouges les je t’aime aussi les si tout va bien on se verra tantôt Elle ne sait plus s’il faut embrasser le mensonge Lui faire l’amour à travers les sacs de plastique qui sèchent Qui prennent merde vraiment tout leur estie de temps à sécher L’humidité commence à manquer, toutes les plantes du petit appartement penchent.
Elle regarde le comptoir y voit des obsèques Elle rêve de chats qui crèvent de bébés qui meurent avant de naître Se réveille trempée ses seins sont des creux dans un chandail aminci Il y a un grand trou dans leur cuisine, elle ne sait pas comment le prendre S’il faut le contourner y mettre le pied Y entrer complètement ensemble, s’y lover Faut-il l’y appeler Écrire son nom sur les parois lui rappeler Comme leurs corps s’emboîtent dans les secousses Comme la mer revient toujours comme ce qui est précieux l’est Comme ils ont creusé tout ça à deux ils se sont prêté la pelle en pleurant, se regardant juste du coin des yeux Ensemble ils ont creusé la fosse qu’ils vivent maintenant chacun de leur côté Elle a toujours aimé les trous voilà maintenant elle l’a Le plus grand c’est inimaginable ça lui coupe le souffle elle en perd la voix Inimaginable comme rien peut tant envahir Peut-on le recevoir à deux poitrines quatre mains Ou bien c’est immanquable : rien sépare.
C’est que le rien Ne ressemble plus aux libertés que prennent ses vêtements préférés Aux perforations dans les sacs de voyage, aux échancrures dans les cahiers d’école trop sérieux Non là c’est une immense fosse qui suce le temps La vraie, la plus grande qu’elle a jamais vue Elle a visité les cavernes et les volcans pourtant Non ici il faut rester Laisser les blessures être réactivées ne pas poétiser Réapprendre l’équilibre des présences partagées la danse des jours corrects Apprendre à donner des chocolats aux protéines sans recevoir un seul fruit Traverser les nuits-zombie le cœur en paille Judicieusement utiliser le jet de la douche pour couver le bruit des larmes Attendre les réponses bleues qui viennent des heures plus tard attendre que les yeux reviennent la chercher pendant l’amour attendre les premières cuillères dans la nuit attendre Qu’il décide de l’aimer encore.
C’est le deuxième travail le plus difficile de sa vie le premier c’était de manger Avant il lui tendait la fourchette lui tendait la carotte des maternités Elle croyait que leurs voix se répondraient toujours dans les drames Mais le plus grand trou du monde dort maintenant dans leur maison Et avale les mots comme fleur, cœur, amour, de, ma, vie Ici il suffit de chuchoter pour mesurer le vide Un seul murmure pour que l’écho réponde Et vibre jusque dans le hamac D’été plié près de la porte d’hiver.
Cinq mois séparés le creux s’élargit encore elle n’avait pas vu venir la brisure La lumière leur passe encore dessus Elle le voit elle la voit elle voudrait lui ouvrir les paupières de force Lui prouver comme la lumière est là Mais faiblit Elle est rose si rose si tendrement rose encore On lui dit que ça prendra beaucoup de temps Ça s’espace ça ne durera peut-être pas.
Elle pleure plus que jamais elle veut plonger les mains en eux Doucement retaper la terre il faut comme la forêt après le massacre tranquillement reboiser Elle fatigue c’est presque perdu mais la seule chose que le souffle sait c’est que quelque chose vaut toute cette peine Il existe Des fleurs de désert et des papillons Qui se nourrissent des larmes de tortues.
Quand elle rentre à la petite maison blanche et que ses bottes à lui attendent Plus brunes encore qu’avant le désastre Elle n’a plus que le cœur de penser à ses pieds Ses pieds d’amour ses pieds Doivent avoir froid dans l’hiver de ses souliers Ils doivent geler mais comment peut-il geler loin comme ça Où est-ce qu’ils sont allés se perdre dans quelle rangée l’amour est-il pogné Ensemble ils ont mis le feu à la vie Ils sont debout au centre des cendres Se demandent quoi faire avec ça maintenant.
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lemonlamour · 7 years ago
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lemonlamour · 8 years ago
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« Love is spreading nice things quietly »
11 novembre, Malaga
Au milieu de la nuit je me réveille en sursaut mon oreille me fait si mal que je n’entends presque plus rien. W. me tire du lit me tend les vêtements les plus chauds, il fait encore frais si tôt le matin, nous allons à l’hôpital et il est inquiet que j’aie froid. Nous descendons l’escalier à tâtons (lui les murs dans le noir moi mon oreille j’essaie d’aliter la douleur), dehors il happe un taxi et explique au chauffeur d’aller rejoindre la femme qui se tord au bout de la rue, c’est moi. La salle d’attente de l’hôpital est petite, on dirait un salon, des vieillards sont très occupés à y survivre. Un homme a fait caca dans sa chaise roulante. Deux Africains se flattent les mains et se touchent le ventre pour se dire je t’aime. W. me tient le pied et regarde mes cheveux mêlés et mon visage fripé avec les yeux de l’amour.
Cette nuit Quand le mal me lâche quelques minutes Nous meublons l’attente. On se rappelle avec tendresse tous ceux qui nous ont accompagnés dans les hôpitaux du monde Sa mère quand un accouchement de vingt heures son ami-amour dans un riche hôpital de Taipei et lui sur une petite île grecque pour des tessons qui saignaient du cou jusqu’au torse Ma mère qui a pleuré tout son corps en me déposant dans une bassinette de métal quand ils avaient forcé la péritonite de mes cinq ans à boire du jus d’orange en casseau. Mon éternel amour à pieds dans la canicule quand la tête me tournait trop. Nous, traversant le corridor comme un soft parcours d’athlétisme quand un vieux Grec s’est fait enlever la moitié d’un poumon et voulait nous expliquer l’horaire des programmes à la télévision de l’étage des grands opérés. Mon grand-père avec ses fleurs chaque semaine pendant cinq mois son stash de mots croisés ses films adaptés, mon grand-père qui charmait les infirmières russes de l’hôpital des fous avec sa Cadillac rouge dans l’entrée de la petite maison au bout du chemin qui m’a vue renaître. Ma petite soeur et le grand tricot gris qu’elle m’a offert quand j’étais trop sèche quand j’étais trop maigre pour que le sang me sorte des veines. Et mon presque-papa presque toutes toutes fois (mon presque-papa incarne la main qui lisse les draps rudes l’autre main qui noue la petite jaquette bleue). On invite et commémore tous ceux qui ont été là pour tenir nos plaies accompagner nos blessures même quand elles ont été petites même quand elles ont été invisibles irresponsables inconcevables inventées Tous ceux qui se sont levés pour attendre aimer attendre aimer Nous sourions À mi-chemin entre nos bouches ses souvenirs se tressent aux miens la petite salle d’attente se peuple de tous nos précieux absents nous sourions nos amours se ressemblent
Je me tiens toujours l’oreille à deux mains je gémis par intervalles je réalise que les sons de la douleur sont très près de ceux du plaisir Je me suis réveillée avec un couteau dans l’oreille et nous en appelons maintenant à l’amour patient Il nous appelle en retour c’est la première fois que l’Espagne me fait si mal c’est la première fois que je t’aime tendrement. Quand nous rentrons enfin W. utilise la version douce de sa voix pour me ramener la maladie au lit, avant de se recoucher près de moi il va chercher le médicament à la pharmacie il déverrouille le grillage de l’appartement et se penche pour me dire : so shitty night but finally we watch sunrise together, it’s beautiful from home.
*
13 novembre, Malaga
Nous recevons une famille ukrainienne qui aime les avions Ils sont trois et acceptent mes baisers à l’entrée Sont fascinés par la simplicité du parking dans le sud de l’Europe et transportent leur dernier ajout à dos de couchsurfing hosts : c’est Marsha, elle a deux ans trois mois et rit nue dans le corridor entre la chambre et le salon. À neuf heures du soir il fait un peu froid et nous buvons du thé J’ai fait comme W. me l’a suggéré je leur ai demandé ce qu’ils voulaient avant de leur donner Ils ont répondu qu’ils préféraient le doux. Dans le salon ça parle de géopolitique autour d’une table en verre Il reste une poignée d’écailles de pinottes dans le centre droit du monde et une enfant joue avec les mots que j’ai envoyés de la maison, un écusson de bananes et le téléphone intelligent de ses parents, elle l’utilise comme une fenêtre un passe-partout un tronçon de ciel. Dans le salon froid des maisons d’automne ça parle d’immigration sur les pointes du continent Des restants acides de l’union soviétique Et une enfant sort de la douche en hurlant de rire Je ne parle presque pas je laisse la place aux confettis Ils me recouvrent and he says When you smile so much with your hand like this you make me follow in love with you even more Ce soir l’amour est en train de se faire suivre pendant qu’un petit pyjama rouge embaume l’appartement et que j’ai déjà hâte de dormir dans les restes de sa joie Entre les draps qu’on vient de rentrer, toute la journée le soleil les a séchés c’est pour que leurs plis prennent bien leurs peaux cette nuit Ils dormiront à trois dans le grand lit, c’est ce qu’ils font toujours Mais avant la petite mange ce qu’on lui tend elle est pleine de yaourt son menton tremble sous la blondeur de ses sourcils la femme me demande si elle peut utiliser la bouilloire je lui dis prends tout, je regarde quand même W. un peu ses yeux sont des colombes il dit oui bien sûr c’est ta maison.
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lemonlamour · 8 years ago
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À peu près ça.
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lemonlamour · 8 years ago
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Finalement je n’exploserai pas (7)
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1er novembre, entre Barcelone et Valence
J’aime les jours gris pour voyager.
W. préfère les ciels vides et le soleil, il dit que c’est l’idéal, we can see everything on the way. Moi je préfère les nuages et la brume, comme ça on sait qu’on bouge mais on ne sait pas vers où.
Aujourd’hui je quitte une ville que j’ai à peine visitée pour une autre dont seule le nom m’appelle. Aujourd’hui au bord de la fenêtre je guette l’espace je fends le paysage, le ciel tombe souvent sur la mer et tout se reflète d'un côté vers l’autre du train. Je sais déjà que je ne sais pas pourquoi je suis là j’ai décidé de me laisser être sue ça pèse moins comme ça.
Et c’est là, quand la vie me choisit plutôt que je ne la choisis, que je vois non seulement l’étendue des vides autour de moi, mais aussi ma propre étendue, égale à ces vides.
On m’a commandé une nouvelle fantastique pour le travail, j’avais pensé parler de la brume qui flotte dans ma vie et mes carnets, plus j’en tourne les pages plus je vois apparaître deux villes aux visages anonymes, avec partout mon écriture tremblée reliant les lieux qui manquent de clarté, et bientôt dans la vague des mots arrivent deux hommes, un à chaque bout de la ligne que dessinent les rails.
Je choisis une vie sans la choisir officiellement, c’est quelque chose de plus vaporeux que ça.
Ce matin je me suis réveillée presque en retard, ai vite fourré tous les vêtements mêlés dans le grand sac beige, je ne suis plus bien certaine lequel des cafés j’ai avalé avec encore le rêve au coin des yeux. La voiture m’a conduite vers la gare mais j’étais encore sur les ailes de l’avion qui m’a menée jusqu’ici, j’écris « ici » et on dirait un mensonge. Sur le quai je me suis laissée porter par le flux des corps voyageurs, j’aime m’y amarrer comme à des pays, c’est temporaire mais ça dure, c’est toujours comme ça de toute façon, ils me portent les uns vers les autres, et moi jusqu’à moi qui n’arrête pas de me revenir, W. l’a écrit sous mon visage, the waves always return.
Dans le wagon où j’entre c’est une place libre qui me trouve elle-même. Je m’assois près d’une femme, je ne sais pas si elle est vieille. Elle porte du mascara du fard à joues et ses cheveux sont richement bruns, elle a une veste à capuchon avec des petits cordons, ça fait adolescence, mais un sac à bandoulière et des talons carrés sous des capris rouges, impossible de lui donner un nombre. Comme une vraie madame elle fait des gros yeux à mes genoux relevés près du bras de chaise qu’on partage à la commissure des sièges, mais après elle regarde des recettes de smoothie bowl sur son téléphone et utilise si bien Whatsapp et je ne sais plus, je n’ai pas envie de toute façon, je voyage bien dans les zones grises.
J’aime voyager par temps incertains sous le ciel couvert, il n’y a que des petites cornes dans la brume pour me redonner un plancher me rappeler les contours de mon corps, j’aime être floue mais c’est ici que je veux l’être. Alors je laisse le mouvement simple et précis d’une lime à ongles au bout de doigts qui me ressemblent m’accrocher à la vie. Comme aux corps sur les quais je m’amarre à la peau presque humaine d’un kaki sous mes lèvres, sa pulpe qui éclate entre mes dents, le jus qui coule sur le plancher du wagon, les billets d’avion que j’étale parallèles sur la flaque sucrée, j’éponge ça qui m’explique que je suis vraiment là.
Chaque clic de l’appareil photo de l’homme suspendu à mon dos me fait signe en secret
Il existe mille espaces possibles où je pourrais être, mais c’est celui-ci. Parfois je me dépose dans la vie comme un chat le fait, le regard tout à la fois fixe et ouvert, le corps mou en attendant les prochains aguets.
J’aime voyager par temps gris, par la fenêtre la ligne d’horizon désespère doucement, on ne la reconnait presque plus, le ciel mange la mer. Tranquillement le trajet se déploie et le wagon se vide il n’y a bientôt plus que la femme à ma gauche elle vérifie sur son téléphone quel est le nom de la sortie qu’il faudra prendre tout à l’heure. Par les fenêtres les moitiés du paysage se répondent, la montagne d’un bord la mer de l’autre une ligne droite entre les deux, le centre me passe entre les côtes. Vers la fin je deviens seule je transite de bord en bord je peux maintenant soulever mes jambes sans déranger un autre corps, des yeux me regardent mais je ne suis plus sûre si c’est parce que j’ai emporté le petit miroir circulaire avec la mer de Gaudi sur la couverture, si c’est bien un objet d’esthétique ou un livre ou autre chose, la mer ressemble à l’emoji que W. m’envoie sans arrêt, avant de partir il a dit I will have to be careful the images that I send are not always the ones you receive.
Nous continuons d’avancer et la mer n’a pas fini de verdir. Le train sonne en perçant le ciel je ne sais plus si c’est dans la chanson ou dans le paysage pour vrai. Les montagnes se mettent à bouger des vagues se forment dans les parois des rochers, les petits champs au bord des maisons ondulent, le reflet de mon visage sur la vitre se grafigne et se mouille, la vieille femme un peu jeune est toujours en train de lire sur l’écran de son téléphone intelligent et je n’existe presque plus.
Et c’est là, quand la vie me choisit plutôt que je ne la choisis, que je vois non seulement l’étendue des vides autour de moi, mais aussi ma propre étendue, égale à ces vides. Je n’ai pas besoin d’occuper tous les espaces pour occuper tout l’espace.
Je voyage entre deux hommes qui ne s’habillent qu’en couleurs neutres, entre leurs corps séparés je ne mange presque plus que des fruits locaux et des amandes blanches. Je voyage entre deux temps, préférablement par temps couvert, des temps qui portent le nom des lieux et personne ne m’attend à Valence.
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lemonlamour · 8 years ago
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Et beaucoup de fenêtres
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Valencia, 2 novembre
Je suis tombée dans la petite soupe du monde.
Je dors chez une Italienne elle m’amène rencontrer un homme qui revient de Madagascar et un Éthiopien qui porte un pull de la Jamaïque et mange des moules comme si c’était des papillons (je veux dire des papillons italiens, farfalle loro dicono, ce sont des vagins). Chez G. un couple d’Allemands se partage le salon, une copine française a installé sur les murs des images de l’Asie et un accent marseillais dans une autre bouche que la sienne. Aujourd’hui celle qui m’héberge me présente la plage de Valence et m’avoue qu’elle ne sait pas pourquoi elle ne rencontre que des gens bizarres depuis qu’elle est là. Ils n’ont jamais d’emplois traditionnels ils travaillent dans des usines de marijuana officielles dans des associations d’épigénétique ou alors ils ne travaillent que lorsqu’ils sont ailleurs. Elle me parle d’un Algérien d’un Sénégalais d’un Haïtien, elle dit qu’elle attire elle ne sait pas comment tous les Italiens, elle n’en veut pas elle n’en veut plus elle veut passer tout son temps à se demander de quel mélange chaque nouveau visage est fait.
Je suis arrivée sur Valence hier, je la prononce en portugais en appuyant à tous les mauvais endroits. Je n’apprends pas et personne ne me corrige, on laisse la ville être libre dans ma bouche. Hier soir nous mangeons des papas ni frites ni rissolées, c’est un mélange entre la bravoure et la France importée, des petits cubes croustillés, pour une fois j’en ai pris plein, c’était dans l’air, cette liberté ce mélange ce voyagement des appartenances, j’ai tout empoigné à pleines mains avec une montagne de mayonnaise et du ketchup épicé, j’ai aussi récuré les citrons qui baignaient dans la sauce des moules de Banyam, croqué leur pulpe à eux en le regardant lui dans les yeux, comme pour le cerner mieux.
La soirée terminée nous rentrons en tram et avant de quitter le wagon Banyam fourre son visage dans le cou de G., il en ressort le regard mou, les yeux comme une éclipse de nuit. En revenant à la maison G. sort de la bibliothèque le livre qu’il a écrit. Il y raconte son errance depuis la corne africaine jusqu’à la côte andalouse, deux ans seul avec ses cheveux fous et ses yeux sûrement plus solaires que la lune qu’ils portent ce soir. Il y a dans le livre les feuilles arrachées d’un carnet que je devine celui de G., dessus des exercices à remplir en espagnol, je me demande si elle s’exerçait en secret à bien l’aimer.
Je suis tombée dans la soupe du monde, ici les Italiens peuvent se parler dans leur langue et les bars qu’ils fréquentent la nuit les comprennent bien. G. me raconte son dernier couchsurfer c’est un Brésilien des favelas da Bahia, il lui parlait portugais sans se soucier de savoir si elle allait bien tout comprendre il voulait se marier bientôt et proprement, elle comprenait tout elle lui a offert une maison sans compter les nuits, depuis il lui écrit à chaque jour você é maravilhosa et quand elle le prononce avec des restants d’italien sous les lèvres c’est encore plus tendre.
Une heure plus tard son plus récent ami arrive en béquilles au bar où j’attends qu’un cours de danse africaine ne se termine qu’en Europe. L’homme s’assoit devant moi regarde loin jusqu’au bout de mes yeux il parle beaucoup saute de l’italien à l’anglais au français, il m’explique bientôt qu’il étudie la capoeira et le tai chi il le dit en portugais en mandarin, je suis arrivée à Valence hier elle se nomme dans toutes les langues et goûte à peu près tout côte-à-côte, chaque chose accoudée très près l’une de l’autre, si les pays étaient des êtres ils seraient sur la Costa Brava colocataires, partageraient le petit appartement de G. où il n’y a aucune porte, que de longues franges dans les cadres et
beaucoup
de
fenêtres.  
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lemonlamour · 8 years ago
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Tenir tomber (et graviter par les flancs)
Comme la gravité est susceptible d’occuper toutes les dimensions qui existent, ses ondes pourraient être un moyen particulièrement prometteur de détecter toutes les dimensions au-delà de celles que nous connaissons, si elles existent.
*
27 octobre, entre Montréal et Barcelone
Ce n’était pas fini il fallait revenir il fallait retourner Quand est-ce qu’on fait la différence entre ça : Revenir. Retourner. Rentrer. Aller. Venir. Tenir. Tomber.
Comment est-ce qu’on fait la différence entre être sur terre et y errer Exister debout en soi Ou vivre manipulée par des fils invisibles, des fissures qui se lisent seulement les yeux fermés Vivre travaillée Par des grandes mains rose pâle Trafiquant en secret Est-ce que vivre et être vécue C’est pareil partout.
Ça fait longtemps que je me connais et me reconnais, que je nais et me reconstruis sans arrêt. Ça fait longtemps que je deviens toujours plus précise toujours plus possible, simultanément. Ça fait longtemps que je me comprends mieux, les voyages ont aidé, pour les frontières ça va les natures aussi ça commence, mais je n’ai toujours pas élucidé mon problème de distances. C’est qu’il n’existe jamais rien qui prend autant de place que l’endroit où mon cœur se trouve. Je n’ai ni contrôle ni envie de contrôle sur quoi que ce soit excepté sur la distance entre moi et le reste du monde. Entre ce que je veux près, loin ou moyen. 
Je t’aime de près viens près. Je t’aime de loin reste loin. Je t’aime à peu près tu peux avancer jusqu’au milieu mais pas plus s’il te plaît pas plus que ça
J’ai toujours La carte de la disparition Je peux toujours quitter mais je n’ai pas encore élucidé Ce qui tire mon corps vers d’autres et l’éloigne du reste (si fort) Ce qui attache mon cœur à certains icis et pas ailleurs (si fort) Et pourquoi je suis toujours à la bonne place au juste moment, que sans y travailler j’y consens Et que tout le reste, ce que je ne regarde pas Meurt Comment il se fait qu’une chose que je ne connais pas me meuve autant sans vraiment tellement nécessairement l’avoir choisie je veux dire : la chose, l’ici.
S’il y a des dimensions supplémentaires dans l’univers, les ondes gravitationnelles pourraient nous le dire, celles-ci pouvant parcourir toutes les dimensions présentes dans l’Univers, même celles trop petites pour être détectées.
*
28 octobre, Barcelone
L’Andalousie n’était pas finie il fallait retourner mais en attendant mon pied a craqué.
Depuis une semaine je marche avec une grande fissure sous le talon C’est une longue fourche dans la corne de mon pied, elle me fait me déplacer comme deux personnes différentes Le côté droit comme une femme assumée une écrivaine voyageuse qu’on nomme avec ces mots-là devant l’audience La femme du côté droit a traversé le désert plusieurs fois, elle marche avec une confiance qui sent très fort Et tout le monde s’abrite dans l’odeur de sa vie. Le côté gauche est une grande adolescente qui a peur d’habiter son corps, elle titube elle n’investit que la pointe du pied, c’est tout ce qu’elle croit posséder La toute petite pointe de son tout petit pied, et tout le monde la lui vole.
Ça fait maintenant trois mois qu’on est séparés et deux personnes habitent mon corps (je ne le sais pas encore tant que ça mais deux hommes habitent mon cœur). C’est cette immense fente qui m’en informe aujourd’hui, et elle saigne, je fends d’endroits que je ne savais pas friables. Pendant quatre jours je marche en croyant que c’est de ma faute c’est moi qui a trop fait le ménage en sortant de la douche c’est moi qui a exagéré en voulant me débarrasser des peaux mortes, j’ai dû mettre quelque chose à vif, maintenant je suis forcée de marcher dans la blessure.
Un jour je me penche assez pour bien voir que non, ce n’est pas moi, mon pied craque de lui-même. Ça m’ébranle ça me Rassure. Je n’en reviens pas de comprendre que mon plancher se fend Tu n’y es plus je marche au monde différemment, difficilement.
Depuis deux semaines tout se passe ici, dans les vraies choses de la vraie vie. Je fais une fissure au talon je me transforme en rupture, mon amie me tend la colle qu’elle a elle-même utilisée il y a six mois quand elle pleurait sa propre perte autour d’une table ronde sur les femmes qui se transforment en arbres en algues en sirènes, nous sommes toutes rampantes. Une saison plus tard j’attrape son mal et elle me dit j’ai ce qu’il te faut elle me tend un petit flacon transparent, c’est pour refermer la fissure, ça aide à la cicatrisation. Mon visage devient le petit emoji que l’homme qui m’aime de loin envoie toujours : je suis surprise, je ne savais pas qu’on pouvait cicatriser plus vite que nature.
Un matin nous sommes une dizaine à nous assoir en cercle dans le grand salon lumineux de mon adolescence. On parle de leurs mots merveilleux on parle de l’amour entre les lèvres et les luttes et les lettres. Je me ressers café sur café sur melon sur myrtilles je n’arrête pas d’oublier la colle qui referme les blessures partout dans l’appartement. Mon amie me suit elle me dit attends ma chérie tu oublies le flacon, tu le laisses sur tous les coins, c’est à se demander si tu veux vraiment les refermer tes fissures. De ses grands yeux de biche en mer elle statue : tu ne veux pas guérir ma chérie. Je ne réponds rien je soupire ma vie est un poème. À mesure que les ondes gravitationnelles ondulent dans l’univers, elles étirent et écrasent l’espace d’une manière très spécifique. C’est comme tirer sur une bande de caoutchouc : elle s’allonge dans une direction et se raccourcit dans l’autre puis revient à sa forme originale lorsqu’on la relâche. Les chercheurs appellent ça : le mode de respiration.
*
6 novembre, Valence
Depuis mercredi que je suis ici et je ne sais toujours pas comment correctement appeler la ville. Elle résonnait si fort de loin, maintenant quand je la prononce en espagnol elle me sort des lèvres en portugais, quand je l’écris dans mon cahier elle se couche presque tout de suite en français. Bientôt quatre jours que je suis là je ne sais toujours pas comment appeler Valence et cet après-midi j’apprends que c’est à mon insu qu’on m’y a menée :
Il y aura pour dix dollars à peine un concert de Leonard Cohen demain soir à deux rues de la maison. Il y aura un autobus à moitié prix pour quitter la ville le lendemain. Il y aura la Suédoise qui arrivait dans la Barcelone que je quittais mardi dernier pour s’en venir demain habiter le sofa-lit où je dors aujourd’hui.
Certains physiciens pensent qu’une partie de cette gravité « fuite » dans des dimensions supplémentaires au-delà des trois dimensions spatiales que nous expérimentons tous les jours.
Ces temps-ci ça fait un an Que celui qui chantait ma vie meurt Avant de partir j’ai appris que Montréal allait lui dédier le mois de novembre On allait s’appliquer à aimer ce qui lui survit et j’allais être partie.
Cette semaine j’ai finalement suivi le chant des sirènes sur la Costa Brava. Je les rencontre trois mois après les avoir entendues au vol entre des lèvres sur des dépliants dans des chansons espagnoles cet été. Je marche aujourd’hui près d’elles, seule, ne sachant pas très bien pourquoi W. n’a pas étiré Barcelone avec moi jusqu’ici, et ce matin la vie me touche le front du bout du doigt. Ce n’est presque rien j’aurais pu manquer le signe si le post-it de l’événement ne portait pas le large profil du chanteur à chapeau que j’aime jusque dans la mort : ce week-end ça fait un an que Leonard meurt sans arrêt et aujourd’hui je comprends qu’il m’a suivie dans l'automne de Valence. Je devais partir je suis restée j’ai quitté l’Italienne et sa maison de bord de mer parce que Every heart Every heart to love will come But like a refugee Je me suis rapprochée du concert je dors maintenant chez deux poètes qui le connaissent et l’aiment L’un m’explique que Lorca et Asturias, tous deux originaires d’ici, sont des meubles de la maison de Cohen depuis qu’une première guitare lui a dit tu es déjà vieux et tu n’as pas encore dit merci. Mon hôte me raconte les échos entre la Waltz et El pequeño vals vienés, le discours que l’un a offert quand le pays de l’autre l’a reconnu Il m’explique que la langue brisée de mon poète préféré A trouvé dans la rue mondiale de Montréal La guitare qui me berce depuis vingt ans. C’est un chanteur de rue catalan qui a transformé un trench coat brun en temple vivant Je l’apprends aujourd’hui d’une bouche valencienne qui m’a elle-même invitée à sa rencontre Dans un petit appartement excentré De ce même morceau de pays Où je suis reviens si vite, moi qui ne retourne jamais Ça fait un an que Leonard meurt sans arrêt et ce soir il me retrouve là où je reviens.
Il fait chaud et noir je m’assois dans la première rangée pour pleurer toutes les chaises restées vides Sur l’écran derrière la petite scène son vieux visage fripé s’insère dans celui de l’homme que je perds tranquillement de l’autre côté de l’océan, ça me disparaît par moments, je dois fermer les yeux devant tout le monde pour bien voir les invisibles présences La sienne la tienne et celle d’un Italien retrouvé (pour quatre jours à Barcelone puis perdu encore pour cinq, tout me glisse d’entre les doigts). Il est retourné dans sa maison plus bas sur la côte, c’est lui c’est elle qui ont cet été pris mon vide à quatre mains, au début mon vide était plein mais l’Espagne n’était pas encore l’automne n’était pas encore Leonard n’était pas encore tout sauf accidentée, ça ne faisait pas exactement un an que tu mourrais toujours et je ne marchais pas dans un parc plein de vides encore Peut-on même imaginer La longueur la largeur l'étoffe De tous les fils invisibles Qui nous guident et nous guettent
Cette théorie, qui peut paraître séduisante, pourrait également expliquer la « faiblesse » relative de la gravité en tant que force fondamentale dans l’Univers, mais les instruments actuels ne permettent pas la détection de telles fréquences, qui seraient plus élevées et relèveraient d’une dimension supplémentaire.
Nous verrons Well let’s see, que l’amour en secret dit toujours, et m’écrit encore ce matin.
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lemonlamour · 8 years ago
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Finalement je n’exploserai pas (6)
13 août, entre Lanjaron et Orgiva
En route vers les montagnes tout me fend Une porte écaillée Cœur de pirate à la radio Quatre babouches blanches suspendues à une corde à linge une boîte aux lettres en forme de chapeau. Tout me fond tout me fend Les fleurs entassées sur le balcon les grandes éoliennes quand l’autobus dans lequel je bouge se retourne sur leurs flancs Les éclats dans le visage des conducteurs le reflet de mes joues brûlées dans la vitre Et chacun des cinq endroits où Sous le gilet jaune d’Hannah la londonienne On peut voir le soutien-gorge violet. *
J’arrive dans la Sierra ce soir À la montagne l’eau manque mais l’herbe est dorée Quatre enfants blonds dansent à moitié nus et les petites maisons blanches répondent aux étoiles de l’autre côté de la vallée. Nous soupons tard, autour de la table on remercie la terre et l’Internet dort dans une camping van au bout du chemin, un drapeau Free Tibet flottant dans le dashboard.
La mère de la petite communauté où je suis venue passer les dix prochaines journées est Montréalaise. Je ne l’apprends qu’en arrivant. Elle a quitté ce que j’appelle la maison il y a quatorze ans. Demain je découvrirai le savon à lessive dans les pots Attitude et le livre de recettes du Crudessence quand il vivait sur Rachel. Demain la mère de l’endroit où je campe m’apprendra à faire des pâtes qui ne me font plus peur et on passera toute la matinée à renommer les rues les plus fréquentées de la ville qui nous a donné la vie, puis la renaissance. Demain on cuisinera le dîner nues pieds sur une terrasse toute grande ouverte, il n’y aura aucun réfrigérateur, nous couperons les figues en quartiers pour les faire sécher au soleil. Les enfants passeront sans arrêt pour s’en mettre plein la bouche et les petites poches qu’ils portent à peine, la maman ne les chicanera jamais, elle complètera ça avec une poire fraîche pour chacune des quatre bouches que l’Andalousie a créées avec elle. Demain la femme qui a accouché d’Amoraleza me parlera sans cesse, mon accent lui fera du bien, elle l’avouera régulièrement toute la semaine, elle répètera après moi chaque marque chaque épicerie chaque magasin que nous aimons, elle a longtemps habité ce que j’appelle la maison mais tout semblera si loin depuis la montagne, je le sens déjà en m’y couchant ce soir avec le seul tricot que j’ai apporté, tout coulera tellement par les craques de la cuisine à aire ouverte en plein cœur de la grande sécheresse qui fabrique quand même des mûres sauvages des figues fraîches beaucoup de raisins et des grosses pommes roses.
*
15 août, Amoraleza
Dans une tente américaine Je pleure en regardant des vidéos de tes mains grecques Déplacer les billes dans les trous africains qu’on a rapportés il y a trois ans, pensant qu’on les ferait résonner ensemble pour toujours. Ça fait maintenant trois jours que je vis et dors et prie entre les cercles des montagnes Ce matin je fouille dans les archives de mon téléphone et sur le petit écran je rencontre chaque moment où ta voix s’installe dans le français noir De vidéo en vidéo la chanson change mais jamais tes doigts, tes doigts recueillent et voyagent également sur le canot de bois Je connais chaque geste de chacune de tes mains pour toujours. Bientôt ton index fait signe de prendre ça, allez il faut prendre ça, il y a la musique du Malien qu’on aime derrière, ton index ne dit rien mais je comprends tout de sa vague Je comprends chacun de tes doigts Mon amour C’est tout l’espace de l’Afrique que tu habites et c’est jusqu’ici dans la brousse de l’Espagne que tu es chez toi En moi.
J’ai décidé de retourner fouler son Nord bientôt, maintenant que je suis ici et qu’elle est toute près, je ne la connais pas encore très bien quand elle moins noire. Cette fois je serai seule et je ne sais pas encore comment faire pour y être sans toi, comment ne pas voir ta main longer chaque route rouge, ta caméra bercer notre vie, tes yeux balayer leurs visages de grès Comment je vais faire maintenant pour regarder l’Afrique Et le reste Sans que tout ce qu'on a fait et défait et encore refait me défile sous les paupières ouvertes Comment je vais faire pour rencontrer ce qui nous a aimés, comment ne pas faire pleurer ce qui ne guérira pas, comment porter sans craquer ce qui pour toujours reste collé C'est mes yeux sur le petit téléphone blanc qui m'en informent aujourd'hui je porte simultanément trois écrans : un pour mes yeux un pour les tiens et un pour le regard qu'on partage Je vois pour toi pour toujours c'est lourd mais en même temps un petit papillon sur toutes les lèvres du monde.
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lemonlamour · 8 years ago
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I am not a greedy traveler I hold the days as they are given I buy flights when they start to smell like the forest And pack the bags only when they cry for my hands. I am not someone prepared, my feet are loose my coats hang My hair makes a mess over this world my eyes will keep talking the little language of the moon Do you remember how to speak to me in waves. My ship is sore but hungry I don’t know what I’m supposed to do I hope November breaks open I hope sleeping enough amongst the blues brings me back to the night we met To empty everything until we find what was there before I never beg I don’t go back, this is called coming.
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lemonlamour · 8 years ago
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Finalement je n’exploserai pas (4)
9 août, Málaga
Les jours sont éternels. Je me réveille en pleine face du soleil on sort manger à vingt heures on rentre à minuit et la lumière me suit toujours. Je m’exclame sans arrêt W. me regarde en souriant – yes my sweet, Andalucia is beautiful like this.
Je marche dans une ville qui se prend pour un village je ne sais plus quand ça a commencé. Personne ne me l’avait conseillée mais c’est ici où je dois être je le sais dès la deuxième journée. Les hommes se bronzent dans les musées à ciel ouvert et les coins de rue nous demandent d’attendre. Il y a un musée au bord de la marina mais il est vide. Un grand cube de verre multicolore avec rien dedans, que de la lumière et de l’espace. Je bois des cafés jusque très tard je n’ai plus peur de ne pas dormir et je ne trouve de sucre-sans-sucre nulle part. Tout ici est déjà assez sucré. 
Je ne crois pas que j’aurais pu choisir un meilleur endroit pour m’aider à porter la texture du maintenant. Tout ici glisse et se transforme. Les gens s’habillent comme de l’art contemporain. Les hommes me regardent mais ne s’écrasent pas complètement contre mon visage comme à Montréal, et quand les couples s’embrassent c’est très longtemps. Des voyages j’ai arrêté de compter les jours et aujourd’hui s’allonge. Je suis ici et j’ai l’impression qu’ici est partout. Jamais le moment présent ne s’ouvre autant que quand je m’installe dans le mouvement. Là je regarde le sommet des haies je les regarde. J’écoute la chanson de la plage je l’écoute jusqu’à ce qu’elle s’estompe et reprenne je suis là pour chaque couche. Je bois un café à sept heures du soir parce que la lumière n’est pas encore la fatigue, je suis là pour chaque indice. Ils chuchotent tous.
Je crois qu’on méprend exactitude et proximité. On peut être très près de l’indécidé, lui toucher les joues avec nos doigts, l’embrasser sous les oreilles, pointer le pied dans le pli derrière son genou. Je suis ici super intime avec le flou. Il goûte la relation amoureuse qui balbutie. La nouvelle d’un bébé qu’on garde secrète encore un peu. Le flou goûte le sel acheté dans un magasin de bonbons. Une robe instable, les heures de repas effacées, la pleine lumière alors que neuf heures arrive, pendant que j’attends W. au port, je le laisserai peut-être m’embrasser sans nécessairement le vouloir tant que ça, juste pour voir si je veux vraiment ce que je pense.
*
Le voyage ce n’est rien d’autre qu’une liste de ças.
Attendre devant Pompidou dans la grande clarté des vingt heures trente, le corps en supta badda konasana, sur un petit rectangle de béton, les yeux accrochés au ciel.
Deux écritures emmêlées dans mon cahier. L’une a noté le nom d’un recueil de poèmes, avec une flèche pour me rappeler que paltero veut dire donkey, me montrer en même temps que ma langue de référence peut changer. L’autre offre des titres de chansons andalouses, quand on les lit tout du long ça dit la chica agua misteriosa amor amor.
Deux femmes me demandent le chemin pour la plage alors que j’en rentre (je suis une maison ça se sent aussi autour de mon corps).
Le voyage n’est rien d’autre qu’une liste de ças : des moments de présence saturée qu’on rassemblera plus tard et dont on dira voilà, c’était ça.
Le collier n’est pas que son fil, c’est bien de le savoir, le collier c’est d’abord ses perles. Les perles trouées pas tout à fait au centre, elles viennent on les recueille elles s’entassent, commencent à former quelque chose qui ne finira pas. On ne peut pas les connaître avant de les rencontrer, mais quand elles arrivent on le sait, avec le temps on dit tiens c’est ça attends laisse-moi prendre correctement, assez humblement, pas trop serré ne pas échapper, savoir, porter. Quand les perles arrivent on en reconnaît le lustre c’est simple et fascinant comme processus, comme cette vieille femme qui passe près de moi pour m’aider et en même temps me réprimander. Elle parle fort elle pointe le sac entrouvert que j’ai laissé traîné sur le pourtour de ma tête déposée, tu bolso chica tu bolso aïe aïe, alguien te va a robar.
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