Tumgik
lhirondelle · 1 year
Text
Quelle est ta saison préférée ? Le 27 mai 2023
J'ai passé toute la semaine à réfléchir à cette question, parce que je suis très attachée aux saisons, même si la saisonnalité de la vie est parfois difficile à accepter pour moi. Par exemple, j'aime de plus en plus l'automne, les couleurs qui deviennent dorées, et c'est une saison riche en récoltes, où on engrange finalement le travail d'une année. Pour autant, j'ai aussi beaucoup de mélancolie dans le cœur à ce moment-là, parce que je sais qu'ensuite arrive l'hiver, où tout est sec, froid et silencieux. J'ai peur de ce grand ralentissement qui ressemble à la mort. Je me dis depuis longtemps que, quand je serai sage, j'aimerai l'hiver ; je l'accepterai. Je suis en route pour le faire, mais c'est souvent un moment où je chute, et ça reste douloureux. Avant, j'adorais le printemps. Maintenant, je l'aime, et en même temps il m'irrite un peu. Une fois que je suis installée dans la langueur de l'hiver, il m'est difficile d'en sortir, et je suis agacée de voir les couleurs ostentatoires des fleurs des forsythias et des prunus. Après, j'accepte. Et là, l'été arrive et c'est difficile de sentir cette grosse énergie pousser tout autour de moi, dans les plantes, dans les gens, dans la vie qui m'entoure, alors que je suis moi-même très épuisée. Je sens comme un train qui passe à vive allure ; je vais essayer de le prendre, c'est ma nature, mais il est bien probable que je me rétame. Alors, pour répondre à ta question, Salaï, je crois que ma saison préférée est l'automne, parce qu'elle est sage, généreuse et tendre, et tellement reposante après la fougue de l'été. Je suis un automne, une nourricière aux bras grands ouverts et aux couleurs de feu, un automne aux couleurs jaunies comme sur les vieilles photos, un automne qui sent la cave, le jus de pomme pressé et les noix qu'on ramasse, à genoux dans les prés.
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Cascade de souvenirs. Le 11 mai 2023
https://www.youtube.com/watch?v=s1tAYmMjLdY
Mon copain Hugo qui jouait de la guitare et moi je chantais, il était amoureux de moi sauf que je le savais pas, pour moi c'était juste un ami génial Les soirées un peu trop mais bien quand même, entre gens un peu freaks, le dry air, l'ivresse, les manèges où j'avais si peur La dépression qui commençait et pourtant je crois mes seuls vrais bons souvenirs du lycée Les seuls pour lesquels j'ai un peu de nostalgie, et surtout de la tendresse
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Ce qui ne fait pas du bien. Le 29 avril 2023
Prévoir des choses et qu'elles ne se passent pas comme prévues.
Avoir des personnes qui viennent chez moi
Affaire à suivre
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Ce qui fait du bien. Le 29 avril 2023
Prévoir des choses et les faire comme prévues
Le matin : dire bonjour à Célestine, m'étirer dans mon lit (30 minutes de sommeil de gagnées apparemment), faire ma toilette, m'habiller, prendre un petit dej de mamie à base de Ricorée en checkant mes mails, apprendre l'italien, faire un sutom.
Dans la journée : prévoir un moment de décharge physique (course à pied, marche rapide, et si je suis trop fatiguée, jardin).
Le soir : prendre un temps à mon bureau mon bricoler, faire des collages, trier des pièces de puzzle.
Faire du ménage, ranger, organiser ma vie.
Écouter mes musiques préférées soit en boucle soit très fort soit les deux. Ou alors des chansons bêtes comme JE COLLECTIONNE DES CANARDS WOH OOOOH
Affaire à suivre
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Le réveil de la lionne. Le 28 avril 2023
AH
Elle rugit la lionne au réveil
AH
Elle s'éveille la lionne
Elle s'étire de tout son long comme une chatte et reprend de son humble prestige toute sa dignité
AH
Elle rugit la lionne pour faire savoir aux autres et à elle avant tout qu'elle s'est éveillée
AH
A nouveau là, la lionne, prête, tranquille et courageuse
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Se relever. Le 27 avril 2023
Je suis tombée.
Je me relève.
Les souvenirs des derniers jours sont flous, que fait ce pot de miel ici, qui me l'a offert déjà, ah tiens j'avais oublié que j'avais acheté des bières, drôle d'idée, et pourtant je conduisais à ce moment-là, alors je ne devais pas être dans un si mauvais état ? Ou peut-être que si.
Les neuroleptiques, c'est pas mes copains. Je crois qu'il est grand temps d'apprendre à gérer autrement les angoisses qui veulent ma mort et l'anxiété qui me dévore.
Je me relève. Une fois de plus ! Je vais refaire mon emploi du temps, remettre des routines qui mettent en route et en marche, à pied, en course, et même au jardin. Des routines qui font sortir de ma tanière, sortir de ma solitude et de ma tristesse.
Merci : L.
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Sambolera. Le 26 avril 2023
Des souvenirs d'enfance La tendresse, la douceur Les playmobils et ma sœur La tranquillité et la sécurité
youtube
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
De la tristesse. Le 24 avril 2023
Ça ne va pas, ce soir. Je suis triste comme un gros caillou. Il y a tout un vide en moi que j'ai rempli de nourriture et de médicaments.
J'en ai encore pris un petit peu trop.
Je me sens prise au dépourvu dans une solitude absurde et insoluble. Emmurée au milieu du monde vivant et bruissant auquel je prends pourtant part, et alors en faisant semblant ?
Je n'en retire rien, j'en ressors lisse comme un galet fatigué, alourdie des multiples minuscules trop-pleins, je déverse par d'autres microscopiques abus les peines que je ne sais ni dire ni comprendre.
Je suis triste, triste, triste à mourir.
Je suis vide, vide, vide à m'abrutir.
Et puis la tristesse se transforme en angoisse.
Je reprends une dose.
Là, c'est le surdosage, plus de doute.
Je ne sais pas que faire, qui appeler. Envoie un message à L., que fait-il, où est-il, sûrement est-il bien et c'est tout ce qui importe. SOS amitié, personne sur le tchat, appeler le 3114 me rebute maintenant, et le 15, pour retourner passer une nuit à l'hôpital ? Je vais me faire engueuler à la fin.
La crise arrive, je suis en tailleur et je pleure, je me balance et je pleure, j'écris et je pleure.
La médecin avait dit : "c'est pour être sûr-es que vous vous réveilliez demain".
Et si je ne me réveillais pas ?
Je serais triste de vous faire de la peine, tout ça pour toute celle que j'ai eue et qu'on n'aura pas comprise. Tout ça pour ma solitude sans borne et sans limite.

Je ne sais plus que faire de tout ce désarroi alors il ne me reste plus qu'à me servir un verre de whisky. Un jour, je finirai par détester cette boisson que j'aurais pu apprendre à connaître et à apprécier finement, dans d'autres circonstances. On avait parlé d'un voyage en Écosse, en Irlande, en vélo, tu te souviens, L...
Mais non, c'est comme ça, en chaussons à carreaux, dans son canapé, en écoutant René Aubry conseillé par sa sœur, à 29 ans, qu'on se sert un verre parce qu'il n'y a plus rien à faire maintenant.
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
"L'image de soi". Le 17 avril 2023
L'image de soi...
L'image de moi ?
Celle que je vois dans le miroir ?
Je pourrais dire qu'aujourd'hui c'est plus apaisé, ce que je vois correspond environ à ce que je ressens de mon corps. Je le vis, dans une forme de douceur, déjà parce que je ne porte plus de vêtements qui me serrent. Je ne porte exclusivement que des vêtements dans lesquels je me sens souple et confortable. Ça peut donner une notion de style et de mode un peu alternative mais, ma foi, c'est un sacrifice bien faible par rapport au bénéfice que j'en retire.
L'image du miroir, celle d'hier, celles des années précédentes, a été bien différente. Les troubles du comportement alimentaire se tiraient la bourre avec une dysmorphophobie bien ancrée et m'ont menés la vie dure. Je me souviens écrire dans mon carnet lorsque j'avais environ 22 ans : « si jamais j'avais un jour un.e ennemie, je n'oserais même pas lui souhaiter d'être boulimique ».
Les TCA, comme on dit, car on aime les acronymes, ont commencé d'habiter ma vie à la fin du collège, après la mort de Malibu, ma ponette, épicentre de ma vie et centre de gravité de mon existence, et le déménagement de ma meilleure et seule amie. Cela a commencé par une forme de rigidité qu'on pourrait qualifier d'orthorexie : une obsession des aliments sains.
L'année suivante, en seconde, mon corps a commencé de changer suite à une puberté tardive et il a été très difficile pour moi de ne plus rentrer dans mon jean gris Le temps des cerises taille 34 (enfin, qu'il me serre un peu, pour être précise). J'ai donc commencé de vivre des phases d'anorexie restrictive, où je notais dans un carnet « je dois manger le moins possible, je dois manger le moins possible, je dois manger le moins possible ». Le matin : un thé, un kiwi, une ou deux tartines. Le midi, au self du lycée, jamais de dessert, une salade, un plat chaud avec seulement des légumes, pas de fromage, et une pomme que je gardais pour l'après-midi. Le problème, c'est que mon corps affamé a rué dans les brancards et, à 18h, en rentrant chez mes parents, j'étais affamée et je me jetais sur la nourriture, en cachette. Je suis devenue boulimique. Passer de 48kg à 50kg a été un enfer. Puis 56kg : je me voyais énorme, monstrueuse. Je me détestais, et le mot est faible. Je haïssais mon corps. Je suis petit à petit tombée dans une boulimie vomitive avec phases d'hyperphagie.
Ensuite, j'ai fait mon premier burn-out autistique, en première, qui s'est soldé par plusieurs hospitalisations en terminale, à ma demande (je savais que je pouvais me tuer et je ne voulais pas faire de peine à mes parents). La dernière hospitalisation a eu lieu à la clinique R., service de pédopsychiatrie R.. Là, on m'a sédatée et neuroleptisée à un degré inimaginable. Le psychiatre, Dr S., avec sa petite chemise bleue, pour qui je voue un mépris éternel, avait une orientation bien psychanalytique dans laquelle, évidemment, l'autisme n'existait pas. Sur le compte-rendu d'hospitalisation reçu récemment et relu avec la Dr G. (merci à elle), il note une vraie amélioration de mon comportement suite à l'introduction du traitement. Alors, oui, je n'avais plus de crises de décharge, certes, mais j'étais un zombie, j'avais des montées de lait et me réveillais avec le t-shirt trempé le matin, des triglycérides et du cholestérol. Et j'ai pris 15kg. Pour une jeune femme dont le rapport au corps est déjà extrêmement compliqué, ça a été très dur.
Les TCA m'ont suivie jusqu'à mes 24 ans, année d'une libération progressive que je n'ai pas encore bien comprise.
Il m'est arrivé par la suite de « replonger », d'avoir de nouveaux de grosses phases de fixation sur la nourriture, de me faire vomir, d'avoir la sensation d'avoir un corps obèse alors qu'il était à peine en surpoids.
Cependant, aujourd'hui, je fais petit à petit la paix. Je ne dis pas que c'est gagné, j'ai encore du mal à apprécier réellement mon apparence, cependant cela va beaucoup mieux depuis que je me suis coupé les cheveux. Je me sens beaucoup plus au clair dans mon identité de punk queer, et, face au miroir, je me vois, telle que je suis, et j'aime bien.
Je vous le dis comme ça, c'est assez fou, c'est comme un petit secret : j'ai vu mon grand-père samedi et, dimanche matin, alors que je me réveillais avec une migraine de l'espace (je crois que j'ai trop serré des dents pendant la nuit), on a toqué à ma porte : mes parents. Je les ai accueilli avec un : « nan mais vous êtes sérieux ? ». Ça fait des mois qu'on ne s'est pas vu-es et que je ne le souhaitais absolument pas.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'iels n'étaient pas invité-es. Mais je les ai fait entrer et leur ai offert un café. Le sujet sera trop long à aborder mais, juste, iels m'ont dit que cette coupe m'allait bien , qu'elle me ressemblait. Mon papi m'a dit la même chose. Pourtant, c'est elleux qui m'ont martelé les injonctions à la normalité à laquelle je ne parvenais à adhérer. Et depuis l'annonce du diagnostic, iels se renseignent, reconstruisent nos vécus, et, je crois, me comprennent, petit à petit. Mes parents m'ont présenté leurs excuses pour ne pas avoir compris, ne pas avoir su reconnaître mes difficultés et m'en avoir mis plein la face alors que j'étais au plus bas.
Ça mettra du temps, et un jour je sais que je pardonnerai.
Et ce grand pas-là, c'est l'image de moi du dedans : le miroir de l'intérieur. Celui qui ne renvoie que du brouillard et du désordre, parce que je me trouvais trop nulle, à force d'avoir été invalidée, je me trouvais incapable à force d'échecs répétés, et je me trouvais indigne d'intérêt et d'amour, parce que ma famille n'avait pas réussi à m'aimer telle que j'étais. Iels auraient aimé que je sois différente, et mon papi a eu le courage et la sincérité de me dire que, oui, il y a eu du jugement et de l'incompréhension et, oui, ce n'est pas que de ma tête que j'ai été le canard boiteux de la famille.
Aujourd'hui, ces choses sont dites et je sens que pas à pas je me reconstruirai. J'avais besoin que ma famille me demande pardon. J'avais besoin qu'on commence de réparer ces blessures profondes.
Alors, peut-être que l'image de moi sera un jour rien d'autre qu'un reflet, ni plus ni moins que celui que j'ai quand je perçois un-e ami-e que j'aime.
1 note · View note
lhirondelle · 1 year
Text
Lettre au cousin. Le 15 avril 2023
Salut M.,
Moi aussi, j'ai été bien sur le luc en recevant ta réponse, alors j'ai pris du temps pour y répondre. J'en reviens même pas que tu n'aies pas été au courant de ce que j'ai traversé, parce que mes parents, ma sœur et papi et mamie sont au courant. Ça me met vraiment en colère qu'il y ait de tels tabous dans la famille, ce sont ces omertas qui me font souffrir car on passe sous silence tout ce qui ne convient pas, tout ce qui est hors cadre et, moi, je SUIS hors cadre, depuis mon premier burn-out autistique au lycée (car les médecins m'ont appris que c'est comme ça que ça s'appelait). J'ai du mal à trouver les mots pour te dire à quel point ça me brise, ce silence. Présentement, j'ai par exemple très mal au ventre en t'écrivant ça. Ça me rend vraiment triste de n'avoir pas eu de soutien familial précisément quand j'en avais besoin et que ma mère ait pu me dire des choses horribles alors que j'étais en grande souffrance.
Ça me fait mal que toute la famille se complaise dans la thune alors que moi je ne peux plus travailler depuis bientôt 3 ans malgré mes efforts acharnés, et que je me précarise largement depuis 2 ans. Par exemple, le van que les grands-parents ont acheté, c'est sympa comme cadeau pour "la famille", mais c'est pas un cadeau pour moi. Je peux pas payer le plein et actuellement je trouve ça stupide de faire plein de kilomètres alors qu'on vit une raréfaction des ressources ; mais bref, c'est un autre débat. Mais ça m'a fait très mal parce qu'en fait j'aurais vraiment eu besoin de soutien financier et j'ai juste eu un "ben si tu veux plus d'argent tu as qu'à travailler plus". Et à l'hôpital on m'a appris que j'ai un handicap qui ne se voit pas, que je suis née avec et que c'est déjà incroyable tout ce que j'ai pu faire dans ma vie, mais simplement maintenant je ne peux plus, car je suis beaucoup trop épuisée.
J'en veux à notre famille, je leur en veux de ne pas m'aider, de ne même pas m'avoir posé la question : qu'est ce qu'on peut faire pour t'aider ? A vrai dire, maintenant, je ne saurais même plus quoi répondre. Je veux juste qu'iels me foutent la paix. J'ai vraiment eu mal et tout ressurgit maintenant. La mort de Malibu [ma ponette] qui a été le début de l'écroulement de mon monde d'autiste où tout tournait autour des chevaux, puis le craquage qui a suivi 2 ans plus tard, ma mère qui m'a méprisée dans mon entrée dans la sexualité, mon incompréhension totale des soirées a lycée où je me sur-alcoolisais pour compenser, le viol subi à 17 ans en boîte de nuit, donc je n'ai parlé à personne parce que je me suis dit que "c'était pas pire que les autres fois", les phrases, "qu'est ce qu'on a fait pour que tu sois comme ça", "de toutes façons à force tu vas finir toute seule", "nan mais une homo par famille c'est suffisant hein", "quelle honte".
Après le décès de Malibu, petit à petit, je n'ai plus réussi à aller voir les chevaux. Ça a bloqué en moi, j'ai tout oublié, le nom des brosses, tout, j'ai tout bloqué tellement c'était douloureux et violent ; mon monde écroulé. C'est passé dans la famille pour une passade, "oh ben c'est comme ça, les passions ça se finit" et c'était pas ça, c'est que j'ai jamais fait le deuil de ma ponette qui était ma meilleure amie et le centre de ma vie de mes 6 à mes 14 ans. J'ai tellement culpabilisé de ne plus pouvoir m'occuper de Gachette [ma jument] et Lempicka [mon ânesse], je m'en voudrais toute ma vie, chaque fois que j'allais les voir je m'effondrais en larmes et aujourd'hui encore j'ai le coeur serré en t'en parlant. Le jour de mes 27 ans, mamie m'a appelée pour me dire qu'iels avaient placé Gachette et Lempicka, chez des gens que je ne connais pas, et qu'elles seraient séparées. Elle ne m'a pas souhaité mon anniversaire, elle avait oublié. Ça a été tellement dur, M. Tellement dur. Depuis, je n'ai jamais osé en reparler. Je me dis qu'elles sont sûrement mortes. J'espère qu'elles n'ont pas été délaissées ou maltraitées… Je n'ose même pas demander. C'est devenu un tabou et une incompréhension de plus, de ce qui me brise et "on passe au dessus".
Je suis en colère contre cette famille qui ne m'a aimée que lorsque j'étais brillante puis lorsque j'ai essayé de convenir à ce qu'on attendait de moi : la phase avec G. Le jour où il m'a étranglée parce qu'il vrillait avec l'alcool, je n'ai rien dit non plus, parce que je n'arrivais plus à me rendre compte de ce qui était grave, parce que ça faisait depuis mon adolescence que je vivais des choses graves et qu'on faisait comme si c'était normal.
Aujourd'hui, je digère ça et c'est long, c'est dur. J'évite les contacts avec la famille car ils me font mal. Je te parle à toi parce qu'il y a eu des moments où j'ai eu confiance en toi, où je me suis dit que tu étais la personne dont j'étais le moins différente, et surtout parce que tu ne me jugeais pas. J'espère que ça fait pas trop pour toi ce que je te dis là. De toutes façons, c'est ma vie, c'est ce que j'ai vécu et j'en ai marre de me taire, j'en ai marre de tout garder pour moi et j'en ai plus que marre qu'on taise tout ce qui va de travers dans cette famille.
Au fait, juste, l'autisme n'est pas une maladie, c'est une condition du cerveau, un handicap. On nait avec, on vit avec et on meurt avec. La maladie, c'est le trouble anxieux généralisé que j'ai développé et le burn-out énorme que j'ai fait il y a 2 ans et dont je ne me remets toujours pas. Je ne suis pas forte, je survis. Pour l'instant, le suivi n'est pas à la hauteur et je suis beaucoup livrée à moi-même. Les choses se mettent en place progressivement : psychiatre, infirmière de liaison, éduc à domicile… je vois environ une personne par semaine mais c'est largement insuffisant. Psychologue aussi, ce serait bien, mais ça coûte cher et là tu vois ça fait 3 mois que je n'ai que 250€ de rentrée d'argent, donc heureusement que je vis chichement et que je mets de côté pour subvenir à mes besoins pour ces périodes.
J'ai passé la nuit de jeudi à vendredi à l'UHCD de C. car j'ai eu une énorme crise d'effondrement (shutdown), et je ne sais pas gérer autrement que par une surconsommation de médicaments et d'alcool, j'ai appelé le 15 et la médecin a dit que je pouvais ne pas me réveiller le lendemain. Donc j'ai fait mon premier voyage en ambulance, youpi. J'étais très reconnaissante. Petit à petit, je vais apprendre à mieux gérer les crises qui sont vraiment majorées par ma fatigue énorme d'en ce moment, je n'arrive pas à récupérer. Après, je suis quand même pas mal entourée par les professionnel-les par rapport à ça, enfin je veux bien que tu ne t'inquiètes pas, c'est pas l'idée, j'ai juste besoin de parler franchement à au moins un membre de ma foutue famille, en termes clairs, objectifs et précis de : voilà ce que je vis. J'ai pas envie qu'on me plaigne, j'ai pas envie qu'on s'apitoie, j'en ai rien à foutre de ça, je veux juste dire ce qui est pour moi.
Arvi,
E.
0 notes
lhirondelle · 1 year
Text
Pour la première fois de ma vie, il n'est ni trop grand, ni trop petit
Il flotte autour de moi comme un manteau d'étoiles enfin visible :
mon diagnostic
1 note · View note
lhirondelle · 1 year
Text
"Sensibilité". Le 3 avril 2023
A fleur de peau, toujours et tout le temps
J'over-react, toujours, tout le temps
Tout me trigger comme on dit dans le jargon
Tout me touche trop et m'atteint
Touché coulé aïe je coule je meurs je fonds
J'ai mal
à moi
au ventre
à la gorge
à la voix
aux mains
D'ailleurs j'ai du mal à écrire, de plus en plus
J'ai mal aux mains, de plus en plus et on en sait pas pourquoi. Polyarthrite rhumatoïde ? Maladie de Lyme ? Ou encore un syndrome chelou sorti de nulle part plus ou moins en lien avec l'autisme.
Mon corps se rebelle de lui en avoir trop fait voir
D'avoir trop enduré
D'avoir trop vécu dans son trop-plein de sensibilité
Il est tellement fatigué
C'était si dur ce matin
35 minutes à sortir de mon lit
Au radar me prendre tous les coins des meubles
en retard
45 minutes de route et tant de virages
J'ai mal au cœur, mal au ventre, mal à la tête
Je suis tellement fatiguée
Tellement que je me demande quand je le serai moins
Guérit-on de l'épuisement ?
Ce week-end j'ai passé 24 heures chez une amie
Je suis rentrée plus tôt tellement j'étais ko
Première sortie partagée depuis 3 semaines
Première nuit hors de chez moi depuis 3 semaines
Tout me traverse
Tout me transperce
J'ai mal à moi
Je ne sais plus si j'existe et où sont les limites de mon corps et de mon cerveau
Où sont mes émotions quand elles se diluent dans le vécu des autres
Quand même mon ventre est trop fatigué pour avoir mal et qu'alors tout s'éteint en moi
Il est 19h à cette heure normalement je suis seule et là on fait un : apéro
Je ne sais plus ce que c'est, à quoi ça sert, pourquoi on mange des choses qui coupent l'appétit si on a faim ? J'attends alors, je prends un médicament qui me donne comme une cartouche fictive d'énergie : l'anxiolytique.
Il fait effet assez pour que je revienne dans le match de la sociabilité
Pour interagir avec mes amies j'ai choisi : de leur lire mes écrits, les comptes-rendus et les bilans des psys
Elles étaient touchées elles ont dit
Touchées de mon geste, de ma confiance
De leur dire, de leur lire tout ça
Moi comme nue devant elles me sentant enfin soulagée
D'avoir pu dire tous les mots durs enfin reconnus
Les souffrances et les abus
Subis et jamais dits car jamais pensé que c'était digne d'intérêt or : ce fut ma vie
Après j'étais fatiguée
Mais ça je l'étais déjà
J'ai dormi avec une personne dont je suis amoureuse
Je crois
Je me suis réveillée fatiguée
Peut-être anxieuse ou heureuse
Je ne sais pas
Trop fatiguée pour le sentir ou le savoir
Je suis rentrée chez moi
Heureuse de retrouver mes routines
Et ma Célestine, reine des chattes
Aujourd'hui ça doit être le contre-coup mais hier je m'étais déjà à peine remise de celui d'avant
Et de je jeudi à dimanche je pars à Milan
J'ai tellement peur de cette fatigué
Et de tout ce qui me traverse, me transperce, me ronge
Guérit-on de l'épuisement ?
1 note · View note
lhirondelle · 1 year
Text
"Moi". Le 27 mars 2023
Doucement, j'ai la sensation de recoller les morceaux. J'ai été hospitalisée à la clinique du S. 2 mois, de mi-janvier à mi-mars. C'était ça ou mourir. Je suis heureuse d'être en vie aujourd'hui.
Recoller les morceaux, c'est recoller les bouts de moi, les facettes et les parties, ce que je montrais et ce que je cachais. C'est comprends le masque social que je porte et me permettre de le retirer.
Il y a un avant et un après l'hospitalisation au S. C'est irrémédiable et c'est bien comme ça. J'ai l'impression de glisser vers la vie et d'entrevoir au loin un chemin auréolé d'un arc-en-ciel : le mien, enfin.
Je me suis efforcée de suivre celui des autres, même sachant que je n'étais pas faite pour, j'ai rué dans les brancards et pourtant j'ai tenté de retourner dans les rails du "normal", je me suis effondrée et relevée pendant 13 ans ; puis je suis tombée une dernière fois. J'ai failli mourir d'épuisement, et je suis arrivée à la clinique.
J'ai pu me reposer, j'ai pu comprendre et, surtout, j'ai pu être comprise, pour la première fois, être entendue, écoutée, prise en compte par des professionnel-les qui n'ont pas misé uniquement sur mon faciès souriant et mes capacités analytiques, qui ont accepté de chercher avec moi à comprendre qui j'étais. Je le savais depuis longtemps, pourtant j'avais besoin d'une validation diagnostique.
Avant, on me disait lumineuse, solaire, souriante, pétillante.
Je gardais pour moi, cachée, chez moi, derrière une porte, dans un coin, les cris, les larmes, la morve, le corps tendu, crispé, tétanisé qui ne tient plus que sur une pointe de pieds ; les crises de décharge ; les jours à ne plus pouvoir sortir de mon lit, l'épuisement chronique qui me dévorait.
Aujourd'hui, j'accepte, et je me relie. Je relis ces aspects de moi. Je ne livre plus aux autres que ma lumière : j'en garde aussi un peu pour moi, pour mes passions, mes routines, ma solitude choisie et nécessaire que je nourris.
L'ombre est là, c'est moi aussi, c'est le calme et le silence, c'est quand je dis : il y a trop de bruits, trop de lumière pour moi. Comme ça, je craque moins, une fois seule chez moi.
Vous comprenez ?
Je recolle les morceaux de moi.
Je suis plus sincère avec moi, petit à petit, et aujourd'hui face à vous que je ne connais pas encore.
On me disait lumineuse.
Je le suis et le resterai.
Cependant, je veillerai à présent à laisser place à l'ombre, qui n'est rien d'autre que le repos de la lumière, tout comme le jour fait place à la nuit.
1 note · View note