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marienmike-blog · 6 years
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PERÚ : Marien vs Wild
Le réveil à 4h30, pour un départ à 5h à la Laguna 69, me met une grande claque. Pendant deux heures, je termine ma nuit dans le mini-bus, jusqu'à un petit restaurant où notre groupe de 10 prend un petit déjeuner. J'y fais la connaissance d'un couple d'Américains qui va faire tout comme moi, la lagune, puis le Santa Cruz. Je ne sais pas quel est leur rythme, mais je me dis que ce sera cool d'au moins les retrouver lors des bivouacs.
Trente minutes plus tard, alors que le soleil commence à poindre entre les montagnes, nous atteignons le début du trek. Avec ma foi inébranlable en l'humanité, je laisse mon sac pesant dans le mini-bus, en espérant le récupérer au retour.
Notre guide nous avertit que nous avons un peu plus de 2h30 pour atteindre la lagune. Si on ne l'atteint pas avant ce laps de temps, il faudra faire demi-tour avant même de la voir, sinon on mettra tout le monde en retard. L'un des multiples désavantages des tours organisés. J'ai déjà hâte d'être demain, seul dans la montagne.
La foule est telle que nous bouchonnons sur le petit sentier en pente douce pendant 5 minutes. J'essaie de distancer le plus vite possible le flot de personnes arrivées en même temps que moi, parce que piétiner derrière des 'ricains qui bloquent le passage toutes les deux minutes pour prendre les vaches en photos, ça ne m'intéresse guère.
Si la balade a débuté en douceur, le dénivelé ne tarde pas à s'intensifier, ainsi que la chaleur. En même temps, on est partis de 3800m, et la Lagune se situe à 4600, du coup ça grimpe. Je décide néanmoins de ne pas ralentir, parce que si je galère sur le premier jour sans mon sac, je n'ose pas imaginer comment ce sera demain. Je me mets en tête de suivre le rythme de deux quarantenaires qui sautent de rochers en rochers comme des chamois, leur T-shirt « Boston Marathon » flambant sur leur poitrine. On ne tarde pas à rattraper les derniers du groupe arrivés une demi-heure avant nous, puis je laisse filer mes marathoniens pour trouver mon propre rythme.
Après une raide montée qui me laisse le cœur battant, j'atteins la Laguna 69 en un peu moins de deux heures. Seulement une petite dizaine de personnes sont arrivées avant moi, si bien que j'ai le privilège d'avoir ce lieu magique (presque) pour moi tout seul.
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En mangeant mon sandwich jambon-beurre, le premier d'une longue série, j'ai une pensée pour le couple de soixantenaires un peu enrobés que j'ai repéré dans mon mini-bus. Sauf grosse surprise, ils ne parviendront pas jusqu'ici en trois quarts d'heure.
Et en effet, lorsque j'entame ma descente une heure plus tard, je les croise, encore assez éloignés du sommet, rouge d'essoufflement et de colère, en train de pester contre le guide. Je me tiens coi, mais je n'en pense pas moins : si ce trek d'une journée est en effet accessible à tous, comme promis par toutes les agences de Huaraz, imposer une limite de temps aussi courte le rend difficile pour beaucoup de gens. Enfin, business is business.
Je récupère mon sac, qui n'a pas bougé du bus. Avec la chaleur et les brusques changements d'altitude, j'ai un peu mal à la tête lorsque je monte ma tente, dans une clairière non loin du parking où attendent les bus. Au compte-goutte, les touristes reviennent de la Laguna 69 et repartent vers Huaraz. A 17h, les lieux sont vides, mis à part le couple d'Américains et moi. Je reste un moment à tremper mes pieds déjà endoloris dans l'eau glacée d'un ruisseau voisin, avant de regagner mon campement pour préparer mon succulent dîner. Je me couche avec le soleil, vers 21h. Si je m'endors très vite, je suis réveillé de nombreuses fois par le froid. Optimiste, je m'étais glissé dans mon duvet seulement couvert d'un caleçon et d'un T-shirt. Vers minuit, alors que la buée de ma respiration formait des nuages paresseux au-dessus de la lumière de ma lampe torche, je comprends que je passerai mes nuits recouvert de mon jean, mon pull et mon bonnet.
Une fois n'est pas coutume, je me lève avant le lever du soleil pour m'assurer de pouvoir arrêter un minibus en direction de Vaquería, le point du départ du trek de Santa Cruz, le plus tôt possible. Alors que je suis en train de franchir les quelques mètres qui me séparent de la piste où j'espère trouver un véhicule, le couple d'Américains, déjà en place, m'interpelle :
- Hurry up ! Il y a un bus ici !
Alors évidemment, je me hurry up, et je grimpe dans bus d'une taille étrange. Pas un mini-bus, pas un bus normal, un moyen bus quoi. En voyant que les Américains ne me suivent pas, je leur jette un regard interrogateur :
- On ne vient pas, on a été malades toute la nuit à cause de l'altitude !
Ah. Bon ben à plus alors ! Je m'installe dans le bus complètement vide, et, comme la veille, je parviens à terminer ma nuit malgré les cahots et la route sinueuse.
J'atteins donc le début du trek de Santa Cruz le 9 Juillet à 9h (je remets les dates parce que moi-même je m'y paume). Vaquería est constitué de deux ou trois maisons. Un magasin minuscule propose de la nourriture et des bouteilles d'eau, en cas d'oubli. J'y prends un café et un sachet de coca que je paye une misère. D'après les autochtones et les guides touristiques, mâcher cette feuille amère aiderait à lutter contre les maux d'altitude. Ça ne peut pas faire de mal (à part après un certain processus chimique, mais ça c'est une autre histoire).
A peine 5 minutes après être parti, je croise un (autre) couple d'Américains, rougis par le soleil. En guise de salutation, ils me lancent :
- Santa Cruz ? Good luck !  
Après un petit quart de marche dans une agréable fraîcheur matinale, j'atteins un autre bled, un peu plus conséquent. Les habitants que je croise m'accueillent avec un grand sourire, et sans que j'ai besoin de demander quoi que ce soit, me disent :
- Punta Union ? Par-là !
- Heu, non, moi je fais le trek de Santa Cruz !
Ils éclatent de rire et me répondent que le point culminant du Santa Cruz s'appelle Punta Union, et que c'est donc par-là que je dois aller. Je les remercie chaleureusement, parce que sans eux, je serais encore dans leur village à chercher un panneau.
Le soleil s'est levé, et je ne tarde pas à troquer mon jean et mon sweat, vestiges de ma nuit glaciale, pour un débardeur et un short. Pendant une heure, je longe une vallée habitée par quelques péruviens qui ne craignent pas l'altitude. J'avoue avoir craint un instant que ce fameux trek ne soit qu'une grande balade dans des zones certes reculées, mais néanmoins habitées.
Heureusement, j'arrive bientôt à l'entrée du parc national Huascarán. Et à partir de là, plus rien. Pas une maison, pas un cri d'enfant, juste le bruissement des feuilles et les chuchotis des ruisseaux qui viennent troubler le calme des montagnes.
Je prends mon déjeuner dans une plaine où se côtoient moutons, vaches, et même un couple de chevaux, à peine effarouchés par ma présence. Je repars d'un bon pas, et pendant l'après-midi, je ne croise personne. J'atteins le premier campement, Colcabamba, qui n'est qu'une clairière vide avec un ruisseau, indispensable pour se réapprovisionner en eau. Je décide de ne pas m'y arrêter parce que :
Je ne suis pas très fatigué.
Je sais qu'il y a un autre campement à deux heures d'ici maximum.
Plus je monte aujourd'hui, moins j'aurai à monter demain.
Il y a un gros taureau au milieu de la clairière qui me regarde chelou.
Je poursuis donc. Très vite, il apparaît que l'ascension vers Punta Union commençait véritablement depuis le campement de Colcabamba. Ça monte rude. L'oxygène se rarifie, et mon sac semble plus pesant pas après pas. Lorsque j'atteins ce qui me semble être le campement, une heure et demie après Colcabamba, je m'affale plus que je ne m'assoie sur le sol. Après une petite barre de céréales qui, ma foi, m'a bien régalé la chique, je me mets en quête d'un cours d'eau. Mais il n'y en a pas. Le seul endroit où je peux puiser est une mare d'aspect peu recommandable. Lorsque je m'en approche, j'ai une bonne nouvelle et une mauvaise. La bonne, c'est que son eau est limpide. La mauvaise, c'est que de minuscules bébêtes rouges, à peine plus grosse qu'une tête d'épingle, barbotent à la surface.
Avant de monter ma tente, je délibère intérieurement. Je suis tenté de repartir, mais la nuit ne va pas tarder à tomber, et rien ne me garantit qu'il y a un cours d'eau plus loin. Mais boire de l'eau avec des bestioles rouge vif dedans, ça ne m'enchante guère. Bien sûr, il existait une manière très simple de résoudre ce dilemme que vous connaissez tous :
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Malheureusement, il n'y a guère de réseau dans le parc Huascarán. J'ai donc décidé tout seul, comme un grand, de boire l'eau de la mare, en la faisant bien bouillir longtemps. C'aurait pas été malin de poursuivre alors que la nuit tombait.
Alors que je venais d'avaler ma première gorgée d'eau de mare bouillie, en ayant enlevé un max de bébêtes, un groupe de quatre Français émerge de la pente en soufflant comme des bœufs. L'un me demande :
- Il y a de l'eau ici ?
Je leur montre la mare et ses petits habitants. L'un d'eux clame alors :
- On va pas boire ça, allez, on pousse jusqu'au ruisseau !
- Le ruisseau ? Balbutie-je.
- Ouais, il y a un ruisseau à à peine un quart d'heure d'ici !
Je pense aux bestioles que je viens d'avaler avec mon eau et même si elles étaient mortes et bien mortes, je les sens presque en train de danser le reggaeton dans mon estomac. Je m'endors une fois de plus très tôt, en priant pour ne pas avoir mal au bide demain.
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marienmike-blog · 6 years
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PERÚ : L’avant-trek
Après une nuit inconfortable, je rejoins enfin la ville de Huaraz, capitale de la région d'Ancash connue comme la « Suisse péruvienne » grâce à ses nombreux sommets prisés par les randonneurs. Il est 6h du matin, alors je décide de finir ma nuit au terminal de bus, allongé sur un banc. J'émerge une heure plus tard et, plus ou moins reposé, je commence ma journée dite « d'acclimatation ». Parce que oui, Huaraz est perchée à plus de 3000m, et pendant les différentes randonnées que je me suis promis de faire, je monterai jusqu'à 5000. A cette hauteur, le vrai problème n'est pas le froid, mais le manque d'oxygène qui peut provoquer malaises, nausées et toutes sortes d'autres réjouissances
Je pars donc pour une petite balade à 7h du matin. Je commence par traverser une Huaraz endormie, puis je grimpe en direction de Wilkahuain, un (minuscule) site de ruines. Je n'y reste pas longtemps parce qu'il n'y a pas grand-chose à voir, et puis, l'intérêt c'est surtout les 14km d'acclimatation. En essayant d'ignorer les chiens qui grognent et m'aboient dessus, je rentre à Huaraz, non sans apprécier la vue sur les cordillères Noire et Blanche qui entourent la ville.
En plus de l'acclimatation, le but de cette première journée est d'obtenir des infos sur le trek de Santa Cruz (notamment comment rejoindre son point de départ...) et acheter des provisions. J'ai prévu de partir dès le lendemain, alors j'ai pas trop le temps. Trois heures ont passé depuis mon arrivée, et la ville s'est éveillée. Je me rends dans un café conseillé par une application de voyage bien connue pour prendre un petit déjeuner bien mérité. L'endroit est envahi de randonneurs au visage cramoisi par le soleil d'Ancash. Je compatis, parce que me connaissant, je serai bientôt moi-même le roi des peaux-rouges. Ragaillardi, j'enchaîne avec la Plaza de Armas, le centre touristique de la ville. Là, je me rends à la Casa de Guías, la Maison des Guides. En plus d'y trouver des guides pour les randos, on peut y demander des informations, et ce même si on a prévu de faire les treks seul, comme moi.
Un couple de jeune français discute déjà avec le seul guide de la casa quand je pousse la porte. D'après ce que je comprends, ce dernier n'a pas le temps de s'occuper d'eux car il doit partir dans la montagne chercher quelqu'un qui s'est perdu. Rassurant.
J'ai failli renoncer pour aller chercher des conseils ailleurs, quand j'entends le couple dire :
Bon, de toute façon, ça doit pas être bien différent du Santa Cruz ! 
Ni une ni deux, je bondis :
- Vous avez fait le Santa Cruz ?
Apparemment pas peu fiers, les deux français acquiescent. Encouragé par leur sourire, j'enchaîne les questions.
- Vous l'avez fait en trois ou quatre jours ? Quatre.
- D'où êtes-vous partis ? De Vaquéria, à 2h d'ici.
- Comment êtes-vous allés jusqu'à là-bas ? En bus, puis en collectivo.
- Pas trop dur l'altitude ? Au début oui, après non.
- Vous avez mangé quoi ? De la soupe et des sandwiches.
- Je vais pas mourir tout seul ? Non.
Je repars de la Casa de Guías avec le sentiment du travail accompli. Avec leurs infos, je sais ce que je dois faire. Je visite quelques agences de tours pour réserver une place dans l'un des bus en direction de la Laguna 69. C'est la lagune la plus célèbre du parc national Huascarán où se situent tous les gros treks de la région. L'excursion à la Laguna 69 est si renommée car, en plus d'être sublime, elle peut se faire en une seule journée, ce qui est parfait pour l'acclimatation. Pour moi, le plus intéressant c'est qu'elle est située sur la route du village de Vaquéria, qui est le début du trek de Santa Cruz. Je monterai à la lagune, puis camperai sur place. Ensuite, au petit matin, j'arrêterai un collectivo, ces mini-bus pleins à craquer, pour rejoindre Vaqueria. D'après mon couple de français, il y en a un toutes les demi-heures qui passe sur la route.
Il est midi, et il ne me reste plus qu'à faire mes courses pour mes 4 ou 5 jours de trek (1 jour pour la Laguna, trois ou quatre pour le Santa Cruz). Comme j'ai pas envie de trimbaler mon sac plein à craquer toute la journée, je remets les courses à plus tard.
Je repère un mirador sur un plan, et comme j'en ai jamais marre, je décide d'y monter, il n'est qu'à 5km. Hélas, je n'avais pas prévu qu'entre midi et deux heures, le soleil tape très très fort. Je monte péniblement avec mon gros sac sur le dos, et, contrairement à ma balade de la matinée, le manque d'oxygène se fait ressentir. Tel un papy, je dois m'arrêter régulièrement pour reprendre mon souffle. Je n'ai point de casquette ni de chapeau, et j'ai peur que les rayons du soleil ne me liquéfient le cerveau (enfin me filent mal à la tête, quoi). La santé primant sur la fierté, je mets un tee-shirt sur ma tête, ce qui me fait ressembler à un chamelier égaré sur le mauvais continent.
J'atteins le sommet en une petite heure, mais je ne peux guère profiter de la vue tellement je suis cuit (littéralement). Je me repose un peu avec une seule pensée en tête :
Eh ben mon pépère, ça promet pour demain.
Je reviens dans le centre-ville facilement, parce que ça descend. Pour me remettre de mes émotions, je descends une Cusqueña la bière phare péruvienne devant Russie – Croatie. A cause des prolongations et tout, l'après-midi touche à sa fin quand je sors du bar. Heureusement, au Pérou comme au Chili, les magasins restent ouverts jusqu'à très tard, du coup, pas de souci pour faire les courses.
Je compose alors mes menus pour le trek :
premier déjeuner : sandwich au jambon
premier dîner : soupe de légumes en poudre – knackis
deuxième déjeuner : pain avec viande de cochon
deuxième dîner : petits cristaux à mettre dans l'eau – saucisses de poulet
troisième déjeuner : labeur du boulanger et sa lamelle de porc
troisième dîner : brouet de concentré à diluer et édredon de poule adolescente
quatrième déjeuner : Aliment fait de farine, d'eau, de sel et de levain, pétri, levé et cuit au four et cuisse ou épaule de porc préparée (par salaison ou cuisson) pour être conservée
quatrième dîner : sachet de truc chimique et truc chimique de forme allongée.
Malgré la variété de ce régime, j'achète quand même des fruits secs, des barres de céréales et des pommes. Le luxe. Il ne me reste plus qu'une chose à faire : dormir jusqu'au départ, à 5h du matin. Quitte à faire de nouvelles expériences, j'avais décidé de faire du Couchsurfing, vous savez, ce concept sympa où on peut dormir sur le canapé d'inconnus pour la modique somme de 0€. La première réponse était positive, mais l'hôte, dans sa trentaine, me prévient:
Par contre j'héberge déjà d'autres gens, du coup la seule place disponible est dans mon lit, c'est un king-size.
Alors oui j'aime les nouvelles expériences, mais j'ai mes limites. Je décline poliment et je me rends chez la seconde personne qui m'avait répondu. C'est top, comme une auberge de jeunesse gratos. J'apprends par les autres voyageurs que le propriétaire des lieux, un dénommé Chalex, fait la première nuit gratuite et facture les suivantes (3€, ça reste honnête). Comme je ne reste qu'une nuit, c'était parf'.
Chalex est guide de montagne, du coup chez lui, il y a ce qu'il faut pour se préparer, notamment une carte détaillée du parc Huascarán. A la Casa des Guías, j'aurais pu m'en procurer une, mais ça coûtait 30 balles. Du coup, avec mon talent légendaire pour le dessin, je recopie celle de Chalex :
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Rassuré par cette carte de qualité qui garantira ma sécurité,  je me mets au lit après avoir avalé des pâtes-bolo, que j'ai pris le temps de savourer.  
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marienmike-blog · 6 years
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PERÚ : Lima la Grise
J'avais dit que j'écrirais d'ici la fin de la semaine, on est Mercredi, j'ai menti. Je vous écrit depuis la France, parce que oui, je suis rentré, l'échange, c'est fini, mais on en parlera plus tard. Pour l'instant, retour au 4 Juillet, 3h du matin, l'heure de prendre mon avion pour Lima.
Qui dit « Avion à 3h du matin » dit « arrivée à 6h » et donc bien évidemment, des bonnes grosses poches sous les yeux pour commencer mon aventure en solitaire. Grâce à des recherches avisées en amont, je savais plus ou moins dans quels quartiers me loger, et quels quartier éviter. Comme Santiago au Chili, Lima concentre la majorité de la population du pays, et comme toute grande capitale, elle possède des quartiers mal famés. Un mini-bus, réservé à l'avance grâce à mon organisation légendaire, me dépose dans le quartier de Miraflores, le plus touristique, joli, bref, le plus safe de la ville. Après m'être baladé dans le quartier sous un ciel grisâtre, je me mets en quête d'une auberge de jeunesse pas chère-pas chère, parce que bon, faut pas être trop organisé non plus. J'en déniche une qui ne paie pas de mine, mais qui est tenue par des bénévoles et dont les bénéfices sont reversés à une association caritative. Charmé par cette entreprise ainsi que par le petit dej' à volonté, je prends deux nuits dans une chambre que je partage avec 5 autres voyageurs.
Je m'autorise une petite PLS avant de repartir en ville pour faire deux/trois courses (le shampoing et le dentifrice, ça passe pas dans le bagage à main). J'enchaîne avec le centre de Lima dont on m'a dit le plus grand bien. C'est pas hyper évident de se déplacer dans cette capitale tentaculaire. Soit c'est le taxi, soit c'est le Métropolitan, dit « Métro » qui est, comme son nom l'indique, un bus qui parcourt la ville du nord au sud. Je choisis cette option, me trompe d'arrêt, et fini par traverser un quartier dont les routes sont jonchées de voitures abandonnées. Mon sens de l'observation me suggère que je ne suis pas dans le centre ville. Je presse le pas et arrive sans encombre jusqu'au musée que j'avais repéré, pas moins d'une demi-heure plus tard.
Le soir venu, je retrouve un pote liménien ( = « de Lima », merci Wikipédia) de l'INSA et du coup, on va boire des coups à Miraflores. Il m'informe le quartier que j'ai traversé à pied est l'un des pires de Lima, heureusement qu'il était 15 heures, et que le musée que j'ai atteint n'est pas du tout dans le centre de Lima. Ca promet pour les treks en montagne que j'ai prévus pour le reste de mon voyage.
Par hasard, on se retrouve dans une autre auberge de jeunesse au concept intéressant. Dans les étages, des chambres normales avec des petits lits superposés et tout. Au rez-de-chaussée, derrière une porte insonorisée, un boîte de nuit avec des billards et des tables de beer-pong. Les affiches en anglais, tels que « Review us on TripAdvisor to get a Free Drink » indiquent que l'endroit a été conçu pour les voyageurs fêtards venus du monde entier. Après avoir défendu la réputation de notre école au beer-pong, je rentre à l'auberge. Je serais bien resté, mais j'ai envie de profiter à fond de chacune de mes journées, et donc me lever tôt.
Le lendemain, c'est raté, il est midi. Je me pardonne, après tout j'ai pas dormi la nuit d'avant. Je commence alors une journée un aprem culture. Je visite les ruines de Huaca Pucllana, situées à peine à 3 minutes de mon auberge. La visite en espagnol me conforte dans l'idée que le Péruvien est bien plus facile à comprendre que le Chilien. Après avoir galéré un semestre à comprendre les locaux, ça fait plaisir.
Pas le temps de niaiser, je grignote un sandwich et je file vers le musée Larco, le plus célèbre de Lima. Pour y aller, il faut absolument prendre un taxi. On m'avait dit de me méfier des chauffeurs, car certains t'escroquent. On m'avait pas dit que d'autres, comme le mien, te donneraient des conseils, des endroits à voir, et les adresses des meilleurs restos de la ville.
Comme beaucoup de musées à Lima, le Larco expose beaucoup d'art précolombien, et c'est hyper intéressant (même si j'en ai pas mal bouffé). Mention spéciale à l'exposition temporaire sur le thème de l'érotisme, constituées de plein de petites statuettes au phallus géant.
Le soir venu, je découvre le vrai charme de voyager seul. A l'auberge de jeunesse, les nationalités se rassemblent et forment un groupe joyeux, prêt à partager ses expériences. Je rencontre un Mexicain, des Norvégiens, et un Américain qui se dirigera bientôt dans la région d'Ancash pour faire du trek, exactement comme moi.
Vendredi 6 Juillet, comme vous vous en souvenez, était le jour de France-Uruguay, une date cruciale. Mon adorable chauffeur de la veille m'avait informé que la rencontre serait diffusée sur écran géant à la Plaza de Armas, la place principale du centre-ville (que j'avais complètement manqué de voir deux jours plus tôt). Bien décidé à faire d'une pierre deux coups, je prends une nouvelle fois le Métropolitan et arrive pile à 9h à la Plaza, heure du match. No spoiler, mais on a gagné, au plus grand dam des Péruviens, encore amers du 1-0 des phases de poule. Certes un peu intimidé par leur mine patibulaire, il en aurait tout de même fallu plus pour contenir ma joie après la tête de Varane.
Après le match, je visite quelques églises et cathédrales, lieux propices pour jeter des petites notes sur mon carnet. Je mange une pizza infâme et reviens à 14h pour Brésil – Belgique, parce que c'est la Coupe du Monde quand même. La Plaza est noire du monde, apparemment l'affiche est plus alléchante que le match de la matinée. Après avoir vu avec satisfaction l'Europe affermir sa supériorité footballistique sur l'Amérique du Sud, je me dirige vers le Sud de la ville, à l'opposé, pour découvrir le, paraît-il, charmant quartier de Barranco. Je participe à un tour gratuit, comme il en existe beaucoup dans les grandes villes sud-américaines, donné par une charmante bénévole que je quitte à regret pas moins de deux heures et demie plus tard. Ma soirée est moins palpitante que la veille : j'attends mon bus pour Huaraz dans un terminal bondé de voyageurs, mais aussi d'ivrognes affalés sur des bancs.
Au petit matin, j'atteindrai la région d'Ancash, pour commencer les choses sérieuses.
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marienmike-blog · 6 years
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PERÚ : Le voyage en solo
Pas de modification orthographique pour cause d'esthétisme dans le titre de cette dernière série, juste une traduction de Pérou en espagnol, avec l'accent grave sur le « u », je vous prie. Sobre et efficace.
J'ai donc passé 12 jours au Pérou, ce petit pays très touristique situé directement au Nord de mon Chili bien-aimé. Mais cette fois, chers lecteurs, pour la première fois de ma vie, j'ai voyagé tout seul. Alone. Solito. Et ce n'est pas parce que personne a voulu voyager avec moi, des choses m'ont été proposées, mais à cause des grèves et de tout le bazar de l'Université, je n'ai pu m'organiser qu'au dernier moment. Voilà. Les gens m'aiment.
Et puis j'avais envie d'essayer, de voir ce que c'est que d'être seul face à soi-même en voyage. De faire ce que je veux quand je veux. D'être peinard quoi. J'ai donc passé 3 jours à Lima, avant d'aller dans la région d'Ancash, la « Suisse péruvienne », pour faire du trekking, ou hiking, enfin marcher et camper dans la montagne. Les connaisseurs de l'Amérique du Sud auront sans doute fait tomber leur téléphone ou bondi de leur siège.
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La région de Cuzco est la plus belle touristique du Pérou. On y trouve le Machu-Pichu, le chemin de l'Inca qui est l'un des plus beaux treks du monde et ce genre de petites bêtises. Mais alors pourquoi n'y suis-je pas allé ? Déjà, j’atterrissais à Lima, qui est à un petit millier de kilomètres de Cuzco, alors qu'Ancash n'est qu'à 400. Je perdais du temps. Ensuite, je me suis dit que, comme j'étais tout seul, autant que j'aille dans la région la moins populaire des deux. En effet, c'est certain que si je retourne un jour accompagné au Pérou, mes compagnons de voyage voudront absolument voir Cuzco et ses ruines incas. Personne va dire :
Oh non, pas de Cuzco, allons plutôt faire du trek dans la région d'Ancash, que personne connaît !
C'est donc convaincu que j'aurai l'occasion de revenir au Pérou que j'ai pris ma décision. Bien sûr, comme d'habitude, j'exagère un peu, la ville de Huaraz, dans la région d'Ancash, est en réalité très connue des amateurs de randonnée.
Maintenant, je vais répondre à la question que vous vous posez tous : quel était mon équipement pour ce voyage court mais intense ? Voici la liste presque exhaustive, avec en gras ce que j'ai emprunté :
un gros sac à dos, mais pas trop gros quand même parce que sinon ça passe pas en bagage à main dans l'avion et tu dois payer (50L c'est bien, 70L ça passe s'il est pas plein et que t'as de la chance)
un duvet, normalement quand tu pars camper dans la montagne c'est bien d'avoir un subzéro. Comme c'était pas le mien, je ne savais pas à quel point il était chaud, ou pas assez chaud. Jusqu'à ce que je campe dans la montagne.
des vêtements, légers pour la journée parce que tu marches et que t'as chaud, et chauds pour le soir, parce que tu es assis et que t'as froid.
une tente, la plus légère possible parce que tu vas te la trimbaler sur le dos tout le temps, mais aussi la plus étanche possible, parce que les affaires humides de bon matin, c'est pas la régalade.
des chaussures de marche, c'est évidemment le plus important. Si t'en trouves sans l'option « odeur de fin du monde » quand tu les enlèves, achète-les.
des petites tongs, pour que des petits pieds respirent.
de quoi faire ta toilette, même si, avouons-le, ton hygiène sera plutôt irrégulière. La serviette en microfibre c'est le feu, moi j'en avais pas.
un livre, et j'insiste. Si tu sais pas lire, t'apprends. Parce que dans la montagne, il y a pas de wifi, tu peux pas jouer à Clash Royale. Faut bien que tu t'occupes pendant tes soirées en solitaire.
des connaissances en langues étrangères, que ce soit anglais, espagnol, mandarin, quechua ou swahili, rassemble tout ce que t'as, t'en auras besoin.
de la thune, parce que voyager c'est pas gratuit. Ah ouais et ton passeport, mais bon après ça tu le sais, je suis pas ton père.
Vous noterez que j'ai emprunté tout le matoss de camping, et d'ailleurs je remercie Agus, Dolo et Julie de m'avoir rincé. Cependant, je vous conseille de bien tout tester avant de partir, ça vous évite des surprises.
D'ici la fin de la semaine, j'écrirai sur Lima, et puis pour finir en beauté, je vous raconterai mes aventures à Ancash, dans la montagne où j'ai, entre autres, failli me faire piétiner par des mules, façon Mufasa. Sans vouloir vous teaser. Bisous bisous !
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marienmike-blog · 6 years
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ATAKAMA : Dernières émotions
On est à 30 km des Geysers del Tatio, et il nous reste un quart de plein. La station service la plus proche se situe, on le sait, à notre point de départ, 50 km en arrière. Le truc c'est qu'on sait vraiment pas à quel point consomme la voiture, mais hier, on a eu l'impression qu'elle était vraiment gourmande. On a donc deux choix : faire demi-tour et s'assurer qu'on ne tombe pas en panne, mais refaire tout le chemin en même temps que le ballet de bus, ce qui nous fera arriver après le pic d'activité des Geysers, ou bien continuer et prier pour qu'on puisse revenir.
Après quelques délibérations, c'est la décision yolo qui est choisie, et donc, on continue. Heureusement que notre GPS est efficace, parce que dans la nuit, on aurait facilement pu se tromper de route et gaspiller notre essence, devenue Ô combien précieuse. Notre soulagement est grand quand nous atteignons le parking vide del Tatio, car le voyant ne s'est pas encore allumé. A par grosse surprise, le retour devrait bien se passer.
Il est 5h30 du matin, il fait nuit noire, et bien évidemment, on voit que dalle. Peut-être s'est-on un peu enflammé sur l'heure de réveil, mais au moins, la route fut tranquille. Emmitouflé dans nos duvets à l'intérieur de la voiture (il fait un petit -7°C), nous voyons arriver les véhicules au compte-goutte. Le soleil se lève sans se presser, si bien que nous devons attendre presque jusqu'à 6h30 pour découvrir les mini-volcans cracheurs de vapeur. Momzi et moi sortons de Jeepette 2, en conservant nos duvets sur nous. On ressemble à deux grosses larves, mais au moins on a moins froid que les gens qui se soucient de leur style. Le site n'est pas immense, mais à 7h, les bus déversent les touristes, et on se retrouve presque serrés les uns contre les autres. Comme s'ils avaient attendu ce signal, les geysers se réveillent vraiment, et crachent leurs gerbes bouillantes plus haut que jamais (non sans une bonne petite odeur de souffre qu'on aime tant).
Comme on est arrivés les premiers, nous repartons avant tout le monde. D'autres bus arrivent encore, mais franchement, ils ont raté le gros du show. Tant pis pour eux, fallait être matinal. Commence alors le voyage du retour, qui nous coupe le souffle (enfin moi, Momzi je sais pas mais j'pense). Dans la nuit, nous n'avions pas pu voir la magnificence du paysage qui nous entourait. Mais à 9h du matin, dans le jour naissant, les volcans nous contemplent, les vallées nous happent, les ruisseaux nous bercent. Je lève le pied de l'accélérateur pour profiter au maximum de ces merveilles, et en plus ça économise de l'essence. A part une vicuña un peu simplette qui manque de s'encastrer sur Jeepette 2, le retour est un véritable régal.
Nous atteignons San Pedro un peu après 10h, et cette fois, on oublie pas de faire le plein. Pour nous remettre de ce réveil matinal, Momzi et moi retournons à la Franchuteria, cette boulangerie française, dans le but de se régaler la chique. Ainsi requinqués, nous prenons la direction de la prometteuse Vallée Arcoiris, la Vallée Arc-en-Ciel, en pensant déjà au pique-nique qui nous attend.
Pour l'atteindre, nous passons pas moins de 5 passages à gué (ou 4 enfin, beaucoup quoi) en serrant légèrement le sphincter. Talent du conducteur ou Jeep de qualité ? Nous atteignons la Vallée sans encombre.
La roche est bleue, verte, orange, rouge. Avec un peu de bonne foi, nous retrouvons vraiment toutes les couleurs de l'arc en ciel. Après le pique-nique, nous nous reposons quelques heures, à lire et discuter, parce que avouons-le, la journée a déjà été longue. On ne doit rendre Jeepette 2 qu'à 18h30, alors on est larges.
Ensuite, nous nous aventurons dans les profondeurs d'une vallée, encore une fois à couper le souffle, je vous jure, sans vraiment savoir où nous allons. C'est ça la beauté d'avoir une voiture. Après quelques kilomètres, la route sinueuse se termine dans un petit village aux habitants tout étonnés de nous voir. Nous faisons demi-tour pour notre ultime arrêt : les Pétroglyphes. Laisse-moi assouvir ton insatiable curiosité, cher lecteur, en t'informant, si tu ne le sais pas déjà, que les pétroglyphes, c'est tout simplement des dessins sur la pierre. Et du coup, la visite est tout simplement pas ouf, parce que sans guide, on comprenait pas trop les symboles. Ça tournait pas mal autour du lama. En plus, leur sentier n'est pas hyper bien balisé, si bien que, dégourdis comme nous sommes, Momzi et nous perdons à moitié. Finalement, nous pensions être larges, et on se retrouve en retard pour notre retour à Calama.
Vite, vite, nous retournons à la voiture, et vite, vite, mais pas trop, sécurité avant tout, nous roulons vers l'aéroport. Durant cette ligne droite de plus de 80km sans intérêt, le soleil décide de se placer pile dans l'axe de la route. De ses vicieux rayons, il blesse mes petits yeux et m'aveugle, ce qui m'oblige à ralentir l'allure (ai-je déjà dit « Sécurité avant tout» ?).
Mais malgré toutes péripéties, nous arrivons pile-poil à l'aéroport pour rendre la voiture. Je me rappelle plus du nom de la compagnie de location, mais je vous la conseille, nous n'avons eu aucun problème !
Ainsi s'achève ce sixième et ultime article de la série Atakama. On remercie Momzi d'avoir été un protagoniste exceptionnel dans cette aventure. Et maintenant ? Ben j'ai fini les cours, j'ai du rattraper les 6 semaines de grève étudiante en quelques jours, ça a pas été hyper facile. Après bon, une semaine de boulot contre 6 de vacances, ça reste un bon deal.
Du coup, il me reste deux semaines avant mon retour en France. Pas plus tard que cette nuit, je pars au Pérou, en solo cette fois, pour visiter Lima et faire moult trekking. Je ferai une série d'articles si le voyage en vaut la peine. Honnêtement, j'ai presque envie qu'il m'arrive des galères (je sais que c'est ça que vous préférez) pour vous les écrire.
Désolé s'il y a pas mal de fautes ou d'oublis, mais j'ai pas le temps de me faire relire, je veux poster ça avant de partir au Pérou. Merci merci merci à tout ceux qui continuent à lire sans se lasser, et encore plus à ceux qui sont las mais qui continuent de lire quand même.
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marienmike-blog · 6 years
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ATAKAMA : Histoires de voitures
Après ces quelques jours en Bolivie, il nous reste deux jours et demi pour découvrir les alentours de San Pedro. Malgré notre fatigue et nos estomacs repus qui nous incitent à la sieste, Momzi et moi décidons de partir pour la Vallée de la Lune. Ça me  fait plaisir de marcher un peu après ces derniers jours passés le fessier vissé au siège du 4x4. Cependant, la Vallée se situe quand même à une dizaine de kilomètres, alors deux options s'offrent à nous : louer des vélos, ou faire du stop. Le soleil qui tape fort autant que nos compétences de cycliste nous font choisir la seconde option. Comme le dit le fameux jargon :
Tout pouce tendu mérite son dû.
On  a à peine le temps de se mettre sur le bord de la route qu'une famille de brésiliens s'arrête et nous emmène gentiment jusqu'à l'entrée de la vallée. Momzi et moi sommes plutôt ravis de nous épargner les mornes kilomètres poussiéreux en plein cagnard. Le premier d'une longue liste de points d'intérêt est une caverne aux couloirs étriqués. Je commets l'erreur de conserver mon gros sac de voyage avec moi, alors que les brésiliens nous avaient proposé de le garder dans leur voiture. Les passages dans la grotte sont si étroits qu'on doit (oui, même moi) s'accroupir. Tel un crabe, je saisis mon sac, pas léger l'animal, entre mes pinces, et avance tant bien que mal dans les méandres de la grotte. Heureusement, ce n'est pas très long, et nous ressortons bientôt de là couverts de poussière et  hilares.
Les gentils brésiliens nous proposent de nous emmener au point suivant, mais on décide de marcher, grands sportifs que nous sommes. Nous nous faisons dépasser par des tonnes de bus (mini ou pas) mais par peu de voiture, ce qui nous inquiète quelque peu pour le retour. Une colline effilée, semblable à l'aileron d'un spinosaure géant, fourmille de touristes. Arrivés au sommet, un paysage désolé où les crêtes succèdent aux crevasses avec une logique connue de la nature seule se déroule sous nos yeux. On aurait aimé attendre le coucher du soleil, mais la perspective de rentrer de nuit, à pied si personne ne nous prend en stop, ne nous enchante guère. Mais une fois de plus, on est pris super rapidement, ce qui confirme que le stop, c'est vraiment un bon bail au Chili.
Cependant, pour être plus tranquilles et indépendants, Momzi et moi avions loué une voiture du Mardi 22 au Mercredi 23 Mai. Pour des raisons d'ordre budgétaire, nous nous dirigeons de bon matin vers l'aéroport Calama, où j'avais réservé une petite Jeep, sans toutefois verser aucun acompte. Arrivés au guichet de la compagnie, nous sommes accueillis par l'un des jeunes hommes les plus patibulaires que j'ai jamais vu. Aussi charmant qu'un papillon observé au microscope, il observe mes papiers d'un œil morne, avant de me les rendre :
- Ca va pas être possible, vous n'avez pas 23 ans.
J'argumente que je n'ai pas eu de problème pour effectuer ma réservation en ligne, où d'ailleurs mon âge m'a été demandé. Et puis que bah, déjà, j'ai 22 ans et que, ben, c'est presque 23. Hélas, Capitaine Joie-de-Vivre se montre intraitable. Pas de voiture pour Momzi et Marien. Bien dégoûtés, on ne se laisse pas abattre. Agence de location après agence de location, refus après refus, nous en trouvons une qui accepte de nous louer un petit 4x4 trois portes, tout mignon, mais apte à passer les gués qui nous attendent. Son prix excède légèrement notre budget original, mais c'est soit ça, soit faire du stop pendant 2 jours. Sans parler de notre aller-retour San Pedro-Calama qui aurait été complètement inutile.
Notre légendaire bonne humeur quelque peu émoussée, nous repartons à bord de Jeepette 2 pour retourner à San Pedro, situé à quelques 90 kilomètres de Calama, quand même. Comme à Torres del Paine, c'est un véritable plaisir de conduire sur les routes peu fréquentées, entouré d'un paysage époustouflant. Notre premier arrêt est la Vallée de la Mort, qui est exactement comme la Vallée de la Lune, en beaucoup plus petit. Mais ça va, on ne se lasse pas.
Nous nous dirigeons ensuite au sud-est pour découvrir le Salar de San Pedro. Forts de notre expérience à Uyuni, on s'attendait à un autre mini-désert blanc, mais en fait c'est surtout une gigantesque étendue de terre recouverte d'une pellicule de sel. Les balades autour des lagunes, habitées par des flamants roses et des micro-organismes vachement mieux dont j'ai oublié le nom, nous occupent jusqu'au coucher du soleil.
Nous revenons à San Pedro en se promettant de faire le plein, car Jeepette 2 est bien gourmande, et c'est le seul endroit avec une pompe à plus de 100km à la ronde. Après un bon resto, on résiste à la tentation d'enchaîner sur un petit verre dans l'un des innombrables bars de San Pedro. Demain, il va falloir être en forme, on va au Geyser del Tatio, et comme ils sont bien plus actifs et impressionnant tôt le matin, on partira à 4h du mat'. Ah oui, et tant qu'à faire, on dort dans la voiture, parce que c'est moins cher l'aventure !
Repu et passablement fatigué par cette première journée au volant, je m'endors sans aucun problème, emmitouflé dans mon duvet. Le réveil de Momzi sonne à 4h pile, et nous voilà repartis. J'avoue que j'avais un peu les yeux qui piquaient au début, mais la perspective de découvrir les Geysers en plein activité, avant que la marée de touristes n'arrive (la plupart des agences partent à 5h, les feignasses), me surmotive. Momzi sur le siège passager, lutte courageusement contre le sommeil pour me tenir compagnie.
C'est après avoir parcouru plus de la moitié des 80 kilomètres qui nous séparent des geysers que nous réalisons que nous n'avions pas fait le plein.
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marienmike-blog · 6 years
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ATAKAMA : Courtes nuits
Le réveil est dur, mais en même temps, pour observer le lever du soleil sur le Salar d'Uyuni, on est bien obligé de se lever tôt. Martial a les yeux encore plus rouges que les nôtres, ce qui ne l'empêche pas de faire la course avec ses collègues pendant les 20 minutes de trajet qui nous séparent du désert de sel. Du coup, ça nous réveille.
Le sol salé est recouvert d'environ 5cm d'eau, ce qui force le 4x4 à rouler au pas. C'en est trop pour ce cher Martial dont les yeux, à forces de papillonner, finissent par se fermer. Même s'il n'y a aucun obstacle et qu'on va à 2 à l'heure en ligne droite, c'est quand même mieux d'avoir un chauffeur éveillé, du coup, on lui secoue les puces. Même s'il dément s'être endormi, on l'a tous cramé, le saligaud.
On s'arrête enfin dans un petit coin « bien à nous », même si des dizaines d'autres véhicules sont visibles. Il fait à peu près -8000, et les filles, dont les chaussures ne sont pas étanches (en même temps on ne nous avait pas prévenu), frémissent d'horreur quand elles sentent l'eau glacée tremper leurs chaussettes. Mais il en faut plus pour nous faire renoncer au lever du soleil. Surtout que, grâce à ce miroir d'eau que nous avons haï brièvement, tout se reflète, pour deux fois plus de plaisir.
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Malgré nos doigts gourds, notre groupe de 5 prend moult photos, parce que bon, Instagram, quoi. Martial, pendant ce temps-là, termine sa nuit à l'abri dans le 4x4.
La matinée se poursuit au rythme de nos arrêts à différents endroits du Salar. Si le lieu est unique, j'arrive pas à m'empêcher de penser que son succès touristique a quelque chose de paradoxal. La Tour Eiffel, le parc Torres del Paine, les Pyramides, tu comprends que les gens veulent y aller, il a des trucs à voir mais au Salar d'Uyuni, les gens viennent et il y a... Rien. Littéralement. C'est blanc, c'est plat, il y a pas un pet' de végétation ni le moindre animal. Alors attention, je dis pas que c'est pourri ! Outre le fait que tu marches sur du sel, je pense que c'est son vide démesuré qui le rend unique.
On sort du Salar en fin de matinée, non sans avoir pris mille photos clichés, comme celle ci-dessus (en vrai je suis sûr qu'il y a des gens qui ne viennent que pour ça). L'ultime arrêt de notre tour, qui prend fin à 13h, est de loin le plus pourri. C'est un cimetière de trains. Voilà. J'en dirai pas plus.
Le tour est fini, mais pas le voyage. Nous sommes dans la ville d'Uyuni, et nous devons rentrer à San Pedro de Atacama, là où tout a commencé, seulement deux jours plus tôt. A l'agence, on nous informe que nous allons changer de chauffeur, et on n'est pas mécontents. Comme on est polis, on se dit qu'il faut quand même dire au revoir à Martial, il nous a quand même conduit sur plus de 500km. Mais Martial avait déjà filé, sans un mot. Nous sommes donc passés de pas mécontents à très contents, en passant tout de même par un stade d'indignation. Quel gougnafier.
Notre nouveau chauffeur, Oscar, m'est immédiatement sympathique car il m'arrive à l'épaule. Ce n'est pas un moulin à paroles, mais il est aimable et nous explique quelques trucs pendant le trajet d'Uyuni jusqu'à notre première auberge. Lorsque nous l'atteignons à la tombée de la nuit, une surprise nous attend. L'homme chargé de l'auberge nous informe qu'il n'y a plus de chambre de 5 disponible, et que l'un d'entre nous va devoir dormir dans la même chambre qu'un des chauffeurs (nous ne sommes évidemment pas le seul groupe). Naturellement :
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Honnêtement, ça ne me dérange pas, on a une chambre de 5 pour deux, le guide est sympa et vu qu'on doit se lever à 4h du matin pour reprendre la route, je compte me coucher hyper tôt. Mais dans la nuit, alors que l'auberge dort, deux hommes rentrent dans ma chambre avec fracas. L'un balbutie des choses sans queue ni tête (même pour de l'espagnol, ça me paraissait bizarre), tandis que l'autre, mon compagnon de chambre, essaie de le faire taire. Pas besoin d'être Sherlock pour deviner qu'ils sont ronds comme des queues de pelle. Je me dis que ces deux épaves ne vont pas tarder à sombrer, mais un troisième chauffeur rentre dans la chambre. Un dialogue de saoul commence, et je vois mes précieuses minutes de sommeil disparaître dans le firmament. N'y tenant plus, je me redresse et mugis :
- Pueden callarse ?
Sans doute grâce à mon statut de client, et donc de roi, les 3 chauffeurs gagnent les lits sans un mot de plus et s'endorment bientôt, sans même ronfler.
C'est avec l'impression de mourir que je me réveille à 4h du matin. Oscar est déjà levé et s'occupe d'enlever la pellicule de glace qui recouvre le pare-brise. Aussitôt que le moteur démarre, je me rendors, malgré les nombreux virages et ornières. Il est presque 8h quand le 4x4 parvient à la frontière, et ainsi commence notre calvaire. La queue pour sortir de la Bolivie est déjà super longue, mais ce n'est rien par rapport à l'attente pour entrer au Chili. Nous attendons 2h devant la douane, qui n'ouvrait apparemment qu'à  11h (à 5000m d'altitude, rappelons-le), pour qu'enfin tous nos sacs soient fouillés sans ménagement.
Nous parvenons à San Pedro vers 13h30, un peu abasourdi par tant de trajet. D'après nos savants calculs, on a fait plus de 1000km en 3 jours, ça picote. Heureusement, il y a la Franchuteria. C'est une boulangerie française, à base de baguettes et de croissants, qui fait fureur (normal) dans toute la ville. Nous reprenons nos forces, avant de dire au revoir à la petite famille qui nous a accompagné pendant 3 jours et avec qui, disons-le, on a bien rigolé.
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marienmike-blog · 6 years
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ATAKAMA : le chauffeur muet
Oh mon Dieu, qu'il a fait froid cette nuit ! A l'extérieur, le mercure a chuté jusqu'à -10°C, tandis qu'à l'intérieur de notre chambre, on a dû, d'après notre ressenti, frôler les 10°C. On se passe volontiers de la douche, payante et apparemment glacée, proposée par l'auberge.
Après un café soluble salvateur, nous entamons notre deuxième journée de road-trip alors que le soleil est déjà levé, contrairement à la veille. Nous retrouvons le 4x4 dont le pare-brise a été dégivré et l'intérieur nettoyé par Martial avant notre réveil.
Pendant toute la matinée, nous nous arrêtons pour observer de gigantesques structures rocheuses aux formes particulières. Si « Le Dromadaire » et la « Copa Del Mundo » (à laquelle ni le Chili ni la Bolivie ne participent, à mon plus grand dam) portent bien leur nom, on se demande encore d'où vient le nom de la « Cité Italienne », qui rappelle effectivement une ville. Enfin, moi tout ce que je connais de l'Italie c'est juste vaguement les spaghettis...
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Le flot touristique est si dense que, vues du ciel, ces sculptures naturelles doivent ressembler à s'y méprendre à des fourmilières. Heureusement, nous entreprenons de gravir chaque structure pour profiter de nombreux points de vue sur la plaine, si bien que les autres touristes, moins déterminés que nous, partent devant. Arrivés aux différents sommets, il me faut à chaque fois quelques minutes pour reprendre mon souffle. Manque d'oxygène ou abus d'empanada chilien ? Les vrais sauront.
On se dépêche de redescendre pour ne pas Martial, notre Bénédictin à nous (parce qu'il parle pas, comme les Bénédictins qui observaient le silence monastique, ok, j'avoue je suis allé la chercher sur Google), ne s'impatiente pas. Nous observons peu de temps après nos premiers lamas, que mes compagnonnes de voyage mitraillent comme des stars de cinéma. Je suis moins transcendé que quand on a vu les flamants et le renard, la veille, car quand j'étais en Bolivie, il y a trois ans, des lamas, j'en ai bouffé (littéralement). Mais il faut avouer qu'ils sont marrants avec leur port altier et leur regard hautain. Lorsque je demande à Martial à quoi servent les morceaux de tissu colorés qui pendent de leurs oreilles, ou parfois même les fouleurs autour de leur long cou, il me répondent que c'est pour que leur propriétaire les reconnaissent. Le plus frustrant avec ce cher Martial, c'est qu'il a l'air de tout connaître de la région, mais qu'il semble vouloir garder ce savoir pour lui.
J'arrive néanmoins à tirer quelques vers de son nez épaté lorsque, le long de la route étrangement déserte, j'observe des masures de pierres et de paille :
- Ces maisons sont habitées ? De quoi vivent les gens, ici ?
Martial me dit que ce sont des estancias, les maisons des paysans boliviens qui élèvent des lamas, mais surtout, cultivent le quinoa. Malgré l'aspect déjà modeste de leurs demeures, ils vivent bien mieux qu'il y a quelques années, notamment grâce à l'explosion des régimes végétariens dans les pays les plus développés (cimer les vegans, vous sauvez pas que les vaches apparemment). En plus, la culture de cette céréale ne requiert en tout et pour tout que 4 litre d'eau par an par plan, et dans cette région désertique, c'est un avantage incontestable.  
Après un arrêt à la Lagune Mystérieuse, où nous observons un timide lapin à longue queue appelé « viscacha », on prend des photos au-dessus d'un vertigineux ravin au fond duquel coule tranquillement une sinueuse rivière.
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La « matinée » se termine vers 14h, pile quand la faim commençait à me faire perdre ma bonne humeur. Si je commence par grimacer quand je vois le petit plat de crudité, simplement accompagné de riz, mon cœur s'emballe lorsque l'aubergiste nous amène un immense plat de pastel de papa, un plat à base de purée de pommes de terre et de viande  hachée.
Les rageux diront : « C'est du hachis parmentier, gros... » et je leur répondrai que dans le pastel de papa, c'est de la viande de lama, et qu'en plus c'était pas gratiné. Révise ton hachis, gros.
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Le repas aurait été parfait sans la tablée d'Américains surexcités, qui a passé son temps à crier, que dis-je, à vagir comme des Trump qu'on égorge pendant tout le repas. Rires gras, blagues vaseuses, mélanges infâmes dans les assiettes à base de mayo et de ketchup, leur beauferie était telle qu'on a hésité à leur piquer une bouteille d'eau pour les punir.
Nous roulons plus d'une heure avant notre dernière halte de la journée, un petit village où nous dégustons une bière de quinoa (pas infecte, surtout que j'avais bien soif), ou une bière de cactus (j'en ai pris une lampée, trop sucrée, je l'ai vite passé). Le village n'est qu'un hameau composé de deux lignes de maisonnettes parallèles à une ligne de chemin de fer. Autrefois, avant l'arrivée de la voiture en Bolivie, c'était la seule façon de voyager jusqu'au Chili. On observe vite fait les wagons abandonnés qui font un peu far-west (et très glauque) avant de repartir.
Nous atteignons notre gîte, situé en bordure du célèbre Salar d'Uyuni, alors que la nuit tombe. Le lieu nous met de suite dans l'ambiance, puisque l'auberge est construite entièrement de blocs de sel. Déjà charmés, on ne contient pas notre joie quand Martial nous annonce que nous aurons l'endroit pour nous tout seul, cette nuit. Après l'auberge bondée de la veille, et le raffut américain de ce midi, notre groupe de cinq profite enfin d'un peu de tranquillité. Et d'une douche bien chaude plus que nécessaire.
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marienmike-blog · 6 years
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ATAKAMA : (Ab)Road-trip
La piste, bien que caillouteuse et jonchée d'ornières, défile à toute vitesse sous les pneus de notre chauffeur Martial, qui nous fait comprendre que la journée sera chargée. On s'arrête à peine 10 minutes après notre départ pour découvrir la Laguna Blanca et la Laguna Verde. D'office, Martial calme nos ardeurs. D'après lui, la saison n'est pas propice à l'observation des couleurs typiques de ces lacs salés. De plus, il nous dit que les milliers de flamants roses qui vivent ici ont déjà migré vers le nord, pour fuir l'hiver.
Mais il en faut plus pour museler notre émerveillement. Même si certains supportent plus mal l'altitude que d'autres, on s'extasie devant les rares flamants qui plongent leur tête dans l'eau à la recherche de nourriture. Partis un peu avant tout le monde, nous sommes seuls devant les lagunes et profitons ainsi de leur intime tranquillité.
Il est déjà l'heure de retrouver le 4x4 et la route sinistrée. En chemin, Mère-Nature, ou la Pachamama comme on l'appelle ici, nous fait un autre cadeau. Juste en face de notre véhicule surgit un vigoureux renard. Martial ralentit, puis s'arrête. Nullement effarouché, l'animal nous regarde avec espoir. Le charme se brise quand Martial sort du véhicule et jette lui jette le reste de son petit déjeuner, que le renard s'empresse de dévorer. Au vu du nombre de véhicules qui nous suivent, je comprends que la Pachamama n'a rien à voir avec la présence de notre ami le canidé près de la route. Tous les matins, il doit attendre son repas. Et tous les matins, les guides doivent s'arrêter pour le régaler. Ainsi, le renard mange à sa faim, et les touristes sont contents de l'avoir vu. Tout le monde est content, sauf l'ordre de la nature, qui veut que ce prédateur se repaisse de ses proies durement chassées, et non de restes d'empenada. Enfin bon, il était mignon.
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Autour de nous, le jaune et le rouge des montagnes se mélangent comme sur la palette d'un peintre à la recherche de l'orange parfait. Une nouvelle fois, Martial ralentit, et sans un mot, pointe du doigt une dune de terre fine. Des structures de pierre jaillissent du sol, aussi noueuses que les troncs d'arbres millénaires. Ce sont les pierres de Dali, et en effet, elles rappellent celles que l'on voit sur le seul tableau du célèbre peintre que je connaisse (en haut à droite frère) :
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On repart à 80km/h, secoués comme des fruits au salon du smoothie. Nous accueillons notre arrêt suivant avec d'autant plus d'entrain qu'un bain dans des thermes naturels nous attend. Mais avant la récompense de la chaude caresse de l'eau à 40°C sur notre peau, nous devons affronter les 5°C (vent non inclus) de ce matin bolivien.
Je soupçonne Momzi de retenir des larmes de bonheur (si vous vous savez pas qui c'est, c'est que vous avez pas lu l'article précédent, et ça c'est mal) lorsque notre groupe de 5 se glisse dans l'eau. Les autres touristes, sans doute impressionnés par mes gros muscles, vont se tasser dans un autre bassin, légèrement plus grand, si bien que nous profitons une fois de plus du paysage avec quiétude.
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Nous serions bien restés là toute la journée, mais Martial, cette légende, nous a dit qu'on ne pouvait pas rester plus de 40 minutes. Nous nous rhabillons en vitesse, non sans profiter la sublime chute de l'aîné d'une famille française, trop pressé d'entrer dans l'eau (« attention, ça glisse vraiment ! » dira-t-il en bonne connaissance de cause à ses petits frères en se frottant le fessier).
Après un rapide arrêt autour de geysers, qui offrent un spectacle unique malgré leur odeur d'oeuf pourri (certains diront une odeur de souffre), nous nous arrêtons à la Laguna Colorada. Nous redoutions qu'une fois de plus les conditions ne soient pas réunies pour observer le site dans toute sa splendeur, mais aucun de nous ne fut déçu. A certains endroits, l'eau se colore de bleu (jusque-là normal), mais aussi de rouge grâce aux algues, de rose grâce aux flamants, de vert grâce aux... ben encore aux algues, et d'or grâce au soleil. Alors que les filles font des provisions pour alimenter leur Instagram, je regrette plus que jamais mon appareil photo qui n'a pas survécu à la Patagonie. Je me console un peu en prenant d'innombrables clichés de Momzi, qui les enverra plus tard à sa mamie (on ne peut rêver d'une cause plus noble pour prendre des photos, n'est-ce pas ?).
Nous roulons ensuite pendant près de deux heures sans nous arrêter. Certains d'entre nous somnolent, d'autres profitent du paysage tandis que Martial fonce à travers les innombrables pistes dessinée au fil du temps. Autour de nous, d'autres 4x4 soulèvent de la terre que le vent se charge de transformer en diables de poussière. Nous atteignons l'auberge alors que la nuit tombe, en même temps que la température. Si le thé accompagné de biscuits nous fait bien plaisir à l'arrivée, le dîner composé d'une soupasse livide, de pâtes tièdes et d'une sauce tomate/oignon que mes accompagnatrices n'ont pas préféré toucher, nous laisse un peu sur notre faim. Avant de nous coucher (à l'heure des poules), Momzi m'aide à me remémorer les événements notables de la journée, que je note avec soin afin de vous écrire plein d'articles, Ô lecteurs adorés.
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marienmike-blog · 6 years
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ATAKAMA : Respirer c'est tricher
Bonjour à tous ! Quand y en a plus, y en a encore. Je reviens de mon second voyage dans le voyage, inception-style, et j'ai une fois de plus des milliards de choses à vous raconter. Allons-y let's go, c'est parti les amis.
Premièrement, grande nouveauté, je tiens à faire une place pour un personnage secondaire supplémentaire dans ce blog. En plus d'Albert la polaire et moi même, veuillez accueillir comme il se doit ma binôme de voyage, venue tout droit de l'INSA de Lyon, Moms, alias Momzi, alias Momzer. Ce sera quand même plus simple d'utiliser son nom plutôt que « mon amie », « ma pote » ou « ma compagnonne de voyage » comme je l'ai fait dans PATAGONYA. Momzi passe un semestre sous le ciel grisâtre de pollution de Santiago. La plupart des photos que vous verrez dans cette série d'articles sont les siennes (son insta c'est @piticroco, fais pas le crotale, abonne-toi, elle essaie de percer). C'est elle qui m'a proposé de partir droit vers le Nord, en direction du désert d'Atacama. Et oui, j'ai mis un K dans le titre, ça me rappelle mon bar préféré.
Atacama, c'est l'une des régions les plus touristiques du Chili et son gros avantage par rapport à la Patagonie, c'est que c'est un désert et que du coup, il y pleut pas des masses. En plus, la petite ville de San Pedro de Atacama se situe tout près (enfin pas trop trop loin) de la frontière bolivienne et du légendaire Salar d'Uyuni. Oui, on y est allés, mais je vais pas vous spoiler le programme du voyage, sinon vous allez pas lire, et ça serait super triste.
« Mais gros t'as pas cours à un moment ? Comment tu peux encore partir une semaine comme ça tranquille ? »
Je comprends ton incompréhension, cher lecteur. En fait, depuis une dizaine de jours maintenant, la majorité des étudiants chiliens sont en grève. Les classes sont vides, et à mon plus grand désespoir, les professeurs n'assurent pas leurs cours. Sachez que c'est bel et bien le cœur lourd que je me retrouve avec assez de temps libre pour voyager.
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Momzi et moi décollons donc le 17 Mai de Santiago dans le plus grand des calmes, non sans s'être fait un bon gros Domac des familles, ce qui reste, convenez-en, la meilleure manière de commencer un voyage. A peine arrivé à l'aéroport de Calama, on bondit dans un bus en direction de San Pedro de Atacama. Durant l'interminable ligne droite qui sépare les deux villes, le paysage lunaire de la région s'étale devant nos yeux. L'aube colore les canyons, les crêtes, les volcans, la terre ocre, et les quelques rares manifestations végétales (d'où le terme « désert ») d'une teinte rosée. Nous atteignons San Pedro, ce carrefour de baroudeurs, en début de soirée. A peine le temps de passer à l'auberge réservée par Momzi pour déposer nos affaires dans la chambre que nous allons au centre-ville. Plusieurs tâches nous attendent :
Faire les courses pour le repas du soir.
M'acheter un maillot de bain parce que j'ai oublié le mien et des lunettes de soleil, parce que dans le désert, le soleil tape (vous noterez au fur et à mesure de la lecture que j'aurais pu être plus consciencieux lorsque j'ai fait mon sac)
Passer à l'agence White & Green pour payer le road-trip de 4 jours que nous allons faire à Uyuni. Comme on part demain à 6h, et qu'il est presque 19h, ça semble être un bon moment pour s'en occuper.
Retirer des bolivianos, la monnaie bolivienne comme son nom l'indique.
Avec l'efficacité propre à ceux qui se connaissent bien, Momzi et moi accomplissons tout ça en un temps record, cuisinons, mangeons (beaucoup) et nous mettons au lit pour affronter le réveil aux aurores du lendemain.
Le mini-bus vient nous chercher à 6h tapantes, comme promis, alors que la ville est encore endormie. Notre conducteur, Tonio, un chilien d'une quarantaine d'années fort sympathique, nous informe que nous 3 autres français partageront notre voyage. Nous nous arrêtons donc à une autre auberge pour récupérer une maman accompagnée de ses deux filles, qui ont notre âge, donc on sympathise tous très vite. Je me retrouve une fois de plus accompagné exclusivement de membres de la gente féminine pour ce voyage. Je vous jure, je fais pas exprès.
Dans le min-bus, la radio de Tonio joue une mélodie envoûtante, ce qui ne fait qu'accentuer le papillonnement de nos yeux. Nous nous dirigeons au nord-est tandis que le soleil s'élève doucement derrière les volcans. Tonio nous parle de sa musique, de ce groupe chilien que nous écoutons, célèbre même jusqu'au Japon. Sans même nous en rendre compte, nous atteignons la frontière bolivienne, et c'est le moment de sortir du véhicule. Je suis alors saisi d'une sensation étrange. Ma tête tourne, mes poumons peinent à se remplir, le moindre geste demande plus d'efforts que d'habitude. Mon rythme de vie chilien aurait-il fait de moi une larve qui s'essouffle après quelques pas ?
Heureusement, les autres voyageuses semblent partager mes maux.
- Nous sommes à plus de 5000m d'altitude, c'est normal si vous vous sentez nauséeux, informe Tonio.
En vrai, on le savait déjà, on s'était préparés, mais c'est plus drôle de faire comme si on avait été surpris, t'as vu. Après avoir passé les fastidieuses étapes de la douane dans un froid polaire, nous atteignons un parking où attendent pas moins de vingt 4x4, signe de la popularité de la région d'Uyuni auprès des touristes. Et là, alors que le froid et l'altitude nous malmenaient, Tonio nous régale. Du coffre du mini-van, il dégaine du café, du pain, des cookies, du jambon, du fromage, des yaourt et même du guacamole.
- Essayez de tout finir, je n'ai pas le droit de repasser la frontière chilienne avec des aliments.
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Toujours prêts à rendre service, Momzi et moi prenons les choses en main et remplissons nos panses de victuailles. Je m'attriste que Tonio ne soit pas notre chauffeur pour le reste du voyage, ses discours passionnés sur la musique et la profusion de ses petit-déjeuner me manqueront. Il est remplacé par le taciturne Martial qui se révélera être un véritable phénomène.
Le road-trip démarre enfin, la maman à l'avant, les gosses à l'arrière (dont moi au milieu, galanterie, normal), tous repus et encore hébétés par le manque d'oxygène.
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marienmike-blog · 6 years
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PATAGONYA : La fin du voyage
Si t'as lu les autres articles de PATAGONYA, c'est mieux, t'as compris à force. Merci à Pich et au Mams pour la relecture.
A l'aurore de notre troisième jour dans le parc d'El Chaltén, pas de neige, seulement un triste ciel gris et un vent glacé qui souffle par bourrasques. Sa force est telle qu'elle rend l'ascension à l'ultime lagune, située à une heure du campement Poincenot, trop dangereuse.
Nous décidons quand même de ne pas tout de suite nous diriger vers le troisième et dernier campement, mais de continuer vers le Nord pour découvrir le glacier Piedras Blancas, dont tout le monde nous a vanté la beauté. En plus, on a pas besoin de plier le camp, puisqu'on fait juste l'aller retour. Pas de sac pendant 1h30, un vrai régal.
Le chemin jusqu'au glacier ne monte pas du tout, mais serpente dans une vallée parsemée de buissons et striée de ruisseaux. Pas d'arbres, pas de rochers. Pas d'abri contre le vent. La tête rentrée dans les épaules, on avance lentement, et j'en viens (presque) à regretter mon sac car mon petit corps maigre a bien du mal à lutter contre la force des éléments. Heureusement, le glacier est fantastique (si t'as lu l'article d'avant, tu comprendras pourquoi j'ai pas mis de photos).
On rentre au camp alors que le ciel se dégage, sans pour autant que le vent ne se calme. Au moment de plier le camp, on constate sans surprise que nos affaires sont toutes aussi humides que la veille, et ça, c'est la tuile.
Malgré le vent qui nous déséquilibre, même avec les sacs, on s'arrête de nombreuses fois pour apprécier la splendeur du chemin qui mène au dernier campement, nommé Capri. Mais on a dû quand même marcher vite, puisque nous l'atteignons dès 13h. Hébétés par le vent, hantés par nos affaires humides sur nos dos, on acquiesce avec vigueur quand une de mes amies suggère :
- On pousse jusqu'au village et on prend un auberge ?
Nous voilà donc repartis, après un ultime pain de mie – jambon, pour 3h de marche. La perspective d'un lit douillet, d'une douche chaude et d'une bière bien fraîche nous donne des ailes : nous atteignons El Chaltén en un peu plus de deux heures. L'ultime ligne droite, vent de face, jusqu'au magasin où nous avons loué notre matériel semble tester une dernière fois notre patience et notre endurance.
Sans regret, je dis adieu à la tente 4 places et à mon duvet encombrant. Ma démarche paraît bondissante tant je me sens léger. On ne tarde pas à trouver une auberge pas chère pas chère, à étendre nos affaires, et à aller se prendre une bonne bière. Pour le dîner, c'est pizza, et honnêtement, après les knackis-purée, j'ai bien cru que sa croûte dorée, son fromage luisant, sa sauce tomate frémissante, étaient l'incarnation de Dieu.
Après une nuit douillette dans une auberge où nous avons rencontré une bande de brésiliens qui faisaient le tour de l'Amérique du Sud à moto (rien que ça), notre quatuor se réveille pour découvrir El Chaltén trempé par une pluie battante. Après quelques hésitations, on profite d'une accalmie pour  se diriger vers le Mirador des Aigles, d'où paraît-il, on peut observer des condors, logique.
Malheureusement, l'averse, que dis-je, la tempête reprend lorsqu'on arrive au sommet dudit mirador. Point de condor ou autre rapace, juste des nuages et des gouttes qui nous fouettent le visage. On revient à l'auberge la queue entre les jambes, trempés jusqu'aux os. La randonnée de l'après-midi jusqu'à une cascade toute proche, tombe à l'eau. On passe l'après-midi au chaud dans l'auberge à jouer aux cartes avec nos nouveaux amis brésiliens. C'est moins l'aventure qu'une randonnée sous le Déluge, mais on avait déjà assez donné.
Vers 17h, nous prenons un énième bus pour retourner à El Calafate, non sans avoir jeté un dernier regard au mont Fitz Roy, sommet vedette d'El Chaltén. Nous dormons dans une auberge fabuleuse dont j'ai perdu le nom, avec petit dej' à volonté et tout. Autant vous dire qu'en ce jeudi 19 Avril (je rappelle la date parce que même moi je me paume), je me suis pété la panse avant d'entamer notre ultime journée de tourisme au Perito Moreno. C'est sans doute l'endroit le plus fameux de la région, last but not least, comme on dit chez moi dans le Bronx. Ce glacier s'étend sur 254 km², ce qui est un peu plus grand que la superficie de Buenos Aires. Comme toi non plus t'es jamais allé à Buenos Aires, je convertis en terrains de foot : 34794.
Grâce à un départ fort matinal (en bus hein, vous l'aurez deviné), nous atteignons le glacier, situé à l'extrême Sud du parc Los Glacieros, avant la foule. On peut profiter de l'intimidant mur de glace de 70m de haut, qui rappellera sans doute une fameuse série à certains.
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A un moment, le tonnerre retentit, et c'est pas normal, parce que le soleil brille au dessus de notre tête. Une de mes amies pousse une exclamation et point l'est du glacier du doigt. Le fracas n'était pas dû à une quelconque tempête, mais à un pan du mur qui vient de se détacher. Un glaçon de 40m de haut chute dans l'eau glacée, et je peux vous dire que ça fait un gros « plouf ».
Durant l'après-midi, le soleil nous pousse à nous balader à El Calafate, même si ce dernier n'a pas grand-chose à offrir, à part un petit sentier au bord du lac Argentina. Le soir, on se fait un dernier gueuleton, comme on dit dans mon 37 natal.
L'ultime journée du voyage, ne présente aucun intérêt, on est simplement fait le chemin inverse, depuis El Calafate, jusqu'à Punta Arenas (si vous êtes perdus regardez la carte du Prologue comme ça je l'aurais pas faite pour rien). On prend l'avion le 21 Avril, après une nuit passée dans une maison de woofing qui était en fait un AirBnB (donc pas gratuit, la tuile).
C'est ainsi que mon premier gros voyage dans les terres chiliennes prend fin. J'espère que ce format avec une série d'articles un peu plus rédigés que les précédents vous a plu et que je ne vous ai pas lassés à parler aussi longtemps de la même chose. N'hésitez pas à me faire des retours, me dire si c'était mieux avant etc...
Ah oui, je reviens d'un autre voyage, dans le Nord du Chili, cette fois. Vous savez ce qui vous attend ! La bise ♥
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marienmike-blog · 6 years
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PATAGONYA : El Chaltén - 2
Si t'as lu les autres articles de PATAGONYA, c'est mieux. Merci à Pia et au Mams pour la relecture.
De la neige. La veille, le garde du parc nous avait mis en garde contre à peu près toutes les conditions climatiques, sauf celle-là. L'air glacé s'engouffre sous la tente, et on résiste à l'envie de s'enfouir dans la chaleur de nos duvets. Je m'empresse d'enfiler Albert et entreprends de farfouiller mon sac à la recherche de mon pantalon de ski, emmené spécialement pour ce genre d'imprévu. A ma plus grande consternation, mes affaires sont mouillées. Apparemment la tente ne nous a pas du tout protégés de l'humidité.
Si mes orteils protestent au contact de mes chaussettes glacées, mes exceptionnelles chaussures, elles au moins, sont parfaitement sèches. Un peu remontés contre Mère Nature, nous prenons un frugal petit déjeuner tandis qu'au dessus des arbres, un timide soleil entame sa course tranquille. Le ciel, bleu comme les icebergs aperçus à Torres del Paine, nous rassure. Aujourd'hui, il n'y aura de la neige que sous nos pieds, et point sur nos capuches.
Je remarque que les photographes aperçus la veille sont déjà partis, sans doute pour immortaliser le lever de soleil sur la lagune. Deux jeunes femmes sont en train de remplir leur gourde à la rivière. Soudain, l'une d'entre elle pointe son doigt droit devant, une expression émerveillée sur le visage. Un doigt sur les lèvres, elle me fait signe de la rejoindre. J'attrape mon appareil photo et fais signe à mes amies de me suivre.
De l'autre côté de la rivière, sur le flanc enneigé d'une colline se meut un animal couleur terre, avec deux petites fourches sur la tête. Seize huemuls sur un million de terrain de foot vallonnés, dont un juste sous nos yeux.
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Réconciliés avec la nature, nous décidons de jeter un œil à la Laguna Torre, pour voir à quel point la nuit neigeuse l'a changée. Délestés de leur humide chargement, les nuages de la veille ont disparu, et un trident de pierre, las Torres, nous apparaît enfin.
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Gonflés à bloc par ce début de journée prometteur, nous plions le camp. Avant de ranger la tente, je suggère :
- Quelqu'un peut prendre les piquets ? Je me charge de la toile.
Mes amies s'empressent d'accepter. Ainsi allégé, mon sac ne me brise plus le dos, et je me sens pousser des ailes. Pour la première fois de notre aventure argentine, je prends la tête de notre troupe et j'en suis fort ragaillardi. Je m'autorise même quelques petits « Todo bien, chicas ?» pour bien montrer qui c'est le patron.
Nous nous aventurons à présent dans la partie la plus sauvage du parc, accessible seulement aux campeurs. La neige masque le sentier, si bien que plusieurs fois, nous rebroussons chemin avant de le retrouver. Au dessus de nos têtes, les branches réchauffées par le soleil suintent de gouttes glacées qui nous trempent avec l'efficacité d'une averse tropicale. Nous bénissions les clairières, car il ne pleuvait que sous les arbres. Lors d'une pause, j'en profite pour faire sécher ce pauvre Albert (qui malgré toutes ses qualités, n'est pas imperméable) en le suspendant à un buisson.
Le drame arrive à 11h. L'une de mes amies remarque que la tente est mal équilibrée sur mon sac. Prévenante, elle décide de corriger la situation. Je m'arrête et, dans mon dos, j'entends le « clac » d'une sangle que l'on détache. Puis le « boum » de mon appareil photo sur le sol, suivi d'un silence atterré.
Mon fidèle appareil photo, qui dans une autre vie a appartenu à une amie de longue date, est en trois morceaux. Le malheureux aura eu une belle vie, faite de voyages et de clichés surexposés. D'ailleurs,  son ultime photo sera à jamais celle du huemul, et ça, c'est beau.
J'aurai pu m'énerver contre ma compagnonne, pester contre sa maladresse, lui demander si elle avait les yeux en face des trous, mais les larmes qui perlent dans ses yeux m'en empêchent.
L'ambiance de notre petit groupe se fait aussi pesante qu'une tente pour 4 personnes, et je sais que je ne dois pas laisser cette mésaventure gâcher notre voyage. C'est pourquoi, lorsque nous atteignons l'un des innombrables panoramas du jour, je clame :
- Damn, c'est magnifique, laissez-moi prendre une photo ! Ah non...
Mes deux amies éclatent de rire, tandis qu'un timide sourire se dessine sur le visage de la coupable. Tout malaise écarté, nous reprenons notre route d'un pas plus gai. En plus, nous sortons enfin des bois et de leur pluie de neige fondue. Durant tout l'après-midi, nous longeons deux autres lagunes, Madre et Hija, sous un soleil radieux.
Nous arrivons au camp Poincenot, notre seconde étape, un peu avant 18h. On y retrouve le groupe de photographes du camp d'Agostini, qu'on ne manque pas de narguer avec nos clichés de l'huemul. Enfin, eux au moins ils peuvent encore prendre des photos...
Comme la veille, à mesure que le soir tombe, la température chute drastiquement. Pas comme la veille, le vent se lève, et une pluie diluvienne se met à tomber. Nous aurions aimé pouvoir monter à la Laguna de los Tres pour y voir le coucher de soleil, mais d'après les gardes, les rafales rendent l'ascension dangereuse. Et en plus, il y a pas de soleil.
On se retrouve donc blottis dans la tente à 19h, après avoir avalé notre infâme saucisse-purée, entourés de nos affaires trempées. Les filles, ces génies, ont rempli les bouteilles d'eau bouillante pour fabriquer des bouillottes de fortune. Nous nous endormons après une autre série de mes déboires au Uno, avec l'espoir, cette fois, de ne pas être dérangés par les chauve-souris.
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marienmike-blog · 6 years
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PATAGONYA : El Chaltén - 1
Si t'as lu PATAGONYA : Prologue et PATAGONYA : Torres del Paine, c'est mieux. Merci au Mams et à Pich pour la relecture.
On en était où ? Ah oui, Samedi 14 Avril, el Chaltén, le trek, le camping, la bonne galère des familles ! C'est parti !
Après une petite nuit à El Calafate qui borde le plus grand lac d'Argentine (excentriquement appelé « Lago Argentino »), on reprend encore et toujours un bus vers le Nord. Comme je l'ai dit dans le chapitre précédent, les heures de bus ne m'ont pas du tout dérangé puisque le paysage vendait du rêve, et en plus, ça m'a permis de prendre des petites notes pour vous faire voyager dans les articles de Patagonya. Et on avait le café gratos.
Tout comme Puerto Natales est celle de Torres del Paine, el Chaltén est la porte d'entrée du parc naturel Los Glaciares qui s'étend sur 727000 hectares, soit près d'un million de terrains de foot (avouez c'est plus visuel en terrains de foot). Les rangers du parc, qui dépendent directement du gouvernement argentin, protègent avec sévérité et à raison cet écrin de biodiversité. D'ailleurs, on a le droit à un briefing dès notre arrivée, comme tous les autres touristes, randonneurs ou photographes.
Concernant le règlement, c'est très simple. Pollution = amende, feu de camp = prison. Le regard sombre, le garde du parc nous explique que l'immense majorité des incendies est due à la négligence des randonneurs.
Ah oui, si on croise un puma, il ne faut pas le regarder dans les yeux (comme les gorilles). Si malgré ça, le bougre continue d'être menaçant, il faut crier et lever les bras pour paraître plus imposant. Mes amies étant taillées dans le même gabarit que le mien, autant vous dire qu'il vaut mieux pas qu'on croise l'un de ces fauves.
Le garde termine sa présentation sur une note plus positive. Quelque part dans le million de terrains de foot du parc vivent seize huemuls, des cervidés que l'on ne peut trouver qu'en Patagonie. Les rangers accordent une telle importance à leur préservation qu'ils nous demandent de partager avec eux les clichés que nous ne manquerons pas de prendre si nous avons la chance d'en croiser un.
Avant de partir, une de mes amies s'enquiert de la météo. Pas de surprise, on va se les cailler. Aujourd'hui sera vraisemblablement la meilleure journée pour la randonnée, à base de soleil. Mais demain, le redoutable vent austral se lèvera, et ne retombera pas avant une semaine.
Mais il en faut plus pour nous décourager. Nous savions qu'en se pointant aussi près du cercle polaire mi-Avril, ce serait pas la côte d'Azur.
Décidés à profiter des conditions clémentes de cette première journée, on ne s'attarde pas au village pourtant charmant d'El Chaltén. On va directement louer notre matériel de camping. Le loueur nous informe que malheureusement, il ne lui reste plus de tente deux places, comme nous le désirions, mais seulement une tente 4 places. Je grimace. La perspective de dormir avec 3 filles ne m'effraie guère, courageux comme je suis, mais une si grande tente, c'est lourd, très lourd.
On repart donc avec des duvets, des tapis de sol, un réchaud, des ustensiles de cuisine et bien entendu, la tente. En tant que véritable bonhomme, je propose de porter de la porter. Deux de mes amies protestent pour la forme, tandis que l'autre me gratifie instantanément d'un « okay gracias ! » éclatant. Avec grâce, elle m'offre de porter mon tapis de sol.
Il nous faut bien un quart d'heure pour lier, harnacher, équilibrer notre attirail tant les duvets, conçus pour résister au froid patagonien, sont encombrants. Enfin, j'attache mon appareil au sommet de mon sac, telle une couronne sur la tête d'un roi potelé. Ci dessous, une photo de mon sac avec moi à côté, pour que vous voyiez à quel point il était gros.
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Vient le moment d'endosser la bête. Avec effort, et je vous jure le mot est faible, je passe chacune des bretelles, sans manquer de vaciller.
- Todo bien Mario ?
Je réponds d'un grognement étranglé :
- Si ! Vamos.
Mais en fait, todo pas bien. Todo pas bien du tout. Après 500 mètres, j'ai déjà les épaules en feu et les lombaires qui protestent. Mes compagnonnes, vaillantes amazones, caracolent déjà en tête, tandis que derrière, je souffle comme un bœuf miniature. Au sommet de la première colline, moins d'une heure après notre départ, je comprends que je ne pourrais pas continuer comme ça sur les 8 kilomètres de monts et de vaux qui nous séparent du premier camping.
Profitant d'un premier mirador, je pose mon sac et entreprends de le réarranger.
- Todo bien, Mario ?
- Todo bien, todo bien ! Mens-je, malheureusement trahi par mon teint rougeaud.
J'entreprends alors un réarrangement de la dernière chance. La tente se retrouve au sommet du sac, sous le duvet. L'une de mes amies me propose son aide pour hisser mon équipement sur mon dos, afin d'éviter tout risque de chute. Les autres ont le tact de ne pas rire, après tout, je porte leur lit.
Et là, mes bons amis, c'est le miracle. La pression sur mes maigres trapèzes reste forte, mais au moins, cette satanée tente ne me tire plus sourdement vers l'arrière. Enfin, je commence à profiter de cette première journée de randonnée, sublimée par un radieux soleil. Pour l'instant, entre aujourd'hui et Torres Del Paine, on attend toujours les caprices de la météo patagonienne.
Durant tout l'après-midi, les filles mènent la marche, et je les suis, clopin-clopant. Cependant, la majesté du paysage me fait rapidement oublier mon orgueil blessé. L'automne a enflammé les arbres, et leurs feuilles se consumeront de ce rouge jusqu'à ce que l'hiver, qui arrivera ici bien vite, ne les flétrissent.
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On atteint le camping De Agostini, un simple sous bois où ont déjà fleuri une dizaine de tentes colorées, vers 17h. Un groupe de photographes dotés d'objectifs qui relaient mon appareil au rang de jouet, dégustent (déjà) une soupe pour le dîner.
J'ôte mon sac avec un râle de satisfaction. Bien que je ne me sois pas plaint, parce que faire de la rando avec quelqu'un qui se plaint, c'est l'enfer, mes amies voient bien que ce premier jour m'a coûté. On entreprend alors de monter la tente, la maudite, parce que le soleil s'est caché derrière les montagnes, et la température descend vite. Logement paré, sac rangé, on se dirige vers la Laguna Torre, toute proche, depuis laquelle il est possible d'apercevoir Las Torres, trois pics montagneux qui font la fierté du parc. Las, les nuages se sont levés, et les tours demeurent invisibles. Ceci dit, la lagune en elle même n'était pas dégueu, avec le petit glacier au fond.
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La nuit est tombée, et il fait maintenant carrément froid. Je m’emmitoufle dans Albert, ma douce polaire achetée spécialement pour affronter le froid patagonien. C'est un peu bizarre de donner un nom à un vêtement, mais ce brave Albert m'a sauvé la vie tellement de fois pendant ce voyage, que je n'ai pas pu m'en empêcher. J'ai hésité à donner un nom à mes chaussures de trek imperméables (Ginette et Babette), mais ça commençait à faire beaucoup de personnages. Enfin bref, ne nous égarons pas.
L'heure du dîner (19h) sonne. Après les sandwiches jambon-jambon de ce midi, dont nous nous régalerons chaque jour pour le déjeuner, la perspective d'un repas chaud nous emplit de joie. Au menu, le savoureux combo knacki-purée. Par purée, j'entends poudre de « patates » mélangée à l'eau de la rivière voisine, parfaitement potable de part sa pureté.
Au moment de déguster la purée, qui s'apparente plus à une infâme soupe semi-épaisse, on réalise que notre kit d'ustensiles de cuisine ne contient que des assiettes et des verres. Pas de couverts. Mes yeux vont de mes amies à mon assiette de purée. J'hésite, mais mon impérieux estomac ne me laisse pas le choix. D'abord hésitant, j'approche mon assiette de mon visage et... je lape ma purée. Mes amies choisissent d'utiliser leurs doigts. Ce qui est beau dans la galère, c'est que personne ne se juge.
Après une soirée rythmée par mes défaites au UNO (dues à une coalition féminine, évidemment), nous nous apprêtons à passer notre première nuit sous la tente. Mon encombrant duvet, ce fourbe, ne me paraît pas si chaud. Heureusement, Albert est là, et nous ne tardons pas à nous endormir tous les deux.
Un bruissement contre la tente me réveille en sursaut, ainsi que mes amies. On aurait dit que quelque chose, s'était écrasé sur la toile au dessus de nos têtes. Aux aguets pendant quelques minutes, nous nous rendormons néanmoins. Mais le bruit se répète à intervalle irréguliers toute la nuit durant. Inquiète, une de mes amies demande :
- Qu'est ce que c'est ?
- Je pense que c'est des chauve-souris qui s'écrasent sur la tente parce qu'elles sont aveugles, c'est rien.
Honnêtement, il était deux heures du matin, j'avais envie de dormir, c'est la première chose à laquelle j'ai pensé. J'apprendrai plus tard qu'il n'y a pas de chauve-souris à El Chaltén. A ma grande surprise, mes amies acceptent cette explication et nous nous rendormons jusqu'au matin.
Au réveil, le froid nous frappe. Prise d'un besoin des plus naturels, une de mes comparses d'aventures entreprend de sortir de notre abri. Au moment où elle passe la tête au dehors elle se fige et pousse un cri de stupeur.
- Venez voir !
Mes yeux passent de plissés de sommeil à arrondis de stupeur. Le bruit de la nuit s'explique à présent. Les branches au dessus de notre tête ne pouvaient que ployer sous le poids de toute la neige dont elles sont à présent recouvertes. Autour de nous, la Patagonie s’est parée d’un manteau blanc.
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marienmike-blog · 6 years
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PATAGONYA : Torres del Paine
Si t’as lu PATAGONYA : Prologue, c’est mieux. Merci à Pich et au Mams pour la relecture.
Après une nuit inconfortable passée sur le sol de l'aéroport de Santiago, on décolle Jeudi 12 Avril, à 6h. Suite à un vol comateux de trois petites heures, direction plein sud, on a atterri à Punta Arenas, la plus grande ville de la Patagonie chilienne. Si le soleil brillait, les bourrasques de vent glacé ainsi que les 5°C nous ont rappelé que nous étions dorénavant bien loin de Valparaíso et de son clément climat côtier.
On s'est directement rendus au terminal de bus, nos sacs de 50L harnachés sur le dos, pour rejoindre au plus vite Puerto Natales, 3h au nord. On ne s'est pas arrêté à Punta Arenas car c'est vilain.
Ce trajet en bus, le premier d'une longue série, m’a permis de découvrir les infinies steppes patagoniennes, parsemées d'arbustes noirs courbés par les vents. Au bord de la route, morne et droite, j'ai fait la connaissance des guanacos, cousins sauvages du lama. A peine effarouchés par le rugissement de notre véhicule, ils paissaient au calme, en nous adressant parfois un regard presque aussi vitreux que celui d'un insalien en amphi. Si ce même paysage défilerait autour de nous durant la plupart de nos nombreux trajets en bus, je ne  parviendrais jamais à m'en lasser.
Puerto Natales est l'étape classique avant le parc national Torres del Paine. Et ça se voit. A gauche, à droite, devant, derrière, des boutiques proposaient de l'équipement de trekking ou des tours en bus. Après, la ville est pas infâme non plus, hein, avec un bras de l'océan d'un côté et les Andes de l'autre, on y est relativement au calme. Mais revenons à Torres del Paine car c'est quand même le titre du chapitre.
La renommée du parc est telle que pour effectuer ses deux randonnées phares, nommés le W, en rouge et le O, en orange, (un cookie si tu trouves pourquoi), une inscription anticipée de plusieurs mois dans les campings est nécessaire.
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Comme vous pouvez vous en douter, nous n'avions pas planifié notre voyage tant en amont. Genre on s'est bien organisés et tout, mais seulement quelques semaines à l'avance, normal, quoi.
Heureusement, il est également possible de découvrir le parc, au moins en partie, sur une seule journée, en bus ou en voiture. En tant que jeunes dynamiques et indépendants, la perspective d'être baladés de mirador en mirador avec une cinquantaine d'autres touristes ne nous enchantait guère, si bien que nous avons opté pour la voiture.
On est donc allés chez le concessionnaire en début d'après-midi. Heureuse surprise, la petite Kia que nous avions réservée s'était métamorphosée en une Jeepette rutilante, plus adaptée à la route de terre qui serpentait dans le parc. Le concessionnaire s'est adressé à moi directement, comme s'il était évident que ce serait le garçon du groupe qui conduirait. Naturellement, cela indigna les féministes que nous sommes, mais nous nous sommes tus, on avait pas le temps de débattre.
Aussi expérimenté en conduite qu'un étudiant sans voiture peut l'être, je serrais légèrement les fesses en donnant la caution et en effectuant la marche arrière pour sortir la Jeep du garage. Pour répondre à votre question silencieuse, non, je n'ai pas calé.
Après quelques demi-tours dans Puerto Natales et ses sens uniques pervers, nous arrivâmes à l'auberge San Augustin, pour notre première nuit en Patagonie.
Déterminés à profiter le plus possible de notre seule et unique journée dans le parc le plus célèbre du Chili, on avait mis nos réveils à 6h. Je vous avoue qu'après 2 mois de grasses matinées, mon corps n'a pas trop compris ce qu'il se passait. Café soluble infect avalé, on a rejoint la Jeepette. Mes compagnonnes ont eu la bonne grâce de ne pas finir leur nuit pendant l'heure et demie de route qui nous attendait. Nous avons donc bavardé en musique d'abord dans la nuit, puis dans l'aube naissante, qui colora les montagnes du parc juste au moment où nous les atteignîmes  (preuve photo à l'appui).
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Très tôt, la terre a remplacé le bitume, ce qui m'a obligé à la prudence. J'essayais tant bien que mal d'éviter les ornières, comme me l'avait recommandé le concessionnaire. Les conducteurs de bus, eux, ne prenaient pas cette peine. Ils nous dépassaient à toute vitesse dans des gerbes de graviers qui m'ont vraiment pas mis à l'aise pour la caution de notre bien aimée Jeepette.
Arrivé à l'entrée du parc, on a découvert que notre statut d'étudiants étrangers nous donnait droit à une copieuse réduction. Gonflé à bloc par ce début de journée prometteur, j'élançai la Jeepette sur la piste du Parc tandis que derrière nous, les touristes qui nous avaient dépassés formaient d'interminables files. Les bus touristiques, mauvais bail.
A peine deux kilomètres plus tard, premier arrêt. Un travailleur se tenait au milieu de la route, un flamboyant panneau PARE entre les mains. Ni une ni deux, j'arrête la voiture, parce que c'est ce que dis le panneau, quand même. Soucieux pour la planète autant que pour mon porte-monnaie, je coupe le moteur. Mais pas la radio.
Deux minutes après, et j'insiste, vraiment deux minutes, le bonhomme s'avance vers nous. J'enclenche le moteur, pensant que c'est le moment de repartir.
- Puff-puff... toussota Jeepette.
- Heu... plutôt « Vroum-vroum » nan ? Lui répondis-je en réenclanchant le contact.
Les aiguilles du tableau de bord s'agitent furieusement, mais Jeepette ne démarre pas.
- Que pasa, Mario ? Me demande ma copilote, la voix déjà angoissée.
- Heu... Batteria.
Entre temps, l'ouvrier avait atteint ma vitre, et m'annonce que notre stop va durer environ 15 minutes. Je lui réponds qu'il va sans doute durer plusieurs heures, vu notre situation. Mes amies ont ri jaune.
Un débat commence. Deux de mes compagnonnes pensent que la batterie n'a pas pu se vider après deux minutes de radio à l'arrêt, que c'est forcément autre chose, que ce macho de concessionnaire nous a filé une bagnole de crotte. Plus optimistes, l'ouvrier, ma dernière amie et moi, soutenons que c'est possible vu qu'il fait super froid et tout.
Derrière nous, une file formée par d'autres voiture et par nos amis les bus touristiques commence à s'étirer. Personne ne savait encore notre détresse, puisque de toute façon, on était censés attendre un quart d'heure.
L'ouvrier au panneau stop, ce héros, appelle ses collègues au talkie-walkie. Ils débarquent dans une camionnette d'un autre siècle, moitié amusés, moitié ennuyés pour nous, et nous disent qu'ils n'ont pas de pinces.
- Nous on en a !
Ces 4 mots, enfin 2 parce que c'était en espagnol, enfin bref, résonnent pour nous comme le glas du salut. Le chauffeur d'un mini-bus, juste derrière nous dans la file, exhibe le Graal. Les mains moites, je recherche dans les recoins inexplorés de Jeepette la manette qui ouvrira le capot.
Les ouvriers et le chauffeur du mini-bus, sans doute aidés par nos mines d'aventuriers-mais-pas-trop, décident de prendre la situation en main. Câble rouge sur point rouge, câble noir sur point noir, pif-paf-pouf, je met le moteur et...
- Puff-puff ?
J'appuie sur l'accélérateur, sur les conseils de nos sauveurs.
- Pufffff-VROOM VROOM !
Les ouvriers, le conducteur et les touristes curieux applaudissent tandis que mes amies me gratifient de forces embrassades. Malgré mon rôle plus que secondaire dans notre sauvetage, je n'ai pas le cœur de les leur refuser.
Nous repartons de plus belle, sans même avoir ralenti quiconque, puisque notre bénigne mésaventure n'avait pas duré 15 minutes. Je vous avoue qu'on était pas spécialement à l'aise lors des premiers arrêts, parce qu'une batterie qui lâche après deux minutes sans moteur, c'est pas normal, même à -1000°C. Mais heureusement, Jeepette tint bon durant toute la journée.
On s'arrêtait dès que l'envie nous en prenait, et au vu de la majesté du paysage, ce fut souvent. Entre cimes enneigées et bloc de glace si bleu qu'il paraissait de plastique, on est vraiment passé d'émerveillement en émerveillement.
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Une fois, un lièvre a déboulé juste devant nos pneus, et d'autres fois, plus nombreuses, on a pu observer les masses informes de ceux qui n'avaient pas traversé la route assez vite. Cette hécatombe lapinesque, fort triste, nous a permis d'observer de très près les rapaces du parc qui, pas fous, tournoyaient patiemment dans le ciel en attendant qu'un véhicule chasse pour eux.
Après un ultime arrêt dans la grotte du Milodon, paresseux préhistorique gros comme un ours, il est l'heure d'affronter de nouveau la piste de terre et ses ornières. Les paupières de mes compagnonnes tombent sur leur yeux plus vite que le soleil derrière les montagnes. L'une d'entres elles lutte néanmoins, pour ne pas me laisser seul face à l'intimidante immensité de la nature. Du coup, on improvise un cours de vocabulaire à mi-voix jusqu'à Puerto Natales, mais j'avoue que j'ai presque rien retenu, j'étais concentré sur la route, safety first, tu sais bien.
Notre première journée complète en Patagonie se termine autour d'un plat de pâtes au sel de qualité. On rend Jeepette le lendemain, non sans dire au concessionnaire que sa batterie était un peu limite-limite. De mauvaise grâce, il nous fait un geste commercial fort plaisant pour nos porte-monnaie.
Sans plus attendre, on saute dans le bus, direction el Calafate, en Argentine. De là, on ira a el Chaltén, capitale nationale du trekking, le lendemain. On ne le savait pas encore, mais avec Puerto Natales s'en allait la partie la plus calme de notre voyage (et une de mes chaussettes).
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marienmike-blog · 6 years
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PATAGONYA : Prologue
J'aurais pu dire que c'est comme ça qu'on l'écrit en Kawesqar, langue indigène de la région. Mais non, j'ai mis un Y à Patagonya parce que je trouvais ça cool.
« A-t-il arrêté son blog ? Est-il trop occupé ? Ne se passe-t-il donc plus rien dans sa vie ? »
Telles étaient les questions que se posait ma maman, et je l'espère, quelques-uns d'entre vous. Merci à tous ceux qui m'ont réclamé un nouvel article, ça m'a donné l'impression qu'il était autant attendu que la saison 2 de Westworld.
Plutôt que de vous raconter ma routine à Valparaíso, qui, bien que plaisante, ne vous aurait guère intéressés, j'ai décidé d'attendre de rentrer de Patagonie, premier véritable voyage dans mon voyage, pour revenir dans le blogging-game.
Je suis donc parti 9 jours, du 12 au 21 Avril, accompagné non pas de deux, mais bien de 3 amies. Le lecteur attentif aura sans doute ricané au vu du genre du dernier mot de cette phrase. Eh oui, j'étais bel et bien le seul garçon de cette aventure, ce qui, vous vous en doutez, a amené son lot de situations cocasses que je retranscrirai fidèlement ici. C'est donc uniquement pour toi, Ô lecteur adoré, que j'ai accepté de découvrir la terre sauvage patagonienne accompagné de trois charmantes demoiselles. De rien.
J'ai bien des choses à vous raconter, aussi j'étendrai ma narration sur plusieurs articles afin que votre intérêt demeure bien affûté.
Commençons par le commencement, la Patagonie, c'est la zone rouge grosso-modo (Valparaiso, c'est à dire la maiz', c'est le point bleu) :
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Ton œil acéré aura sans doute remarqué que la Patagonie c'est :
plutôt grand
à la fois au Chili et en Argentine
littéralement au bout du Nouveau Monde
Dix jours pour explorer une telle étendue, ça fait court, alors il a fallu faire des choix, sélectionner quelles merveilles nous allions découvrir, et celles que nous ne verrions sans doute jamais. Nous avons donc arpenté la zone en bleu, ci-dessus.
Comme toute épopée qui se respecte, Patagonya dispose d'une carte précise à laquelle chacun est libre de se référer quand il se sent paumé. Une couleur équivaut à un article, sauf le rouge, parce que c'est du bus,et le bus, on s'en fiche.
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Contrairement à d'habitude, j'ai pris pas mal de photos, j'en mettrai quelques-unes ici, mais les plus belles seront réservées à mon Instagram (« marienmike », je pose ça la).
Bon, je pense qu'on est prêts. Le premier article arrive dès demain (ou après-demain, enfin très bientôt quoi) !
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marienmike-blog · 7 years
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Glaciales Découvertes
Bonsouère tout le monde ! Aujourd'hui, comme teasé dans l'article précédent, je vais écrire sur mon week-end à Pichilemu, 4 heures au Sud de Valparaíso. Mais avant de commencer à vous raconter tous ces forts bons moments, je voulais partager avec vous l'expérience extrêmement désagréable, voire traumatisante, qu'une dizaine de mes camarades ont vécu pendant la nuit de samedi à dimanche.
Alors voilà. Nous étions 75 étrangers pendant ce week-end, et comme vous pouvez vous en douter, nous avons fait la fête. Le lieu des festivités se situait à 5 minutes à pied de notre hôtel. A une heure avancée de la nuit, 2 de mes amis ont décidé donc de rentrer. Malheureusement, ils se sont fait suivre par un groupe de jeunes, visiblement ivres ou drogués, ou les deux. Comme vous pouvez l'imaginer, mes amis se sont fait voler. Les voleurs ont ensuite attendu à quelques mètres de notre résidence d'autres petits groupe pour les dérober, les uns après les autres.
La mésaventure, déjà extrêmement pénible, est devenue terrifiante, puisque les voleurs étaient armés d'un pistolet. C'est avec un canon sur la tempe que mes amis ont donné leur portefeuille et leur téléphone.
Jusqu'à ce week-end, tous les avertissements que j'avais entendu sur les dangers de sortir le soir n'avaient été pour moi que fiction. Je les écoutais distraitement sans vraiment y croire, puisqu'il ne m'était jamais rien arrivé. Mais samedi dernier, une demi-heure plus tôt, ç'aurait été moi, qui ai été assez stupide pour rentrer seul, d'ailleurs.
Je termine cette sombre parenthèse en insistant sur le fait que Pichilemu n'est pas une ville réputée pour sa dangerosité ou sa délinquance. Ça signifie que ou que l'on soit, Valparaíso, Bordeaux, Lyon, Tours, ou Boston, il faut faire attention à soi. Et rentrer en groupe de soirée.
Mais le principal, c'est que tout le monde va bien, et qu'on a tous passé un excellent week-end, au moins jusqu'à dimanche matin !  On peut reprendre le ton léger qui m'est cher !
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Pichilemu donc ! Mon bus est parti de Valparaíso le Vendredi 17 en début de soirée, avec à son bord 15 de mes colocs et une trentaine d'autres étudiants d'échanges, majoritairement des européens. Un deuxième bus de contenance semblable prenait au même moment son départ de Santiago. Après un trajet aussi joyeux que polyglotte, nous arrivons à notre résidence : une immense auberge de jeunesse dont les salons ont été aménagés en dortoir pour l'occasion. A l'extérieur, une jungle de hamac attendent patiemment nos corps las. Hélas pour votre allergique auteur, dans cette dernière vit une armée de démons aux yeux vicieux et aux canines acérées, également appelés « chats ». Heureusement, mes, je le reconnais, doux et soyeux ennemis de toujours ne sont pas admis à l'intérieur de la maison, sans quoi je n'aurais pas manqué de ponctuer la nuit des habitants du dortoir d'éternuements, de reniflements, et autres bruits irritants en -ments.
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                          La luxuriante mais dangereuse jungle de hamac.
Samedi matin, réveil difficile après une nuit courte et agitée. Pas le temps de niaiser, les 50 habitants de l’hôtel doivent tous déjeuner et aller au cours de Yoga, dans un centre culturel voisin, manger, et aller Surfer (j'ai un respect craintif pour ces deux activités, alors je mets des majuscules).
Lorsque je passe la tête dehors, stupeur. Pour la première fois depuis mon arrivée au Chili, IL PLEUT. Le seul jour où je suis obligé de tremper mon corps maigre dans la flotte froide du Pacifique, il pleut.
Le cours de Yoga, initialement prévu sur la plage, a lieu en intérieur. C'est pas instaworthy, mais au moins on est au sec. Durant une heure, nous enchaînons des exercices d'assouplissement et de respiration de difficulté croissante. A ceux qui se réjouissaient de me voir dans une étrange position, le visage rougeaud, désolé, mais je n'ai pas de photos. Comme vous pouvez le voir, le Dhanurasana requiert ses deux mains, pas de place pour l'appareil.
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Légèrement cassé en deux par tant d'action, la perspective de m'allonger sur une planche, mer en dessous, pluie au dessus, ne m'attire plus tout. Je ressens une tentation coupable de m'éclipser dans le dortoir afin de sécher à la fois mes vêtements mal adaptés et le cours de Surf.
L'ai-je fait ? Ai-je été assez feignant et stupide pour laisser passer l'occasion de Surfer à Pichilemu, capitale nationale de la discipline ? Rassurez-vous, non. Le coup de pied au derrière dont j'ai étrangement eu besoin m'est venu à simple pensée de vous écrire la phrase suivante :
« Ouais bah en fait je suis allé à un week-end Surf – Yoga mais en fait j'ai pas surfé, j'ai eu la flemme, allez à plus pour un nouvel article. »
J'y suis donc allé. Première excellente surprise : il fait plus chaud dans la combi moulante (là non plus pas de photos) que dans mes vêtements mouillés. On descend sur la plage, accompagné par une demi-douzaine de moniteurs. J'ai un peu de mal à tenir ma planche sous épaule, non pas à cause de son poids, mais parce que mon bras est à peine plus long que la largeur de la planche. J'entends d'ici les ricanements de certains, et sachez que je me vengerai.
Après un court échauffement,  les moniteurs nous expliquent comment nous lever : position pompes, on pousse sur les bras, petit saut de cabri d'un quart de tour, atterrissage jambes fléchies. Quand la planche est sur le sable, c'est facile, même si après les 10 répétitions imposées par les moniteurs, j'avais déjà un peu mal à mes bras, pourtant fort musclés, comme vous le savez.
On se dirige enfin dans l'eau, et je sers les dents en imaginant son contact glacé sur mes pieds, mon visage et mes mains, seules parties de mon corps laissée à découvert par ma combinaison, bénie soit-elle. Et puis en fait, ça va, c'est un peu froid mais au bout de 5 minutes, je n'y pense plus et je me concentre sur les vagues (de taille extrêmement modeste) qui m'arrivent dans la tronche. J'admets que le titre de l'article est plus aguicheur que la réalité, mais « Découvertes un peu froides mais ça va », ça sonnait moins bien.
Pendant ¾ d'heure, c'est un véritable régal. Les moniteurs nous poussent juste quand il faut, on a même pas besoin de ramer. On se concentre juste sur l'équilibre, sur le moment propice pour se redresser. Après moult gamelles, c'est la consécration. Je suis debout sur ma planche, poussé par une vague(lette) toute mignonne, et je me sens comme Kelly Slater 5 secondes durant.
Enorgueilli par un succès si franc, je refuse dorénavant la poussée des moniteurs parce « Puedo hacerlo solo ». Hélas, il m'apparaît vite que savoir prendre de la vitesse au bon moment, juste avant que la vague n'éclate, est au moins aussi difficile que tenir en équilibre. A ma plus grande déception, et je suis convaincu que vous la partagez avec moi, je ne réussis pas à réitérer mon exploit seul avant la fin de la leçon. Mais je ne renonce pas, il y a un spot réputé (pour les débutants mdr) à une heure de Valparaíso, et j'y retourne demain.
Donc, comme vous l'aurez compris, j'ai adoré Surfé malgré la météo plutôt pourrie. Et mon enthousiasme pour ce sport n'a fait que se renforcer le dimanche matin, quand nous sommes allés observer des vrais surfeurs qui prenaient des vraies vagues de 4-5 mètres de haut avec une facilité écœurante. Je peux te dire que eux maîtrisaient parfaitement le petit saut de cabri.
Voilà, voilà, l'article était un peu long, j'espère que ça vous a pas trop fait mal aux yeux ! Merci d'avoir tout lu, ou lu la moitié, ou juste regardé les images. Je vous embrasse bien fort !
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marienmike-blog · 7 years
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La cité aux 42 collines.
Cela fait un mois moins deux jours que j'ai emménagé à Valparaíso, les amis. Je pense avoir assez écouté, observé, demandé, en somme, vécu, pour vous concocter un petit article.
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A l'origine, Valpo ne devait être que le port de Santiago, capitale du Chili située à une heure à l'Est, droit vers les Andes. Les collines, ou cerros, (à l’arrière plan de la photo ci-dessus) qui longent la côte Pacifique n'ont pas facilité la tâche des chiliens, qui ont du créer une plaine totalement artificielle, appelé el plano, à droite sur la photo ci-dessus, pour y installer leurs chantiers navals (et non pas navaux). S'en est suivi un phénomène démographique classique : l'activité du lieu a développé le commerce, parce qu'il faut bien que les travailleurs mangent, boivent et se logent. Peu à peu, le plano s'est peuplé, ainsi que les cerros environnants. Aujourd'hui, ce sont ces collines, au nombre de 42, qui délimitent naturellement les différents quartiers de Valparaíso. Par exemple, celle où se trouve la Casa Del Puerto, ma maison, se situe dans le Cerro Alegre, comme quoi il y a pas de hasard.
Au Chili, Valparaíso est réputé pour ses nombreuses universités (et les fiestas qui en découlent), ses murs recouverts de graffitis colorés et... ses incendies. Bien des maisons sont faites en bois, et les normes de sécurité ici feraient bleuir un pompier. Pour l'anecdote je suis allé en boîte (un dimanche, thug) qui a cramé pas plus tard que le lendemain. Heureusement, pas de victime, et la bière y était chère.
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La ville se départage de Santiago de par sa taille (300 mille vs 4 millions, c'est pas le même game), ainsi que par son climat, bien plus doux que celui de l'étouffante capitale. Je le sais parce que je suis allé à Santiago ce week-end, mais on en parlera plus tard !
Je sens une question fleurir sur tes lèvres, cher lecteur. 
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Eh bien, à Valparaíso proprement dit, il n'y en a pas. Cependant, sa voisine très proche, la très branchée et européenne Viña Del Mar est la station balnéaire de la région centrale du Chili. Et puisqu'il me coûterait de voir s'éteindre dans vos yeux toute lueur de jalousie, je précise qu'en 15 minutes, j'ai les pieds dans le sable ♥
Mais bon, comme dit Papa, « c'est pas les vacances, hein ! » Eh non, j'ai bel et bien commencé l'école. J'ai fait ma rentrée à la Pontificia Universidad Catolica de Valparaíso. Le campus est éclaté sur l'avenue côtière de Valparaíso, l'Avenida Brazil, à 15 minutes à pied de chez moi et les bâtiments sont modernes, du coup je suis pas trop dépaysé. Il y a même une messe quotidienne dans la chapelle de l'Université tenue à l'heure stratégique de 6h45 du matin.
Pour info, mon cher et tendre département Télécommunications de l'INSA m'a imposé 3 cours aux intitulés que vous épargnerai, ainsi qu'un projet de recherche qui requerra (mdr j'avais écrit « requérira ») moult travail personnel. Ici, on a que des amphis d'environ 40 mecs, pardon, personnes, à raison de 1h30 à 3h par cours. Pour ceux qui s'offusqueraient de mon volume horaire pour le moins scandaleux, sachez que les TD sont à faire en autonomie à la maison, donc voilà, je travaille hein...
Petite update sur la population internationale de la Casa del Puerto, qui est à présent pleine, archi-pleine.
Grande maison :
5 Français
2 Mexicains
1 Espagnol
3 Catalans (par les temps qui courent vaux mieux séparer, je veux pas de problèmes)
4 Italiens
Petite maison :
1 Norvégienne
2 Allemandes
2 Catalanes
1 moi.
Et oui, oui, oui, j'habite avec 5 filles, je peux vous dire que je me tiens à carreau. Allez, je m'arrête là pour aujourd'hui. Ce week-end, je vais en week-end Surf (jamais fait) & Yoga (jamais fait non plus) à Pichilemu. Ça s'annonce glorieux. La bise, et une fois encore, merci de prendre le temps de lire et de réclamer toujours plus d'articles.
P.S : hésitez pas à me dire vous en avez marre que je vous nargue, j'agirai en conséquence.
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