Tumgik
matthewfrf · 2 years
Text
Genre et transidenté expliqués à ceux qui ne comprennent pas
Je voudrais présenter ici l'état des connaissances scientifiques et une perspective concrète sur le sujet de la transidentité et des personnes transgenre.  
En effet, il est compliqué de comprendre ces phénomènes quand on n'est pas concerné. Il s'agit du vécu complexe et singulier de personnes humaines, que la science ne permet de comprendre que depuis peu de temps — mais dont les implications nous concernent tous et toutes.  
Je souhaite vous emmener dans cette compréhension, avec un point de vue scientifique et humain avant d'en étudier les implications politiques.   
Epistémologie : qu’est-ce que la notion de “genre” et quelle différence avec le “sexe” : 50 ans de recherches sur les inégalités et leurs conséquences.  
Quand Simone de Beauvoir dit : "on ne naît pas femme, on le devient", cela signifie que ce qui fait l'expérience de vie d'une femme est beaucoup moins lié à son sexe (anatomie) qu'à son expérience sociale — le rôle que les autres lui attribuent dans les interactions humaines.   
C'est sur cette idée que se sont fondées les "études de genre", constituées de démarches scientifiques — sociologiques, psychologiques, ethnologiques, linguistiques, etc. C'est une discipline créée par des scientifiques féministes, chercheuses dans des domaines de sciences humaines depuis 1972 (Ann Oakley, Judith Butler, ou en France, Nacira Guénif-Souilamas...)  
Ces travaux consistent à étudier les effets sociétaux liées au "rôle genré" (sexué) des individus.  
Les recherches ont révélé que les traits de caractère, les comportements sociaux; et tous les rapports entre femmes et hommes (avec ou sans dynamique d'oppression), dépendent de ce phénomène social qu’est "le genre", ou "rôle genré". Le "genre" est un ensemble de croyances et de présupposés, plaqué sur une personne, et qui définit   
ce que l'on attend de lui ou elle,   
les comportements que l'on s'autorise vis-à vis de lui ou elle,   
un ensemble de suppositions sur ses émotions, ses intentions,   
la façon dont on interagit avec lui ou elle  (et réciproquement, sa façon d’interagir et de ressentir ces interactions) 
et donc, ses expériences futures et sa propre perception de sa place dans le monde.   
Le "genre" constitue un apprentissage du rôle et de la place qu'une personne aura dans la société (“devenir femme”).  
Ce construct social, le "genre", est initialement principalement déterminé par le "sexe" (anatomie génitale et apparence physique), mais il n’est ni égal, ni consubstantiel à celui-ci. Ce qui fait le "genre femme" n’est PAS le fait d’avoir des ovaires, mais le fait d’avoir des réflexes psychologiques, sociaux, culturels, associés au fait d’être pertçue comme "femme" dans la société, et le fait de vivre certaines expériences dans la sphère sociale.   
Le "genre" est une culture, une expérience sociale (au même titre que la nationalité, par exemple, ou la culture de classe) 
Il n'est donc pas impossible qu'une personne ait un vécu exceptionnel au sens statistique : son vécu de genre est différent de celui attendu par son sexe de naissance. Ses traits de caractère sont semblables à ceux que l'on associe à “l'autre sexe", son expérience sociale est plus semblable à celle des personnes de "l'autre sexe". Donc, il peut exister par exemple un "garçon" qui a des traits émotionnels et psychologiques considérés comme "féminins", des expériences de socialisation qui lui donnent le sentiment d'être femme (ou réciproquement une fille se sentant garçon).  
Par analogie, vous pouvez penser à Johnny Clegg, né blanc mais assimilé par choix à la culture Zoulou, et militant pour les droits des Noirs en Afrique du Sud. La société devrait-elle le traiter comme un Boer ou un Zoulou ?  
Les études scientifiques ont montré que le genre (caractéristiques psychologiques et expériences sociales) a beaucoup plus d’impact sur la vie d'une personne, en particulier sa vie sociale, que le sexe biologique.  
Si on considère que l'ensemble des traits de comportements, exprimés par la personne envers ses pairs, et reçus par la personne de la part des autres, est un facteur important de l'identité, alors il est inévitablement possible qu'il existe des personnes transgenre.   
C'est une minorité infime : la majorité des personnes nées "filles" ne se posent pas la question de savoir si elles sont "femmes" (elles peuvent s'interroger momentanément si elles sont "assez féminines"). Mais ces cas existent, et ont existé historiquement, l'ethnologie le confirme. On estime qu'un peu moins de 1% des jeunes adultes se sentent "transgenre", les 99% autres étant "cisgenre".  
De plus, les "genres" sont des ensembles complexes, et il s'agit moins d'une simple dichotomie, que d'une variation au sein d'un spectre. Si une personne a beaucoup d'expériences et de traits "féminins", et aussi beaucoup de "masculins", alors, elle n'est ni un homme, ni une femme — au sens psychologique, social, ethnologique. On la qualifie alors de "non binaire" (ou “queer”).  
La communauté scientifique affirme que le "genre" a plus d'effet sur l'ensemble des expériences vécues par une personne, que son "sexe". Ainsi, des personnes nées avec pénis mais qui sont identifiées comme femmes ont une vie plus semblable à celle de femmes cisgenre qu'à celle d'un homme. Cela ne veut pas dire égale ! Mais, beaucoup plus proche.  
Cela implique un glissement sémantique : le mot "femme" jusqu'à présent, désignait à la fois les personnes ayant certains traits anatomiques, ET les personnes dont l'expérience sociale est "femme" (au sens de Beauvoir). Ces deux notions étaient confondues dans nos sociétés. La science nous indique maintenant qu'il serait plus juste d'avoir des mots différents pour désigner ces deux réalités. Les scientifiques estiment que, du fait que l'aspect social a plus d'impact (est plus différenciant) que l'aspect anatomique, les mots "homme" et "femme" ne doivent plus être employés pour désigner les attributs anatomiques d’une personne, mais son identité au sein de la société. On précisera "cisgenre" ou "transgenre" pour designer leur biologie.  
C'est une contrainte de langage, certes. Mais il est tout à fait possible (et même, recommandé), de l'ignorer complètement tant que l'on n'est pas en présence de personnes trans.   
Mais c'est, surtout, une précision utile et un pas vers une évolution mentale — et une révolution féministe et humaniste : identifier, par le langage, que si une personne se comporte de telle ou telle façon, ce n'est pas parce que son anatomie ("la nature") l'y pousse mais parce que son éducation, son identité sociale (et celle de son interlocuteur), la conduit à estimer que ce comportement est approprié.   
Les études de genre ont un impact considérable sur les évolutions sociétales vers plus d'égalité entre femmes et hommes — et plus de compréhension du psychisme humain.   
Leur premier effet est de sortir les rôles genrés de la posture "naturaliste" et donc de la fatalité : une attitude dominatrice et violente n'est pas provoquée par l'existence du pénis, mais par l'éducation et la structure de la société. La capacité à faire la vaisselle ou à s'intéresser aux vêtements ne vient pas de la structure du cerveau féminin, mais de l'éducation. Les humains peuvent évoluer! 
Les études de genre, par la remise en cause de la croyance en l'essence féminine et masculine, permettent de ne pas percevoir comme inéluctables les rapports de pouvoirs et les répartitions des rôles entre les femmes et les hommes. Cela contribue à déconstruire le patriarcat, cette organisation sociétale où les rôles rigides contribuent à conditionner les hommes à des attitudes oppressives et violentes, les femmes à des rôles soumis et subalternes.   
Les personnes "non-binaires" sont une incarnation de ces évolutions. Même si certaines personnes se déclarent "non binaires" pour des raisons plus politiques que d’identité personnelle, c’est plutôt le signe d'un progrès vers l'égalité.  
Dans une étude publiée en 2018 ("Why does patriarchy persist?"), Carol Gilligan, chercheuse en psychologie, avec sa compagne de recherche Naomi Scinder, expose ses découvertes. Initialement, elle voulait étudier les maladies psychiques chez les enfants. Or, elle a découvert que, statistiquement, il y a un fort taux de dépression chez les petits garçons entre les âges de 4 et 7 ans (absent chez les filles). 
Elle a d'abord étudié les statistiques, puis elle a étudié et interviewé les enfants des deux genres, aux âges où on constate (statistiquement) des pics de dépression, pour voir les facteurs sociologiques. Elle a donc interviewé des centaines de petits garçons de 4-7 ans.  
Elle a découvert que c'est à un moment entre ces deux âges (selon l'intensité de leur socialisation, cela prend entre 6 mois et 1 an), que les petits garçons apprennent qu'ils doivent devenir des "garçons". Définition d'un "garçon" selon ces bouts de chou : "un garçon, c'est qqn qui embête les autres", "un garçon c'est qqn qui se moque des émotions des autres".  
Dans le monde "normal", un "garçon" qui "aime" une petite fille, l'embête, au lieu d'être gentil. Ce cliché... est vrai, mais n'est pas naturel : il est culturel, c'est une norme de genre. Les petits enfants de 4 ans ont beaucoup d'empathie, quel que soit leur sexe. Les petits garçons doivent y renoncer pour se conformer aux standards de genre. A 4 ans, ils sont semblables aux filles, à 7 ans, ils sont devenus des "garçons".  
C'est toute une rééducation, contre nature, que subissent les petits garçons. Et ils sont plus ou moins obligés, car leur socialisation en dépend. Un garçon qui n'est pas un "garçon" sera rejeté, sans amis, potentiellement harcelé par les "garçons"... et mal compris par les filles! 
Et c'est une grande souffrance pour ces tout petits de devoir renoncer à l'empathie, au partage, à la bienveillance. D'où le taux de dépression parmi eux. (Et ils doivent les réapprendre, ensuite, à l'âge adulte, si ils veulent avoir une vie amicale et amoureuse positive... quel gâchis!) 
Cette oppression ne vient PAS des parents, ou des instituteurs, c'est toute la société qui baigne dans cette culture du genre! Et elle est mise en œuvre principalement par les autres enfants. 
Cela étant, cette étude démontre s’il en était besoin qu’un enfant, né avec un appareil génital masculin, et qui lors de cette période charnière n’est pas socialisé avec les “garçons”, aura des réflexes psycho-émotionnels “non conformes”, et ne pourra qu’avec le plus grand mal s’identifier aux “hommes” de sa société.  
La posture qu’on appelle "gender critical" ou "TERF" (Trans Exclusionary Radical Feminist), consiste à affirmer que le "genre" ne peut pas être dissocié de l'anatomie sexuelle — contrairement aux hypothèses et conclusions des études de genre. Selon les "TERF", seules les femmes nées avec un appareil génital féminin sont des "vraies femmes", et les "femmes trans" sont "des hommes" qui “prétendent”.   
D'un point de vue épistémologique, cette croyance se rapproche du postulat "naturaliste" (le sexe biologique est le principal facteur déterministe du comportement, et c'est dans la nature de "l'homme" d'être... une personne aux comportements masculins).   
Bien que cette posture ne soit pas intrinsèquement incompatible avec le féminisme, elle est de plus en plus minoritaire au sein des mouvements pour l'égalité. D’une part à cause de son manque de fondement scientifique; mais aussi, parce que sa rhétorique se rapproche de ceux des conservateurs anti-féministes.   
La revendication de "la division sexuelle selon l'anatomie” est en effet l’un des arguments de choix des conservateurs et des "masculinistes" défenseurs de la misogynie (par exemple, Ben Shapiro, intellectuel ultraconservateur, transphobe, anti-IVG, idole de l'aile droite républicaine aux USA...). Car l’hypothèse “naturaliste” postule qu’il est dans la nature des hommes d’être des prédateurs, et dans celles des femmes d’être soumises, ce qui permet de maintenir les rôles sociaux traditionnels et la héracrhie.     
2. Concrètement, pourquoi une personne est-elle trans ? Comment cela se manifeste-t-il ? La dysphorie de genre expliquée aux personnes cisgenre ("normales")  
Par définition, les personnes trans sont des personnes qui souffrent d'être assignées, dans la société, à un genre (un ensemble de rôles sociaux) qui ne leur correspond pas. On parle de "dysphorie de genre" — le mot "dysphorie" est le contraire de "euphorie".   
Le discours le plus répandu pour désigner la transidentité est l’expression "esprit d'homme piégé dans un corps de femme" (ou réciproquement). Cette formule a le mérite d'être un résumé, pas trop difficile à concevoir. Si cela vous convient et vous semble compréhensible, c'est un assez bon résumé du ressenti des personnes trans.  
Mais il est difficile de comprendre une souffrance que l'on n'a jamais ressentie soi-même.  
Si cette formule vous semble, comme à moi, insuffisante, incomplète, ou difficile à admettre sans questions; ou si vous souhaitez une vision plus détaillée, je vais essayer ici de vous décrire un exemple de "dysphorie de genre", et en particulier :   
Comment cela se manifeste-t-il pour la personne et son entourage?   
Pourquoi nécessite-t-elle une intervention médicale et administrative?  
Quelles conséquences et solutions pour la personne et ses proches?  
En effet le réflexe naturel est d'essayer de s'imaginer le vécu et les motivations d'autrui à partir des siennes propres, or, dans le cas présent, cette intuition est impuissante et même trompeuse, et manque cruellement de points de comparaison.  Aussi, sans prétendre être exhaustif dans la liste des symptômes ou des situations individuelles, voici ma proposition pour se représenter la nature de ce phénomène quand on y est étranger.  
Les psychologues et médecins qui traitent des personnes transgenre estiment que la réponse à leur souffrance est d'être tranformées pour apparaître dans la société sous l'identité de genre qui correspond à leur vécu intime. La démarche de "transition" est un ensemble d'actes médicaux et administratifs ayant pour but d'être perçu.e et traité.e par les autres humains comme un membre du genre que l'on ressent - en jouant en particulier sur l'apparence physique, l'équilibre hormonal, et l'identité administrative. C'est une démarche longue et difficile, jalonnée d'actes souvent douloureux, parsemée de souffrances, d'incompréhensions, et souvent de discriminations et de rejet (voir ci-après).   
Dès lors, pourquoi ces personnes choisissent-elles de s'engager sur cette voie ? Pourquoi renoncer à une vie normale ? Pourquoi risquer de se heurter à l'incompréhension, et à différentes formes de rejet ? Pourquoi ne pas simplement accepter d'être "juste un garçon efféminé", ou "une fille un peu masculine", ou "un individu un peu différent des normes, mais somme toute, on est tous uniques" ?  
Si ils et elles le pouvaient, si c'était un choix ressenti comme possible, ils et elles le feraient !   
Il faut une grande motivation pour braver tous les obstacles et souffrances sur ce chemin — et la motivation, c'est cette "dysphorie de genre", ce BESOIN vital d'être considéré.e par les autres comme appartenant à l'autre genre.   
Ce n'est en général pas un problème sexuel (au sens génital), contrairement à ce que l'on pourrait croire intuitivement. C'est un problème d'identité, d'insertion dans la société, de façon d'interagir et d'être considéré et traité par les autres êtres humains.   
Pourquoi la dysphorie de genre est un problème (bien différent de celui d'une orientation sexuelle)? Parce que toute notre vie sociale est faite de codes, d'interprétations et de suppositions. Et, les études de genre le montrent, le "genre" est la source d'un nombre considérable de ces codes.  
Si on vous considère comme une femme (ou, réciproquement, un homme), vous allez être traitée comme telle, et tout le monde va supposer que vos comportements sont motivés par les traits de caractère “féminins”. On va s'attendre à ce que vous vous comportiez comme une personne "venue de Vénus", on va s'attendre à ce que vous aimiez telle ou telle chose (les fleurs, les vêtements, les discussions sur les relations, les bijoux, les comédies romantiques...), et s'attendre à ce que vos intentions et émotions soient celles d'une femme... et on va être surpris, voire déçu ou désapprobateur, quand vous allez différer de ces attentes. Jusqu’à l’incrédulité, et des accusations de non-sincérité. 
Et surtout, tous vos gestes seront interprétés sous ce prisme. Le même geste, venant d'un homme ou d'une femme, a des significations différentes : des choses aussi simples que le langage corporel, sourire, baisser le regard, s'habiller de façon négligée, poser la main sur la jambe de son interlocuteur, se regarder dans un miroir, passer du temps dans la salle de bains, parler fort, se mettre en colère, s'intéresser aux enfants des autres, pleurer, s'intéresser à tel ou tel sujet, choisir un métier, exprimer une douleur physique, affirmer une opinion politique, critiquer une relation commune, remarquer un détail chez l'autre, exprimer une peur, considérer sa carrière comme une priorité, faire du sport, confier un secret à un.e amie... TOUS nos actes sont pré-interprétés par le filtre du "genre"!  
Or, quand vous êtes transgenre, votre ressenti est différent de ceux que l'on suppose en fonction de votre "genre". Votre caractère vous pousse spontanément à des comportements et réactions qui sont habituellement ceux de l'autre genre que celui que vos interlocuteurs supposent. De fait, toutes vos interactions seront teintées d'interprétations différentes de celles qui vous sont naturelles. Vous allez accumuler des malentendus avec toutes les personnes que vous rencontrerez, et votre vie sociale, amicale et intime, sera terriblement malheureuse !   
Pour éviter les malentendus, il faudrait que vous agissiez selon des codes de comportements contraires à votre intuition, à votre ressenti... à chaque minute de votre vie ! C'est impossible.  
En conséquence, toute votre vie sociale, amicale, familiale, amoureuse, est parsemée d'incompréhensions, de malentendus, d'interprétations fausses, de suppositions qui ne sont pas conformes à votre réalité, et donc, vous passez votre temps à décevoir les autres, à être déçu.e, à être incompris.e, à avoir des conflits inutiles, et tout devient... très très compliqué. Il en résulte beaucoup de solitude, de dépressions, de sentiments d'être inadapté, de souffrances sociales, morales et psychologiques.   
C'est cela, la dysphorie de genre. C'est la souffrance résultant d'une vie relationnelle quasiment impossible, d'une solitude profonde, du sentiment de ne pas être adéquat.e, de n’être jamais compris.e.  
Le fait de pouvoir être identifié par les autres comme étant du genre que l'on ressent, permet de diminuer considérablement ces mauvaises interprétations, ces malentendus, cette souffrance sociale.   
A cela, peuvent s'ajouter des effets plus intimes, d'image de soi, et en particulier liés à l'importance du regard d'autrui dans la formation de son propre ressenti, de son identité, de son image de soi.   
A noter que les personnes "non binaires", qui ne se sentent ni homme, ni femme, sont elles aussi affectées par une dysphorie de genre — un écart entre les présupposés de genre et leur ressenti — à des degrés divers selon leur différence d’avec leur genre d’origine. Souvent, c'est une transidentité plus légère (une “femme” ayant beaucoup de traits masculins, mais pas autant qu'un homme trans) parsemée d'incompréhensions, mais pas au point que l’identité inverse serait meilleure. Parfois, il y a autant d'incompréhension que pour une personne transgenre "binaire", mais les spécificités ne sont pas non plus conformes à "l'autre genre", sont d'une nature encore différente. 
Les personnes trans font souvent de gros efforts pour diffuser un maximum de signaux sociaux (vêtements, maquillage, gestuelle, communication...) visant à signifier leur genre, pour s'assurer d'être perçues comme une personne du "genre" correspondant à leur ressenti - et donc à minimiser ces incompréhensions. Selon leur anatomie de départ, selon les moyens qu'elles ont pour leur transition, et selon l'étape où elles en sont, cela peut donner des résultats plus ou moins "crédibles". La recherche de cette "crédibilité", de cette apparence adéquate, est la partie la plus visible de la transidentité. Mais ces questions d'apparence ne sont que la conséquence, le "moyen", non le but.  
Le but est d'avoir une apparence qui fasse en sorte que la vie sociale soit possible : que l'on traite la personne comme on traite "n'importe qui", sans (trop) la regarder comme une "bête de foire", et surtout sans lui attribuer trop de suppositions fausses.  
En effet, quand une femme trans est appelée "monsieur", ou un homme trans "madame", cela lui rappelle, en un seul mot, toutes ces souffrances, toute cette solitude, toutes ces incompréhensions, liées à son incongruité de genre. Cela ramène à sa conscience l'expérience du sentiment de ne pas être à sa place, de ne pas être compris.e, de ne pas être adapté.e — si elle/il n'est pas perçu.e comme "un.e vrai.e (femme/homme)", c'est comme si elle/il n'était pas perçu.e comme un véritable être humain. On appelle cela "mégenrer" quelqu’un. Quand une personne trans est "mégenrée", cela est ressenti comme du sel sur ses plaies.  
Si nous souhaitons épargner cela aux personnes que nous rencontrons, cela nécessite d'aller à l'encontre de nos réflexes culturels.   Ce n'est pas facile, car il s'agit d'habitudes solidement ancrées. Mais je crois que cela en vaut la peine.  
Au demeurant... la question que nous sommes habitués à nous poser, de savoir si une personne est "une vraie femme" ou "un vrai homme" — au sens de l'anatomie génitale — est en réalité... extrêmement intime, voire indiscrète ! A combien de personnes montrons-nous nos organes génitaux ? Pourquoi le monde entier serait-il fondé à demander ce renseignement ?   
Cette question, posée par un enfant transgenre m'a frappé par son... bon sens !  
3. Sociologie et privilèges : petit aperçu du vécu d’une personne transgenre.  
Mais, diront certaines personnes (et c'est l'un des arguments majeurs du féminisme "TERF"), une personne née en tant que garçon a été socialisée toute son enfance en tant que tel, et n'a aucune idée de ce que peut avoir ressenti une fille. En effet, la structure psychique se forme en grande partie durant l'enfance, et les personnes nées garçon ont l'expérience du privilège masculin !  
Si l'on ne connaît pas personnellement une personne trans, cela semble logique voire inévitable. Mais en réalité, les personnes trans le sont justement parce que leur expérience de socialisation n'est pas conforme à celle du genre auquel elles étaient destinées.  
Le plus souvent, dans le cas des personnes trans, on observe des signes de non-conformité de genre très tôt, en grande partie dès l'enfance, et la dysphorie de genre se manifeste souvent de façon aiguë dès l'adolescence. Cela fait que l'enfance d'une femme trans, si elle n'est évidemment pas totalement identique à celle d'une petite fille cisgenre ("assignée fille à la naissance"), n'est pas non plus semblable à celle d'un garçon.  
Cela peut sembler théorique, voici donc un exposé plus concret, dans le cas d'une femme trans, (donc un "homme" se ressentant "femme").   
Le plus souvent, dès l'enfance, une "future femme trans" présente des traits de caractère, de comportements, qui sont considérés comme féminins. Il s'agit d'un "petit garçon efféminé", qui a des goûts, des traits de caractère, des comportements, qui ne sont pas "normaux" ("une fille manquée").   
Par ce fait, ces enfants subissent, dès l’enfance, des violences machistes de la part des hommes et garçons s'identifiant à la masculinité. La non-conformité au groupe (et à la norme de masculinité hégémonique) fait de ces enfants et adolescent.e.s les souffre-douleurs des groupes de garçons : insultes, harcèlement scolaire, souvent accompagnés de violences physiques...   
Cela ne veut pas dire que tous les garçons victimes de violences sont de futures femmes trans : la masculinité hégémonique se manifeste par le rejet de toute forme de non-conformité, donc beaucoup de personnes sont victimes de ces violences. Toutefois, les "filles trans" subissent ce rejet de plein fouet.   
Il n'est pas rare qu'à l'adolescence, les garçons perçus comme efféminés subissent des actes d'agression de groupe, y compris, dans le cas des filles trans, des “viols punitifs” ("tu veux être une fille ? Nous allons te donner satisfaction !"). De même, une personne née avec une vulve et se ressentant comme garçon peut, si son sexe est repéré par ses pairs, subir de graves violences y compris des "viols punitifs" (voir le film "Boys don't cry").  
Une personne née "garçon" et qui se ressent "femme" n'a donc pas du tout le même vécu que des "hommes cis". Par contre, la majorité se sentent en empathie et en solidarité avec les femmes, et sont souvent très engagées auprès des féministes pour l'égalité, souvent bien avant de prendre conscience de leur propre décalage d'identité. En fait, les personnes transgenre nées "garçon" subissent en général beaucoup d'actes de violences très semblables à celui des filles. 
De même, les "filles" qui se sentent "garçon" ont un vécu très différent de celui des filles; et se heurtent souvent à des rejets très cruels... 
A ces violences sociales subies, souvent très tôt dans leur vie, s'ajoute le problème d'être incompris.e.s dans leur famille.   
Il est très difficile de comprendre une personne qui ne suit pas la même voie que soi-même. En l'espèce, il est très difficile pour des parents d'imaginer que leur "fils" est en fait une "fille" (ou leur "fille" un "fils"). Les parents se demandent, légitimement, pourquoi ? On sait comme il est difficile de comprendre un enfant homosexuel. Mais la transidentité est encore bien plus complexe à comprendre que l'homosexualité : il ne s'agit pas seulement de savoir qui l'on aime; mais directement qui l'on est ! Il ne s'agit pas seulement des relations amoureuses qui sont "différentes", mais de toutes les relations de la personne ! Et la motivation de ce changement semble plus abstraite (l'identité...)   
Même dans les familles les plus ouvertes et acceptantes, il y aura toujours une part d'incompréhension, malgré tout l'amour du monde!  
Cependant, il n'y a pas que des familles tolérantes et inclusives. Cette incompréhension des jeunes personnes trans s'accompagne souvent de rejet, et il n'est pas rare que celui-ci soit violent, et s'accompagne parfois (bien plus souvent que pour les personnes cisgenre), par le fait d'être renvoyé.e. de chez soi par leurs parents.  
On estime que 30% des personnes trans ont commis une tentative de suicide, bien au-delà des personnes cisgenre et même au-delà des personnes homosexuelles (qui ont déjà un taux de suicide 3 à 4 fois plus élevé que les hétéro).   
Beaucoup de femmes trans (nées "garçon") se retrouvent contraintes à la prostitution — que ce soit par la misère économique ou l'exploitation de leurs traumatismes par des réseaux proxénètes. Dans ce contexte, elles subissent le même niveau de violence, de viols, de traite d'êtres humains, de violences associées, de stigmatisation sociale, et de séquelles traumatiques, que les femmes cisgenre (source : Dr Melissa Farley, docteur en psychologie ayant fait des recherches sur la prostitution à travers le monde.)   
Dans leur vie d'adulte, les personnes trans continuent à subir un ensemble des préjugés :  
D'une part, la transphobie, ce qui inclut des discriminations et violences envers une personne "différente", et peut aller très loin dans le niveau d'agression. Mais d'une manière générale, toute volonté de la part des autres de faire que la personne se conforme au rôle genré prévu par son sexe de naissance sera vécue comme une forme de violence par la personne. Et simplement, l'incompréhension et le questionnement que l'on peut avoir face à quelqu'un qu'on ne comprend pas est une source de souffrance... et qui comprend vraiment le choix de changer d'identité de genre ?   
D'autre part, il y a ce que l'on appelle en anglais "femmephobia": haine des traits associés à la féminité, et qui s’adresse aux femmes, mais aussi aux femmes transgenre et aux hommes transgenre. Violence verbale, agressions de rue, discriminations, difficultés à s'insérer dans le monde du travail, agressivité sexuelle... Sans compter simplement le regard incompréhensif et méprisant des quidams.   
Il existe donc un ensemble de préoccupations et de revendications spécifiques liées aux personnes transgenre. Hommes ou femmes, ils et elles subissent un ensemble de discriminations et de violences spécifiques. De plus, elles et ils ont des besoins spécifiques :   
Actes médicaux leur permettant de mettre leur apparence physique et sociale en conformité avec leur identité, et donc d’avoir une vie sociale plus fluide,   
Documents officiels correspondant à leur identité intime, et à leur apparence sociale.  
Protection contre les discriminations et violences transphobes, et éventuellement information du public sur le sujet  
Malheureusement, beaucoup de personnes s'opposent aux droits des personnes trans.   
Le plus souvent l'intolérance se déguise derrière la "défense" de valeurs plus ou moins nobles, ou en "questionnant" le genre sur un plan "théorique". L'un des arguments fréquents est aussi de dénoncer "l'activisme extrémiste". A noter que c'est cet argument est le plus souvent entendu contre tout progrès humain : "il est naturel de défendre les droits des [femmes, personnes de couleur, pauvres...], mais les activistes vont trop loin, cela devient une tyrannie..."  
Comme les personnes trans sont une toute petite minorité (moins de 1%), peu de gens connaissent leurs besoins, et il est très difficile de s'imaginer leurs ressentis. Il suffit aux agitateurs de brandir quelques arguments de mauvaise foi, et de qualifier les militant.e.s "d’extrémistes" (ou "transactivistes"), pour avoir un impact considérable sur notre vision des personnes, et les décisions politiques les concernant.  
4. La peur de voir des personnes trans dans des lieux réservés aux femmes : réalité ou fantasme?  
Avez-vous déjà utilisé des toilettes publiques ? Avez-vous déjà constaté qu'on vous demandait vos papiers à l'entrée des WC, pour vérifier si vous êtes bien une femme ? Avez-vous constaté la même chose pour les dortoirs, vestiaires, refuges pour victimes ?   
C'est pourtant l'argument le plus fréquemment employé pour justifier d'empêcher le changement d'identité administrative des personnes trans.  
L'image d'un homme prédateur se déguisant en femme pour s'immiscer discrètement dans le gynécée, est en effet solidement ancrée dans notre imaginaire collectif.   
Hollywood a énormément employé ce cliché, d'un homme dangereux, dont la duplicité est confirmée par son travestissement — et qui est d'autant plus dangereux que le déguisement lui donne l'air inoffensif. On le voit en particulier dans Psychose de Hitchcock et Le Silence des Agneaux; mais aussi dans des comédies (Ace Ventura, Dr. Jeckyl & Mrs. Hyde...), dans les Simpsons...   
Mais de tels cas ne sont jamais avérés dans la vraie vie ! Cette image vivace est fausse, fictive et reconnue comme telle — souvent par les auteurs eux-mêmes, qui font intervenir dans le récit des psychiatres indiquant que ces cas ne sont "pas des vrais transsexuels".   
De plus, si on y réfléchit, le risque est non seulement fictif, mais absurde.  
Aucune personne ne sera admise dans des lieux réservés aux femmes (WC, vestiaires...) sans avoir l'apparence adéquate, les lesbiennes "butch" peuvent en attester. D'ailleurs la plupart de ces lieux autorisent ou refusent l'entrée sur des critères finalement assez subjectifs, voire arbitraires. Quoi qu'il en soit, les personnes transgenre (en particulier femmes trans) ont souvent bien trop de délicatesse, et même simplement de peur du rejet et de l’opprobre, pour s'y risquer ! Cela fait partie du "genre" : les femmes ont du mal à s'imposer là où elles ne sont pas souhaitées ! De plus, pour les personnes trans, être "repéré" est un rappel de souffrance !  
Donc, c'est par des arguments fictifs et irréalistes que certain.e.s s'opposent à la reconnaissance de la transidentité par les autorités. Mais alors, pourquoi ? Quel est le véritable enjeu de cette reconnaissance administrative ?   
Il y a au moins un lieu où l'admission ne se fait pas "au faciès", mais selon les documents d'identité : la prison. Une femme trans — une personne qui ressemble à une femme, qui en a les attitudes et les comportements — mais dont les papiers d'identité sont "homme", sera mise en prison avec les hommes. Et là, le niveau de violence qu'elle subira sera extrême : viols à répétition, humiliations... Dans cet environnement naturellement violent, tout contribuera à la victimiser : misogynie, transphobie, machisme, appétits sexuels frustrés, besoin d'affirmation hiérarchique.   
Certaines féministes (TERF) s'inquiètent du risque que "n'importe quel homme prédateur se présente comme femme pour aller dans une prison de femmes".   
Certes, le cas serait théoriquement possible... si le changement de genre légal était facile, rapide, et surtout, réversible ! Car même s'il suffisait d'une simple demande à la mairie pour changer son statut légal, cela ne serait pas une démarche sans impact pour celles et ceux qui la font ! Quel homme, se sentant dominant et prédateur, irait sciemment faire des démarches pour être reconnu comme femme par les autorités ? Et plus particulièrement, par la police (ne reproche-t-on pas à celle-ci son machisme et son conformisme? )! Il aurait bien plus à perdre qu’à y gagner !  
Le cas ne s'est jamais avéré (sauf dans la fiction, malheureusement). Donc, c'est une menace qui n'est pas réelle.   
Par oppositions aux situations, bien réelles, de violences subies par les femmes trans dans les prisons pour hommes.  
Par ailleurs, il y a la question des soins. Le processus de transition est long et ardu. Il nécessite beaucoup d'actes médicaux, et ceux-ci sont souvent difficiles à obtenir. Les traitements hormonaux, ou chirurgicaux, sont protégés par des barrières pour empêcher le marché noir des médicaments. La reconnaissance légale permet de faciliter ces traitements... et même, souvent, cette reconnaissance légale est un préalable indispensable pour certains d'entre eux!   
Enfin, il y a les questions des discriminations. Une personne dont l'apparence et/ou le comportement n'est pas conforme à ce que l'on attendrait de son état civil sera victime de discriminations — a minima, de la part de ceux qui ont accès à ses documents légaux : police, employeurs, administrations.   
Si on voit sur vos documents officiels "Monsieur", et que vous semblez être une femme, ou, si vous vous présentez comme un homme et que vos papiers indiquent "Madame", les relations de travail seront... complexes dans le meilleur des cas ! Il y aura les effets sur la carrière, d'une part, selon le niveau d'arbitraire de l'employeur. Qui plus est, au quotidien, il y aura forcément des "blagues" de plus ou moins mauvais goût, pouvant aller jusqu'au harcèlement moral ou sexuel.  
La reconnaissance légale d'un changement de genre est donc un enjeu plus ou moins vital pour les personnes trans. Et, pour l'heure, c'est une démarche complexe et longue, et je ne sache pas qu'elle soit réversible.  
C'est pourtant le point sur lequel militent les activistes anti-trans.  
A titre personnel, je pense que la posture des personnes qui se définissent comme féministes et rejettent les personnes trans (les "TERF"), vient d’une peur, plutôt que d’une volonté de participer à une oppression. Leurs propos sont des amalgames entre une catégorie de personnes réelles et inoffensives (les trans), avec des images fantasmées d'un agresseur qui parviendrait à endormir notre méfiance (un homme qui se présente comme inoffensif mais est au fond prédateur). Cela ressemble à une phobie post-traumatique.   
Si cela justifie leur ressenti émotionnel, cela ne justifie pas leur posture politique.   
En effet, il n'en reste pas moins que leurs discours ne sont pas fondés sur une réalité. Même si leur peur est sincère, elle est fictive. Une peur irrationnelle ne devrait pas motiver une décision politique ou une opinion sur une catégorie de population.  
Leur argumentaire consiste à agiter un risque fictif, absurde et irréel pour les femmes, et ce pour empêcher des droits humains fondamentaux — dont celui d'avoir des papiers d'identité.   
5. Débat et tactiques : comment l'intolérance s'arrange pour forcer l'adversaire à la violence verbale.  
Le visage de l'intolérance et du fascisme a changé, depuis quelques années.   
Il est devenu inapproprié, voire parfois illégal, d'affirmer haut et fort la haine ou le mépris pour une catégorie de population. Les intolérants de tout bord préfèrent affirmer "défendre" une catégorie de population contre un "risque", une "menace", ou des "extrémistes".  
Le meilleur moyen de parvenir à motiver l'oppression d’une catégorie de population, est de faire en sorte que le public non concerné ressente de la peur envers celle-ci. Ainsi, la peur des violences terroristes est la meilleure arme des mouvements racistes; la peur de la "castration" (perte de pouvoir, ou perte de relations sexuelles) est le leitmotiv des misogynes...  
Pour rallier au-delà des "personnes qui se sentent menacées", l'idéal est de présenter les défenseurs de cette minorité comme des extrémistes, ou des agités antipathiques. Pour cela, l'idéal est de déclencher chez eux des réactions émotionnelles, la violence verbale ou le “refus du débat dépassionné". Les pousser à donner une "mauvaise image".  
Jordan Peterson (intellectuel conservateur et misogyne) en a fait la démonstration face à Cathy Newman de la BBC et l'a ridiculisée en restant calme pendant qu'elle s'énervait contre lui et les implications sous-jacentes de son discours. Depuis, les penseurs réactionnaires, racistes, misogynes, ou autres groupes intolérants utilisent de plus en plus cette tactique, avec de beaux succès.  
Dans la réalité, pour savoir si des "activistes" sont réellement dangereux pour vous et moi, il me semble judicieux de vérifier :   
Si ces militants ont commis des actes de violence physique, et dans quelle proportion par rapport à la population et/ou à leurs opposants,  
Quelles conséquences découleraient de la mise en application des propos qui les font réagir.   
Mais notre inconscient ne fonctionne pas ainsi. Une personne qui se met en colère nous semble dangereuse, et semble avoir tort.   
D’où la technique de la provocation subtile.   
Une méthode de manipulation de l'opinion des plus efficaces : essayer de mettre son adversaire en colère sans pour autant être soi-même émotionnel. Pour cela, l'idéal est de tenir un propos qui sera dangereux, faux et/ou insultant envers un groupe, mais qui semblera inoffensif au grand public.    
Il est difficile de rester calme quand les propos de la personne (surtout une personne ayant du pouvoir) sont une menace pour votre sécurité ou celle de vos proches. La tactique idéale de la personne intolérante consiste donc à lancer calmement un propos aux conséquences dangereuses, puis à faire semblant de proposer un "débat mesuré", pour pouvoir accuser ses opposant d'être hystériques, déraisonnables et/ou violents. Ainsi, certains penseurs masculinistes vont tenir des discours disant “je suis responsable de mes actions et de ses conséquences. Ainsi, si une femme s’habille court, elle sait qu’elle attirera les regards et la convoitise des garçons.” Le propos est calme et argumenté. Quand il est tenu sur un campus étudiant où il y a des problèmes de harcèlement et de viols, les réactions des filles sont rarement aussi calmes que le propos tranquille de l’homme en costume cravate qui les tient.  
Les propos de “TERF” répondent souvent à ce schéma. Ils se présentent comme théoriques, mais ils consistent à vouloir empêcher des droits très importants pour une minorité déjà en souffrance. Ils s’appuient sur une vision qui semble intuitive mais est contraire aux découvertes scientifiques, ils attisent des peurs fictives, et prétendent parler au nom du féminisme, quand les personnes trans sont les premières victimes des violences machistes). Surtout, leur message aux personnes trans est "vous n'avez pas le droit d'exister" !   
Il semble peu probable que les personnes concernées puissent discuter calmement face à de telles implications sur leurs droits et leur vie ! Surtout dans le cas de personnes qui, au vu de leur histoire, sont souvent déjà largement traumatisées.  
A nouveau, je crois que les croyances transphobes, viennent d’une peur sincère, quoique mal guidée. Pour plagier Léopold Sédar Senghor : les transphobes sont des gens qui se trompent de peur.  
Quoi qu’il en soit, je vous ai exposé les fondements scientifiques qui expliquent l'existence de personnes transgenre, la nature de certains de leurs besoins et revendications, la réalité de ce que peuvent vivre certaines de ces personnes, et le lien entre les craintes des féministes transphobes et la réalité — à savoir que les risques que celles-ci évoquent sont fictifs et irréalistes. 
Vous avez désormais les moyens de comprendre les enjeux et implications des choix politiques et des "débats", et j'espère, quelques éléments pour aborder les personnes concernées, avec compassion et bienveillance.  
7 notes · View notes