mrlafont
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mrlafont · 9 days ago
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“L'Histoire est rusée, disait un célèbre politique. L'Histoire roule tous les gens avec leur crédulité. Cela se passe toujours « autrement ». Ce n'est jamais ça. Les idées ne se réalisent pas dans l'Histoire ; l'Histoire détériore les idées, elle va même à l'encontre des idées ; c'est qu'en vérité on a voulu autre chose que ce qu'on croyait vouloir. Les idées n'étaient que les impulsions des masques passionnels, qui se réalisent en détériorant les idées, qui n'étaient que les alibis des impulsions.”
— Ionesco, Journal en miettes.
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mrlafont · 10 days ago
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Un poème est une personne, un être humain vivant, appartenant par sa présence corporelle, et authentique existence charnelle, à un autre monde où notre imagination le projette et l'aspect sous laquelle il se présente quand on le lit de ce monde-ci, n'est rien que l'ombre imparfaite de cette réelle beauté et qui, ailleurs, est divine. Je caresse l'espoir de me trouver, un jour, après ma mort, dans leur présence réelle, dans la présence des quelques enfants que j’ai créés ici, et j’espère les trouver beaux, dans leur immortalité de rosée.
Fernando Pessoa
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mrlafont · 11 days ago
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Pardon, pardon de ne savoir être heureux par moi-même. Pardon de ne savoir trouver la paix intérieure, de ne savoir vivre qu’en m’oubliant dans l’autre. Comme beaucoup, j’ai voulu bien faire, pour moi, pour ceux que j’aime. Je ne sais pas s’il s’agit d’un défaut de mon environnement, impropre à me procurer le bien-être que ma physiologie nécessite, ou bien si le problème vient de moi-même, que je suis trop compliqué à rendre heureux, que je suis tout simplement impropre au bonheur, de part je ne sais quel traumatisme, je ne sais quelle tare. Et pourtant, « Gaieté ma force », «  Rigolade first » inscrits sur la peau, mais cela ne se fait bien sentir que lorsque la joie est là, autrement, comment provoquer cet état, comment s’agence-t-il, c’est là une toute autre question. Il y a tout de même dans ces mots une vérité essentielle. Quand on a vu, entrevu, le bonheur, qui n’est vrai que dans les limites de cette humeur magnifique qu’est la gaieté, on reconnaît sans aucun doute que c’est là tout entier que réside le sens, le but de tout, l’objet de tous nos désirs, sous n’importe quelle forme. Le reste est absolument accessoire.
Ce qui me fait mal, c’est que, lorsque je me retrouve seul, tout ce que j’entreprends me semble n’être motivé que par cette envie réfléchie de combattre mon mal-être et de retrouver l’enthousiasme pour la vie qui me fait défaut. Rien n’est plus naturel, spontané, guidé, poussé par une humeur premièrement positive. Tout n’est qu’une recherche d’un remède. Je sens, à la minute où je me retrouve seul avec moi-même, comme si mon être, et avec toutes ses ressources de vie, se dilue dans ce monstre qu’est la pensée. Tout en moi se fige, je ne sais plus ce que je dois désirer, je ne sais plus qui je dois être, j’attends un miracle pour que quelque chose me délivre de cet état. Timidité, défaut d’autonomie, de responsabilité, doute cuisant… Sûrement le fait, aussi, que depuis mes quatorze ans, voir avant, les moments où j’ai vécu célibataire ont été très rares. Je crois que mon identité a énormément pâti de ce manque d’autonomie. Est-il trop tard ? Je veux essayer, en tout cas, de changer tout ça. Cultiver davantage mon autonomie, mes plaisirs solitaires, développer une espèce de fidélité secrète envers moi-même, une discipline du retour à soi systématique, afin de ne pas s’oublier. Tout est possible. « Des portes de secours sont ouvertes là-bas. Il suffit de pousser un peu plus, rien qu'un geste... »
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mrlafont · 19 days ago
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Il me manque ce sentiment que j’avais, enfant, qui me faisait croire que la vie m’attendait, qu’elle allait un jour tout me donner, que devenir adulte n’était autre chose que la réalisation de tous mes rêves de gosse. J’ai grandi, la vie ne m’a rien donné, elle m’a seulement repris mes rêves de gosse, sans me les faire oublier. Maintenant que je sais que le rêve ne se réalisera pas, il me faut apprendre à vivre d’une toute autre manière. Il faut vivre par ses choix, ses convictions, et attraper la joie à la volée, quand elle se présente, si elle se présente. Il n’est plus question de se laisser vivre, mais d’aller au-devant de soi-même, se jeter, constamment, sous peine de nullité, hors de ses limites, hors de soi-même.
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mrlafont · 21 days ago
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Comprendre, savoir, cela ne suffit pas. Je sais, je sais, comme disait Gabin, et tout cela ne suffit pas. J’ai entrevu mille vérités, eu mille réalisations, révélations, combien peu m’ont-elles apporté ! Non, il n’y a que la bête et aveugle obsession ou bien la froide discipline qui nous font marcher.
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mrlafont · 21 days ago
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J’attends trop que les choses viennent à moi alors que tout doit être provoqué. La vie m’apparaît exactement comme je la laisse m’apparaître. Je ne suis pas le reflet du monde, le monde est mon reflet. Il est encore temps de tout réinventer. Vois comme tes humeurs colorent le monde, l’existence. Oui, vraiment, le monde nous apparaît tel que nous le laissons nous apparaître. Vois comme les choses te semblent toujours au premier abord difficiles, dangereuses, intimidantes, et, une fois accoutumé, comme tu te sens confiant, léger, agile, comment elles t’apparaissent tout à fait sous un nouveau jour. N’oublie pas cette vérité car il en est ainsi de toute chose. C’est ta timidité, ton appréhension, ta précaution démesurée qui t’empêche d’évoluer avec agilité dans le monde.
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mrlafont · 1 month ago
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Ce qu’il y a de plus puissant en moi, la peur ; de plus fragile, ma volonté ; de plus présent, le vide.
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mrlafont · 2 months ago
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Symbole de l’introspection, du moi poétique, méditatif, de la contemplation intérieure, de cet espace privé qui est vraie solitude. Que représente la lune ? Moi-même ? Curieux petit astre éclairé qui, dans le ciel nocturne, attire irrésistiblement le regard du penseur accoudé à sa fenêtre. Il m’apparaît, à moi, comme un intermédiaire inopérant entre la question et la réponse, entre moi et le Tout. C’est le seuil de l’infini, une cabine téléphonique qui sonne dans le vide, le port d’où partent nos interrogations, dont nulle jamais ne revient. Ce croissant de lune sur lequel se dessine un visage, le nôtre peut-être, agit en effet comme un miroir. Contemplant la lune, on se contemple soi. La lune, éclairée par ce même soleil qui tout à l’heure nous éclairait, nous. Lumière du passé, lumière indirecte donc qui nous enjoint à la réflexion, à la consultation de notre mémoire.
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mrlafont · 2 months ago
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Tout, à Paris, par le simple fait de s’y trouver, semble auréolé d’une esthétique tout à fait unique. Tout, jusqu’au moindre détail, jusqu’au plus insignifiant déchet, semble revêtir une incompréhensible originalité. Nul ennui, nul désespoir ne sauraient durer, tant tout étonne et surprend sans cesse, tant il semble facile, ici, d’être rassuré, consolé, malgré, ou plutôt grâce au chaos de cette ville-monde, de cette ville-univers où un flot d’énergies infinies alimentent perpétuellement ce volcan terrible et magnifique, cet éternel feu d’artifices qu’est Paris.
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mrlafont · 2 months ago
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Qu’il est bon de pleurer un coup. C’est cela surtout qui est difficile, quand on est grand, ne plus savoir pleurer. On encaisse, on croit être devenu plus fort, en réalité cette indifférence affichée ne nous profite pas. On finit par s’étonner d’être devenu si terne, si insensible. C’est cela la vie d’adulte ? Non, je veux redevenir enfant, pleurer par caprice encore. Car pleurer est toujours et encore que l’envie frustrée, et qu’y a-t-il de plus important que l’envie ?
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mrlafont · 3 months ago
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En toute chose, même dans le bonheur, l’excès est nocif. Je veux une vie de menus plaisirs. Je veux que mes souvenirs les plus doux et les plus mémorables n’aient pas de noms. Je veux un rapport simple et direct avec le monde. Je ne veux rien compliquer, je veux que tout m’apparaisse comme un ciel sans nuage car j’aurais tout compris, même ce que je ne comprends pas car je saurais d’avance qu’il y a des choses qu’on ne comprend jamais. Je ne veux plus avoir peur et je ne veux plus désespérer du monde. Quand bien même le monde serait un enfer, et la vie des hommes en est souvent un, ce monde-là c’est la vie qui le loge et la vie est toujours lumineuse à qui sait voir. J’ai fini par surmonter ma désespérance car je m’en suis lassé, puisque même désespéré il m’a fallu continuer de vivre, et le hasard a fait que je me suis pris au jeu et y est trouvé du plaisir, et plus que du plaisir ma raison d’exister, tout simplement parce que j’ai compris que la vie n’a besoin d’aucune autre motivation qu’elle-même pour s’épanouir, que la vie pour la vie donne toute la joie qu’on a le droit d’espérer. Je vois, je suis sage, et je pense avoir tout compris enfin.
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mrlafont · 3 months ago
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Happé par cette mer intérieure qui m’appelle sans cesse. Que veut-elle ? Qu’est-elle ? Je la ressens comme une vaste solitude, comme l’étendue infinie d’un silence qui me ressemble. Est-elle moi ? Est-elle autre ? Elle est poésie, contemplation poétique du monde, mysticisme pure, pure expérience de la Beauté, car pure expérience de la Vérité, sincérité pure du Doute, c’est-à-dire du Regard. Don, gratuité, abandon, humanité pure. Elle est contemplation des possibles, de toutes les possibilités de Beauté, de Vérités, de Forces de Vie. Elle est Liberté, Chaos de Bontés. Elle provoque aussi mélancolie, tant le quotidien est fait de bassesses, de lâchetés, de résignations, quand elle n’est que liberté totale. Elle est peut-être, en dehors de soi, inexpérimentable. Peut-être doit-elle restée secrète, invisible, demeurée en filigrane, tapissée dans notre âme (si elle n’est notre âme elle-même) recluse dans nos silences, pur spectre d’amour. Elle est, et c’est là le plus important, pure Célébration de la Vie, accord, union, respect et attachement à l’existence et à la vie humaine. Elle est à la fois extrême gravité et extrême légèreté.
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mrlafont · 4 months ago
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Après un moment de silence parla
Un vase à l’allure disgracieuse.
« Ils se moquent de moi parce que je suis déformé.
Quoi ! Est-ce que ce n’est pas la main du potier qui a tremblé ? »
Omar Khayyam.
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mrlafont · 4 months ago
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L’idéal serait de se sentir vivre sans avoir besoin de se le prouver.
Jean-René Hugenin, Journal.
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mrlafont · 4 months ago
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À LA LUNE. (1819.)
Ô gracieuse lune, je me souviens qu’il y a un an je venais sur cette colline te regarder, plein d’angoisse : et tu te suspendais alors, comme tu fais maintenant, sur cette colline que tu éclaires tout entière. Mais, nuageux et tremblant des larmes qui baignaient mes cils, apparaissait ton visage à mes yeux : car douloureuse était ma vie, et elle l’est encore et n’a pas changé, ô ma lune chérie. Et cependant j’aime à me souvenir et à calculer l’âge de ma douleur. Oh ! comme il est doux, au temps de la jeunesse, quand la carrière de l’espérance est encore longue et celle de la mémoire encore courte, de se rappeler les choses passées, même tristes, et même si le chagrin dure encore !
– Giacomo Leopardi
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mrlafont · 4 months ago
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“Pichet de vin posé parmi les fleurs. Boire tout seul privé de compagnon. Levant ma coupe je salue la lune Nous sommes trois : elle mon ombre et moi. La lune cependant ne sait pas boire L'ombre non plus qui m'a toujours suivi. Mais buvons à mon ombre et à la lune C'est l'éphémère joie de ce printemps. J'entonne un chant — la lune suit mon rythme Je danse l'ombre danse au même pas. L'éveil et la joie pure d'être ensemble. L'ivresse dissipée chacun se quitte. Errants à tout jamais liés et seuls Les retrouvailles dans la Voie lactée.”
— Li Po (701 – 763), « Buvant seul sous la lune » (poème traduit et publié par André Markowicz dans Ombres de Chine).
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mrlafont · 4 months ago
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“Il est nécessaire de s'abandonner et d'avoir confiance dans les actions naturelles, manuelles, en somme matérielles, et plus généralement dans toutes les choses humaines. À l'inverse, la méfiance ou l'excès de désir, la hâte, l'attention et l'acharnement à vouloir réussir conduisent à l'échec. Si vous n'avez rien à perdre, vous n'hésiterez pas à vous jeter franchement dans le monde. Vous serez facilement bien traité et estimé, quand vous ne rechercherez plus l'estime, ou proportionnellement à votre indifférence à la rechercher. Et inversement. Si vous vous trouvez en un lieu, une situation, etc., où vous avez hâte de faire bonne impression, il est probable que vous perdrez la face. Et si vous gagnez l'estime de quelqu'un à qui vous parlez, il vous importera beaucoup de ne pas la perdre quand vous vous serez rendu compte que vous l'avez obtenue, et il vous importera de la conserver. Chose qui arrive surtout en amour, ou en matière de galanterie : en cherchant à conserver l'estime et l'amour d'une personne que l'on a obtenus sans les chercher, on les perd. Et il en va ainsi pour mille autres choses. En somme, la nature est la seule chose qui ait du pouvoir ; non seulement l'art ne l'aide pas mais il l'entrave ; en laissant faire les choses, on obtient ce que l'on ne peut obtenir en les voulant. Ne pas se soucier de l'issue et être certain de réussir est le plus sûr moyen d'y arriver ; l'excès d'attention et la crainte excessive de ne pas réussir engendrent le contraire de ces que l'on souhaitait. Dans les affaires humaines, il n'est pas facile d'acquérir cette certitude et d'éviter cette peur sans une certaine nonchalance, ou sans être préparé in alterutram partem [à l'un ou l'autre cas]. Par conséquent, les désespérés, ou ceux qui ont tout perdu et qui n'ont rien à perdre ni à protéger, réussissent dans la vie mieux que les autres. Et il n'est pas de désespéré si pauvre et impuissant qui ne soit bon à quelque chose en ce monde, précisément parce qu'il est désespéré. C'est la raison pour laquelle, et ce n'est pas un hasard, audaces fortuna iuvat [la fortune sourit aux audacieux]. (28 décembre 1820)”
— Giacomo Leopardi, Zibaldone.
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