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que sont mes amis devenus
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Tout cela m'amène à beaucoup de questions. La mémoire, ce n'est pas le simple retour du souvenir, c'est une représentation du passé. La mémoire, c'est l'image que l'on se fait du passé. Ça ne veut pas dire que l'on se mente - on se rappelle seulement de morceaux de vérité qu'on arrange, comme dans une chimère. C'est la définition même de la chimère, toutes les parties sont vraies, mais la chimère n'existe pas. C'est ce que je suis en train de vivre. Si tu n'avais pas été là, j'aurais donné une cohérence différente de celle qui a fait revenir ce souvenir.
Boris Cyrulnik, Je me souviens... (2010)
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Et pourtant l'entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois, voilà tout ce que j'eusse demandé pour les quarante ans de vie qu'on me prend. - Écoute, Marie, lui ai-je dit en joignant ses deux petites mains dans les miennes, est-ce que tu ne me connais point ? Elle m'a regardé avec ses beaux yeux, et a répondu : - Ah bien non! - Regarde bien, ai-je répété. Comment, tu ne sais pas qui je suis? - Si, a-t-elle dit. Un monsieur. Hélas ! n'aimer ardemment qu'un seul être au monde, l'aimer avec tout son amour, et l'avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous répond, et ne vous connaît pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et qu'il soit le seul qui ne sache pas qu'il vous en faut parce que vous allez mourir! - Marie, ai-je repris, as-tu un papa ? - Oui, monsieur, a dit l'enfant. - Eh bien, où est-il ? Elle a levé ses grands yeux étonnés. - Ah ! vous ne savez donc pas ? il est mort. Puis elle a crié ; j'avais failli la laisser tomber. - Mort ! disais-je. Marie, sais-tu ce que c'est qu'être mort ? - Oui, monsieur, a-t-elle répondu. Il est dans la terre et dans le ciel. Elle a continué d'elle-même: - Je prie le bon Dieu pour lui matin et soir sur les genoux de maman. Je l'ai baisée au front. - Marie, dis-moi ta prière. - Je ne peux pas, monsieur. Une prière, cela ne se dit pas dans le jour. Venez ce soir dans ma maison ; je la dirai.
Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné (1829)
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Il se peut bien aussi qu'à certaines dates les morts de la Grève se rassemblent par de noires nuits d'hiver sur la place qui est à eux. Ce sera une foule pâle et sanglante, et je n'y manquerai pas. Il n'y aura pas de lune, et l'on parlera à voix basse. L'Hôtel de Ville sera là, avec sa façade vermoulue, son toit déchiqueté, et son cadran qui aura été sans pitié pour tous. Il y aura sur la place une guillotine de l'enfer, où un démon exécutera un bourreau ; ce sera à quatre heures du matin. À notre tour nous ferons foule autour. Il est probable que cela est ainsi. Mais si ces morts-là reviennent, sous quelle forme reviennent-ils ? Que gardent-ils de leur corps incomplet et mutilé ? Que choisissent-ils ? Est-ce la tête ou le tronc qui est spectre ? Hélas ! qu'est-ce que la mort fait avec notre âme ? quelle nature lui laisse-t-elle ? qu'a-t-elle à lui prendre ou à lui donner ? où la met-elle ? lui prête-t-elle quelquefois des yeux de chair pour regarder sur la terre, et pleurer ? Ah ! un prêtre ! un prêtre qui sache cela ! Je veux un prêtre, et un crucifix à baiser ! Mon Dieu, toujours le même !
Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné (1829)
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La solitude est propice au règne de l'imagination.
Gaëlle Josse, Le dernier gardien d'Ellis Island (2014)
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Je voudrais avoir le temps de dire adieu à ce que je suis, mais je ne l'ai pas. Je voudrais avoir le temps de penser à ceux que j'aime et que je laisse mais tout ce qui me vient à l'esprit, c'est la longue liste de ce que je ne ferai plus... Je ne danserai plus. Je ne rirai plus. Je ne serai plus jamais en sueur, en retard, en forme. Je n'aurai plus jamais envie de courir, de manger, de dormir. Je ne regarderai plus les garçons dans le métro, imaginant le goût de leur baiser ou la sensation de leurs bras autour de ma taille. Je ne boirai plus jamais d'eau, de champagne, de bière. Je n'aurai plus jamais envie de faire l'amour. Je ne me blesserai plus jamais. Je n'aurai plus peur. Je ne t'aimerai plus. Tu ne me caresseras plus. Je ne connaîtrai pas de nouvel été. Je n'aurai pas d'enfant. Je ne dépenserai jamais l'argent que j'ai économisé. Je ne verrai plus mes parents. Cette mouche qui se colle sur ma joue vivra plus longtemps que moi. Je ne parlerai plus, ne penserai plus, ne serai plus jamais traversée par un souvenir. Je ne vieillirai pas. Je ne mourrai pas de toutes ces morts que j'ai parfois imaginées et qui toutes me terrifiaient. Je ne me demanderai plus jamais si je suis vraiment heureuse. Je ne m'assiérai plus jamais à une terrasse. Je ne serai plus jamais terrassée... Je ne serai plus... Plus jamais celle que je fus... Jamais... Je ne deviendrai jamais... Plus rien d'autre... Que ce que je fus.
Laurent Gaudé, Terrasses ou Notre long baiser si longtemps retardé (2024)
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- Joseph, il y a des jours où je me demande si je ne ferais pas mieux d'être juif, me disait-il, les yeux brillants d'excitation.
- Non, mon père, restez chrétien, vous ne vous rendez pas compte de votre chance.
- La religion juive insiste sur le respect, la chrétienne sur l'amour. Or je m'interroge : le respect n'est-il pas plus fondamental que l'amour ? Et plus réalisable aussi... Aimer mon ennemi, comme le propose Jésus, et tendre l'autre joue, je trouve ça admirable mais impraticable. Surtout en ce moment. Tu tendrais ton autre joue à Hitler, toi ?
- Jamais !
- Moi non plus ! Il est vrai que je ne suis pas digne du Christ. Ma vie entière ne me suffira pas pour l'imiter... Cependant l'amour peut-il être un devoir ? Peut-on commander à son cœur ? Je ne le crois pas. Selon les grands rabbins, le respect est supérieur à l'amour. Il est une obligation continue. Ça me semble possible. Je peux respecter ceux que je n'aime pas ou ceux qui m'indiffèrent. Mais les aimer ? D'ailleurs, ai-je autant besoin de les aimer si je les respecte ? C'est difficile, l'amour, on ne peut ni le provoquer, ni le contrôler, ni le contraindre à durer. Alors que le respect...
Éric-Emmanuel Schmitt, L’Enfant de Noé (2004)
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- Je préférerais mourir avec vous parce que c'est vous que je préfère. Je préférerais mourir avec vous parce que je ne veux pas vous pleurer et encore moins que vous me pleuriez. Je préférerais mourir avec vous parce que vous seriez alors la dernière personne que je verrais au monde. Je préférerais mourir avec vous parce que le ciel, sans vous, ça ne va pas me plaire, ça va même m'angoisser.
Éric-Emmanuel Schmitt, L’Enfant de Noé (2004)
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Entends les pompes qui font Le cri des chats. Des sifflets viennent et vont Comme en pourchas. Ah ! dans ces tristes décors Les Déjàs sont les Encors ! Ô les vagues Angélus ! (Qui viennent d’où ?) Vois s’allumer les Saluts Du fond d’un trou. Ah, dans ces mornes séjours Les Jamais sont les Toujours ! Quels rêves épouvantés, Vous, grands murs blancs ! Que de sanglots répétés, Fous ou dolents ! Ah, dans ces piteux retraits Les Toujours sont les Jamais ! Tu meurs doucereusement, Obscurément, Sans qu’on veille, ô cœur aimant. Sans testament ! Ah, dans ces deuils sans rachats Les Encors sont les Déjàs !
Paul Verlaine, "Réversibilités", Parallèlement (1889)
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Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D’une aile inquiète et folle vole sur la mer, Tout ce qui m’est cher, D’une aile d’effroi Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ? Mouette à l’essor mélancolique. Elle suit la vague, ma pensée, À tous les vents du ciel balancée Et biaisant quand la marée oblique, Mouette à l’essor mélancolique. Ivre de soleil Et de liberté, Un instinct la guide à travers cette immensité. La brise d’été Sur le flot vermeil Doucement la porte en un tiède demi-sommeil. Parfois si tristement elle crie Qu’elle alarme au lointain le pilote Puis au gré du vent se livre et flotte Et plonge, et l’aile toute meurtrie Revoie, et puis si tristement crie ! Je ne sais pourquoi Mon esprit amer D*une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m’est cher, D’une aile d’effroi, Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?
Paul Verlaine, "Je ne sais pourquoi", Sagesse (1880)
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Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! Un arbre, par-dessus le toit Berce sa palme. La cloche dans le ciel qu’on voit Doucement tinte. Un oiseau sur l’arbre qu’on voit Chante sa plainte. Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille. Cette paisible rumeur-là Vient de la ville. — Qu’as-tu fait, ô toi que voilà Pleurant sans cesse, Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà. De ta jeunesse ?
Paul Verlaine, "Le ciel est, par-dessus le toit", Sagesse (1880)
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Un grand sommeil noir Tombe sur ma vie : Dormez, tout espoir, Donnez, toute envie ? Je ne vois plus rien, Je perds la mémoire Du mai et du bien… Ô la triste histoire ! Je suis un berceau Qu’une main balance Au creux d’un caveau : Silence, silence !
Paul Verlaine, "Un grand sommeil noir", Sagesse (1880)
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Je suis venu, calme orphelin. Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m’ont pas trouvé malin. À vingt ans un trouble nouveau Sous le nom d’amoureuses flammes M’a fait trouver belles les femmes : Elles ne m’ont pas trouvé beau. Bien que sans patrie et sans roi Et très brave ne l’étant guère, J’ai voulu mourir à la guerre : La mort n’a pas voulu de moi. Suis-je né trop tôt ou trop tard ? Qu’est-ce que je fais en ce monde ? Ô vous tous, ma peine est profonde : Priez pour le pauvre Gaspart !
Paul Verlaine, "Je suis venu, calme orphelin", Sagesse (1880)
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Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme, Et les voici vibrer aux cuivres du couchant. Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ : Une tentation des pires. Fuis l’infâme. Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme, Battant toute vendange aux collines, couchant Toute moisson de la vallée, et ravageant Le ciel tout bleu, le ciel chanteur qui te réclame. Ô pâlis, et va-t’en, lente et joignant les mains. Si ces hiers allaient manger nos beaux demains ? Si la vieille folie était encore en route ? Ces souvenirs, va-t-il falloir les retuer ? Un assaut furieux, le suprême sans doute ! Ô, va prier contre l’orage, va prier.
Paul Verlaine, "Les faux beaux jours", Sagesse (1880)
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Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches. Et puis voici mon cœur, qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches Et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux. J’arrive tout couvert encore de rosée Que le vent du matin vient glacer à mon front. Souffrez que ma fatigue, à vos pieds reposée, Rêve des chers instants qui la délasseront. Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête Toute sonore encore de vos derniers baisers ; Laissez-la s’apaiser de la bonne tempête, Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine, "Green", Romances sans paroles (1874)
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Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville, Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s’ennuie Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s’écœure. Quoi ! nulle trahison ? Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi, Sans amour et sans haine, Mon cœur a tant de peine !
Paul Verlaine, "Il pleut dans mon cœur", Romances sans paroles (1874)
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Le foyer, la lueur étroite de la lampe ; La rêverie avec le doigt contre la tempe Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ; L’heure du thé fumant et des livres fermés ; La douceur de sentir la fin de la soirée ; La fatigue charmante et l’attente adorée De l’ombre nuptiale et de la douce nuit, Oh ! tout cela, mon rêve attendri le poursuit Sans relâche, à travers toutes remises vaines, Impatient des mois, furieux des semaines !
Paul Verlaine, "Le foyer, la lueur étroite de la lampe", La Bonne Chanson (1870)
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La lune blanche Luit dans les bois ; De chaque branche Part une voix Sous la ramée… Ô bien-aimée. L’étang reflète, Profond miroir, La silhouette Du saule noir Où le vent pleure… Rêvons, c’est l’heure, Un vaste et tendre Apaisement Semble descendre Du firmament Que l’astre irise... C’est l’heure exquise.
Paul Verlaine, "La lune blanche", La Bonne Chanson (1870)
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