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Théâtre: Combat 1944-1945
(https://videos.opsistv.com/)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-04 : www.societascriticus.com
2017 / 1h30min / HD / Spectacle vivant
Le 21 aout 1944, en pleine insurrection parisienne, « Combat » paraît, après les années de résistance et de clandestinité. Avec Albert Camus, Pascal Pia et 5 autres de l'équipe du journal, nous allons vivre la Libération et l'année qui l'a suivie. Une France nouvelle est à reconstruire, mais laquelle ? L'autorité exceptionnelle du général de Gaulle n'efface pas les divisions héritées de la défaite et de la collaboration. Les combinaisons politiciennes et les intérêts reviennent inexorablement. Dans l'équipe, les discussions sont passionnées, mêlant professionnels, écrivains, étudiants. 70 ans après ce qu'ils ont vécu, ce que Camus a écrit et inspiré continue de tracer les voies exigeantes et - hélas - toujours actuelles d'une pratique de l'idéal.
Distribution :
Marie-Laure Girard (comédienne)
Aurélien Gouas (comédien)
Christophe Charrier (comédien)
Philippe Pierrard (comédien)
Jean-Hugues Courtassol (comédien)
Jean-Matthieu Hulin (comédien)
Luc Baboulene (comédien)
Clémence Carayol (metteuse en scène)
Réalisation : Sébastien Tézé
Genre : contemporain
Thèmes : Guerre, WWII Occupation Camus, résistance
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2025-06-14)
Début, lundi 21 aout 1944. Insurrection et combat dans Paris. On espère l’arrivée de Leclerc.
« La première sortie des journaux libre, c’est ça qui va faire bouger les Parisiens. » (1 min 45)
« Sortir le journal, c’est comme ça que tu libèreras Paris et ça fera plus de bruit que les grenades. » (2 min 04)
« … et l’éditorial de Camus. Il a commencé par la résistance. Les Français veulent en finir par la révolution. » (3 min 19)
Leclerc arrivera jeudi soir, le 24 aout :
« En aout 1944, son unité prend part à la bataille de Normandie, puis est la première unité à entrer dans Paris lors de la libération de la capitale », nous dit Wikipédia. (1)
La libération de Paris aura pris quelques jours, soit du 19 au 25 aout 1944. (2) Nous sommes avec les gens de Combat (3) durant ces quelques jours, car la pièce commence dans cette période. Pour eux, sortir le journal est un moyen de libérer Paris. Ça se comprend, car c’est combattre la propagande (désinformation) allemande et des collabos qui sont avec le Pouvoir d’occupation.
Nous suivrons les gens de Combat jusqu’après la guerre et la formation du gouvernement. On verra donc toute cette période à travers leurs yeux, leurs discussions et leurs tiraillements idéologiques face à ce qui se passe, soit plusieurs groupes qui revendiquent le Pouvoir au nom du peuple !
« - Ça servit à quoi la libération?
- Pour toi, la libération, ça suffit à réparer les ponts et faire rouler les trains. Ah bien, tu as l’air d’oublier que c’est le foutoir; y’a des épurateurs partout qui règlent leurs comptes; que les comités de libération se prennent pour le gouvernement et que tes copains communistes sont armés. Alors, la priorité c’est que de Gaulle remette de l’ordre.
- (…) L’ordre des profiteurs… Ce qu’il nous faut, c’est la révolution. Et si on veut la révolution, il faut armer le peuple.
- (Albert Camus) Sauf que ç’a donné Staline. Et j’étais inscrit au PC avant la guerre à Alger moi aussi. Quand j’ai voulu parler de la misère des Arabes, on m’a dit de me taire. Je suis parti. » (14 min 07-14 min 54)
Et Albert de poursuivre : « Notre métier à Combat, c’est de donner aux mots leur vrai sens. Et c’est ça que j’appelle la morale en politique. Ce sera fatigant, il faudra s’occuper de tout. T’as la justice, l’économie, les conditions de travail, la règlementation des profits. Tout, et ne rien laisser passer. » (15 min 46-15 min 57)
Donc, une pièce à la fois historique, philosophique et exigeante, surtout qu’on peut comparer leurs idéaux pour la France à ce que l’on en voit aujourd’hui.
La realpolitik (4) et le capitalisme (voir le néolibéralisme) ont fait leur chemin depuis. Et, on en voit encore qui revendiquent le Pouvoir pour soi-disant le bien du peuple, mais qui protègent bien davantage leurs propres intérêts.
On pourrait citer bien des passages de cette pièce (2017) encore aujourd’hui, car les dialogues de Camus et de ses compagnons de Combat s’appliquent encore, surtout avec la montée de la droite – que ce soit aux États-Unis (Trump), dans certains pays européens et en Russie (Poutine); les résurgences des conflits antérieurs; le retour des déportations et des déplacements de populations (5); et le « statut de la presse : pas d’actionnaires qui pourraient tirer profit de ce qui s’écrit dans le journal » dit Camus. (29 min 19)
Plus d’une heure vingt de dialogues et de réflexions profondes qui nous éclairent encore aujourd’hui. Comme je pourrais continuer à en citer des pages et des pages, pour conclure, voici l’éditorial de Camus, que j’ai transcrit, comme Marianne, à mesure qu’il lui dictait :
« Faisons un peu d’autocritique. »
Le métier qui consiste à définir tous les jours en face de l’actualité les exigences du bon sens et de la simple honnêteté d’esprit ne va pas sans danger. À vouloir le mieux, on peut prendre l’attitude du juge, de l’instituteur ou du professeur de morale. De ce métier à la prétention ou à la sottise, il n’y a qu’un pas et nous espérons ne l’avoir pas franchi.
Nous avons le désir sincère de collaborer à l’œuvre commune par l’exercice de quelques règles de conscience dont il me semble que la politique n’a pas fait jusqu’ici un grand usage. Mais l’actualité est exigeante. Et la frontière qui sépare la morale du moralisme incertaine. Il arrive parfois par fatigue ou par sottises qu’on la franchisse.
Comment échapper à ce danger?
Par l’ironie. Mais nous ne sommes pas, hélas, dans une époque d’ironie. Nous sommes encore dans le temps de l’indignation. Nous sachons seulement garder, quoi qu’il arrive, le sens du relatif et tout sera sauvé.
La justice est à la fois une idée et la chaleur de l’âme. Sachons la prendre dans ce qu’elle a d’humain sans la transformer en cette terrible passion abstraite qui a mutilé tant d’hommes. » (32 min 30-35 min 32)
Notes
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Leclerc_de_Hauteclocque
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Libération_de_Paris
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Combat_(journal)
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Realpolitik
5. Nous pensons ici à la chasse et à la déportation des immigrants par Donald Trump aux États-Unis – n’oublions pas que « La cour suprême [a] autoris[é] Trump à révoquer le statut légal de plus de 500 000 immigrants » (6) – et les attaques et déplacement de populations palestiniennes par l’État d’Israël dans les derniers mois.
6. Agence France-Presse, La Cour suprême autorise Trump à révoquer le statut légal de plus de 500 000 immigrants, ici.radio-canada.ca/nouvelle, 30 mai 2025 :
Hyperliens
Combat (Paris. 1941) Combat (France). 14 années disponibles - 3267 numéros :
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Cinéma : Deux femmes en or (2025)
VIOLETTE : Laurence Leboeuf
BENOÎT : Félix Moati
ÉLI : Juliette Gariépy
FLORENCE : Karine Gonthier-Hyndman
DAVID : Mani Soleymanlou
JESSICA : Sophie Nélisse
Synopsis
Violette et Florence ne comprennent plus ce qui leur arrive. Respectivement en congé de maternité et en arrêt de travail, l’une est à fleur de peau, l’autre ne ressent plus rien. Les voisines sont toutes deux habitées par un sentiment d’échec : malgré la carrière et la famille, elles ne sont pas heureuses. La première infidélité de Florence sera une révélation. Et si le bonheur, c’était de se rebeller contre notre rigide société de performance ? Dans un contexte où avoir du fun est très loin sur la liste des priorités, coucher avec un livreur est peut-être carrément
révolutionnaire. Ce sera pour Violette et Florence la bouffée d’air frais qu’elles espéraient.
Commentaires de Michel Handfield, sociologue (2025-05-30)
Mettons tout de suite une chose au clair. Si l’original se passait en banlieue avec deux femmes qui s’ennuyaient, cela se passe maintenant à Montréal (1), avec des femmes qui se remettent en question : « Qui es-tu? » comme le chante Marjo dans Provocante (2). D’ailleurs, nous aurons droit à cette chanson québécoise comme à beaucoup d’autres dans ce film. Et cela s’intègre très bien.
Ici, le sexe est bien plus qu’un moyen de lutter contre l’ennui de la banlieue et d’exprimer une nouvelle liberté sexuelle grâce à la pilule, comme dans le premier film qui marquait le début de la libération de la femme. Mais, elle était encore dépendante économiquement du mari.
En 2025, on est ailleurs. Aujourd’hui les femmes sont souvent plus éduquées que les hommes et en ont vu d’autres. Le sexe fait ici partie d’un processus beaucoup plus large de remise en question et d’un désir de se retrouver comme étant soi. Alors, ceux qui s’attendent à une nouvelle version olé olé du premier film de 1970 (3), que j’ai vu en 1977 dans mon cours de cinéma québécois (4), seront déçus, car, si l’on a des scènes de sexes, elles sont plutôt sobres et en support à leur démarche de réappropriation de leurs corps, leurs désirs et leurs vies.
Ce film, basé sur la pièce de théâtre récente que j’ai vue au TNM en février dernier, plonge dans la profondeur des personnages.
Si l’on voit assez rapidement le triangle d’amour (pubis) de Florence, une des deux voisines qui redécouvre sa libido après avoir abandonné ses antidépresseurs, ce n’est pas gratuit. Ce triangle est même très symbolique, je trouve.
Il peut rappeler le triangle dans lequel se retrouve la voisine Violette, qui ressent qu’elle est trompée dans un triangle amoureux, mais ne le sait pas encore. Ce bruit de corneille que Violette entend dans sa tête et impute à sa voisine trop bruyante en faisant l’amour en est la représentation inconsciente !
Quand elle va voir Florence pour lui dire que cette jouissance criarde d’une femme qui veut laisser savoir à tout le monde qu’elle jouit la dérange, les deux chambres étant collées sur un mur mitoyen, sa voisine lui apprend qu’elle n’a pas de libido. Aucune, depuis des années, étant sur les antidépresseurs.
Quant à Violette, c’est le calme plat du postpartum. Son extracteur de lait lui touche davantage les seins que son conjoint. Deux femmes différentes se parlent alors et viennent de se rejoindre dans le vide de leur existence.
Leur rencontre et leur amitié se développeront à partir de ce moment malaisant et leur seront bénéfiques. Ils se déniaiseront, mais pas que sexuellement. Intellectuellement surtout, car elles se questionneront sur elles-mêmes : leur être, leurs désirs, leurs rapports à la vie et les modèles qui nous sont socialement proposés. Le sexe extraconjugal fera partie de leur processus de réappropriation de leurs corps et de leurs esprits, mais ne sera pas aussi central que dans le film original. On est ailleurs en 2025.
À partir de là, j’ai vu des questions poindre autour de différents triangles de nos vies, car ce triangle (pubis) du début, quand Florence se regarde et ose un geste d’exhibition spontanée dans sa fenêtre, m’apparaissait symbolique du film. Elle s’aperçoit alors qu’elle ne contrôle plus sa sexualité, cachée sous les antidépresseurs, et qu’elle lui manque. Mais, elle, la Florence, n’est-elle pas aussi cachée sous des années de médication? Elle doit se redécouvrir pour se réapproprier sa vie.
Pour Violette, c’est un peu différent, mais ici, la femme est cachée par la mère, le désir par l’allaitement ! Sa vie de femme est absorbée par le triangle familial : mère-bébé-père. Le couple s’est perdu.
Par contre, entre avoir une idée, comme ce triangle symbolique, et l’exprimer, il y a une marge. Quel est ce triangle? Intériorité-Couple-Externalité? Amitié-Amour-Indiférence? De quoi tourner en rond, car je dirais qu’il y a plusieurs triangles dans ce film. Alors, j’ai regardé du côté de la psychanalyse et j’ai trouvé le triangle de Sternberg (5), « un psychologue et professeur de psychologie cognitive américain. » (6) Tout y est pour me sortir de cette trigonométrie psychologique.
Ces femmes seules à la maison pour des raisons différentes — l’une à cause de sa dépression, l’autre de son bébé — sont finalement mises sur la ligne de touche, personnellement et professionnellement. Messieurs en profitent pour jouer le rôle de pourvoyeur (comme c’était le cas dans les années du film original). Ils font progresser leurs carrières et s’émancipent à l’extérieur de la maison.
David le fait par son implication dans la coopérative et son intérêt pour l’environnement et l’agriculture biologique. C’est un intérêt qu’il a en commun avec Jessica, aussi très impliquée dans ce milieu.
Benoit , lui, a plutôt une aventure extraconjugale sérieuse avec Éli, une collègue de travail et de voyage d’affaires.
Leurs conjointes, confinées au logis, sont sorties de l’amour accompli pour se retrouver dans l’amour vide ! Alors, elles se referont une vie devant nos yeux.
Violette regagnera son indépendance et s’affirmera devant Benoit, qui ressentira de plus en plus la peur de la perdre. Il fera souvent des aller-retour entre sa maitresse et sa femme, vivant de plus en plus d’insécurité devant son émancipation. Il n’en sera pas à quelques retours près vers la maison, alors qu’il est en voyage, si sa femme montre de plus en plus d’assurance et de contrôle de sa vie quand elle lui parle à distance.
S’il aime sa maitresse au point de vouloir divorcer pour elle, elle lui dit carrément que ce n’est pas de l’amour dans son cas, mais du plaisir. Il est son objet sexuel et elle l’utilise. En fait, il est l’homme objet des années 2020 comme existait la femme-objet des années 1960-70. Il vit donc une grande insécurité entre une maitresse indépendante et sa femme qu’il voit s’émanciper.
Pourrait-il tout perdre, entre ces deux femmes dont il réalise qu’elles peuvent se passer de lui beaucoup plus facilement que lui ne le pourrait, car il est dépendant affectif? De quoi tomber malade.
Du côté de Florence, après des années d’inconscience, assommée par les antidépresseurs, elle sera en quête d’elle-même au désespoir de David, qui veut une vie tranquille en pantouflard qu’il est. Il avait tout compris des infidélités de sa femme et en profitait plutôt que de réagir. Pour lui, tant que les eaux sont calmes, il ne fait pas de vagues. Si on ne peut mener tous les combats, on doit quand même savoir lesquels faire. À la place, à mesure que sa femme s’émancipera, il fera plutôt la carpette. Il ira d’ailleurs jusqu’à prendre les antidépresseurs de sa femme, puisqu’elle ne les prend plus. Tel est son concept de l’équilibre : ne rien changer et faire comme si ça n’existait pas. Si le moment se présente, il sera une prise facile pour Jessica, qui partage avec lui le gout de l’environnement et du jardinage. Il se laissera faire et se pliera à sa volonté, c’est clair.
Je pourrais continuer ainsi longtemps, car il y a beaucoup de caractères dans ce film d’observation sociale à qui y regarde de près. Certains personnages parlent peu et semblent faire partie du décor, comme une voisine (blonde) qui semble bien observer le manège de Violette et Florence et tout ce qui se passe autour. Et, que dire des assemblées des membres de la coopérative, qui nous en dit beaucoup sur ces gens et le milieu ? Bref, un film qui a beaucoup plus de profondeur que ce que certains critiques y verront.
Notes
1. Ils habitent dans la Coop du Coteau Vert : « Située dans le quartier Petite-Patrie, la coopérative est bordée par le métro Rosemont et son terminus d’autobus, la piste cyclable des Carrières, la nouvelle bibliothèque Marc-Favreau... » Je vous invite à consulter leur site internet : https://coteauvert.com/
2. https://youtu.be/XvxETUJ3LhY?si=6B3J9PnsFBIo8PID
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_Femmes_en_or_(film,_1970)
4. J’ai eu ce cours au Collége Marie-Victorin (cégep) avec Gilles Blain, comme professeur. Voir https://bib.umontreal.ca/collections/speciales/litterature-francaise/collection-gilles-blain
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_de_Sternberg
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Sternberg
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D.I. la revue d’actualité et de culture de Societas Criticus
Vol. 27-03, du 2025-03-17 au 2025-05-19.
Numéro spécial photo/ photos de Michel Handfield
Il s’agit d’un numéro spécial, car nos photos de D.I. cultureétaient trop volumineuses pour faire l’objet d’un numéro conjoint de Societas Criticus.
www.societascriticus.com
Cette revue est éditée à compte d'auteurs.
ISSN : 1701-7696
Ceci n’est qu’un aperçu de ce que nous faisons comme photos. Nous en mettons cependant plusieurs sur Google maps. Nous vous invitons à y consulter nos photos si cela vous intéresse :
Le bout de l’ile (Ouest de Montréal) vu de l’Université de Montréal.
2025-03-19, Google Pixel 9.
Alarme de feu au théâtre La Chapelle lors de la première de « Sans collier ».
2025-03-25, Google Pixel 9.
Ça travaille fort ces petites bêtes : un écureuil noir a troué le composteur pour fouiller dedans !
2025-03-26, Google Pixel 9. Je n’y avais pas pensé et j’avais mis des noix périmées dans mon composteur.
Canard branchu, mâle, Jardin botanique de Montréal.
2025-04-10. Canon.
Pour la suite voir notre
Numéro spécial photo/ photos de Michel Handfield
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Adolescence (Série Netflix)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-02 : www.societascriticus.com
Résumé officiel
Lorsqu'un garçon de 13 ans est accusé du meurtre d'une camarade de classe, sa famille, sa thérapeute et l'enquêteur se posent une question : que s'est-il vraiment passé?
Épisode 1
La police défonce la porte du domicile familial des Miller. L'adolescent Jamie est arrêté et interrogé, mais insiste sur le fait qu'il n'a commis aucune faute.
Épisode 2
La police cherche des réponses et l'arme du crime à l'école que fréquente Jamie. La police est bredouille – jusqu'à ce que le fils du lieutenant Bascombe propose son aide.
Épisode 3
Jamie rencontre sa psychologue. Il hésite à parler au début, mais s'ouvre éventuellement au sujet de ses sentiments complexes envers Katie.
Épisode 4
Lors de l'anniversaire d'Eddie, les Miller tentent de célébrer comme si tout allait bien – mais une série d'évènements troublants menace de tout bouleverser.
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2025-04-26)
On découvre l’évènement dès le départ : un ado a tué une camarade de classe. Et débute l’enquête.
Les enquêteurs découvrent un autre monde qu’ils ne connaissent pas, avec ses propres influences et ses propres codes, qui viennent des réseaux sociaux et des influenceurs; sa propre langue, où les mots n’ont pas toujours la même signification; et ses préjugés qui divisent les gens en sous-catégories et peuvent même les isoler, voir les « ghoster » (fantomiser, invisibiliser) comme s’ils n’existaient plus. Même si tu es là, c’est comme si l’on ne te voyait plus. Tu es devenu un fantôme non seulement sur les réseaux sociaux, mais dans ta classe, à la cafétéria, à l’école…
Dans cette série, on suit les relations numériques et réelles de ces jeunes. Entre eux, dans leurs familles et avec la communauté.
Mais, comme la vie continue, certaines relations vont changer. Les parents de l’accusé vont aussi être visés par des gens. Leurs relations avec leur entourage vont donc changer, ce qui aura nécessairement des effets. Bref, une plongée fort intéressante et éducative pour découvrir jusqu’où des paroles ou des gestes peuvent conduire…
Une minisérie qui met le doigt sur de nouveaux enjeux à l’ère de la double vie, réelle et numérique, des adolescents, mais aussi de plusieurs autres. Car, si, cette fois-ci, ça se passe dans un milieu de jeunes, qui dit que la prochaine fois ça ne se passerait pas dans une résidence de personnes âgées ou un milieu de travail ?
Une personne pourrait se faire invisibiliser de la sorte dans n’importe quel milieu de vie avec toutes sortes de conséquences, celles-ci allant du renfermement sur soi au suicide en passant par la vengeance ou la violence à différents degrés.
Il semble donc crucial de diffuser ce film auprès de divers groupes de la société et de les inciter à s’engager dans des discussions animées autour de celui-ci et de leurs milieux de vie respectifs. Cela pourrait inclure une résidence pour personnes âgées, un club social ou sportif, un milieu de travail et bien d’autres encore. Ça pourrait délier des langues et l’on aurait certainement des surprises. Un premier pas vers la prévention.
En conclusion, voici un lien hypertexte pour vous aider à comprendre ce qu’est l’effacement : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ghosting .
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L’indétectable (ICI TOU.TV EXTRA)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-02 : www.societascriticus.com
Cette série viendra plus tard dans la programmation régulière.
Stéphanie, une jeune ostéopathe réservée, infiltre une mystérieuse startup afin de prouver que la vidéo qui a détruit la carrière politique de sa mère est en réalité un hypertrucage indétectable.
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2025-04-09)
Une série que j’ai bien aimée. On assiste à une vengeance par vidéo interposée. Qui l’a envoyé? Pourquoi? Mais, d’abord, est-elle bien vraie? Même si tout le monde pense que oui, Stéphanie, la fille de l’aspirante première ministre, doute d’abord, mais est rapidement convaincue qu‘il s’agit d’un « deep fake ». Sa quête est à suivre.
Qui est capable de faire cela? Pourquoi? On entre alors dans un suspense psychotechnologique avec plusieurs ramifications.
Stéphanie et le spectateur auront quelques surprises tout au long de cette série très à propos à l’heure de la désinformation et des capacités de l’intelligence artificielle utilisées dans des buts qui ne sont pas toujours nobles. En dire plus, ce serait donner des indices.
Vraiment à écouter pour comprendre que, si le génie se cache dans la technologie, ce qu’il fera dépendra toujours des motivations de celui qui la contrôle ou de qui paie celui qui la contrôle. Pour comprendre, Stéphanie devra mettre le doigt sur les motivations qui sont derrière ce « deep fake » de sa mère, ce qui nous tiendra en haleine jusqu’à la fin.
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Sans collier, Physiographie d’existences de Louise Bédard (Danse)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-02 : www.societascriticus.com
Une production de Louise Bédard Danse à La Chapelle
25-27 et 29 mars à 19h30
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2025-03-26)
J’aime le sous-titre, physiographie d’existences. La physiographie est, selon le Larousse, la « Partie de la géographie physique qui a pour objet la description et l’étude des formes du relief de la Terre. » Moi, j’y voyais la description et l’étude de la vie d’une danseuse et de la danse entremêlée, car l’une ne peut vivre sans l’autre. Bref, une biographie du mouvement, de la danse et de la danseuse, car elles ne font qu’une. Sans danseuse, il n’y a pas de danse et sans danse, il n’y a pas de danseuse ! Elles sont fusionnelles !
Il y a des choses comme cela qu’on ne cherche pas à comprendre, car on les ressent au plus profond de soi. Je n’ai d’ailleurs pris que quelques notes et je me suis laissé entrainer dans cette aventure symbolique. J’étais pris. Pourquoi? Je ne suis pas un danseur, mais peut-être un créateur à ma manière. Mes textes partent de moi, comme la danse de la danseuse. En ce sens, j’étais au diapason de ce spectacle. C'est tout ce que je puis dire, car elle m’a tout simplement emporté dans l’univers symbolique de sa vie où elle exprime son vécu, ses rencontres, les femmes qui l’ont marquée, bref, toutes ses marques qui en viennent à faire partie de nous au cours d’une existence et à nous définir.
J’ai bien aimé la musique aussi, je dois le dire.
Document de presse
Sans collier, Physiographie d’existences, c’est l’odyssée d’une femme qui se permet de célébrer de nombreux visages remontant aux confins de sa destinée. La chorégraphe et danseuse Louise Bédard, en captant l’image d’elle-même sous forme de plusieurs autoportraits exécutés en temps de pandémie, a valorisé une géographie d’existences réelles et fictives au cœur d’une fixité du rendu photographique.
Accumulant un corpus de photos, la chorégraphe cherche par la suite à donner vie à plusieurs de ces portraits de femmes qui se révèlent, dans sa propre chair, tout autant porteurs d’écueils, de mutations et de devenirs. Chacune de ces femmes concède à l’artiste la mesure et le contrepoids de ces instants immobiles, l’espace de visibilité dont elles se sont senties si souvent dépossédées. C’est à travers le corps et le regard d’une femme d’un âge certain qu’elles consentiront à poser ici et là leurs empreintes. En incarnant ces figures et figurations portées par le geste et les mots de l’auteure Clarice Lispector, cette femme solitaire, mue par l’instant présent, s’aventure dans la physiographie d’existences.
Avec Sans collier Louise Bédard propose, une immersion dans l'univers complexe et vibrant de sa création. À travers trois programmes distincts, 17 solos, réunis pour l’occasion, seront présentés en alternance en version live et en projections vidéo. Ces pièces dévoilent des portraits de femmes capturées dans toute leur richesse et leur diversité. La danse, vivante et expressive évoque l’essence même d’une artiste lucide, en constante exploration de son art. En complément, les autoportraits originaux de Louise Bédard seront exposés dans le hall d’entrée de La Chapelle, offrant une dimension supplémentaire à l’expérience. Ne manquez pas ce voyage unique au cœur de l’œuvre d’une figure phare de la danse contemporaine.
Bande-annonce : https://vimeo.com/1057985232
Louise Bédard est une artiste accomplie qui a su marquer le monde de la danse, tant comme chorégraphe qu’en tant qu’interprète. Son parcours, façonné par des rencontres inspirantes et une vision artistique singulière, témoigne d’une quête constante d’innovation. Fortement influencée par les arts visuels et d’autres disciplines, elle explore des mises en scène atypiques, conçoit des éléments scéniques et imagine des espaces non conventionnels pour ses œuvres. Son approche unique intègre également un soin particulier aux costumes et aux atmosphères, enrichissant ainsi chacune de ses créations. En 2025, sa compagnie Louise Bédard Danse célèbre ses 35 ans d’existence. À cette occasion, elle revient à La Chapelle, un lieu emblématique où elle a présenté plus de dix spectacles depuis l’ouverture du théâtre en 1990 et ce jusqu’en 2004. Avec Sans collier, Physiographie d'existences, un solo intime et puissant, elle boucle une boucle essentielle de son parcours, marquant ainsi une nouvelle étape dans son cheminement artistique.
Chorégraphe et interprète : Louise Bédard / Dramaturge : Angélique Willkie / Assistance à la dramaturgie : Anne Thériault / Compositrice : Diane Labrosse / Scénographe : Marilène Bastien / Conceptrice lumière : Lucie Bazzo / Vidéo : Robin Pineda Gould / Répétiteur : Scott McCabe / Direction de production : Pier-Luc Legault / Production : Louise Bédard Danse / Coproduction : La Chapelle Scènes Contemporaines
LA CHAPELLE SCÈNES CONTEMPORAINES
3700 rue Saint-Dominique, Montréal
Billetterie : 514.843.7738 / https://lachapelle.org/
Remerciements : Danse K par K, Furies Festival de danse contemporaine, Circuit-Est centre chorégraphique, Festival Quartiers Danses. Agence Roger Roger, Marc Boivin, Sylvain Émard Danse et Anne-Sophie Gagnon.
La compagnie a bénéficié de résidences de création à l’Agora de la danse, à la Place des arts, au Centre d’art Diane-Dufresne, à la Maison de la culture du Plateau-Mont-Royal.
La compagnie Louise Bédard Danse est soutenue par le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de Montréal. Ce projet a aussi été rendu possible grâce à l’appui financier du Conseil des arts et des lettres du Québec.
La Chapelle remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des Arts du Canada, le ministère du Patrimoine canadien, le Conseil des arts de Montréal, le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et la Ville de Montréal.
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Classique(s) au TNM (https://tnm.qc.ca/)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-02 : www.societascriticus.com
Mise en scène Mani Soleymanlou
Du 11 mars au 10 avril 2025
Création Orange Noyée, en coproduction avec le TNM et le Théâtre français du CNA.
En codiffusion avec Le Diamant.
2 h 00, sans entracte.
Ce classique dont vous êtes le héros.
Les classiques sont-ils condamnés à n’être que de somptueux tombeaux culturels dans lesquels on ensevelit les spectateurs sous le poids des siècles ? Faut-il les dynamiter pour que leurs éclats tranchent dans le vif du réel ? Tout d’abord, comment des pièces, des scènes, des personnages sont-ils devenus classiques ? « Un classique, aimait dire Gaston Miron, c’est un contemporain de tous les temps. » Alors, aujourd’hui, avec le climat qui se dérègle, la démocratie qui s’effrite, les guerres qui se déploient et l’obscène concentration des richesses, ne serait-on pas à un moment de l’Histoire où l’on a le devoir d’écrire des pièces à la hauteur des classiques du passé ?
Sur scène, les interprètes, sorte de monstre à huit têtes, questionnent leur propre rapport aux classiques et à ce qui est classique, à ce qui mérite d'appartenir à la culture générale. En convoquant tour à tour certaines grandes figures du théâtre et de l'histoire, mais aussi les dédales de la pensée intime et de la culture populaire, ils s’attaquent aux classiques pour comprendre les mystérieuses qualités qui leur permettent de traverser le temps, tout en ne cessant de s'interroger : quel classique notre époque est-elle en train d'écrire, au juste ?
L’autrice Fanny Britt et l’homme de théâtre Mani Soleymanlou, connu·es pour leurs créations aux enjeux très contemporains, ont décidé d’aller au bout de leur relation d’amour-haine avec les monuments historiques de la dramaturgie. Sachant que tous les comédiens et toutes les comédiennes rêvent de se confronter aux grands rôles du répertoire, ils n’ont eu aucune peine à rassembler une distribution dont le haut niveau donne le vertige !
Avec
Louise Cardinal
Martin Drainville
Kathleen Fortin
Julie Le Breton
Jean-Moïse Martin
Benoit McGinnis
Madeleine Sarr
Mani Soleymanlou
Musicien(ne)s :
Mélanie Bélair, violon
Nicolas Boulay, trompette (en alternance)
Rémi Cormier, trompette (en alternance)
Alexis Elina, piano
Annie Gadbois, violoncelle
Andy King, trompette (en alternance)
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2025-03-22)
OUF ! C’est qu’il y a du contenu dans cette pièce. Du tragique, de l’humour, de la variété, de la réflexion philosophique, de la musique, du chant… Diogène le cynique y côtoie Shakespeare si je puis dire !
Une pièce qui fait réfléchir, les comédiens brisant le quatrième mur en s’adressant à nous comme si nous étions assis dans un salon devant eux. Parfois, j’aurais aimé que ça aille juste un cran plus loin et qu’on puisse interagir comme on le voit parfois dans certaines pièces expérimentales. Mais, j’avoue que c’eut été un peu difficile dans le cas de cette pièce, car il y a du texte et de la réflexion derrière. Par contre, une version adaptée à certaines petites salles ou pour des publics scolaires, comme au secondaire ou au cégep, pourrait devenir une expérience philosophique drôlement intéressante pour les étudiants.
On nous rappelle souvent ce proverbe africain : « Il faut tout un village pour élever un enfant. » (1) Dans le livre « Sur les petites routes de la démocratie », on y ajoute «[qu’]Il en va de même pour la véritable démocratie. » (2) Et, je dirais que c’est la même chose pour la culture : il faut toute une communauté pour la transmettre et cela doit aussi passer par des liens entre le monde de la culture et de l’éducation, non seulement par les parents ou la télévision, pour élargir les horizons de ceux qui suivent. Parfois, des adaptations de certaines pièces seraient les bienvenues pour jouer ce rôle. Cette pièce en est d’ailleurs une.
Notes
1. https://paalmtl.org/il-faut-tout-un-village-pour-elever-un-enfant/
2. Konaté, Moussa et coll., 1999, Sur les petites routes de la démocratie, Montréal: écosociété, p. 11.
0 notes
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Les Perdants (film)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-01/26-05 : www.societascriticus.com
Année 2024
Documentaire
Durée 98 min
Canada
Langue française, anglaise avec sous-titres français
Production/Distribution : ONF
Synopsis
Les perdants suit trois personnes candidates aux élections provinciales québécoises de 2022 en jetant un regard caustique sur notre système électoral et ses nombreux dysfonctionnements.
Réalisation : Jenny Cartwright
Cinéaste primée de documentaires et de créations sonores, Jenny Cartwright allie poésie et manifestes dans l’exploration de thèmes comme l’autodétermination et les inégalités, avec un parti pris pour les personnes mises à l’écart.
Deux de ses documentaires sonores ont été récompensés en 2020 et 2022 aux prix NUMIX. Son film Je me souviens d’un temps où personne ne joggait dans ce quartier a remporté en 2022 le prix RÉAL – œuvre Art et essai décerné par l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec.
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2025-03-03)
Perdants? Au sens propre, dans les tiers partis ou comme indépendant, on s’y attend certainement à moins d’être un peu naïf. Mais, au sens figuré, on n’est pas vraiment perdant.
Ayant déjà été candidat indépendant à une élection municipale à Montréal (1998), je savais, en m’embarquant là-dedans, que je ne gagnerais pas. Sauf que cela me donnait une occasion de faire connaitre et avancer des idées que les partis « mainstream » évitent ou n’avancent que sous le bout des lèvres quand ils y sont vraiment obligés par l’actualité.
Se présenter dans un tiers parti ou comme indépendant c’est se donner une plateforme pour insérer des graines de changement dans le système. On ne sait pas si elles fleuriront au point de tout changer, mais certaines fleurs se feront certainement remarquer et apporteront parfois des changements aux programmes des partis plus « mainstream » ou apporteront du combustible à la création de nouveaux partis plus revendicatifs. C’est selon.
En bref, se présenter dans les marges est une expérience qui permet de gagner une certaine crédibilité quand on parle des changements à faire à notre système politique, selon moi.
Dans ce film, on suit Renaud Blais (Parti nul); Elza Kephart, candidate indépendante; et Jean-Louis Thémis (Parti culinaire du Québec). On a aussi droit à des remarques intéressantes de Francis Dupuis-Déri, prof de science politique à l’UQAM.
Personnellement, j’ai bien apprécié la candidature d’Elza Kephart, qui est une candidate indépendante et une des membres fondatrices du ministère de la Nouvelle normalité, connue sous le nom d’Hélène Touze, parce que je partage ses préoccupations en matière d’environnement.
C’est le genre de film intéressant à voir en salle une première fois, mais qui doit se retrouver en ligne plus tard, car le sujet est dense et on doit pouvoir y revenir.
En fait, il s’agit d’un film de référence comme d’un livre de référence. D’ailleurs, on y apprend que, sous l’acte constitutionnel de 1791, les femmes avaient droit de vote et qu’en 1834, Papineau enlèvera ce droit aux femmes ! (1)
Naturellement, on nous dira que le mode de scrutin est en décalage avec la population au Québec – et au Canada – n’ayant pas de régime proportionnel, mais nous le savions déjà. Cependant, il ne suffit pas de le savoir pour le faire, les partis politiques y trouvant des avantages, comme des majorités qu’ils auraient beaucoup moins facilement avec la proportionnelle. Pour cela il faut aussi une pression constante des militants des partis « mainstream » pour leur rappeler qu’un jour ils se retrouveront dans l’opposition et regretteront le pied de nez qu’ils auront fait à leur promesse d’instaurer la proportionnelle… Promesse trop souvent faite et non tenue une fois au Pouvoir. L’Histoire en est témoin.
Note
1. Selon Wikipédia, il y eut une tentative d’enlever ce droit aux femmes en 1834, mais cela ne sera rendu officiel qu’en 1849 :
Hyperliens
Renaud Blais / Parti nul :
Elza Kephart / Helene Touze
The Ministry of the New Normal :
Ministère de la Nouvelle Normalité :
Jean-Louis Thémis / Parti culinaire du Québec :
Francis Dupuis-Déri :
0 notes
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Le dîner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing (Théâtre en ligne)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 27-01 : www.societascriticus.com
1h45min / HD / Spectacle vivant
Texte de Julien Campani, Léo Cohen-Paperman avec la complicité des actrices et acteurs du spectacle.
Dans ce nouvel épisode, le public assistera à l’un des mythiques diners de Valéry Giscard d’Estaing et de son épouse chez des « français ordinaires». Décembre 1974, trois générations de Deschamps-Corrini sont réunies dans leur petite maison de Normandie. C’est le grand soir ! V.G.E et Anne-Aymone viennent diner. Entre le feuilleté à l’andouille de Vire et la teurgoulle de Janville, les invités parleront de Minitel, d’avortement et d’un nouveau fléau, le chômage. Ils tenteront de rester calmes. Par quelques habiles métamorphoses, les comédien·nes feront entrer au salon publicités et chanteurs…
Léo Cohen-Paperman nous projette à une époque où la France est passée d’une société conservatrice à une société de jouissance. Il nous convie surtout à une grand-messe drolatique, télévisuelle et chaotique où l’Histoire entre en délire !
Le diner chez les Français de Valéry Giscard d’Estaing est l’épisode 3 de la série Huit rois, dont l’ambition est de peindre le portrait théâtral des huit présidents de la Ve République.
Pièce filmée au Théâtre de Châtillon, 2023
© Production Compagnie Les Animaux en Paradis (Châtillon)
Hyperlien : https://videos.opsistv.com/
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2025-01-01)
Préface ou la version courte
L’analyse - version longue
- Prémisse
- Acte 1 : Chez les français (vers 8 minutes)
- Acte 2 : L’entrée ou la grâce de la nouveauté (vers 18 minutes)
- C’est le 3e acte : les plats de résistance, où l’on verra comment la grâce trébuche et comment la crise s’invite à la table des Français (vers 39 minutes)
- Intermède du Trou normand : Le cœur des femmes ou les moyens d’être heureuse (vers 57 min)
- Acte 4 : Le fromage, chaos dans la civilisation, où l’on verra comment les conflits de mœurs s’additionnent aux conflits économiques (vers 1h18)
- Acte 5 : Le dessert. 1981, où l’on verra comment la droite et la gauche s’unissent pour faire tomber le président (vers 1h34)
En conclusion
Postface, suivi des Notes et des Hyperliens
Préface ou la version courte
Cette pièce fait l’histoire du septennat de Valéry Giscard d’Estaing en autant de repas du jour de l’an chez cette famille typique de la France, les Deschamps-Corrini, en Normandie. On y passera de l’espoir du changement au désespoir de changements trop rapides et mal ficelés qui auront des effets pervers, comme des délocalisations et une montée de l’inflation et du chômage. Bref, c’est l’histoire de la montée et de la descente de tous les gouvernements !
Rien de surprenant, car tout ce qui monte doit redescendre un jour. Alors, même si l’on pense que le prochain gouvernement ne nous décevra pas, un jour, nous en aurons assez comme pour les précédents.
Mais, avec le temps, on pourra réinterpréter ce que nous ont donné ces gouvernements. Ainsi, quand l’on voit les visées expansionnistes actuelles des trois grandes puissances – la Chine, la Russie et les États-Unis de Donald Trump – cette idée de l’Europe est probablement un rempart bien utile maintenant, même si cette idée d’une Europe commune est encore perfectible. Giscard d’Estaing n’avait pas tout faux.
Si vous sautez « L’analyse - version longue », je vous conseille tout de même de lire la conclusion et la postface.
L’analyse - version longue
NDLR, en retrait, ce ne sont pas nécessairement des citations exactes de la pièce, mais bien le verbatim que j’ai noté/résumé, car il va à l’essentiel. On abrègera les minutes et les heures pour permettre plus de fluidité dans le texte.
Prémisse
« Je m’appelle José Corini, né le 13 octobre 1973, j’ai un an. Depuis ma naissance, c’est la crise: crise pétrolière, criseéconomique, crise morale, tout se transforme. Et dans ce grand vent de nouveauté radicale, le pays vient d’élire son premier président modéré. Conservateur et progressiste, il s’appelle Valéry-Giscard D’Estaing. Il dit qu’il veut regarder la France au fond des yeux. Alors, il propose, accompagné de son épouse, Anne-Aymone, de s’inviter à diner chez les Français... » (On est entre 1 et 2 minutes de la pièce)
Cela place donc la table, car on sera presque toujours autour de celle-ci dans cette maison qui nous fait passer à travers le septennat (1974-1981) désordonné de Valéry-Giscard D’Estaing en sept diners du jour de l’an chez les Deschamps-Corrini dans le Calvados, Cricqueville-en-Bessin pour être précis, en Normandie ! Une proposition originale et audacieuse. Sept années désordonnées comme des souvenirs d’enfance, nous dit le petit José vers les 2 minutes de la pièce.
Puis, on entre dans une pièce en 6 actes si l’on inclut l’Intermède du Trou normand : Le cœur des femmes ou les moyens d’être heureuse (vers les 57 minutes) entre le 3e et le 4e acte.
Il y a du matériel dans cette pièce. D’ailleurs, après ma première écoute, j’en ai fait plusieurs autres partielles pour raffiner mes notes. Si la politique est du théâtre, le texte est parfois très étoffé. Il faut dire que ça se passait à une autre époque, où l’on avait davantage des intellectuels comme politiciens que des communicateurs, voir des influenceurs comme aujourd’hui, qui ne surfent que sur quelques concepts accrocheurs et simplistes.
Facile à comprendre comme des comptines d’enfants, mais sont-ce vraiment des solutions aux problèmes de notre temps qui affligent le monde? Je n’en suis pas sûr. Des conflits civilisationnels se règlent rarement en 24 heures, comme le promettent les populistes, même si c’est séducteur et que ça attire les votes, comme le miel attire les ours. Et que dire de leurs promesses de liberté, comme si les libertés ne s’opposaient parfois pas les unes aux autres?
L’image a sorti le contenu de la politique contemporaine comparée à ces années où la politique avait encore sa superbe, parfois avec trop d’effets de toges, j’en conviens. Mais, aujourd’hui, à part répéter quelques mots clés – comme « fake news » - que reste-t-il de substance à comprendre et à discuter entre citoyens? Rien. On voit les trumpistes scander « America great again », mais quelle Amérique? La vraie, soit le continent avec ses défis qui nécessiteraient un parlement de l’Amérique à l’Européenne, comme l’avait vu Valéry Giscard d’Estaing pour l’Europe? Ou, une Amérique qui n’est rien de plus que des États-Unis qui semblent vouloir se replier sur eux-mêmes, empiéter sur les autres et tout contrôler?
Acte 1 : Chez les français (vers 8 minutes)
José nous présente la droite (ses grands-parents), la gauche (ses parents) et lui (l’enfant). On entre des choses dans la maison, on en oublie dans l’auto, on jase, avec en arrière-plan le discours de Giscard d’Estaing à la télé en cette veille du jour de l’an (31 décembre 1974). On apprend que Michel et Marie-France travaillent chez Alstom, elle comme secrétaire et lui comme ouvrier. On saura au prochain acte qu’ils se sont rencontrés pendant les évènements de mai 1968.
Acte 2 : L’entrée ou la grâce de la nouveauté (vers 18 minutes)
On voit Valéry Giscard d’Estaing comme « le digne héritier du général de Gaulle » (vers 20 minutes). Marie-France salue ce qu’il fait pour les femmes et la jeunesse. Et, Giscard se voit comme le défenseur de la famille; de la grande famille française ! Il veut leur bonheur. D’ailleurs, vers les 21 minutes de la pièce, Giscard chante « La ballade des gens heureux » de Gérard Lenorman.
Puis, parlant de nouveauté, Giscard d’Estaing en a pour la nouvelle cuisine. Il parle de Paul Bocuse et de simplifier la cuisine pour en retrouver les gouts d’origine. De ne plus tout noyer sous des sauces crème qui cachent les gouts naturels.
Vers les 30 minutes de la pièce, la grand-mère (Germaine) chante « Comme les rois mages en Galilée » de Sheila. On est encore dans l’espérance d’un nouveau mandat présidentiel. De l’espoir que tout changera sans tout bouleverser. Mais, c’est avant que la « realpolitik » ne vienne remettre les yeux des électeurs devant leurs trous : la réalité reprend toujours sa place. On ne peut faire de changement sans bousculer un peu – sinon beaucoup – l’ordre établi ! Tôt ou tard on en arrivera aux « plats de résistance ».
C’est le 3e acte : les plats de résistance, où l’on verra comment la grâce trébuche et comment la crise s’invite à la table des Français (vers 39 minutes)
Le premier plat de résistance est un civet de sanglier que le Président servira, car « comme je suis au centre, je crois que j’ai le bras assez long pour servir tout le monde. » (Vers 45 minutes) S’il semble satisfait, tout le monde le sera-t-il pour autant ? On comprend que l’on est dans la symbolique ici.
Puis, il y aura plus loin une allusion au fait que le Président chasse en Centrafrique et Valéry dira qu’il aime beaucoup l’Afrique. Et, Anne-Aymone d’ajouter que « l’Afrique le lui rend bien » (autour de 47 minutes). C’est là une allusion à l’affaire des diamants l’impliquant avec l'ancien président, puis empereur, de Centrafrique Jean-Bedel Bokassa. (1)
Ensuite, quand le président dira qu’on est sorti de la nouvelle cuisine, mais qu’il y a les bons gras et les mauvais gras, on pourra y voir une allusion économique cette fois-ci, car s’il faut favoriser les bons gras, on doit nécessairement couper dans les mauvais. Et, cela peut faire mal, surtout si on pense aux rationalisations économiques qui ont débuté à cette époque.
D’ailleurs, José, trois ans maintenant, dit qu’il veut faire chômeur plus tard. (Vers 49 minutes) C’est que les enfants jouent au chat chômage, genre de tag, à la garderie ou à l’école, dit son père pour l’excuser. C’est d’ailleurs le sujet central de discussion en France. Michel chante alors la chanson d’Eddy Mitchell sur le chômage : « Il ne rentre pas ce soir » (vers 50 minutes).
Alors, la question se pose nécessairement autour de la table : monsieur le président, qu’est-ce que vous allez faire? (Vers la 51e minute) Il a répondu en substance :
« En France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées. Il faut doubler, réduire la dépendance à l’énergie, bref doubler la production de l’énergie nucléaire en 5 ans! »
Puis, un peu plus loin (vers 53 minutes), Valéry Giscard d’Estaing reprend de plus belle sur sa lancée :
« Il faut miser sur l’innovation pour créer de nouveaux emplois et faire rayonner la France et les Français dans le monde. L’étoile qui se meut dans le ciel, vous la voyez? C’est le satellite propulsé par la fusée Ariane, Oréole. C’est Anne-Aymone qui l’a baptisé. « Un grand oiseau blanc » (Marcel), c’est le Concorde qui relie Paris à New York en moins de 3 heures, lui répond le président. Attention, ça va faire du bruit, et du bruit jusqu’à Belfort, car c’est l’entreprise Alshtom qui va faire les buggys pour les prochains trains à grande vitesse. (…) Et cela, qu’est-ce que c’est? C’est un terminal de communication pour tous les Français : le Minitel. »
Bref, en bon polytechnicien (ingénieur) qu’il était, Valéry Giscard d'Estaing avait un penchant pour « le progrès technique au service d’une nouvelle société prospère, confiante, optimiste.» (Vers 55 minutes)
Impressionnée, la tablée est toutes derrière lui jusqu’à ce qu’il dise...
« Je suis content, content que des gens comme vous saisissent le sens de notre action. » (Vers les 55 min)
Il vient de créer un froid. « Qu’est-ce que vous voulez dire par des gens comme nous? » (Marcel) On est trop simple pour comprendre…
Il ne pourra pas justifier le passage à un nouveau paradigme, indispensable au début des délocalisations/relocalisations d’entreprises et à la nécessité d’une unité européenne pour rivaliser avec la puissance économique des États-Unis, par exemple. Cela lui sera fatal. Pourtant, sa vision du progrès préfigurait de ce qui venait : la mondialisation (2) et le traité de Maastricht, qui créera l’Union européenne en 1992 (3) sous François Mitterrand.
Pour convaincre les électeurs, cependant, il faut savoir les intégrer dans ces mouvements plutôt que de les tenir à l’écart comme s’ils ne pouvaient pas comprendre. Ça ne prend pas un plan d’ingénierie, mais bien un plan de communication ou de marketing pour vendre l’idée du changement. Mais, Giscard D’Estaing n’était pas un vendeur, mais un polytechnicien.
Intermède du Trou normand : Le cœur des femmes ou les moyens d’être heureuse (vers 57 min)
Marie-France dit qu’elle veut faire quelque chose de sa vie. Mais, quand on lui demande quoi, elle n’en sait rien.
Alors, pourquoi pas un deuxième enfant ? Et, pourquoi pas un salaire pour que les femmes restent à la maison? dit madame la présidente.
Mais, pourquoi Michel ne ferait-il pas l’homme au foyer? Moi, je trouverais un emploi qui me conviendrait mieux. Conservatrice, madame la présidente n’est pas d’accord, mais admet que ce serait une révolution malgré son inconfort face à cette tournure imprévue de la discussion. Elle se laisse même emporter par ce courant, qui est révolutionnaire pour elle, et chante alors (vers 1h03) « Moi, si j’étais un homme, je serai capitaine » de la chanteuse d’origine québécoise Diane Tell.
On a naturellement droit au discours de Giscard d’Estaing du 31 décembre 1977 à la télé, ce qui nous place au 1er janvier 1978. Germaine présente alors un plat qui vient de la mer : le filet de bar au champagne (4). Mais, il a rétréci; qu’il a rétréci, comme le pouvoir d’achat des Français !
« Alors ça, ce n’est pas banal. On n’a jamais vu un poisson rétrécir comme ça ! »
...
Le Président : « Vous savez Germaine, less is more. » (Vers 1h07)
Et, ensuite, le petit José Corini présente « le second plat de résistance, où l’on verra comment le président propose une solution de rigueur. »
On vient d’entrer dans l’ère des rationalisations économiques ! Mais, rationalisation pour les autres, pas pour l’État comme le montre cette fable. En effet, comme le président a divisé le poisson en six parts égales au lieu de sept, il faudra alors en remettre au président. Anne-Aymone dira d’ailleurs que « vous n’avez rien dans l’assiette Valéry. » Ainsi, « chacun d’entre vous va devoir lui redonner un morceau de son poisson ! » expliquera-t-elle alors. (Vers 1h08) Ce sera le mécontentement général , le président et Anne-Aymone en ayant eu plus que tous les autres à la fin. Marcel, dira alors que, quand j’ai faim, je ne suis plus le même et il chantera « Alexandrie Alexandra » de Claude François. (vers 1h11)
Marcel reviendra ensuite à la charge en disant que le président « va donner tout notre poisson aux Allemands ». (vers 1h14) Et, le Président et son épouse expliquent alors qu’il faut partager le poisson avec les Allemands, construire l’Europe, laisser fixer le juste prix par les entreprises. Bref, on s’ouvre ainsi au concept du libre marché qui devrait contribuer au bienêtre de tous. Mais, ce sont les entreprises qui auront le gros bout du bâton dans ce système dérégularisé, certainement pas les petits ouvriers et encore moins les laissés pour compte du système.
Acte 4 : Le fromage, chaos dans la civilisation, où l’on verra comment les conflits de mœurs s’additionnent aux conflits économiques (vers 1h18)
Réorganiser, telle sera l’affaire du gouvernement en 1979. Mais, tout ce qui change agace les conservateurs. Le côté progressiste de Valéry Giscard d’Estaing les agacera donc davantage, car, rappelons-le, il se disait progressiste-conservateur. Deux mots « qui ne vont parfois pas très bien ensemble » ! (5)
Et là, vlan ! Le chaos rebondit dans la cuisine. Marie-Josée dit qu’elle ne veut plus de deuxième enfant. (Vers 1h23 de la pièce) Alors, le père lui dit « tu ne vas pas faire comme toutes ces trainées », allusion à l’IVG (Interruption Volontaire de Grossesse), car cette loi ne passe pas pour les conservateurs purs et durs, représenté ici par Marcel. La scission est donc faite entre les conservateurs purs et durs et ce progressiste-conservateur. Anne-Aymone, pour appuyer son mari, dira que même l’Ange Gabriel a demandé son avis à la vierge Marie. Et, Marie-France, de répondre qu’elle s’est bien fait baiser Marie ! (Vers 1h24)
Le Président arrive avec des variétés de fromage, représentant la plus grande liberté de choix que nous offre l’ouverture des marchés et des idées selon sa conception du libéralisme, mais, pour Marcel, un conservateur au sens classique du terme, le Président a tout bousillé au nom de la liberté ! (Vers 1h26 de la pièce) Si on ne le réalisait pas à l’époque, on le comprend mieux maintenant : on est passé du libéralisme classique, où l’État pouvait intervenir, au néolibéralisme, ce qui a signifié le retrait de l’État des sphères économiques et un laisser-faire aux entreprises - qui soi-disant s’autoréguleront - pour leur plus grand profit. C’était le premier jalon vers le libertarianisme (6) qui se voit maintenant dépassé par le trumpisme sur sa droite (7).
Face au conservatisme de son père, Mari-France sautera sa coche et dira « on a le droit de disposer de notre corps » (vers 1h26). Et elle revient sur le temps de ses études (non terminée) à Paris en 1968. Elle dira d’ailleurs d’elle-même que « Marie France s’en est bien servie des petits bourgeois et je peux dire que je me suis bien fait plaisir » à cette époque de la libération sexuelle. Il faut alors voir son interprétation jouissive de « Ça plane pour moi » de Plastic Bertrand. (Vers 1h28 de la pièce)
Ici j’ouvre une parenthèse. Il est fascinant de voir comment on revient à un certain conservatisme religieux et moral depuis l’an 2000 ! On est passé de « Ni Dieu, ni maître » de Léo Ferré (8) à un retour du religieux sur la place publique d’une part (9) et, d’autre part, la pensée religieuse revient se confronter à l’éthique et à la science dans les gouvernements. Un glissement subtil, mais important. C’est difficile à voir, mais je peux quand même vous donner un exemple clair. Si l’on croit que Dieu refera une nouvelle terre ou que Jésus reviendra si l’on refait le grand Israël biblique, il n’y a alors aucun problème à ne pas s’occuper de l’environnement ou à soutenir indéfectiblement Israël dans ses guerres. C’est justement ce que font les républicains états-uniens pour soutenir les chrétiens fondamentalistes en retour de leurs votes. Mais, si l’on sait que cette terre, c’est la seule que l’on a, il est alors criminel de ne pas la protéger davantage. Là est toute la différence entre un gouvernement qui se base en large partie sur la science et l’éthique et un autre qui veut plaire aux groupes religieux qui composent la majorité de son électorat. Ceci met fin à cette parenthèse.
Pour en revenir à Marie-France, à la fin de cette interprétation de « Ça plane pour moi », elle passe le micro à Giscard d’Estaing, qui souhaite ses meilleurs vœux aux Français et aux Françaises pour 1980 (vers 1h29).
Mais, même si l’inflation continue, Giscard parle surtout du progrès social, car, pour lui, les choses sont parfois dissimulées aux yeux des gens. Il voit le progrès où d’autres vivent une crise. Alors, il persiste sur la même voie malgré les objections du peuple :
« Pour vous ce n’est pas la crise!
Boucassa et ses diamants.
Combien elle va me couter ton Europe ?
C’est la mort de la France
C’est quoi tes combines avec tes amis africains? » (La famille, vers 1h30)
Toutefois, Giscard ne semble pas vouloir s’arrêter et continue sur sa lancée. Il aurait peut-être dû s’adoucir et clarifier davantage ses propos, car cette crise ne concernait pas seulement la France :
«En 1980, la France a besoin de sérieux, de courage, d’adaptabilité, de générosité et d’unité de la part des Français. »
(...)
Giscard dit qu’on lui reproche son optimisme, mais ce n’est pas de l’optimisme; plutôt de la confiance dans un peuple que j’aime et que je respecte. Il n’y a que dans la modération que l’on puisse marier le cœur et la raison; l’audace et la mémoire; l’espérance et la lucidité. Il n’y a que dans la modération que l’on puisse véritablement gouverner. Alors, j’attends le dessert avec confiance... » Valéry Giscard d’Estaing (vers 1h32)
Le dessert sera une surprise de taille pour le destin d’Estaing, qui voudrait revenir dans un second mandat !
Acte 5 : Le dessert. 1981, où l’on verra comment la droite et la gauche s’unissent pour faire tomber le président (vers 1h34)
Giscard veut la fève de la galette des Rois… mais il n’en aura pas ! Puis, à 1h39 de la pièce, le petit José chante « Attention mesdames et messieurs », car les choses vont changer.
En 1981 François Mitterand sera alors élu Président de la République (51,7%) face à Valéry Giscard d’Estaing (48,3%) suite à une alliance entre la droite et la gauche pour le sortir de l'Élysée. Pour bien comprendre ce qui s’est passé, je vous conseille une autre pièce, que l'on retrouve aussi sur OPSIS, et qui explique très bien les mouvements qui ont été nécessaires pour faire passer François Mitterrand à la présidentielle de 1981 : Élysée. Nous en avons déjà parlé dans Societas Criticus. (10) Elle est éclairante sur les dessous de la politique et complémentaire à cette pièce et à celle sur Mitterand (11), toutes deux dans la série Huit rois (nos présidents). Ces trois pièces sont un trio gagnant à voir sur OPSIS !
En conclusion
Vraiment bon pour comprendre la France, la construction de l’Europe et les failles qui en ressortent actuellement. Mais, quand on voit les visées expansionnistes de la Chine, de la Russie et des États-Unis, une Europe qui se prendrait en main serait plus que nécessaire comme contrepoids à ces goinfres qui voudraient se partager et contrôler le monde. C’est qu’ils sont beaucoup plus dangereux que les Google, Apple, Facebook (Meta), Amazon et Microsoft dont on s’inquiète !
N’oublions pas que Donald Trump parle du Canada comme d’un futur État des États-Unis, d’acheter le Groenland et de reprendre le canal de Panama. Rien de moins. (12) Et, avant cela, il parlait d’imposer des tarifs de 25% sur le commerce interfrontalier entre le Canada et les États-Unis, deux partenaires de longue date, ce qui a fait dire à un chroniqueur du Globe and Mail « All of which leaves me with just one question: Can we join Europe? » (13)
Postface
Avec ce genre de pièce, je m’aperçois que je n’étais pas un enfant normal dans les années 1960-70, car je ne fais pas que comprendre cette pièce, mais j’ai même des souvenirs de cette période. Pourtant, je suis de Montréal et je n’ai jamais voyagé à l’extérieur du pays.
Cependant, à l’âge de 10 ans (1968), j’écoutais des émissions de radio et de télévision qui abordaient des sujets politiques et internationaux, comme la minute éditoriale de Solange Chaput-Rolland à CKAC, Pierre Nadeau et André Payette à Radio-Canada avec des émissions comme Format 30 et Format 60 à la télévision et Présent à l’écoute à la radio. Je lisais aussi l’Express (14) à la bibliothèque de mon école secondaire publique dans les années 1970 (Joseph-François-Perrault à Montréal), peut-être une revue qu’avait demandée un professeur à la bibliothèque de mon école secondaire, car ce genre de revue n’est pas courant dans les écoles à ce que j’ai vu plus tard. Mais, moi, j’en ai profité, si je peux le dire…
Notes
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_des_diamants
2. Mon mémoire de maîtrise porte justement sur cette question. Voir Handfield, Michel, 1988, La Division Internationale du Travail et les Nouvelles Formes d'Organisation du Travail: une nouvelle perspective, Montréal : Université de Montréal, 163 pages. Disponible en ligne à Bibliothèque et Archives Canada : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/michel_handfield/division_internationale_travail/pdf/HandfieldMLaDITetlesNFOTunenouvelleperspective.pdf
3. https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/38655-grandes-dates-de-la-construction-europeenne-cee-ue
À voir aussi l’engagement de François Mitterrand en faveur du traité de Maastricht dans les archives de l’INA :
4. https://madame.lefigaro.fr/recettes/filet-de-bar-champagne-021212-307230
5. Si cette phrase évoque quelque chose pour vous, mais que vous ne parvenez pas à mettre le doigt dessus :
« Michelle, ma belle
Sont les mots qui vont très bien ensemble
Très bien ensemble » Michelle, de The Beatles
Source : https://www.google.com/search?q=paroles+Micehhe+Beatles&oq=paroles+Micehhe+Beatles
Pour le clip vidéo : https://youtu.be/T05jx2aA-1Q
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Libertarianisme
7. https://en.wikipedia.org/wiki/Trumpism
8. « Ni Dieu, Ni Maître » de Ferré sur YouTube : https://youtu.be/scySMDAVuTo?si=jSRYvUrAMgx9xziY
9. À ce sujet, il faut lire « La relance du religieux » de Louise-Maude Rioux Soucy
dans Le Devoir du 24 décembre 2024 :
10. Michel Handfield, Élysée - théâtre OPSIS, Societas Criticus, Vol. 24-07 (2022) :
À BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
À BAnQ : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/61248
11. Michel Handfield, Génération Mitterrand sur Opsis, Societas Criticus, Vol 26-02 (2024) :
À BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
À BAnQ : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/61248
12. Je cite trois passages d’un texte du Globe and Mail à ce sujet :
« As Donald Trump marked Christmas less than a month before returning to the U.S. presidency, he spent much of the festive season repeatedly musing about annexing Canada, Greenland and the Panama Canal.
The exact aim of the U.S. president-elect’s repeated expansionist declarations on social media is not clear – whether they are trolling, tactical negotiating threats or a serious embrace of imperialist manifest destiny.
(…)
Roland Paris, a former foreign policy adviser to Prime Minister Justin Trudeau, said Mr. Trump’s talk does, however, appear to line up with his embrace of a bygone era in U.S. history: the president-elect has often praised the heavily protectionist economy of the late 1800s and early 1900s Gilded Age. His annexation ideation is similarly a throwback to long-ago U.S. dreams of continental territorial expansion. » (Adrian Morrow, What’s behind Donald Trump’s musings about absorbing other countries into the U.S.?, The Globe and Mail, 2024-12-28 : https://www.theglobeandmail.com/world/us-politics/article-whats-behind-donald-trumps-musings-about-absorbing-other-countries/)
13. Andrew Coyne, Canada is far from ready for the chaos coming our way, The Globe and Mail, November 13, 2024 :
14. L’Express, que l’on peut maintenant lire en ligne : https://www.lexpress.fr/
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Hyperliens
Valéry Giscard d'Estaing :
Anne-Aymone Giscard d'Estaing :
Présidence de la République (1974-1981) :
FNRI :
Parti républicain (France) :
Cricqueville-en-Bessin :
Mai 1968 :
Pau Bocuse :
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Hamlet d’Ambroise Thomas à l’Opéra de Montréal (Terminé)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-05 : www.societascriticus.com
Résumé
Hamlet d’Ambroise Thomas est une adaptation de l’emblématique pièce de théâtre de Shakespeare. À travers une brillante mise en scène d’Alain Gauthier, le public sera témoin de l’angoisse et du ressentiment tragique qui accablent les victimes d’un système où règne la corruption. Le talentueux chef Jacques Lacombe dirigera l’Orchestre Métropolitain.
Source : https://www.operademontreal.com/programmation/hamlet#summary
Argument
Acte I
Le mariage de Claudius et Gertrude est célébré. Hamlet, bouleversé par la mort de son père et le remariage subit de sa mère, est visité par le spectre de son père qui lui révèle avoir été assassiné par Claudius. Hamlet jure de le venger.
Acte II
Ophélie s'inquiète du comportement changeant de Hamlet. Lors d'un banquet, Hamlet engage une troupe de comédiens pour révéler, dans une pantomime mettant en scène un assassinat, la culpabilité du couple royal, provoquant colère et consternation.
Acte III
Hamlet contemple la destinée humaine dans le célèbre monologue « Être ou ne pas être. » Après avoir secrètement épié Claudius en proie au remords, il repousse Ophélie et confronte sa mère. Le spectre apparaît encore à Hamlet pour lui rappeler sa mission vengeresse.
Acte IV
Ophélie, repoussée par Hamlet, sombre dans la folie. Errante, en proie au délire, elle s'enfonce dans les eaux profondes d'un lac, hantée par ses souvenirs d'amour déçu.
Acte V
Hamlet songe avec regret à Ophélie, ignorant tout de son triste sort. Après une confrontation avec Laërte, un cortège funèbre révèle à Hamlet la fin tragique d'Ophélie. Alors qu'il songe à la rejoindre dans la mort, le spectre de son père le rappelle à son devoir. Hamlet tue Claudius et devient roi du Danemark.
Source : https://www.operademontreal.com/programmation/hamlet#argument
Distribution
HAMLET ELLIOT MADORE
OPHÉLIE SARAH DUFRESNE
LA REINE GERTRUDE KARINE DESHAYES
CLAUDIUS NATHAN BERG
LAËRTE ANTOINE BÉLANGER
MARCELLUS ROCCO RUPOLO
HORATIO ALEXANDRE SYLVESTRE
POLONIUS MATTHEW LI
LE SPECTRE ALAIN COULOMBE
CHEF D’ORCHESTRE JACQUES LACOMBE
METTEUR EN SCÈNE ALAIN GAUTHIER
CONCEPTION DES DÉCORS FRÉDÉRICK OUELLET
CONCEPTION DES COSTUMES SARAH BALLEUX
CONCEPTION DES ÉCLAIRAGES RENAUD PETTIGREW
CHEF DE CHŒUR CLAUDE WEBSTER
PIANISTE-RÉPÉTITRICE ESTHER GONTHIER
PIANISTE-RÉPÉTITEUR (CHŒUR) PIERRE MCLEAN
Source : https://issuu.com/operademontreal/docs/odm2461_prog_hamlet_fr_vf
Commentaires de Michel Handfield (2024-11-26)
D’abord, même si tous les médias ou presque l’ont fait, il faut souligner la prestation de Sarah Dufresne en Ophélie. (1) Ceci étant fait, revenons à notre sujet.
Si l’on connait surtout le Hamlet de Shakespeare, autour de 1600 (2), l’histoire d’Hamlet remonte bien avant, comme on le trouve sur Wikipédia :
- La légende scandinave d'Amleth (Saxo Grammaticus), vers 1200
- François de Belleforest, 1570
- Thomas Kyd et l'Ur-Hamlet, 1594 (3)
Ce livret d’Hamlet (4a), de Michel Carré (4b) et de Jules Barbier (4c), sur la musique d’Ambroise Thomas (5), est une adaptation de la pièce de Dumas père (6a) et de Paul Meurice (6b), intitulée « Hamlet, prince de Danemark », publiée en 1848. Elle a été présentée pour la première fois au Théâtre historique (Paris) (7) le 15 décembre 1847 (8), ce que nous apprend Wikipédia.
Bref, Hamlet a connu plus d’une version même si on l’associe toujours à Shakespeare ! De voir la version de Dumas et Meurice, plus contemporaine, fut rafraichissant.
Contrairement à la version de Shakespeare, où Hamlet meurt; dans cette version, plutôt basée sur le Hamlet d’Alexandre Dumas et Paul Meurice (9), il ne meurt pas, mais devra abandonner sa vie pour le royaume, car il devient roi et est bien seul, Ophélie s’étant suicidée suite à son comportement. Je cite les deux derniers passages à témoin :
Hamlet
Et moi? Vais-je rester, triste orphelin, sur terre,
À respirer cet air imprégné de misère?
Tragédien choisi par le courroux de Dieu,
Si j’ai mal pris mon rôle et mal saisi mon jeu,
Si, tremblant de mon œuvre et lassé sans combattre,
Pour un que tu voulais, j’en ai fait mourir quatre, -
Est-ce que Dieu sur moi fera peser son bras,
Père? Et quel châtiment m’attend donc?
Le fantôme
Tu vivras ! (10)
Le Pouvoir a donc ses exigences qui obligent souvent le renoncement de soi ! Un point de vue intéressant au moment où plusieurs cherchent la visibilité, la gloire, la richesse et le pouvoir sur les réseaux sociaux en se créant des personnages plus grands que nature, mais artificiels.
Tout cela, à quel prix?
C’est trop souvent au prix de se perdre soi-même dans l’illusion, une peine plus cruelle que la mort d’Hamlet dans la version shakespearienne, car il sera hanté tout son règne de la perte d’Ophélie, l’amour sacrifié ! Quand on regarde la monarchie, n’est-ce pas d’ailleurs leur triste destin? Connu et en apparence riche. Mais, ils ne s’appartiennent pas. Ils appartiennent à l’institution de l’État qu’ils incarnent et ont probablement moins de libertés individuelles que leurs sujets. Cela a donné lieu à quelques histoires tragiques...
Notes
1. https://www.operademontreal.com/artistes/sarah-dufresne
2. « La date exacte de la composition de la pièce n'est pas connue avec précision ; la première représentation se situe entre 1598 et 1601. Le texte fut publié en 1603. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamlet
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamlet
4a. https://fr.wikipedia.org/wiki/Hamlet_(opéra)
4b. https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Carré_(librettiste)
4c. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Barbier
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ambroise_Thomas
6a. https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Dumas
6b. https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Meurice
7. https://en.wikipedia.org/wiki/Théâtre_Historique
8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Meurice#Œuvres
9. Dans le programme, on nous parle d’Ambroise Thomas, le compositeur, mais pas du livret de Michel Carré et Jules Barbier, dont la finale ressemble bien au texte d’Alexandre Dumas et de Paul Meurice, ce dont on ne parle pas non plus. Après quelques recherches sur internet, pourtant, on trouve ceci :
« Hamlet is a grand opera in five acts of 1868 by the French composer Ambroise Thomas, with a libretto by Michel Carré and Jules Barbier based on a French adaptation by Alexandre Dumas, père, and Paul Meurice of William Shakespeare's play Hamlet. » https://www.operaamerica.org/calendar/production/22732/hamlet
10. Alexandre Dumas, Hamlet : prince de Danemark, Emplacement 1589 sur 1633 – 98%, BnF collection ebooks/Kindle
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Kukum (TNM)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-05 : www.societascriticus.com
De Michel Jean
Adaptation théâtrale Laure Morali
Avec la collaboration de Joséphine Bacon
Mise en scène Émilie Monnet
Théâtre du Nouveau Monde (https://tnm.qc.ca/) en coproduction avec Onishka (https://onishka.org/)
Partager le destin innu
Parfois dans la vie d’une nation, arrive à point nommé une œuvre qui, grâce à l’émotion qu’elle suscite, entraîne une prise de conscience collective et transforme les mentalités. Ainsi en est-il de Kukum, le roman de Michel Jean publié en 2019 et dont les répercussions ne cessent de s’étendre. En imaginant son arrière-grand-mère se remémorer sa vie, l'auteur nous fait intimement ressentir l’intense accord du mode de vie nomade des autochtones avec les terres, les rivières et les forêts, puis la brutale spoliation de leurs territoires, leur sédentarisation forcée dans des réserves et le rapt de leurs enfants pour les enfermer dans de lointains pensionnats.
Au début du vingtième siècle, sur les bords du majestueux Pekuakami – rebaptisé Lac Saint‑Jean – une orpheline blanche de quinze ans s’éprend d’un Innu, Thomas Siméon. Quittant l’étouffante vie de colons de son oncle et de sa tante, elle est accueillie bras et cœurs ouverts par sa nouvelle famille dont elle adopte la langue et les migrations annuelles. Chaque automne, la famille Siméon embarque dans ses longs canots pour accéder à ses territoires de chasse par la somptueuse rivière Péribonka. Mais à la fin d’un été, Almanda et le clan Siméon trouvent la rivière bloquée par des milliers et des milliers de troncs d’arbres et aperçoivent au loin les montagnes de leur territoire massacrées par des coupes à blanc… Sans parler de ces hommes qui leur affirment qu’ils ne sont pas chez eux.
L’adaptation théâtrale de l’écrivaine Laure Morali, avec la collaboration de la grande poète innue Joséphine Bacon, sera interprétée par une éclatante distribution d'acteurs et d'actrices autochtones, ainsi que par Léane Labrèche‑Dor dans l’émouvant rôle d’Almanda.
À la mise en scène, le TNM est fier d’accueillir l’artiste interdisciplinaire d'origine anishinaabe et française Émilie Monnet, la créatrice d’Okinum et de Marguerite : le feu, programmée par le prestigieux Festival d’Avignon en 2023.
Pour plus de détais : https://tnm.qc.ca/2024-2025/kukum
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-11-22)
« Faire des ponts » semble une expression de notre décennie postpandémique. On entend souvent cette expression dans les médias, car, après que chacun fut confiné chez soi au début de la pandémie de COVID-19, on cherche maintenant à rétablir des liens entre les individus et les communautés. Pourtant, ce n’est pas nouveau. J’y reviendrai en postface, car cette expression me touche personnellement.
Il nous faut maintenant faire des ponts avec l’autre pour avancer. À droite, on mise sur l’intégration à la culture commune; à gauche sur le multiculturalisme; et au centre sur l’interculturalisme. Expression d’un nouvel humanisme, il faut au moins rallier les cultures qui partagent déjà un même territoire. Refaire le chemin contraire du colonisateur qui imposait sa culture comme étant la seule rationnelle ! Bref, il nous faut déconstruire « le principe sur lequel les puissances impériales ont de tout temps assis leur domination : diviser pour régner. » (1)
Si ce principe semble nouveau, à défaut de ponts, il y a toujours eu quelques chemins de traverse, dont des mariages interculturels entre Canadiens français et autochtones. C’est ce dont nous parle la pièce Kukum au TNM: l’arrière-grand-mère de Michel Jean avait marié un autochtone et il raconte cette histoire en lui donnant une voix, portée avec talent par Léane Labrèche-Dor dans le rôle d’Almanda. (2) Par la même occasion, on en apprend davantage sur cette culture qui nous apparait étrangère même si l’on partage le même territoire. C'est que l’on s’est certainement davantage côtoyé sous le régime français que Britannique, même si, avec le temps, on l’a oublié. De voisins, coopérants et partenaires, on est devenus étrangers et indifférents.
Cette pièce nous fait replonger un orteil dans la culture autochtone; revoir l’avancée du capitalisme anglo-saxon qui a forcé la réclusion des autochtones dans des territoires de plus en plus circonscrits, dû à l’exploitation des ressources naturelles (particulièrement de la forêt) et des mines; l’éveil économique des Canadiens français, avec la construction des grands barrages à partir du tournant des années 1960 (3); puis, enfin, du lien originel perdu avec les autochtones dont parlait le documentaire QUÉBÉKOISIE en 2013 (4), même si le métissage entre les Canadiens français et les autochtones relève plutôt du mythe anthropologique (5) que de la réalité génétique (6).
Bref, on les a symboliquement effacés avec le temps. Par contre, par la culture, notamment la chanson au départ (7), des liens se sont tranquillement refaits depuis. Du chemin reste à faire, mais les ponts sont rétablis et c’est tant mieux.
Postface : Faire des ponts.
Je ne revendiquerais pas la paternité de cette expression, mais « Faire des ponts entre les gens… pour redonner Sa place au Citoyen!» était mon slogan électoral en 1998, alors que je me suis présenté comme conseiller municipal indépendant dans le district de François-Perrault à Montréal.
De cette expérience, même si je ne fus pas élu, est né Societas Criticus, car, après cette élection j’ai planché pour transformer mon site internet de delinkanpolitik à Societas Criticus, encouragé par un bon ami qui fut mon coéditeur de nombreuses années : Gaétan Chênevert. On voit bien d’où est née ma signature de Délinkan Intellectuel, qui coiffera ensuite notre section culturelle.
Notes
1. Stephen A. Marglin, Origines et fonctions de la parcellisation des tâches, in André Gorz, Critique de la division du travail, Point Politique, 1973, p. 53
2. Dans le cas de ma famille maternelle, il y a eu une histoire du genre avec une très arrière-arrière-grande tante, probablement mariée dans les années 1870, selon mes dernières recherches sur internet. J’en avais parlé dans mon commentaire sur le film Hero by Nature (L’Âme d’un héros), de Roger CANTIN, in Societas Criticus, Vol. 8 no. 2 (2006) :
Ou à BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/
3. Le projet Manic-Outardes a débuté en 1959 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Manic-Outardes
4. QUÉBÉKOISIE, in Societas Critiicus, Vol. 16 no 2 :
Ou à BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/
5. Dans la description de ce film, on écrivait ceci :
« D’où vient cette méconnaissance des Autochtones, alors que des études montrent sans doute que plus de la moitié des « Canadiens français » ont au moins un ancêtre amérindien? » https://mofilms.ca/fr/boutique/quebekoisie/
Vous trouverez aussi cette présentation dans notre critique du film, car nous plaçons souvent les documents de presse avant nos commentaires. Voir nos liens en note 4.
Ce film est aussi disponible pour visionnement sur le site de l’ONF : https://www.onf.ca/film/quebekoisie/
6. Par contre, quand on parle du métissage des Canadiens français avec les autochtones, la recherche génétique récente ne va pas dans le sens d’un si grand métissage :
« The first 2600 French settlers contributed two-thirds of the French Canadian gene pool (18). French settlers occupied territory inhabited and used by First Nations for thousands of years (19). Despite folk histories implying large amounts of Indigenous ancestry among French Canadians (20), genetic and genealogical studies show that French Canadians born in Quebec carry on average<1% of ancestry tracing back to Indigenous populations, with the rest being mostly attributed to French ancestry (21). » Luke Anderson-Trocmé, Dominic Nelson, Shadi Zabad et al., HUMANGENETICS: On the genes, genealogies, and geographies of Quebec, Science, 380, 26 may 2023, p. 849.
Pour les notes dans cette citation :
18. H. Charbonneau et al., The First French Canadians: Pioneers in the St. Lawrence Valley (Univ. of Delaware Press, 1993).
19. Aboriginal and Northern Affairs Canada, First Nations in Canada (2013) : https://www.rcaanc-cirnac.gc.ca/eng/1307460755710/1536862806124#chp0
20. Y. Beauregard, Cap-aux-Diamants 34,38–42 (1993).
21. C. Moreau et al., PLOS ONE 8, e65507 (2013).
7. Je pense ici au groupe Kashtin qui a percé le marché de la radio à la fin des années 1980. Voir :
- Leur vidéo sur YouTube : https://youtu.be/yiMrFf3-FLk?si=UQDJUxLjKrVzYDFW
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Kashtin
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Nos brèves Facebook – En sortant du gym !
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-04 : www.societascriticus.com
Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-11-15)
En sortant du gym ! (Michel Handfield, Facebook, 2024-10-21, Societas Criticus, Vol. 26-04)
Je pense que l'auto de Google maps faisait le tour du stationnement devant l’Econofitness de la Place Viau, arrondissement de Saint-Léonard, Montréal, Québec, Canada.
Si c'est le cas, je pense être sur quelques clichés, de loin, mais peut-être aussi une de près, sur les prochaines photos de Google maps.
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La femme qui fuit (TNM)
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-04 : www.societascriticus.com
Adaptation théâtrale : Sarah Berthiaume
Mise en scène : Alexia Bürger
Production : Théâtre du Nouveau Monde
Argument
Où est Suzanne ? Elle est partie. Elle est la femme qui fuit. La femme qui abandonne ses deux jeunes enfants. En 1952. Comment est-ce possible ?
Qui est Suzanne ? Elle est peintre et poète. Elle est proche du groupe des automatistes qui, à travers son manifeste collectif Refus global, déboulonne les entraves à la liberté et ouvre la porte à la modernité au Québec en 1948.
Sa petite-fille, Anaïs, cherche aujourd’hui à comprendre qui était cette femme-mystère avide de liberté. Elle enquête, tire les fils du parcours de vie de sa grand-mère depuis l’enfance. Elle la cherche, la poursuit sans relâche.
Qu’est devenue Suzanne Meloche après sa séparation avec son mari, Marcel Barbeau, et l’abandon de Manon, trois ans, de François, un an ?
Les hommes qui ont traversé sa vie, les villes qu’elle a habitées, son engagement auprès du mouvement des droits civiques aux États-Unis, sa solitude, son désespoir, ses délires… Anaïs apprend à connaitre cette grand-mère qui n’a pas voulu faire sa connaissance.
Anaïs n’est pas seule dans sa quête. Elle est entourée sur scène d’un groupe de personnes qui font corps avec elle. C’est ensemble que le chœur reconstitue l’histoire de Suzanne, entre l’intime et le collectif. — Danielle Laurin
La femme qui fuit est une œuvre de fiction. La mise en situation des personnages et des évènements est purement imaginaire.
Distribution
DAVID ALBERT-TOTH
ALEX BERGERON
LUCINDA DAVIS
CATHERINE DE LÉAN, Narratrice
ÉVELINE GÉLINAS, Suzanne
JUSTINE GRÉGOIRE (en alternance), Suzanne enfant
MARIE-FRANCE LAMBERT, Suzanne
LOUISE LAPRADE, Suzanne
AGATHE LEDOUX (en alternance), Suzanne enfant
JEAN-MOÏSE MARTIN
PARFAITE SÉGOLÈNE MOUSSOUANGA
OLIVIA PALACCI
DANIEL PARENT
MAXIME-OLIVIER POTVIN
JACQUES POULIN-DENIS
ANNA SANCHEZ
ANNE THÉRIAULT
ZOÉ TREMBLAY-BIANCO, Suzanne
FABRICE YVANOFF SÉNAT
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-09-22)
La femme qui fuit peut être lue de plusieurs façons. D’abord, la quête de la mère/grand-mère absente pour Anaïs Barbeau-Lavalette (1) et sa mère, Manon Barbeau (2). Qui était-elle vraiment? Pourquoi cette fuite. Une histoire de famille !
Mais, il y a aussi tout un contexte autour de cette histoire. Quelle était la place des femmes dans les années 1950? C’est donc à cette plongée psychohistorique que nous convie cette pièce.
Enfin, pour les plus politiques, comme moi, on voit l’effet du pouvoir autocratique, même dans une démocratie, car, entre les élections, le Pouvoir peut être dictatorial. Et, Maurice Duplessis (3), avec ses alliés religieux les plus réactionnaires, a vu à la destruction non seulement idéologique, mais économique, des signataires du Refus global (4) qui s’opposaient au Pouvoir cléricopolitique de l’époque. Du jour au lendemain ils ont perdu leur travail à l’École du meuble (5) ou dans d’autres institutions de la province du Québec contrôlé par le régime duplessiste et l’Église catholique. C’était l’époque de la Grande Noirceur. (6)
Ils figuraient sur la liste noire de l’Union nationale (7) et de l’Église catholique, qui exerçaient un pouvoir considérable au Québec. Ils étaient maintenant comme des parias condamnés aux petits boulots ou à l’exil pour survivre, car les portes des grandes institutions leur étaient en partie toutes fermées, sauf peut-être quelques institutions qui tenaient tête à ce gouvernement bien appuyé par l’Église. (8) On brisait ainsi les forts en tête et les intellectuels qui osaient s’opposer aux Pouvoirs en place. Mais, on brisait aussi des ménages et des familles.
C’est une triste histoire, mais instructive, surtout à notre époque, où la popularité des populistes augmente. Quelle est leur première cible? La même que Duplessis visait : les intellectuels qui remettaient en cause les explications trop simplistes de ces dirigeants autocratiques qui savaient très bien s’allier à la religion pour manipuler le peuple. On peut d’ailleurs voir des parallèles entre le duplessisme et le trumpisme dans cette pièce, car, pour ces réactionnaires, on est libre seulement si on entre dans le rang de leur pensée religiopolitique. Ce qui n’y entre pas est tabou ou interdit. Sous Duplessis, nombreux étaient d’ailleurs les interdits moraux, tout comme ils reviennent sous le trumpisme.
Mais, le pire, c’est qu’une partie de la gauche mime maintenant cette droite réactionnaire, créant de nouveaux interdits et devenant de plus en plus contrôlante elle aussi. À ceux qui critiquent le « wokisme » de gauche, je dirais qu’il est plutôt un calque et une réponse au « wokisme » de droite.
Pour revenir à Suzanne Meloche (9), elle souffre doublement. D’abord, de ce climat délétère, mais ensuite de cette relégation de la femme en arrière-plan. Quand elle prend une toile pour exprimer son trop-plein et sa révolte, Marcel Barbeau (10) la brise en effaçant sa peinture, car les toiles sont rares et il se les réserve. C’est l’homme, c’est le peintre et, faute du travail à l’École du meuble, le couple n’a plus les moyens de ses ambitions artistiques ! L’Église et l’Union nationale ont sévèrement et durablement puni leur participation à ce manifeste revendicatif qu’est le Refus global.
On sent venir la fin du couple, Barbeau partant à l’extérieur pour de longues périodes et Suzanne rongeant son frein, seule avec les enfants. Elle en viendra à tout quitte pour vivre sa révolte.
Tristement, le centre qui cherchait un certain équilibre entre les différentes valeurs, libertés et responsabilités à la sortie de la Grande Noirceur disparait lentement lui aussi. S’il savait naviguer entre progressisme et conservatisme, cette position est de plus en plus jugée comme plate, non décisionnelle, voire incompétente, face aux populistes qui offrent des solutions miracles, tranchantes et radicales, même si elles ne sont que des idées qui passent rarement la rampe de l’analyse scientifique. Mais, qu'en ont-ils à faire de la science les populistes?
Maintenant, le centre se radicalise lui aussi vers l’extrême centre, moins porté sur les compromis. Il devient plus radical sur certaines valeurs au point de manquer de souplesse où l’on en aurait pourtant bien besoin. Au « thèse-antithèse-synthèse » de Karl Marx, on oublie maintenant la synthèse pour en venir aux coups entre les tenants de thèses opposées. Le dialogue et le compromis, pour trouver une voie de passage pour la majorité, disparaissent pour notre plus grand désespoir au point que « Jagmeet Singh semblait « vouloir se battre » avec Pierre Poilievre » il y a quelques jours à peine à la Chambre des communes. (11)
Pour tout dire de l’ambiance belliqueuse actuelle, le fondateur du Parti communiste semble moins radical que les chefs de partis politiques canadiens ou états-uniens actuels, particulièrement les populistes. On n’a qu’à penser à un certain Donald Trump, par exemple ! Il est vrai que Karl Marx était un intellectuel issu de la bourgeoise et non un populiste mal dégrossi. C’est bien pour dire…
Notes
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Anaïs_Barbeau-Lavalette
2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Manon_Barbeau
3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Maurice_Duplessis
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Refus_global
5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Éole_du_meuble_de_Montréal
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Noirceur
7. https://fr.wikipedia.org/wiki/Union_nationale_(Québec)
8. On peut penser ici à la Faculté des sciences sociales de l’Université Laval et à son doyen, le père Georges-Henri Lévesque :
- https://www.expo-virtuelle.fss.ulaval.ca/decole-faculte/maurice-duplessis-et-la-faculte.html
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges-Henri_Lévesque
9. https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Meloche
10. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Barbeau
11. Mélanie Marquis et Joël-Denis Bellavance, Prise de bec à la Chambre des communes. Jagmeet Singh semblait « vouloir se battre » avec Pierre Poilievre, La Presse, 19 septembre 2024 : https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2024-09-19/prise-de-bec-a-la-chambre-des-communes/jagmeet-singh-semblait-vouloir-se-battre-avec-pierre-poilievre.php
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Nos brèves Facebook (26-03) – Arts, culture, photos et alimentation en version corrigée et, parfois, augmentée ici
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-03 : www.societascriticus.com
Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2024-08-12)
- Montréal, la nature !
- Iris versicolore : l'emblème floral du Québec
- Trop cute : ma photo du jour !
- Belle finale des JO
Montréal, la nature ! (Michel Handfield, Facebook, 2024-05-22, Societas Criticus, Vol. 26-03)
Ce soir, après l'orage, un escargot des bois sur mon mur. Montréal, c'est aussi ça.
Iris versicolore : l'emblème floral du Québec (Michel Handfield, Facebook, 2024-05-29, Societas Criticus, Vol. 26-03)
Ça fait environ 3 ans que j'ai mis des morceaux de feuilles en terre qu'une dame m'a donnée. J'ai mes premières fleurs.
Trop cute : ma photo du jour ! (Michel Handfield, Facebook, 2024-08-07, Societas Criticus, Vol. 26-03)
Belle finale des JO (Michel Handfield, Facebook, 2024-08-11, Societas Criticus, Vol. 26-03)
Les jeux de Paris 2024 vont avoir marqué un renouveau des spectacles d'ouverture et de fermeture des jeux. Ils sont entrés au XXIe siècle grâce à Thomas Jolly. (1)
Seront-ils égalés, voire dépassés, dans les jeux qui suivront? Il a mis la barre très haut et a déjà marqué l'histoire postmoderne des Jeux olympiques comme étant le premier à avoir dépassé les codes existants des spectacles olympiques modernes.
Note
1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Jolly
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Vice, vertu, désir, folie au Musée des beaux-arts de Montréal
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-03 : www.societascriticus.com
Michel Handfield, M.Sc. Sociologie (2024-07-31)
Une exposition forte intéressante qui regroupe des œuvres des grands peintres flamands « entre 1400 et 1700, à une époque marquée par un formidable essor social, scientifique, économique et artistique » nous dit le site du MBAM (1).
Mais, si Dieu est dans tout, dont la nature, comme on le disait à l’époque, « Les artistes commencent ainsi à représenter des figures saintes sous la forme d’êtres humains en chair et en os dans des environnements familiers et contemporains. » (D’après la notice de la première salle : Le bon Dieu est dans le détail, dont j’ai mis la photo à la fin de ce texte.) D’ailleurs, quoi de plus près de nous que cet Enfant Jésus nu? Une toile d’Antoine Van Dyck, Marie, le Christ et Jean-Baptiste, vers 1627-1630.
Je reviens d’ailleurs sur ce point dans « Le mot que j’ai mis sur Facebook » que vous trouverez plus bas.
Une exposition intéressante que j’ai parcourue une première fois de façon rapide pour m’en donner une impression. C’est que j’aime aller voir une exposition de la façon dont les peintres travaillent : par petites couches superposées.
La première fois, je fais un tour rapide. C’est mon canevas. Ensuite, je peux y retourner une, deux ou trois fois pour voir des détails. Des rappels que j’approfondis. C’est ma façon de voir l’art; de me l’approprier et de l’intégrer dans ma façon de voir et d’analyser le monde ! En conséquence, je lis peu les notices, ne prends pas de guide audio et encore moins de visite guidée pour me faire ma propre idée sans influences.
Un très bon exemple de ma façon de voir les choses et de l’intégrer dans mon système d’analyse est ce mot que j’ai mis sur mon Facebook lors de ma visite (2024-07-25), mais que j’ai quelque peu corrigé ici pour le français et la forme, car ce fut écrit « live » dans la première salle de l’exposition et immédiatement posté sur Facebook. Une chose que je fais fréquemment tout de même, Facebook étant en quelque sorte le canevas de mes premières réflexions que je peaufine et enrichis ensuite pour faire mes textes si je juge l’idée et/ou le sujet valable d’être poursuivis et approfondis.
Quand le Musée nous donne une leçon de politique ! (Michel Handfield, Facebook, 2024-07-25, Societas Criticus, Vol. 26-03)
« Les artistes peignent des univers regorgeant de détails, notamment parce que la croyance veut que Dieu soit à l’origine de tout, tant une fraise qu’une pie ou un rubis étincelant. La contemplation de la nature est un moyen d’appréhender Dieu, tout comme l’observation attentive d’images du monde naturel représenté dans tous ses merveilleux détails. » (La fin de la notice de la première salle : Le bon Dieu est dans le détail)
Pierre Poilievre et Donald J. Trump, allez visiter le Musée des beaux-arts de Montréal. Vous allez y apprendre que c'est la contemplation de la nature et non sa destruction qui est un moyen d'appréhender Dieu. Si Dieu existe, les environnementalistes en sont probablement plus près que vous et votre droite réactionnaire, je vous le dis.
La traduction anglaise, faite avec Google traduction, mais corrigée ici. Je l’avais aussi mise sur les réseaux sociaux, mais dans sa version originale et première.
Pierre Poilievre and Donald J. Trump, go visit the Montreal Museum of Fine Arts. You will learn that it is the contemplation of nature and not its destruction that is a way to understand God. If God exists, environmentalists are probably closer to him than you and your reactionary right, I tell you.
Note
1. https://www.mbam.qc.ca/fr/expositions/vertu-vice-desir-folie/
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Commentaires livresques : Reconnaître le fascisme d’Umberto Eco
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-03 : www.societascriticus.com
Reconnaître le fascisme
Umberto Eco
17/01/2024
Grasset/Les cahiers rouges
Paru en Italie en 1997 dans un volume d’essais intitulé Cinq questions de morale, traduit chez Grasset en 2000, Reconnaître le fascisme d’Umberto Eco est un texte d’une extrême actualité : le témoignage lucide et terrible d’un des plus grands intellectuels du XXe siècle, qui a grandi dans l’Italie de Mussolini.
Quatorze. Tel est le nombre des caractéristiques qui permettent de déterminer si une idéologie, un mouvement, une société sont fascistes, selon Umberto Eco. Il y a les plus évidentes : la haine de la culture, l’obsession du complot, le refus de l’étranger. D’autres, plus insidieuses, bénignes en apparence, aboutissent au même résultat si l’on n’y prend garde : la peur du langage complexe, l’idée d’un peuple doté d’une volonté propre, le fait de considérer les désaccords comme des trahisons.
Les sociétés démocratiques sont-elles à l’abri d’un retour du fascisme ? Non, dit Umberto Eco, qui nous met en garde contre le masque innocent que prendra le fascisme pour revenir au pouvoir. « Ce serait tellement plus confortable si quelqu'un s'avançait sur la scène du monde pour dire : « Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes ! » Hélas, la vie n’est pas aussi simple. » Les clefs pour débusquer et combattre une idéologie mortifère [sont donc importantes à saisir, dirais-je].
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-07-11)
La pagination utilisée ici est celle de la version électronique de Kobo sur mon cellulaire, soit :
Page de titre (1 sur 1)
Umberto Eco/Reconnaître le fascisme (p.1 sur 5)
Note de l’éditeur (1 sur 1)
RECONNAÎTRE LE FASCISME (1 sur 1 pour la page titre; 1 sur 23 pour le texte; et 1 sur 1 pour une note.
Quelques Cahiers rouges
Du même auteur
Page de copyright
Ci-bas, une prise d’écran d’une de ces pages du livre soit la « Page 2 sur 5 » de ce que j’appellerais l’introduction. J’avoue que ça fait un peu particulier quand on veut faire une citation. :)
J’aime bien le livre électronique, mais j’ai constaté deux défauts de cette lecture sur Kobo par rapport à Play livres de Google. D’abord, le surlignage apparait sur l’appareil sur lequel j’ai lu le livre, mais pas sur les autres appareils, comme mon ordinateur, contrairement à Play livres, où ma lecture et mes notes sont synchronisées peut importe l’appareil que j’utilise. Ensuite, je ne peux pas prendre de notes dans l’application de Kobo contrairement à ce que je peux faire avec Play livres (Google). Par contre, Kobo offre un bon choix de livres à prix intéressant. Ceci étant dit, passons au cœur du sujet : l’intérêt de ce livre.
« Reconnaître le fascisme est un discours prononcé par Umberto Eco le 25 avril 1995 pour les cinquante ans de la libération de l’Europe. » (Umberto Eco/Reconnaître le fascisme, p. 4 sur 5)
Ayant vécu sous le fascisme, cette plaquette d’Umberto Eco nous le fait donc connaitre de l’intérieur. En cette période de la montée des extrêmes, c’est un livre sur lequel porter notre attention pour bien comprendre ce qu’il en est du fascisme ou plutôt des fascismes, car il peut prendre plusieurs formes. À ce sujet, je cite cette présentation qu’on en fait en introduction :
« Il y eut un seul nazisme, et l’on ne peut nommer nazisme le phalangisme hypercatholique de Franco, puisque le nazisme est fondamentalement païen, polythéiste et antichrétien, sinon ce n’est pas du nazisme. Au contraire on peut jouer au fascisme de mille façons, sans que jamais le nom du jeu change. […] Le terme fascisme s’adapte à tout parce que même si on élimine d’un régime fasciste un ou plusieurs aspects, il sera toujours possible de le reconnaître comme fasciste. Enlevez-lui l’impérialisme et vous aurez Franco et Salazar; enlevez le colonialisme et vous aurez le fascisme balkanique. Ajoutez au fascisme italien un anti-capitalisme radical (qui ne fascina jamais Mussolini) et vous aurez Ezra Pound. Ajoutez le culte de la mythologie celte et le mysticisme du Graal (totalement étranger au fascisme officiel) et vous aurez l’un des gourous fascistes les plus respectés, Julius Evola. » (Umberto Eco/Reconnaître le fascisme, p. 5 sur 5)
Je mettrais par contre un bémol sur le nazisme « fondamentalement païen » ayant lu Le nazisme comme religion. (1) Ceci étant dit, revenons à Eco qui a connu le fascisme dans sa jeunesse :
« En 1942, à l’âge de dix ans, j’ai remporté le premier prix aux Ludi Juveniles (un concours à libre participation forcée pour jeunes fascistes italiens – lisez pour tous les jeunes Italiens). (…)
Puis, en 1943, je découvris le sens du mot Liberté. » (p. 1 sur 23)
Mais, pour qui, à l’inverse, passe de la liberté - qui n’est jamais absolue, car ce serait le chaos sans certaines règles (2) - au fascisme, est-il aussi simple de le remarquer ? Je n’en suis pas certain.
On peut trouver que, pour des raisons de morale, de foi, d’éthique, de correction des erreurs du passé ou de pure rationalité, il nous faut revenir à certaines valeurs oubliées ou en créer de nouvelles et le glissement vers le fascisme se fait alors de façon naturelle. On ne le sent pas, mais il est là que ce soit pour expier des erreurs du passé (extrême gauche) ou pour se protéger des menaces que représentent le mondialisme, l’immigration et toutes ces nouvelles idées que sont la fluidité et les identités de genre qui nous effaceront comme le croient certains. On peut penser ici à la frange extrémiste de gauche qui veut réécrire l’histoire et punir l’homme blanc pour les abus qu’il a commis dans le passé ou à la frange extrémiste de droite qui sort des livres des bibliothèques et des écoles au nom de sa morale et les brule. Bref, comme on peut perdre le nord, on peut aussi perdre le centre aux dépens des extrêmes : fascisme de gauche comme de droite !
On pourra toujours dire que le fascisme ne peut être de gauche, mais le stalinisme n’était-il pas une forme de fascisme de gauche? (3) D’ailleurs, comme le souligne Eco dans ce livre : « il serait difficile de les voir revenir sous la même forme dans des circonstances historiques différentes. » (p. 5 sur 23) Je crois donc qu’un fascisme de gauche est possible aujourd’hui, car LE FASCISME EST MODELABLE :
« Le terme fascisme s’adapte à tout parce que même si l’on élimine d’un régime fasciste un ou plusieurs aspects, il sera toujours possible de le reconnaître comme fasciste. » (p. 13 sur 23)
Voilà qui est dit, mais cela le rend difficile à traquer, car on peut à la fois présenter des lois sociales pour les travailleurs et des mesures contre les immigrants ou les réfugiés en même temps, les présentant comme les porteurs d’une menace ou d’une concurrence déloyale face aux travailleurs locaux par exemple.
On saisit rapidement, à la lecture de ce livre, que le fascisme est difficile à cerner. Mais, devrait-on le sentir venir ? Je ne suis pas sûr, car où certains verront du fascisme d’autres ne verront qu’un resserrement des règles. Mais, comme il n’y a pas de règles claires pour déterminer ce qu’est le fascisme, nous dit en substance Umberto Eco dans ce passage, un tel livre est donc nécessaire :
« En dépit de cet imbroglio, je crois possible d’établir une liste de caractéristiques typiques de ce que je voudrais appeler l’Ur-fascisme, c’est-à-dire le fascisme primitif et éternel. Impossible d’incorporer ces caractéristiques dans un système, beaucoup se contredisent réciproquement et sont typiques d’autres formes de despotisme ou de fanatisme. Mais il suffit qu’une seule d’entre elles soit présente pour faire coaguler une nébuleuse fasciste. » (p. 13 sur 23)
Voici donc la dénomination de ces caractéristiques à reconnaitre d’après Umberto Eco, avec les pages couvertes pour chaque point (entre parenthèses). Mais, la dénomination citée ici est toujours à la première page citée. Alors si un point couvre deux pages (pp. 17-18 sur 23 par exemple) le point cité est à la page 17.
1. La première caractéristique d’un Ur-fascisme, c’est le culte de la tradition. (pp. 14-15 sur 23)
2. Le traditionalisme implique le refus du modernisme. (p. 15 sur 23)
Ironique, je dirais que le Ministère de la Santé du Québec est « fasciste », fonctionnant au fax (télécopieur) malgré tous les changements technologiques qu’il y a eu depuis !
3. L’irrationalisme dépend aussi du culte de l’action pour l’action. (p. 16 sur 23)
4. Aucune forme de syncrétisme (4) ne peut accepter la critique. (p. 16 sur 23)
5. Le désaccord est en outre signe de diversité. (p.16 sur 23)
6. L’Ur-fascisme naît de la frustration individuelle ou sociale. (p.17 sur 23)
7. Quant à ceux qui n’ont aucune identité sociale, l’Ur-fascisme leur dit qu’ils jouissent d’un unique privilège – le plus commun de tous : être né dans le même pays. (p. 17 sur 23)
8. Les disciples doivent se sentir humiliés par la richesse ostentatoire et la force de l’ennemi. (pp. 17-18/23)
9. Pour l’Ur-fascisme, il n’y a pas de lutte pour la vie, mais plutôt une vie pour la lutte. (p. 18 sur 23)
Je n’en cite qu’un extrait, car il sied bien à plusieurs leadeurs populistes actuels et bien connus, mais aussi à ce que croient bien des groupes religieux qui se voient les porteurs de la bataille finale pour le retour de Jésus/Dieu :
« Toutefois, cela comporte un complexe d’Armageddon : puisque les ennemis doivent et peuvent être défaits, il devra y avoir une bataille finale, à la suite de laquelle le mouvement prendra le contrôle du monde. » (p. 18 sur 23)
Avec une telle description, le fascisme peut se cacher partout selon moi. Suffit d’écouter certains politiciens et leadeurs religieux pour le voir même là où on ne le pensait pas. Avant d’être un régime, c’est une pensée; voir un dogme, dirais-je. D’ailleurs, Umberto Eco dit à la fin de ce pamphlet que « L’Ur-fascisme est toujours autour de nous, parfois en civil. » (p. 22 sur 23) Ça dit tout.
10. L’élitisme est un aspect type de l’idéologie réactionnaire, en tant que fondamentalement aristocratique. (pp. 18-19 sur 23)
11. Dans cette perspective, chacun est éduqué pour devenir un héros. (p. 19 sur 23)
12. Puisque la guerre permanente et l’héroïsme sont des jeux difficiles à jouer, l’Ur-fascisme transfère sa volonté de puissance sur des questions sexuelles. (p. 20 sur 23)
13. L’Ur-fascisme se fonde sur un populisme qualitatif. (pp.20-21 sur 23)
14. L’ Ur-fascisme parle la « novlangue ». (p. 21 sur 23)
Bref, c’est un livre que je ne peux que recommander. Je ne sais pas s’il aide à débusquer LE fascisme, mais il permet au moins d’en voir les pelures de bananes qui peuvent nous y faire tomber si nous ne faisons pas attention, car elles peuvent se cacher partout, même sous de bonnes intentions. Sur ce point, je recommande de relire le point 9 ci-haut.
Notes
1. Harvill-Burton, Kathleen, 2006, Le nazisme comme religion. Quatre théologiens
déchiffrent le code religieux nazi (1932-1945), Québec : Presses de l’Université
Laval (www.pulaval.com), 252 pages, ISBN : 2-7637-8336-8, in Societas Criticus,
Vol. 11 no. 4, du 9 juin au 21 août 2009 :
- BAnQ : http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs1941494
- BAC : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/201/300/societas_criticus/pdf/index.html
2. À ce sujet, il faut lire cette réflexion sur la liberté :
« En accordant la liberté de conscience et celle de la presse, songez, citoyens, qu'à bien peu de choses près, on doit accorder celle d'agir, et qu'excepté ce qui choque directement les bases du gouvernement, il vous reste on ne saurait moins de crimes à punir, parce que, dans le fait, il est fort peu d'actions criminelles dans une société dont la liberté et l'égalité font les bases, et qu'à bien peser et bien examiner les choses, il n'y a vraiment de criminel que ce que réprouve la loi; car la nature, nous dictant également des vices et des vertus, en raison de notre organisation, ou plus philosophiquement encore, en raison du besoin qu'elle a de l'une ou de l'autre, ce qu'elle nous inspire deviendrait une mesure très incertaine pour régler avec précision ce qui est bien ou ce qui est mal. » Sade, La philosophie dans le boudoir, Les mœurs in Cinquième Dialogue - cité dans Societas Criticus, Vol. 2, no. 4 - Hiver 2000-2001 :
- A BAnQ: https://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/bs62022
- Pour BAC, voir le lien en note 1.
Ce passage me laisse croire qu’on a emprisonné le Marquis de Sade bien davantage pour ses réflexions politiques que ses écrits sulfureux. Cependant, pour ne pas attirer les regards sur ce qu’il disait de la société et de la politique, on l’a accusé pour ses écrits plus sexuellement explicites. Alors, tous les curieux n’ont lu que ses passages les plus sulfureux et n’ont jamais vu l’essentiel de sa critique politique. Malheureusement, car elle m’est apparue intéressante pour ce que j’en ai lu.
3. Umberto Eco répond en partie à ma question plus loin :
« Si par totalitarisme, on entend un régime qui subordonne tout acte individuel à l’État et son idéologie, alors nazisme et stalinisme étaient des régimes totalitaires.
Il ne fait aucun doute que le fascisme était une dictature, mais il n’était pas complètement totalitaire, non point à cause d’une sorte de tiédeur, mais en raison de la faiblesse philosophique de son idéologie. » (p. 7 sur 23)
4. Voici la définition du Robert (donné par Google) pour syncrétisme :
nom masculin
1. DIDACTIQUE
Combinaison de doctrines, de systèmes initialement incompatibles.
Le syncrétisme religieux du vaudou.
2. PSYCH.
Appréhension globale et indifférenciée qui précède la perception et la pensée par objets nettement distincts les uns des autres.
Pour plus d’informations sur cette coopération entre Le Robert et Google :
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Commentaires livresques : Le retrait de Vijay Prashad, Noam Chomsky
D.I., Delinkan Intellectuel, revue d'actualité et de culture, in Societas Criticus Vol. 26-03 : www.societascriticus.com
LE RETRAIT
La fragilité de la puissance des États-Unis: Irak, Libye, Afghanistan
Vijay Prashad, Noam Chomsky
Traduit de l'anglais par Pascal Marmonnier
Préface d’Angela Y. Davis
Lux, collection Futur proche
Nombre de pages: 168
« Cet entretien profondément stimulant entre deux de nos plus importants intellectuels contemporains corrige la négligence des médias à propos des dommages catastrophiques infligés aux personnes, à l’environnement et aux ressources en Afghanistan après le retrait des États-Unis, ainsi que de leurs guerres tout aussi injustifiées en Irak et en Libye. »
— Angela Davis, extrait de la préface
Depuis le départ des dernières troupes américaines du Vietnam, et surtout depuis la débâcle en Afghanistan en 2021, jamais les États-Unis n’ont fait face à une telle incertitude dans leur politique étrangère. Que s’est-il passé? Et que leur réserve l’avenir?
Peu d’analystes sont mieux placés pour aborder ces questions que Noam Chomsky et Vijay Prashad, intellectuels et critiques infatigables dont le travail s’étend sur plusieurs générations et continents. (NDLR voir les hyperliens à la fin.) Tous deux spécialistes en matière de politique internationale, ils décryptent en profondeur les dynamiques et les ressorts de cette période et nous donnent des clés pour aborder notre époque, chargée de périls et de changements sans précédent.
Commentaires de Michel Handfield, M.Sc. sociologie (2024-06-28)
À lire Noam Chomsky, je me dis pourquoi veulent-ils dominer le monde quand il faudrait sauver la planète. Michel Handfield
Mais, qui ça, ils? D’abord, les États-Unis. Pour Noam Chomsky, c’est le modèle de l’impérialisme moderne par excellence. Mais, personnellement, je mettrais aussi la Russie et la Chine sur le même pied, car eux aussi visent cette place, surtout depuis leur alliance récente. C’est que la dictature sino-russe n’a rien à envier à l’impérialisme états-unien.
Par chance que ce trio (États-Unis, Chine et Russie) ne s’entendent pas, car on serait devant une véritable trilatérale du Pouvoir. Et, ce n’est pas l’Europe qui pourrait s’y opposer, moins belliqueuse que les États-Unis.
Quant à l’impérialisme états-unien, il préfère soutenir les dictatures de complaisance qu’une démocratie, comme celle de la Communauté économique européenne par exemple, qui peut oser les contredire, voir s’opposer à leurs dictats, au nom de la démocratie. (1) Par exemple :
« Opposés au projet de la gauche en Afghanistan, les États-Unis ont « jauni » la guerre en recrutant massivement des forces réactionnaires afghanes et pakistanaises financées par les pétrodollars saoudiens, armés jusqu’aux dents par la CIA et d’autres agences américaines et bénéficiant du soutien logistique de la dictature militaire et religieuse du Pakistan. » (Chapitre 2, Le 11 septembre et l’Afghanistan, p. 34)
Mais, tout cela, à quels risques et à quels couts? Énormes pour les Afghans, comme pour bien d’autres, que les États-Unis ont ensuite laissé tomber quand ils n’en voyaient plus l’utilité :
« Ces dernières années, les guerres des États-Unis n’ont rempli aucun de leurs objectifs. En octobre 2001, les troupes américaines ont envahi l’Afghanistan en procédant à une monstrueuse campagne de bombardements et d’« extradition extraordinaire », avec l’objectif de débarrasser le pays des talibans; vingt ans plus tard, les talibans sont de retour. » (Introduction, p. 8)
En fait, ce n’est pas en vingt ans qu’on change les choses. C’est sur quelques générations, rarement moins. Vouloir changer des traditions et des croyances religieuses, c’est long, très long. Après 69 ans de communisme soviétique (2), qui a tenté de bannir la religion, elle est revenue au galop dès la chute de l’URSS au point que Vladimir Poutine reçoit l’appui du « patriarche de l’Église orthodoxe russe » et « ancien agent du KGB » (3) dans sa guerre contre l’Ukraine et la vision libérale de l’Occident. D’autre part, le peuple russe, qui voit la grande Russie comme différente et supérieure à l’occident selon la doctrine du slavophilisme (4), soutient cette guerre civilisationnelle contre « un monde considéré comme décadent » de leur point de vue (5). Le conflit russo-ukrainien en est d’ailleurs un bon exemple, car on s’en prend en partie à l’occidentalisation de l’Ukraine qui est voisine de la Russie.
Cela en dit beaucoup sur ce combat civilisationnel entre la gauche libérale et la droite conservatrice que l’on voit poindre dans plusieurs coins du monde actuellement. Le centre se dissout malheureusement au profit des extrêmes dans ce mouvement. Bref, on peut faire des guerres, mais on ne change pas si facilement des mentalités et des cultures. Pour cela, il faut un investissement hors du commun et les États-Unis n’ont jamais le temps de le faire au final. Ils promettent donc d’instaurer la démocratie, mais démissionnent rapidement face à la facture, préférant laisser un pays ou un peuple dans la misère dès qu’il est hors d’état de nuire à leurs intérêts.
Marx avait-il raison de dire que le changement nécessite des conditions et qu'on ne peut le forcer tant qu' elles ne sont pas atteintes? Je crois que oui. Par contre, on peut aider par l'éducation. Mais, faut-il encore y mettre le temps et l’argent.
Si ces guerres ne changent rien au final, sauf monter davantage de gens contre les États-Unis, on pourrait certainement mieux faire par l’humanitaire et en passant par l’ONU plutôt que par l’OTAN et les États-Unis. Ce sont là des idées que soulèvent ces entretiens entre Vijay Prashad et Noam Chomsky dans Le retrait. Un livre important qui permet de faire un bilan de la pensée de Noam Chomsky d’ailleurs; pensées certainement plus claires que celles des deux candidats à la présidentielle des États-Unis de 2024, malgré se 90 ans passés. (6)
J’y ai d’ailleurs surligné plusieurs passages et noté quantité de réflexions. Noam a beau parler des États-Unis comme du Parrain, mais n’oublions pas que la Chine et la Russie aimeraient aussi être le calife à la place du calife et les provoquent pour tester leurs limites, leurs appuis et, surtout, leurs faiblesses.
De plus, comme ces trois-là ont un droit de véto au Conseil de sécurité de l’ONU, avec la France et le Royaume-Uni, beaucoup d’initiatives qui seraient nécessaires pour civiliser notre monde et assoir ce triumvirat à sa place parfois, car ils en mènent large, sont bloquées. D’un côté, par exemple, la Russie menace l’occident d’utiliser ses armes nucléaires, mais de l’autre, quand il est proposé « d’établir une zone exempte d’armes nucléaires (ZLEAN) » au Moyen-Orient par exemple (p. 93), les États-Unis y opposent leur véto (p. 95) pour protéger Israël qui dispose de telles armes même si elles ne sont pas officiellement déclarées. Mais, « au moins le Times en a parlé » ! (p. 95)
Souvent, ce qui est accordé aux citoyens états-uniens, comme la démocratie et les droits et libertés, ne l’est pas dans la même mesure dans les pays où les États-Unis ont des intérêts politiques et économiques à défendre. Quant aux droits sociaux, ils passeront certainement en dernier, le droit social se confondant trop souvent avec le socialisme dans leur esprit.
Si, pour défendre leur position, ils doivent s’acoquiner avec un dictateur, ils le feront même s’ils aiment se présenter comme les défenseurs de la démocratie. C’est qu’entre les apparences et la réalité il y a un pas qu’ils ne font jamais : se plier à faire ce qu’ils exigent des autres ! Voici un passage éclairant sur ce sujet :
« Lorsque les États-Unis ont reconnu la compétence de la Cour internationale, ils l’ont fait à condition de ne pas être contraints par la Charte de l’ONU ou la Charte de l’Organisation des États américains (OEA). Ils l’ont indiqué dans leur déclaration d’« acceptation de juridiction » en 1946. (…) Les États-Unis ont refusé d’emblée de respecter la Charte de l’ONU ou la Charte de l’OEA et sont donc légalement autorisés à perpétrer des crimes de guerre, voire un génocide. Lorsqu’au terme d’une bataille de trente-sept ans au Sénat, ils ont signé la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide en 1988, ils ont imposé une clause de réserve stipulant que ses termes « ne pouvaient s’appliquer aux États-Unis ». » (p. 112)
Cela en dit gros des États-Unis comme défenseur et porteur de la démocratie dans le monde. Ils sont d’abord tournés sur eux-mêmes (intérieur) et leurs intérêts économiques et stratégiques ! Effectivement, ils méritent les critiques de Noam Chomsky. Par contre, critiquer les États-Unis ne veut pas dire de soutenir la Chine ou la Russie comme trop de gens le font. On le sait : l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis » n’est pas toujours fiable. C’est ainsi que :
« Opposés au projet de la gauche en Afghanistan, les États-Unis ont « jauni » la guerre en recrutant massivement des forces réactionnaires afghanes et pakistanaises financées par les pétrodollars saoudiens, armés jusqu’aux dents par la CIA et d’autres agences américaines, et bénéficiant du soutien logistique de la dictature militaire et religieuse du Pakistan. » (p. 34)
Cela avait pour but de « porter atteinte à l’URSS » (p. 35). « Comme on le sait [maintenant], ils ont ensuite formé l’organisation Al-Quaïda. » (p. 36)
En fait, on ne doit pas se fier aux États-Unis pour résoudre les conflits mondiaux, car ils ont trop d’intérêts à se servir. Et, je dirais de même des deux autres chalengeurs au pouvoir états-uniens que sont la Chine et la Russie. Ces trois-là m’inquiètent.
Pour pacifier le monde, et là-dessus je suis tout à fait d’accord avec la pensée de Chomsky, il faut s’en remettre aux Nations-Unies :
« Dans ce contexte, nous évoquons dans ce livre deux formes de relations internationales : la forme américaine « d’un ordre fondé sur des règles », c’est-à-dire celles imposées par les États-Unis, et la forme onusienne d’un ordre international basé sur la Charte des Nations Unies (1945). Le parrain voudrait que le monde adopte ses règles, alors que celui-ci souhaite plutôt établir des procédures fondées sur le document qui fait l’objet d’un consensus à ce jour inégalé : la Charte des Nations Unies. » (Introduction, p. 17)
Je conclurais donc que c’est un excellent livre pour comprendre les États-Unis, ce pays qui défend la liberté, mais à condition que les autres suivent ses paramètres !
Notes
1. « Les États-Unis tolèrent mal un pays qu’ils ne peuvent intimider comme l’Europe et qui, par conséquent, n’obéit pas à leurs ordres. La Chine, désormais une puissance économique à part entière, suit sa propre voie. Voilà la « menace chinoise ». (Introduction, p. 17)
2. L'Union des républiques socialistes soviétiques a existé de sa proclamation le 30 décembre 1922 à sa dissolution le 26 décembre 1991 nous dit Wikipédia :
3. Émilie Dubreuil, Un patriarche va-t-en-guerre divise l’Église orthodoxe, Radio-Canada/Info, 18 mars 2022 :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1869884/patriarche-guerre-eglise-orthodoxe-moscou-ukraine
4. https://fr.wikipedia.org/wiki/Slavophilisme
5. J’ai forgé ce passage à partir des informations contenues dans la chronique de Louis Cornellier, Guerre russe, et plus particulièrement la seconde section de cette chronique qui s’intéresse au livre de Jean-François Caron, Russkiy Mir (PUL, 2024, 110 pages), Le Devoir, 15 juin 2024 :
6. Je corrigeais mon texte au lendemain du premier débat pour la présidentielle états-unienne entre Joe Biden (démocrate) et Donald Trump (républicain) du 27 juin 2024. Désolant de voir un Joe Biden qui avait des difficultés à suivre ce qui se passait et qui devrait bien davantage profiter d’une retraite tranquille à son âge. Quant à Donald Trump, il continue à croire ses mensonges et avait le beau jeu de les étaler face à un président qui avait l’air parfois si perdu qu’il ne répliquait même pas. Moi, je dis les pauvres états-uniens avec ces deux choix décevants ! Quand on parle du déclin des empires, c’est cela. Prémonitoire que le film de Denys Arcand : Le Déclin de l'empire américain (1986). (Voir dans les hyperliens.)
Hyperliens
Noam Chomsky
Vijay Prashad
Le déclin de l’empire américain
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