Tumgik
#BienvenueEnAbsurdie
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Au Café Marand, l'ambiance est aussi torréfiée que le café lui-même. On dit qu'ici, le café est si fort que même les cuillères ont peur de s'y aventurer. J'en ai vu une tenter le plongeon une fois. Elle n'est jamais ressortie. Le garçon, un petit brun décoiffé aux airs de poète maudit, prétend que leur café est récolté directement dans l'arrière-cour. Je ne suis pas allée vérifier. La dernière fois que j'ai mis le nez dehors, il pleuvait tellement que les poissons eux-mêmes prenaient un parapluie. Madame Marand, la tenancière, prétend que son café est le plus fort du village. Je veux bien la croire. Après trois tasses, on ne cligne plus des yeux, de peur de manquer le spectacle de ses propres tremblements. Et puis il y a ce client régulier, un certain Monsieur Moka, qui prétend avoir des visions après chaque espresso. Selon lui, le fond de sa tasse lui a révélé les résultats des prochaines élections, le secret de la vie éternelle et la recette du flan parfait. Personnellement, après deux tasses, tout ce que je vois au fond de la mienne, c'est un trou dans mon porte-monnaie. Au Café Marand, le café coule à flot, mais c'est l'ambiance qui nous retient. Tellement présente qu'on dirait presque qu'elle a sa propre chaise à chaque table. Et alors que les heures défilent, on se rend compte que la pendule du Café, probablement choquée par tant de caféine, a décidé de prendre sa retraite anticipée. D'ailleurs, entre deux tasses, on murmure que le temps, ici, s'est tellement ralenti qu'il envisage sérieusement de porter plainte pour harcèlement chronologique. Et c'est ainsi, entre un rire et un ristretto, que le Café Marand devient notre petite parenthèse d'absurdité dans un monde qui en manque parfois cruellement.
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