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#Musique chrétienne
jpbjazz · 7 months
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LÉGENDES DU JAZZ
SUN RA, ‘’L’EXTRA-TERRESTRE’’ DU JAZZ ‘’My whole body changed into something else. I could see through myself. And I went up... I wasn't in human form... I landed on a planet that I identified as Saturn... they teleported me and I was down on [a] stage with them. They wanted to talk with me. They had one little antenna on each ear. A little antenna over each eye. They talked to me. They told me to stop [attending college] because there was going to be great trouble in schools... the world was going into complete chaos... I would speak [through music], and the world would listen. That's what they told me.’’
Sun Ra
Né le 22 mai 1914 à Birmingham, en Alabama, Herman Poole Blount était le fils de Cary Blount, un travailleur de l’industrie du chemin de fer, et d’Ida Jones, une serveuse de restaurant. Herman devait son prénom au magicien de vaudeville Black Herman, qui avait exercé une profonde influence sur sa mère. Surnommé Sonny durant son enfance, Herman avait un frère, Robert, une demi-soeur plus âgée, Mary, et un demi-frère, Cary Blount Jr. Après le divorce de ses parents, Herman avait été élevé par sa grand-mère maternelle, Margaret Jones, et sa grande-tante Ida Howard.
Pendant des décennies, les premières années de la vie de Sun Ra avaient été entourées d’énormément de mystère, ce qui avait contribué à alimenter sa légende. Comme tout personnage de fiction, Sun Ra était souvent évasif lorsqu’on le questionnait sur son enfance. Il donnait également des réponses contradictoires et souvent insensées au sujet de sa vie personnelle. Sun Ra affirmait aussi être un parent éloigné d’Elijah Poole, mieux connu sous le nom d’Elijah Muhammad, le leader de la Nation de l’Islam. Pendant des années, la date exacte de la naissance de Sun Ra était demeurée inconnue. Les recherches du biographe de Sun Ra, John F. Szwed, ont finalement permis de découvrir que le chef d’orchestre était né le 22 mai 1914.
Même si elle était très religieuse, la famille Blount n’était membre d’aucune église chrétienne. Même si Herman avait très peu d’amis proches à l’école secondaire, il avait laissé le souvenir d’un jeune homme gentil, tranquille et studieux qui adorait la lecture. Afin d’assouvir sa passion pour les livres, Herman se rendait régulièrement à la Black Masonic Lodge, qui était alors un des seuls endroits où les Afro-Américains pouvaient avoir un accès illimité aux livres. Les ouvrages de l’institution portant sur les Francs-Maçons et les autres concepts ésotériques avait laissé une forte impression sur Herman.
Enfant prodige, Herman était un pianiste très doué durant sa jeunesse. Sa mère lui avait d’ailleurs offert un piano pour son onzième anniversaire de naissance. Dès l’âge de onze ou douze ans, Herman pouvait lire la musique et avait même commencé à composer. À l’époque, la ville de Birmingham était une escale importante pour les musiciens en tournée. C’est ainsi qu’Herman avait pu voir jouer des musiciens importants comme Fletcher Henderson, Duke Ellington et Fats Waller, entre autres. Sun Ra avait déclaré plus tard: "The world let down a lot of good musicians".
Doté d’une mémoire phénoménale, Herman pouvait assister aux concerts des big bands de l’époque et transcrire avec exactitude les pièces qu’il avait entendues. Au milieu de l’adolescence, Herman avait commencé à jouer du piano en solo de façon semi-professionnelle, ou comme membre de divers groupes de jazz et de rhythm n’ blues.
Herman avait fréquenté l’Alabama Agricultural and Mechanical College, une école pour enfants de couleur aujourd’hui connue sous le nom de Parker High School. Son professeur de musique était John Tuggle "Fess" Whatley, un partisan de la discipline qui était très respecté et qui avait enseigné à plusieurs futurs musiciens professionnels. C’est d’ailleurs avec le Sax-o-Society Orchestra qu’Herman avait commencé sa carrière professionnelle. Herman avait déclaré plus tard au sujet de son séjour à l’Alabama Agricultural and Mechanical College: "I think I studied everything in that college except farming".
Une des premières compositions d’Herman était intitulée ‘’Chocolate Avenue’’. Herman, qui avait écrit la pièce vers 1929 et 1930, avait décidé de l’envoyer en 1933 à Clarence Williams à New York. Williams avait éventuellement enregistré la pièce sur disque, mais il avait omis de créditer Herman sur le disque et ne lui avait même pas fait verser un sou de droits d’auteur. C’est à partir de ce moment-là qu’Herman avait commencé à se méfier de l’industrie de la musique.
Depuis son adolescence, Herman était atteint de cryptorchidie, une maladie des testicules qui dégénérait parfois en hernie chronique et le rendait souvent inconfortable. Son biographe John F. Szwed a d’ailleurs émis l’hypothèse qu’Herman se sentait honteux d’être atteint de cette maladie et que celle-ci avait contribué à son isolement. DÉBUTS DE CARRIÈRE Après avoir décroché son diplôme d’études secondaires en 1932, Herman était parti en tournée avec les Society Troubadours. Il avait par la suite formé son propre groupe appelé The Nighthawks of Harmony.
En 1934, Sun Ra avait obtenu un premier emploi comme musicien à plein temps avec Ethel Harper, son professeur de biologie du high school, qui avait formé un groupe pour poursuivre une carrière de chanteuse. Devenu membre de l’Union des Musiciens, Sun Ra était parti en tournée avec le groupe de Harper dans le sud-est et le midwest. Lorsque Harper avait quitté la formation après trois semaines pour tenter sa chance à New York avec le groupe vocal Ginger Snaps, Sun Ra avait pris la direction du groupe qu’il avait rebaptisé le Sonny Blount Orchestra. Le groupe avait poursuivi la tournée durant plusieurs mois avant d’être dissous pour cause de non rentabilité. Même si cette première version du Sonny Blount Orchestra n’avait pas obtenu de succès sur le plan financier, la formation avait obenu des commentaires positifs des amateurs de jazz et des autres musiciens. Après la dissolution du groupe, Sun Ra avait collaboré avec plusieurs groupes de Birmingham.
À l’époque, les clubs de Birmingham étaient souvent pourvus de décors exotiques comme des murales et des éclairages éclatants qui ont possiblement influencé Sun Ra dans l’élaboration de ses futurs concepts. Si le fait de jouer dans des big bands inculquait aux musiciens de couleur un sentiment de fierté et d’entraide, ils devaient aussi se montrer disciplinés et disposer d’une bonne présentation, car ils étaient le symbole de la communauté noire. Cette bonne apparence était aussi un gage de succès auprès de la population blanche, qui engageait régulièrement des musiciens de couleur pour se produire dans des événements prestigieux, même si toute relation formelle avec les spectateurs blancs continuait d’être strictement prohibée.
Après avoir obtenu une bourse pour étudier à l’Alabama Agricultural and Mechanical Institute for Negroes en 1936, Sun Ra s’était inscrit à une majeure en éducation qui lui avait permis d’étudier la composition, l’orchestration et la théorie musicale. Il avai également étudié le piano avec Lula Randolph. Sun Ra avait cependant abandonné ses études au bout d’un an. Plus tard, Sun Ra avait justifié l’abandon de ses études par le fait qu’il avait eu une vision qui avait exercé une influence à long terme sur lui.
À la fin des années 1930, Sun Ra était au milieu d’une grande crise religieuse lorsqu’il avait prétendu qu’une lumière brillante était apparue autour de lui. Comme il l’avait expliqué plus tard: ‘’My whole body changed into something else. I could see through myself. And I went up... I wasn't in human form... I landed on a planet that I identified as Saturn... they teleported me and I was down on [a] stage with them. They wanted to talk with me. They had one little antenna on each ear. A little antenna over each eye. They talked to me. They told me to stop [attending college] because there was going to be great trouble in schools... the world was going into complete chaos... I would speak [through music], and the world would listen. That's what they told me.’’
Même si Sun Ra affirmait que l’événement s’était produit en 1936 ou 1937, les musiciens les plus proches de lui avaient déclaré que cette apparition n’avait pu survenir avant 1952. Se contredisant lui-même, Sun Ra avait aussi prétendu que l’incident s’était produit pendant qu’il vivait à Chicago, où il ne s’était établi qu’à la fin des années 1940. Sun Ra avait continué de raconter cette vision, sans modification notable, jusqu’à la fin de sa vie. Le soi-disant voyage de Sun Ra s’était produit au moins une décennie avant que le phénomène des ‘’soucoupes volantes’’ ne soit soumis à l’attention du public américain, plus particulièrement après la rencontre de Kenneth Arnold avec un OVNI en 1947. Le voyage de Sun Ra s’était aussi produit environ quinze ans avant que George Adamski ne fasse état de sa rencontre avec des supposés extra-terrestres, et environ vingt ans avant que Barney et Betty ne rapportent leurs propres rencontres avec des OVNI en 1961. Comme l’expliquait le biographe de Sun Ra, John F. Szwed, "even if this story is revisionist autobiography... Sonny was pulling together several strains of his life. He was both prophesizing his future and explaining his past with a single act of personal mythology."
Quoi qu’il en soit, après avoir quitté le Collège, Sun Ra était devenu un des musiciens les plus actifs de Birmingham. Dormant très peu, Sun Ra passait son temps à citer ses idoles Thomas Edison, Leonardo da Vinci et Napoléon Bonaparte. Sun Ra avait même transformé le rez-de-chaussée de la résidence de sa famille en une sorte de conservatoire-atelier, où il partageait son temps entre la composition, la transcription d’enregistrements et les pratiques avec différents musiciens de passage. Sun Ra, qui s’intéressait à tout, discutait même de concepts bibliques ou ésotériques avec quiconque était prêt à l’écouter.
Durant cette période, Sun Ra était également devenu un client assidu de la Forbes Piano Company, une compagnie possédée par des blancs. Sun Ra se rendait dans l’édifice Forbes pratiquement une fois par jour afin de jouer de la musique, d’échanger des idées avec le personnel et la clientèle, ou transcrire des feuilles de musique dans ses cahiers.
À la même époque, Sun Ra avait formé un nouveau groupe. À l’instar de son premier professeur John T. "Fess" Whatley, Sun Ra insistait pour que ses musiciens pratiquent sur une base quotidienne. Les résultats ne s’étaient pas faits attendre: le Sonny Blount Orchestra était rapidement devenu un des groupes les plus impressionnants et disciplinés de la région. Reconnu pour sa polyvalence, le groupe pouvait jouer dans une grande variété de styles sans jamais sacrifier la qualité. De 1939 à 1943, Sun Ra avait également été membre du populaire groupe vocal Rhythm Four avec Morris Ridgl, Richard Cannon et Clarence Driskell. Le groupe qui se produisait quotidiennement sur les ondes de la station de radio WSGN-AM, faisait également des apparitions dans les danses et les spectacles de variété tant devant des spectateurs blancs que de couleur. OBJECTEUR DE CONSCIENCE Après avoir été mobilisé par l’armée en octobre 1942 dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, Sun Ra, qui s’appelait toujours Herman Blount à l’époque, s’était déclaré objecteur de conscience. Après avoir invoqué des principes religieux qui s’opposaient à la guerre et au meurtre, Sun Ra avait ajouté qu’il devait subvenir financièrement aux besoins de sa grande-tante Ida. Il avait également mentionné l’hernie chronique dont il souffrait. Même si les autorités militaires aient rejeté sa demande, Sun Ra avait fait appel devant le National Draft Board en déclarant que le faible nombre de noirs mobilisés comportait des relents d’’’hitlérisme.’’ Même si sa requête avait été rejetée, Sun Ra avait refusé de se joindre à l’armée, ce qui avait grandement embarrassé sa famille. Certains de ses parents l’avaient même renié. Sun Ra avait éventuellement été autorisé à compléter un service militaire à temps partiel au Civilian Public Service Camp de Pennsylvanie.
Ne s’étant pas présenté comme prévu le 8 décembre 1942, Sun Ra avait été arrêté en Alabama. Lors de sa comparution en cour, Sun Ra avait prétendu que le service militaire à temps partiel (‘’alternate service’’) était inacceptable. Sun Ra, qui était très articulé, avait ensuite discuté avec le juge de points de droit et de la façon dont on devait interpréter les textes bibliques concernant le meurtre et la guerre. Dans sa décision, le juge avait statué que Sun Ra avait enfreint la loi et risquait d’être conscrit par l’armée et d’être envoyé sur le front. Peu impressionné, Sun Ra avait répliqué qu’il se servirait des munitions fournies par l’armée pour abattre le plus d’officiers militaires possible ! Après l’avoir condamné à une peine de prison, le juge avait déclaré à Sun Ra: "I've never seen a nigger like you before." Sûr de lui, Sun Ra avait rétorqué: "No, and you never will again."
En janvier 1943, Sun Ra avait écrit au United States Marshals Service depuis sa cellule du comté de Walker, à Jasper, en Alabama. Dans sa requête, Sun Ra avait expliqué qu’il faisait une dépression nerveuse imputable au stress de l’emprisonnement, qu’il avait des tendances suicidaires et qu’il vivait dans la crainte constante d’être agressé sexuellement. Lorsque son statut d’objecteur de conscience avait été finalement reconnu en février 1943, Sun Ra avait été escorté jusqu’en Pennsylvanie. Comme les conditions de sa libération le prévoyaient, Sun Ra faisait du travail forestier durant le jour, mais pouvait jouer du piano pendant la nuit. Si les psychiatres avaient décrit Sun Ra comme ‘’une personnalité psychopathe [et] pervertie sur le plan sexuel’’, ils l’avaient aussi qualifié d’’’intellectuel coloré et très bien éduqué.’’
En mars 1943, après avoir été classé par l’armée dans la catégorie 4-F en raison de son hernie, Sun Ra était retourné à Birmingham rempli d’amertume. Après avoir formé un nouveau groupe, il avait recommencé à jouer professionnellement. Après la mort de sa tante adorée Ida en 1945, Sun Ra ne voyait plus de raisons de demeurer à Birmingham plus longtemps. Après avoir mis fin aux activités de son groupe, il avait décidé de s’installer à Chicago. LA PÉRIODE DE CHICAGO (1945-1961) À Chicago, Sun Ra s’était rapidement trouvé du travail, notamment avec la chanteuse de blues Wynonie Harris, avec qui il avait fait ses débuts sur disque en 1946 en enregistrant les simples ‘’Dig This Boogie/Lightning Struck the Poorhouse’’ et ‘’My Baby's Barrelhouse/Drinking By Myself.’’ ‘’Dig This Boogie’’ avait aussi été son premier véritable solo enregistré au piano. Au cours de cette période, Sun Ra avait également joué avec le groupe de Lil Green en plus de se produire durant des mois dans des clubs de stripstease de Calumet City. Il avait aussi joué avec le saxophoniste ténor Gene Ammons et la chanteuse Billie Holiday. En août 1946, Sun Ra avait décroché un long contrat au Club DeLisa avec le réputé chef d’orchestre Fletcher Henderson. Sun Ra admirait Henderson depuis longtemps, même si la carrière de ce dernier était en net déclin depuis que le swing avait perdu de sa popularité. Henderson, qui s’était jadis produit avec les meilleurs musiciens de jazz, n’attirait plus que des musiciens de seconde zone, en grande partie en raison de son instabilité émotionnelle liée à un accident d’automobile qui avait considérablement détérioré sa santé mentale et physique.
Engagé comme pianiste et arrangeur avec l’orchestre d’Henderson, Sun Ra devait assurer la relève de Marl Young qui venait de quitter la formation. Au début, Sun Ra avait composé des arrangements influencés par le bebop, mais les membres du groupe ne s’étaient pas montrés très réceptifs, et ce, malgré l’encouragement d’Henderson. Lorsque Henderson avait mis fin aux activités du groupe en 1947, Sun Ra avait été le pianiste et le copiste du groupe durant cinq ans.
En 1948, Sun Ra s’était aussi produit brièvement avec un trio composé du saxophoniste Coleman Hawkins et du violiniste Stuff Smith. Même si le trio ne semble pas avoir laissé de traces sur disque, un enregistrement maison d’un duo entre Smith et Sun Ra a été publié en 1953 sur étiquette Sound Sun Pleasure. Sun Ra a également participé en 1992 à un hommage à Smith enregistré en compagnie du violoniste Billy Bang.
À l’époque, Chicago était un important centre de mobilisation des Afro-Américains et de mouvements religieux plus radicaux comme les Black Muslims et les Black Hebrews, qui tenaient de nombreux débats en plus de publier de nombreux tracts et publications. Tout en étant très attentif à cette effervescence, Sun Ra avait été particulièrement fasciné par certains édifices et monuments de la ville influencés par le style de l’Égypte ancienne. Sun Ra avait aussi été un lecteur assidu de l’ouvrage de G.M. Stolen, ‘’Stolen Legacy’’, qui prétendait que la philosophie classique grecque avait ses racines dans l’ancienne Égypte. Par la suite, Sun Ra en était venu à la conclusion que l’histoire et les accomplissements des Africains avaient été systématiquement niés et détruits par les cultures européennes. Doté d’une personnalité plutôt excentrique, Sun Ra prétendait également être né sur la planète Saturne.
Au début des années 1950, Sun Ra avait formé un groupe de pratique qui avait éventuellement naissance au futur Arkestra. Le but de Sun Ra en formant son orchestre était de pratiquer durant dix ans avant de se produire sur scène. Même si le groupe jouait dans les clubs pratiquement à chaque soir, un musicien avait estimé que l’orchestre avait pratiqué 180 heures pour chaque heure de performance. John F. Szwed écrivait dans sa biographie de Sun Ra: "Rehearsals were exhausting but exhilarating ordeals, half musical instruction, the other half teaching, prognostication, and spiritual and practical advice…he nonetheless lectured them on personal discipline; on the history of black people and their role in the creation of civilization; on the use of music in changing the world; and on etymology and numerology, on astronomy and astrology…spiked with jokes, wordplay, biblical interpretation, and anecdotes about famous jazz musicians." Sun Ra, qui fournissait la nourriture et le toit à chacun de ses musiciens, leur avait demandé en retour de s’abstenir de consommer de l’alcool et des drogues. On les incitait également à éviter toute relation charnelle avec la gent féminine. Tout musicien qui était pris à enfreindre ces règles se voyait retirer le droit de jouer des solos ! En 1956, Sun Ra avait commencé à enregistrer pour sa propre maison de disques, les disques Saturn, devenant ainsi un des premiers musiciens de jazz à produire et à vendre ses propres albums. De 1956 à 1988, la compagnie avait enregistré soixante et onze albums, la plupart d’entre eux étant vendus lors des concerts avec une couverture peinte à la main. Mais comme la majorité de ces albums n’avaient été publiés qu’à raison de soixante-quinze copies à la fois, les musique de Sun Ra était surtout connue de non-initiés.
À la même époque, Sun Ra avait aussi fait des tournées avec les groupes de Wynonie Harris et Fess Whatley, et accompagné les chanteurs Joe Williams et Lavern Baker.
En 1952, Sun Ra dirigeait le Space Trio avec le batteur Tommy "Bugs" Hunter et le saxophoniste baryton Pat Patrick, deux des musiciens les plus accomplis qu’il n’avait jamais rencontrés. Le trio se produisant régulièrement, Sun Ra avait commencé à composer des pièces de plus en plus complexes. C’est le 20 octobre 1952 que Blount avait changé légalement son nom pour adopter celui de Le Sony'r Ra. Sun Ra avait déclaré par la suite qu’il s’était toujours senti inconfortable avec son nom de baptême d’Herman Blount.
Comme la plupart des anciens descendants d’esclaves, Sun Ra avait hérité d’un patronyme appartenant à une famille blanche. Considérant Blount comme un nom d’esclave, Sun Ra avait donc décidé de le rejeter, un peu comme Malcolm X et Muhammad Ali l’avaient fait à la même époque. Dans une entrevue accordée au magazine Esquire, Sun Ra avait déclaré au sujet de son ancien nom de famille: "People say I'm Herman Blount, but I don't know him. That's an imaginary person." Sun Ra avait utilisé plusieurs autres pseudonymes au cours de sa carrière, dont Sonny Lee, Sunni Bhlount, Armand Ra et H. Sonne Bhlount. Le Sun Ra Arkestra avait aussi été connu sur plusieurs autres appellations, comme le Myth-Science Arkestra, le Solar Myth Arkestra et l’Omniverse Arkestra.
À l’époque, le saxophoniste baryton Pat Patrick avait quitté le groupe de Sun Ra pour aller s’installer en Floride avec sa nouvelle épouse. Le saxophoniste ténor John Gilmore s’était alors joint à la formation, avant d’être rejoint par le saxophoniste alto Marshall Allen. Si Patrick avait continué de faire des aller-retours avec le groupe jusqu’à la fin de sa vie, Allen et Gilmore avaient été deux des membres les plus assidus de l’Arkestra. On avait d’ailleurs souvent critiqué Gilmore pour être demeuré avec Sun Ra durant plus de quarante ans alors qu’il aurait pu diriger ses propre formations. Le saxophoniste James Spaulding et le joueur de trombone Julian Priester avaient aussi enregistré avec Sun Ra à Chicago, ce qui ne les avaient pas empêchés de diriger leurs propres groupes. Le vétéran saxophoniste ténor Von Freeman avait aussi fait un bref séjour avec l’orchestre de Sun Ra au début des années 1950.
C’est à Chicago que Sun Ra avait fait la rencontre d’Alton Abraham, un adolescent précoce qui était très intelligent en plus de posséder des dons de voyance. Abraham était éventuellement devenu un des plus fervents amateurs du groupe ainsi qu’un des plus proches amis de Sun Ra. Tout en étant considérés comme des marginaux et en partageant un intérêt commun pour l’ésotérisme, les deux hommes avaient des qualités qui leur permettaient de se compléter. Si Sun Ra était un chef d’orchestre discipliné, il était souvent trop introverti et manquait de sens des affaires, Abraham était très informé et très pragmatique. Même s’il était encore adolescent, Abraham était progressivement devenu le gérant effectif de Sun Ra: il négociait les contrats, suggérait des musiciens et introduisait même des chansons populaires dans le répertoire du groupe. Avec l’aide d’autres collaborateurs, Sun Ra et Abraham avaient également formé une sorte de club de lecture informel appelé Thmei Research qui leur avait permis d’échanger des idées et de discuter de leurs préoccupations. Le groupe avait aussi publié un certain nombre de pamphlets dans lesquels les membres pouvaient développer leurs conclusions et leurs idées. Le groupe parcourait même les rues de Chicago afin de partager ses interprétations de la Bible et de l’histoire des Noirs. Certains de ces pamphlets ont été réunis en 2006 par les critiques John Corbett et Anthony Elms et publiés dans un recueil intitulé ‘’The Wisdom of Sun Ra: Sun Ra's Polemical Broadsheets and Streetcorner Leaflets.’’
En 1957, Sun Ra et Abraham avaient fondé une compagnie de disques indépendante qui avait souvent changé d’appellation mais qui était généralement connue sous le nom d’El Saturn Records. Après avoir d’abord produit les disques 45-tours de l’orchestre et d’autres artistes du même genre, la compagnie Saturn Records avait publié deux longs-jeux : ‘’Super-Sonic Jazz’’ (1957) et ‘’Jazz In Silhouette’’ (1959). Le producteur Tom Wilson avait été le premier à publier un album de Sun Ra par l’entremise de la compagnie de disques indépendante Transition Records en 1957. L’album était simplement intitulé ‘’Jazz by Sun Ra.’’ À la même époque, Sun Ra avait également enregistré le premier d’une série de douze simples mettant en vedette des chanteurs de doo wop et de R&B. Plusieurs de ces simples ont été réédités par Evidence Records dans un coffret de deux CD intitulé ’’The Singles.’’
À la fin des années 1950, Sun Ra et son groupe avaient commencé à porter des vêtements et des coiffures inspirés de l’Égypte ancienne ou de l’univers de la science-fiction. Ces parures poursuivaient plusieurs objectifs: exprimer la fascination de Sun Ra pour l’Égypte ancienne et la conquête spatiale d’une part, mais aussi de rendre l’orchestre plus facilement identifiable, de façonner son identité, tout en ajoutant une touche d’humour aux spectacles du groupe (Sun Ra croyait que les musiciens d’avant-garde avaient tendance à se prendre un peu trop au sérieux). Décrivant l’approche théâtrale de Sun Ra, le critique Peter Watrous écrivait: “No one else in jazz except Dizzy Gillespie,” had “come close to that sort of mixture of vaudevillian carnival and musical intelligence.” LA PÉRIODE NEW-YORKAISE (1961-1968) Sun Ra s’était installé à New York avec son orchestre à l’automne de 1961. Afin d’économiser de l’argent, Sun Ra vivait en communauté avec les membres du groupe dans un bâtiment appelé le Sun Palace. Le fait de vivre proche de ses musiciens permettait aussi à Sun Ra d’organiser des pratiques spontanées à n’importe quel moment. À la même époque, Sun Ra avait également collaboré avec le poète Amiri Baraka (LeRoi Jones) au Black Arts Repertory Theater/School de Harlem. En 1966, l’orchestre de Sun Ra avait d’ailleurs fourni la musique pour la pièce de théâtre de Baraka intitulée ‘’A Black Mass.’’
C’est également durant son séjour à New York que Sun Ra avait enregistré l’album ‘’The Futuristic Sound of Sun Ra.’’
À partir de 1965, les compositions de Sun Ra étaient devenues beaucoup plus complexes. Les concerts de l’Arkestra duraient aussi beaucoup plus longtemps, s’étendant parfois jusqu’à cinq ou six heures.
En mars 1966, l’Arkestra avait été engagé pour donner un concert tous les lundis soirs au Slug's Saloon, ce qui lui avait permis se faire connaître d’un nouveau public et d’augmenter sa visibilité. La popularité de Sun Ra avait atteint un sommet durant cette période, à une époque où l’influence de la ‘’beat generation’’ et du mouvement psychédélique battait son plein. Durant un an et demi (et de façon plus intermittente au cours des cinq années suivantes), Sun Ra et son orchestre avaient commencé à rejoindre un public beaucoup plus large.
Au cours de son séjour à New York, la musique de Sun Ra était devenue de moins en moins tributaire des influences de blues et de stride qui avaient marqué le début de sa carrière, pour prendre un caractère beaucoup plus avant-gardiste et expérimental. Lors de cette période, la musique de l’orchestre, qui était marquée par l’utilisation de nombreux batteurs et percussionnistes, était aussi devenue beaucoup plus lourde. C’est également à cette époque que Sun Ra avait commencé à recourir de plus en plus aux nouvelles technologies. Les enregistrements et les concerts du groupe s’appuyaient souvent sur l’emploi d’instruments inusités et un recours systématique à l’improvisation libre, en particulier dans les passages collectifs.
Même si la musique de Sun Ra ne faisait pas toujours l’unanimité, l’orchestre s’était attiré les éloges de deux des plus importants leaders du bebop, Dizzy Gillespie et Thelonious Monk. Invitant Sun Ra à ne pas de décourager, Gillespie avait déclaré: "Keep it up, Sonny, they tried to do the same shit to me." Quant à Monk, il avait répondu à un critique qui jugeait la musique de Sun Ra trop avant-gardiste: "Yeah, but it swings."
Toujours en 1966, Sun Ra avait collaboré avec des membres de son orchestre à l’enregistrement de l’album ‘’Batman and Robin’’ du Al Kooper's Blues Project. L’album avait été publié sous le pseudonyme de ‘’The Sensational Guitars of Dan and Dale.’’ L’album était principalement constitué de variations instrumentales sur le thème de Batman et sur des extraits de musique classique qui étaient passés dans le domaine public. Malgré les efforts du groupe visant à économiser de l’argent, les coûts du maintien d’un orchestre aussi important à New York étaient rapidement devenus prohibitifs, ce qui avait éventuellement forcé Sun Ra à s’installer à Philadelphie. LA PÉRIODE DE PHILADELPHIE (1968) En 1968, lorsque l’édifice dans lequel ils habitaient avait été mis en vente, Sun Ra et son orchestre s’étaient installés à Germantown, un quartier de Philadelphie. Sun Ra s’était établi dans une maison de Morton Street qui était la propriété du père du saxophoniste alto Marshall Allen et qui était devenu la base des opérations de l’Arkestra jusqu’à la mort du compositeur. L’édifice avait éventuellement été connu sous le nom d’’’Arkestral Institute of Sun Ra.’’ Exception faite de quelques plaintes occasionnelles au sujet des bruits des pratiques, Sun Ra et son orchestre étaient considérés comme de bons voisins en raison de leur comportement amical, de l’absence de consommation de drogues et de leurs excellentes relations avec les jeunes. Un des membres du groupe, le saxophoniste Danny Ray Thompson, était d’ailleurs propriétaire du Pharaoh's Den, un magasin très apprécié de la communauté.
Devenu rapidement un partenaire inestimable de la communauté, Sun Ra faisait des apparitions fréquentes sur les ondes de la station de radio WXPN. Il faisait aussi des lectures publiques en plus de visiter régulièrement les bibliothèques de la ville. Au milieu des années 1970, l’Arkestra se produisait parfois dans le cadre de concerts gratuits dans un parc de Germantown.
À la fin de l’année 1968, Sun Ra et son orchestre avaient fait une première tournée sur la Côte ouest, mais les réactions du public avait été mitigées. Les hordes de hippies habituées à assister aux performances psychédéliques de groupes comme The Grateful Dead étaient souvent dépassées par la musique de l’Arkestra. À l’époque, le groupe comprenait de vingt à trente musiciens, sans parler des danseurs, chanteurs, mangeurs de feu et des éclairages plutôt élaborés. Le critique John Burks du magazine Rolling Stone avait cependant livré un compte rendu positif du concert du groupe au San Jose State College. Sun Ra avait d’ailleurs fait la couverture du magazine le 19 avril 1969, ce qui avait contribué à augmenter le nombre de ses admirateurs. Durant la tournée, un étudiant en arts de San Jose, Damon Choice, s’était même joint à l’orchestre comme vibraphoniste.
Au cours de cette période, l’orchestre de Sun Ra avait semblé abandonner la musique expérimentale au profit d’une musique plus conventionnelle qui incorporait souvent des standards de swing de Jelly Roll Morton ou de Fletcher Henderson, même si ses enregistrements et ses concerts continuaient d’être assez éclectiques et remplis d’énergie, plus particulièrement dans le cadre de longs solos de percussion. Dans les années 1970, Sun Ra avait aussi développé un intérêt particulier pour les films de Walt Disney. L’orchestre interprétait d’ailleurs régulièrement des extraits des films de Disney dans le cadre de ses concerts. À la fin des années 1980, l’Arkestra s’était même produit à Walt Disney World. ''NO BULSHIT C.O.D.'' En 1970, Sun Ra avait égalemen commencé à faire des tournées internationales, se produisant notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Il avait même joué en Égypte en 1971. Sun Ra avait continué de jouer en Europe jusqu’à la fin de sa carrière. À cette époque, le saxophoniste Danny Ray Thompson était devenu une sorte de gérant d’affaires non officiel pour l’orchestre. Thompson s’était fait une spécialité de ce qu’il appelait le "no bullshit C.O.D.", c’est-à-dire qu’il demandait à se faire payer d’avance avant de se présenter sur scène ou d’enregistrer des disques.
Au début de l’année 1971, Sun Ra avait été engagé coomme artiste en résidence à l’Université de Californie, à Berkeley. Il avait donné un cours intitulé ‘’The Black Man In the Cosmos.’’ Même si peu d’étudiants s’étaient inscrits au cours, sa salle de classe était souvent remplie de curieux provenant de la communauté environnante. La moitié du cours de Sun Ra était consacrée à des lectures (incluant des devoirs qui devaient être réalisés à la maison), et l’autre moitié à une performance de l’orchestre ou de Sun Ra au piano solo. La liste des lectures obligatoires comprenait des oeuvres de Madame Blavatsky et d’Henry Dumas, ainsi que le ‘’Livre Tibétain de la Mort’’, ‘’Les Deux Babylones’’ d’Alexander Hislop, ‘’The Book of Oahspe’’ sans compter des ouvrages portant sur les hiéroglyphes égyptiens, le folklore afro-américain et d’autres sujets. Pendant que Sun Ra donnait ses cours à l’Université Berkeley, l’Arkestra avait élu temporairement domicile dans une maison appartenant au mouvement des Black Panthers.
Toujours en 1971, Sun Ra s’était rendu en Égypte avec l’Arkestra à l’invitation du batteur Salah Ragab. Sun Ra était d’ailleurs retourné en Égypte en 1983 et 1984 pour enregistrer avec Ragab. Ces enregistrements avaient donné lieu à la publication des albums ‘’Live in Egypt’’, ’’Nidhamu’’, ’’Sun Ra Meets Salah Ragab’’ et ’’Egypt Strut and Horizon.’’
En 1972, les producteurs John Coney et Jim Newman, et le scénariste Joshua Smith de la station de télévision KQED avaient collaboré avec Sun Ra pour produire un film d’une durée de 85 minutes intitulé ‘’Space Is the Place.’’ Le film mettait en vedette l’Arkestra et un groupe d’acteurs qui avaient été réunis par l’équipe de production. Tourné à Okland et San Francisco, le film, qui était basé sur l'album du même nom, était une sorte d'.hommage aux films de science-fiction des années 1950 et 1960. En 1975, Sun Ra s’était produit avec l’Arkestra dans le cadre d’un concert à Cleveland qui mettait aussi en vedette le groupe Devo en première partie.
Le 20 mai 1978, l’orchestre avait également fait une apparition sur la populaire émission de télévision Saturday Night Live. Au cours de sa carrière, Sun Ra avait aussi fait des apparitions sur d’autres émissions comme le ‘’Today Show’’ ainsi que sur le réseau MTV. Dans le cadre de ces émissions, Sun Ra en profitait souvent pour prendre position sur les grands dossiers de l’heure comme les dangers de l’énergie atomique, de la guerre nucléaire ou de la pollution.
À l’automne 1979, l’Arkestra avait été engagé comme groupe-résident au Squat Theatre de la 23e rue, qui servait aussi de salle de spectacle à la troupe d’avant-garde de l’Hungarian Theater. Le gérant de la troupe, Janos, avait transformé le théâtre en un club de nuit pendant que les comédiens se produisaient en Europe. La chanteuse Debbie Harry du groupe Blondie, John Cale du groupe The Velvet Underground, Nico du groupe Factory days d’Andy Warhol, John Lurie du groupe The Lounge Lizards et d’autres musiciens pop et d’avant-garde étaient aussi des habitués du théâtre. Même si Sun Ra était resté discipliné et avait bu seulement du soda pendant le concert, il n’avait pas tenté d’imposer son code de conduite à ses musiciens. Grâce à son tempérament doux et charismatique, Sun Ra avait dirigé son orchestre tout en jouant de trois synthétiseurs en même temps.
L’orchestre de Sun Ra avait continué de faire des tournées et d’enregistrer durant les années 1980 et 1990.
Après avoir été victime d’une attaque en 1990, Sun Ra avait continué de composer, de jouer et de diriger son orchestre. À la fin de sa carrière, Sun Ra avait aussi fait la première partie du groupe rock new-yorkais Sonic Youth. Lorsqu’il était trop malade pour jouer ou participer aux tournées, Sun Ra demandait souvent au saxophoniste John Gilmore de diriger l’orchestre. Après sa mort en 1995 des suites de l’emphysème, le saxophoniste `Marshall Allen avait assuré la relève.
À la fin de 1992, Sun Ra était retourné dans sa ville natale de Birmingham afin de vivre avec sa soeur aînée, Mary Jenkins. Devenue son infirmière, Mary avait pris soin de son frère avec ses cousins jusqu’à ce qu’il soit admis au Princeton Baptist Medical Center de Birmingham à la suite de problèmes cardiaques, respiratoires et de circulation sanguine. C’est là que Sun Ra a rendu l’âme le 30 mai 1993. Il a été inhumé au Elmwood Cemetery. On peut lire sur sa pierre tombale l’inscription "Herman Sonny Blount aka Le Sony'r Ra". Sun Ra n’avait jamais été marié et ne semble pas avoir laissé de descendance.
À la suite de la mort de Sun Ra, John Gilmore avait pris la direction de l’Arkestra, suivi de Marcus Allen, qui avait enregistré en 1999 l’album intitulé ‘’Song for the Sun’’, qui mettait notamment en vedette le batteur Jimmy Hopps et le joueur de trombone Dick Griffin. À l’été 2004, l’orchestre était devenu le premier groupe de jazz américain à jouer à Tuva, dans le sud de la Sibérie, dans le cadre du Ustuu-Huree Festival. L’Arkestra avait continué de présenter des concerts et de faire des tournées jusqu’en juillet 2019. Le jeu de Sun Ra au piano était influencé par plusieurs styles. D’abord fasciné par le boogie woogie, le stride et le blues, son jeu rappelait tantôt le style de Count Basie, de Duke Ellington et d’Ahmad Jamal, et tantôt celui de Thelonious Monk ou de Cecil Taylor. Également influencé par les musiciens classiques, Sun Ra avait souvent mentionné Chopin, Rachmaninoff, Schoenberg et Chostakovich comme ses compositeurs favoris. Au début de sa carrière, la musique de Sun Ra avait été particulièrement influencée par son bassiste Ronnie Boykins, qui avait été décrit comme "the pivot around which much of Sun Ra's music revolved for eight years."
Même s’il avait souvent été associé à l’avant-garde, Sun Ra ne croyait pas que son travail devait être considéré comme de la ‘’free music.’’ Il expliquait: "I have to make sure that every note, every nuance, is correct... If you want to call it that, spell it p-h-r-e, because ph is a definite article and re is the name of the sun. So I play phre music – music of the sun."
Des centaines de musiciens étaient passés dans l’orchestre de Sun Ra au cours des années. Si certains comme John Gilmore étaient demeurés avec le groupe durant des décennies, d’autres comme Pharoah Sanders n’avaient fait que passer et n’avaient participé qu’à quelques concerts ou enregistrements.
Même si la vision du monde de Sun Ra avait souvent été décrite comme une philosophie, le chef d’orchestre avait rejeté ce qualificatif. Décrivant sa façon de pensée comme une ‘’équation’’, Sun Ra avait expliqué que la philosophie était basée sur des théories et des raisonnements abstraits, alors que sa méthode s’appuyait sur la logique et l’observation concrète des faits. La pensée de Sun Ra s’appuyait sur des sources aussi diverses que le Kabbalah, le rosicrucianisme, la canalisation (''channeling''), la franc-maçonnerie, le mysticisme de l’Égypte ancienne, ainsi que le nationalisme noir.
Le multi-instrumentiste James Jacson, qui avait étudié le boudhisme zen avant de se joindre à l’orchestre de Sun Ra, a identifié de profondes similitudes entre les enseignements et les pratiques zen et la pensée du chef d’orchestre, qui se réflétait parfois dans ses réponses absurdes à certaines questions. Pour sa part, le batteur Andrew Cyrille admettait que, malgré leur caractère apparemment irrationnel, les commentaires de Sun Ra étaient souvent très intéressants, ‘’whether you believed it or not. And a lot of times it was humorous, and a lot of times it was ridiculous, and a lot of times it was right on the money."
Selon son biographe John F. Szwed, Sun Ra avait admis que ses relations avec le peuple noir avaient changé radicalement avec le temps. À l’origine, Sun Ra s’était senti très concerné par les revendications du mouvement pour le Black Power, et percevait sa musique comme un élément-clé de l’éducation et de l’émancipation des gens de couleur. Mais avec la radicalisation du mouvement du Black Power dans les années 1960, et plus particulièrement avec l’émergence des Black Panthers, Sun Ra avait progressivement perdu ses illusions. Se percevant de plus en plus comme un citoyen du monde, il avait expliqué en 1970: ‘’I couldn't approach black people with the truth because they like lies. They live lies... At one time I felt that white people were to blame for everything, but then I found out that they were just puppets and pawns of some greater force, which has been using them... Some force is having a good time [manipulating black and white people] and looking, enjoying itself up in a reserved seat, wondering, "I wonder when they're going to wake up." Sun Ra, qui demeure à ce jour un des musiciens les plus originaux et audacieux de l’histoire du jazz, avait innové sur plusieurs plans. Sun Ra avait été un des premiers chefs d’orchestre à utiliser deux contrebasses et aussi un des premiers à utiliser la basse électrique, à jouer des claviers électroniques (dès 1956), à explorer la musique modale et à utiliser l’improvisation libre tant comme soliste qu’au niveau collectif. Commentant le travail de Sun Ra, le trompettiste Miles Davis avait déclaré que le compositeur “gives the impression that he has been withholding his most visionary music from a species not yet prepared for it”. Sun Ra a influencé de nombreux musiciens de jazz au cours de sa carrière, dont John Coltrane et Pharoah Sanders.
Sun Ra a également remporté de nombreux honneurs. Intronisé au sein du Alabama Jazz Hall of Fame en 1979, Sun Ra a remporté en 1982 un Jazz Master Award du National Endowment for the Arts, le plus grand honneur pouvant être remis à un musicien de jazz aux États-Unis. La ville de Philadelphie lui a également décerné un Liberty Bell Citizenship Award pour couronner l’ensemble de sa carrière en 1990. Sun Ra a aussi été intronisé au sein du temple de la renommée de la Germantown Historical Society en 1998.
Compositeur prolifique, Sun Ra a enregistré plus de 1000 de ses compositions. Il a participé à l’enregistrement de plus de 120 albums au cours de sa carrière. Sun Ra, qui était aussi poète, a également publié plusieurs recueils de poésie.
L’Université de Chicago possède une importante collection des oeuvres de Sun Ra et de ses objets personnels. La collection, qui a été réunie par l’ami et gérant d’affaires de Sun Ra, Alton Abraham, est conservée au Special Collections Research Center de la Bibliothèque Regenstein. On peut avoir accès à la collection sur demande. Le Special Collections Research Center a d’ailleurs souvent organisé des expositions des oeuvres de Sun Ra.
Quelques documentaires ont été consacrés à la carrière et à la vie de Sun Ra, dont le film de Robert Mugge ‘’Sun Ra: A Joyful Noise’’, réalisé en 1980, qui contient des extraits de ses concerts ainsi que des commentaires du chef d’orchestre sur différents sujets depuis ses souvenirs d’enfance jusqu’à sa place dans le cosmos. Le film de Don Letts intitulé ‘’Sun Ra – Brother from Another Planet’’, réalisé en 2005, tout en incorporant certains éléments du documentaire de Mugge, comprend quelques entrevues additionnelles avec Sun Ra. Enfin, le documentaire d’Ephrahaim Asili intitulé ‘’Points on a Space Age’’, tourné en 2009, reproduit quelques entrevues avec le musicien entrecoupées d’extraits de concerts. Sun Ra a également participé au tournage de deux autres films: ‘’The Cry of Jazz’’ (1959) et ’’Space Is the Place’’, une version filmée de l’album du même nom (1971) qui rendait hommage aux films de science-fiction des années 1950 et 1960.
Après la mort de Sun Ra, la majorité de ses albums ont été réédités sous forme de CD pour la première fois par Evidence Records et Ihnfinity Music. ©-2023-2024, tous droits réservés, Les Productions de l’Imaginaire historique
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claudehenrion · 10 months
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Cujus regio, ejus religio...
Ce dicton romain, qui peut se traduire par ''celui qui règne sur un territoire en détermine la religion'', a longtemps été un argument de base pour justifier des situations historiques, inexplicables autrement. En notre temps, dramatiquement marqué par la perte de toute culture –-et donc de toute référence sensée-- il reste plus que jamais d'actualité, contrairement à tout ce que les médias nous disent qu'il faut penser. Et il semblerait même que, le temps passant, cette bribe de l'antique sagesse non seulement surnage mieux que prévu, mais a toute sa place, aujourd'hui...
Longtemps après l'effondrement du communisme –cette pseudo-religion intouchable, sur les terres de laquelle il ne faisait pas bon ne pas souscrire à ce que croyait le chef-- on constate que dans tout le monde musulman (avec, pour un moment encore, les deux exceptions que sont mon cher Maroc et les Emirats du golfe), mais en Inde aussi, où il ne fait bon ni être musulman ni chrétien, et en Israël (passons rapidement, si vous le voulez bien, pour éviter les controverses. Mais j'y ai vécu des situations critiques), bien sûr en Chine (un seul pays, mais plus d'un milliard d'habitants), où les 2 mêmes minorités paient parfois cher le fait d'oser croire qu'il y aurait eu d'autres ''prophètes'' que Mao Tsé Tung (Mao Zedong en ''Pin-yin'') ou au Canada, soumis à Trudeau, l'idiot enragé du progressisme...
Chose curieuse, on peut, contre toute attente, ajouter la France à cette liste de régions soumises à la loi du ''Cujus regio, ejus religio'' : après un siècle (depuis 1905) pendant lequel l'anti-cléricalisme profond d'une grande partie de la classe politique a pu passer inaperçu et faire illusion en se déguisant en ''tolérance'' (tu parles !), la prétendue laïcité de la caste au pouvoir se montre pour ce qu'elle est : un laïcisme militant et exacerbé, qui guerroie inlassablement contre toute crèche, qui ferraille sans répit contre le mot-même de ''Noël'', qui est prête à toutes les démonstrations de son hostilité agressive contre les Saints, les Fêtes, les musiques, les noms de villages ou de rues, les cloches... bref contre tout ce qui pourrait rappeler que la France, ce beau fruit de la civilisation judéo-chrétienne, a été pendant des siècles ''la Fille aînée de Dieu'' ou, comme le dit un proverbe yiddish, le pays où Dieu est heureux (''Glücklich wie Gott in Frankreich'').
Le temps passant, nos leaders sont lentement tombés de la pratique affichée (De Gaulle) à une opposition affichée (Hollande) ou évidente et cachée (Macron, qui croit... et, en même temps, ne croit pas !), via la tiédeur engagée de Giscard, l'indifférence respectueuse de Pompidou, la girouette erratique de Chirac, le doute prudent de Sarkozy, et avant la ''cata''  qu'est l'hostilité des deux derniers occupants de l'Elysée, déclarée et affichée pour l'un, et ''en même temps'' pour l'autre. On peut être d'accord ou pas avec ma vision des caractères et de la religiosité de nos Présidents... mais il faut tout de même reconnaître que Macron ne tient pas ''les cultes'' en grande estime... sauf une apparence de ''soumission'' à l'islam, tant il a la trouille des nuits d'émeute, des quartiers anéantis, des bagnoles cramées et de l'impuissance des forces ''de l'ordre'', menacées.
Par exemple, on ne se souvient pas qu'il ait sérieusement demandé leur avis aux dits cultes –ou qu'il en ait tenu compte, les rares fois où il l'a fait-- pour tout ce qui concerne les lois prétendues ''sociétales'' : ni sur la remise en cause du mariage, confirmée et élargie, ni sur la PMA, ni sur la GPA, ni sur l'inscription d'un ''droit à tuer les bébés dans le ventre de leur mère'', sans cesse élargi, lui aussi (NB : comme il était beau –et tellement vrai-- le ''Infans conceptus pro nato habetur'' du Droit romain . Il mérite une traduction : 'l'enfant, dès le moment où il a été conçu, doit être considéré comme déjà né'').
Il ne se préoccupe pas davantage d'ailleurs de ce que pensent les églises, les temples, les mosquées ou les synagogues dans d'autres domaines, tels l'accueil des migrants, le ''dé-baptême'' des rues, des écoles ou des villages, la vraie liberté d'enseigner et la liberté tout court... et, tout récemment, sur l'euthanasie et le respect dû à la vie... que l'Etat a pourtant pour mission de protéger, comme on nous le rappelle sans cesse mais à mauvais escient à propos du pillage en règle des poches des automobilistes et des motards qui osent rouler au delà des stupides normes administratives (90, 80, 90, 110, 80, 70, 90... sur 1 km !) re-baptisées ''la sécurité'' par des technocrates pourvus d'un chauffeur qui, lui, s'en affranchit, ajoutant la pollution sonore d'un ''deux tons'' (pin-pon) à son non respect de la Loi !
Pourtant, nécessité faisant loi, le Président a oublié ses préjugés habituels. Sans doute parce qu'il est un peu ''paumé'' : l'échec hurlant de sa politique étrangère en général et de sa politique arabe en particulier doit (enfin !) commencer à lui peser, et il faut reconnaître que ça doit être difficile à supporter de voir que pas une seule de ses idées –qu'il croyait géniales, le pauvret-- n'est autre chose que (très) mauvaise : personne de sensé ne peut suivre les danses du ventre qu'imposent chacun de ses ''et en même temps''. Ça, ça peut passer dans un discours d'estrade. Dans la vraie vie, ça n'a pas la moindre chance de finir autrement qu'en catastrophe ! Quant à son ''quoi qu'il en coûte''... il ne pouvait nous mener qu'à la banqueroute. Bingo ! On y va tout droit.
Mais ''place au direct'' comme disent stupidement nos animateurs-télé (une bêtise de plus à leur actif : en quoi ce que dit M'ame Michu –qui était à 2 km mais a entendu un grand ''boum''-- doit-il passer avant le ''spécialiste de ceci ou cela'' ? Il est vrai que, après les ''Experts ès-covid'' et ''ès-Ukraine''... on voit débarquer des ''spécialistes de l'islam'' qui ne parlent pas un mot d'arabe...) : la situation dramatique créée par le seul Hamas, due à sa décision folle et non directement provoquée (on peut toujours remâcher de vieilles haines : ce sont des arguments, pas des raisons !), a contraint le chef de l'Etat à se rappeler qu'il existait d'autres forces dans le pays que les seuls progressistes et leur action délétère (et c'est tant mieux : c'est notre ultime espoir !).
Voilà pourquoi il a cru utile de convier, lundi dernier, les représentants des trois monothéismes à venir boire un petit kaoua à l'Elysée, ce qui tendrait à prouver que lorsque le besoin s'en fait sentir et que son rêve d'un ''vivre ensemble'' impossible est démontré irréaliste par les faits, il sait où trouver des aides salvatrices. Mais la séquence ne manque pas de sel : ''chassez le naturel, il revient au galop''. Juste après la grande marche contre l'antisémitisme (qui a entraîné la ''rabia'' de la Grande Mosquée de Paris, vite recentrée : ''Taqyia'' oblige, recommande et permet) , il n'a rien trouvé d'autre que de leur demander, à eux, ''de défendre l'universalisme des valeurs républicaines'' et, cerise sur le gâteau, de ''multiplier les actions éducatives en ce sens''... On a envie de dire : ''Pincez-moi, je rêve !''. Pourquoi ne pas carrément leur demander de devenir d'actifs militants du laïcisme anti-catho et anti-juif que pratiquent ses amis ? Ça aurait au moins eu le mérite de la franchise,et ça aurait démontré qu'il connaissait notre adage du jour, ''Cujus regio, ejus religio'' : en Macronie, les seules ''valeurs'' sont ces ''vertus chrétiennes devenues folles'' que la République à fait siennes, et le laïcisme militant est la religion d'Etat. D'ailleurs, ses grands-prêtres veulent l'inscrire dans notre Constitution, c'est tout dire. 
Sa terreur ? La crainte de voir le conflit palestinien ''importé'' dans notre pays par ''les communautés religieuses'' (sic ! Ne riez pas, ce serait cruel !). Mgr de Moulins-Beaufort et le grand Rabbin Haïm Korsia ont découvert qu'ils étaient les porteurs potentiels de violences et de terrorisme dans notre cadre national. Mais dire ''l'islam'', apparemment, lui pose un problème. Question : d'où vient cette impossibilité chronique de prononcer le mot ''islam'' là où il s'impose, parfois avec véhémence, comme le fait Abdelali Mamoun, l'Imam de la grande Mosquée de Paris, qui nie, en se tortillant les neurones pour avoir l'air de ne pas dire l'indéniable... ou le dire sans le penser complètement...? On se perd en conjectures... Camus aurait dit : ''Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde''. Qu'il l'ait dit ou pas, est-il besoin d'aller plus loin ?
H-Cl.
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haitilegends · 2 years
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Louis Berrouët:
L'Intrusion de la Poésie dans le Langage Pictural des Oeuvres du Grand Peintre Hervé Lebreton (French Edition)
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Par Sabrina Lebreton
Mesdames et messieurs,
c'est avec une grande fierté que je propose ce magnifique livre recueillant les sublimes poèmes de Louis Berrouet ainsi que les grandes œuvres picturales de mon père Hervé Lebreton.
C'est une tendre lecture teintée d'amour, de romantisme et de sensualité où la femme, héroïne de tous les temps, tient la vedette.
La symbiose des deux artistes offre un spectacle littéraire majestueux à travers 43 toiles et poèmes.
Pour vous procurer le livre, je vous réfère à Louis Berrouet en lui écrivant en privé. Bonne lecture à tous ❤️❤️❤️
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=5607606886017330&id=100003042238200&mibextid=Nif5oz
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Louis Berrouët - Biographie:
"Étant le cinquième enfant d’une famille de dix , gamin turbulent et bagarreur, rien ne laissait pressentir chez moi, un poète en gestation.Cette fougue qui s’exprimait par une très forte vitalité physique, cachait en réalité une âme sensible qui cherchait sa voie.
D’une part, élevé par un Père qui , sous un air sévère, savait prodiguer une réelle affection
et d’autre par, par une Mère dont la voix a bercé mon enfance des airs les plus populaires de lachanson française et de la musique classique , cette fée du foyer nous a transmis sa sensibilité et et le goût du beau.
Dès mon plus jeune âge , j’éprouvais un attrait particulier pource la lecture et je faisais la fierté de la famille quand je ramenais le prix d’excellence épinglé sur mon uniforme du dimanche après la messe dominicale à laquelle j’assistais avec mes autres camarades de classe des frères de l’instruction chrétienne de Jacmel , cette ville prodigieuse qui a forgé mon enfance.
Tel est ce contexte empreint d’émotions fortes et d’amour filial dont ma Mère fut le phare qui m’a dicté cette vénération que j’ai pour la femme et ce sens aiguë de justice que je me suis efforcé d’exprimer dans mes poèmes et réflexions
Dans le clair-obscur du psychisme, il faut réactiver la rêverie comme l’a dit Gaston Bachelard, et le poète devient ce rêveur de mots .je trouve que cette approche est adaptée à ma quête d’une écriture poétique."
Source:
https://a.co/d/3GH6Pf6
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christophe76460 · 19 days
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TOP MUSIQUE LOUANGE ET ADORATION CHRÉTIENNE 🙏 COMPILATION LE PLUS POPULA...
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lombredesruines · 1 month
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Le "French rural gothic", c'est quoi ?
C'est une esthétique, un "mouvement" développée par mes soins, prenant inspiration sur le "american gothic", le "southern gothic" ect. Englobant une esthétique pauvre des milieux ruraux en France, mélangé à l'histoire du pays, aux mythes et aux légendes locales (concept que je n'ai pas encore développé, car je manque de culture, j'y travaille ! Par exemple la légende de la bête du Gévaudan rentre dans cet univers). Le terme "gothic", ramène à des thématiques sombres et tristes comme la mort ou la religion chrétienne qui est très caractéristique de la mouvance goth'. Pour ma part je mélange avec les croyances païennes qui rentre excessivement bien dans l'esthétique, 2 mondes spirituels qui s'entrecroisent.
C'est raconter les traumatismes de l'après guerre, surtout la première guerre mondiale. Sur la deuxième guerre mondiale, on forcera sur l'esthétique de l'Exode de 1940 par exemple. Mais surtout sur l'abandon totale des milieux ruraux par l'Etat dans un contexte plus contemporain à travers les yeux d'une jeunesse délaissée, et en perte de sens, et de valeur. J'explore principalement une image romantisé des campagnes dans une époque ancienne qui se mélange avec la vie actuelle.
Ce "mouvement" va plus loin et explore en profondeur le milieu prolétaire des français blancs, à travers un mode de vie de "white trash", un "french dream" romantisé, et non pas moqué. C'est aller contre les idées reçues du "ksos". Les addictions à la drogue, à l'alcool, aux conflits intra-familiaux font partie du côté sombre du "French rural gothic".
Le terme en français est "Gothique rural français" ou "France rurale gothique" comme vous voulez, mais pour des raisons de diffusion, le terme anglophone est plus approprié pour qu'il rentre dans une sous-culture de niche.
Explorer ce mouvement naissant, c'est à travers tous ce que vous voulez : la littérature, la musique, le cinéma, la peinture, la photographie, un mode de vie. Mais c'est respecter un code esthétique précis : la campagne française, les fermes, les maisons abanonnées, l'équitation, la chasse, les forêts, les montagnes, les villages, ect. comme principale image de fond et d'inspiration, c'est la base du cadre.
(Si jamais vous vous posez la question : non je ne suis pas une citadine qui romantise la campagne dans des délires de cottagecore. j'ai grandi dans la campagne Loirétaine, depuis ma naissance. Je suis une fille de la campagne et j'ai une profonde aversion pour la ville. Je suis triste de la situation que vivent les campagnes en France aujourd'hui que j'appelle les "Oubliées". C'est rendre hommage à cette vie qui me manque tous les jours et à ces personnes dans le fond à qui on offre rien.)
·:·🜨.·: Sërindelle ·:·🜨.·:
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netalkolemedia · 1 month
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Stanley Georges : un innovateur musical qui révolutionne la musique chrétienne haïtienne
Le 10 août 2024, le restaurant Chez OT a été le théâtre d’un événement musical exceptionnel. Le staff de Stanley Georges, en collaboration avec R3volve Haïti, a organisé une conférence de presse exclusive pour présenter son nouvel EP intitulé « 2 minit Tranzisyon ». Ce projet, composé de six titres soigneusement orchestrés, représente une véritable révolution dans le milieu musical haïtien, en…
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lepartidelamort · 3 months
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« Je partira pa » : la terreur antiraciste s’effondre
Chez les sportifs, comme chez les artistes ou les généraux, il y a ce que l’on appelle le match, le concert ou la bataille de trop. C’est le moment où l’on bascule de la grandeur au grotesque parce qu’on est usé, has been.
Pour les organisations antiracistes (antiblanches), c’est la plainte de trop.
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C’est tout ce qu’il ne fallait pas faire. Ces gens savent qu’il ne fallait pas le faire, mais l’idée que des millions de Blancs puissent écouter de la musique appelant au nettoyage ethnique en toute liberté les tétanise à un tel point qu’ils préfèrent y aller tout de même.
S’ils le font, ils perdent, s’ils ne le font pas, ils perdent.
C’est la rupture du barrage, le point d’inflexion décisif.
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Les lois dites « antiracistes », en réalité antiblanches, devaient faire peur au quidam pour le dissuader de dire ce qu’il veut sur la question raciale et migratoire.
Ce sont les lois Pleven, Fabius-Gayssot, Lellouche, Taubira, Avia, etc.
Pendant très longtemps, seule une poignée de personnes était susceptible d’être poursuivie. Maintenant, ce sont des dizaines de milliers ou plus et ce n’est plus politiquement jouable. La terreur ne marche plus.
Maintenant l’antiracisme passe dans l’opinion pour bien pire que de la censure, il passe pour un instrument répressif de gens chiants.
C’est ce qui est arrivé à De Gaulle en Mai 68. Son régime usé et sans énergie était chiant.
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Pour les juifs qui ont progressivement mis au point ces lois grâce à l’Affaire Dreyfus, c’est un Waterloo idéologique. Il ne faudra plus guère de temps avant qu’elles soient violemment rejetées par une grande partie de la population autochtone.
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Avec la libération totale de la parole blanche, le système est à la veille d’un cataclysme. Des mots aux actes, il n’y a qu’un pas et le système le sait.
Culturellement, il existe trois blocs démographiques en France qui ne veulent plus s’adresser la parole, ni même cohabiter.
Les boomers macronistes, les bobos et leurs animaux de compagnie et les Blancs.
Ces trois catégories seront représentées à l’assemblée nationale d’ici le 8 juillet. Ils devront y coexister alors que tout, chez leurs électeurs, les pousse à s’éviter physiquement ou à en venir aux mains.
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Je veux te tuer pour mettre des noirs dans ton village, sale Blanc, et je suis cliniquement en bonne santé 
Nous n’en sommes qu’au début.
On peut toujours réconcilier des gens qui ont des opinions différentes, même s’il faut plusieurs générations, tant qu’ils sont du même peuple, du même sang.
Aujourd’hui, des blocs raciaux et religieux imperméables se font face et ne veulent plus se voir, ni discuter, même pour la forme.
La gauche radicale que nous voyons en action est la dernière partie véritablement chrétienne de la population française, celle qui est en train de passer avec armes et bagages dans le camp du dernier abrahamisme encore doué de fanatisme avec le judaïsme : l’islam.
Qu’elle soit athée ne change rien à ses représentations mentales héritées des catacombes romaines.
La confrontation raciale est là, l’État s’affaiblit de jour en jour et ne maîtrise plus rien, ses dissolutions n’ont aucun effet sur l’opinion.
C’est la veille de la balkanisation généralisée du territoire.
Démocratie Participative
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adeito · 3 months
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Laissez-vous transporter par les mélodies célestes de "Ieschouah" : Une immersion divine dans la musique chrétienne d'Adeito Poba
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View On WordPress
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yes-bernie-stuff · 3 months
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« On raconte, à notre sujet… Comment vous vous êtes convertis à Dieu en abandonnant les idoles… » (1 Thessaloniciens 1:9).
Certains anthropologues ou sociologues scientistes, agnostiques ou athées, accusent les chrétiens de vouloir altérer la culture des gens vivant selon certaines habitudes religieuses. 
Il est capital de dire que le but de l’Église n'est pas de changer la culture des personnes, mais de partager l’Évangile. Cette "Bonne Nouvelle" - c’est ce que signifie Évangile - offre à chacun le choix, soit de se cantonner à une croyance héritée, soit d’aller vers une nouvelle vision du monde.
En cela, l’Évangile, comme toutes les philosophies (humanisme, féminisme, socialisme, libéralisme, environnementalisme etc.), peut affecter partiellement certains aspects d’une culture. 
Par exemple en Inde, la pratique du "sati" imposait à une veuve d’être incinérée vivante aux côtés du corps de son époux défunt. Ce rite fut remis en question par l'arrivée de l'Évangile, pour le grand soulagement d’une partie de la population.
On pourrait multiplier les exemples. Oui, l'Évangile peut faire évoluer une culture, mais il ne doit surtout, ni la mépriser ni la violer. Au contraire, même si l’Évangile est un message universel, il est tout sauf standardisé : chaque culture se l’approprie à sa manière, le vit et l’exprime dans le contexte propre de son identité culturelle. Il suffit de comparer la manière de vivre des chrétiens asiatiques, occidentaux, ou africains pour constater que chaque groupe ethnique ou culturel vit la foi chrétienne au sein de sa propre identité culturelle dans une grande diversité.
Le respect de la culture est un principe observé par les apôtres dans le livre des Actes. Ils n'ont jamais prêché contre la culture des peuples mais simplement le message de l'Évangile qui transcende les cultures.
Rappelons, enfin, qu’une culture n’est pas un système figé, à moins d’être éteinte. Une culture vivante, évolue, influence et est influencée.
À l’heure de la globalisation, toutes les cultures s’auto-influencent, par la musique, la mode, le commerce et l’alimentation. 
L’acceptation de l’Évangile provoque des changements profonds. C’est la conversion.
« Seigneur, que les valeurs de liberté, d’amour, de justice, de respect, partagées par le message de l’Évangile, influencent notre monde. Que dans la vie de ceux qui acceptent l’Évangile se produisent ces changements profonds ! Au nom de Jésus, amen ! »Avec amour, Paul
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savoir-entreprendre · 4 months
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Rema, de son vrai nom Divine Ikubor (né le 1er mai 2000 à Benin City, dans l’État d’Edo au Nigeria), est unauteur- compositeur- interprète nigérian. Il est devenu célèbre avec la sortie de la chanson « Iron man » qui figurait sur la playlist d'été 2019 de Barack Obama. En 2019, il signe un contrat d'enregistrement avec Jonzing World, une filiale de Mavin Records. Divine Ikubor nait dans une famille chrétienne de quatre enfants de Benin City. Il grandit en chantant et en rappant alors qu'il est au lycée. Il fait ses études primaires et secondaires au groupe d'écoles Ighile, dans l'État d'Edo. Le jeune Rema commence à écrire ses premières lignes de textes en tant que parolier en 2015, à l’âge de 15 ans, débutant ainsi sa carrière. En 2018, Rema publie un freestyle viral sur Instagram sur le morceau Gucci Gang de D'Prince. Le post attire l'attention de D'Prince qui l'emmène à Lagos pour lui offrir un contrat d'enregistrement. En 2019, Rema signe un contrat d'enregistrement avec Jonzing World, une filiale de Mavin Records détenue par le producteur de disques Don Jazzy. Rema sort son premier EP éponyme Rema en 2019, qui culmine au numéro 1 sur Apple Music Nigeria. Le 21 mai 2019, Jonzing World et Mavin sortent le clip Dumebi, une chanson majeure de son EP éponyme, avec une apparition de Diana Eneje. La vidéo est réalisée par Ademola Falomo et compte, en 2022, 50 millions de vues sur YouTube. Grâce à sa chanson Dumebi, Rema acquiert une notoriété à l’échelle internationale, soit 4 ans après le début de sa carrière musicale. Rema se retrouve sur le devant des médias avec sa chanson Iron Man, apparue sur la playlist d'Été 2019 de Barack Obama. En mai 2021, Rema annonce qu'il appellera sa musique « Afrorave », un sous-genre d'Afrobeats, aux influences de musique arabe et indienne, ce qui lui vaut d'avoir l'une des plus fortes bases de fans du pays, connue sous le nom de Ravers. En septembre 2021, Rema est nommé en tant qu'ambassadeur pour la marque de boisson gazeuse Pepsi aux côtés de son compagnon de label Ayra Starr. En septembre 2020, le titre "Beamer" de Rema a été inclus dans les bandes sonores de FIFA 21. Rema sort son premier album Rave & Roses le 25 mars 2022. L'album comprend 16 titres et des apparitions de 6lack, Chris Brown, AJ Tracey et Yseult. L'album inscrit 10 chansons sur le Billboard Afrobeats Chart américain après sa première semaine. Il est considéré par des critiques comme possédant une capacité vocale particulière et comme étant « un jeune prodige de l’Afrobeat », de la Pop Music et de la Trap, faisant de lui, une vedette de renommée internationale. Il devient donc auteur-compositeur-interprète. Il sort un remix de sa chanson Calm down avec Selena Gomez, le 25 août 2022, et connait un succès mondial. https://savoirentreprendre.net/?p=12989&feed_id=7180
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lonesomemao · 5 months
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LE PAYS DANS LE CIEL
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Sur le NET
S' est créé
C'est une chanson
De Christophe AnderSSon
Belle gueule mai en nazi
Pour fliquer
Qu'est-ce que je fais
Avec les nénettes
Moi être psychique
Qui voyage de la tête
Christophe AnderSSon
Qui me concurrence
Chemise blanche
Espace 1+1= 3
Musique futuriste chrétienne
Christophe Andersson
Par la négative
Sa cosmicité est bellement positive
Mais danger
L'art alien une réalité
A ma décharge un baiser lumineux de mai
Lundi 6 mai 2024
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jpbjazz · 3 months
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LÉGENDES DU JAZZ
LIL HARDIN, LA PREMIÈRE DAME DU JAZZ
‘’Throughout all her success and failures, she remained true to her own moral vision and, in doing so, she became a role model for how to achieve goals in life while remaining true to one’s self.” 
- James L. Dickerson
Née le 3 février 1898 à Memphis, au Tennessee, Lillian Beatrice Hardin était la fille de Dempsey Martin et de William Hardin. Hardin était aussi la petite-fille de Priscilla Martin Thompson, une ancienne esclave née à Oxford, dans le comté de Lafayette, au Mississippi, en 1850. Thompson avait épousé Taylor Martin de qui elle avait eu treize enfants dont sept étaient déjà décédés en 1900.
Après avoir fui son mari avec sa famille à bord d’une charrette conduite par une mule, Thompson s’était installée avec sa famille à Memphis, au Tennessee. Une des filles de Thompson était la mère de Lil, Dempsey. Dempsey, qui faisait la cuisine pour une famille blanche, avait éventuellement épousé Will Harden. Lil avait finalement été élevée par sa grand-mère.
Lil était encore jeune (elle avait entre trois et sept ans selon les sources) au moment de la mort de son père, qui avait péri des suites de la tuberculose. Devenue veuve, sa mère s’était remariée avec John Miller. Le couple avait eu deux enfants, dont un était décédé peu après la naissance de Hardin. Le second enfant du couple était Lillian, plus communément connue sous le surnom de Lil.
Durant son enfance, Hardin avait appris à jouer des hymnes, des spirituals et de la musique classique au piano et à l’orgue. Durant cette période, Hardin elle avait également été familarisée avec la musique populaire et le blues. Hardin avait commencé à jouer de la musique après avoir découvert un harmonium qui avait été abandonné dans un parloir. Elle expliquait: ‘’I spent a lot of time making that thing moan and groan. And when they all got tired of listening to that noise, I would play an imaginary piano on the window sill or an upturned bucket.’’ Hardin avait commencé à réaliser qu’elle avait un avenir dans la musique lorsqu’elle avait remporté un concours amateur à l’école à l’âge de seize ans.
Après avoir découvert l’intérêt de sa fille pour la musique, la mère de Hardin lui avait fait suivre des cours de piano avec son professeur de troisième année, Violet White. Décrivant sa collaboration avec White, Hardin avait commenté: ‘’She allowed me to use my hand and fingers any way I chose, as long as I played the notes correctly.’’ Hardin avait appris des années plus tard que White avait une façon plutôt inorthodoxe de jouer, ce qui l’avait obligée à prendre des cours pour corriger ces défauts.
Il n’avait pas fallu beaucoup de temps à Hardin pour apprendre à jouer des marches à la Virginia Avenue Grade School. À l’âge de neuf ans, Hardin avait commencé à jouer des hymnes à la Lebanon Baptist Church Sunday School. Très fière et impressionnée par les progrès de sa fille et convaincue que la musique était sa vocation, Priscilla Martin (que Hardin surnommait ‘’Decie’’) l’avait inscrite à la Mrs. Hook's School of Music. Elle lui avait aussi acheté un piano droit afin qu’elle puisse pratiquer à la maison.
Après que sa fille ait passé trois ans au Kortrecht High School, Dempsey avait dépensé toutes ses économies pour acquitter les frais de 36,50$ par semestre requis par l’inscription de Lillian à  l’Université Fisk à l’automne 1915. Fondée en 1865 dans l’intention de procurer aux jeunes noirs une solide instruction chrétienne, l’Université Fisk était située à Nashville et offrait une formation de base en anglais, en sciences, en latin et en économie domestique.
Même si Hardin avait été honorée de pouvoir étudier dans une université aussi prestigieuse, son enthousiasme avait nettement décru lorsqu’on lui avait appris que les professeurs de la Hook's School of Music lui avaient enseigné le mauvais doigté. Humiliée et insultée, Hardin avait jeté son diplôme à la poubelle dès qu’elle était retournée à Memphis. Hardin avait finalement dû abandonner ses études en 1917 après que sa mère, qui ne s’intéressait qu’à la musique religieuse, ait découvert qu’elle avait commencé à jouer du blues, qui était alors considérée comme la ‘’musique du Diable.’’
En août 1918, Hardin était déménagée à Chicago avec sa mère et son beau-père. Miller, un travailleur de l’industrie du chemin de fer, avait décidé de fonder sa propre compagnie de camionnage à Chicago.
DÉBUTS DE CARRIÈRE
En 1918, Hardin, qui savait très bien lire la musique, avait mit à profit ses compétences pour obtenir un emploi de démonstratrice au Jones Music Store situé sur South State Street. Hardin explique comment elle avait décroché l’emploi: ‘’I came across the Jones Music Store and gazed at all the music displayed in the window, wishing I had every sheet. I went in and hummed a song I had heard people whistling. Recognizing it, the salesman began to play it, but not too well, so I asked if I might try. Amazed to see such a young girl read, he offered me a job as music demonstrator. And I accepted it.’’ Il est inutile d’ajouter que Hardin avait particulièrement apprécié cet emploi qui lui avait permis d’avoir un accès direct aux feuilles de musique.
C’est également dans le cadre de ses fonctions au magasin que Hardin avait fait la rencontre du pianiste Jelly Roll Morton, qui lui avait appris à jouer du ragtime. Décrivant sa collaboration avec Morton, Hardin avait précisé:  “I don’t know what he played—what pieces they were, but they were loud and the place was rockin’ and the people were jumping up, keeping up with him, and I was jumping higher than anybody.” C’est au cours de sa collaboration avec Morton que Hardin avait développé le style très percussif qui l’avait caractérisée durant toute sa carrière.
Parallèlement à son travail au magasin, Hardin avait également commencé à jouer avec certains groupes comme le Sugar Johnny's Creole Orchestra et le Freddie Keppard's Original Creole Orchestra avant de diriger son propre groupe au Dreamland Cafe dans le Southside.
À l’époque, il était plutôt difficile pour une femme d’obtenir un poste de pianiste avec un groupe, mais Hardin avait finalement obtenu sa chance trois semaines plus tard. Connue sous les surnoms de "Hot Miss Lil’’ et de "The Jazz Wonder Child", Hardin, qui gagnait trois dollars par semaine pour travailler au magasin (l’équivalent de 61$ au cours de 2023), s’était alors vu offrir la somme de 22,50$ (l’équivalent de 458$ en 2023) par le chef d’orchestre et clarinettiste Lawrence Duhé pour venir jouer avec son groupe les New Orleanians. Se doutant que sa mère désapprouverait qu’elle aille jouer dans les clubs, Hardin avait prétendu avoir été engagée pour jouer dans une école de danse. Finalement, la mère de Hardin s’était résignée après être venue à la conclusion que travailler dans les cabarets était une situation plus enviable que de passer sa vie en faisant la cuisine pour les Blancs. Comme l’écrivait James L. Dickerson dans sa biographie d’Hardin intitulée ‘’Just for a Thrill: Lil Hardin Armstrong, First Lady of Jazz’’, publiée en 2002: “With her hard-pounding hands on the piano, youthful face, and slender body, she was an attraction all unto herself. She played like a man, but dressed like a Sunday school teacher.’’
Le fossé entre la formation musicale poussée de Hardin et celle des membres du groupe de Duhé n’avait pas tardé à apparaître au grand jour. Lorsque Hardin avait demandé aux autres musiciens dans quelle clé elle devait jouer, ceux-ci avaient simplement répondu: "We don't know what key. When you hear two knocks start playing." Trois semaines plus tard, le groupe avait décroché un meilleur contrat au De Luxe Café avec Florence Mills et Cora Green. Par la suite, le groupe était allé jouer au Dreamland avec Alberta Hunter et Ollie Powers.
Lorsque le Creole Jazz Band de King Oliver avait pris la relève du groupe de Duhé au Dreamland, Oliver avait demandé à Hardin de se joindre à la formation comme pianiste et arrangeuse. À l’époque, le groupe d’Oliver était composé de Lawrence Duhé à la clarinette, de Sidney Bechet à la clarinette et au saxophone soprano, de Sugar Johnson et de Freddie Keppard aux cornets, de Roy Palmer au trombone, de Jimmy Palao au violon, de Bob Frank au piccolo, de Wellman Braud à la contrebasse et de Tubby Hall à la batterie.
Hardin se produisait au Dreamland avec Oliver lorsqu’on avait proposé au groupe un  engagement de six mois au Pergola Ballroom de San Francisco. Malheureusement, à l’époque, le piano étant toujours considéré comme le centre de la section rythmique, on avait donné peu d’occasions à Hardin de se produire en solo. Elle expliquait:  "It wasn't the style during the King Oliver days for the pianist to play many solos. Sometimes I'd get the urge to run up and down the piano and make a few runs and things, and Joe ["King" Oliver] would turn around and look at me and say, 'We have a clarinet in the band.' "
Lorsque le contrat s’était terminé, Hardin était retournée à Chicago pendant que le reste du groupe était parti pour Los Angeles. Hardin avait par la suite poursuivi ses études au New York College of Music, où elle avait obtenu son diplôme en 1929. En 1924, Hardin avait également décroché un diplôme en enseignement du Chicago College of Music.
Durant son séjour à Chicago, Hardin était retournée travailler au Dreamland comme pianiste dans le groupe de Mae Brady, une violoniste et artiste de vaudeville. Pendant cette période, Hardin était tombée amoureuse de Jimmie Johnson, un jeune chanteur de Washington, D.C., qu’elle avait épousé le 22 août 1922. Cependant, le mariage avait fait long feu, et s’était terminé sur un divorce. À l’époque, le groupe de King Oliver était de retour de Californie et avait commencé à jouer au Royal Gardens avec Bertha Gonsoulin au piano, mais Hardin n’avait pas tardé à la remplacer et à retrouver sa place avec la formation. Parmi les membres du groupe d’Oliver à cette époque, on remarquait également Honoré Dutrey au trombone, Johnny Dodds à la clarinette, Bill Johnson au banjo, les chanteurs Bill "Bojangles" Robinson, Al Jolson et Eddie Cantor,  et Warren ‘’Baby’’ Dodds à la batterie.
Le Creole Jazz Band d’Oliver avait remporté un énorme succès au Dreamland après que Louis Armstrong se soit joint au groupe comme second cornettiste. Lorsqu’on avait appris à Hardin que le ‘’Petit Louis’’ était sur le point de se joindre au groupe, Hardin avait répliqué: “Little Louis! He weighed 226 pounds. He was wearing a second‐hand suit that didn't fit, he had a hat that was too small sitting on top of his head and I didn't like his hairdo—he had bangs sticking straight out, which was the style in New Orleans.”
À l’époque, Armstrong avait commencé à se faire un nom à La Nouvelle-Orléans et considérait Oliver (qu’il surnommait "Papa Joe") comme son mentor. À l’époque, le groupe se produisait un peu partout dans le Midwest, de l’Indiana à l’Ohio, en passant par le Michigan et le Wisconsin.
Peu impressionnée au début, Hardin avait même déclaré plus tard avoir été ‘’très dégoûtée’’ par l’apparence d’Armstrong qui était arrivé à Chicago avec des vêtements et une coiffure de paysan. Déterminée à faire d’Armstrong un citadin, Hardin avait éventuellement développé une liaison avec le jeune cornettiste, au grand désarroi des autres membres du groupe qui avaient déjà tenté de la séduire sans le moindre succès. Armstrong et Hardin visitaient souvent les cabarets et les ‘’after-hours’’ (comme on appelait alors les clubs ouverts en dehors des heures d’ouverture légales pendant la Prohibition) après leurs performances au Lincoln Gardens. La liaison du couple s’était encore accentuée après que la mère d’Armstrong ait visité son fils à Chicago en 1923. Il y avait cependant un problème: Armstrong et Hardin étaient tous les deux mariés et devraient divorcer pour pouvoir se remarier (Armstrong était marié à Daisy Armstrong, une prostitituée qu’il avait connue lors de sa jeunesse à La Nouvelle-Orléans, et Hardin à Jimmie Johnson).
Après avoir obtenu le divorce pour abandon du foyer conjugal, le couple s’était marié le 5 février 1924. Comme Hardin l’avait précisé plus tard: ‘’When we decided to get married, we each needed a divorce, so we claimed ‘desertion’, and it worked.’’
Armstrong et Hardin avaient passé leur lune de miel dans le cadre d’une tournée de trois semaines avec le groupe d’Oliver à Biglerville, en Pennsylvanie.
Vêtue élégamment d’une robe à la mode parisienne, Hardin n’avait pas tardé à mettre Armstrong à sa main, avait fait la tournée des magasins avec lui et lui avait appris à s’habiller de façon plus convenable. Plus consciente qu’Armstrong de son propre potentiel, Hardin avait non seulement amélioré son apparence, mais l’avait initié à la musique classique avec l’aide d’un professeur allemand qui résidait à Chicago. Même si Armstrong était très heureux de jouer près de son idole King Oliver, Hardin l’avait incité à prendre sa carrière en main et à s’affranchir de l’influence de son maître, d’abord en l’encourageant à gérer lui-même son argent puis à s’affirmer sur scène et lors des enregistrements. Éventuellement, Hardin était parvenue à convaincre Armstromg de quitter Oliver et de fonder son propre groupe.
Après avoir quitté le groupe d’Oliver en septembre 1924, Armstrong avait décroché un poste de premier trompettiste avec l’orchestre de Fletcher Henderson au Roseland Ballroom de New York. N’ayant pu se trouver d’emploi à New York, Hardin était retournée à Chicago où elle avait décroché un contrat avec son groupe au Dreamland. Armstrong avait éventuellement rejoint le groupe de Hardin à Chicago dont il était bientôt devenu la principale attraction. Comme James L. Dickerson l’écrivait dans la biographie qu’il avait consacrée à Hardin, “Louis was the incomparable leader on the bandstand, especially when he played his horn. Lil was the leader when it came to taking care of all the business that got him on the bandstand.”
Hardin s’était d’ailleurs préparée à accueillir Armstrong en grandes pompes à Chicago et lui avait fait élever une bannière sur laquelle on pouvait lire: "The World's Greatest Trumpet Player". À l’époque, le producteur Richard M. Jones avait convaincu les disques Okeh d’organiser une série de sessions sous le nom d’Armstrong. C’est ce qu’on avait appelé les premiers enregistrements du Hot Five de Louis Armstrong. Après avoir pratiqué à la résidence d’Armstrong et de Hardin à Chicago, le groupe, composé de Hardin au piano, de de Kid Ory au trombone, de Johnny Dodds à la clarinette et de Johnny St. Cyr au banjo, avait participé à une première session le 15 novembre 1925. L’album comprenait cinq pièces qui avaient été écrites par Hardin. L’album avait remporté un tel succès qu’il été suivi d’un autre album un an plus tard. Hardin avait aussi enregistré avec le Hot Seven.
À la fin des années 1920, le mariage de Hardin avec Armstrong avait commencé à battre de l’aile. Armstrong ne se gênait d’ailleurs pas pour tromper Hardin ouvertement, et leur mariage en avait subi le contrecoup, d’autant plus que le couple éprouvait des problèmes d’argent et que les différences de milieu avaient commencé à creuser un fossé insurmontable entre les deux époux.
Pendant que Armstrong avait formé un nouveau Hot Five avec Earl Hines au piano, Hardin avait fondé son propre groupe avec le cornettiste Freddie Keppard. Après être devenue la gérante d’Armstrong, Hardin avait repris ses études et avait obtenu un diplôme d’institutrice au Chicago College of Music en 1928. Elle s’était aussi achetée une grande maison et un cottage à Chicago, possiblement afin d’empêcher Armstrong de passer son temps avec d’autres femmes.
Hardin et Armstrong s’étaient finalement séparés en 1931 après que le trompettiste ait emménagé avec sa maîtresse Alpha Smith. Le couple avait éventuellement divorcé en 1938. Hardin avait plus tard remporté une bataille judiciaire contre Armstrong, ce qui lui avait permis de conserver ses propriétés grâce aux droits qu’elle avait obtenus sur les chansons qu’elle avait écrites pour le trompettiste. Mais malgré leur divorce, Hardin et Armstrong étaient restés bons amis et avaient continué d’entretenir d’excellentes relations jusqu’à la fin.
 DERNIERES ANNÉES
Se qualifiant elle-même de "Mrs. Louis Armstrong", ce qui donnait à penser que sa carrière était sur la pente descendance, Hardin avait dirigé dans les années 1930 un big band soi disant entièrement féminin mais qui était en fait composé à la fois de musiciens à la fois féminins et masculins, et qui se produisait dans le cadre d’émissions radiophoniques sur le réseau NBC. Au cours de la même décennie, Hardin avait enregistré vingt-six pièces pour les disques Decca comme chanteuse de swing tout en accompagnant pour chanteurs au piano. Elle avait également enregistré avec le trompettiste Red Allen, le saxophoniste Chu Berry, le trompettiste Jonah Jones et Buster Bailey à la clarinette.
De 1933 à 1935, Hardin avait formé deux groupes entièrement masculins, mais elle n’avait guère connu de succès en raison de la réticence du public à accepter qu’un groupe soit dirigé par une femme. Après être retournée à Chicago en 1935, Hardin avait formé un autre groupe, mais le succès n’étant toujours pas au rendez-vous, elle avait commencé à chanter et à se concentrer sur la composition et l’arrangement. L’année suivante, Hardin avait enregistré un album dont elle avait écrit cinq des six compositions. Parmi ces compositions, on remarquait son grand succès “Just for a Thrill.” Au cours des quelques années suivantes, Hardin avait continué d’écrire des chansons et d’enregistrer pour les disques Decca. Hardin avait enregistré pour la dernière fois pour Decca en 1940. Retournée à Chicago dans les années 1950, Hardin avait joué dans plusieurs clubs locaux, dont le Three Deuces.
À la fin des années 1940 et au début des années 1950, Hardin avait travaillé principalement comme soliste, chanteuse et pianiste. À la fin des années 1940, Hardin avait décidé de mettre fin à sa carrière musicale e de se lancer dans la mode. Elle avait même pris des cours de modiste dans le cadre des projets de travaux publics du président Roosevelt et enseigné la musique et le français. Durant une brève période, Hardin avait également été propriétaire d’un restaurant à Chicago appelé le Lil Armstrong’s Swing Shack. Le projet de diplôme de Hardin comme modiste était de fabriquer un tuxedo pour Louis Armstrong. Le trompettiste avait d’ailleurs accepté de porter le vêtement. Malheusement, la carrière de modiste de Hardin n’avait jamais vraiment décollé en raison de la réticence des consommateurs de l’époque à accepter qu’une ligne de vêtements soit dirigée par une femme de couleur. De toute évidence, l’histoire avait une forte tendance à se répéter...
Après avoir accepté de poursuivre sa carrière musicale, Hardin était retournée dans sa maison de Chicago sur la 41e rue Est. Elle avait également fait une tournée en Europe en 1952. Durant son séjour, Hardin avait même eu une brève liaison amoureuse en France. Parmi les collaborateurs de Hardin à cette époque, on remarquait Red Saunders, Joe Williams, Oscar Brown Jr., et Little Brother Montgomery. Dans les années 1950 et 1960, Hardin avait aussi continué de se produire sur scène à l’occasion.
Dans les années 1950, Hardin avait raconté sa vie dans le cadre d’un enregistrement qui avait été publié sous forme de microsillon pour les disques Riverside. Hardin avait continué d’enregistrer de façon sporadique jusqu’en 1963, notamment avec de grands noms du jazz comme Johnny Dodds, Red Allen, Zutty Singleton, Frankie “Half-Pint” Jaxon, Lonnie Johnson, Buster Bailey, Natty Dominique, Lovie Austin et Sidney Bechet.
En 1961, lorsque les disques Riverside l’avaient de nouveau contactée pour enregistrer un album, Hardin, qui était passée à autre chose, n’avait pu en croire ses oreilles. Elle avait déclaré: ‘’Who would want to listen to that old stuff ? I like to listen to Thelonious Monk and Billy Taylor.’’ L’album qui avait suivi avait finalement permis de faire le point sur une carrière de près de cinquante ans qui s’était amorcée avec le groupe de King Oliver en 1923.
Hardin avait de nouveau collaboré avec les disques Riverside en 1961 dans le cadre du projet ‘’Chicago: The Living Legends’’ dans lequel elle avait accompagné la chanteuse de blues Alberta Hunter tout en dirigeant son propre big band qu’elle avait formé au dernier moment. La collaboration de Hardin avec les disques Riverside avait été tellement remarquée qu’elle lui avait permis de faire une apparition dans un spécial du réseau NBC intitulé Chicago and All That Jazz qui avait également donné lieu à la publication d’un album pour les disques Verve. Hardin avait aussi été directrice musicale pour les disques Decca au cours de cette période.
En 1962, Hardin avait commencé à collaborer avec Chris Albertson dans le cadre de la production de son autobiographie, mais elle avait abandonné le projet lorsqu’elle avait réalisé que ses révélations pouvaient éventuellement nuire à la carrière d’Armstrong.
Après la mort d’Armstrong, Hardin s’était rendue à New York pour assister aux funérailles. À son retour à Chicago, Hardin avait décidé de reprendre la préparation de ses mémoires. Un mois plus tard, Hardin avait participé à un concert télévisé à la mémoire d’Armstrong lorsqu’elle s’était effondrée sur son piano en interprétant le standard ‘’St. Louis Blues.’’ Lil Hardin est morte d’une crise cardiaque durant son transport vers l’hôpital le 27 août 1971. Elle était âgée de soixante et onze ans. Hardin a été inhumée au Lincoln Cemetery de Blue Island, dans les Illinois. 
Après sa mort, la correspondance et le manuscrit inachevé des mémoires de Hardin étaient disparus mystérieusement de sa résidence.
Comme l’écrivait son biographe James L. Dickerson dans son ouvrage Just for a Thrill, ‘’Throughout all her success and failures, she remained true to her own moral vision and, in doing so, she became a role model for how to achieve goals in life while remaining true to one’s self.” 
En 2004, le Chicago Park District a rendu hommage à Hardin en nommant un parc en son honneur. Certaines des premières compositions que Hardin  avait écrites pour Louis Armstrong, comme ‘’Struttin’ with Some Barbecue’’ et ‘’My Heart’’ étaient devenues des standards du Dixieland. En 1959, la chanson de Hardin ‘’Just For A Thrill’’ (1936) avait remporté un grand succès lorsqu’elle avait été enregistrée par Ray Charles. La chanson de Hardin "Bad Boy" avait aussi connu un succès international après avoir été enregistrée par Ringo Starr en 1978.
Première instrumentiste féminine majeure de l’histoire du jazz, Lil Hardin avait servi de modèle à plusieurs futures musiciennes comme Clora Bryant, Mary Lou Williams, Melba Liston, Vi Redd, Valaida Snow, Geri Allen, Regina Carter, Jane Ira Bloom et plusieurs autres. Hardin avait également joué un rôle essentiel dans les débuts de la carrière de Louis Armstrong, qui sans sa contribution, n’aurait probablement jamais été la même. En plus d’avoir été pianiste-maison pour les disques Decca de 1931 à 1940, Hardin avait aussi enregistré avec ses propres groupes, notamment avec des formations comme les Lil’s Hot Shots, les Lil’s Dreamland Syncopators, les Harlem Harlicans (qui comprenait notamment la mère d’Hazel Scott aux instruments à vent et l’épouse de Fletcher Henderson au trombone) et les New Orleans Wanderers. Hardin avait également fait des apparitions dans des revues de Broadway comme “Hot Chocolates” (1929) et “Shuffle Along” (1933). Elle avait aussi écrit plusieurs des premières pièces de l’histoire du jazz. Hardin avait un jour déclaré: "I was just born to swing, that's all. Call it what you want, blues, swing, jazz, it caught hold of me way back in Memphis and it looks like it won't ever let go."
©-2024, tous droits réservés, Les Productions de l’Imaginaire historique
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claudehenrion · 2 years
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Le mythe-tueur du ''monde nouveau''
  ''La mauvaise monnaie chasse la bonne'', dit la Loi de Gresham (1558). Je pensais à ça, il y a quelques jours, devant l'étalage sans limite de choses laides, de mauvais goût, de spectacles soi-disant artistiques qui sont seulement ridicules et repoussants... et j'avais envie de ré-écrire le texte de cette ''loi'' empirique : ''Le laid chasse toujours le beau''... ou, encore : ''Le compliqué chasse le simple''. Et ce ne sont pas les dérives inesthétiques de ce qu'il est convenu de désigner par ''l'Art contemporain'' qui vont infirmer cette affirmation. Mais il paraît qu'on nous prépare ''un monde nouveau''... et le seul fait d'écrire cette horreur ‘’me fout les boules’’ !
Pour le vieux ''schnoque'' que je revendique d'être, il n'existe pas une seule activité humaine où cette Loi de Gresham retoquée pour les besoins de ce ''billet'', ne s'applique pas :  le monde est de moins en moins beau, et –ce qui est pire : de plus en plus laid ! Je compte sur un seul doigt les ''gens'' qui ne trouvent pas que tout s'enlaidit, partout, dans tous les domaines. Des billets en Euros –qui vont bientôt disparaître, mais ils sont tellement laids qu'on ne les regrettera même pas--  jusqu'aux maisons individuelles et aux immeubles, en passant par les  monstrueux ''4x4'' inutiles ou par la disparition de toute ''élégance''  vestimentaire, masculine et féminine, dans nos villes... et de ces villes elles-mêmes : leur ''mobilier urbain'' a déteint sur le mobilier d'intérieur. Autre domaine, la musique, où tant les chansons (d'ailleurs, on ne chante plus... et les airs que les jeunes fredonnent et dansent... sont ceux de ma jeunesse, à moi !) que la musique dite ''classique'', enlaidie par la recherche exclusive de virtuosité, au détriment de l'harmonie, de la musicalité, de la simple beauté : la vitesse d'exécution (c'est le mot qui convient !) est le seul critère : il faut éblouir par son doigté, etc...  Si c'est ça, leur ''monde nouveau''... Non merci !
Mais peu de choses équivalent en ''déchéance'', au passage des fêtes religieuses à l'état (qui n'en est pas un) de festivité civile... Comme ''record de laideur'', j'hésite entre Noël –dont nous parlons chaque année-- et la ''Toussaint'', ce moment tout en profondeur, en introspection, en souvenirs et en respect pour les chers disparus, devenu un étalage de sinistres horreurs sans le moindre sens, ce Halloween qui apprend à nos enfants que la laideur est une ''valeur républicaine'' ou quelque chose comme ça ! Ne faut-il pas chercher là, aussi, l'explication d'un sondage récent du CSA : 69% des français considèrent que notre pays est en décadence... opinion qui a gagné sept points depuis le 16 septembre dernier, précédente édition de ce même sondage. ''Un monde nouveau ? ''… Mais ils peuvent se le garder !
Il y a peu de temps encore, on discutait librement ''de'' et ''sur'' Dieu, et on était pour ou contre. Aujourd'hui, l'affaire est entendue : ce n'est même plus un sujet,  en Macronie (mais pas ailleurs, heureusement !), mais la déchristianisation ou la perte des belles valeurs chrétiennes, nécessaires et suffisantes, sont un fait acquis : elles ont été remplacées par un discours-qui-n'en-est-pas-un sur des ''vertus’’ douteuses, dites républicaines.. qu'apporterait la laïcité dans sa version en ''--isme''... devenue seule référence officielle dans deux pays, au monde : la Corée du Nord... et la France, hélas, pour notre plus grand malheur ! On a le droit d'évoquer l'islam (mais pas le sort que, sous sa forme en ''--isme'' ou pas, il réserve à ceux qui, persistant à croire qu'ils ont ''tué Dieu'', ouvrent grand la porte à Allah...  qui commencera son règne en les supprimant, tous, sans hésiter : il n'y a pas de place, en islam, pour l'athéisme ou le relativisme !). Qui en veut, en réalité, de leur monde nouveau ?
Je ne serai plus là... et je regrette (un peu : je ne suis pas méchant !) de ne pas voir leur binette lorsqu'ils se rendront compte que c'est à cause de leurs seules erreurs... que leurs têtes seront tranchées... En attendant ce jour terrible (NB : si un virage à 180° n'est pas pris rapidement, la seule question est ''Quand'' ?), ils ont inventé un nouvel ‘’iso- panthéisme’’ : les ''dieux du stade'' –auxquels, dans leur cuistrerie sans limite, ils vont jusqu'à mettre une majuscule. Les nouvelles idoles sont M'bappé, Giroud  et Lloris (très sympathiques, mais insuffisants, quand on gratte un peu...). Face à cette fuite en arrière, les chrétiens ''ancien modèle'' ont un début de réponse : rien ne s'oppose réellement à ce que l'homme moderne croie encore en un Dieu qui croirait à l'homme ! C'est peut-être insuffisant, mais c'est mieux que rien, d'autant plus que ça, au moins, ça marche depuis deux bons millénaires ! Et si on ré-essayait, pour voir ? Quelle belle alternative à leur '' monde nouveau'' qui ne rend, sondage après élection, pratiquement personne heureux !
Le vrai sujet, aujourd'hui, c'est que depuis que l'Eglise a déserté son unique domaine de vraie compétence, la vie après la vie, pour se contenter de s'essouffler à courir après la vie tout court et la société, nous avons remplacé Foi de nos Pères par un retour soit au grand néant initial, soit au polythéisme (poétique, lui) qui a suivi l'obscurantisme total... et qui est présenté par nos cuistres-au-pouvoir comme un ''Progrès de plus'' (NDLR : voir un ''progrès'' dans une régression absolue et tous azimuts... ''il faut l'faire'' !). La religion n'est plus associée à l'idée de ''sauver ce qui doit l'être'' (= notre âme, et notre éternité), mais elle serait là pour répondre à un besoin soi-disant croissant de consolation, de compréhension, de protection, de ''cellules psychologiques'', de bizounours et de marches blanches... qui ne servent à rien. Et certains s'étonnent que ça grippe, quelque part ! Si c'est ça, leur ''monde nouveau''... retournons vite nous réfugier dans l'ancien : on le regrette déjà !
Cette hypothèse d'un retour en force d'un néo-paganisme, en ''version 2, 0'' s'impose, devant la multiplication de phénomènes qui vont de l'animisme à la divination, des craintes pluri-millénaires du paléo-cortex à des croyances en des phénomènes inexplicables à résonances polythéistes (Nous citions il y a peu ''la terre est plate'' et ''les martiens sont parmi nous'' !), et de sorciers (l'absurde ''être marabouté(e)'' connaît un beau succès, chez les bobos). Les monstruosités de Halloween sont en bonne place dans cette galaxie de ''progrès rétrogrades''.
 Contrairement à ce que veut faire croire une conception évolutionniste de l'Histoire, la chrétienté n'a pas mis fin aux croyances antiques : le nombre de sorcières, d'illuminés, de faux-prophètes et de dingos ''inspirés'' en est la preuve... et les superstitions sont partout, autour de nous. On se rend bien compte qu'un ''Dieu'' qui ne serait là que pour nous rassurer (''No souçaille'' (sic !),''ça va aller !''), ça ne marche pas, ''ça va pas le faire''. Ce non-rôle-là, le paganisme ou le charlatanisme sont mieux armés pour y répondre (ou pas), qu'une religion sérieuse : le Dieu chrétien n'a pas pour rôle principal d'éviter les douleurs et les chagrins, ni de faire de ce monde un lieu de ''fête'' permanente, à l'abri du mal : il prépare à une félicité éternelle, mais qui est, si j’ose, ''par répartition'', pour rester dans l’actualité : ''tu recevras ce que tu as économisé'' ! Mais ça, c'est très loin du nouveau monde
Le monde actuel croit avoir besoin de mythes, de thaumaturges, de magiciens, ou de politiciens-prestidigitateurs qui résoudraient tous les défis et leur contraire, qui éviteraient le covid en enfermant les gens chez eux (quelle honte. Avoir osé ça !), qui trouveraient de l'argent ''quel qu'en soit le prix'', etc... Bref ''tout ce qu'il faut fuir à tout prix ''. La justification de notre présence sur terre ne saurait être dans la recherche de divinités faussement bienveillantes qui ré-enchanteraient nos jours, avec le frisson de retrouver une Nature majuscule avec laquelle nous serions à nouveau amis (sic ! Comme si nous l'avions jamais été !), dans un néo-culte pour les arbres, les étangs naturels (mais pas les ''méga-bassines'' !), les animaux (cf. l'anti-spécisme, l'animalisme, les végans), etc... : une écologie-religion sectaire.
Les croisements entre la nouvelle religion prétendue ''écologiste'' et le rejet du monothéisme sont infiniment plus imbriqués, plus mélangés et plus confondus que leurs thuriféraires ne peuvent le penser... d'autant qu'ils n'y ont certainement jamais réfléchi –sauf exception qui doit se compter sur... un seul doigt d'une seule main : se poser les vraies questions et essayer de trouver des vraies réponses ne fait pas pas partie de leur ''cahier des charges''. Ils arrêtent leur processus intellectuel à la supposition d'une divinité ''Arbre'', d'une divinité ''Pluie'', d'une divinité ''CO²'', ou de divinités ''Animal'', ''Nature'', ''Climat'' etc,  comme ils croient qu'était le monde avant que le message christique ne désenchante tout, selon leur vérité mensongère...
H-Cl.
PS : c'est sur ce ''sujet de fond'' que je vais arrêter, pour quelques jours, de remplir votre écran. Je vous propose de nous retrouver le Mercredi 8 Mars, si Dieu le veut... (''date à reporter sur vos agendas'', selon la formule consacrée). Je vous souhaite de très bonnes vacances, chers amis-lecteurs. Je vais avoir quinze jours pour trouver des idées qui, je l'espère, vous feront rire... ou à tout le moins, sourire... ou réfléchir, dans la grisaille et l'atonie ambiantes, un peu moroses.
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ilieannanedelcou · 5 months
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christophe76460 · 23 days
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Bonjour et Shalom Shalom à vous tous mes ami(e)s, et famille en Christ. Je vous aime de l'amour de Yeshua HaMashiah ❤⚘️
{Galates 5:22-25}
"... voici ce que l'Esprit Saint produit: amour, joie, paix, patience, bonté, service, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi. La loi n'est sûrement pas contre ces choses-là. Ceux qui appartiennent au Christ Yeshua ont cloué sur la croix les désirs mauvais qui les entraînaient. Puisque l'Esprit Saint nous fait vivre, laissons-nous conduire par cet Esprit."
Beaucoup disent que si: " vous ne lisez pas tout les jours la Bible, ou si vous ne prier pas tout les jours, ou même si vous n'allez pas à l'église tout les dimanches, vous n'êtes pas un vrai chrétiens. Il y en a qui accentuent encore plus sur l'habillement, sur les jours de fêtes, sur ce que nous mangent, sur la musique que nous écoutons etc... Mais l'important c'est ce que vous avez dans votre cœur. Car Dieu regarde au cœur des hommes, et nos aux apparence qui attire les regards humains.
La Parole de Dieu est bonne conseillère. Elle est le mode d'emploi d'une vie de paix, de joie et d'amour. Dieu n'oblige personne mais Il conseille avec amour.
La Parole de Dieu nous enseigne et nous conseille le meilleur moyen de vivre notre vie, dans le désir que Dieu veux pour nous. Ce que Yeshua HaMashiah veux avant tout c'est que l'ont garde dans notre cœur Sa Parole et qu'on la mettent en pratique, pour cela il nous a envoyé le Saint-Esprit, ainsi nous pouvons mener une vie parfaite dans le désir que Dieu veux pour nous.
Je voulais aussi rajouter que ce qui est important ce n'est pas de lire mainte et mainte fois la Bible, mais c'est de connaître le contenue de Sa Parole, et d'avoir une relation avec Dieu par le Saint-Esprit qui demeure en nous pour le connaître lui le seul vrai Dieu. Le plus important ce n'est pas de faire des prières bien préparées et impersonnelle, mais c'est de parler avec Dieu, de lui confier ce que nous avons sur le cœur, de se réjouie d'être avec lui , de lui exprimer notre amour pour lui et même parfois de lui demander de vous aider. Exactement comme vous ferez avec un ami ou un père ou un mari (femme).
La vie chrétienne n'est pas difficile à suivre, il faut juste faire attention à(l'ennemi) en évitant de faire comme lui, car ce qu'il veux c'est détruire et voler ce que Dieu vous a donné et promis.
En recevant le Saint-Esprit, Dieu nous promet une vie éternelle parfaite. Il nous promet une nouvelle terre et de nouveau cieux, Il fait toutes choses nouvelles. Moi je crois à ses promesses, car se qu'Il dit cela vient à l'existence. Croyez vous aussi et allez de l'avant avec l'espérance des promesses de Dieu.
En Christ pour toujours ❤⚘️
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tournevole · 5 months
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Éloge du chiac
de jouer dans la langue et d’en rire
d’en rêver qu’on find out
qu’on communique
même si le voisin fait mine
de ne rien comprendre
too bad de se priver
de pareille façon
de faire accoire
contre soi-même
que ce rythme n’existe pas
la musique est o.k.
le monde itou
on dirait que toute
est à la bonne place
c’est slick
so stick around
        le son est une lumière
        sur ta langue créole
        dans ton corps reggae
        la musique est o.k.
nous emporterons dans la langue
les mots ramassés en chemin
nous poserons les mots d’ici
sur tout ce que nous toucherons
y compris ce que nous transformerons
avec l’entêtement de parler partout
et d’écrire sur les pages encore blanches
notre dignité humaine
notre tragédie n’est pas grecque
sur la terre sainte de Memramcook
à peine chrétienne
dans la cérémonie des samedis
on nous accuse de notre histoire
et nous répondons coupables
d’avoir toujours compris
où nous étions
(quand t’es avec les loups
tu cries comme les loups
disait ma mère qui devrait savoir)
nous ne voulons plus ressembler
à ceux qui nous acceptent
à condition que nous effacions
toute trace d’histoire personnelle
qui nous aiment à genoux
devant l’autel de l’aliénation
c’est même pu funny
nous parlons de ce qui nous passe par la tête
dans les virées de la vie
dans la ville de la violence de voir
ce qu’on nous fait
nous parlons comme des anges en transit
des rockers lumineux devant ceux
qui rêvent de « bien parler »  
pour faire taire les autres
dans notre pays de mue
worryez pas
nous repasserons autrement
avec la bouche
pleine de surprises
et d’éclats de rire
GÉRALD LEBLANC
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