Marina Abramovic, le gourou de la performance
Dans les années 1970, elle a radicalisé l'art de performer... avant de devenir une superstar, frayant avec le monde de la mode et du spectacle.
Par Emmanuelle Lequeux
Publié le 10 janvier 2014 à 12h16
Mis à jour le 29 octobre 2014 à 14h46
Elle est arrivée telle une bourrasque, deux heures et demie de retard, autant sans nouvelles. Et la voilà qui débarque, la reine de la performance, dans son bureau de SoHo, à New York. 67 ans, toute fraîche. Un mot d'excuse ? Pourquoi ? Marina Abramovic a sa bio pour aura. Ce corps conquérant dont, en diva de l'art contemporain, elle a fait son arme et son art. Elle sait que le charme opère. Le souffle grave de sa voix, son anglais qui chante encore sa Serbie natale, chevelure corbeau et bouche d'adolescente, tout plaide pour elle.
On comprend que l'Amérique ait chaviré. Que New York la consacre enfin, cette terrible pionnière qui jamais n'a renoncé malgré des décennies de vaches maigres. Jusqu'alors vénérée par une élite pour avoir inventé avec quelques autres le genre de la performance, Marina est depuis quelques années devenue vedette pop. Destin peu banal pour une plasticienne. Pour nous, elle n'a pas beaucoup de temps : une Brésilienne chaman doit bientôt venir la cueillir au pied de l'immeuble. "Elle fait advenir et s'évanouir le vent..." Alors il faudra faire vite pour comprendre le bouleversement récent de sa vie et de son art (quelle différence ? demanderait-elle). Soutenir son regard, qu'elle sait d'acier. Se laisser séduire, mais pas trop : elle est experte. Vite, avant que ne débarque la femme qui commande aux cieux, et qui a peut-être calmé la tempête qui battait New York le jour d'avant.
«PERFORMEUSE COMMUNISTE DANS L'ÂME»
N'étant guère femme de compromis, et ne cultivant aucun doute quant à son impact sur le cours de l'histoire de l'art, Marina Abramovic consacre aujourd'hui tout son temps à son grand dessein : le Marina Abramovic Institute (MAI). Installé dans la petite cité de Hudson, à deux heures de New York, cet ancien cinéma devrait ouvrir en 2016, après un énorme lifting orchestré par Rem Koolhaas. Un mausolée ? "L'institut porte mon nom mais il ne s'agit pas de me protéger, moi ou mon travail. Simplement, j'aime être comme Coca-Cola, une marque : celle de la performance. J'ai inventé ce langage. J'ai dédié ma vie à sa défense, j'en suis le dernier dinosaure. J'ai assez souffert, je ne veux pas que les jeunes performeurs subissent ce que j'ai vécu, je ferai tout pour les aider. Je suis le guide qui les fera aller plus vite vers le sommet."
Avec ça, pas étonnant que certains lui reprochent de virer gourou... "Elle est juste très professorale, performeuse communiste dans l'âme, rectifie Serge Le Borgne, son ancien galeriste parisien qui l'a suivie à New York pour monter ce projet. Elevée par des parents héros de la révolution, Marina vient d'un pays où l'on ne sortait pas du cadre, et elle garde cette rigueur." Drôle d'héritage d'une mère peu aimante qui l'étouffa sous mille règles, la contraignant à filer au lit tous les soirs avant 22 heures jusqu'à son envol du domicile parental. Elle avait 29 ans.
De ce passé, la terrible enfant s'est remise à sa manière, baroque et dramatique. Aujourd'hui, seul compte l'institut. A ce sujet, elle est intarissable : "Nous imaginons un lieu constamment en mouvement, consacré à l'art et toutes les créativités, science, technologie, spiritualité, autour d'une idée qui le rend unique au monde : la longue durée." Performance, cinéma, danse, théâtre... Toutes les pratiques qui prennent leur temps seront à l'honneur. Les visiteurs ? Ils devront offrir six heures de leur vie. Se dépouiller de tous leurs appendices électroniques, entrer nu sous tablier blanc, et s'attendre à tout. "Faire des choses que normalement l'on ne fait jamais."
Quand on sait qu'il est arrivé à Marina de passer des semaines dans une cabane perdue avec les yeux bandés, du riz pour seule nourriture, et le corps enduit de crème d'amandes, au côté d'étudiants en école d'art dont elle était la fulgurante pédagogue, il y a de quoi s'inquiéter. Même si Yves Michaud, qui l'invita comme professeure aux Beaux-Arts de Paris quand il les dirigeait, reconnaît les "résultats exceptionnels de cet entraînement commando. A recommander quoi qu'on veuille apprendre et faire !".
« SPA CULTUREL »
Le parcours du MAI promet d'être moins ardu : chambres d'eau, de cristal, d'échange des regards, voire de lévitation... "Un peu comme un spa culturel,promet la belle. Mais au-delà. Je suis obsédée par le Bauhaus et les communautés utopiques des années 1960. Leurs développements, leurs échecs. Nous devons créer avec les habitants de Hudson une communauté idéale." Et, comme toujours, elle ne lésine pas sur les moyens. Directeur du projet, Serge Le Borgne doit dénicher 20 millions de dollars pour le finaliser. D'où la campagne de levée de fonds menée cet été sur le site de finance participative Kick-starter. 660 000 dollars collectés en un mois.
"Nous voulons que ce lieu soit fait par et pour le public, et non par les administrateurs de grandes entreprises, résume-t-il. Il suffit de donner 1 dollar pour être fondateur. Avoir 10 000 fondateurs, c'est dire que l'art n'appartient pas à l'élite." D'où le choix contesté de l'ambassadrice de cette collecte de fonds : l'ultrapop chanteuse Lady Gaga. Dans une vidéo, l'ex-étudiante en art pratique l'entraînement à la performance imaginé par Marina, qu'elle admire depuis toujours. Et qui le lui rend bien : "Il y a tant de tabous... Un artiste ne peut pas s'intéresser à la mode, par exemple, regrette la plasticienne. Je veux brouiller ces catégories ridicules. Lady Gaga a 43 millions de followers. Nous utilisons ce pouvoir énorme pour que la performance devienne "mainstream". Et si ça aide des gamins complètement paumés à nous découvrir, tant mieux : ils sont notre futur."
La voilà donc définitivement pop star. Pour fêter ses 60 ans, elle s'offrait déjà la spirale du Guggenheim de New York. Depuis, l'ascension est fulgurante. Fière de son amitié avec Elton John, elle danse dans les galeries de Chelsea au bras du rappeur Jay-Z (le clip fait les belles heures de YouTube). Elle invite son ami Riccardo Tisci, le directeur artistique de la maison Givenchy, à lui téter le sein pour une photo destinée à illustrer "l'art nourrissant la mode". La mise en scène de sa vie par Bob Wilson a tourné pendant deux ans, d'Avignon à New York. Et il a suffi d'un regard à notre actrice-née pour séduire le comédien James Franco, sur lequel elle a réalisé un documentaire, The Last Unicorn.
Surtout, désormais, on la reconnaît dans la rue. « Le public est primordial... Pour lui, je suis complètement là, ici et maintenant, souffle-t-elle en se penchant vers nous. Il complète l'œuvre, en symbiose. D'où l'échange incroyable d'énergies." "Ce qu'elle n'a pas eu en famille, elle l'a avec son public : un amour réciproque, qui remplace une solitude fatale, analyse Démosthènes Davvetas, poète et artiste grec, qui a écrit trois livres sur elle et qu'elle appelle parfois en demandant : "Dis, tu me trouves toujours un peu sexy ?"
PIONNIÈRE RADICALE
Mais quand même, pop star... La Marina des années 1970 et 1980 n'avait pas préparé ses admirateurs à une telle métamorphose. Au nom de l'art, Marina Abramovic a autrefois offert son corps au froid et à la faim, aux sévices et aux plaisirs d'autrui. Elle a eu peur jusqu'au malaise, relevé tous les défis. Elle a écrit d'étranges recettes : "Mélanger le sperme et le lait maternel, boire les nuits de tremblements de terre." Elle a appris la solitude en un douloureux périple sur la Grande Muraille de Chine, s'est initiée à mépriser la souffrance auprès de moines tibétains, a purifié son corps dans les rites de l'Inde, résisté à tant d'assauts.
Pionnière incontestée de la performance, cet art qui, né dans le New York des années 1960, fait du corps de l'artiste son seul et unique médium. Elle l'a radicalisé dès les débuts des années 1970, dans l'isolement de sa Serbie natale. A peine adulte, elle revenait parfois, à l'aube, au domicile de sa grand-mère, le corps constellé de brûlures, les cheveux encore fumants, tout juste rescapée des flammes de sa performance. Et la vieille de crier au Diable ! Voilà les débuts de la légende. En 1972, à Naples, l'artiste en herbe offre son corps au public pour qu'il lui fasse tout, absolument tout ce qui lui passe par la tête. Elle faillit bien y passer (les pervers raffolent de ce genre d'invite). Dans son dernier album, Lady Gaga rend hommage à cette performance avec son titre Do What U Want.
Alors, définitivement perdue, notre arpenteuse de tous les déserts, Australie et Gobi ? Contradictoire, en tout cas. "Cocktail explosif, Marina a deux âmes, l'une radicale, l'autre glamour, confie Eugenio Viola, jeune commissaire d'exposition napolitain proche de l'artiste. L'attention nouvelle des médias renforce simplement son espoir de changer le monde." Double, jusqu'à la schizophrénie, pour Démosthènes Davvetas. Lorsqu'il la rencontre, en 1985, elle est accompagnée d'Ulay, l'amant avec qui elle fait corps comme artiste, de 1976 à 1988, pour réaliser les plus folles des actions. "Elle s'est offert avec lui la vie dont elle rêvait, nomade moderne, constamment sur la route. C'était vraiment un corps à deux têtes ; tant qu'ils se sont aimés, jamais, jamais ils ne se sont séparés. Absolument jumeaux."
Double, elle l'est restée. Nonne et tigresse. Ultra-urbaine et capable de s'isoler des semaines dans l'imaginaire aborigène. "Normal, je déteste l'atelier. Tout part de mes voyages de recherche : j'apprends, les idées naissent, et je reviens en ville pour les réaliser." Le Brésil, notamment, lui a "sauvé la vie, selon Serge Le Borgne. Ce pays aux mille religions lui donne une quiétude qui la fait aller vers l'essence de son travail". Limite new-age, elle acquiesce : "Le Brésil a une connexion rare avec la nature. Nous oublions d'écouter ces énergies que nous procurent un volcan, une montagne, le cristal. La nature n'a pas besoin de nous ; j'apprends d'elle, puis j'offre ce savoir aux sociétés dérangées, là où l'on en a besoin. L'art est l'oxygène et le serviteur de la société." "Christique", résume l'ami Démosthènes Davvetas... Tendance vamp.
« RIDICULE EMBARRASSANT »
Tous ne tombent pas sous le charme. Sur Internet, des artistes ont construit un site sarcastique, le Marfa (ou Marina Abramovic Retirement Fund of America), la suppliant de prendre enfin sa retraite. Leur argument ? En multipliant les photographies qui la mettent en scène pour le marché en pietà allumée ou en conquérante des hauts sommets, Marina aurait vendu son âme à ce diable surnommé "Société du spectacle". Déçu nombre de ses enfants. A commencer par Jérôme Bel, un des grands de la chorégraphie nouvelle : "Jeune danseur, j'ai été attentif à ses performances des années 1970 et 1980, impressionné par l'expérience des limites de son propre corps et de celui d'Ulay. Puis, son travail empreint de religiosité a cessé de m'intéresser. Son manifeste("L'artiste est univers" ou "A travers la souffrance, l'artiste transcende son esprit") était d'un ridicule embarrassant. Dernièrement, j'ai vu le très mauvais documentaire sur elle, The Artist is Present (film obligatoire pour tous les étudiants en art afin de leur montrer ce qu'il ne faudra pas faire ! ). Des images d'archives la montrent dévastée lors de la dernière performance avec Ulay, qui marque leur séparation de couple et d'artistes. Je crois qu'à partir de ce moment-là ses illusions se brisent et qu'elle est malheureusement condamnée au cynisme, qui règne en maître dans le monde de l'art actuel. Elle ne pouvait que remporter un grand succès. J'en suis désolé pour elle, et pour l'art."
Pour la contre-attaque, la belle a ses chevaliers servants. Parmi eux, le jeune artiste italien Nico Vascellari, qui joue dans la pièce de Bob Wilson : "Marina a juste ajouté le mot "superstar" au qualificatif de "pionnière radicale", pour devenir une "pionnière superstar" : quoi de mieux ?" Quant à elle ? Peu lui chaut : "Critiquée, je l'ai été depuis ma naissance. Les années 1970 ont été terribles. A mes débuts, on m'a placée en hôpital psychiatrique. Jamais prise au sérieux ! Tout ce qui relève de l'extrême est critiqué, même la tour Eiffel ! C'est tellement mieux qu'être ignoré. Mais, croyez-le, je suis restée très radicale !" Le fidèle Demosthènes Davvetas s'en inquiéterait presque. Evoquant le projet qu'il l'aide à monter en Grèce l'été prochain, en hommage à la Callas, il glisse : "J'espère qu'elle va en sortir vivante." Seule (grosse) différence avec les exploits d'antan, Roman Polanski et Pedro Almodovar témoigneront du challenge, tenu secret.
Evolution finalement naturelle pour celle qui vivait dans les années 1990 en face de Beaubourg, dans un minuscule atelier parfois surnommé la "chambre du péché". L'artiste Jean-Luc Vilmouth, qui était à l'époque son collègue aux Beaux-Arts à Paris, évoque ainsi ces années : « Elle en a tellement bavé, dans cet appartement monacal, sans meuble... C'était raide, pour une telle artiste ! Elle était moins gourou et plus marginale mais, déjà, elle en avait assez de la bohème, elle ne voulait pas mourir pauvre." Quant au péché ? Il se souvient, encore tout ému : "Un jour, elle m'a rejoint pendant que je donnais un cours. Devant trente gamins timides, elle me demande de lui raconter une histoire érotique. Puis s'avance, m'embrasse goulûment, commence à me déshabiller. Une fois en caleçon, j'ai tout arrêté, c'était trop ! Elle est givrée, elle m'aurait violé !"
La même, un matin triste de Grenoble , alors qu'ils partageaient le petit déjeuner, profite d'une minute d'absence pour couvrir sa tartine de feuilles d'or. "Un cadeau très fort... Elle avait toujours de l'or avec elle." Alchimiste, elle en est convaincue : "J'ai d'incroyables preuves que la performance a un effet sur les gens, qu'elle peut changer leur vie. Je dois faire inconditionnellement don de mon savoir au public : j'ai compris ce pouvoir au MoMA."
MoMA, New York, 2010 : le grand temple de l'art contemporain lui offre une rétrospective. Le début de sa nouvelle vie. Pendant sept cents heures, Marina reste assise sur une chaise, et attend qu'un visiteur s'installe en face d'elle. La regarde, en silence. "On m'a dit : "Tu es folle, personne n'a le temps, ta chaise restera vide."" Résultat : 800 000 visiteurs, d'incessantes files d'attente. Certains dorment devant le musée pour ne pas louper l'expérience. Larmes, tensions, épanchements, catharsis. "Un homme est venu vingt et une fois, se souvient-elle. Tu es observé par les gens, par moi : nulle part où fuir, excepté en toi-même."
ARTISTE ÉSOTÉRIQUE
Elle saurait, comme sa copine chaman, faire advenir la tempête sous ces cerveaux anonymes ? L'artiste Nico Vascellari a capté un jour son regard en pleurs pendant une performance : "Ses yeux étaient des portes qui menaient d'elle à moi. Marina est non seulement une réponse, mais aussi une question."Esotérique, décidément. De là à croire en ses superpouvoirs ? Du très sérieux MIT (Massachusetts Institute of Technology) à Moscou, des chercheurs ont analysé son activité neuronale. "Vous avez vu les images de mon cerveau ? Forcément qu'il se passe quelque chose, mon esprit a tellement l'habitude de se concentrer, assure-t-elle. Et de poursuivre : L'être humain, surtout à New York, a un incroyable besoin d'attention et de temps. Cette ville est construite sur le granit, l'énergie monte du sol et ne s'enfouit jamais, elle pousse les gens à travailler, courir, travailler. Je leur ai juste offert le temps, et l'attention. Moi-même, depuis cette expérience, je ne suis plus pareille. Croyez-moi, ce n'est pas simple de continuer à performer."
Alors quand approchera la fin, quand le corps décrochera ? Comment envisager le glissement ? "Vous avez beaucoup de questions post-mortelles comme ça ?, s'amuse la coriace. Kazuo Ono, l'immense danseur de butô, dansait encore juste avant sa mort, à 104 ans, avec sa respiration. Jusqu'à la fin, notre corps peut danser, avec les nerfs, la peau, le flux du sang. Vous avez compris, je n'arrêterai jamais..." C'est alors que la prêtresse des vents a téléphoné.
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post-patriarcat, oui,
c’est par le biais de, je lisais The handmaid’s tale de Atwood, et me demandais, me redemandais, à partir d’un terme que j’avais déjà croisé, le terme de post-patriarcal, science-fiction post-patriarcale, je me demandais : quelles autres auteures, autrices de science-fiction qui ici, à cet endroit, creusent, posent ces questions, qui met le féminisme en perspective ?, dans quel imaginaire la science-fiction projette le féminisme ?, et quelles femmes le font ?
me posant cette question, à partir de cette lecture, cherchant-croisant sur internet, j’ai trouvé un article science-fiction et genre : lecture féministe, c’est un article de Sylvie Vartian et Bernard Girard, cet article est tiré des cahiers de la Chaire de Responsabilité Sociale et de Développement Durable, chaire sise à l’UQAM, bon, c’est issu de l’Ecole des Sciences de Sestion, je lis en diagonale, apparaît au sommaire le croisement de titres d’Atwood, The handmaid’s tale et de Le Guin, La main gauche de la nuit et Les dépossédés, Artwood et Le Guin, ok, les bases sont bonnes, il y a un troisième nom, un troisième titre, c’est Chroniques du pays des mères de Elisabeth Vonarburg, qui est Elisabeth Vonarburg ?
(c’était à Nantes, durant les Utopiales, en 2014, touché-raté ; toutes les photos sur lesquelles je tombe, je me dis : Elisabeth Vonarburg a une tête d’une personne à qui on a envie d’aller parler)
de wiki, je retiens que c’est l’une des premières en France qui propose une thèse sur l’évolution des thèmes classiques de la littérature vers la science-fiction et le fantastique, je retiens qu’elle part à Chicoutimi, au Canada, en 1973 et qu’elle y restera ; qu’elle y soutient une seconde thèse, portant sur sa propre oeuvre, entre création et fiction, analyses, et que post-doctorale, elle aborde la question de la reproduction dans la science-fiction, qu’en 1981, j’ai un an, sort le premier roman de science-fiction d’Elisabeth Vonarburg chez Denoël, dans cette collection dont j’adore le graphisme, est publié Le silence de la cité, écrit en quatre temps, quatre mois
quand je suis tombé sur le nom de Elisabeth Vonarburg, que j’ai compris un peu où comment qui, j’ai commencé par tout vouloir lire, je suis tombée sur un site qui ce tout l’avait presque, livrenpoche.com, j’y suis tombée via amazon, amazon me sert de base de données, je me renseigne sur les sites vendeurs et m’adresse directement à eux, et quand les prix diffèrent en leur défaveur, cad moins cher chez amazon, appeler les êtres humains derrière le site vendeur que vend amazon : appeler livrenpoche.com, discuter avec cad : entendre des personnes vivantes qui parlent pensent encore peuvent sourire, demandant à leurs collègues à côté, et ressortir de tout cela avec joie, et avec, en plus du Silence de la cité, le Janus, et le premier tome de La maison d’oubli, titré Reine de mémoire,
j’ai tout commencé de manière désordonné
j’ai commencé Janus dans un bain
j’ai commencé Reine de mémoire dans la fatigue d’un lit
je ne sais plus comment j’ai commencé Le silence de la cité
mais je me souviens qu’à chaque fois, je me suis demandé pourquoi et qu’est-ce que c’est
que j’ai laissé les livres commencés, tous, pour,
que Reine de mémoire c’est un livre de Nantes que je lis en pointillés, en pointillés parce que je veux qu’il dure, qu’il me dure longtemps, et pourtant des tomes et tomes je sais qu’il y en a,
que Janus va pouvoir être repris dévoré maintenant peut-être qu’a été fini Le silence de la cité
que Le silence de la cité je me suis dis :
mais qu’est-ce que c’est, je n’y comprends rien,
je n’y comprends strictement rien
je laisse tomber
je reprends
je ne comprends strictement rien
c’est perception et l’espace est flou
je ne comprends pas
comme je ne comprenais pas le début des Vagues, de Virginia Woolf
je ne comprends pas comme une enfant doit découvrir ce qui l’entoure
comprendre comment autour d’elle s’agence la réalité
c’est de cette enfant l’histoire Le silence de la cité,
c’est l’histoire d’Elisa
le transhumanisme, Elisabeth Vonarburg l’anticipe
anticipe blob le transhumanisme
des formes bloblfish pour qui voudraient longtemps vivre
toutes reliées à leurs écrans, leurs tubes, leurs intraveineuses, leurs drônes
le massacre de ces êtres
comme le massacre des blobfishs au fond des océans
par Paul, un Homme, quand l’Homme est l’humanité d’avant, patriarcale, dominante,
ce n’est pas clair les massacres, ça gicle, ça brouille,
les passages d’horreur ne sont pas, c’est une sensation d’horreur qui,
ce ne sont pas des descriptions léchées qui
mais des formes rêvées, le massacre, le rêve d’un massacre
une femme, Sybille, massacrée parce que la connaissance
elle dit à Elisa : apprends
Elisa apprend
parallèle par Paul tout le monde massacré, restent dans une cité
la dernière cité où encore des réfugié,es des temps d’avant ?
mais Elisa, produit génétique, est-elle encore
du temps d’avant ?
dans la cité, restent indétruits
le destructeur-créateur, Paul
la créature-qui-sait-se-régénérer-plus-vite-qu’elle-n’est-coupée, Elisa
l’algorithme du grand-père dans un ommach, Desprats, qui Elisa guidera,
guidera ?
un ommach, j’ai lu tout le temps
un oma-k, pas un ommache,
comme homme-machine
le terme, à un moment, le terme de femmach
est proposé, ne tient pas
pas de sexe les robots perfectionnés qui saignent par delà leurs structures d’acier
mais ommachs, reste ommachs, comme
comme quel résidu de quelle pensée ?
tout autour, tout tout autour des cités,
de la cité, c’est l’extérieur
dans l’extérieur, il y a des hommes et des femmes
qui vivent, parfois déformé,es
radiations et malterre, mauterre, les terres maudites
à l’extérieur des cités enterrées
lesquelles comme tout abri anti-atomique sont enterrées
(il y a deux semaines en suisse, j’en visitais un,
une pièce minuscule, sensée 5 abrité,es,
et : non comment mais combien de temps vit-on enfermé,es
à 5 dans un si petit espace, une semaine, deux ?, trois ?
en tout cas pas le temps de la décontamination si
à côté une bombe tombe)
à l’extérieur, il y a des hommes et des femmes
peu d’hommes, beaucoup de femmes
un homme pour dix femmes
un virus
quelque chose comme un virus
naissent 9 femmes pour 1 homme
un cheval borgne est rare, ce qui est rare est cher, un cheval borgne est cher
les hommes dominent le monde
et les femmes sont réduites en esclavage
toutes femmes esclaves
tous et toutes observé,es depuis la cité de Paul
par des drônes observé,es les êtres
et prélevé,es, disséqué,es utilisé,es
comme bétail pour créer
Elisa
d’une cuve
Elisa naît transhumaine
un transhumanisme qui ne se nomme à l’époque, 1980, pas ainsi
à force, sous l’œil de Paul
elle apprendra à s’auto-regénérer
de son corps tout contrôler immédiatement
sauf son changement, Paul, rêve ou mort ?
elle aimera Paul
et ce que décrit Vonarburg de l’amour
du désir qu’Elisa éprouvera pour Paul
me semble, à un certain endroit,
très juste
Elisa désire
Paul manipule
et Elisa désire
mais Paul manipule
c’est la vieille histoire
dans 5 siècles la vieille histoire
entre deux êtres dans le même schéma que celui que la vieille Histoire a favorisé
la différence, c’est qu’entre les protagonistes
il y a une différence de quelques siècles
Elisa, Elisa
Elisa saute-moi au cou
Elisa, Elisa
Elisa cherche-moi des poux,
Enfonce bien tes ongles,
Et tes doigts délicats
Dans la jungle
De mes cheveux Lisa
Elisa, Elisa
Elisa saute-moi au cou
Elisa, Elisa
Elisa cherche-moi des poux,
Fais-moi quelques anglaises,
Et la raie au milieu
On a treize
Quatorze ans à nous deux
Elisa, Elisa
Elisa les autres on s'en fout,
Elisa, Elisa
Elisa rien que toi, moi, nous
Tes vingt ans, mes quarante
Si tu crois que cela
Me tourmente
Ah non vraiment Lisa
Elisa, Elisa
Elisa saute-moi au cou
Elisa, Elisa
Elisa cherche-moi des poux,
Enfonce bien tes ongles,
Et tes doigts délicats
Dans la jungle
De mes cheveux Lisa
Paroliers : Michel Jean Pierre Colombier / Serge Gainsbourg - 1978
(Vonarburg signe le silence la cité en 1981 - quel lien ?)
elle aura aimé et partira
à cause du massacre, du danger
partira avec Desprats, guidé par l’ommach programmé Desprats
pour éteindre toutes les cités
et finalement à la sienne revenir
elle partira sous forme d’un homme
pas le masque
mais son corps changé
son corps de femme en corps d’homme changé
c’est très beau
l’écriture de Vonarburg est passionnante
insaissisable et passionnante
insaissisable sauf dans les moments où
les corps changent, là hyper précise et passionnante
un corps d’homme à partir d’un corps de femme
véritablement ça marche
elle change de corps, elle apprend à changer de corps
avec les cuves et la trans et pas seule
elle apprend qu’elle peut
et elle change en toute conscience
le pouvoir de réorganiser ses cellules en
autre chose, autrement organisées,
une autre structure le corps d’Elisa
Elisa est un homme
un homme pour voyager
à l’Extérieur où les femmes sont esclaves
pour voyager un corps d’homme
pour ne pas devenir esclave
un corps d’homme
1980
2017
2500
tout éteint et revient vers la Cité Elisa
et le massacre
Paul massacre encore
Paul n’est pas mort, s’est encore regenéré, comment ?
n’est pas mort Paul, devra le tuer
le tuera, par lui à nouveau changée en femme le tuera
tranchera Elisa
après à une femme avoir fait l’amour
le désir d’un corps d’homme pour un corps de femme
en tant que femme Vonarburg, là aussi c’est
très beau
de cette union, naîtra un possible
le soulèvement des femmes menées par la femme
qui avec un homme-femme, avec Elisa, a fait l’amour
a fait l’amour Judith avec l’homme-femme qui tue qui massacre
la révolte est
rendue possible
possible que les femmes avec les hommes se battent
contre la Cité
possible que les femmes contres les hommes se battent
possible que de ce combat personne ne gagne
possible que
Elisa, à côté de la Cité, tout à côté de la Cité
prise encore dans tous ses problèmes de choix Elisa
Elisa fait croître un Projet, le projet de Deslprats ?
un projet où des enfants naissent et naissent
et savent contrôler leur corps
mieux que leur mère
hors de la peur, du rêve, de la mort
leurs corps savent changer et explorer les possibles
femme homme animal
et ces possibles, à l’Extérieur, devraient
aux hommes, aux femmes
se mêler ayant tout oubliés
qu’afin que tout,es puissent
un jour puissent savoir à égalité tout expérimenter
ça c’est le Projet
mais le Projet,
mais Abram-Gavra, Judith, Elisa, Lia et
Francis et Florie,
et Francis et Florie,
leur amour,
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MARINA ABRAMOVIĆ’S NEW HUDSON RIVER SCHOOL
By David Ebony
August 13, 2012 12:43pm
Marina Abramovic has big ambitions to transform the sleepy town of Hudson in upstate New York into an international mecca for performance art and other time-based work. On Aug. 12, the global art star hosted an open house in the future site of the Marina Abramovic Institute (MAI), a 20,000-square-foot downtown Hudson building that she purchased in 2007. The local community, along with some vacationing New York art world denizens, was invited in for a first look at the space. A disused theater built in 1929, the structure subsequently served as an indoor tennis court and most recently as a market for antique architectural fixtures.
There wasn’t much to see in the gutted space last Sunday, except for a new roof that Abramovic said was the only construction completed so far. Also on view were models of the Institute designed by the architectural firm OMA, led by Rem Koolhaas and Shohei Shigematsu.
To kick off the all-day event, Abramovic gave an approximately one-hour talk, with projected images, to a gathering of around 200. She was introduced to the audience by MAI director and Paris gallerist Serge Le Borgne. Why Hudson? Abramovic said that she found it increasingly difficult to focus on her work in New York City, and when Sean Kelly, her U.S. dealer, invited her to visit the area, she found the countryside appealing, conducive to work and suitable for a future MAI; she eventually purchased a home in the country just north of Hudson.
Abramovic expects the Institute to transform the community, attracting artists and art organizations from around the globe. Evoking the Hudson River School of 19th-century landscape painting founded by Thomas Cole, Frederick E. Church and others, she said Hudson would be the center of a new art movement, similarly inspired by nature but focused on nontraditional mediums, durational works and immaterial art.
Plans for the MAI envision a multilevel venue for performances as well as a performance-art archive and study center. Abramovic stressed that the project is intended as an art center and not as a locus for her own works. Visitors will be expected to participate in MAI events, not be passive spectators. Each will be required to sign a contract, agreeing to spend a minimum of six hours in the place. “That’s the only way the Institute can offer a truly transformative experience,” Abramovic told the crowd. “We are so used to rushing through museums and galleries, and it’s impossible to gain anything meaningful from the art. The aim here is to slow time.”
Visitors will be obliged to store their clothing and belongings in a locker, and don simple white smocks, like those used in a laboratory. One can only imagine the experiences that await those who choose to spend time in the artist-devised Crystal Room or the Magnet Room, chambers that are still in the early stages of development. The room devoted to magnetism will reportedly have to do with levitation; crystals, as purported conductors of cosmic energy, offer endless possibilities.
Abramovic declined to give details about her plans to raise the $15 million needed to complete the project. “I have several ideas in mind, but they are top secret,” she said. Expressing confidence that the sum could be reached without too much trouble, she vows to devote the entire coming year to that goal. She projects that the MAI will debut, in at least a limited capacity, in fall 2014.
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