#alex@r60
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Vélo

Juliette traversait, tous les matins,
Les champs de blé et les jardins,
Afin dâĂ©viter les ragots des voisins,
MĂȘme si lâair gardait son parfum.
Affichant un visage impassible,
Elle roulait le plus vite possible.
Son cĆur, pourtant si sensible,
Cognait tel un tambour invisible.
Les paysans lâadmiraient.
Dans sa petite robe dâĂ©tĂ©,
Elle leur faisait un joli effet.
Et ils connaissaient son secret.
Tout le monde disait en souriant:
« Vâla la jolie fille Ă vĂ©lo
Qui va rejoindre impatiemment,
A lâorĂ©e de la forĂȘt, Tonio.
Comme il a de la chance.
Elle va encore lâinonder de baisers.
Mon dieu, quelle inconscience
Car il ne va rien faire de la journée ! »
Tonio se levait avec le soleil
Pour labourer son champ.
Sa main éloignait une abeille
Quand elle lâappelait en freinant.
Pendant que son vélo tombait,
Juliette courait pour se jeter
Dans les bras de son amant
Qui nâen demandait jamais tant.
Puis, ils sâembrassaient goulument,
Avant de quitter son champ
Pour le plus proche grenier,
Et y passer la journée.
Le soir, heureuse, la belle Juliette
Remontait sur sa bicyclette.
Alors, les gens la voyaient rentrer
Avec, dans les cheveux, de la paille dorée.
Tout le monde disait en riant
Que la jolie fille à vélo
A encore passé un bon moment
Dans les bras de son Tonio.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Silence

Silence
« Donne-moi une chance de te reconquérir. »
« Je ferai tout pour continuer à te séduire. »
Les phrases viennent, mais restent vides de sens.
Car lâamour a  perdu toute son essence.
âŠ
Et moi, je reste bĂȘtement assis
A regarder nos ombres sur le mur
Figées par notre avenir indécis.
Quant à toi, tu es déjà partie,
AprÚs avoir effacé le futur
Que notre passé avait écrit.
âŠ
« Donne-moi une chance de te reconquérir. »
« Seul, je ne vais pas pouvoir mâen sortir.»
Les mots ne sortent pas, je reste muet.
Comme la rose, notre amour est fané.
âŠ
Et moi, je pleure pour nos ombres
Qui ne sâĂ©treindront jamais plus,
DĂšs quâarrive la pĂ©nombre.
Quant Ă toi, tu as raison de rompre
Car nous ne nous aimons plus
MalgrĂ© lâimpression que tout sâeffondre.
âŠ
« Donne-moi une chance de te reconquérir. »
« Je ferai tout pour continuer à te séduire. »
Je détourne les yeux et préfÚre ne rien dire.
Alors tu pars, en me laissant un dernier sourire.
Alex@r60 â janvier 2024
Photo par Andropang
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Galatée

Il Ćuvrait jusquâĂ façonner,
Et tailler le marbre comme jamais.
Lentement, le corps se dessinait,
Tout comme le visage quâil avait rĂȘvĂ©.
Une fois le travail achevé,
Il regarda la statue. Emerveillé,
Il se mit soudainement Ă pleurer.
Et Pendant que ses larmes coulaient, il criait :
« Pourquoi nâexiste-t-elle pas ? Pourquoi ?
Mais pourquoi nâexistes-tu pas ? Pourquoi ? »
âŠ
Emue par ses tristes lamentations,
Aphrodite dĂ©cida dâintervenir.
Serrant ses jambes blanches, Pygmalion
Sentit brusquement la statue réagir.
Alors, il recula ; Elle prenait vie.
Elle tituba, elle faillit tomber.
Mais, il la soutint jusquâĂ son lit.
OĂč elle regarda sa main avant de murmurer :
« Je sens la chaleur au bout de mes doigts. Pourquoi ?
Je sens mon cĆur battre entre mes doigts. Pourquoi ?»
âŠ
Je sens la chaleur au bout de mes doigts. Pourquoi ?
Je sens mon cĆur battre entre mes doigts. Pourquoi ?»
Je sens ta chaleur au bout de mes doigts.
Je sens ton cĆur battre entre mes doigts.»
Pygmalion prit la main de Galatée,
Et leurs regards ne se sont plus quittés.
Alex@r60 â dĂ©cembre 2023
Photo par Lan Axin èéżćż
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Au revoir

Imagine,
Lâhomme rencontre la femme.
Il nâa dâyeux que pour elle,
Et lentement son cĆur sâenflamme.
Autour de lui, tout devient irréel,
Alors, il approche de la dame.
Comprenant que lâattirance est mutuelle,
Il discute avec elle et tombe sous son charme.
Ils échangent leur numéro, il la revoit souvent.
De cette rencontre est né un amour éperdu
CachĂ© dans des chambres dâhĂŽtels hors du temps.
Seulement, cet amour lâĂ©puise, il se sent vaincu.
Il décide donc de mettre un terme au bon moment.
AprĂšs avoir fait lâamour, elle sâendort comme un loir.
Il en profite et sort de sa vie sans lui dire au revoir.
âŠ
Imagine,
La femme croise de nouveau lâhomme.
Il a vieilli, mais il est encore plus beau.
Elle dĂ©cide de lâinviter boire un rhum,
Parce quâelle lâa toujours dans la peau.
Elle lâĂ©coute parler de son Ă©pouse et de ses mĂŽmes,
Pendant quâelle se retient dâĂ©clater en sanglots.
Avant de se quitter, soudain son ventre papillonne.
DĂšs lors, elle lâembrasse, et le passĂ© ressurgit aussitĂŽt.
Ils revivent cette fougue quâils croyaient perdu
CachĂ©s dans des chambres dâhĂŽtels hors du temps.
Seulement, cet amour est impossible. Elle lâa toujours su.
Elle décide donc de mettre un terme au bon moment.
AprĂšs avoir fait lâamour, il reste seul dans son dĂ©sespoir,
En la regardant partir de sa vie sans lui dire au revoir.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Changement

CâĂ©tait un simple crush, une histoire dâune nuit. Mais au matin, Manon se leva, encore vĂȘtue de son t-shirt dĂ©chirĂ©. La rouquine prĂ©para ses pinceaux et invita Paul Ă la rejoindre. Elle trouvait son visage si charmant quâelle voulait garder une trace. DĂšs lors, elle dessina son portrait, usant de la peinture et du temps. Son coup du soir demeurait nu, assis sur une chaise, prenant une position sĂ©rieuse et intime. Contrairement Ă lâartiste qui, sans complexe, nâhĂ©sita pas Ă garder les cuisses ouvertes. Dâailleurs, Paul ne pouvait que profiter de son sexe rasĂ© et sa poitrine gĂ©nĂ©reuse Ă peine voilĂ©e par le tissu blanc de son maillot.
Manon peignait, profitant de son inspiration. Elle dessinait magnifiquement mais ne souhaitait pas exposer ni vendre ce nouveau tableau. Contrairement Ă ses habitudes, celui-ci nâĂ©tait quâune envie, un moment de plaisir, un cadeau pour remercier Paul pour cette jolie nuit passionnĂ©e.
Je vais faire entrer ton corps dans lâimmortalitĂ©. Tu changeras mais ce tableau montrera combien tu Ă©tais beau, dit-elle.
Paul sourit Ă cet instant. Cependant, constatant que Manon arrĂȘta de peindre tout en prĂ©sentant un regard sĂ©rieux. Il comprit quâelle ne voulait pas quâil bouge, y compris dans la mimique.
A moins que ce soit le tableau qui vieillisse pour toi, comme dans le portrait de Dorian Gray, ajouta Manon. Voudrais-tu que ton portrait change et vieillisse à ta place ?
Non, répondit-il aprÚs une hésitation.
Il avait peur quâelle rate son Ćuvre parce quâil aurait remuĂ© les lĂšvres. Toutefois, elle arrĂȘta de peindre et regarda son amant avec Ă©tonnement. DĂšs lors, il se sentit obligĂ© de se justifier.
Je prĂ©fĂšrerais changer ma vie entiĂšrementâŠParfois, jâai lâimpression dâavoir loupĂ© quelque-chose. Que ça ne sâest pas passĂ© comme prĂ©vu. Rien ne me plait dans cette vie.
La jeune femme Ă©coutait avec attention. Elle comprenait ce quâil ressentait. Elle avait bientĂŽt 40 ans, pas dâenfant et une vie, pourtant magnifique, mais triste. Elle avait vĂ©cu des moments de galĂšre avant la reconnaissance. Cependant, elle sait que la galĂšre peut revenir Ă tout moment. Et oui, elle aussi, aurait voulu changer sa vie, si elle le pouvait. Paul interrompit sa perdition soudaine. AussitĂŽt, Manon se remit Ă peindre.
Le soir venu, le tableau nâĂ©tait pas encore fini. Paul proposa de revenir le lendemain soir, car il devait rentrer chez lui. Personne ne lâattendait si ce nâest une pile de dossiers pour le boulot. Il sâhabilla puis sortit aprĂšs avoir embrassĂ© langoureusement Manon.
Dehors, il faisait dĂ©jĂ nuit. Le ciel magnifiquement dĂ©gagĂ©, se voilait dâun tapis dâĂ©toiles. Paul marcha longtemps, en repensant Ă leur discussion sur leur vie. Il se demandait si ce nâĂ©tait pas lâoccasion de se ranger, arrĂȘter des histoires sans lendemain et enfin, de pouvoir vivre une vraie histoire dâamour. Il leva la tĂȘte pour admirer la lune. Tout Ă coup, il aperçut une Ă©toile filante. Cette derniĂšre laissait derriĂšre elle, un Ă©phĂ©mĂšre trait argentĂ©. Puis il entra dans son appartement et sâendormit en oubliant cette belle journĂ©e.
ChĂ©ri, tu vas ĂȘtre en retard !
Paul regarda avec des yeux exorbitĂ©s la belle brune qui se promenait en jogging dans sa chambre. Elle ouvrit la porte dâune armoire quâil nâavait jamais vue.  Un coup dâĆil par la fenĂȘtre, il nâĂ©tait pas dans son logement. Lui qui, dâordinaire, voyait une petite cour, se trouvait Ă dĂ©couvrir une avenue ou un boulevard. Il se leva, approcha de la femme quâil ne connaissait pas. Il allait poser une question lorsquâil entendit parler. DĂšs lors, il approcha de la cuisine. Deux petites filles, assises autour dâune table, mangeaient une tartine et buvaient un bol de chocolat.
Bonjour papa ! dirent-elles en cĆur.
HĂ© bien Paul, tu ne tâhabilles pas ? Tu vas ĂȘtre en retard.
Et toi, tu ne travailles pas aujourdâhui ? demanda Paul.
Elle sourit Ă sa question Cependant, ce nâĂ©tait pas la premiĂšre qui lui venait en tĂȘte. Mais il ne savait pas comment expliquer quâil y avait erreur. Il nâĂ©tait pas mariĂ©, nâa jamais eu dâenfant. Et brusquement, il se retrouvait avec une femme et deux gamines dans un appartement qui ne lui disait rien.
Tu sais bien que le mardi, je suis en télétravail, annonça la femme.
Elle pria les filles de prendre leur cartable et les accompagna jusquâĂ lâĂ©cole. Pendant ce temps, Paul se lavait puis quittait Ă son tour lâappartement pour rejoindre son bureau.
Durant tout le trajet, il interrogea son esprit. Comment Ă©tait-il possible quâil ait changĂ© de vie en une nuit ? Les vĆux se rĂ©alise-t-il ? Il nâavait pas changĂ© dâapparence. Il nâavait pas pris la vie dâun autre. Il Ă©tait bien lui, mais ne comprenait rien de ce quâil lui arrivait.
En entrant dans le hall, lâhĂŽtesse dâaccueil le regard avec insistance. Paul passa, comme tous les jours, montrant un grand sourire et en disant bonjour. Il partait en direction de lâascenseur pour rejoindre son bureau minable, encerclĂ© de cloisons qui nâempĂȘchait pas dâentendre les discussions de ses collĂšgues. Seulement, il fut arrĂȘtĂ©.
Sâil vous plait, monsieur ! Avez-vous rendez-vous ?
Je travaille ici, répondit Paul avec étonnement. Vous ne me reconnaissez pas Mathilde ?
Surprise dâentendre son prĂ©nom de la bouche dâun inconnu, Mathilde resta bouche bĂ©e. Puis, elle reposa la question. Paul continuait dâaffirmer quâil travaillait dans cette entreprise depuis quatre ans. Finalement, il demanda quâon appelle son collĂšgue de bureau.
Norbert nâavait pas changĂ©. Petit gros, les cheveux gris, il sortit de lâascenseur avec son air patibulaire connu. Il commença par engueuler Mathilde tout en dĂ©visageant Paul et un agent de sĂ©curitĂ©. Et quand Paul le salua. Il chercha dans son esprit sâil lâavait dĂ©jĂ rencontrĂ©.
Non, dĂ©solĂ©, je ne vous connais pas, dit-il. Et ne mâappelez pas pour ce genre de foutaiseâŠDĂ©jĂ que jâĂ©tais en pleine rĂ©union !
Il partit sans Ă©couter les appels de Paul. Celui-ci, sentant quâil nâĂ©tait pas le bienvenu, quitta le hall surveillĂ© de prĂšs par la sĂ©curitĂ©. Toutefois, une fois dans la rue, son tĂ©lĂ©phone sonna. LâĂ©cran afficha un nom quâil ne connaissait pas. Cependant, il rĂ©pondit et entendit une voix dâhomme
Bonjour Paul, Vous allez bien ? Parce que vous ne nous avez pas prévenu de votre absence.
Oui, ça va. Mais je devais aller oĂč ?
Bin, Ă la Sorbonne. Vous avez votre cours.
ChoquĂ©, il attendit et nâeut pas le temps de parler.
Vous ĂȘtes sĂ»r que vous allez bien ? Je peux annuler vos cours de la journĂ©e.
Non, ça va. Je...jâarrive.
Paul prit le mĂ©tro et descendit Ă Maubert-MutualitĂ©. Il remonta la rue et entra dans lâuniversitĂ© par la porte principale. Il ne savait pas oĂč aller ni quoi faire. Il resta hagard jusquâĂ ce quâil croise un Ă©tudiant qui le salua. DĂšs lors, il profita de la discussion pour en savoir plus. Et il apprit ce quâil nâaurait jamais pensĂ©. Il Ă©tait professeur de grec ancien.
AprĂšs avoir Ă©coutĂ© le jeune Ă©rudit. Paul sâarrĂȘta devant une salle de cours. Une vingtaine dâĂ©lĂšves attendait patiemment tout en discutant. Son entrĂ©e imposa le silence. Il posa une valisette sur la table avant dâobserver les Ă©tudiants. Le grec ne sâapprend pas. Il avait quelques notions mais cela datait du collĂšge. Il prononça un bonjour obtenant la pareille de ses Ă©lĂšves.
Vous ai-je déjà donné un exercice à faire ? Une traduction ?
Oui, répondit un étudiant.
ImmĂ©diatement, il lui proposa de venir au tableau et de traduire le texte Ă©tudiĂ©. En Ă©coutant, le jeune homme, Paul rĂ©alisa quâil comprenait tout comme sâil parlait couramment le grec ancien. Il sâĂ©tonna en corrigeant lui-mĂȘme quelques erreurs dâaccents et de grammaire. Le cours lui parut normal, tout comme la journĂ©e.
Au moment de quitter la Sorbonne, son tĂ©lĂ©phone sonna de nouveau. CâĂ©tait son Ă©pouse.
A quelle heure rentres-tu ? demanda-t-elle.
Je ne sais pas encore.
Si tu vas chez Manon, ne rentre pas trop tard comme hier, sâil te plait. Ce matin, tu mâas paru dĂ©boussolĂ©.
Manon ?
Oui, Manon, la peintre.
Il ne sâattendait pas Ă connaitre dĂ©jĂ Manon. Dans sa nouvelle vie, câĂ©tait une amie, alors quâil lâavait rencontrĂ©e la veille. Il se dirigea chez elle. Peut-ĂȘtre avait-elle des explications ? Il reconnut la rue, le mĂȘme immeuble. Il grimpa jusquâĂ son atelier qui servait aussi dâappartement. Il sonna et entendit crier : « Câest ouvert ».
Sans hĂ©siter, le professeur de grec entra. Manon Ă©tait assise, elle peignait un tableau. La vue de Paul sâattarda sur la raie de ses fesses, indiquant quâelle ne portait quâun maillot Ă moitiĂ© dĂ©chirĂ©. Elle tourna la tĂȘte lorsquâil toussa.
Oh Paul, je ne tâattendais pas. Je pensais quâon aurait continuĂ© ton portrait demain. (Elle se leva pour faire la bise). Tu vois jâĂ©tais en train de faire quelques retouches.
Paul dĂ©couvrit son portrait nu, assis comme il lâĂ©tait hier. Elle proposa de reprendre oĂč ils en Ă©taient. Il se retira dans la chambre, se dĂ©shabilla et revint sâassoir. Manon se mit Ă peindre de suite.
Excuse-moi, Manon, mais, on se connait intimement pour que tu restesâŠ
Pour que je reste Ă poil ? Non, on nâa jamais couchĂ© ensemble. Câest une habitude pour mettre Ă lâaise mes modĂšles. Je me mets Ă poil quand ils le sont. Et puis, je ne couche pas avec les maris de mes amies.
Et pourquoi, je pose nu ?
Un cadeau pour Fabienne. Enfin, câest ce que tu mâavais dit. Je vais faire entrer ton corps dans lâimmortalitĂ©. Tu changeras mais ce tableau montrera combien tu Ă©tais beau
Paul sourit Ă cet instant parce quâil avait dĂ©jĂ entendu Manon prononcer ces mots.
A moins que ce soit le tableau qui vieillisse pour toi, comme dans le portrait de Dorian Gray, ajouta Manon. Voudrais-tu que ton portrait change et vieillisse à ta place ?
Cette fois-ci Paul ne répondit pas. Cette nouvelle vie lui paraissait plus belle.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Papillon

Hey, papillon aux jolies ailes,
Comme tu as de la chance
De virevolter autours dâelle
Sans quâelle ne sâoffense !
âŠ
Tu voles et tu lâamuses,
Tu tournes attiré par son parfum,
Avant de te poser sur ma muse.
De préférence sur son sein.
âŠ
Mais tu nâes quâun papillon de jour
A la recherche de lâamour.
Il ne te reste que quelques jours
Pour trouver enfin cet amour.
âŠ
Alors tu tâenvoles
AprĂšs tâĂȘtre enivrĂ©
De son odeur, ses phéromones,
Et de sa douce peau sucrée.
âŠ
Ainsi tu tâenvoles
Avec un gout de liberté.
Pour une aventure folle
Et rien ne pourra tâarrĂȘter.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Voyance

Comme Ă ses habitudes, Philippe entra en grande pompe dans le temple, bousculant la tranquillitĂ© des pĂšlerins. Ces derniers sâempressĂšrent de quitter le lieu car le roi Ă©tait connu pour ses moments de colĂšre. Ses lieutenants sâamusaient de cette situation cocasse. Ils riaient en voyant ces grecs, la trouille au ventre, dĂ©guerpir sans demander leur reste. NĂ©anmoins, une fois dehors, lâun dâeux pestait ou crachait sur ce roitelet barbare qui prĂ©tendait ĂȘtre civilisĂ©.
Philippe observa le temple, la beautĂ© des statues, la splendeur des dĂ©corations. Il Ă©tait obnubilĂ© par la richesse exposĂ©e. Il sâapprocha dâune table sur lequel reposait un ciboire en or.
Par Zeus, je sens que je vais me plaire ici ! Annonça-t-il.
Ne prononce pas son nom ! Ce lieu est sacré, ici les dieux ne portent pas de nom !
Le prĂȘtre avança dâun pas assurĂ©. La garde de Philippe recula tellement le regard du vieil homme les impressionnait. Il approcha du roi borgne, huma son odeur qui manquait de parfum. Puis, tout en inspirant un grand coup, il bomba le torse. LâĆil de Philippe sâĂ©carquilla, car dâordinaire, un homme sâimposant Ă lui de cette façon, finit avec une Ă©pĂ©e dans le ventre et la gorge ouverte.
Que viens-tu faire ici, petit roi ? demanda le prĂȘtre.
Des toussotements rĂ©sonnĂšrent dans le temple. Le macĂ©donien ne sâattendait pas Ă un pareil affrontement. Il posa la main sur le pommeau de son glaive. La colĂšre commençait Ă monter. Mais un de ses fidĂšles le rappela Ă la raison : « Tuer le grand prĂȘtre ne serait pas une bonne idĂ©e ».
Je viens pour laver mes pĂȘchĂ©s et connaitre mon avenir, dit-il
Effectivement, jâai entendu parler de tes pĂȘchĂ©sâŠmeurtres, pillages, viols, tortureâŠils sont nombreux, affirma le prĂȘtre.
Mais son rĂŽle est « de les faire expier » et non de juger le pĂȘcheur. DĂšs lors, lâhomme en toge blanche ordonna au roi et Ă son escorte de le suivre. Ils se dirigĂšrent vers dâautres salles expliquant leur utilisation. En mĂȘme temps, Philippe admira les somptueuses richesses prĂ©sentes dans chaque partie du temple. Il fut Ă©merveillĂ© par lâautel sacrificiel, les ustensiles en or ou parĂ©s de diamants. Il apprĂ©cia le plafond peint dâune salle resplendissante. Il aimait tout de cet endroit.
Mais ce qui le frappa le plus fut sa rencontre avec un groupe de jeunes femmes. Elles Ă©taient magnifiquement habillĂ©es. En voyant le groupe de barbares autour du prĂȘtre, elles discutĂšrent entre elles. Certaines se demandant qui Ă©taient ces hommes, dâautres sâils Ă©taient brutaux. Philippe questionna sur leurs prĂ©sences, pendant que ses soldats affichaient leurs plus beaux sourires.
Ce sont de jeunes prĂȘtresses venues sâinitier aux mystĂšres des grands dieux, affirma le maitre du temple.
Ils quittĂšrent la piĂšce, sans remarquer quâune des filles observait le borgne. Elle avait reconnu celui qui avait vaincu les Thraces et assouvi les grecs. Elle se doutait quâil y avait un coup Ă jouer pour son avenir. Elle ne se voyait pas finir comme grande prĂȘtresse de Zeus.
Les jours passĂšrent et le roi de MacĂ©doine trouva les journĂ©es longues qui se limitaient aux priĂšres et Ă lâinstruction. Par contre, ses nuits Ă©taient courtes. En effet, il avait gardĂ© la tradition macĂ©donienne de faire des fĂȘtes qui se transformaient en orgie. Bouffe, boisson et sexe Ă volontĂ©. Les pĂšlerins se plaignirent de ses exactions nocturnes, des cris et des chants trop forts. Si bien que le grand prĂȘtre ne savait que faire. Il demanda lâaide de Zeus, en dĂ©posant une offrande aux pieds de sa statue. Mais il fut distrait par la venue dâune jeune novice.
Elle proposa son aide et exposa un plan pour calmer Philippe. Il Ă©tait venu pour des questions, elle proposa de lui donner des rĂ©ponses. Le prĂȘtre gratta sa barbe, en se questionnant sur les vraies raisons de lâimplication de la jeune femme. AprĂšs tout, elle Ă©tait jeune et pourrait profiter de ses charmes. Et puis, il voulait aussi que lâaristocratie macĂ©donienne vienne rĂ©guliĂšrement Ă Samothrace. Leur argent permettrait de faire de lâIle le plus grand centre religieux du monde connu.
Un soir, alors que les convives commençaient Ă manger et sâabreuver de vin, La jeune femme sâincrusta dans la villa du roi. Elle fit une Ă©norme impression par sa robe blanche qui ne cachait pas grand-chose de ses courbes ni de ses colliers et bracelets. Ses cheveux longs coiffĂ©s en nattes longeaient ses seins ronds et bombĂ©s. Elle resta debout, dĂ©fiant le roi Ă©tendu qui mangeait une cuisse de poulet.
Qui es-tu ? Vien-tu nous faire le plaisir de danser ? Demanda un des fidÚles lieutenants
Je suis PolyxĂ©na, fille de NĂ©optolĂšme, sĆur dâAlexandre le Molosse et princesse dâEpire. Je suis prĂȘtresse de Dodone, le sanctuaire divinatoire de Zeus, et par la demande de ce dernier, je suis venue pour annoncer ton avenir.
Eh bien, je tâĂ©coute, rĂ©agit Philippe.
Non, pas ici. Seul à seul car telle est la décision de Zeus.
DĂšs lors, il se leva et proposa Ă PolyxĂ©na dâentrer dans sa chambre. Il sâassit attendit tout en croisant les bras. A ce moment, PolyxĂ©na savait quâelle jouerait avec la crĂ©dulitĂ© du roi. Et si cela ne fonctionnerait pas, il pouvait lui faire les pires horreurs ; lui arracher le nez et la langue, lui crever les yeux, ou lâoffrir en pĂąture Ă ses hommes. Elle savait que sa naissance royale ne la sauverait pas.
Elle dĂ©brocha sa tunique, offrant Ă lâĆil du roi de voir un corps sculpturalement parfait. Il faut dire quâelle descendait dâHĂ©lĂšne de Troie. Puis elle sâagenouilla et avança au son de ses colliers sâentrechoquant. Il sâamusait de la voir se dodeliner lentement, le regard se remplissant de dĂ©sir. Elle mordit sa lĂšvre supĂ©rieure et, facilement, elle Ă©carta les cuisses de Philippe. Il se laissa faire, sentant les mains de la jeune prĂȘtresse faire monter son ardeur.
Les oracles se passent toujours comme ça à Dordone, murmura un de ses proches qui observait la scÚne.
Non, je crois quâils lisent lâavenir en interprĂ©tant le bruit de feuilles de chĂȘne, rĂ©pondit son collĂšgue.
Ils avaient ordre de surveiller car Philippe avait trop dâennemis pour le laisser seul, mĂȘme avec une magnifique femme. Ils regardĂšrent celle-ci jouer avec le sexe du roi. Elle utilisait aussi bien ses doigts que sa bouche. Elle sâamusait Ă le faire soupirer en effleurant du bout des lĂšvres son membre gonflĂ©.
Soudain, elle renversa le roi qui faillit se fracasser le crane. Toutefois, surpris, il se mit Ă sourire en la voyant le chevaucher. Il sentit son organe entrer dans une fente chaude et moelleuse. Il se contenta de caresser ses cuisses fermes tout en admirant ses seins se balancer au-dessus de sa tĂȘte. Le corps de PolyxĂ©na Ă©tait chaud, le sien devenait bouillant.
Elle ferma les yeux, dansait sur Philippe provoquant un va-et-vient long et torride. Il regardait ses lĂšvres sâentrouvrir. Il regardait ses jolies dents blanches pincer le bout de sa langue. Il commençait Ă aimer cette femme qui semblait ĂȘtre encore une gamine. Puis, elle gĂ©mit avant de se mettre Ă parler :
Je vois ! oui, je vois un homme qui fera plier la GrĂšce. Je vois cet homme qui gouvernera sur le monde civilisĂ©âŠOui, je vois un conquĂ©rant. Il vengera les grecs des humiliations des PersesâŠIl combattra et vaincra la Perse. Je vois un homme qui deviendra un DieuâŠIl gouvernera sur la PerseâŠIl unifiera la GrĂšce et la PerseâŠJe vois un homme qui crĂ©era des citĂ©s aux confins du monde. Je vois un homme qui sera vĂ©nĂ©rĂ© pendant des siĂšcles.
Lorsquâil sentit la jouissance lâenvahir, il se redressa collant sa poitrine musclĂ©e contre la sienne. Elle partait aussi, gĂ©missant de plaisir. AprĂšs avoir repris son souffle, PolyxĂ©na embrassa le borgne quâelle ne trouvait pas beau. Enfin, elle le regarda, fixa de ses yeux pleins de certitude et ajouta :
Voilà ce que je vois en toi !
Philippe calma ses orgies au profit de nuits intimes avec PolyxĂ©na. Peu avant son dĂ©part de lâile, il proposa dâĂ©pouser la jeune femme. DĂšs lors, la princesse rĂ©gna sur le royaume de MacĂ©doine et se fit appeler Olympias. Elle eut deux enfants avec Philippe, qui pourtant, ne lâaimait plus. Il la dĂ©testait parce quâil avait compris quâil a Ă©tĂ© trompĂ©. Jamais il ne deviendra cet homme Ă©voquĂ© par lâoracle. Cet homme nâĂ©tait autre que son propre fils et celui de PolyxĂ©na. Celui quâon appellera Alexandre le Grand.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Vulgaire

Trois vieilles dames partant Ă la messe, sâarrĂȘtĂšrent devant une affiche du film « Emmanuelle ». Elles Ă©taient Ă©berluĂ©es par ce quâelles dĂ©couvrirent.
La premiĂšre : Câest un film,
La seconde : Un film ? Mais pourquoi est-elle à poil ?
La troisiĂšme : Câest un film cochon. Ăa câest sĂ»r, câest un film cochon.
La seconde : Et ils vont le passer au cinéma ?
La premiĂšre : Oui, câest prĂ©vu dans quinze jours.
La seconde : Câest scandaleux ! Tous les hommes vont aller le voir. En plus, elle fait vulgaire assise comme ça, cette trainĂ©e.
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, câest une petite trainĂ©e. Oui, câest vraiment une petite trainĂ©e.
La seconde : Une pute, oui ! Comment sâappelle-t-elle ?
La premiĂšre lit lâaffiche et rĂ©pondit lentement: Sylvia Kristel.
La seconde : Avec un nom pareil, câest une Ă©trangĂšre en plus !
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, câest une Ă©trangĂšre. Il nây a pas de trainĂ©e par chez nous.
La seconde : A tous les coups, câest une allemande. Il nây a que les allemandes pour se foutre Ă poil comme ça en photo. On a bien fait dâavoir gagnĂ© la guerre. Ăa ne mâaurait pas plu dâĂȘtre Ă poil en photo.
La premiĂšre : Ou de Paris. Ma sĆur a visitĂ© Paris et mâa dit quâil y avait beaucoup de femmes de mauvaise vie dans Paris.
La seconde : Câest pareil. Câest pas de chez nous !
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, câest pas de chez nous.
Un homme passe derriĂšre eux. Il les salue en baissant sa casquette et continue de marcher en les regardant.
La seconde : A tous les coups, il va revenir mater lâaffiche.
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, câest un cochon.
La premiĂšre : Câest parce quâil boit. Il ne va pas Ă lâĂ©glise. Il va jouer au tiercĂ© en face. Il va boire et va rentrer saoul comme une bourrique.
La seconde : Elle va ĂȘtre contente sa femme ! Et ce film parle de quoi ?
La premiÚre : Je ne sais pas.
La troisiĂšme : Ăa ne peut ĂȘtre quâun film grossier. Elle fait tellement vulgaire sur lâaffiche. Ăa câest sĂ»r, câest un film grossier.
La seconde : Câest la faute Ă Giscard. Depuis quâil est prĂ©sident, la France fout le camp. Ăa ne se serait pas passĂ© comme ça avec Pompidou ni avec le GĂ©nĂ©ral.
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, câest la faute Ă Giscard. Je nâaurais pas dĂ» voter pour lui. Et câest aussi la faute aux beatniks, ces jeunes mal-habillĂ©s qui traversent le village avec leurs motos.
La premiÚre : Tu as voté Giscard ?
La troisiĂšme : Oui, mon mari mâa dit de voter pour lui.
La seconde observe encore lâaffiche : Et elle est maquillĂ©e comme une poufiasse.
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, il nây a que les poufiasses qui se maquillent. Ca fait vraiment vulgaire !
La premiĂšre : Et ses seins sont tout petits. Elle nâa pas dâenfants.
La seconde : Encore heureux ! A sa place, je nâen ferai pas. Jâaurais trop honte quâils voient le film.
La troisiĂšme : Ăa câest sĂ»r, jâaurais honte aussi.
La premiĂšre et la seconde commençaient Ă partir lorsque la troisiĂšme demanda : On laisse lâaffiche comme ça ?
La premiÚre : Oui, on le signalera au curé. Il saura faire quelque-chose contre ce genre de mauvais film.
La seconde : En tous cas, si mon Marcel va voir le film, il prendra un coup de sac Ă main sur la tĂȘte.
La troisiĂšme : Et je suis sĂ»r quâil nây a pas Louis de FunĂšs dans ce film. Ăa câest sĂ»r, il nây a pas Louis de FunĂšs.
Elles sâentrĂšrent dans lâĂ©glise sans voir les deux garçons qui sâarrĂȘtĂšrent devant lâaffiche. Ils rougirent en voyant lâactrice nue avant de se poser des questions sur la poitrine des filles.
Le mari de la seconde nâira jamais voir ce film. En revanche, le curĂ© ira le voir incognito. Je veux dire sans son costume de curĂ©.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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La lumiĂšre sous la porte

Les livres ont une grande place dans mon cĆur. Jâaime les lire, les toucher, les sentir. Jâaime les exposer, voir leur couverture mĂȘme si je ne les ai pas encore lus. Jâaime les livres mais Ă trop en acheter, ils prennent de la place. Jâen ai stockĂ© dans des cartons, qui Ă leur tour, se sont imposĂ©s dans mon petit appartement. Je ne savais plus quoi en faire. Pas question de mâen dĂ©barrasser.
Jâai eu cette idĂ©e aprĂšs avoir visitĂ© Amsterdam. A mon retour de voyage, jâai rĂ©alisĂ© quâune pile de livres ressemblait beaucoup aux maisons hollandaises. Du coup, je me suis amusĂ© Ă crĂ©er des rues, utilisant chaque bouquin pour faire une maison ou un petit immeuble de deux Ă©tages. Avec diffĂ©rents papiers, jâai dessinĂ© puis dĂ©coupĂ© des portes et des fenĂȘtres. Je me suis appliquĂ© Ă dĂ©corer de volets, des rideaux ainsi que des dormants et des impostes de portes. Je confectionnais des toits Ă lâaide de carton.
Chaque dos de livre devenait lâentrĂ©e dâune maison ou la devanture dâun vieux magasin Je me suis tellement appliquĂ© que mes amis furent fascinĂ©s par mon travail. Ils parlaient dâĆuvre dâart. Ils me proposĂšrent dâexposer car dâaprĂšs eux, mon talent devrait ĂȘtre connu. Au dĂ©but, trop mĂ©fiant et voulant Ă©viter de participer Ă un diner de cons, je me contentais de donner une seconde vie Ă des livres que jâai tant aimĂ©s lire. Cependant, jâeus un tel succĂšs que je dus me rĂ©signer Ă accepter leur proposition. DĂšs lors, aprĂšs avoir exposĂ© dans une galerie, je me suis mis Ă vendre des piles de livres dĂ©corĂ©s et refaits en petites rues.
Je garde mes prĂ©fĂ©rĂ©s dans une bibliothĂšque particuliĂšre. En effet, elle ne contient que des livres dĂ©corĂ©s. Chaque Ă©tagĂšre reprĂ©sente une rue. Jâai mĂȘme ajoutĂ© quelques petits pavĂ©s devant les livres pour donner un cĂŽtĂ© plus rĂ©aliste aux maisons. Jâaime les observer le soir avant dâaller me coucher. Parce quâelles ont une apparence fĂ©erique et jâimagine des habitants vivre dedans. Je les imagine en train de marcher, ouvrir les fenĂȘtres ou les portes et vivre paisiblement ; une mĂ©nagĂšre Ă la fenĂȘtre Ă©tendant un drap, un homme rentrant du boulot.
Un jour, en les admirant de nouveau, je remarquais quelque-chose dâĂ©trange. Sur le moment, je pensais Ă un reflet liĂ© Ă la lumiĂšre de mon salon. Mais en approchant, je dĂ©couvris de la lumiĂšre sous une porte. CâĂ©tait une porte dĂ©corĂ©e et collĂ©e par mes soins, comment de la lumiĂšre pouvait apparaitre ? Je pris le livre, lâouvris mais ne constatais rien de particulier entre les pages qui se dĂ©pliaient correctement. DĂšs lors, je replaçais le livre et retournais Ă mes occupations. En Ă©teignant la lampe de la salle, je constatais un petit fil lumineux sous cette mĂȘme porte. La lumiĂšre Ă©tait rĂ©apparue !
Je ne savais son origine. Je pouvais prendre le bouquin, lâouvrir, le secouer, tourner les pages. Rien nây faisait, dĂšs que je le rangeais, la lumiĂšre rĂ©apparaissait. Je cognais de lâindex sur la porte ; bien entendu, personne ne rĂ©pondit, personne nâouvrit.
CâĂ©tait Ă©trange que de voir cette lumiĂšre sous cette porte fictive. Tous les soirs, je constatais quâelle apparaissait pour disparaitre uniquement au lever du jour. Je passais les semaines suivantes Ă surveiller cette anomalie, dâautant quâelle Ă©tait la seule porte Ă laisser passer de la lumiĂšre. MĂȘme la fenĂȘtre en plastique, collĂ©e au dos de ce livre ne montrait rien.
Jâaurais pu me dĂ©barrasser du livre, le vendre ou simplement le donner. NĂ©anmoins, ma curiositĂ© insistait Ă surveiller ce phĂ©nomĂšne. Je regardais donc ce livre, dont je ne me souvenais plus de lâhistoire, laisser passer cet Ă©trange trait de lumiĂšre. Et puis, je dĂ©couvris de la lumiĂšre sous la porte dâun autre recueil. Hier soir, la lumiĂšre traversait la fenĂȘtre, comme si quelquâun habitait dans ce livre.
Jâai doucement frappĂ© Ă la fenĂȘtre et Ă la porte. Je nâai vu personne, pas de petit bonhomme ou autre farfadet magique. Je suis restĂ© bĂȘtement Ă observer cette lumiĂšre qui scintillait dans le noir. Mais ce soir, je dĂ©poserai quelque-chose devant ce livre. Un petit morceau de pain ou, une demi-fraise, histoire de sympathiser. En espĂ©rant que la porte sâouvre et quâil y ait un habitant.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Tomber, encore

Il était peu rassuré, fébrile.
Il trouvait cela mĂȘme dĂ©bile.
Rencontrer quelquâun sans la connaitre,
Sans avoir rĂ©ellement vu sa tĂȘte.
Il a suffi dâun clic sur internet
Pour quâune belle femme rĂ©ponde direct.
Est-ce ça lâamour ? Lâamour ?
Il a souvenir dâune ex-copine
Qui, au début se montrait cùline.
Mais cela ne dura quâun temps
RemplacĂ© par la jalousie dĂšs lâinstant
Quâil croisait le regard dâune autre.
Un simple sourire devenait une faute.
Lâamour, est-ce ça lâamour ?
âŠ
Je te veux mon chéri,
Et pourquoi pas pour toute la vie !
Sur quelle folle, vais-je, cette fois, tomber, encore?
Je te veux mon chéri,
Et pourquoi pas pour toute la vie !
Sur quelle folle vais-je, cette fois, tomber, encore?
âŠ
Sans prĂ©venir, ses amies lâont inscrite
Sur un site, car il était de principe
De ne pas la laisser finir seule
A élever des chats et boire du tilleul.
A son annonce, elles ont de suite répondu
Parce quâil semblait beau, pourtant mĂ©connu.
Est-ce ça lâamour ? Lâamour ?
Elle nâa jamais eu de chance,
Tombant sur des cons sans intelligence.
Comme le dernier qui nâa pas eu la dĂ©cence
Dâappeler au moins une ambulance
AprÚs avoir laissé des bleus sur son visage.
Il disait quâelle nâĂ©tait pas sage.
Lâamour, Est-ce ça lâamour ?
âŠ
Je te veux ma chérie,
Et pourquoi pas pour toute la vie !
Sur quel malade, vais-je, cette fois, tomber, encore?
Je te veux ma chérie,
Et pourquoi pas pour toute la vie !
Sur quel malade vais-je, cette fois, Â tomber, encore?
âŠ
Madame, excusez ma maladresseâŠ
Monsieur, ne croyez que je paraisseâŠ
Je ne cherche quâune amitiĂ© sentimentale
Et moi, une relation sans scandale.
Et si au début du repas, ils étaient tendus,
Leurs rires ont supprimé les malentendus
Lâamour, est-ce ça lâamour ?
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Repartir à zéro

Jeanne regardait la jambe artificielle posĂ©e sur la table. Assise dans un fauteuil roulant, elle attendait que lâinfirmiĂšre explique comment la porter. Pendant ce temps, Antony prĂ©parait les barres parallĂšles.
Cela tâaidera Ă avancer, dit-il tout en serrant une vis.
Le bord de la prothĂšse recouvrit le moignon. AussitĂŽt, lâinfirmiĂšre se redressa avant de pousser le fauteuil. Et, une fois devant les barres, elle aida Jeanne Ă se relever. La jeune amputĂ©e avait une apprĂ©hension de sentir cette chose cogner contre sa cicatrice. Elle nâosait jamais toucher le bout de ce qui lui restait. La peur de rĂ©aliser quâelle ne pourra plus jamais marcher ni courir comme avant. Toutefois, cette crispation ne dura pas longtemps.
Elle attrapa une des barres et sâinstalla au milieu du chemin prĂ©parĂ©. Puis, encouragĂ©e par Antony et lâinfirmiĂšre, elle sâĂ©lança. Lâeffort parut surhumain. Elle trainait cette jambe en carbone. Elle nâarrivait pas Ă la lever. Son visage devint rouge de colĂšre mais aussi de honte.
Ne tâĂ©nerve pas. Prends ton temps et ça viendra par la suite, rĂ©agit calmement Antony.
Jeanne regarda cet homme quâelle cĂŽtoyait depuis presquâun an. Il Ă©tait prĂ©sent pour la rééducation de ses bras et son autre jambe. Il Ă©tait aussi prĂ©sent, mĂȘme si ce nâĂ©tait pas son rĂŽle, quand elle rĂ©apprenait Ă parler convenablement. CâĂ©tait devenu un peu son mentor, le seul homme qui montrait ouvertement de la confiance pour elle.
DĂšs lors, elle inspira un grand coup pour calmer son empressement. LâinfirmiĂšre Ă©tait partie sâoccuper dâun autre patient. Plus loin, un second kinĂ© aidait un amputĂ© Ă sâassoir dans son fauteuil. Jeanne sâagrippa fortement aux barres. Puis, elle rĂ©ussit Ă faire un pas. Toutefois, la prothĂšse rappa le tapis. Antony sourit et approuva cet effort dâun signe de tĂȘte.
Je sais que tu dois tout reprendre depuis le dĂ©but, mais dis-toi que Rome ne sâest pas construite en un jour. Dit-il.
La séance dura une heure avant que Jeanne ne retourne dans sa chambre. Elle se sentait exténuée et resta dans le fauteuil plutÎt que de retourner sur son lit. La fatigue commençait à envahir son esprit. Seulement, elle avait peur de dormir. Elle avait peur des cauchemars qui lui faisaient revivre son accident.
Elle lui avait dit de ralentir, mais il nâentendait rien. Son compagnon avait trop bu et voulait rentrer vite. LâOpel fracassa un muret de sĂ©curitĂ© avant de sâĂ©craser dans un fossĂ©. Il est mort de ses blessures. Quant Ă Jeanne, la tĂŽle Ă©crasa sa jambe. Sa tĂȘte entra dans le parebrise obligeant une chirurgie reconstructive dâurgence. Elle ne voulait pas dormir. Elle ne voulait pas revivre ça.
Durant toutes les semaines suivantes, Jeanne fit des progrĂšs et put enfin marcher en utilisant la jambe artificielle. Antony Ă©tait fier dâelle. Jamais, il nâavait rencontrĂ© quelquâun avec autant de volontĂ©. DĂšs quâelle levait cette jambe, elle riait comme un enfant qui rĂ©ussissait un test. NĂ©anmoins, cette volontĂ© nĂ©cessitait dâĂ©normes efforts. Aussi, elle ne marchait correctement que pendant quelques minutes. Ensuite, elle sâasseyait ou tenait fermement une des barres parallĂšles afin de reposer sa vraie jambe.
Je trouve aussi que tu tâexprimes bien mieux. Tu parles toujours lentement mais ta voix, les mots que tu prononces sont nettement plus clairs.
Ăa va mâaider pour trouver du travail, dit-elle.
Elle Ă©tait professeure de sport. Dans son Ă©tat, il Ă©tait compliquĂ© de continuer. Elle envisageait de reprendre des Ă©tudes. Une assistante sociale lâavait orientĂ©e sur un centre pour rĂ©adaptation professionnelle. Par contre, elle nâavait pas encore trouvĂ© son prochain mĂ©tier ou sa future spĂ©cialitĂ©. Antony encouragea sa patiente Ă refaire au moins un aller-retour entre les barres, puis dâessayer de traverser la salle. Elle mit une vingtaine de minutes pour faire les exercices demandĂ©s. Vingt minutes pĂ©nibles mais encourageantes.
Le lendemain, Jeanne ne se prĂ©senta pas Ă sa rééducation. DĂšs lors, Antony monta dans sa chambre pour la gronder. Il dĂ©testait quâon ne respecte pas le programme. Il frappa Ă la porte. Personne ne rĂ©pondit. En reconnaissant le kinĂ©, une infirmiĂšre intervint immĂ©diatement pour ouvrir. Jeanne ne sâintĂ©ressa pas Ă eux. Elle Ă©tait dans la salle de bain. Le jeune homme fut gĂȘnĂ© de la dĂ©couvrir entiĂšrement nue. Elle Ă©tait debout, Ă cĂŽtĂ© de son fauteuil. Elle se regardait Ă travers une glace. Elle Ă©tait horrifiĂ©e par cette jambe de bois. Elle regarda Antony et lâinfirmiĂšre. Ses yeux Ă©taient rouges et humides.
MĂȘme pour ça, je dois mâhabituer, affirma-t-elle.
Les deux agents hospitaliers demeurĂšrent silencieux. Jeanne sâappuya contre la barre de la douche et se retourna sans quitter des yeux le grand miroir. Elle caressa les cicatrices de sa mĂąchoire. Bien quâils ne fussent pratiquement pas visibles, elle les voyait toujours en premier. Ensuite, ses doigts frĂŽlĂšrent le carbone froid de la prothĂšse.
Je ne sais pas si je me sentirais capable dâĂȘtre aimĂ©e, ajouta-t-elle. Je suis devenueâŠ
Une belle femme !
Elle dĂ©visagea Antony pendant que lâinfirmiĂšre posait un peignoir sur ses Ă©paules. Elle proposa Ă Jeanne de sâassoir sur son fauteuil. Cette derniĂšre refusa prĂ©fĂ©rant le faire seule.
Tu es toujours une belle femme, confirma Antony. Seulement, tu dois apprendre Ă lâaccepter. Tu dois tout reprendre depuis le dĂ©but. Il existe de nombreuses personnes qui vivent avec des bras ou des jambes en moins, et qui sont mariĂ©s. Tu as besoin dâaide pour tout rĂ©apprendre, on est lĂ pour ça.
Jeanne lâĂ©coutait. En mĂȘme temps, elle regardait par la fenĂȘtre les gens se promener dans le parc de lâhĂŽpital. Il lui Ă©tait difficile dâaccepter que sa vie ne sera plus jamais comme avant. Et quâelle devait repartir Ă zĂ©ro. Mais ce jour-lĂ , elle comprit aussi quâAntoine fera tout pour quâelle y arrive.
Alex@r60 âaoĂ»t 2023
Photo de Riana Lisbeth
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Camille

Mes grands-parents avaient achetĂ© une rĂ©sidence de vacances du cĂŽtĂ© de Vannes. Pour la crĂ©maillĂšre, ils avaient invitĂ© toute la famille Ă passer quelques jours. Je devais avoir cinq ans et dĂ©couvris des cousins que je ne connaissais pas. En fait, il sâagissait surtout des enfants des cousins de ma mĂšre.
Lorsque nous arrivïżœïżœmes devant la maison, nous vĂźmes un terrain immense sur lequel se promenaient de nombreuses personnes. On Ă©tait plus proche du repas de mariage que dâun simple weekend Ă la campagne. Avec ma sĆur, nous nous retrouvĂąmes au milieu dâune farandole de personnes que nous ne connaissions pas. Jâeus le droit Ă des surprises, des bonjours dâĂ©tonnements, des bisous baveux de vieux adultes, des « mais quâest-ce quâil a grandi, il nâĂ©tait pas plus haut que trois pommes la derniĂšre fois quâon lâa vu ! ». Bref, je nâĂ©tais pas Ă mon aise. Alors, je mâĂ©loignais et pendant que ma sĆur Ă©tait prise en charge par mes cousines, je regardais les cousins jouer ou discuter. Tous Ă©taient plus vieux que moi dâau moins cinq ans. Comme je me sentis exclu, je visitais ce grand terrain. Il y avait des fleurs alignĂ©es en cercle ou en carrĂ©, des tulipes, des hortensias, des roses et jâen passe. Il y avait des arbres mais aucune branche ne me permettait de grimper dessus. Je marchai lentement sans savoir quoi faire. Je voyais toujours les adultes discuter et les entendais rire. En fait, jâĂ©tais le seul Ă ne pas ĂȘtre rĂ©ellement ravi dâĂȘtre en cet endroit.
Avant de faire demi-tour, je vis une petite fille. En apparence, elle Ă©tait plus vieille de deux ans, peut-ĂȘtre trois. Ses longs cheveux blonds semblaient briller avec un reflet de soleil. Elle lisait assise au milieu dâun cercle de livres ouverts. Elle me sourit avant de dire bonjour. DĂšs lors, jâapprochais tout en rendant son sourire.
Comment t-appelles-tu ? demanda-t-elle.
Alexandre.
EnchantĂ©e, moi câest Camille. Que fais-tu ici ? Tu nâes pas avec les autres en train de jouer ?
Non.
JâĂ©tais timide. MĂȘme avec une cousine, je restais timide. Jâobservais les livres. Ils nâavaient aucune image, ne comportant que des textes. Jâapprochai la tĂȘte pour les regarder de plus prĂšs lorsquâelle demanda :
Sais-tu lire ?
Je hochai nĂ©gativement de la tĂȘte. DĂšs lors, elle me proposa dâapprocher et de jouer Ă la maitresse dâĂ©cole. Je mâassis Ă cĂŽtĂ© dâelle et lâĂ©coutais attentivement cherchant Ă comprendre le sens des lettres, les mots quâelle prononçait. Ce nâĂ©tait pas un exercice facile car je nâarrivai pas Ă lire parfaitement les lignes quâelle montrait du doigt. Toutefois, je rĂ©ussis Ă retenir quelques mots.
La matinĂ©e se passait Ă Ă©couter Camille faire sa leçon de lecture. Soudain, un appel annonça le repas du midi. Je me levai immĂ©diatement et rejoignis la famille sans mâoccuper de Camille. Je nâentendis pas cette derniĂšre courir avec moi. A lâinstar des repas de famille, celui-ci fut long et pĂ©nible. Je regardai les plats se suivre, jâattendais le suivant. Je restais Ă la table des enfants Ă©coutant les grands cousins dĂ©blatĂ©rer des idioties pour se la pĂ©ter, et les cousines dont les plus petites  somnolaient Ă moitiĂ©. AprĂšs avoir fait tour visuel du groupe, je ne remarquais pas Camille. Je demandai Ă Carole, ma cousine la plus proche si elle savait oĂč elle se trouvait. Mais, Carole ne put rĂ©pondre car elle ne la connaissait pas. Cependant, en sortant de table, elle mâaida Ă chercher Camille, en vain. Elle questionna les adultes.
Camille ? Chérie, on a une Camille parmi nos petits-enfants ? interrogea mon grand-pÚre.
Non, répondit ma grand-mÚre. Et dans les petits-neveux non plus.
Jâexpliquai oĂč je lâavais rencontrĂ©e. Ma grand-mĂšre caressa mes cheveux recoiffant la raie au passage. Puis, elle expliqua que des enfants du hameau venaient parfois dans le bois car il nâĂ©tait pas clĂŽturĂ©. Déçu, je passai le reste du weekend Ă mâennuyer.
Durant les vacances suivantes, je revis Camille. Elle Ă©tait au mĂȘme endroit Ă lire. Elle nâavait pas changĂ© et portait une couronne de fleurs sur la tĂȘte. Elle me reconnut, me sourit et proposa de me faire une leçon de lecture. Je lâĂ©coutai lire un passage des trois mousquetaires dâAlexandre Dumas. Je ne comprenais rien mais restais captivĂ© par sa façon de parler. Je sentais une douceur enivrante mâenvahir, je sentais des papillons chatouiller mon ventre. Il faisait beau et jâĂ©tais heureux de la revoir, heureux quâelle ne mâoublie pas. Je montrais mes prouesses en lecture et regrettais de ne pas avoir de crayon pour montrer que je savais aussi Ă©crire.
Je passais lâaprĂšs-midi avec Camille, oubliant ma famille, mes parents qui partageaient leur temps avec mes grands-parents. Jâoubliais ma sĆur qui prïżœïżœfĂ©rait jouer Ă la poupĂ©e sur la terrasse. Quand ma mĂšre mâappela pour le goĂ»ter, je proposai Ă Camille de venir. Elle refusa prĂ©fĂ©rant se nourrir de connaissances. Je partis lui promettant de revenir avec un morceau de chocolat dans du pain. A mon retour, Camille et ses livres avaient disparu.
Toutefois, elle Ă©tait prĂ©sente le lendemain puis le surlendemain. Nous jouions Ă lire et Ă Ă©crire car cette fois-ci, jâavais pris du papier. Elle lisait Ă©normĂ©ment et jâĂ©coutais. Parfois, elle me faisait lire corrigeant quelques mots ou la ponctuation. Elle avait pris une piĂšce de théùtre. Je ne comprenais rien mais câĂ©tait drĂŽle de lire chacun son tour. On se donnait des personnages. Parfois, elle prenait une grosse voix pour parler Ă la place dâun homme. Le soir, je repartais rejoindre la famille.
Par la suite, je la questionnai sur ses parents, oĂč elle habitait exactement. Elle restait Ă©vasive me signalant que sa demeure Ă©tait complĂštement noire et humide. Son pĂšre Ă©tait ingĂ©nieur. Quant Ă sa mĂšre, elle ne travaillait pas. Pourtant, elle aurait dĂ» ĂȘtre mĂ©decin.
Il y eu une nuit Ă©trange. Je dormais dans la mĂȘme chambre que ma sĆur. Nous avions chacun notre lit. Je fus rĂ©veillĂ© par un son bizarre. Je compris quâil sâagissait du grincement de la porte, Ă cause dâun courant dâair. Le drap de mon lit se leva et ma sĆur  sâallongea Ă cĂŽtĂ© de moi. Cela arrivait quâelle fasse des cauchemars. Alors, elle prĂ©fĂ©rait me rejoindre plutĂŽt que de rester seule dans son lit. Enfin, je crus que câĂ©tait ma sĆur parce que cette nuit, je reconnus le visage de Camille. Elle parla doucement.
Ăa ne te dĂ©range pas que je dorme avec toi ? Jâai froid et jâai peur. Il fait tout noir.
Je laissai mon amie se blottir contre moi. Son corps, ses mains Ă©taient gelĂ©es. Je ne lâinterrogeais pas sur sa prĂ©sence dans la maison. Nous dormĂźmes. Au matin, elle avait disparu. Je me levai seul. Ma sĆur Ă©tait dĂ©jĂ debout. Je descendis Ă la cuisine et demandai si quelquâun avait vu Camille partir. On me dĂ©visagea. Mes parents pensĂšrent que jâavais une copine invisible. Je compris que jâavais rĂȘvĂ©.
Durant lâaprĂšs-midi, lorsque je revis Camille, toujours au mĂȘme endroit, je parlais de ce rĂȘve. Elle sourit et baissa la tĂȘte. Elle choisit un livre : Alice au pays des merveilles. DĂšs lors, je restai obnubilĂ© par cette histoire fantastique. JâĂ©coutais la petite fille lire avec passion. Et pour la premiĂšre fois, je comprenais lâhumour dans un rĂ©cit.
Camille nâĂ©tait pas lĂ pendant les vacances suivantes. Jâavais sept ans. Je passais souvent dans le bois au fond du jardin en espĂ©rant la voir, mais je ne voyais que de lâherbe et des arbres. De temps en temps, je mâasseyais ou mâendormais en attendant son retour. Elle nâest jamais revenue. Les annĂ©es passĂšrent sans que je nâoublie la petite fille rencontrĂ©e au fond du jardin de mes grands-parents. Ce mĂȘme jardin rĂ©trĂ©cissait en vieillissant. Le bois ne semblait pas si grand. Mais le regard de lâadolescent nâest pas celui de lâenfant.  De temps en temps, je retournais dans cette petite forĂȘt Ă me souvenir que jây avais vĂ©cu de trĂšs beaux moments. Jâimaginai un livre oubliĂ© posĂ© sur lâherbe par Camille. Cependant, il nâen fut rien.
Cela faisait vingt ans que je nâavais plus entendu parler de Camille. JâĂ©coutais un documentaire tĂ©lĂ© sur des enquĂȘtes non rĂ©solus. Quelle fut ma surprise que de voir le portrait de Camille entre celui de ses parents. Sa famille Ă©tait portĂ©e disparue dix ans avant notre rencontre. AussitĂŽt, je suivais lâaffaire avec attention. La famille de Camille passait des vacances dans le mĂȘme hameau oĂč se trouvait la maison secondaire de mes grands-parents. Il y avait bien quelques suspects, seulement personne nâavoua quoi que ce soit. AprĂšs une nuit de rĂ©flexion Ă Â chercher Ă comprendre pourquoi je lâavais rencontrĂ©e, pourquoi je lui avais parlĂ© et pourquoi, elle nâavait pas changĂ©, câĂ©tait surtout ce lieu noir, humide et froid qui mâintriguait. Jâappelai dĂšs le matin mon grand-pĂšre. Nous discutĂąmes de cette affaire.
Au fait Papy, tu as déjà pensé à faire sonder le jardin ?
Pourquoi faire ? répondit-il avec une voix étonnée.
Câest presquâune ferme. Et je me disais quâil devait peut-ĂȘtre y avoir un puits cachĂ© ou quelque-chose comme ça. Une cave ?
 Tu sais que ça pourrait ĂȘtre une bonne idĂ©e. Un puits mâaiderait pour arroser les fleurs.
Deux mois plus tard, ma mĂšre appela. Elle mâannonça quâon avait trouvĂ© des corps dans un puits fermĂ© chez ses parents. La maison faisait la une des journaux tĂ©lĂ©. Effectivement, je reconnus la maison. De nombreux gendarmes encerclaient la demeure. NĂ©anmoins, on pouvait remarquer un groupe de personnes en combinaison blanche en train de marcher vers un trou entre les arbres. Et le lieu du trou Ă©tait la position exacte oĂč Camille lisait.
Quelque-jours plus tard, je passais voir mes grands-parents. Ils racontĂšrent la dĂ©couverte du puits et celle de Camille et de ses parents. Mon patriarche gardait le journal qui expliquait les causes de la mort. Ils avaient Ă©tĂ© exĂ©cutĂ©s dâune balle en pleine tĂȘte. LâenquĂȘte aboutit que câĂ©tait en pleine nuit et quâils dormaient au moment des faits.
Jâaccompagnais ensuite mes grands-parents vers le puits.  Nous regardĂąmes pendant un long silence ce trou ouvert. LâatmosphĂšre Ă©tait remplie Ă la fois dâĂ©motion et de libĂ©ration. Un vent frĂŽla mon visage. Je levai les yeux et crus apercevoir la silhouette dâune petite fille qui sâeffaçait doucement.
CâĂ©tait juste bouchĂ© par une dalle en bĂ©ton et recouvert dâun tapis de verdure, annonça papy. Le puits ne contient plus dâeau.
Câest grĂące à ça que les ouvriers ont vu les ossements, ajouta mamy.
Mon grand-pĂšre me regarda avec son air perplexe. Il posa sa main sur mon Ă©paule puis hocha la tĂȘte en souriant.
Je me souviens que câĂ©tait Ă cet endroit que tu jouais tout seul quand vous veniez. Tu prenais toujours du papier et des crayons et tu jouais iciâŠElle sâappelait comment dĂ©jĂ ton amie imaginaire ? Camille ?
Je rĂ©pondis dâun geste de la tĂȘte.
Comme la petite qui était dans le trou, murmura-t-il.
Il ne posa pas dâautres questions. Nous rentrĂąmes et je passais la nuit chez eux.
Lorsque ma premiĂšre fille est nĂ©e, nous lâavons appelĂ©e Camille par hommage. Et elle a adorĂ© apprendre Ă lire.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Le musicien fantĂŽme

Lâaverse me rĂ©veilla subitement. Karen ne semblait pas dormir non plus. Ses yeux mi-clos laissĂšrent plutĂŽt Ă penser quâelle somnolait. Soudain, je rĂ©alisai une chose importante. Elle leva la tĂȘte en mĂȘme temps que moi.
Merde, le coffre !
AussitĂŽt, je me levai et sortis de la tente suivi par ma compagne. Effectivement, jâavais oubliĂ© la bĂąche de la petite carriole attachĂ©e Ă mon vĂ©lo. Elle servait pour mettre nos affaires pendant notre voyage. CâĂ©tait lâidĂ©e de Karen que de faire un road-trip entre Prague et ParisâŠĂ bicyclette. CâĂ©tait aussi son idĂ©e du camping sauvage. Surtout que nous Ă©tions perdus en pleine campagne autrichienne.
Bien quâelle fut dĂ©jĂ rempli et nos affaires trempĂ©es, je mâacharnai Ă recouvrir la carriole. Karen rĂ©cupĂ©ra son sac fourre-tout pour en sortir une lampe qui mâaida Ă y voir mieux. Tout-Ă -coup un Ă©clair illumina le ciel. Je vis la foudre tomber sur un arbre qui prit feu instantanĂ©ment. En dessous, notre tente nâĂ©chappa Ă lâincendie, sâenflammant aussi rapidement que lâĂ©clair suivant, qui Ă©tait dĂ©jĂ Ă plusieurs kilomĂštres.
PĂ©trifiĂ©s par cet accident naturel, trempĂ©s, fatiguĂ©s, nous restĂąmes Ă regarder la tente se rĂ©duire en cendre. Cependant, la pluie continuait de tomber. Ma copine regarda son tĂ©lĂ©phone, il nây avait pas de rĂ©seau. Le mien Ă©tait restĂ© Ă cĂŽtĂ© de mon sac de couchageâŠdans la tente, avec mes papiers, mon portefeuille⊠Bref, je me retrouvai perdu dans un pays Ă©tranger sans papier.
Il y avait un mur ! Je me souviens quâil y avait un mur plus loin quand nous sommes arrivĂ©s, dit Karen.
Hé ?
Qui dit mur, dit maison. Ajouta-t-elle en haussant les Ă©paules. Câest Ă©vident !
Nous partĂźmes Ă©clairĂ©s par les lampes de nos vĂ©los. La charrette que je tirai parut lourde Ă cause de lâeau. Aussi, je me retrouvai Ă aller moins vite que mon amie. AprĂšs quelques kilomĂštres, nous aperçûmes le fameux mur. Il nous a suffi de le longer pour trouver son entrĂ©e. La chance fut de notre cĂŽtĂ© car la grille nâĂ©tait pas fermĂ©e.
DĂšs lors, nous pĂ©nĂ©trĂąmes dans lâenceinte. Curieusement, des lampadaires Ă©clairaient la route amenant Ă un grand manoir. Avec ses tours sur le cĂŽtĂ©, il aurait eu sa place parmi les chĂąteaux de la Loire. Nous descendĂźmes et posĂąmes nos vĂ©los contre un muret, avant de grimper un escalier. La porte principale Ă©tait grande ouverte. Le hall Ă©clairĂ© par un lustre semblait vide si ce nâest cet Ă©trange personnage habillĂ© dâun costume de domestique. Il restait debout, les jambes raides, le dos droit tel un mannequin de devanture.
Karen expliqua nos dĂ©boires dans un allemand imparfait. Mais, lâhomme sourit et rĂ©pondit en français. Je trouvais que sa barbiche nâallait pas avec sa tenue de maitre dâhĂŽtel.
Soyez les bienvenus, le concert va bientĂŽt commencer.
Il nous pria de le suivre. AussitĂŽt nous entrĂąmes dans une grande salle aux plafonds profonds. Une vingtaine de personnes attendaient silencieusement, assis sur des chaises aux pieds de fer. Nous Ă©tions en plein contraste avec eux. Nous Ă©tions trempĂ©s, les cheveux dĂ©goulinant dâeau. Je portais un bermuda et un sweet-shirt Ă capuche, Karen Ă©tait habillĂ©e dâun short et dâun pull marin. Tandis que les vĂȘtements des spectateurs semblaient sortir des plus grands magasins de vĂȘtements de luxe de Paris ou de Vienne.
Je me retournai pour demander une serviette, mais notre hĂŽte Ă©tait dĂ©jĂ parti. Alors, nous avançùmes sous les regards curieux. Ils semblaient blafards, le teint dâune pĂąleur extrĂȘme. Tout leur corps parut voilĂ©. De mĂȘme, un lĂ©ger bourdonnement agaça mon esprit. Nous marchĂąmes dans un silence glacial. HĂ©las, les deux seules places disponibles Ă©taient devant. Elles nâattendaient que nous.
A ton avis, câest quel genre de spectacle, murmura ma chĂ©rie.
Le bal des vampires, répondis-je.
Elle pouffa de rire, mais fut rĂ©primandĂ©e par un « chut » qui imposa de nouveau le silence. Câest Ă ce moment quâune porte, au fond de la salle, sâouvrit. Un homme de taille moyenne, le visage jeune, les cheveux bruns coiffĂ©s en arriĂšre, le regard dâun bleu profond, entra. Il avait aussi le visage blanc, et une sorte de voile se dĂ©plaça en mĂȘme temps que lui. Je remarquai la prĂ©sence dâun piano.
Cependant, le musicien tenait un violon. Il posa son instrument sur son Ă©paule, et Ă lâaide son archet, il commença Ă jouer. DĂšs les premiĂšres notes, je fus subjuguĂ© par la musique. Elle mâenvahissait, me prenait les tripes. Il jouait merveilleusement bien. Il impressionnait si bien que je ne pus retenir une larme, je sentis un frisson parcourir les poils de mes bras. JâĂ©coutais dieu qui jouait du violon.
Il joua de tout, Chopin, Haendel, Brahms, Vivaldi, TchaĂŻkovskiâŠChaque mouvement Ă©tait juste et touchait le cĆur. Chaque note reflĂ©tait sur le mur, se transformait en personnage et dansait au rythme de la musique. Elle racontait une histoire. Mon amie posa sa tĂȘte sur mon Ă©paule tout en serrant mon bras. Elle Ă©tait fascinĂ©e par cette harmonie. Jamais nous nâaurions pensĂ© Ă©couter pareil concerto et jamais, nous nâaurions pensĂ© ressentir autant dâĂ©motion en Ă©coutant un artiste jouer. Etonnamment, peut-ĂȘtre par respect, personne nâapplaudissait entre les morceaux.
Je ne peux dire combien de temps cela dura exactement. Il finit son concert par le canon de Pachelbel. Encore une fois, sa musique toucha les Ăąmes. Il glissait avec son archet sur les cordes de son violon. Je ne rĂ©alisai pas que personne ne jouait au piano. Il Ă©tait seul et pourtant, jâentendais aussi le piano jouer.
Puis, il sâarrĂȘta subitement. Il Ă©carta les bras en croix avant de baisser la tĂȘte en signe de remerciement et de salut. Je me mis Ă applaudir, accompagnĂ© par Karen. Surpris de ne pas entendre les autres, faire de mĂȘme, je tournai la tĂȘte et fus stupĂ©fait de ne voir personne. Il ne restait que des chaises vides.
OĂč sont-ils passĂ©s ? demanda ma compagne.
Et lui ? demandai-je aussi en pointant le doigt vers la petite estrade.
Le violoniste avait aussi disparu. Je ne mâĂ©tais pas non plus rendu compte que les bourdonnements venaient de cesser. Nous restĂąmes abasourdis et seuls dans la salle qui devint  tout-Ă -coup immense.
Soudain, trois gros coups rĂ©sonnĂšrent, puis un rireâŠun rire glacialâŠun rire quâon nâoublie pas. Karen se colla Ă moi. Nous regardĂąmes les portes mais personne nâentra. Nous restĂąmes un long moment dans le silence Ă attendre sans savoir quoi faire. Nous entendĂźmes un oiseau piailler. DĂšs lors, nous comprĂźmes que le jour se levait. Nous profitĂąmes de cet instant pour quitter la salle. Mon amie constata les Ă©normes toiles dâaraignĂ©es un peu partout dans la salle et le hall. Je dĂ©couvris la porte Ă moitiĂ© abimĂ©e, Nous quittĂąmes le lieu qui paraissait abandonnĂ©e. Dâailleurs la majeure partie des fenĂȘtres nâavait plus de carreau intact. Cependant, jâaperçus un rideau sâĂ©carter mais aucune silhouette visible.
La pluie ayant cessĂ©, nous pĂ»mes regagner un village proche. On nous dirigea vers un poste de police, car jâavais besoin de dĂ©clarer la perte de mes papiers suite Ă lâincendie de la tente. Je racontai en anglais notre nuit. Le policier demanda Ă mon amie, ensuite Ă un traducteur leur version. Il semblait horriblement embĂȘtĂ©. Il se leva discuta avec un collĂšgue, prit ma dĂ©position, au moins pour lâassurance, et nous conseilla un bon hĂŽtel restaurant.
AprÚs une douche, un peu de repos, nous descendßmes nous restaurer. La patronne, qui parlait français, nous interpela tout en nous installant à une table.
Donc, vous avez passĂ© la nuit au Rotes Herrenhaus? Tout le monde a peur dâaller lĂ -bas. Il parait quâil est hantĂ©.
Mais, il est bien habité ? Questionna mon amie.
Ah non ! Plus depuis au moins la guerre.
Nous restùmes muets tout en la dévisageant. Nous ne savions pas si elle se moquait de nous, si elle avait discuté avec les policiers, les seuls qui étaient au courant de notre nuit. Mais elle interrompit notre silence :
Il parait que le dernier propriĂ©taire Ă©tait si bon musicien quâun jour, le diable serait venu lui proposer un dĂ©fi musical. Sâil gagnait, il obtiendrait ce quâil voudrait. Mais sâil perdait, son Ăąme et son don appartiendrait au diable. Il aurait gagnĂ©, mais le diable, mauvais perdant, lui vola tout, le poussant au suicide. Ce qui lâenvoya en enfer. Le diable, se sentant coupable dâavoir obtenu une Ăąme aussi facilement, accepta quâil revienne dans son chĂąteau chaque nuit dâorage pour jouer.
Et il y a eu un orage cette nuit. Ajouta-t-elle avec un petit sourire.
Je remerciais la dame pour ses explications, ajoutant que câĂ©tait une belle histoire. Je prĂ©fĂ©rais laisser cette histoire aux lĂ©gendes du coin. Dâailleurs, Karen Ă©tait dâaccord : Confirmer une histoire de fantĂŽme pouvait nous ĂȘtre nuisible ainsi quâau fantĂŽme. DĂšs lors, je pris le menu et commandai une escalope viennoise. Elle Ă©tait succulente.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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La rencontre

Le mercredi 11 mai 1983, Arthur Dias de Almeida est appelĂ© pour intervenir prĂšs de la ville de Sinop dans le Mato Grosso. En effet, dâĂ©tranges lumiĂšres ont Ă©tĂ© aperçues au-dessus de la campagne et de constructions neuves. Le policier ne fut pas le seul Ă avoir Ă©tĂ© sollicitĂ©. Deux avions de chasse brĂ©siliens dĂ©colĂšrent, aprĂšs le survol de lâAmazonie par un engin inconnu, et toujours Ă cĂŽtĂ© de la ville de Sinop.
Au dĂ©but, Arthur pensait avoir Ă faire Ă des braconniers ou des trafiquants dâor. Il pensait aux phares de leur jeep vus de loin par quelques fermiers. Dâailleurs, il sâattendait Ă les croiser au dĂ©tour dâun carrefour. Mais aprĂšs une dizaine de minutes Ă scruter les environs, il dĂ©couvrit avec stupeur que lâorigine de cette luminositĂ©, venait du ciel. En effet, il aperçut au loin ce qui ressemblait Ă un cigare volant dont les bords rayonnaient.
AprĂšs un moment de stupĂ©faction, il appela le commissariat afin dâobtenir de lâaide. Puis, il profita du dĂ©placement extrĂȘmement lent du vĂ©hicule, pour le suivre. Arthur demeurait fascinĂ© par cette chose. Il se demanda si lâengin Ă©tait habitĂ©. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce une sorte de ballon sonde ou dâune expĂ©rience militaire ? La base nâĂ©tait pas trĂšs loin. Dâailleurs, il entendit les deux avions de chasse passer Ă toute vitesse.
LâOVNI continua de se dĂ©placer lentement. Il ne faisait pas de bruit, et se limitait Ă avancer au-dessus des bords de lâAmazonie. Enfin de ce qui en restait, car tout avait Ă©tĂ© rasĂ© pour construire des fermes et des quartiers rĂ©sidentiels. Un appel provenant de la radio avertit Arthur de lâarrivĂ©e de renfort. En attendant, il ne devait rien faire.
Le policier sâarrĂȘtait de temps en temps pour rassurer des habitants sortis regarder le vaisseau volant. Il parlait calmement, prĂ©venant que tout Ă©tait sous contrĂŽle et quâils pouvaient retourner chez eux. Puis, il repartait en direction des lumiĂšres visibles de la machine volante. Les avions militaires continuaient de tourner autour dâelle sans pour autant la gĂȘner.
Cela dura un bon quart dâheure lorsquâArthur rĂ©alisa quitter lâagglomĂ©ration. Lâobjet non identifiĂ© continua de voler puis sâarrĂȘta brusquement au-dessus dâun enclos. DĂšs lors, lâagent descendit de sa voiture, continuant Ă pieds, la main posĂ©e sur son arme vers le champ, qui ne prĂ©sentait rien de particulier.
Câest alors quâune lumiĂšre jaune sortit de lâengin jusque sur le chemin. Arthur nâen croyait pas ses yeux, une forme vivante semblait descendre en glissant par le rayon. AussitĂŽt, le policier courut pour mieux voir lâindividu. Il voulait ĂȘtre le premier homme Ă entrer en contact avec ce qui paraissait ĂȘtre Ă©vident, un extra-terrestre. Soudain, une rĂ©flexion envahit son esprit : « Et sâil Ă©tait dangereux ? »
Plus il avançait, plus la raison poussait le policier Ă fuir. MalgrĂ© la peur au ventre, il continua dâapprocher du point de chute de la lumiĂšre jaune. Il nâĂ©tait plus trĂšs loin. Arthur remarqua une Ă©table, les portes grandes ouvertes. Il nây avait rien dans lâenclos. Il entendit le meuglement de quelques vaches. Celles-ci ne semblaient pas paniquer. Il approcha furtivement lorsquâil vit quelque-chose sortir du bĂątiment.
Ăa portait une combinaison de cosmonaute. Son casque empĂȘchait de voir sa tĂȘte. Il sortit calmement de lâĂ©table puis sâarrĂȘta, tout-Ă -coup, au milieu du chemin. Il ne remarqua pas lâagent Dias de Almeida, prĂ©fĂ©rant observer les arbres de lâautre cĂŽtĂ© de lâenclos. Dans le ciel, on ne remarquait plus lâOVNI qui pourtant, continuait de stagner, sans faire de bruit, au-dessus de lâAlien.
Ne bougez-pas ! cria Arthur.
Lâextra-terrestre tourna la tĂȘte. Il fit un mouvement de recul quand il dĂ©couvrit le policier en train de pointer son arme. Il ne prononça aucun mot et attendit sagement pendant quelques secondes. Arthur ne savait que faire. Il braquait la chose en rĂ©alisant que personne ne savait oĂč les trouver. Tout-Ă -coup, le visiteur posa brutalement sa main sur son ceinturon. Arthur comprit quâil cherchait une arme et sans hĂ©siter, il tira vers lâextra-terrestre.
Mais quâai-je fait ?
Il rĂ©alisa avoir oubliĂ© les sommations dâusage. TouchĂ© Ă lâĂ©paule, lâET entra prĂ©cipitamment dans lâĂ©table, immĂ©diatement suivi par Arthur Dias de Almeida. Ce dernier tendait son arme et ciblait toutes les vaches qui se prĂ©sentaient. Il marchait en tournant sur lui-mĂȘme. Il chercha partout, dans tous les recoins de la grange. Lorsquâil entendit un grincement, il aperçut le cosmonaute qui sortait en courant. Le policier tira une seconde fois avant de pourchasser le fuyard.
Mais en sortant, il nây avait plus personne. Il leva les yeux. LâOVNI Ă©clairait le ciel comme un feu dâartifice. Il sâĂ©loignait dâabord lentement. Puis dâun claquement de doigt, il disparut totalement, ne laissant dâune petite trainĂ©e blanche Ă la place. Au mĂȘme moment, les deux avions de chasse annoncĂšrent avoir perdu de vue le vaisseau inconnu en forme de cigare.
Hector Baumann quitta lâhĂŽpital tout de suite aprĂšs lâopĂ©ration. Il gardait cependant son bras en Ă©charpe afin dâimmobiliser lâĂ©paule blessĂ©e. La portiĂšre dâune voiture attendant sur le parvis sâouvrit, lâinvitant Ă entrer. Un homme attendait patiemment en lisant une tablette. Il ne regarda pas Hector sâassoir. La voiture dĂ©marra aussitĂŽt dans un silence incroyable. Elle nâavait pas de roue, elle flottait sur lâair
Alors, le XXe siÚcle est comment ? demanda-t-il.
JâĂ©tais au XXe siĂšcle ? sâesclaffa Hector.
Lâhomme tendit la tablette et continua de parler.
DâaprĂšs le rapport sur la balle, oui. Elle vaut une fortune maintenant pour les collectionneurs et les musĂ©es. Ensuite, dâaprĂšs un rapport retrouvĂ© dans les archives du ministĂšre de la dĂ©fense BrĂ©silienne.
Hector nâen croyait pas ses yeux. Il lisait le fameux document qui relatait son contact avec un autochtone. Celui-ci racontait avoir blessĂ© un extra-terrestre. Dehors, un paysage urbain et gris dĂ©valait le long des vitres. Lâhomme sourit en regardant un groupe dâĂ©coliers attendre sur le trottoir.
Pourquoi avoir ramenĂ© une fiole de sang de bĆuf ? Votre mission Ă©tait de rĂ©cupĂ©rer des graines dâarbres et de plantes disparues.
Quand jâai vu quâil nây avait pas dâarbre. Jâai pris ce qui me tombait sous la main. Il y avait des vaches. Alors, jâai fait un prĂ©lĂšvement. Par contre, jâĂ©tais censĂ© dĂ©barquer au milieu de lâAmazonie bien avant lâarrivĂ©e de Christophe Colomb.
Il y a eu un bug, rĂ©pondit lâhomme. Ce doit ĂȘtre corrigĂ© pour la prochaine expĂ©dition.
Le jeune cosmonaute spatio-temporel continuait de lire le rapport datant de 1983. Il trouva rigolo dâĂȘtre dĂ©crit comme un monstre de trois mĂštres avec des tentacules et de gros yeux ronds. Il rit en lisant avoir Ă©tĂ© aperçu plusieurs fois durant la nuit, alors quâil nâĂ©tait sorti quâune seule fois. Il comprit pourquoi le dossier nâavait pas Ă©tĂ© pris au sĂ©rieux. Du coup, la hiĂ©rarchie ne lâavait pas retenu dans leurs paramĂštres de probabilitĂ© dâincidents possibles. De plus, lâerreur de date  fut Ă lâorigine de cette rencontre avec le policier Arthur Dias de Almeida.
Jâai fait retarder le prochain vol pour dans six mois. Je veux trouver la raison de ce bug de date. Je suppose que vous en serez ?
Je nâhĂ©siterai pas. Les risques en valent la peine, rĂ©agit Hector.
Ce nâĂ©tait pas son premier vol dans le temps. Il aimait visiter le passĂ© de la terre et dĂ©couvrir ce que lâhomme a perduâŠou plutĂŽt dĂ©truit. Son seul regret Ă©tait de garder une combinaison afin dâĂ©viter tout contact avec des maladies disparus, ou dâapporter de nouvelles maladies. Il aurait voulu plonger dans une mer dĂ©polluĂ©e ou juste sentir une fleur.
La voiture sâarrĂȘta devant une porte de garage. Elle attendit son ouverture avant de sâengouffrer dans un bĂątiment connu pour ĂȘtre abandonnĂ©, mais classĂ© « secret dĂ©fense ».
Alex@r60 â novembre 2023
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Café

VoilĂ plusieurs semaines que je la vois.
Elle vient tous les jours Ă la mĂȘme heure, aprĂšs le dĂ©jeuner. Elle sâassoit Ă la mĂȘme table prĂšs de la fenĂȘtre. Chaque fois, elle commande un cafĂ© allongĂ©. Elle remercie gentiment, par un sourire, le serveur. Puis, tranquillement, elle boit doucement, Ă petites gorgĂ©es le contenu de la tasse. De temps en temps, elle observe la rue, regardant les gens qui passent. Mais jamais, elle ne sort de tĂ©lĂ©phone ni ne lit un livre.
Je reste au comptoir Ă boire mon cafĂ© avec les collĂšgues. Jâaime bien la regarder. Elle nâest pas exceptionnellement belle, Cependant, elle dĂ©gage quelque-chose de remarquable. Câest Ă la fois du charme, de la tendresse, Ă©normĂ©ment de bontĂ©. En fait, je la trouve magnifique malgrĂ© ses dĂ©fauts, et elle porte de nombreux dĂ©fauts.
Je nâai jamais osĂ© lui adresser la parole. Parce que je nâai pas envie de le faire. Je lâobserve, je lâadmire en train de boire son cafĂ©. Elle nâa jamais de regard dans ma direction, se contentant de profiter de la rue quelque-soit le temps. En hiver, elle tient sa tasse entre ses mains pour profiter de la porcelaine chaude. En Ă©tĂ©, elle croise les mains ou elle frotte ses bras nus.
Câest une Ă©trange sensation que dâapprĂ©cier autant quelquâun, sans chercher Ă la connaitre rĂ©ellement. Peut-ĂȘtre est-elle folle ou stupide ? Elle zozote ou sâexprime avec une voix criarde ? Je ne sais pas. Je sais juste quâelle a un beau regard, que sa bouche porte trĂšs bien le rouge Ă lĂšvre, que sa coiffure est toujours impeccable,  et quâelle adore venir boire un cafĂ© aprĂšs lâheure du repas.
Au dĂ©but, jâavais essayĂ© de voir par oĂč elle arrivait. Jâai essayĂ© de regarder vers quel endroit, elle repartait. Jâai imaginĂ© sa vie. Jâai inventĂ© son mari, ses enfants. Jâai cherchĂ© Ă deviner son mĂ©tier. Seulement, je veux lui laisser ses secrets. Alors, je reste Ă la regarder tout en Ă©coutant les collĂšgues. Je les Ă©coute sans prĂȘter attention Ă leurs paroles car mon intĂ©rĂȘt va automatiquement  vers cette femme.
Puis, elle se lĂšve, se dirige vers le bar et paye son cafĂ©. Câest Ă ce moment que nos yeux se rencontrent. Elle me sourit, je rougis et dĂ©tourne la tĂȘte. En mĂȘme temps, elle sâadresse au cafetier : « Au revoir, bonne journĂ©e et Ă demain ». Chaque fois, jâai lâimpression que sa phrase est pour moi. Alors, je regarde son dos pendant quâelle sâĂ©loigne.
Lorsquâelle sort du bistrot, elle sâarrĂȘte dâabord devant le trottoir. Elle regarde Ă gauche puis Ă droite et sâen va disparaissant de ma vue pour le reste de la journĂ©e, jusquâau lendemain.
Et jâai toujours hĂąte dâĂȘtre au lendemain.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
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Un oeil fermé

Quand MattĂ©o entra dans la bibliothĂšque, je me demandais sâil dĂ©connait. Je regardais son air ahuri. Il paraissait complĂštement perdu comme sâil Ă©tait choquĂ©.
Il y a une dame dans la cours, dit-il.
Et ? réagis-je.
CâĂ©tait normal de voir des gens se promener dans la cours. Le campus nâĂ©tait pas fermĂ© et il nâĂ©tait que 20h. De plus, en hiver, la nuit tombe toujours tĂŽt. MattĂ©o mâobservait encore avec un regard perdu. Il ne savait pas comment expliquer. Il cherchait les bons mots. Certainement pour ne pas nous choquer ou, pour quâon interagisse au plus vite.
Elle a un Ćil qui pisse le sang et lâautre est fermĂ©. Elle marche dans la cours. Je crois quâelle a besoin dâaide.
AussitĂŽt, Sophie, ma collĂšgue se prĂ©cipita vers la porte dâentrĂ©e. Elle regarda Ă gauche puis Ă droite. Mais elle ne remarqua pas cette Ă©trange femme. DĂšs lors, elle rentra en fronçant les sourcils.
Es-tu certain dâavoir bien vu ? questionna-t-elle.
Le jeune homme soupira. Il rĂ©pondit quâeffectivement, il sâĂ©tait surement trompĂ©. Toutefois, son visage montrait une certaine inquiĂ©tude. Il retourna Ă sa place mais eut du mal Ă se remettre Ă Ă©tudier. Les autres Ă©tudiants ne sâintĂ©ressĂšrent pas Ă lui. Ils lisaient, prenaient des notesâŠBref, ils prĂ©paraient leur examen partiel.
Je restais derriĂšre mon bureau et enregistrais les livres rendus. Puis je les rangeais dans des casiers en fonction de leur classification. En mĂȘme temps, je mâamusais Ă connaitre quelle catĂ©gorie avait le plus de succĂšs dans la journĂ©e. Je me souviens que câĂ©tait lâhistoire de lâart. Curieux, car il nây avait pas de section histoire de lâart dans lâuniversitĂ©.
Tout-Ă -coup, un cri retentit dans la salle. Je courus voir de quoi il sâagissait. Jâentendais des âchutsâ des Ă©tudiants les plus proches de la porte. Seulement, tout le monde, câest-Ă -dire, la vingtaine dâĂ©lĂšves restĂšrent muets en dĂ©couvrant la femme dressĂ©e derriĂšre la baie vitrĂ©e.
Elle portait un chignon. Sa taille longiligne et tordu dĂ©formait son corps. On aurait cru un mannequin fabriquĂ© avec un grand cintre. Elle portait un bouquet de fleurs. Mais surtout, le plus horrible : du sang coulait de son Ćil gauche, tandis que le droit restait fermĂ©. Le sang se mĂȘlait Ă sa robe noire, son dĂ©colletĂ© brunissait atrocement. Elle ne semblait pas avoir mal. Peut-ĂȘtre Ă©taitâelle juste droguĂ©e ? Pendant que les Ă©tudiants la regardaient avec inquiĂ©tude, Sophie retourna vers la porte aprĂšs mâavoir demandĂ© dâaller chercher la trousse Ă pharmacie, et dâappeler des secours.
Je courus rĂ©cupĂ©rer une boite contenant le minimum mĂ©dical lorsque jâentendis hurler :
Elle nâa pas dâĆil !
En effet, la jeune femme venait dâouvrir sa paupiĂšre droite, dĂ©voilant un trou bĂ©ant. Les jeunes se sentirent mal, quelques filles hurlĂšrent. Et soudain, un Ă©norme fracas provint en mĂȘme temps quâun hurlement glacial. Jâentendais les bruits de verre rebondir sur le carrelage de la grande salle. Je restais dans la piĂšce utilisĂ©e comme salle de repos Ă me demander quoi faire.
La porte demeurait entre-ouverte. Cependant, je ne pouvais rien voir de ce qui se passait. Jâentendais simplement quelques pas rĂ©sonner dans la bibliothĂšque. Mais ce qui me choqua fut le silence long, pĂ©nible, angoissant. Un silence anormal car ils Ă©taient encore nombreux Ă Ă©tudier dans cette salle. Jâavais soudainement froid. Et plus je tendis lâoreille, plus jâentendis une voix douce, une voix de femme triste :
Et unâŠet deux.
Elle se tut tout en claquant ses talons sur le carrelage, puis elle recommença :
Et unâŠet deux.
Personne ne rĂ©agissait, personne ne parlait. Je nâosais pas signaler ma prĂ©sence. Il y avait quelque-chose dâhorrible dans sa façon de marcher. De mĂȘme, il y avait de la terreur dans sa façon de parler et de toujours rĂ©pĂ©ter :
Et unâŠet deuxâŠEt unâŠet deuxâŠEt un⊠et deux.
Sans faire de bruit, jâapprochai de la porte. Je voulais voir. Je voulais comprendre. Et je lâai vue. La dame marchait entre les Ă©tudiants. Sa figure rayonnait de grĂące malgrĂ© son atroce blessure Ă lâĆil. Elle gardait toujours le droit fermĂ©. Cependant elle savait oĂč elle avançait, Ă©vitant de marcher sur les corps Ă©tendus.
Je regardais les Ă©tudiants. Ils ne bougeaient plus. Ils ne remuaient pas. Je nâarrivais pas Ă voir sâils respiraient, si leur poitrine gonflaient et dĂ©gonflaient. La dame se positionna devant une jeune fille. Elle sortit une des fleurs de son bouquet avant de lâenfoncer dans lâĆil gauche.
Et unâŠ
Puis, elle se pencha, et Ă lâaide de ses doigts longs et pointus, elle arracha le second Ćil en disant :
Et deuxâŠ
Elle marcha vers une nouvelle victime. Et elle recommença son manÚge :
Et unâŠet deux.
Je ne pouvais rester. Cette chose Ă lâapparence humaine avait rĂ©ussi Ă tuer les Ă©tudiants dâun seul cri terrifiant. Je ne me voyais pas intervenir pour la combattre. Je fermais la porte le plus doucement possible afin de lâempĂȘcher de grincer. Malheureusement, il nây avait pas de fenĂȘtre. Alors, je me cachais bĂȘtement sous la table dans le noir complet. CâĂ©tait le seul endroit possible. JâespĂ©rais quâelle nâentrerait pas, quâelle ne remarquerait pas ma prĂ©sence. Et toujours cette douce voix pourtant horrible :
Et unâŠet deuxâŠet unâŠet deuxâŠ
Plus jâĂ©coutais, plus je rĂ©alisais quâelle approchait. Je sentais mon cĆur battre Ă cent Ă lâheure. Je sentais sa prĂ©sence derriĂšre la porte. HĂ©las, je ne voyais rien, si ce nâest une silhouette sous la porte, Ă cause de la lumiĂšre du hall. La poignĂ©e bougeaâŠla porte sâouvrit dans un silence absolu. Une lumiĂšre apparut rapidement cachĂ©e par une longue forme noire. Je me sentais paralysĂ© par sa prĂ©sence dans la piĂšce.
Le spectre marcha en claquant ses talons. Il sâarrĂȘta brusquement devant la table. Je restais assis, les jambes recroquevillĂ©es pour protĂ©ger mon visage. Je ne voulais pas lever la tĂȘte. Je fermais les yeux, je retenais ma respiration et attendis. Mon sang se glaçait soudainement. Elle demeurait immobile telle une statue de glace. Puis elle sortit en fermant la porte.
Je restais toute la nuit, sans dormir dans le noir complet, et dans cette position fĆtale. Jâavais peur de lâentendre revenir ou de la revoir. Jâavais peur quâelle me crĂšve les yeux. Le silence dura jusquâau matin.
Il y eut dâabord des cris. Puis, il y eut des sirĂšnes. Il y eut des voix, de nombreuses voix. Et la porte sâouvrit, la lumiĂšre sâalluma. Un homme vĂȘtu dâun uniforme de policier me regarda avant de mâadresser la parole. Je nâai pas rĂ©pondu Ă sa question. Je suis restĂ© muet, le visage blĂȘme, les yeux remplis de fatigue et de peur. Avec un de ses collĂšgues, il mâaidĂšrent Ă me relever. Puis, des pompiers mâont assistĂ© et installĂ© sur un brancard
Jâai juste eu le temps de voir, les yeux posĂ©s sur la table. Tous les yeux arrachĂ©s me regardaient, ils me dĂ©visageaient comme sâils cherchaient Ă me culpabiliser dâĂȘtre le seul survivant. Et lorsque je sortis de la bibliothĂšque jâentendis un policier dire Ă son collĂšgue :
Il est bon pour lâhĂŽpital psychiatrique. Mais comment et pourquoi a-t-il fait tout ce carnage ?
J'ai mis longtemps avant de fermer l'oeil et d'arrĂȘter de rĂ©pĂ©ter: 'et un...et deux'.
Alex@r60 â aoĂ»t 2023
Histoire trĂšs lĂ©gĂšrement inspirĂ©e dâune lĂ©gende urbaine corĂ©enne appelé : one two, one two.
Artwork par Josephine Cardin
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