Pourquoi je suis antinataliste
Bien que de plus en plus de gens ne souhaitent pas avoir d'enfants, il reste une large part de la population qui souhaite participer à la reproduction et à la survie de l’espèce. Et la reproduction est si naturelle, que la remettre en cause peut surprendre.
Mais nous devons nous poser certaines questions...
La sur-conscience humaine est-elle si naturelle (ou normale) que ça ?
Cette question ne semble pas liée à l'antinatalisme, mais quand on y réfléchit la réponse peut mener à certaines conclusions éthiques, philosophiques et spirituelles...
Les animaux ont bien une conscience, eux aussi. Mais ce qui différencie l’humain de l’animal est le fait que la conscience et l’intelligence humaine ont dépassés un seuil et nous ont permis de nous développer d’une façon unique sur terre.
Nous sommes la seule espèce sur cette planète à avoir des écoles, des enseignants, des chercheurs, des philosophes, des psychologues, des astronautes, des tueurs en séries, des policiers, des juges, des tribunaux et des prisons, des artistes, des humouristes, des critiques d’art, un système économique avec ses lois et ses crises, des scientifiques, des religions, des théologiens, des valeurs et des morales clairement définies, analysées et étudiées, etc. etc.
Quelle autre espèce souhaite aller sur la lune ou explorer l’espace ? Qui d’autre souhaite analyser des œuvres d’art ? Quelle autre espèce paie des enseignants-chercheurs pour étudiera l’œuvre d’un dramaturge mort depuis des siècles ?
Nous sommes également les seuls à construire des outils et des machines complexes, qui ont d’ailleurs parfois pour unique fonction de créer d’autres outils et machines (pouvant aussi créer d’autres outils et machines, etc. etc.). De plus la production d’outils et de machines est massive et intégrée dans un système économique complexe crée par nous-même.
La sur-conscience nous a également donné l’introspection et l’étude de soi.
Non seulement sommes-nous conscients d’être conscients, nous sommes également conscients que nous sommes conscients d’être conscients.
Et surtout, nous sommes conscients de notre mortalité et des aspects tragiques de l’existence, au point où nous avons développés des religions et des philosophies basées sur l’étude de soi-même.
Le bouddhisme, le gnosticisme et le pessimisme ne sortent pas de nulle part.
La souffrance est trop importante pour apprécier totalement l’existence ; il n’y aura jamais assez de bonheur et de plaisir pour l’emporter réellement sur la souffrance et la douleur.
Dans le meilleur des cas l’existence est ennuyeuse et frustrante, dans le pire des cas l’existence est une torture insoutenable.
Les quatre nobles vérités du Bouddhisme :
Dukkha (souffrance) : la souffrance est intimement liée à l’existence.
Tanha (soif) : les désirs sont omniprésents et sont à l’origine de nombreuses souffrances car ils créent des sensations comme le manque et la frustration.
Nous désirons et souffrons constamment.
Le désir mène à la convoitise et la haine ; le désir est à la source de nombreuses horreurs (viols, vols, guerres, manipulations, etc.).
Le désir aveugle et nourris l’ignorance.
Nirodha (extinction) : il faut éteindre ses désirs, comme on éteint un feu, pour se libérer de la souffrance. Il faut renoncer aux désirs, à l’avidité.
Magga (chemin) : il faut suivre le Noble Chemin développé par le bouddhisme pour atteindre cette libération (Nirvana) et s’échapper du Samasara (l’illusion de l’existence physique, dominée par les désirs et la souffrance).
Tout le monde désir exister car cela fait partie de notre programmation (instinct de survie). Nous cherchons constamment des raisons pour continuer de vivre, même lorsque notre vie ne vaut pas le coup d’être vécu et que nous sommes criblés de souffrance.
Cette programmation est archaïque et bestiale, mais nous avons justement dépassé notre bestialité avec le développement de la sur-conscience. C’est ainsi, que nous le voulions ou non.
Il faut assumer son humanité jusqu’au bout et rejeter complètement notre part bestiale ; si nous la rejetons pas, nous ne valons pas mieux qu’un cafard, un vers ou un porc qui se roule dans sa merde (et dans ce cas-là autant être lobotomisé)…
Il y a des choses bien pire que la mort…
‘‘I'd consider myself a realist, all right? But in philosophical terms I'm what's called a pessimist... I think human consciousness is a tragic misstep in evolution. We became too self-aware. Nature created an aspect of nature separate from itself. We are creatures that should not exist by natural law... We are things that labor under the illusion of having a self, that accretion of sensory experience and feelings, programmed with total assurance that we are each somebody, when in fact everybody's nobody... I think the honorable thing for our species to do is to deny our programming. Stop reproducing, walk hand in hand into extinction; one last midnight, brothers and sisters opting out of a raw deal.’’
- Rust Cohle, True Detective.
De l’instinct de survie découle toutes les illusions qui justifient l’existence et la reproduction. C’est en quelque sortes la source du Samsara (bouddhisme) et la Maya (hindouisme) : l’illusion dans laquelle nous existons et souffrons.
Il faut se libérer des illusions de l’existence matérielle pour échapper à la souffrance inévitable liée à elle.
La vie n’est pas une fin en soi, c’est un piège pour notre âme qui doit s’échapper.
L’état illusoire dans lequel nous naissons est intimement lié à l’ignorance et aux désirs ; pour y échapper, il faut donc réduire ses désirs et son ignorance.
Certains disent que la vie n’est pas si mal ; ces personnes sont les victimes de leurs propres illusions, ce sont les esclaves de leurs propres désirs.
C’est là où l’existence est la plus fourbe et sournoise, elle alterne entre carotte et bâton pour maintenir la servitude de l’âme.
Bien que certaines vies vaillent la peine d’être vécues, aucune vie ne vaut la peine d’être crée.
- Proverbe juif.
Les gens se plaignent constamment mais s’obstinent tout de même à penser que l’existence vaut le coup d’être vécue… Nous subissons sans arrêt la guerre, le cancer, la famine, le changement climatique, la crise économique, etc., etc., mais nombreux sont ceux qui s’obstinent à faire des enfants, même si ces derniers doivent subir toutes les pires horreurs de l’existence…
Le plus grand criminel n’est pas un général sanguinaire ou un violeur récidiviste ; le plus grand criminel est le parent. Il n’y a pas de péché plus extrême que celui de procréer.
Ceux qui ont des enfants dans des zones de guerre sont des salopards, tout comme les malades/handicapés qui procréent en sachant qu’ils transmettront leur handicap à leur progéniture, etc.
Même les privilégiés ne peuvent empêcher la tragédie. Nous sommes tous des victimes potentielles. Même si vous vivez dans un pays riche et en paix et que vous êtes fortuné, vous pouvez tout de même subir des cancers, des maladies mentales, des accidents de la route, des viols, des catastrophes naturelles, etc.
Les médecins et les gouvernements disent aux femmes enceintes qu’il faut éviter un tas d’activités et d’aliments pour protéger le fœtus, mais cela est absurde ! Pourquoi faut-il absolument tout faire pour que le nouveau-né soit en bonne santé ? Pour qu'il puisse mieux profiter des souffrances liées à l’existence une fois né ?!
Si vous souffrez de dépression ou si vous devenez paraplégique après un accident de la route, ce n’est pas grave car au moins maman n’a pas bu ou fumé pendant la grossesse !
Vous avez un cancer, d’accord, mais votre mère n’a pas mangé de fromage au lait cru quand vous étiez dans son ventre donc c’est chouette !
Mieux vaut être en bonne santé pour bien profiter de sa souffrance !
Protéger un fœtus est évidemment une bonne chose, mais si vous voulez vraiment éviter qu’une personne souffre, ne faites pas d’enfants. Une fois né, Maman ne sera pas toujours présente (ou capable) pour protéger son enfant (même in utero, des problèmes peuvent apparaitre et cela malgré toutes les précautions prises par les parents).
Avoir des enfants est un crime contre l’humanité.
« Concernant l’Histoire, ce billot de boucher sur lequel ont été victimes le bonheur des peuples, la sagesse des États et la vertu des individus, la question se pose naturellement : pour quel principe, pour quel but final, ces énormes sacrifices ont-ils été faits ? »
- Hegel
L’existence n’est pas un cadeau.
Vous ne devez rien à vos parents car vous existez sans votre consentement.
On a arraché votre âme du néant paradisiaque (le néant ne vous a jamais fait de mal) pour ensuite la mettre dans une poupée imparfaite qui vous fait souffrir constamment, et on vous oblige à être bon à l’école et à trouver un travail de merde, juste pour pouvoir payer ce qu’il vous faut pour vivre…
Procréer est comme envoyer un innocent en prison.
Soutenir la procréation équivaut à soutenir l’esclavage.
Ceux qui défendent la vie sont des victimes qui souffrent du Syndrome de Stockholm, ce sont des masochistes.
« Vanité des vanités, tout est vanité.
Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ? »
- Qohelet
Même si la procréation est naturelle, pourquoi doit-on automatiquement penser que ce qui est naturel est bon ?
Les bobos-écolos des villes passent leur temps à défendre une vision romantique de la nature alors qu’ils n’y vivent pas. Ils ne connaissent que la campagne et la rando ; d’ailleurs, la campagne n’est pas vraiment la nature, c’est une extension de la civilisation et de l’influence humaine.
La nature peut être belle et agréable. Mais la nature c’est aussi les virus, les parasites, les tremblements de terre, les volcans, les prédateurs qui tuent violemment pour pouvoir exister, les chimpanzés qui s’entre-tuent pour des questions tribales, les dauphins qui violent leur jeunes, les orques qui jouent avec leurs proies avant de les manger, les ours mâles qui tuent les progénitures des femelles qu’ils croisent pour se reproduire avec elles, les oiseaux qui mangent les cervelles d’oisillons, etc.
Ce n’est pas pour rien que l’être humain a tout fait pour se séparer de la nature, notamment technologiquement. Il est normal de vouloir vivre dans une maison avec du double vitrage, du chauffage, de l’eau chaude, une cuisine équipée, une salle de bain, un lit confortable, etc. L’Homme ne peut pas vivre dans ce monde sans une importante quantité de technologie ; notre corps n'est plus adapté pour faire face à la nature (nous ne pouvons pas vivre comme des loups ou des singes).
Tout cela n'est qu'un cercle vicieux :
La sur-conscience (et notre corps faiblard) nous sépare de la nature et nous pousse à créer du progrès (technologique, médical, social, etc.) pour faire face à cette séparation.
Le progrès nous sépare encore plus de la nature.
En même temps notre sur-conscience se développe indépendamment de la nature, ce qui nous sépare encore plus d'elle.
Etc.
Nous vivons dans un univers qui n’est pas fait pour nous. La nature nous fait souffrir et nous sommes incapables de vivre naturellement dans l’univers.
Nous sommes donc obligés de lutter constamment contre la nature pour vivre, lutte qui ne peut qu'accroitre la souffrance (pollution et destruction de la planète) car nous n'avons pas d'autres lieux physiques où vivre.
De manière générale, le progrès ne réduira jamais les souffrances, le progrès ne rendra jamais la vie plus supportable. Un problème n'est jamais complétement résolu (et même si il l'est, il ne l'est pas pour toujours) ; et de toute façon il y a constamment de nouveaux problèmes qui apparaissent.
La vie ne sers à rien ; le seul but de la vie est de mourir. De plus, le risque de souffrir est trop grand ; et contrairement à ce que pensent certains, nous ne pouvons rien apprendre de la souffrance et de la douleur (à la limite, la seule leçon que nous pouvons en tirer est que l'existence est tragique et futile).
Nous savons tout cela et pouvons faire des choix. Ne faites pas d'enfants...
Allons jusqu'au bout de notre rébellion contre la nature. On n'a rien demandé et l'univers n'est qu'un vaste abattoir.
« Ce serait mieux s'il n'y avait rien. Puisqu'il y a plus de douleur que de plaisir sur terre. Toute satisfaction n'est que transitoire, créant de nouveaux désirs et de nouveaux tourments ; et l'agonie de l'animal dévoré est toujours bien plus grande que le plaisir du prédateur. »
― Arthur Schopenhauer
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