Bernhard Roetzel
Le luxe s'achète, le goût s'acquiert, l'élégance est innée. Bernhard Roetzel est l'auteur de manuels d'éducation du goût portant sur les détails de la culture occidentale. Ses livres illustrés Der Gentleman (1999) et Traditional Style (2000) sont des reportages photographiques de chaque aspect concret de la Culture européenne: le vêtement, l'ameublement, les arts de la table, l'éducation des enfants, l'ordonnancement urbain, la classification des loisirs, jusqu'à l’entretien d’une pelouse, au cirage des chaussures ou à la préparation du pique-nique champêtre. Ce sont là des choses connues? Pourtant nous redécouvrons à neuf chacune d'entre elles, ressuscitées, à la lumière de photos et de commentaires dont l'efficacité sont sans concurrence dans ce domaine. M. Roetzel est un réenchanteur de tout ce que nous aimons dans le monde.
Il y avait davantage de sagesse dans le concret des gestes quotidiens de nos grands-parents que dans la pseudo-philosophie du 20ème siècle. Vivre ainsi aujourd'hui, en Français traditionnel, est une voie ouverte à qui veut la prendre: la Culture Européenne détaillée par Roetzel est intemporelle ; la forme de cette Culture touche à une perfection qui ne souffre ni ajout ni retranchement.
Nous vivons au milieu des pièces d'un fabuleux héritage et y sommes accoutumés au point de ne plus même le voir. Ce faisant nous perdons l'usage de ce legs, oublions d'où nous venons, qui nous sommes et ce que nous faisons.
Un homme annonce-t-il vouloir diriger une ferme, un village, une ville ou une région? Pour évaluer la confiance à lui accorder vous étiez jusqu'ici habitués à écouter ses discours. Vous examinerez désormais la manière dont cet homme a dirigé son propre domaine: son jardin, sa maison, son studio de 20 mètres carrés, sa toilette du jour. L'homme fidèle en peu de choses est capable de grandes choses dit l’Evangile.
Notre monde du tertiaire, du débat, de l'abstrait, est rempli de directeurs de cabinet mais vide de chef de protocole. Aux "valeurs" il est bon de joindre les actes. C'est la stature, l'incarnation, l'exemple vivant qui nous donnera sans recours aux mots les clés de la vraie Culture. "Je n'ai point besoin de sermon mais de délivrance légère" disait Céline.
Der Gentleman est à la fois une encyclopédie du vêtement masculin, jalonnée d'encadrés, de bonnes astuces, et une notice d'utilisation, un vrai mode d'emploi de la vie pratique. Si Der Gentleman constitue le catalogue de l'Européen habillé, Traditional Style explore le cadre de vie de ce même homme. Ces deux titres complémentaires ont pour objet ce que les peuples occidentaux ont produit de plus beau, de plus intelligent, de plus pratique, bref d'objectif, au point d'y convertir le monde entier: porter un pantalon, manger avec des couverts dans une assiette, s'asseoir sur une chaise, dormir dans un lit. La fenêtre, le savon, la salle de bains et mille autres objets spécifiquement occidentaux sont eux aussi devenus objets universels. Roetzel a expliqué, illustré chacun de ces éléments considérés dans leur finition la mieux aboutie.
Est-ce en raison du fameux "esprit de système" germanique qu'il fallait que Bernhard Roetzel, allemand, fût le pédagogue le plus complet sur la culture anglaise, par exemple? L'Angleterre, l'Italie et la France sont des revendicateurs bruyants d'un certain art de vivre. Il existe en Allemagne une classe d'esthètes ignorée du reste du monde et peu soucieuse de s'en faire connaître. La bourgeoisie patrimoniale et industrieuse de Cologne, Munich, Hanovre, Brême, Hambourg, aux bourgeoisies très Heimat, connaît bien ses codes culturels : habitat, vêtement, sport, éducation, voiture, art et artisanat. Une bourgeoisie probablement plus raffinée, plus enracinée que la parisienne, que la londonienne, plus sérieuse, plus discrète.
M. Roetzel est un sujet qui s'efface pour ne montrer que l'objet, la chose en soi. En cela il rend davantage service à la cause qu'il sert que les "sartorialistes" montreurs de costume issus du youtubage. Seule doit demeurer la Culture, dont le vêtement et l'ameublement sont des catégories "superficielles par profondeur", parmi d'autres.
La production d’une Culture est la preuve de la Conscience de Soi d’un peuple. Les primitifs ne produisent pas de culture. Plus un peuple a de Conscience de Soi et plus la Culture qu’il produit est codifiée. L'exaltation de l'intelligence individuelle est une marque de basse époque, source de divisions hélas durables. La Culture, elle, est une intelligence collective, un pacifique ensemble d'habitudes forgées par l'expérience concrète de la vie, un tissu de réticences du Je en faveur du Nous, une science de la sous-expression (understatement), un code de reconnaissance communautaire à usage interne pour l'exercice du Bien Commun. La Culture était très understatement jusqu'à la fin des années 1990, avant les années Eden Park, avant la vague tapageuse du faux preppy, du genre gala d'école de commerce, lorsque l'argent était encore une chose un peu honteuse et que les classes sociales d'avant internet vivaient dans un relatif cloisonnement. Charme discret de la petite bourgeoisie locale, où êtes-vous ?
M. Roetzel écrit non en conseiller en mode mais en technicien de la culture attentif aux faits, aux actes et aux objets qui équipent celle-ci, il rédige un rapport d'enquête renseigné, neutre, qui démontre chaque argument par la photographie appropriée.
Le vrai style ne peut être sujet qu'à un ou deux changements mineurs par génération. Contrairement à la mode le style est stable, sa supériorité n'est pas dans le renouvellement cyclique de nouveautés mais dans le perfectionnement d'une Forme qui vise la plus pure exactitude fonctionnelle. L'ergonomie du vêtement bien pensé, l'importance de connaissances en anatomie pour former de bons modélistes, vastes sujets qui sont la voie royale du bel habillement.
Deux principales tendances accaparent les hommes: ils sont plutôt exhibitionnistes ou bien plutôt voyeurs c'est ainsi. Les exhibitionnistes sont la majorité de ce monde qui gît au pouvoir du mauvais goût, individus à haute estime de soi et basse conscience de soi. Monsieur Roetzel appartient au tempérament exactement opposé, celui du voyeur, celui des hommes en retrait qui aiment voir et n'être pas vus, qui ont tout compris et que personne n'écoute, c'est pourquoi ils écrivent.
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Fanfic Pendranièvre : Le Coeur a ses Raisons... Chapitre 3
Hello à tous ! J’espère que vous avez passé un bon week-end !
Chapitre 3 : La Destination
Guenièvre de Carmélide ne put s’empêcher de soupirer bruyamment une fois sortie de son ancienne chambre. Tout son corps tremblait. Il lui avait fallu tout son courage pour s’opposer au Roi et à présent tous ses nerfs se relâchaient enfin. Elle fit quelques pas en se reposant contre le mur. Elle devait s’éloigner le plus possible… Mais c’était sans compter sur le chevalier Perceval :
_ Ma Reine ? Vous allez bien ?
Guenièvre essuya son visage des nombreuses larmes versées avant de finalement se tourner vers le chevalier.
_ Seigneur Perceval ! Si vous souhaitez parler au Roi il est dans sa chambre.
_ En fait, il m’a balancé la porte à la figure juste avant d’y rentrer un peu plus tôt… J’étais dans le cirage pendant un bon moment je pense… jusqu’à ce que je vous vois sortir…
_ Je dois vous laisser, je suis navrée…
Seulement, Perceval n’était pas disposé à la laisser s’échapper.
_ Où allez-vous donc ma Reine ? Je peux vous accompagner si vous le…
_ Ne m’appelez plus comme cela ! Je ne suis plus Reine…
_ Je comprends pas…
Guenièvre soupira une nouvelle fois avant de poursuivre son chemin vers les quartiers des serviteurs, où Angharad devait déjà l’attendre.
_ Ma Reine ? Vous allez où ? Je peux peut-être vous accompagner…
_ N’avez-vous point une réunion de la table ronde dans peu de temps ?
_ Bah… C’est possible, je sais plus bien après ce coup sur la tête… Mais j’pense pas que le Roi voudrait que je vous laisse seul…
_ Je vous le répète Seigneur Perceval : je ne suis plus Reine. Ce que voudrait ou ne voudrait pas le Roi à mon encontre n’a plus aucune importance…
_ Je comprends pas bien… Pourquoi vous dites que vous n’êtes plus la Reine ?
_ Mon mariage avec le Roi vient d’être annulé. Je ne suis plus ni la Reine, ni même sa femme. Il est donc inutile de me suivre…
Arrivée à destination, Guenièvre toqua à la chambre de sa bonniche. Lorsqu’Angharad ouvrit, elle écarquilla les yeux en voyant sa maîtresse vêtue modestement à côté de son soupirant.
_ Je suis navrée de vous déranger mais je préférais que vous l’appreniez par moi au lieu de devoir faire confiance aux commérages qui ne vont pas tarder à se répandre.
_ Madame ?
_ Mon mariage avec le Roi a été annulé. Je quitte le château sur l’heure. Je souhaitai juste vous dire aurevoir et merci d’avoir été mon amie…
_ Mais Madame… Que dites-vous là ? Une annulation de mariage ?
_ J’aimerai avoir le temps de vous en dire plus… Sachez juste qu’il s’agit de ma décision, j’ai fait annuler mon mariage. Je dois partir à présent…
Guenièvre prit brièvement la jeune femme dans ses bras avant de filer vers la sortie réservée aux serviteurs.
_ Seigneur Perceval ! Je vous en supplie ne la laisser pas toute seule ! Suivez-la et protégez-la ! Je ne sais pas ce qu’elle a en tête mais les routes sont trop dangereuses pour une femme seule…
Le chevalier acquiesça brièvement, prit un instant la main de la jeune servante, puis courut rejoindre la Reine… enfin l’ex-Reine. Angharad avait du mal à saisir exactement tous les tenants et aboutissants de la situation mais elle ferait peut-être mieux de prévenir le Roi et le Seigneur Karadoc que Perceval filait le train de la Reine… enfin, ex-Reine.
-o-
Guenièvre et Perceval finirent par sortir de l’enceinte du château et se retrouvèrent sur la route royale. La princesse de Carmélide essayait de faire rebrousser chemin à son accompagnateur, sans grand succès.
_ Il n’est pas nécessaire que vous m’accompagniez Seigneur Perceval, je peux voyager seule !
_ Ma Reine, les routes sont trop dangereuses ! Angharad et le Roi m’en voudraient s’il vous arrivait quelque chose ! Donc temps que l’on ne sera pas arrivé à constipation, je resterai avec vous !
_ Constipation ? demanda Guenièvre, troublée par son insistance.
_ Bah là où vous voulez vous rendre quoi.
_ Destination ?!
_ Ah oui, ça marche peut-être mieux ! Merci ma Reine.
_ Arrêtez de m’appeler comme ça ! Je ne suis plus Reine !
_ Ouais, je sais mais si je vous appelle pas comme ça, je sais pas comment vous appeler…
_ Guenièvre, tout simplement.
_ Ouais mais je trouve pas ça assez respectueux…
_ C’est juste mon prénom Seigneur Perceval… Vous voulez absolument m’accompagner ?
_ Oui, ma Reine, je serais plus rassuré.
_ Alors ce sera à la condition que vous arrêtiez de m’appeler « ma Reine » pour me nommer Guenièvre à la place !
Perceval la regardait attentivement. Il n’était pas certain de pouvoir, ni vouloir, l’appeler ainsi mais si c’était le prix à payer pour venir avec elle…
_ D’accord mais vous m’appeler Perceval tout court alors !
_ Marché conclu !
Ils se sourirent amicalement, continuant de marcher…
_ Où allons-nous du coup ?
_ Ma tante réside avec son mari dans un domaine au bord de la mer. Un peu au-dessus de la ville d’York.
_ C’est au moins à trois jours de marche ça ?!
_ En effet… Mais on peut pousser jusqu’en Carmélide si vous êtes pas content ! Il faudra juste ajouter trois jours de marche en plus…
_Trois jours, plus trois autres jours, ça fait…
_ Six jours Perceval, coupa Guenièvre en voyant le chevalier compter sur ses doigts.
_ Ah bah alors non, trois jours c’est très bien !
_ Ma tante sera contente de me voir, cela fait longtemps que je n’ai pas pris le temps de lui rendre visite.
_ Votre tante, c’est la cousine de votre mère c’est ça ?
_ Non, c’est la sœur de mon père, Fraganan, répondit-elle en fronçant les sourcils au mot « cousine ».
Perceva acquiesça gentiment sans faire de commentaire. Il restait, tout de même une question trottant dans la tête du chevalier :
_ Vous avez dit à Angharad que vous avez annulé votre mariage avec le Roi…
_Oui et ?
_ Pourquoi vous avez fait ça ?
_ Vous ne voulez pas savoir…
_ Je vous poserai pas la question si je voulais pas savoir !
_ Perceval… Ce n’est pas que je ne vous fais pas confiance mais je crains que la vérité ne vous mette en colère et ne fasse baisser votre estime pour le Roi.
_ C’est pas faux… Mais du coup, c’est quoi qu’il a fait le Roi ?
La princesse leva les yeux au ciel. Pour l’avoir suffisamment entendu de la bouche d’Arthur, elle savait que le chevalier était mou de la comprenette. Cependant, il était si gentil et agréable avec elle qu’elle ne se voyait pas le renvoyer bouler comme avait pu le faire son ex-mari.
_ Vous savez que le roi a des maîtresses ?
_ Oui, j’ai jamais trop compris d’ailleurs… Au Pays-de-Galles, les hommes ils prennent pas de maîtresse. La fidélité, c’est important chez nous que ce soit envers l’homme ou envers la femme. En plus, quand on est amoureux, je pense qu’on a pas besoin de maîtresse… C’est pour ça que j’ai jamais compris, puisque le Roi il vous aime, pourquoi il avait besoin de maîtresses.
Guenièvre resta interdite quelques minutes. Elle avait cru mal entendre les dires de Perceval. Ces paroles étaient si surprenantes qu’elle crut un instant les avoir rêvées…
_ Le Roi n’a jamais été amoureux de moi.
_ Bah moi, je pense que…
_ Non, je vous assure il ne l’est pas, ne l’a jamais été et ne le sera jamais ! Là n’est pas la question de toute façon ! J’ai surpris le Roi embrassant Dame Mévanwi, c’est pour ça que j’ai décidé d’annul…
_ QUOI ! QUOI ?! Le Roi a embrassé cette vilaine morue ?!
_ Cette quoi ?
_ Mévanwi, la femme de Karadoc ! C’est rien qu’une mocheté, qu’une grosse morue, une vilaine frisée !
_ Perceval !
_ Quoi ? Vous allez me dire le contraire peut-être ? Elle me donne envie de gerber dés que je la vois ! Et vous me dites que le Roi l’a embrassé ?! Je sens que je vais être malade…
Guenièvre n’en revenait pas. Auprès de toute la gente masculine du royaume, Mévanwi était considérée comme une très belle femme. Même elle, ne pouvait nier ce fait et pourtant… Pourtant, le Seigneur Perceval, sans doute le chevalier le plus fidèle du Roi Arthur, pensait sincèrement que la femme de son plus proche compagnon était hideuse. Il y avait de quoi se poser des questions…
Cependant, Guenièvre se mentirait à elle-même si elle disait qu’elle n’était pas ravie que le chevalier pense cela de la femme qui avait finalement réussi à briser son mariage…
Le voyage jusque chez sa tante allait être long mais avec un acolyte comme Perceval de Galles, Guenièvre de Carmélide se disait qu’elle n’aurait pas pu trouver mieux pour éviter de broyer du noir.
-o-
NDA: Voilà à vous de me dire ce que vous en pensez ;)
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