Tumgik
#drowningthesun
cloud-hoper · 3 years
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le verger
je sais bien qu’ils ont mis ton nom sur une stèle, là-bas. qu’ils te croient en train de dormir paisiblement sous la pierre, faisant don jour après jour de ta chair au sol. je le sais, qu’ils y croient dur comme fer à ta mort.
moi, je ne t’ai jamais enterré et je m’y refuse encore aujourd’hui. j’ai la conviction que tu n’as jamais voulu, jamais pu quitter ton jardin. que, comme avant, tu pousses encore ton vieux portail de bois, grinçant, vermoulu, usé par les glaces de l'hiver et les soleils de l'été, d’une main ferme malgré le poids des années. que tu pénètres derrière un vaste verger piqué d'herbes folles. je m’y rends souvent, dans cet éden où survit plus que ton souvenir.
ils tenaient absolument à vendre la maison, sais-tu seulement combien ça coûte de posséder un bien que l’on n’habite pas, et puis il faut payer les frais de succession, tu vas sortir ça de ta poche peut-être? je ne leur ai pas répondu - je ne savais pas quoi leur opposer, à ces êtres qui pensent que le passé peut se vendre chez un bon notaire.
j’ai exigé ton jardin, c’est tout, et d’accord pour tout le reste.
d’accord pour brader ta maison, tes meubles et tes vêtements, tes bibelots et ta vaisselle, tes tapis et tes vélos. d’accord pour jeter tes papiers, tes photos, ta collection de timbres et ton courrier. mais j’exige l’extérieur, cet espace qui pourtant te contient tout entier.
je m’y rend souvent, tu sais. c’est désormais à mon tour de pousser le portail au bois gonflé par le soleil. les mains vides, je ne touche à rien. simplement, je viens exister là où toi tu n’existes plus. j’espère surprendre un jour une odeur, un vestige, un rien, qui pourrait leur prouver qu’ils ont tort de te croire si mort.
ce matin, un vent frais caresse la cime des arbres. la journée commence à peine. je suis venu très tôt me poser dans l’herbe au pied des pommiers: il y a des choses à fuir que l’on peut prendre de vitesse à l’aube.
l’été entre à pas de loup dans le jardin tout juste réveillé : il rôde autour des arbres fruitiers, réchauffe les chairs sucrées des fruits mûrissant à leurs branches, et fait monter vers le ciel déjà clair ses moiteurs parfumées.
ils pensaient t’avoir enterré en hiver, sous la terre dure et froide d’une matinée de décembre. ils n’imaginent même pas à quel point ils se leurrent. là, dans ce beau matin de juin, je te vois penché sur le liseron qui étouffe tes fruitiers et que tu arraches à pleines mains. tu es de dos, courbé, et je t’observe commencer la rangée d’arbres au pied desquels je suis assis. plus que quelques troncs et nous serons de nouveau face à face. je réfléchis à quoi te dire car la parole m’est difficile : comment reprendre une discussion interrompue par ta mort?
je me décide à te parler de la stèle, là-bas, avec ton prénom. je t’imagine déjà rire avec moi de leur aveuglement à tous, de leur précipitation à te fourrer sous terre. de ta voix grave tu me diras qu’ils sont fous, dans cette famille, que décidément ils ne comprennent pas qu’un verger ça ne se quitte pas, et que la mort, c’est simplement une manière de faire de la place aux arbres.
au moment où je tourne la tête pour te faire face, une brise vient agiter les feuilles du liseron. le jardin est vide, et sous le soleil personne n’arrache la belle de jour. notre discussion est une fois de plus remise à plus tard.
six mois déjà que je t’attends. dis-moi, quand reviendras-tu?
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cheerfulchanyeol-blog · 13 years
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@drowningthesun says (8:10 PM)
only between you and me? got it?
got it?
got it?
Me says (8:10 PM)
ok i wont 
ok i got it bro
@drowningthesun says (8:10 PM)
GoT it?
haha, GAME OF THRONES
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cloud-hoper · 5 years
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et si
(jour 25)
violette
plus je bois plus je bois plus je bois
plus je t'imagine couchée sous mes mains
nos gestes imprudents, imprécis
pourtant dictés par un désir indicible
violette
plus je te vois plus je te vois plus je te vois
mille images se superposent sous ma rétine
kaléidoscope érotique de nos nuits imaginaires
j'imagine tes cheveux collés à ta peau d'oiseau
violette
j'imagine tes cheveux collés aux creux de ton corps
violette
tu n'es qu'un moineau aux avis très tranchés
un tout petit moineau aux yeux de charbon
qui me poinçonnent violette
qui me poinçonnent avec une violence
violette
quand tu me fixes avec ces yeux là
la question qui pend au bout de tes cils est limpide
violette tu demandes toujours sans le dire:
pourquoi, pourquoi vis-tu poète de pacotille
pourquoi, pour qui vis-tu, ma poète de paille et de velours
violette tu me demandes pourquoi je vis
et je n'ai pas de réponse
violette je n'ai pas de réponse
à tes pieds je ne dépose qu'un bouquet de lilas, de questions et de désirs
violette voudrais-tu jouer à nous épeller ensemble
violette veux-tu jouer à nous effeuiller ensemble
quand tu ris mon coeur se fissure de trop t'aimer en secret
ton corps secoué par des éclats réveille pour moi les sanglots
violette
si seulement la place à ton bras était libre
j'embrasserai chacune des cicatrices qui grognent sur tes cuisses
violette
je recouvrirai tes bleus d'étoiles sous anesthésie
je ferai courir, courir mes mains sur ta peau d'oiseau
je te ferai des noeuds au corps, au coeur, violette
le temps perdu ne se rattrape pas, plus
si la place à ton bras était la mienne
je baiserai tes mains pour les parsemer de poèmes
violette
si tu étais mienne
j'oserai soutenir le charbon de tes yeux quand tu me demande: poète, pour qui vis-tu
violette, je vis pour ton corps quand le rire le secoue come un grelot
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cloud-hoper · 5 years
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intense
(jour 12)
la recette du pain perdu
il faut
casser deux oeufs et deux âmes
dans un saladier ébréché fouetter les folies furieuses en mousse douce
laisser reposer au moins une nuit à froid
sans les larmes
il faut
mélanger deux cuillères à soupe de sucre, de cannelle et de confiance
laisser s'écouter le lait
creuser une fontaine, une oasis, dans la mousse douce pour y glisser les éclats de coeur
les enrober de farine pour qu'ils ne glissent pas au fond du plat
préchauffer les bras de l'autre pour se prévenir du froid, glacial et coupant, des mots mal accordés qui désossent et éviscèrent
il faut
une fois le mélange terminé
(surtout ne pas faire monter le tout en neige, le blanc cassé ne retranscrit jamais correctement les tumultes des intransigeants)
une fois le mélange terminé
il faut
beurrer le moule et protéger les parties humides:
les muqueuses, les larmes et les meurtrissures
d'un papier cuisson où rien ne s'y accroche
enfin
enfourner le tout à hauteur d'homme
pour cela il faut au préalable avoir déjà perdu toute contenance
laisser cuire le temps d'une berceuse à feu très doux
(ou le temps d'un mensonge à feu très vif)
sortir lorsque les cris de la pâte ne sont plus que des sanglots
alors à ce moment précis
décréter: coupable
définitivement coupable
sans jamais le dire, toujours il faudra le sous-entendre
décréter: coupable
saupoudrer de sucre glace, laisser refroidir et servir frais
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cloud-hoper · 5 years
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lâcher prise
(jour 21)
j'erre en poésie comme une funambule
je m'en absente
je m'en absous
toujours je la ramène contre ma vie pour en extraire les thèmes
(pour écrire vrai il faut que l'encre coule du coeur)
toujours je l'éloigne pour cesser de ne parler que de moi
et tout le jeu consiste à trancher un à un les liens
entre moi et moi
(à trouver l'équilibre
entre moi et moi)
un à un trancher les cordages
pour continuer à écrire vrai sans me raconter
un à un les trancher et simplement se rendre compte
que je n'arrive pas à écrire d'ailleurs
je suis depuis longtemps - presque depuis toujours
une fausse poète, écrivaine de pacotille
avec en bandoulière ma poésie comme thérapie personnelle
j'écris depuis longtemps - presque depuis toujours
je ne sais pas penser sans encre et mots
je ne sais pas réfléchir autrement qu'à l'écrit
alors je lâche prise
sur mes grands rêves de recueils et de nouvelles
je berce en secret quelques romans très proche de mon coeur
je ne crée des couvertures que pour mes yeux propres
sur des pages que je me dédicace à moi-même
je joue à l'autrice, je me fais des promesses de littéraires
et toujours j'oscille, funambule, entre écrire beau et écrire vrai 
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cloud-hoper · 5 years
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pour qu'une chose soit intéressante, il faut la regarder longtemps (g. flaubert)
(jour 8)
tout un univers dans un grain de sable. souvent, l'immensité de la plage m'effraie. c'est très petit une plage. c'est cloisonné finalement, on a beau dire la mer, la mer, ô la mer, elle n'est qu'une frontière de plus, qui a déjà traversé la mer? la plage, ce cloisonnement, cet espace fini où l'infini transperce pourtant dans chaque volume. chaque grain de sable un univers. chaque vaguelette un raz-de-marée, un effacement total, une redistribution des rôles dans la grande pièce de la plage.
j'ai une déformation professionnelle: je compte. à tout instant je compte. à tout moment je compte. j'estime, j'arrondis, je jauge, je mesure. je tempère. je compare. j'ordre de grandeur. je classe. je minimise, maximise, égalise. mais la plage me reste une énigme. combien de grains, combien d'étages, de mètres carrés, quel volume, et sous la mer? combien s'en cache-t-il sous la mer? où commencer le décompte, où clôre la somme?
dans cet infini pourtant circonscrit, vient toujours l'heure du lâcher-prise: la plus belle. enfin il convient de mettre un terme au système métrique, qui, impuissant, se retire. on peut se délier les mains, secouer un peu la tête pour se sortir des brumes entêtantes de grands nombres. on peut laisser se courber la nuque, toujours très droite quand il s'agit de classification. délicatement on peut embrasser la mer, sans à-coups ni gestes brusques. enfin on peut fermer les yeux, puisqu'il n'y a plus rien d'autre à faire. sinon se concentrer sur les détails. toujours, les détails. ils nous resteront bien après les chiffres.
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cloud-hoper · 5 years
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liste de ce que je ne suis plus
(jour 17)
liste de mes endroits préférés:
très loin dans la mer, là où le corps n'est plus un tout mais un très petit, petit rien
le caillou plat en haut de la pinède la nuit
sur ma bicyclette rose
entre les lignes
liste de nos succès:
quatre
liste de ce que j'ai retrouvé:
l'envie d'apprendre (et dieu sait que je l'avais perdue depuis longtemps)
le maillot aux coquelicots qui date d'un très vieux poème
liste de ce que j'ai perdu:
sa confiance
liste de plantes reçues ou données:
la crassula aux coeurs en feuille
le ficus de maman
la glycine bouturée et offerte au cycliste belge
liste de mes petits bonheurs:
son rire
-
son rire
liste de ce que je ne suis plus:
à toi
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cloud-hoper · 5 years
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les oiseaux/états d'âme
(jour 24)
souvent, souvent je me fais la réflexion: je suis bonne à aimer. j'aime dire je suis bonne à aimer, car dans tous les sens je m'y retrouve. je suis bonne. je suis aimée. je sais aimer, et j'aime aimer. je suis même très forte au jeu qu'est aimer. les peaux des autres sont un langage que je parle et pratique couramment. il est pourtant difficile de caresser une peau: tout est à inventer, constamment. une peau comme un petit oiseau, frissonnante, insaisissable. c'est une physique très particulière qui permet de calculer l'intensité des caresses à prodiguer aux peaux des oiseaux. leur fréquence. leur origine. leur point de chute. un système d'inconnues si complexe que deux caresses ne peuvent être identiques. la seule solution commune: la triviale, celle de l'absence.
il me dit tu n'es pas la femme de ma vie: tu es la femme de la tienne. quel fracas tout de même ces peaux qui se froissent. que deviennent les plis qu'on trace, qu'on encre dans les corps des autres à force de s'y glisser encore et encore? que deviennent les ombres qu'on cache entre deux côtes? je sais parler la peau, je sais parler les coups, les cous, les regards et les silences. je sais me calfeutrer dans les nuits des autres comme dans mes poèmes: on m'y croirait chez moi. je suis chez moi lorsque je suis aventurière des peaux des autres. j'ai tant découvert: les peaux de mousse, papier de sable, les peaux chaudes à l'odeur de lavande, les peaux de pirates, de fantômes, au goût de sel et de secrets. j'ai tant à offrir: je suis fontaine, source, torrent d'amour. exploratrice des énigmes que dessinent vos corps dans les reflets des désirs qu'il nous reste. je suis modulable, modelable, pâte à rêves, je suis à la fois papier buvard et tampon encreur.
jamais une once de manipulation ou de perversion dans mes errances aux bras des ombres. toujours je m'offre avec une candeur et une entièreté qui me sont à la fois chères et naturelles. je suis à la nuit. je partage mon corps comme un cadeau-surprise. sous le papier crépon et les rubans de couleur, jamais d'attachement non plus. je ne suis qu'au moment, et au moment seul. il faut accepter mon amour plein et charnu comme mon départ à l'aube. je n'aime qu'en filigrane des jours. jamais de menottes à mon poignet, ni de collier au cou - ces laisses je les cède aux autres. je suis un amour qui voyage: bien trop grand pour n'appartenir qu'à un seul. je suis un amour qui se partage: et quand j'aime, j'aime le monde.
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cloud-hoper · 5 years
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le chat - le soleil
(jour 14)
à toi.
la clara de sel et de sable
la clara d'ombre et de secrets
aux itinéraires dissimulés
aux mensonges dans le demi-jour
au corps froissé
au petit vélo rose aux roues diamètre 25, taille si inhabituelle dans le monde des bicyclettes
il faut tout lui faire sur mesure à ton vélo
mais c'est pour ça que je l'aime tu leur dis
parce qu'il ne rentre pas dans les cases et que pourtant il s'obstine
à force d'exister ils finiront bien par le voir
et alors -
à toi
la clara d'encre et de poussière
la clara d'orage et d'absolu
à la poursuite des peaux, des non-dits et des chats
toujours en train de s'évader de quelque part
la clara aux cuisses bleues
à l'amour bleu
aux mains bleues
couvertes de petites cicatrices
souvenirs pérennes que la peau n'est rien face au métal
à toi
la clara mangeuse de soleils, de nuits et de kilomètres
aux mille vies en parallèle
à moi
et à cette obstination de vivre
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cloud-hoper · 5 years
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les terres rouges
(jour 7)
je geins et je soupire, dans ma nuque les câbles qui me servent d'échafaudages se tendent et se resserrent chaque jour un peu plus
on pourrait me croire plus solide, plus ancrée, mais à chaque tour de clé je deviens aussi et surtout plus sensible aux vents forts des secrets monstrueux
immense structure de métal et de chair, à la fois détachée et incapable de quitter le sol tant certaines de mes pensées me pèsent
il y a en moi une meurtrissure qui n'a pas encore eu le droit à la parole.
j'ai, anesthesiés juste sous l'épiderme, une colère et un renoncement que je n'ai pas offerts au monde
par choix, par honte, par politesse, par hasard, par incertitude
par peur peut-être
voilà la raison des coutures sur mes lèvres et sur mes mots
la cause de cette censure que je me fais subir depuis la grande déchirure
à quoi bon écrire si ce n'est pour ne plus dire, si ce n'est pour me coucher, la plus sincère possible, auprès de mes mots, si ce n'est pour m'extirper de l'âme le liseron, les tourments et les échardes
à quoi bon écrire si c'est pour cracher à la gueule du vrai, et poursuivre inlassable la quête du paraître, du faire semblant, du faire comme si
comme si une vie ne s'était pas arrêtée après la grande déchirure
je geins et je rouille depuis ces algues qui dansaient sous nos cornées, obstruée par ces mots que je me refuse à dire. tu me parlais vase et errances, valse de questions sans réponses - tu n'as pas vu mes petits tsunamis domestiques, toujours tus et poussés de côté. toute entière je me suis mise de côté pour te donner la place pleine. seulement aujourd'hui je me rends compte de la violence que je me suis faite, de me traiter comme un détail, négligeable et négligé. seulement aujourd'hui je trouve les mots que j'aurais du te dire alors.
ces mots ces mots ces mots qui me brûlent la rétine alors que je ne les écris pas, quels sont-ils, comme elle est longue la quête du vrai, du tangible, alors même que je me refuse ne serait-ce qu'un murmure, toujours perdue dans mon crâne à faire s'affronter des réflexions obtuses et contondantes, quel vacarme ce fracas de pensées, et lorsque leurs éclats ricochent contre la dure-mère et la plèvre de mon cerveau, je me retrouve à colmater mille perforations par lesquelles pénètrent la rouille et le déni, existe-t-elle seulement la réponse que je recherche, la trouverai-je un jour, la haine dont les petites dents sont plantées dans mes engrenages, me laissera-t-elle reprendre mon souffle, faudra-t-il me forcer à la confession, m'arracher des aveux pour perforer l'abcès qui se loge un peu plus profondément dans ma trachée à chaque fois que je croise ton parfum?
pour la première fois depuis la déchirure j'accepte d'aborder le sujet - un premier pas, malhabile, minuscule, peut-être le pire car alors dans le sous-entendu tout peut s'entendre - mais un premier pas tout de même. des algues je suis ressortie, les cornées salées à se recroqueviller l'âme, vitreuses et pourtant soudainement je vois. sur la terre aride et rouge de rouille que je parcours maintenant en dilettante, dans ma nouvelle vie, je cherche un miroir où je n'aurais pas peur d'y tremper les yeux. il faudrait laver mes paupières, mes pupilles au papier de verre, me donner le droit à la peine, panser la meurtrissure.
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cloud-hoper · 5 years
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innocence
(jour 6)
l’innocence du courant d’air qui joue dans les décombres des tremblements de cœur c’est tout ce qu’il me reste c’est tout ce dont j’ai besoin
c’est sentir mes cils frémir mes joues brûlantes, brûlées être frôlée par la brise si légère qu’on la jurerait inexistante c’est sentir ma peau caressée par une paume fébrile et fraîche, orpheline, la pulpe des doigts en est glacée
partout où je cours, j’accours, partout où l’on m’attend toujours j’arrive en avance un tout petit brin d’avance un tout petit bout d’avance
pour me laisser le temps assise à côté du vélo-doux de m’inventer un espace où les murs du vent se replient sur mes épaules où les mains griffées de l’herbe s’infiltrent sous ma peau où le bruit de la vie se fond dans le décor, qui lui-même vacille - notre si grand théâtre
assise au pied des roues du vélo-doux je me donne le temps de fermer les yeux de m’ouvrir le cœur pour un tout petit bout de temps qui n’est plus que le mien de m’ouvrir le cœur et de ne lui donner qu’un peu de silence et de vent
je me donne le temps de m’ouvrir le cœur et de ne rien lui demander si ce n’est battre, un peu encore et d’apprécier la caresse de la brise innocente sur mon corps fissuré d’amour et tâché d’herbe
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cloud-hoper · 5 years
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néant
(jour 19)
de la voix velours j'ai tout       : les images qu'il m'a offertes et    peine de monter l'escalier beige et    soulagement de me rencontrer de l'autre       du miroir et le pouvoir d'écouter       les sons pour soudainement ne plus     entendre un seul et cette expression "       une ferrari de l'émotionnel" et la                  de faire un pas en avant              seule et la couleur de la          enfoncée dans la tourbe la texture     sa poignée la forme du chambranle     le pardon c'est grave il a      pardon clara mais c'est très grave     qui est arrivé et bravo il    dit aussi il a dit bravo clara
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cloud-hoper · 5 years
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ruines
(jour 9)
quand tu dis ruines je pense que reste-t-il de nous
et la question est encore si fraîche si douloureuse si neuve
que je n'ose pas encore la regarder en face et lui planter dans le ventre ma réponse:
rien
il ne reste rien de nous
tes rires et tes interrogatoires je les jette aux orties
tes bras mous, inadéquats pour mes rêves affolés, je les foule aux pieds
ton dos en noeuds d'arbre je le désosse, il n'a plus le droit à mes souvenirs
ton odeur d'opium
- et cette expression, qu'elle m'est douloureuse, qu'elle m'est difficile, dès les tous débuts elle m'était venue, dès nos prémices, et seulement aujourd'hui je me rend compte comme elle te décrivait justement, opium comme tous ceux que tu fumes, opium comme celui que tu étais pour moi, irrépressible, irremplaçable, inégalable, tu étais l'opium et j'étais la fumée -
ton odeur d'opium je n'en sais que faire
ton dos qui a si souvent désiré, essoré mes larmes je ne sais pas l'oublier
tes bras, qui à la fois savaient déclencher et conjurer les tempêtes, je les rêve encore autour de mes membres de minuscule
ton rire si rare si doux je l'espère, je l'ai espéré comme décor à toute ma vie
et pourtant
regarde et dis-moi
que reste-t-il de nous?
quelques cendres, quelques ruines
dernières reliques de notre si belle histoire.
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cloud-hoper · 5 years
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qui monte une fois sur un ours n'a jamais peur (V. hugo)
(jour 4)
qui monte une fois sur un ours n'a jamais peur
- mais qui a peur des ours jamais ne montera dessus
c'est le grand jeu des amants effarouchés
empruntés
qui s'empêtrent dans leurs habits d'apparat
trébuchent sur leurs fanfreluches apprêtées;
ils sont beaux, mes amants de pacotille,
mes amoureux en tulle et en lilas,
leurs parfums sont faibles, leurs étreintes plus encore;
de leurs mains moites et de leurs yeux larmoyants
aucun n'effleure mon corps de pierre,
alors je trône, tyrannique et assoiffée,
insensible face à ceux qui ne sauront me toucher;
qui ne connaît pas d'ours jamais ne connaîtra la peur.
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cloud-hoper · 5 years
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incendies
(jour 13)
incendies
je lis ce mot à chaque fois avec la même intensité et le même rythme que dans la chanson de notre-dame-de-paris, déchiré, je suis un hom-me dé-chi-ré, je suis un hom me dé chi ré
in cen dies
je le lis de la même manière, incapable de donner une autre forme à ce mot que ce cri du coeur.
qui, du silence ou des syllabes, impacte le plus l'âme? ce mot découpé, tranché comme au scalpel, il s'étend et prend toute la place. de l'importance des blancs au milieu des phrases, au milieu des mots, il faudrait, arriver à écrire les pauses, à écrire les espaces, les interlignes, les endroits sans paroles, les mains qui parlent à la place des mots obtus, abscons, il faudrait, arriver à traduire ces instants où les mots ont épuisé tout leur sens, alors il ne reste plus que les corps, les peaux, les yeux, les gestes, les sons, puisque les mots sont sans but, saccadés, saccagés, puisque les mots sont sans retour, sans âme, sans fond. de l'im por tance des silences.
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cloud-hoper · 5 years
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la disparition
(jour 11)
mon visage une rose des vent, les éclairs glissent de mon nez à mon front, bientôt je lève les yeux pour les voir pourfendre le ciel. dans le noir un peu trop noir je ne suis qu'une tâche grise pas assez grise. il faudrait être plus pâle pour pouvoir me glisser entre les ombres, ne pas ressortir autant, rentrer l'âme, il faudrait se rentrer l'âme pour arrêter de ressortir. j'ai l'esprit boursouflé, je le sens, gonflé sous mes doigts au travers de mes coutures qui craquent. de mon ventre à mes seins on peut voir la trame des mensonges, qui pour une fois ont cessé de me tisser une peau. je fais confiance.
dans le noir un peu trop noir, qui pour me distinguer du liseron, de la gouttière ou d'une ombre. il n'y a personne sinon le ciel qui tonne et que j'invite par ma fenêtre. entre, le ciel, entre donc et dis-moi qui décide des âmes qui doivent être délimitées. de mes chevilles à mes cuisses mes tendons dessinent une carte d'aventurière. je suis immobile, et pourtant le ciel qui cavale ne m'est qu'un miroir: je ressens si vite, si fort, que le mouvement m'est intérieur, permanent. mon reflet est un mirage, insalubre, dissous dans l'immensité des choses. il faudra aller griffer le ventre des nuages de nos ongles rongés. pour mieux disparaître, entrouvrir les ombres pour s'y glisser, boursouflure parmi les boursouflures.
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