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#emplois en saoudien
latribune · 7 days
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neozoneorg · 2 years
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smithleonardo · 2 years
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Les prêts personnels portent le total des prêts des sociétés financières saoudiennes à 19 milliards de dollars au premier trimestre
Les prêts personnels portent le total des prêts des sociétés financières saoudiennes à 19 milliards de dollars au premier trimestre
RIYADH : L’Arabie saoudite accueillera le 116e Conseil exécutif de l’Organisation mondiale du tourisme des Nations Unies les 7 et 8 juin à Djeddah, avec environ 180 participants du monde entier. L’événement de deux jours délibérera sur toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les décisions et recommandations du conseil pour soutenir le secteur. La session du Conseil exécutif se tiendra…
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furiefrancaise · 3 years
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"MERCENAIRE... A l'évocation de ce vocable, les passions se déchaînent! Pour les détracteurs de cette activité, les mercenaires sont des individus sans scrupule, sans foi ni loi qui vendent leur savoir faire au plus offrant. A l'opposé, des personnes éprises de romantisme ont les yeux de Chimène pour ces personnages porteurs d'aventures guerrières. Même si semblables aux conquistadores, ils emploient parfois une force inique.
De fait la nébuleuse mercenaire porteuse de phantasmes est très mal connue. Ces hommes qui offrent la force de leurs armes, contre rétribution, au profit de pays parfois fort peu démocratiques, obéissent à des motivations des plus diverses. Si l'attrait de l'argent n'est pas à négliger, l'appel de l'aventure est de nature à sublimer une destinée. La recherche de la montée d'adrénaline est pour certains essentielle. La politique n'est pas absente dans le choix du pays qui sollicite leur aide.  
Bob Denard, le mercenaire français le plus célèbre récusait le terme de mercenaire au profit de corsaire de la république. Certes il ne possédait pas de lettre de course à l'instar d'un Surcouf, d'un Jean Bart ou d'un Duguay-Trouin. Mais son activité n'a jamais nui aux intérêts français. Si parfois ses changements d'alliances pouvaient dérouter, il faut garder à l'esprit que des agents de l'ombre lui soufflaient sa stratégie.
Lorsque l'on évoque le rôle de la politique, un observateur attentif remarquera sans peine le nombre important de mercenaires proches des milieux nationalistes. Mais la gauche n'est pas en reste. Souvenons nous du rôle des brigades internationales lors de la guerre d'Espagne en 1936. La gauche d'une pudibonderie suspecte appelait ces hommes des volontaires. Cela ne trompera personne, ces volontaires étaient tout bonnement des mercenaires. J'ai connu voilà quelques années, un camarade qui ne cachait point ses sympathies pour l'orthodoxie marxiste. Désireux de mettre en conformité ses idées et ses actes, il partit combattre au Nicaragua aux cotés des Sandinistes. Volontaire ou mercenaire ? Nous avions travaillé de concert comme gardes du corps d'un prince Saoudien, étions nous déjà des mercenaires ?  
Si on se plonge dans le passé, il est indéniable que les dix mille mercenaires de Xénophon n'étaient pas des exemples d'empathie. Ces guerriers grecs amoureux fous de la guerre tenaient pour essentiel le butin procuré par les pillages. L'esprit chevaleresque qui régnait au moyen âge n'entravait en rien les guerres intestines que se livraient les seigneurs et les rois. L'armée régulière n'existant pas, les rois querelleurs recrutaient des mercenaires. D'un emploi délicat, il n'était guère aisé de s'en débarrasser sans qu'ils pillent la campagne environnante. Duguesclin à la tête des grandes compagnies qui pillaient le pays, fit la guerre en Espagne, éloignant ainsi le péril des mercenaires licenciés. Les lansquenets, les arbalétriers génois ou les mercenaires suisses assouvissaient le même désir d'emplir leurs escarcelles de monnaies sonnantes et trébuchantes. Au XVème siècle les condottières italiens ajouteront l'appétence du pouvoir au plaisir que procurent les richesses. Ils s'approprieront des duchés et fonderont des dynasties. Ce sont les prises d'options politiques qui forgeront les destinées d'un Garibaldi en Amérique du sud, ainsi que le ralliement du colonel Villebois-Mareuil aux Boers lors de la guerre qui les opposaient au anglais. En 1941 en Chine, Claire Chennault et ses tigres volants allièrent le profit et l'idéalisme.
Mais qui sont les mercenaires de l'ère contemporaine ? Pour la plupart d'anciens militaires ayant servi leur pays sur une durée plus ou moins longue. Leur terrain de prédilection : l'Afrique. La période la plus favorable : les années soixante. Cette période vit émerger des personnalités fort contrastées. Denard, Schramme, Steiner, Hoare tinrent le haut du pavé. Certains servirent des intérêts particuliers, d'autres comme Denard les intérêts nationaux.De jeter l'anathème sur ces chiens de guerres n'est pas forcément judicieux car les situations extrêmes qu'ils vécurent exacerbèrent leurs défauts et leurs qualités. Or ces hommes sont le reflet de leurs contemporains. Ni plus ni moins. Peu de gens travaille exclusivement pour la gloire. Enfin qui oserait jeter l'opprobre sur les gardes suisses qui protègent le Vatican. Les années 90 virent l'éclosion de jeunes nationalistes partis combattre dans les forces croates, sans esprit de lucre. De même ceux partis en Birmanie pour combattre aux cotés des Karens n'avaient que pour seule ambition de secourir des chrétiens. Les mercenaires qui oeuvrèrent au Zaïre, au Congo et en Côte-d'Ivoire n'étaient que des sous traitants de l'état français. L'Irak vit fleurir les compagnies anglo-saxonnes et américaines essentiellement en recherches de profit. La France engoncée dans ses tribulations droit de l'hommiste fut écartée de ce pactole. Seuls quelques mercenaires français isolés purent participer au banquet.  
Les mercenaires étant des individus comme les autres, il n'est pas aisé de séparer le bon grain de l'ivraie..."
Gilles ROCHARD (ancien du 1er RPIMA et mercenaire aux côtés de Denard)
https://www.facebook.com/RochardGilles/
Ses écrits : 
https://graziel.com/fr/livres/25-mercenaire-sans-blague--9791093846101.html?fbclid=IwAR1zHN9nhYwazhbSXTTMqeYk0RWI_liTghhTpRFD82jSGBRUL5ukbIDdD3s
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job-leader-blog · 5 years
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latribune · 2 years
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L'Arabie Saoudite forme des milliers de saoudiens aux métiers de l'hospitalité
L’Arabie Saoudite forme des milliers de saoudiens aux métiers de l’hospitalité
Sous l’œil attentif d’un instructeur, Munira al-Rubaian apprend à changer des draps dans une fausse chambre d’hôtel à Riyad, en espérant que cette formation l’aidera à trouver un emploi dans l’industrie naissante du tourisme en Arabie saoudite. Comme des milliers de Saoudiens, la jeune femme de 25 ans, au chômage, participe à un programme mis en place par les autorités pour former 100.000 futures…
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utopiedujour · 5 years
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Ce n’est pas tout de démanteler les Big Tech. Il nous faut imaginer une meilleure alternative, par Evgeny Morozov
It’s not enough to break up Big Tech. We need to imagine a better alternative, le 11 mai 2019, © The Guardian. Merci à Timiota pour la traduction. Ouvert aux commentaires.
Alors que Facebook plaide coupable d’accoutumance aux données sous forme aggravée, confesse ses péchés numériques et promet de se réinventer en tant qu’habitant respectueux de la vie privée du village planétaire, les fondements de l’hégémonie culturelle de Big Tech semblent s’effriter. Plus surprenant encore, c’est aux États-Unis, le territoire d’origine de la Silicon Valley, qu’ils semblent être les moins solides.
Même en ces temps de polarisation extrême, Trump, qui nous a habitués à ses éclats dirigés contre la censure par les médias sociaux, se joint avec enthousiasme à des politiciens de gauche comme Elizabeth Warren et Bernie Sanders pour présenter Big Tech comme la plus grande menace aux États-Unis. L’appel récent de Chris Hughes, co-fondateur de Facebook, à un démantèlement de la firme, signale ce qui pourrait se passer.
Ni les magnats de la Silicon Valley ni les marchés financiers ne semblent s’en soucier. La récente décision de Warren Buffet — l’un des investisseurs américains les plus prospères mais aussi les plus prudents — d’investir enfin dans Amazon est probablement une meilleure indication de ce qui attend les géants de la technologie à moyen terme : davantage d’offres publiques d’achat (IPO) somptueuses, davantage d’argent saoudien, davantage de promesses de mettre l’intelligence artificielle en œuvre pour résoudre les problèmes causés par … l’intelligence artificielle.
Plus d’un an après le scandale de Cambridge Analytica, le débat des Big Tech est toujours embourbé dans les mêmes catégories rebattues d’efficience du marché, d’évasion fiscale et de modèles économiques odieux qui avaient prévalu à son lancement. Mais si nous devons démanteler Facebook, ne devrions-nous pas au moins le démanteler pour des raisons autres que ses effets sur la concurrence ou sur le bien-être des consommateurs ?
Les deux camps idéologiques, malgré leur convergence présumée sur la question des grandes technologies, sont peu susceptibles d’utiliser ce débat pour réinventer leurs propres projets politiques. Ceux à droite qui espèrent marquer des points électoraux en s’en prenant aux Big Tech sont toujours muets sur ce à quoi ressemble leur vision favorite d’un avenir alternatif. De plus, dans la mesure où ces mouvements aspirent au retour d’une société conservatrice et corporatiste dirigée par des forces extérieures aux institutions élues, la Silicon Valley, avec sa vaste infrastructure numérique tournée vers une gouvernance douce permanente [allusion à la philosophie du « nudge »], est leur alliée naturelle.
Dans le contexte international, cette insistance sur le salut par les Big Tech prend une tournure plus attrayante car il y a tellement plus de salut — et, aussi, de développement national — à déployer par ces géants de la technologie eux-mêmes. Voilà qui incite certains dirigeants populistes à fantasmer sur la transformation de leur pays tout entier en fiefs dirigés efficacement par quelque seigneur des Big Tech. Ainsi, le gouvernement Bolsonaro au Brésil a fièrement annoncé qu’il « rêvait » de voir Google ou Amazon prendre en charge le service national de la poste, qui sera bientôt privatisé.
Le Brésil d’aujourd’hui, enclin aux crises, révèle une autre conséquence de l’abandon de l’espace autrefois occupé par la politique au complexe ‘industriel-sauveur’ de la Big Tech. L’effet à long terme de leur activité censément révolutionnaire est souvent de bétonner le statu quo, même s’ils le font au moyen de solutions « de rupture » extrêmes.
    Cette tendance n’est nulle part plus évidente que dans la façon dont les technologies numériques sont utilisées pour résoudre les problèmes sociaux les plus brûlants. Ainsi, alors que le taux de criminalité a grimpé en flèche, le Brésil est devenu un foyer d’innovation dans ce que nous pourrions appeler la Survival Tech, avec une panoplie d’outils numériques mis à profit pour vérifier la sécurité de rues et de quartiers particuliers et coordonner la surveillance de quartier par ses habitants.
Ainsi, Waze, une application de navigation populaire appartenant à Alphabet, avertit déjà les utilisateurs de mégapoles comme São Paulo ou Rio de Janeiro qu’ils sont sur le point d’entrer dans une partie risquée de la ville (la provenance des données qui alimentent ces recommandations reste assez trouble). De même, les résidents préoccupés par le taux de criminalité dans leur propre quartier utilisent de plus en plus des outils comme Whatsapp pour partager des tuyaux sur toute activité suspecte dans l’entourage.
Au fur et à mesure que les choses empirent — et pas seulement au Brésil — cette Survival Tech, qui permet aux citoyens de se débrouiller face à l’adversité sans exiger de transformation sociale ambitieuse, est appelée à s’épanouir. La dernière décennie, avec sa célébration de l’austérité, a également été bonne pour les affaires. En fait, tout le boom technologique qui a suivi la crise financière de 2007-08 peut s’expliquer de fait à travers ce prisme, avec les sociétés de capital-risque et, plus tard, les fonds souverains, subventionnant temporairement la production de masse de Survival Tech pour les démunis et les déshérités.
« Survival Tech », cependant, c’est un peu tapageur comme marque pour accéder à un statut plus enviable, où l’on mérite ses propres conférences et ses propres manifestes élogieux. Au lieu de cela, nous préférons célébrer l' »économie du partage » (avec des start-ups qui aident les pauvres à survivre en acceptant des emplois précaires ou en louant leurs biens), la « Smart City » (les villes abandonnant leur souveraineté technologique – en échange de services temporairement gratuits – aux géants du numérique), la « FinTech » (avec des prêts sur future feuille de paie de nouvelle génération basés sur les données des utilisateurs, qui sont commercialisés comme une révolution de l’« inclusion financière »).
À moins que les conditions économiques sous-jacentes ne s’améliorent – horizon peu probable — les gouvernements poursuivront leur alliance implicite avec l’industrie technologique : c’est le seul moyen de garantir que les masses, de plus en plus mécontentes des sacrifices fiscaux et comportementaux massifs qu’on exige d’elles — par exemple la perspective de taxes environnementales plus élevées alimente déjà les émeutes en Europe [allusion aux Gilets Jaunes] — obtiennent au moins une certaine sécurité et prospérité, aussi courte et illusoire soit-elle.
C’est ainsi que l’on aboutit au résultat paradoxal d’aujourd’hui, où 99% des perturbations technologiques sont là pour simplement s’assurer que rien de substantiel ne soit réellement perturbé. La pathologie persiste — nous nous y adaptons mieux, avec des capteurs, des cartes, l’IA, et — pourquoi pas ? — l’informatique quantique. Le véritable évangile du Big Tech d’aujourd’hui — sanctionné et célébré par les gouvernements — est l’innovation au bénéfice du statu quo.
De tels programmes peuvent être lancés et célébrés sous la bannière de la « transformation numérique » mais, en réalité, ils impliquent très peu de transformations sociales conscientes et encadrées. Ce qui est vendu sous cette étiquette, c’est plutôt l’idée tout à fait opposée, c’est-à-dire l’idée que les individus et les institutions doivent s’adapter au monde technologique qui les entoure – et non le transformer. Telle qu’elle est prêchée aujourd’hui, la « transformation numérique » revient à transformer les institutions et les individus pour qu’elles s’adaptent à des conditions sociales apparemment immuables, et non l’inverse.
Les politiques préférées des progressistes de 2019 — démanteler les Big Tech ou même redistribuer leurs données — pourraient résoudre certains problèmes très réels. Mais on peine à voir comment de telles mesures pourraient venir à bout du monde de la Survival Tech. Après tout, un tel équipement virtuel peut être parfaitement fourni par des centaines de start-ups — le monde alternatif que nous appelerons ici «  Small and Humane Tech », tant vanté des critiques de la Silicon Valley — et pas seulement par des entreprises comme Microsoft ou Amazon.
En revanche, nous pouvons imaginer un monde futur alternatif de Rebel Tech, qui ne présuppose pas les conditions sociales comme étant gravées dans le marbre, comme devant être acceptées et auxquelles on doit par conséquent s’adapter, et ce bien sûr au moyen des dernières technologies. Au lieu de cela, ce monde alternatif déploie des technologies sur mesure pour modifier, façonner et — oui — se rebeller contre des conditions sociales bien ancrées. Les distinctions entre Survival Tech et Rebel Tech ne sont pas philosophiques ou éternelles ; une politique choisie intelligemment peut nous amener davantage de la seconde et moins de la première.
« Briser les géants de la Tech », « leur faire payer une juste part d’impôts », « mieux utiliser leurs données », tout cela est nécessaire mais, hélas, les conditions sont insuffisantes pour une transformation sociale efficace — pas seulement individuelle ou institutionnelle. Aujourd’hui, de tels slogans nominalement progressistes sont souvent élaborés à partir de points de vue d’un conservatisme déprimant. Ils impliquent la vision suivant laquelle nous retournerions peu ou prou au monde social-démocrate confortable et prospère des années 1960 ou 1970, du moment que l’industrie technologique accepterait sa responsabilité en tant que successeur en titre de l’industrie automobile — devenant, dans le meilleur des cas, le moteur écologique de la croissance économique.
Aussi attrayante que cette vision puisse paraître, elle ne fait que masquer l’absence de toute réflexion stratégique de la part des forces progressistes ou social-démocrates qui la formulent. La montée en puissance des Big Tech est une conséquence, et non la cause, de nos crises politiques et économiques sous-jacentes ; nous ne les résoudrons pas simplement en nous débarrassant des Big Tech ou en jugulant leurs opérations.
« Small and Humane Tech », [ce monde alternatif aimé de la Silicon Valley], pourrait être d’une certaine aide. Cependant, sans une vision globale — et un plan concret — pour abandonner Survival Tech en faveur de Rebel Tech, les forces progressistes n’auraient pas grand-chose à dire sur la technologie — et, par extension, sur la politique contemporaine. La « Small Tech » ne peut pas se permettre d’être aussi ‘petite d’esprit’.
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aristide-france · 6 years
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Quelques extraits de Sous le drapeau noir - Joby Warrick
Oussama Bin Laden avait pour but de libérer progressivement les pays musulmans de l’influence corruptrice de l’Occident afin qu’ils puissent un jour s’unir en une seule et unique théocratie islamique, un califat. À l’inverse, Zarqaoui était déterminé à créer son califat dès maintenant. Il cherchait à instaurer le royaume de Dieu sur Terre à travers des pratiques d’une sauvagerie inimaginable, estimant, à raison, que des actes d’une extrême violence savamment mis en scène rallieraient à sa cause les terroristes les plus endurcis et terrifieraient tellement les autres qu’ils finiraient par se soumettre. Sa stratégie avait ébranlé l’ensemble de la région ; jamais Al Qaïda n’y était parvenu à ce point.
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 70 ans plus tôt, une armée musulmane avait emprunté cette même route vers le nord, à cheval ou à dos de dromadaire, avec la ferme intention d’anéantir, au nom d’Allah, le pays appelé Jordanie. Ces cavaliers bédouins qui se désignaient eux-mêmes sous le terme d’Ikhwan - « Frères » - avaient été armés et entraînés par le premier roi d’Arabie Saoudite, Ibn Séoud, pour l’aider à vaincre ses rivaux politiques. Mais les ambitions des Ikhwan allaient au-delà de la péninsule arabique. Ces fanatiques assoiffés de sang, qui considéraient toute invention ou pratique occidentale comme l’œuvre de Satan, pensaient qu’ils avaient été choisis par Dieu afin de purifier la région en massacrant tout ceux qui s’alliaient avec des étrangers ou s’écartaient de leur vision très étroite de l’islam. Venus des rudes terre désertiques de l’intérieur , ils envahirent la Jordanie et l’Irak, deux pays créés au début des années 1920, bien déterminés à reverser leur gouvernement et à mettre en place une théocratie islamique unifiée, ou califat, qui s’étendrait sur tout le Moyen-Orient. Ils dévastèrent les villes et les villages qui se dressaient sur leur route, tranchaient la gorge de tous les survivants mâle pour s’assurer que soit effacée la moindre trace de modernité occidentale.
Malgré les vaines tentatives du roi saoudien pour les réfréner, une armée d’Ikhwan d’environ 1500 les hommes s’approcha à une quinzaine de kilomètres d’Amman avant d’être finalement stoppés. Des avions de guerre britannique repérèrent la colonne en approche et la mitraillèrent, tuant près d’une centaine d’hommes.
Plusieurs petits groupes d’insurgés, continuèrent à contrôler quelques zones à l’intérieur de l’Arabie Saoudite, au moins jusqu’aux années 1950, menaçant parfois les étrangers qui s’aventuraient près de leurs villages. Puis les Ikhwan disparurent, mais pas les haines féroces qu’ils avaient allumées. Cette intolérance inflexible, cette forme violente, extrême et impitoyable de l’islam perçu comme un feu purificateur, nombre finirait par y adhérer à la fin du XXe siècle et au-delà, des villages perdus au cœur de la péninsule jusqu’aux cités pétrolières du golfe Persique, des plaines sauvages de lest de l’Afghanistan aux cellules surpeuplés d’une prison jordanienne tristement célèbre.
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 Trois événements avait contribué à remodeler la personnalité relativement brusque de Zarkaoui : la guerre, la prison et le fait de commander son propre camp entraînement en Afghanistan. Il se considérait désormais comme un véritable chef mais aussi comme un homme ayant un destin accomplir. À présent, selon Al Adel, son énergie et son raisonnement se trouvaient à nouveau modifiés, fraîchement affûtés par « la haine et l’hostilité contre les Américains ».
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Certes, Zarkaoui vivait dans les montagnes isolée du nord-est de l’Irak, une région dont était absente l’armée irakienne. Mais suggérer que Saddam Hussein lui accordait l’asile était contraire à tout ce que Bakos, spécialiste de Zarkaoui, savait être la vérité. C’était un peu comme déclarer que Glover Cleveland, 22e président des États-Unis, avait « hébergé » Jeronimo, le célèbre chef apache de l’ouest américain qui s’attaquait aux colons et aux tuniques bleues depuis sa base sur la frontière américano mexicaine.
Elle continua regarder, sidéré.
« Les milieux officiels irakiens ni les accusations de lien avec Al Qaïda. Ces dénégations ne sont tout simplement pas crédibles, poursuit Powell. L’année dernière, un membre d’Al Qaïda s’est vanté que la situation en Irak était, je cite, « favorable » car l’on pouvait rapidement transiter par Bagdad. »
Ce n’était pas faux. Mais si les terroristes avaient accès à la capitale irakienne était-ce le résultat de la complicité des hauts responsables du pays où des faiblesses de la surveillance aux frontières, où était-ce à la faveur de la corruption le disputait à l’inefficacité ?
Et pour ceux qui maîtrisaient le sujet, ce discours fut une performance extraordinaire, une interprétation extrêmement habile d’un éventail de faits sélectionnés avec soin en faveur d’une invasion. Powell devait déclarer plus tard que cette présentation avait été la plus grosse bourde de sa carrière, une erreur dont il attribue la responsabilité au travail bâclé des services de renseignement ainsi qu’aux huiles de l’administration Bush qui avaient tendance à prendre leurs désirs pour des réalités. La vérité est que, dans ce discours, au moins la partie concernant Zarkaoui avait été rédigée par deux responsables de la CIA après des semaines de discussions plus que houleuses avec les représentants de la Maison-Blanche sur ce qu’il fallait conserver ou supprimer.
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Dans l’Irak de Saddam Hussein, quiconque aspirait un poste de responsabilité, que ce soit proviseur, capitaine de police ou chef des services de renseignement, était obligé de rejoindre le partie basse. Il en était de même pour ceux qui voulaient entrer à l’université. En une nuit, plusieurs dizaines de milliers de professionnels et de bureaucrates expérimentés s’étaient retrouvés privés de leur emploi, et les responsables américains présents en Irak confrontés à deux problèmes colossaux. Le premier était l’absence totale de ce qui pouvait tenir lieu de forces de sécurité locale convenablement équipées pour assurer l’ordre et éradiquer les réseaux hors-la-loi. Le second est un vaste contingent de fonctionnaires irakiens aigris et bénéficiant de vastes réseaux, désormais obligés de se débrouiller sans salaire ni pensions.
 « Nous avons mis ces gens à la rue, des gens qui avaient les outils et savaient comment s’en servir », a raconté Richer, se remémorant son exaspération face à cette politique debaasification . « Nous les avons virés sans indemnités. Certains d’entre eux étaient dans l’armée depuis 15 ou 20 ans, et nous ne leur avons même pas laissé toucher la pension. »
C’est donc cette Irak en pleine réorganisation que Zarkaoui allait trouver à la fois une liberté de manœuvre et des alliés puissants, aussi désireux que capables de soutenir sa cause.
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 Des années plus tard, lorsque les responsables de la CIA disséquèrent les erreurs commises au cours des premiers mois de la guerre, certains furent stupéfaits des convergences si improbables qui avaient permis à Zarqaoui d’accomplir tant de choses en si peu de temps ; telle une graine apportée par un vent mauvais, le Jordanien avait atterri au moment idéal sur une parcelle de terre parfaitement préparée et pour lui permettre de prendre racine.
« Ce sol fertile, c’était l’Irak post-débaasification , a déclaré Richer. La pluie et le soleil, c’était l’inaptitude de l’autorité provisoire et la capacité des États-Unis à comprendre les Irakiens et leur culture. Tout cela a permis à Zarqaoui de germer et de prospérer.
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A l’égard de la minorité sunnite irakienne, le groupe censé être le plus favorable à sa cause, Zarkaoui faisait preuve du même mépris. Les sunnites n’avaient pas de chef et ils étaient divisés, « encore plus pitoyables que des orphelins à la table de dépravés. », disait-il. Même les soldats irakiens qui rejoignaient les djihadistes manquaient d’une réelle expérience des combats et aimaient mieux lancer des grenades ou tirer de temps en temps quelques obus de mortier plutôt que d’affronter directement l’ennemi.
« Nos frères irakiens préfèrent toujours la sécurité ; ils retournent dans les bras de leurs femmes ou rien ne leur fait peur. Certains groupes se vantent même parfois de ne compter aucun tué ni aucun prisonnier dans leur rang. Au cours des nombreuses réunions que nous avons eues avec eux, nous leur avons bien expliqué que sécurité et victoire sont incompatibles et que l’arbre du triomphe et du pouvoir ne peut pas pousser haut et fort sans le sang et la bravoure face à la mort. »
 Enfin, passant à la majorité chiite du pays, Zarkaoui se lance dans plusieurs pages d’une harangue pleine de ciel.
« Un obstacle insurmontable, un serpent à l’affût, un scorpion, l’ennemi qui nous espionne, un venin mortel », écrivai-t-il, enchaînant les métaphores. Il faut rejeter ce groupe religieux selon lui pire que le paganisme, « n’ayant rien en commun avec l’islam sinon à la manière dont les juifs ont quelque chose en commun avec les chrétiens sous l’appellation de « gens du livre ». Les Chiites avaient pour dessein de détruire la fois les sunnites et leur malice les avait amenés à s’allier aux occupants américains.
« Leur secte a pratiqué la félonie et la trahison à travers toutes les époques de l’histoire », déclarait Zarqaoui.
Faire de Bin Laden le destinataire d’une pareille diatribe était un choix étrange. Même s’il était lui-même sunnite, le fondateur d’Al Qaïda voulait être celui qui unifierait tous les musulmans et jamais il n’avait appelé à s’attaquer à des chiites innocents. En réalité, comme le savait déjà très probablement Zarqaoui, il avait même condamné cette pratique. Peut-être le Jordanien pensait-il pouvoir le faire changer d’avis, car il en venait ensuite au cœur même de son message : son projet d’une bataille où les gens mourraient en encore plus grand nombre. Cette campagne, prétendait-il, permettrait de remplir trois objectifs d’un seul coup : déstabiliser l’Irak, éradiquer une hideuse apostasie, Et, le plus important, obliger les sunnites à prendre les armes pour livrer une guerre qui aboutirait à leur libération (une guerre qu’il déclencherait lui-même, un «réveil de ceux qui sommeillent et une révolte des endormis».)
La solution que nous envisageons, et Dieu tout-puissant le sait mieux que quiconque, et d’entraîner les chiites dans la bataille, car c’est le seul moyen de faire durer le combat entre nous et les infidèles… Pour nous, la seule solution consiste à frapper tous les responsables chiites religieux, militaires et autres, coup après coup, jusqu’à ce qu’ils se soumettent aux sunnites. D’aucuns pourraient dire que, dans cette affaire, nous faisons preuve de précipitation et d’imprudence et que nous entraînons la nation [islamique] dans une bataille pour laquelle elle n’est pas prête, une bataille abominable ou beaucoup de sang sera versé. C’est exactement ce que nous voulons. »
 ¤¤¤
 À 10h, quasi simultanément, plusieurs explosions déchirèrent la foule, projetant des Shrapnels et des morceaux de corps humain. Tandis que les pèlerins, pris de panique, commencèrent à fuir, des obus de mortier, tirés à quelques centaines de mètres de là, tombèrent dans la cour et tuèrent plusieurs dizaines de personnes. Selon les conclusions de l’enquête, il y a eu une dizaine d’explosion et près de 700 victimes, dont 180 morts. Les responsables américains affirmèrent très vite que le responsable était probablement Zarkaoui. Moins de 24 heures après, le général John Abizaid, chef de l’armée américaine pour le Moyen-Orient, annonçait à une poignée de membres du congrès qu’il disposait de « renseignements reliant Zarkaoui » aux attentats de l’Achoura.
« Le niveau d’organisation et la volonté de faire des victimes parmi les fidèles innocents portent clairement la marque du réseau Zarkaoui », témoigna-t-il le 3 mars.
Beaucoup d’Irakiens cherchèrent les coupables ailleurs. Le plus éminent représentant du clergé chiite, l’ayatollah Ali Al Sistani, condamna les occupants américains qui avaient laissé la sécurité partir à vau-l’eau dans un pays qui, malgré tous ces problèmes, avait été jusqu’alors relativement stable. D’autres étaient persuadés que les États-Unis eux-mêmes se trouvaient derrière ces massacres, refusant de croire que des musulmans puissent commettre pareil atrocités.
Certains encore s’en prirent aux journalistes qui, aux yeux de certains, représentaient le symbole le plus tangible de l’Occident. À Bagdad, près du sanctuaire de l’imam Moussa Ak-Zakim détruit par les bombes, une irakienne dissimulée de la tête aux pieds dans son abaya noir poursuivit ainsi de reporters américains en hurlant des insultes : « pourquoi avez-vous fait ça, vous autres les Américains ? »
À peine une année s’était écoulée depuis que Zarkaoui était arrivé en Irak avec seulement quelques armes, de l’argent et ses ambitions. Ses objectifs déclarés consistaient à isoler et harceler l’occupant américain mais aussi à provoquer un conflit entre les communautés chiites et sunnites irakiennes. Il était parvenu à atteindre les deux et voilà que, de surcroît, les Irakiens tenaient les occupants pour responsables des violences qu’il avait lui-même déclenchées.
Comme il avait espéré, l’Irak était en train de sombrer dans le chaos, et certains oui allaient bientôt déployer une nouvelle tactique pour aggraver la misère dans le pays et horrifié le monde occidental. Mais il avait d’abord quelques affaires à régler. Il n’avait pas oublié le tout premier objet de sa haine : la Jordanie.
 ¤¤¤
 Bin Laden demeurait la figure de proue que l’on respectait, l’homme qui, des années auparavant, avait combattu les Soviétiques et conçu les attentats contre New York et Washington. Zarqaoui était maintenant salué comme le « Cheik des égorgeurs », le terroriste d’un nouvel âge, brutal, où la diffusion d’acte de boucherie sur Internet tenait lieu de tactique pour gagner le soutien des djihadiste les plus endurcis et semer la peur chez tous les autres.
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  À la consternation des islamistes du monde entier, la foule qui assiégeait le ministère du Caire ou à Benghazi manifestait peu d’appétit pour remplacer un tyran laïque par un tyran religieux. Place Tahrir, dans la capitale égyptienne, les slogans scandés par les manifestants allaient de la réclamation de meilleures conditions de vie ( pain, liberté, égalité sociale) à des expressions de fierté nationale (tête haute, tu es un Égyptien !). Même après l’élimination de Ben Laden le 11 mai 2011, il n’y eut aucun appel au Jihad et personne ne brandit la bannière d’Al Qaïda ou un portrait du chef terroriste que l’on venait d’abattre. D’ailleurs, les sondages indiquaient que, dans l’ensemble des pays musulmans, le soutien au mouvement terroriste connaissait un effritement régulier depuis 2004, soit précisément le moment où Zarqaoui avait commencé à monopoliser l’attention internationale avec ses vidéos de décapitation et ses attentats suicides. Le soutien aux attaques contre des civils musulmans, carte de visite de l’État islamique, s’était même effondré encore davantage.
(…)
Les lieutenants de Baghdadi étaient toujours capables de fabriquer des voitures piégées meurtrières et arrivaient encore à disposer d’une réserve constante de malheureux adolescents prêts à conduire un véhicule-suicide vers sa cible. Mais la vieille organisation de Zarqaoui était aussi crevée que le discours de ses chefs à propos d’un État islamique panarabe. Le groupe était au bord de la ruine. Il avait perdu son sanctuaire et sa liberté de mouvement, si essentielle pour communiquer, s’entraîner et s’approvisionner. Il cherchait à vendre une idéologie dont le monde Musulman semblait se moquer totalement. Cinq ans après la mort de Zarqaoui, l’État islamique dira qu’il était devenu ce que les organisations terroristes redoutent encore plus que leurs propres anihilation. Il était devenu hors de propos.
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 Un des responsables du camp a reconnu qu’à l’époque où Baghdadi y a séjourné, Camp Bucca, était à la fois dysfonctionnel et, du point de vue des militaires chargés de réprimer la rébellion sunnite, contre-productif. En rassemblant ainsi islamistes radicaux et irakiens ordinaires dans ce pénitencier sans foi ni loi au cœur du désert, les Américains avaient involontairement crée une « université djihadiste » qui allait contribuer à inculquer les préceptes islamistes à toute une nouvelle génération de combattants.
« Dans tout le camp, les extrémistes étaient mélangés aux modérés », a écrit en 2009 dans un article de la Military Review le capitaine de corvette Vàsilios Tasikas, qui était à la tête de l’administration juridique de la prison. « Les forces américaines ont malheureusement fait le choix d’un modèle de détention qui partait du principe que les détenus étaient « tous des méchants », qu’il fallait « entreposer » pour une durée indéterminée puis relâcher au hasard, par groupes constitués de façon arbitraire. Cette approche n’était pas seulement naïve et à courte vue, elle était également dangereuse, il était facile de prévoir qu’elle ne ferait que nourrir l’insurrection à l’intérieur même des barbelés. »
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Le Qatar, qui observait le conflit à 1800 km de distance, pouvait se permettre de jouer avec le feu. Pour le roi Abdallah de de Jordanie, tous ces hommes avec leur drapeau noir, leurs armes et leurs explosifs payés par les pays du Golfe étaient déjà dangereusement proches, à tel point qu’il arrivait parfois aux gardes-frontières d’être témoins des combats depuis leurs miradors.
Au cours de l’été 2012, les islamistes se rapprochaient encore un peu plus. Les services de renseignement jordaniens commencèrent à accumuler les rapports indiquant que les combattants armés s’introduisaient dans le pays avec, semblait-il, l’attention de propager la révolution dans le royaume hachémite. Pendant plusieurs semaines, les agents du Moukhabarat, observèrent ses infiltrés aménager des planques et stocker des réserves pour ce qui avait l’air d’être un plan d’envergure visant à frapper des cibles dans tout Amman.
Lorsque les conspirateurs furent quasiment prêts, le Moukhabarat passa à l’attaque. On rafla les suspects lors d’une série de raid au cours desquels l’on saisit des mitrailleuses, des mortiers, des voitures piégées et des explosifs passés clandestinement en Jordanie. A partir de cette information et de plusieurs interrogatoires, l’agence put reconstituer les grandes lignes d’un projet de plusieurs attentats simultanés contre les cibles civiles et gouvernementales, et comme l’ambassade des États-Unis ou un centre commercial de luxe en plein centre-ville. Si le plan avait abouti, il aurait fait plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de victimes.
Les hommes du Moukhabarat en avaient à peine terminé lorsque des troubles éclatèrent du côté de la frontière. Une patrouille jordanienne avait surpris une nouvelle bande d’islamistes qui tentait de pénétrer en Syrie. S’en sont suivi un échange de tirs nourri au cours duquel quatre insurgés avait été tués. Un soldat avait également trouvé la mort, devenant la première victime jordanienne d’une guerre civile syrienne qui durait depuis maintenant un an.
Le roi était furieux. Pendant des mois il avait prévenu tout le monde, les Américains, les Européens, ses alliés arabes et même Assad, des possibles conséquences d’une guerre civile en Syrie. Immanquablement, le brasier d’un conflit religieux ou ethnique finirait par déborder les frontières syriennes. C’est ce qui s’était passé en Irak, et maintenant cela arrivait de nouveau.
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« Parfois, il se passe une semaine ou deux sans exécution, puis il y en a soudain cinq d’un coup. Pour les citoyens ordinaires, il y a des amendes et des taxes pour tout : diriger une entreprise, garer sa voiture, ramasser ses ordures. Ils prennent notre argent et s’en servent pour payer le salaire des combattants étrangers. Les gens ont peur de faire quoi que ce soit parce qu’il risque de se faire exécuter. »
Mais ce qui troubla le plus Abou Brahim, ce fut le traitement que les nouveaux occupants de Racca réservèrent aux enfants de la ville. Après que l’État islamique eût pris le pouvoir, les écoles restèrent fermées durant plusieurs mois, et lorsqu’elles finirent par ouvrir, tout avait changé. Les anciens manuels et les programmes (l’État islamique les appelait les « livres des infidèles »), avait été jetés à la poubelle et pour être remplacés par de l’éducation religieuse. Pendant ce temps, des centaines d’enfants et adolescents devenus orphelins furent transportés dans des camps militaires pour apprendre à manier un fusil et conduire des camions piégés. Abou Ibrahim voyait parfois, dans des convois militaires, ces jeunes recrues de l’État islamique portant des armes et revêtus d’un uniforme trop grand pour eux.
« Certains de ces garçons avaient moins de 16 ans. Lors que les écoles ont fermé, il n’avait plus rien à faire. Ils voyaient tous ces gros durs avec leurs Kalashnikovs et ça leur faisait quelque chose. Il voulait devenir comme eux. »
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 Au cours des 10 années qui avaient suivi la création de son groupe, les disciples djihadistes de Zarqaoui avait été qualifiés de terroristes, d’insurgés puis de militants islamistes. Ils constituaient à présent une armée à part entière. À la fin du printemps 2014, les troupes de l’État islamique faisaient irruption dans la partie occidentale de l’Irak mais aussi dans la conscience de plusieurs millions de personnes à travers le monde. Progressant à une vitesse inouïe, l’État islamique écrasa quatre divisions de l’armée irakienne, s’empara d’une demi-douzaine d’installation militaire, dans la plus grande de l’ouest de l’Irak, et puis le contrôle d’environ un tiers du pays.
« Ce qui sont maintenant aux manettes sont d’anciens voleurs, d’anciens bandits ou appartiennent à des mouvements religieux sectaires », a déclaré Zaydan , évoquant la clique qui exerçaient le pouvoir depuis l’élection particulièrement serrée du premier ministre Nouri Al-Makili en 2010. « Les Américains ont commis beaucoup de mauvaises actions dans la province d’Anbar , mais ils n’ont jamais tué de gens à l’intérieur des mosquées, ils ont respecté notre religion. Ce n’est pas le cas de ceux qui sont avec les Iraniens. Ils veulent se débarrasser de tout ce qui porte le nom de sunnites. Je ne dis pas que les Américains étaient parfaits, mais ils valaient mieux que ces gens-là.
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digital-strategy · 6 years
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A RETENIR CETTE SEMAINE  :
On se souvient : en 2016, Facebook avait avoué avoir surévalué son audience vidéo. Entretemps, nombre de rédactions avaient entamé leur “pivot to video”, la vidéo (virale et sociale) semblant la clé pour la survie des rédactions, malgré des chiffres contradictoires. Mais des annonceurs américains ont porté plainte contre Facebook l'accusant de les avoir trompés en ayant gonflé ses performances publicitaires sur les vidéos. Les plaignants avancent que l'indicateur de Facebook était en réalité faussé de 150 à 900 % (au lieu des 70 avoués), et que Facebook a délibérément attendu plus d'une année avant d'admettre cette irrégularité. Le pivot des médias vers la vidéo a-t-il été provoqué par ces chiffres bidons de Facebook ? 
This is especially maddening because the “pivot to video” is not, as this proves, necessarily a consumer-led initiative. This is more likely behavior being forced on us by pressure from advertisers who prefer video ads to avoid ad-blockers and guarantee viewability. https://t.co/NKgTf7P6qG
— Phillip Picardi (@pfpicardi) 17 octobre 2018
Certains estiment que ces mensonges ont coûté leurs emplois à des centaines de journalistes tandis que Facebook dément avoir caché la vérité. D'autres éditeurs affirment, que leur bascule vers la vidéo n’a pas été (uniquement) influencée par Facebook. Une preuve supplémentaire en tout cas (s'il en fallait une) qu’il ne faut pas vouer une confiance aveugle aux données publiées par nos "frenemies". La série de scandales n'empêche pas la firme de Menlo Park de vouloir brancher une box équipée d'une caméra sur la TV de notre salon. Et surtout de nommer en fin de semaine son nouveau lobbyste en chef, Nick Clegg, ex vice-premier ministre britannique chargé de réparer son image (tout en gagnant une fortune!) tandis que le New York Times demande à Facebook d'arrêter aussi de compter sur les journalistes pour nettoyer son mess systémique.
Pendant ce temps, l'action Netflix s’envole en bourse : Netflix a gagné près de 7 millions de nouveaux clients au 3ème trimestre !  Mais les conditions de travail dans l'entreprise et la culture interne font l'objet de questionnements. 
Un milliardaire tchèque (déjà propriétaire de Marianne, Elle, Télé 7 jours…) veut aussi racheter Le Monde. 
3 CHIFFRES
61% des Français utilisent un assistant vocal plus ou moins occasionnellement, 19% sont des utilisateurs réguliers
10 milliards $ - c’est la somme que l’Arabie Saoudite a investie dans les start-ups de la Silicon Valley depuis 2016
77% des internautes français ont consommé au moins un bien culturel dématérialisé au cours des 12 derniers mois
LE GRAPHIQUE DE LA SEMAINE (en partenariat avec Statista)
Vous trouverez plus de infographies sur Statista
Le patron de Google justifie son retour en Chine par l’incroyable potentiel de l’Internet chinois. En effet, d’après le CNNIC, le nombre d’utilisateurs d’Internet en Chine a passé la barre des 800 millions en août. En comparaison, c’est déjà près de 100 millions de plus que dans l’ensemble de l’Europe alors que le taux de pénétration en Chine n’est que d’environ 58 %. 
DIGNE DE VOTRE TEMPS
Écrans, environnement, consommation... et si le problème, c'était nous ?
La blockchain - un désert sémantique ?
Le Deep Fake va-t-il détruire la démocratie ?
Pourquoi notre capacité à nous projeter dans le futur est menacée
Vers 3 Internet séparés
DISRUPTION, DISLOCATION, MONDIALISATION
Futur de la TV: six scénarios
Les télés britanniques veulent continuer à être trouvées sur les écrans
Quand les TV locales US se mettent aux séries numériques pour ... Facebook et YouTube 
Conseil de Netflix aux TV : concentrez vous sur l’info et le sport, laissez tomber le reste !
Android : Google va faire payer les constructeurs de smartphones en Europe
Les acteurs désormais immortels
Les créateurs de la série Sherlock vont produire une mini-série Dracula pour la BBC et Netflix
Comme Amazon, Walmart se met au cinéma
Amazon se lance dans l'immobilier
Orange investit dans une nouvelle série internationale
Ralentissement spectaculaire de la croissance mondiale de l'accès à Internet
Les transports en 2045
USAGES ET COMPORTEMENTS
Vous voulez rajeunir de 10 ans, essayez Twitch
SVoD : nette accélération des usages en France
Chute du visionnage vidéo sur Facebook
TV payante : Netflix passe devant Sky en Allemagne
En Chine aussi, lnternet dépasse la TV
Le pouvoir caché du design de récompense
Adobe lance une interface de design de conversation
Le nouveau palm, tout petit, pour vous faire oublier les smart phones
SURVEILLANCE, CONFIANCE, DONNEES
Facebook reconnaît que son écran Portal peut vous espionner  
Instagram a un problème de harcèlement
Facebook utilisé en Egypte pour oppresser les femmes
Nouveau record pour DuckDuckGo, l’anti-Google américain
Twitter visé par une enquête liée aux données personnelles
Twitter a une nouvelle technique contre les trolls
Apple fait la chasse aux arnaques sur l’App Store
LEGISLATION, REGLEMENTATION
Netflix critique les quotas européens
PLATEFORMES VIDEOS, OTT, SVOD
SVoD: Netflix et Amazon laissent vraiment peu de place aux nouveaux entrants ; ITV en lancera quand même une l'an prochain
MTV s’associe à Facebook Watch
Le futur du sport live sur l'OTT
YouTube lance un partenariat avec Eventbrite pour aller voir des concerts en vrai
Hulu veut un bouquet encore plus simplifié
FuboTV indique près de 250 000 abonnés à son service de streaming TV
Vudu de Walmart utilise des émissions originales pour se démarquer sur un marché vidéo saturé de publicités
STORYTELLING, NOUVEAUX FORMATS
Ce que les journalistes de la presse écrite peuvent apprendre des podcasts
IMMERSION, 360, VR, AR
Une start-up norvégienne va proposer un casque d’AR à 99 $
Jaunt abandonne la VR pour l’AR
FAKE NEWS
Twitter suspend des centaines de comptes dont certains saoudiens
Twitter dévoile des millions de tweets liés à la Russie et l’Iran
Pen America porte plainte contre Trump pour usage de fonds publics contre la presse
Les fausses infos perdent du terrain sur Facebook ; Facebook parviendra-t-il à stopper les fake news ?
Mid-terms : Facebook censurera les contenus faux sur le mode de scrutin
Les militaires birmans seraient derrière les faux posts Facebook
Une #IA du MIT pour effacer n'importe quoi (ou n'importe qui) sur vos photos
JOURNALISME
Londres condamne les propos de Trump approuvant la molestation de journalistes
Les méthodes du NYTimes pour identifier un proche du prince héritier saoudien #Kashoggi
La protection des sources, mission impossible sous Trump ?
La blockchain à l’épreuve du journalisme
AUDIO, PODCAST, BORNES
Les charts des podcasts d’Apple bidonnés
Spotify va aider à mettre la musique sur d’autres plateformes
Après le NYT, Slate est le prochain média à se lancer dans un podcast quotidien
DATA, AUTOMATISATION, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, BLOCKCHAIN
Le MIT va ouvrir une nouvelle université dédiée à l’IA 
Baidu rejoint le programme Partnership on AI
Le Congrès américain se lance dans la régulation de l'Intelligence Artificielle
5G / TELCOS
5G : la multiplication des antennes pose problème
Samsung acquiert la start-up d'analyse de réseau Zhilabs pour l'aider à passer à la 5G
PUBLICITE, MONETISATION
La levée de fonds de CIVIL n'atteint pas son objectif de 8 millions de dollars
YouTube permet à ses annonceurs de cibler la télévision
Facebook veut jouer la carte de la transparence pour la publicité politique
Mode d’emploi pour gagner des abonnés
L’effet Facebook : le marketing temps réel
Le New York Times se lance dans un abonnement en commun avec Scribd
Comment faire de l'argent neuf avec des vieilles vidéos ? 
TECH, STARTUPS, SMART
Avec Watch GT, Huawei abandonne Google pour son propre système d'exploitation
Apple acquiert la start-up d'analyse de musique Asaii
EDUCATION, FORMATION, MOOC
La narration sur Twitter
OUTILS
Un drone commandé par Apple Watch dans les boutiques
Réalité augmentée : Adobe présente de nouveaux outils de dessin
  Retrouvez la sélection des outils Méta-Media sur jTools
ES avec l’équipe Méta-Media
  via Meta-media | La révolution de l'inf...
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droitaerien · 6 years
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L’Arabie saoudite se positionne pour l’achat de 48 Eurofighter Typhoon
https://www.aerobuzz.fr/breves-defense/larabie-saoudite-se-positionne-pour-lachat-de-48-eurofighter-typhoon/ BAe Systems a signé avec l’Arabie saoudite un protocole d’accord qui pourrait déboucher sur l’achat par Riyad de 48 Eurofighter Typhoon. La finalisation de cet accord apporterait une bouffée d’air à au programme de l’Eurofighter et à BAe Systems où 2.000 emplois sont sur la sellette.Lors de la visite du prince héritier saoudien Mohammed bin Salam ces derniers jours en(...) L’article L’Arabie saoudite se positionne pour l’achat de 48 Eurofighter Typhoon est apparu en premier sur Aerobuzz.
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michaelammounblog · 4 years
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Projet NEOM : Le nouvel Islam des Saoud
Porté par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (#MBS), le plan #Vision2030 s’affiche officiellement comme un programme de modernisation socio-économique afin de réduire la dépendance à la rente pétrolière et de diminuer les dépenses publiques. En réalité, il est une voie nécessaire en vue de préparer l’opinion publique musulmane à accepter naturellement le projet #NEOM. En ce sens, le prince héritier entend s'appuyer essentiellement sur  la jeunesse et les femmes pour mener à bien sa révolution qui sera principalement basée sur la promotion de la culture et des loisirs. Le programme prévoit la création de bibliothèques, de musées, de salles de spectacles et de lieux de divertissement. Le royaume saoudien a ainsi exprimé son intention d'investir 64 milliards de dollars dans la culture et le divertissement au cours des dix prochaines années. Ces derniers mois, des changements notables ont déjà été constatés dans ce domaine. Tout d’abord, une décision historique a été prise : l’Arabie saoudite, seul  pays au monde qui interdisait aux femmes de conduire, va finalement les autoriser à prendre le volant, selon un décret royal qui doit entrer en vigueur à partir de juin 2018. La décision de lever cette interdiction survient après que les Saoudiennes ont été autorisées à célébrer la fête nationale dans un stade, une première dans le pays. Hommes et femmes ont dansé dans la rue au rythme de percussions et de musique électronique ; des scènes inédites dans ce pays. On constate également ces derniers mois la multiplication d'événements pour la jeunesse comme des concerts de musique, des festivals ou autre. L’Arabie a également levé récemment l’interdiction qui frappait les salles de cinéma, annonçant commencer à accorder des licences et que les premiers cinémas devraient ouvrir leurs portes en mars 2018. Autre révolution, l’ouverture du royaume au tourisme non-religieux. Ainsi, le 19 décembre dernier, le prince Sultan ben Salmane ben Abdelaziz, en charge du secteur touristique saoudien, indiquait que l’Arabie saoudite allait délivrer des visas de tourisme dès le premier trimestre de la nouvelle année 2018. Ryad avait également annoncé le 1er août le lancement d’un projet touristique d’envergure consistant à transformer une cinquantaine d’îles de la mer Rouge en stations balnéaires de luxe, qui devrait générer jusqu’à 35.000 emplois. Par ailleurs, le projet NEOM comprend également un important volet touristique. Le royaume se prépare donc, à travers ce plan Vision 2030, à entrer de plain-pied dans une ère nouvelle qui se concrétise pleinement avec le projet NEOM. Il est également important de savoir que NEOM sera un territoire doté de ses propres règles et non pas régi par les lois en vigueur dans le reste du pays. Cela entraînera certainement la possibilité de voir se développer dans cette zone tout ce que comportent les sociétés dites modernes occidentales comme divertissements dégradants et normalement prohibés dans toute société musulmane : alcool, jeux de hasards ou encore prostitution. Nous avons laissé le meilleur pour la fin, avec un événement de poids : En octobre 2017, le monde entier découvrait le visage de Sophia, le premier robot humanoïde à être reconnu citoyen d’un pays. Ce pays n’est pas le japon, les USA, ou un autre pays expert dans le domaine de la robotique ou de l’IA, mais il s’agit bien de l’Arabie saoudite ! On ne peut comprendre ce déferlement médiatique à propos de ce robot et faire le lien avec sa nationalité que si l’on rapporte cet événement au projet NEOM, qui d’après ses promoteurs, sera dirigé par une IA et comportera plus de robots que d’habitants. Ce sera justement le sujet de notre prochaine vidéo sur le thème de L’IA et de l’ordinateur quantique. Site Web : https://projet-neom.com/
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zorbascreations · 7 years
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MARSEILLE: A quoi rêvent les filles de la Casté?
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Elles s’appellent Anissa, Amel, Karina et Gheslene, ont entre 18 et 23 ans et ont grandi à la Castellane. Grand ensemble des quartiers Nord de près de 8000 habitants, la cité est une légende en clair-obscur. Berceau de Zidane et théâtre ultra-médiatique du trafic, petite société faite d’entraide et de règles tacites. Ici, le quotidien que ces filles nous ont ouvert est fait de galères de chômeuses, d’amitiés adolescentes et de normes religieuses. Tiraillées entre des modèles contradictoires, elles nous ont partagé leurs rêves du bout des lèvres.
 Acte I : Née à l’envers
 Comme les garçons, certaines filles de la cité de Zidane rêvaient d’être footballeuses. C’est le cas d’Amel.
 Il y a l’école du haut et l’école du bas. Comme dans tous les villages, à la Castellane, les enfants des deux établissements voisins se font la guerre. Et au pays de l’OM, l’honneur se gagne à coups de ballons. À ce jeu, l’école du bas a un grand atout  : une petite brune fluette, Amel, 12 ans. Depuis qu’elle sait courir, son père, Mahfoud, « grand athlète en Algérie, entraîneur ici » emmène sa deuxième fille au foot. « J’ai tout misé sur elle. » Amel était « un garçon » pour tout le monde. « Dans la famille, on est nées à l’envers », résume Anissa, la petite soeur d’Amel, qui court aussi vite que les garçons.
Toutes les semaines, Mahfoud s’égosille sur le bord du terrain. « Lâche la balle Amel, fais des passes. » Amel court vite et tire juste, elle impressionne son monde, mais elle « aime trop manger le ballon ». Son poste préféré, c’est milieu de terrain, « pour être devant, derrière et sur les côtés ».
En grandissant, elle et ses copines de foot ont monté leur propre équipe de filles à la Casté. A 16 ans, elle est sélectionnée pour passer les détections de l’OM. « J’étais peut-être la meilleure des quartiers Nord. » Mais ça ne passe pas. Amel, 21 ans, en garde un survêtement bleu et blanc en cadeau et un souvenir amer : « Il fallait avoir du piston. Après ça j’ai tout arrêté ». Tant pis, elle deviendra pas Cristiano Ronaldo. L’équipe féminine de la Casté s’éteint derrière elle.
Alors, après le collège, Amel a voulu travailler dans le bâtiment, comme son père, qui a coulé des routes dans le voisinage. « J’aimais trop ça. Dans l’appartement j’ai installé les lustres, refait la peinture de la chambre de ma mère. » Amel aide tout le monde dans le quartier, et c’est une bosseuse, tout son entourage le dit. Mais elle n’a pas pu finir son CAP électricité au lycée professionnel de l’Estaque. « Je n’ai pas trouvé de stage. Personne ne voulait d’une fille dans ces métiers-là. » Pas étonnant qu’Amel se dit aujourd’hui qu’elle aurait préféré être un garçon.
Acte II : Fille facile ou thugs
 Pour les filles qui ont grandi dans le quartier, la réputation est un bien précieux. Et pour la garder, il faut choisir : rester discrète ou gagner le respect des garçons.
Photos de la Castellane (le “royaume”)
 À la Castellane, tout se sait. « Si tu veux faire des trucs pas bien, tu sors du quartier ». Karina, l’amie d’enfance d’Amel, nous explique qu’une réputation de « fille facile » peut vite vous coller à la peau. A la puberté, il suffit de sortir en boîte, boire de l’alcool ou juste de traîner dehors avec la gent masculine.
« Chez nous, c’est pas comme chez vous. On ne fréquente pas les garçons. », nous expose Karina, pédagogue.  Au moins pas devant tout le monde. En primaire et au collège, Anissa, la soeur d’Amel, jouait sans problèmes dans le quartier, ses cours et ses cages d’escalier. Après le lycée, elle a préféré « faire sa vie » ailleurs, courir ou pédaler jusqu’à la plage de Corbière, rester chez elle ou chez ses copines. Ses potes d’enfance, elle ne les a plus revus. Certains garçons sont rentrés dans les réseaux. « Ceux-là ne se rendent pas compte qu’ils sont déjà morts. »
Mais Amel et Karina, “les garçons manqués” du quartier, les amies de foot, sont plus longtemps restées dehors, dans les bandes de mecs. Elles y ont acquis une réputation, pas de “filles faciles”, mais de “thugs”, de dures qui n’ont peur de personne, savent se battre et sont restées vierges. “On en est très fières”, se vante Karina. Elles parlent de la Castellane comme d’un royaume qui leur appartenait, où on pouvait se balader en claquettes et faire tout à pied, de la mer au centre commercial Grand littoral, principale activité du coin. Mais Amel préférait sa moto pour faire les 400 coups. « J’aimais trop sortir, j’étais tout le temps dehors.  »
Elle parle au passé. Il y a quatre ans, un des amis de Karina est tué dans un règlement de comptes. « Je me suis dit que je pouvais mourir à tout moment sans m’être repentie.” Tout à coup, sa vie d’adolescente lui apparaît comme une série de pêchés mortels. Karina prend le voile. Amel aussi réfléchit. Plus jeune, elle se fichait un peu de la religion de sa mère, l’islam. Mais entre temps, elle a eu de longues et apaisantes discussions sur le Coran avec son amie Coralie, une ” Française” convertie au salafisme, rencontrée en bossant chez Leader Price.
Virée tout à coup du supermarché, elle dit qu’elle  “tourne en rond”, dans sa vie et dans sa cité, traîne toute la journée chez elle en survêtement. Perdue, elle cherche un absolu, et le trouve dans l’islam. « Prier, ça me fait du bien. Et ça m’aide à prendre des décisions. »
Amel dit qu’elle ne traîne presque plus dans le quartier. Pourtant, ses amies la surnomment toujours bololo -- “ça veut dire chauve-souris en kabyle”-- parce que la nuit l’appelle parfois. Elle prend alors sa voiture pour sortir de la Casté, regarder les lumières de la ville. Elle teint toujours ses cheveux en rouge vif mais avant de sortir, elle les couvre d’un jilbab. Le même que Karina. C’est un voile saoudien à la mode chez ses copines “hijabistes” du coin. Noir, souple et facile à enfiler, il la couvre des cheveux aux cuisses. Il l’aide à “mieux se comporter”, lui vaut un certain respect des hommes de la cité, et à l’extérieur, quelques regards de travers. Elle l’a acheté à la boutique du coin, avec un sarouel en élasthane.  « C’est génial, en dessous je peux être en pyjama. » La plupart du temps, elle le porte sur son éternel survêtement de foot, avec des baskets à la mode. Son voile accentue encore sa démarche chaloupée. Et ça la fait marrer : « J’ai pas trop l’air d’une thug comme ça ? »
Interlude : Chafia n’a peur de personne, sauf de Dieu
 Chafia est la mère d’Amel et d’Anissa. Cette kabyle de 49 ans habite la Castellane depuis 25 ans. Avant ça, elle était “en face”, en Algérie. Devenue vraiment pieuse vers 35 ans, l’islam a été pour elle un moyen de se renforcer et de s’émanciper. Elle travaille et vit sans son mari depuis sept ans. Et comme ses filles, elle n’a peur de rien :  elle a voulu accueillir chez elle deux jeunes journalistes pendant une semaine, malgré les pressions extérieures. Ici, c’est Chafia qui se raconte à elle-même.
 Tout le monde ici dit que tu es forte. Sûrement parce que tu as eu quatre enfants loin de ta famille, perdue à Marseille. C’est ton quartier et l’entraide dans ta communauté qui t’ont soutenue. C’est surtout ta religion, la plus belle de toutes, qui te donne du courage aujourd’hui. Le soir tu dors à poings fermés. Rien ne sert de s’inquiéter car tout est écrit là-haut. Tu n’as peur que du Jugement dernier et du châtiment de la tombe. Pour aller au Paradis il ne faut pas trop aimer l’argent, la musique, la vie. Il faut beaucoup penser à la mort : à vingt ans, ici on meurt, et les vieux meurent aussi.
Tu aimes bien raconter cette histoire, c’est ta légende à toi, Chafia la sans-peur. Ce matin-là c’était un matin comme les autres. Tu t’étais levée tôt, 5h30, pour aller travailler. Tu fais des ménages à l’école du coin. C’est fatiguant et mal payé, 300 euros le mois, mais ça te permet d’être indépendante. Ça te rend heureuse. Tu aimes mieux ta vie aujourd’hui que quand tu étais mariée, coincée entre quatre murs avec les enfants. Tu vois tes amies, tu vas à la plage avec elles et tes enfants et tu apprends l’arabe à l’école coranique. Tu as décidé de te séparer de ton mari parce que, dans l’islam, personne n’est forcé de rester avec quelqu’un qui ne respecte pas Dieu et son conjoint.
Tu travailles seule, tranquille. Vers 7 heures, comme tous les jours, tu as prié dans le silence des locaux. A ce moment là, c’est toi et Dieu direct, et tu te sens bien.
A 8 heures tu es rentrée, tu as écouté des sourates dans ta cuisine. Ta fenêtre donne sur la mer et les montagnes. Ça ressemble trop à l’Algérie, à ton village natal. A ce moment-là, tu entends des cris terribles. Il y a un homme dans ta cour, un journaliste, tu penses, parce qu’il a un appareil photo. Il se fait frapper par trois ou quatre jeunes. Ça te met hors de toi, l’injustice, alors tu ne réfléchis plus. Tu sors de ton appartement, descends les escaliers quatre à quatre. Tu te plantes face à eux et cries, tu prends à parti tous ceux qui regardent la scène sans bouger : “Vous n’êtes pas des hommes, vous n’êtes pas des hommes”. Alors, tu te rends compte que tu es pieds nus dans la cour. Mais tu n’as pas honte, tu as honte pour les autres, les lâches.
Acte III : Gheslene a de l’ambition.  (mise en page : lettres en face, commencent ici)
 + Photo Pôle emploi et Ghislaine/conseillère (montage)  
 Légende : Flambant neuf, le Pôle emploi Mourepiane est illuminé en rouge et bleu la nuit.
 Le principal problème des jeunes de la Castellane, filles ou garçons, c’est le chômage, qui touche plus de la moitié d’entre eux. Même les filles, généralement plus sérieuses à l’école et plus diplômées ont été pour beaucoup orientées dans des voies de garage. Pour ces dernières, les formations proposées à Pôle emploi sont le seul moyen de trouver du travail.  
 Une session du club ambition de Pôle emploi, un plan d’insertion destiné aux jeunes de moins de 25 ans qui n’ont pas le bac. Trois participants sont assis autour d’une grande table. La conseillère, debout, mène la discussion.
 Gheslene, 23 ans, vient de la Castellane, mais ce n’est pas écrit sur son CV. Elle a un CAP d’aide à la personne mais veut devenir vendeuse. Ça fait un an qu’elle cherche du travail, en vain.
Leyla, 21 ans, habite à Plan d’Aou, une cité du coin : sympa, elle rigole fort et fait son show. Elle voudrait être videuse parce qu’elle ne trouve rien dans la vente.
Jean-Louis, 19 ans, est un taiseux. Il porte un t-shirt de foot qui moule ses muscles, même s’il préfère la boxe. Il cherche un job alimentaire et on lui a proposé d’être videur.
 Conseillère, à Gheslene : On fait un point sur vos recherches d’emploi. Alors cet entretien à Bijou Brigitte, Gheslene ? (elle prononce Jislaine mais ça se dit Rhizlaine).
Gheslene : Je l’ai pas trop bien senti. En plus il y avait une pile de CV comme ça���
Conseillère : Ah bon ? Il y a quelque chose en particulier qui aurait pu coincer ?
Leyla : Elle est arrivée à l’entretien elle a dit « je suis là, Hamdoullah » (rires).
Gheslene : Non, mais avec tous les CV, je me suis dit « il vont prendre un bac plus… »
Conseillère : Hmm…ça t’a fait peur. Est-ce que tu as su te vendre ? Tu te rappelles d’une question en particulier ?
Gheslene : Ils m’ont demandé en quoi consistait le travail d’une vendeuse. J’ai répondu : à vendre.
Conseillère : Ah bon? Mais il y a d’autres choses non ?
Leyla : Moi j’aurais dit « satisfaire le client ».
Gheslene : Bien sûr mais eux ce qu’ils veulent c’est faire du chiffre, je veux dire, de leur point de vue.
Conseillère : Bon, je vais les rappeler pour savoir et insister un peu sur ton profil, avec les aides que tu peux avoir, emploi d’avenir, etc. Et toi Jean-Louis, si on te demande pourquoi tu veux être videur à ton entretien de vendredi tu réponds quoi?
Jean-Louis, air stupéfait : La vérité : pour l’argent, Madame !
Leyla : Mais non, il faut répondre « parce que je suis sociable, rigoureuse, et que j’aime la sécurité » (ton satisfait avec une pointe de second degré).
Conseillère : Bon on va remplir ce questionnaire (elle distribue des cahiers rose et blanc “organiser sa recherche d’emploi”) : est-ce que ça vous est arrivé de chercher très longtemps et d’abandonner?
Leyla  : Il faut dire que non, même si en vrai ça nous est arrivé ?
Conseillère : Vous avez le droit d’être découragé…
Leyla : Donc on dit oui !
Gheslene : Arrête de couper la parole, il faut attendre que la conseillère nous corrige parce que c’est son métier. 

Leyla, faussement énervée : Oh, tu te crois où toi?

Gheslene, fière : Je suis la patronne ici.
 “Chère moi du futur”
 Pour notre magazine, Gheslene, Anissa et Amel ont écrit des lettres à celles qu’elles seront dans dix ans. Et c’est déjà loin. Difficile d’après elles de se projeter dans l’avenir. Anissa le dit bien  : “Il y a des grands rêves et des rêves de proximité”.
 En face de “Acte III” Gheslene habite la tour K, qui abritait un des plus gros réseaux de trafiquants de la cité et doit être rasée en 2017. Aujourd’hui, elle aimerait bien être relogée “dans un endroit plus calme”, et sans ses parents. Elle se sent enfermée dans ce quartier et veut faire le tour du monde. Mais pour ça, il lui faut un boulot “qui lui donne envie le matin”. Gheslene a été très enthousiaste au moment d’écrire cette lettre. Elle l’a envoyée à sa conseillère Pôle emploi.
 Salut Gheslene,
 J’espère que ça va et que tu es toujours de ce monde, à 33 ans. Tu es peut-être, je le souhaite, à la tête de la boutique de vêtements de tes rêves. Belle, design, spacieuse, au top.
Si c’est le cas, sois une bonne patronne, rigoureuse, encourageante, proche de tes employés, mais pas trop.
Rappelle-toi ta première expérience de vendeuse chez Undiz, la boutique de sous vêtements (ça existe encore?) aux terrasses du Port de Marseille. C’était l'époque des culottes Batman et des maillots Bob l’éponge. Tu t’étais donnée à fond, ta motivation surpassait ta fatigue d’être debout toute la journée.
Mais pour certaines collègues vendeuses tu te résumais à « la fille des quartiers Nord ». Elles avaient dû voir « Castellane » sur ta carte d’identité. Résultat, au bout d’une semaine, un message froid de ta responsable sur ta boîte vocale, qui ne t’avait pourtant rencontrée que le jour de l’entretien : « Ne reviens pas ».
Aujourd’hui, tout ça c’est du passé. Au moment où je t’écris, c’est encore un peu difficile mais les portes commencent à s’ouvrir pour toi. Tu vas à la mission locale, à Pôle emploi, tu frappes à toutes les portes. Tu as eu eu quelques entretiens et ça va marcher.
Maintenant, tu habites peut-être dans une maison, une petite résidence. Pas forcément la villa à Will Smith, ok. Mais un petit chez toi sympa, tranquille, convivial comme toi. Douce, comme dirait ta conseillère Pôle emploi. Tu as peut-être quitté la Castellane il y a neuf ans, au moment de la réhabilitation, pour habiter avec ta petite soeur.
Est-ce que tu continues à t’intéresser à la psychologie ? Il y a dix ans tu aimais beaucoup ça, tu pensais que c’était un moyen d’aider plein de personnes. Si tu avais pu, tu aurais fait des études là-dedans. Mais c’est vrai que tu as l’habitude de changer de lubie souvent. Et pourquoi pas dans le sport. Tu aimes vraiment tout.
Si ça se trouve en fait, t’es pas du tout patronne de prêt à porter, t’es une grande psychologue à la renommée internationale et une athlète du 100 mètres.
En face de : épilogue Amel avait du mal avec l’exercice. Le chômage l’a cassée. “Je ne sais même pas ce que je vais faire demain, alors dans dix ans...”  La semaine où nous étions là, elle cherchait simplement à se marier à un bon musulman “mais ça ne vous intéresse pas, que j’écrive ça, non?” Mais elle l’a fait, seule et dans la nuit, comme un pur exercice de fiction.
 Salut Amel,
 J’espère que tu vas bien et que tu es toujours en vie inch’allah. Tu as aujourd’hui 31 ans, et tu es peut-être humoriste. Si c’est le cas, sois une bonne comédienne, fais-nous rire.. Rappelle-toi de ta première expérience, quand tu faisais des vidéos très marrantes sur des réseaux sociaux, c’était l’époque de Facebook, de Snapchat..
Ça a très bien commencé, sauf qu’il y avait des commentaires “tu ne vas jamais percer dans ce domaine”. Mais toi tu n’as jamais baissé les bras, car c’était ton but de percer dans ce domaine-là. Tu as continué tes vidéos sur les réseaux sociaux. Les gens partageaient tes vidéos jusqu’au moment où un homme t’envoya un message sur Facebook. Il se présenta et il te dit que c’est un ami intime de Jamel Debbouze, qu’il te contactera pour intégrer le Jamel Comedy club. Tu en as parlé à tes amis, ils étaient fiers de toi et ils t’encourageaient. Tu as joué dans le Jamel Comedy Club, le public te trouvait très drôle.
À la fin de ton passage, Jamel Debouzze t’a invité à le rejoindre pour ton nouveau sketch au Marrakech du rire.  Tu étais la plus heureuse du monde.
Si ça se trouve, en fait t’es pas du tout humoriste, t’es mariée et tu as beaucoup d’enfants.
 Anissa, 18 ans, est la soeur d’Amel. Indépendante, discrète et sportive, elle passe le bac technologique cette année, au lycée Nord, à côté de la Castellane. Elle aurait préféré aller à Mongrand,dans le centre-ville. Si elle n’a pas le bac, elle fera une formation à Pôle emploi. Si elle l’a, ce sera un BTS, n’importe lequel. Comme beaucoup de filles ici, elle aimerait monter son entreprise. Fan de séries américaines, elle rêve de vivre au pays de la liberté.
Chère Anissa de 28 ans,
 Tu habites aujourd’hui dans le sud de Marseille chez les « Français ». Tu as une grande maison, avec un jardin, mais pas la peine d’avoir une piscine parce que tu es au bord de la mer. Et des panneaux solaires, parce que tu es très économique et écologique. Autour de toi, tout le monde roule en Segway et en hoverboard. Et en vélo surtout. Peut-être qu’il y a même des trucs volants, mais qui ne polluent pas.
Tu gagnes ton propre argent, pour ne dépendre ni de ta mère, ni de ton père, ni de tes voisins. Tu es chef d’entreprise, parce que tu n’aimes pas te faire dominer. Dehors ou à la maison c’est toi qui décide. T’as pas eu ton bac il y a 10 ans, mais pas grave, tu as poursuivi tes rêves. Tu as monté ton entreprise de mode.
Déjà, à 18 ans, tu rêvais d’être styliste, d’avoir ta propre marque. Ne l’oublie pas. Sois déterminée, continue de te lancer des défis. Comme au sport, ne lâches jamais.
Ton grand rêve, c’est de quitter la France pour aller dans un pays étranger, comme les US. Là-bas, tu parleras anglais. Tu pourras voyager, découvrir d’autres cultures. Tu habiterais à Los Angeles, New York, Hawaï où tu apprendrais le surf. Peut-être que tu es déjà là-bas. Tu serais partie à 18 ans pour faire fille au pair, et tu y serais restée. Tu aurais aussi une maison au bord de la mer, mais ce serait l’océan.
Epilogue : Aujourd’hui, Amel veut se marier
 On a assisté au spectacle d’Amel dans son salon. La jeune fille a pris l’habitude de faire le pitre et espérait plus jeune percer sur internet. Aujourd’hui, après un an de chômage, elle veut surtout être une bonne épouse. Et, comme ses copines croyantes, aller au Paradis.
 “J’ai un sheitan en moi, et il s’appelle Antoine”. Amel guette la réaction sur le visage des deux jeunes journalistes qui squattent son appartement. Un mélange d’amusement et d’incrédulité d’abord. “Je vous jure, il y a deux ans et demi, des imams me l’ont dit : ‘Tu es possédée par un démon qui s’appelle Antoine -- ça doit être un Français, du genre blond aux yeux bleus’. Et il est amoureux de moi. ” Amel joue à fond, elle roule des yeux et part d’un grand rire fou. Ca y est, les journalistes y croient et elles ont les boules. Elles crient : “Arrête Amel, c’est vrai ? Arrête !” Et Amel est ravie de les faire marcher.
 “Vous vous êtes faites avoir. Mais peut-être qu’elle a vraiment un sheitan. Il faudrait qu’elle voit l’imam pour savoir”, rigole son amie Gheslene. La jeune fille croit à ces êtres surnaturels dont parle le Coran, qui possèdent les hommes pour les empêcher de bien se comporter, et fuient avec la prière et les invocations.
Mais pour l’heure, Antoine n’est que le double dingo d’Amel, surnommé comme ça par ses amies. Car son grand truc c’est de faire le show, chez elle, dans sa voiture ou sur les réseaux sociaux. Tous ses amis le disent, sa mère aussi : “Amel est folle. Avec elle, on rigole !” Toute la journée, Amel poste des photos et des vidéos sur Snapchat, où elle joue tous les personnages : Batman avec son voile, l’animateur de Skyrock, la cagole trop maquillée. Et avec talent.
“Je voulais devenir comédienne, faire des vidéos Youtube. Ça aurait trop marché je pense. Mais je peux pas maintenant.” Sous-entendu : maintenant que je porte le voile.  Normalement, dans le salafisme qu’elle revendique, la femme ne doit pas se donner en spectacle. Amel, qui le sait, fait moins le pitre depuis un an, d’après sa mère. Elle se force à dire aussi moins de gros mots, “mais c’est difficile, j’ai trop pris l’habitude”. Bref, elle se débat avec Antoine.
 Car aujourd’hui, Amel veut devenir une bonne épouse et une bonne musulmane. Se marier, faire beaucoup d’enfants, fin de l’histoire. “Dans le Coran, l’homme doit travailler et la femme reste à la maison. Et je trouve ça cool”, sort-elle bravache aux journalistes, affalée sur son canapé de chômeuse longue durée. Pour elle, se marier veut dire aussi voir moins ses copines, respecter un couvre-feu. Toutes ces choses dont sa mère a souffert pendant longtemps.
 Au contraire de sa soeur cadette Anissa, qui explique : “Dans l’islam l’homme subvient aux besoins, donc pour moi la femme travaille aussi mais l’homme doit payer les courses.” Elle trouve que son aînée est “jeune pour se marier” : “Mais elle a peut-être besoin d’affection...” Amel attend le hlel, la cérémonie d’union islamique, pour faire l’amour. Plusieurs amies d’Amel ont aussi choisi de se marier jeune -- quitte à divorcer rapidement ensuite. Karina a une autre analyse. Pour elle, ce rêve de mariage est un coup d’Antoine : “Aujourd’hui Amel veut se marier, demain, elle dira autre chose.”
Pour Amel qui ne trouve pas de travail, le mariage est aussi une façon de quitter l’appartement de sa mère. “Il m’emmènera en voyages…”.  Son regard pétille. “Mais bon, il ne faudra pas qu’il soit trop strict, ajoute-t-elle, je peux pas. J’aime trop prendre ma voiture le soir. Et avec moi, il va rigoler, c’est sûr.” Finalement, peut-être qu’Antoine existe vraiment, et que c’est lui qu’Amel devrait épouser.
ENCADRE
 Et quelques mots musulmans…
Hlel  : vient de hallal, légal. Par métonymie, le hlel est une union islamique, sorte de mariage qui n’existe pas au Maghreb, où mariage religieux et civil coïncident. Il est surtout utilisé comme des fiançailles par certains jeunes musulmans de France.
Sheitan : Créature malfaisante, décrite dans le Coran, régnant dans le monde invisible et ayant notamment le pouvoir de posséder les hommes.
Châtiment de la tombe : D’après un hadith (récit de la vie du prophète, hors Coran), horrible châtiment infligé aux mécréants par les anges après la mort. Pour le pas le subir, il faut se repentir avant de nos actes terrestres.  
Alice MARUANI et Dounia FILALI
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refairesatoiture · 7 years
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Volvo booste la production de produits chimiques saoudiens
La société familiale Saudi Dolomite emploie des machines de Volvo Construction Equipment pour accroître la productivité de son unité de transformation implantée à Abqaiq, en Arabie Saoudite.
Source : http://bit.ly/2t81M6l
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Volvo booste la production de produits chimiques saoudiens
La société familiale Saudi Dolomite emploie des machines de Volvo Construction Equipment pour accroître la productivité de son unité de transformation implantée à Abqaiq, en Arabie Saoudite.
Article : http://feeds.feedblitz.com/~/381120180/0/isolationcomblesperdus
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yamar-org · 7 years
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En Occident, pas de pleureuses pour les enfants yéménites
En Occident, pas de pleureuses pour les enfants yéménites
La prospérité de notre industrie de l'armement vaut bien la vie de quelques milliers d'enfants yéménites. C'est ce que répondit implicitement Manuel Valls lorsqu'on lui demanda ce qu'il pensait des bombardements saoudiens qui dévastent le Yémen et terrorisent sa population. « Est-il indécent de se battre pour nos emplois ? » répondit le premier ministre le 15 octobre 2015 sur Bfm/Tv. « Indécence…
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reseau-actu · 5 years
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La corruption généralisée au Yémen est un des facteurs d’explication du déclenchement de la guerre qui ravage le pays. L’entreprise française est accusée du versement de commissions à des intermédiaires, selon des témoignages et des documents recueillis par Mediapart. Egis dément. La plainte déposée en France a été classée sans suite.*
Jaden, dont le prénom a été modifié, a révélé à Mediapart à quelles conditions une entreprise étrangère pouvait espérer remporter des projets dans son pays : accepter de corrompre. Des pratiques généralisées, au point que l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International classe le Yémen au 176e rang sur 180 dans son palmarès 2018. Précisant le type de malversations à l’œuvre, le Sana’a Center for Strategic Studies – un institut de réflexion yéménite – évoque une véritable « capture de l’État » par les plus hauts dirigeants politiques, permettant à quelques privilégiés de pomper les ressources des institutions étatiques.
L’ancien président Ali Abdallah Saleh avait ainsi réussi à se retrouver à la tête d’une immense fortune. Il est « soupçonné d’avoir amassé, pendant ses 33 années au pouvoir, entre 32 et 60 milliards de dollars », écrivent en 2015 des experts de l’ONU, ajoutant que la majeure partie de cet argent aurait été transférée à l’étranger. La richesse des uns faisant la pauvreté des autres, plus de 10 millions de Yéménites (quasiment la moitié de la population) se trouvaient selon les chiffres de l’IPC en situation d’insuffisance alimentaire, et ce en 2012 – soit bien avant la guerre.
Une guerre dont l’un des facteurs explicatifs pourrait justement se trouver du côté de la corruption généralisée. « La corruption massive nourrissait depuis plusieurs années déjà un risque important d’effondrement économique et politique du pays », explique à Mediapart un ancien membre de la commission anticorruption sous le régime d’Ali Abdallah Saleh, qui préfère garder l’anonymat. « La captation du pouvoir par des personnes qui n’ont aucun compte à rendre à leur peuple pose d’indéniables risques pour la stabilité de leur pays », juge quant à elle Kinda Hattar, conseillère pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de Transparency International.
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Un cargo dans le port d'Hodeïda dont les grues ont été atteintes par des bombardements, en mai 2018. © Reuters
Par quels moyens Egis, entreprise détenue à 75 % par la Caisse des dépôts et consignations – caisse qui exerce des activités privées et d'intérêt général pour l'État français, le tout sous le contrôle du Parlement – a-t-elle donc procédé ?
Revenons début 2000. Depuis plusieurs dizaines d’années, la branche portuaire d’Egis – entreprise peu connue du grand public, mais rassemblant aujourd’hui environ 15 000 collaborateurs dans le monde – réalise au Yémen de nombreuses études d’ingénierie. C’est le cas notamment à Hodeïda, le grand port du pays situé sur la mer Rouge :  en 2001 par exemple, l’entreprise, qui s’appelait alors BCEOM, y effectuait des prestations de conception de grues. Plus tard, en 2007, l’entreprise étudiait pour les garde-côtes la construction de bases navales, toujours à Hodeïda et sur deux autres sites.
« De très nombreux projets ont été décrochés à cette époque », se souvient Jaden, évoquant avec nostalgie cette période d’opulence. « Mais je n’étais qu’un exécutant, s’excuse-t-il. J’étais obligé de répondre aux ordres si je voulais conserver mon emploi. »
Des pots-de-vin étaient-ils versés à chaque nouveau marché ? C’est ce qu’avance Jaden. « Ils prenaient la forme de services, de cadeaux ou de cash », raconte-t-il. Interrogé par Mediapart, le groupe Egis répond ne pas avoir connaissance de telles pratiques. « Tous nos collaborateurs sont tenus au respect de notre code d'intégrité et de notre charte de déontologie », développe au contraire l’entreprise, précisant mettre régulièrement en œuvre des contrôles très stricts. « Notre groupe applique sur ces sujets une politique de tolérance zéro », ajoute enfin Egis.
Et pourtant… Dans un échange de mails de novembre 2008 avec un ingénieur portuaire d’Egis, mails consultés par Mediapart, Jaden évoque le versement de 10 000 dollars pour le directeur général du projet de gestion et de préservation de la ressource en pêche – dépendant du ministère yéménite de la pêche. Une somme qui, d’après l’intermédiaire, aurait servi à remporter le marché d’ingénierie pour la réhabilitation et l'amélioration de trois ports de pêche à Hodeïdah, Khawbah (également situé sur la mer Rouge) et Nishtun (dans le golfe d’Aden) – financé pour 25 millions de dollars par la banque mondiale.
Dans le courrier électronique, Jaden demande de faire transiter une partie de la somme par son compte personnel pour le remettre ensuite en liquide au directeur en question. « Je demanderai le virement […] mercredi », répond simplement l’ingénieur français. Peu après l’échange de mails, 4 000 dollars ont en effet été virés sur le compte de Jaden, selon le relevé que nous avons pu consulter. Sollicitée sur cette affaire, Egis n’a apporté aucune réponse.
Les sommes engagées restaient toutefois assez modestes. C’est avec sa branche routière que l’entreprise Egis va passer à la vitesse supérieure. Le ministère yéménite des travaux publics et des routes souhaite en effet construire une autoroute pour relier la ville du nord, Amran, et le port d’Aden, en passant par la capitale Sana’a. Un projet d’infrastructure pharaonique – 420 km de six-voies – dont le montant global se chiffre à 1,9 milliard de dollars. De quoi attirer toutes les convoitises.
« Je ne sais pas comment il passait les douanes avec cet argent »
Pour un tel montant, le recours aux dessous-de-table semble obligatoire. « Aucun fonctionnaire n’oserait donner un contrat de 50 millions ou plus sans que le président, à l’époque Ali Abdallah Saleh, ne donne son aval », analyse l’ancien membre de la commission anticorruption yéménite. Selon lui, l’entreprise doit passer par un agent, un proche du président Saleh, qui gère tout un secteur – et s’en sert pour s’enrichir.
Pour pénétrer le secteur des routes, Jaden rapporte qu'il va présenter en 2007 à un haut cadre d’Egis International un certain Abdulraqueb Abdulaziz Ata al-Arikie. « Il connaît du beau monde », explique Jaden, sans en dire plus.
L’homme, qui a accepté de témoigner auprès de Mediapart, confirme avoir occupé, et ce au moins jusqu’au milieu des années 2000, un poste de directeur des routes au ministère yéménite des travaux publics. Il explique toutefois avoir été au moment de la rencontre « en disponibilité », ce qui le rendrait selon lui intouchable. Un interlude bienvenu : il explique avoir ensuite récupéré son poste de directeur, avant une promotion.
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« Egis voulait vraiment remporter ce marché, se souvient Abdulraqueb Ata. Le cadre que j’avais rencontré me téléphonait sans arrêt à ce propos », continue-t-il.
En 2008, quatorze sociétés d’ingénierie internationales sont présélectionnées pour répondre au marché de la première phase de construction de l’autoroute titanesque, soit 95 km entre Sana’a et la ville de Bait Al-Khomani plus au sud – financé par le gouvernement yéménite et le fonds saoudien pour le développement. Parmi ces entreprises, on trouve tout naturellement Egis.
« Entre fin 2008 et début 2009, nous nous sommes mis d’accord sur la somme de 300 000 dollars pour gagner le marché, explique l’ancien directeur yéménite des routes. Puis sur 190 000 dollars supplémentaires pour réduire les taxes locales », ajoute-t-il – corroborant les informations données par Jaden.
Mediapart a pu joindre par téléphone l’un des cadres français impliqués. « C’est n’importe quoi », a-t-il répété, démentant nos informations et nous renvoyant vers le service de communication de l’entreprise. Lequel n’a pas souhaité répondre à nos demandes sur cette affaire.
L’ex-directeur yéménite des routes, Abdulraqueb Ata, s’est quant à lui montré un peu plus bavard. « Tout l’argent [promis par Egis] n’était pas pour moi », reprend-il. Alors, pour qui ? « Beaucoup de gens au ministère, tout le monde en voulait », détaille-t-il. Des personnes importantes également ? Abdulraqueb Ata n’ira pas plus loin. « Ce ne serait pas bon », juge-t-il.
En novembre 2009, le ministère des travaux publics annonce retenir l’offre d’Egis pour l’ingénierie de la première phase de travaux, pour un montant de 7,2 millions de dollars HT. L’entreprise peut alors officiellement démarrer son travail d’études : elle est notamment chargée de l’analyse et du choix des entreprises qui construiront, in fine, la fameuse autoroute.
Avant de décrocher le marché et au début de celui-ci, une première tranche de pots-de-vin – soit 150 000 dollars – aurait été versée en plusieurs fois en liquide et par virement, le tout dans la plus grande discrétion. Ainsi, lorsque Jaden évoque dans un mail de septembre 2010, consulté par Mediapart, les modalités de paiement d’une partie de la somme, un directeur d’Egis lui répond : « Tu ne dois pas écrire sur ces sujets. Il faut appeler [prénom du cadre] au téléphone pour lui parler directement. »
En pratique, le cadre en question aurait remis à deux reprises des liasses de 30 000 dollars à Abdulraqueb Ata – selon ce dernier et Jaden. « Je ne sais pas comment il passait les douanes avec cet argent », s’étonne encore aujourd’hui l’intermédiaire. Interrogé sur une remise d’argent liquide à l’ex-directeur yéménite des routes, le cadre joint au téléphone par Mediapart a démenti une dernière fois, avant de couper court à la conversation.
Outre les versements en espèces, une partie de l’argent aurait également transité par le compte de Jaden – comme dans l’affaire des ports de pêche. Nous avons pu consulter les relevés bancaires de l’intermédiaire, montrant, en 2009 et 2010, d’importants virements reçus et retirés dans la foulée. « Je retirais l’argent en cash pour le donner au directeur des routes », explique Jaden.
Après un différend entre les deux hommes, un dernier virement de 66 000 dollars est réalisé le 31 octobre 2010 sur un compte ouvert à la fois par Jaden et un troisième protagoniste. Comme Mediapart a pu le constater en consultant le relevé de compte en question, la somme a été immédiatement retirée, principalement par Abdulraqueb Ata. En parallèle, le cadre français demandait par mail à Jaden de lui fournir « les factures 20 et 21 », ce dont s’étonnait l’intermédiaire. « Pour couvrir les 66 », a alors sobrement répondu son interlocuteur.
De petites intrigues brutalement heurtées par l’histoire du Yémen. En 2011, se soulève le printemps yéménite. La population descend dans les rues de Sana’a, la capitale, mais aussi de grandes villes comme Taëz ou Aden, le principal port du sud du pays, pour réclamer des réformes politiques et le départ d’Ali Abdallah Saleh, président du pays depuis 1978. « Lorsque les Yéménites sont descendus dans la rue en 2011, ils l’ont fait dans l’espoir de surmonter la tyrannie, la corruption, le népotisme et l’injustice », écrit l’analyste Catherine Shakdam dans un article publié en 2014 dans Eurasiareview. « La lutte contre la corruption constituait l’une des clés de voûte du printemps yéménite », se souvient quant à lui l’écrivain Habib Abdulrab Sarori.
« Toutes les sources de revenus du pays sont aujourd’hui contrôlées par la corruption »
« Mais le Yémen n’était pas prêt pour la construction d’un système doté d’une bonne gouvernance », regrette Kinda Hattar, de Transparency International. Va s’enclencher au contraire une série de réactions en chaîne nourries par la soif d’intérêts personnels de quelques-uns, et ce jusqu’à l’éclatement de la guerre. Ainsi, après avoir été écarté du pouvoir en 2011 au profit de son vice-président Abdrabbo Mansour Hadi, Ali Abdallah Saleh s’alliera aux houthistes – un groupe armé chiite du nord du pays rêvant de rétablir l’imamat. « Saleh ne voulait pas lâcher le pouvoir et les ressources économiques qu’il procurait », observe l’écrivain Habib Abdulrab Sarori.
En 2014, leurs troupes prennent Sana’a avant d’entamer la conquête du pays. Pour les contrer, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis s’engageront dans la guerre aux côtés d’Abdrabbo Mansour Hadi en mars 2015, soutenus notamment par la France via ses ventes d’armes.
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Une image vantant le savoir-faire portuaire d'Egis à Hodeïda. © Egis
Sentant peut-être le vent tourner, Egis s’était opportunément retirée du pays dès le début des années 2010, continuant pendant quelques années à travailler à distance avec le ministère des travaux publics – avant d’abandonner complètement ses projets. En s’éloignant, l’entreprise s’est également détachée de ses juteuses promesses.
« Ils devaient encore 150 000 et 190 000 dollars, remarque l’ancien directeur des routes, Abdulraqueb Ata. Or de mon côté, j’avais dû avancer les sommes promises à ceux qui les réclamaient. » Il se retourne alors tout naturellement contre Jaden. « Je ne leur ai jamais fait complètement confiance, ils voulaient jouer au plus malin. J’avais donc dès le début demandé à Jaden qu’il me fasse un chèque de garantie pour les montants promis. » Confiant dans Egis et un peu contraint, l’intermédiaire se serait exécuté.
« Jaden est aujourd’hui le seul responsable devant moi ; je l’ai fait mettre en prison », continue, sûr de son droit, Abdulraqueb Ata. Jugé pour avoir signé un chèque non provisionné, Jaden effectue plusieurs séjours en prison entre 2011 et 2014. « La prison au Yémen, c’est indescriptible », souffle l’homme, qui finit par sortir sous caution. « Mais je peux l’y renvoyer n’importe quand », se félicite Abdulraqueb Ata.
L’ancien directeur yéménite des routes espère toujours qu’Egis honorera les promesses que l'entreprise française aurait faites. Par ricochet, c’est aussi le vœu de Jaden, qui rêve ainsi d’être délivré de l’épée de Damoclès planant au-dessus de sa tête. Pourtant, ni les nombreux mails envoyés à ses anciens employeurs entre 2013 et 2014, ni la plainte en justice comme témoin et victime de corruption déposée en juin 2016, en France, n’ont donné de résultats probants.
Cette plainte a tout de même été suivie en janvier 2017 de l’audition d’un cadre d’Egis, dont Mediapart a pu consulter le procès-verbal. Selon lui, le versement des 150 000 dollars correspondrait en fait à la rémunération de Jaden pour ses prestations de représentation. Quant aux chèques impayés, il les explique par le fait que Jaden aurait eu beaucoup de dettes. « [Son] emprisonnement n’a rien à voir avec Egis », assure-t-il. Malgré les contradictions qu’induit cette version des faits – peu cohérente par exemple avec la volonté de discrétion exprimée dans les mails –, l’enquête n’ira pas plus loin.
En février 2017, la plainte est classée sans suite par le parquet de Versailles, l’infraction étant considérée comme « insuffisamment caractérisée » par le vice-procureur Marc Bourragué.
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Quant au recours déposé dans la foulée auprès de la cour d’appel, la procureure Véronique Malbec choisira finalement en juin 2018 « de ne pas faire droit à [la] requête » et confirmera le classement sans suite. « Cela ne signifie pas que nous considérions qu’il n’y a pas d’infraction, mais seulement que sa preuve n’est pas ou insuffisamment établie », explique le parquet de Versailles à Mediapart.
Si cette affaire a broyé la vie de Jaden, la corruption généralisée a quant à elle vidé le pays de ses ressources puis participé à sa chute dans une guerre sanglante et dévastatrice.
« Le gouvernement de Hadi n’a aucune volonté politique de lutter contre la corruption. De l'autre côté, les houthis développent leurs propres réseaux. Finalement, toutes les sources de revenus du pays sont aujourd’hui contrôlées par la corruption », dépeint l’ancien membre de la commission anticorruption yéménite. « Pour lutter, il faudrait une volonté politique forte, ainsi que le renforcement du pouvoir judiciaire, du Parlement, de la commission anticorruption, des ONG et de la presse. Un programme qui exige également un soutien international », continue-t-il. Soutien qui devrait a minima impliquer le refus de participer à un système dégradant la gouvernance d’un pays pour le profit économique de quelques-uns.
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