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#en vous demandant humblement de la renifler
soeurdelune · 2 months
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avatars (400 x 640): enzo vogrincic, signés lune/soeurdelune
faceclaim proposé pour un scénario que j'attend fort impatiemment sur concrete jungle (clique pour la lecture) 👀
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Dimanche 21 juin 2020
Il est midi.
Nous voilà debout sur nos deux jambes, bien vivants finalement, plantés là au beau milieu du jour le plus long de l’année.
Depuis la fenêtre de ma chambre, les chakras embrumés par la grisaille normande, j’observe d’un sourire amusé mes fils qui courent après mon père, puis mon père mimant à quatre pattes les frétillements d’un petit chien, essayant de renifler sous la jupe de Dolores.
Il est midi, et c’est l’heure de vérité.
C’est l’heure des vérités.
Nos vies sont chamboulées à tout jamais.
Les vôtres, en premier lieu, car ce billet sera le tout dernier de ce journal de confinement et qu’ensuite, il faudra se dire au revoir. Ne pleurez pas. Tenez bon. Prenez exemple sur la jeune fille résiliente que j’ai été, souvenez-vous, lorsque je me suis retrouvée seule avec mes parents appauvris dans l’appartement étriqué de la Place des Vosges. Respirez fort et calmement. Continuez à faire du yoga plusieurs heures par jour. Soyez responsables de votre propre bonheur. Et par ailleurs, n’hésitez pas à revenir sur ce blog chercher l’inspiration et la paix, si d’aventure l'Angst vous assaille. Il sera toujours là pour vous, gratuit, car je suis totalement dans le don.
Et je sais que je vais vous manquer. Que ma générosité vous manquera. Je sais que comme vous êtes devenus de meilleures personnes à mon contact, vous vous demandez ce que vous pourriez faire, du haut de votre petite vie simplette, pour me rendre la pareille et m’aider autant que je vous ai aidé, moi, à tenir bon.
En tout état de cause, à moins que je présente un jour une pathologie du rein et qu’il faille que vous m’en donniez un (quoique cela a très peu de chance d’arriver tant mon hygiène de vie est impeccable), nous ne serons jamais à égalité. Vous ne serez jamais en mesure de me rendre la pareille. De m’aider autant que je vous ai aidé à vous accrocher à la vie et à l’optimisme grâce à la beauté de mes textes, à la précision académique de mes réflexions, et à l’évasion que je vous ai offerte pendant ce confinement.
Mais ce n’est pas grave. Je ne vous en tiendrai jamais rigueur. Comment le pourrais-je ? Comment en vouloir aux indigents de ne pas pouvoir donner, aux aveugles de ne pas pouvoir montrer le chemin à leur prochain, aux provinciaux de ne pas connaître le français ? Et si vous vous demandez tout de même ce que vous allez bien pouvoir faire pour moi – car oui, je vous entends penser “Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pour Ludivine, pour la remercier de m’avoir aidé à tenir, d’avoir été mon phare d’esthétique et de courage dans la tempête pandémique” – alors je vous réponds : continuez de lire.
N’abandonnez pas ce beau chemin parcouru. N’ayez pas peur de vous frotter aux grands auteurs de nos bibliothèques, comme Lautréamont, Ayn Rand, Maurice Blanchot, Raymond Aron, ou moi.
Oui, moi.
Car ce n’est qu’un au revoir. Nous nous retrouverons bientôt, chers lecteurs. Des trois éditeurs que j’avais contactées, deux m’ont fait une offre pour mon manuscrit de romance au temps de confinement, ce qui m’a permis de faire monter les enchères et d’obtenir une belle avance et la promesse d’un plan média conséquent. Mon travail d’influenceuse a très certainement contribué à la motivation des éditeurs qui ont répondu présentes. Je les connais certes personnellement, mais elles n’auraient jamais accepté de me publier si elles n’étaient pas totalement convaincues de la qualité intrinsèque de mes écrits.
Ma plume vous sera donc de nouveau accessible bientôt, et si les ventes sont au rendez-vous, Marie-Christine – car c’est elle qui s’est montrée la plus enthousiaste et généreuse – publiera peut-être également ce journal de confinement, qu’elle perçoit comme un précieux témoignage de ce qu’était la vie, de ce qu’était l’amour au temps du coronavirus. Mais si les deux livres sortaient en même temps, ils risqueraient de se télescoper et financièrement, ce serait bien moins intéressant, alors celui-ci attendra.
Cette géniale romance dont je suis l’auteur et qui sera bientôt disponible chez tous les bons libraires n’est donc que le début d’une carrière littéraire qui, à coup sûr, marquera durablement son temps.
Mais cet espace d’expression me manquera à moi aussi, et pas seulement pour le plaisir que j’ai à écrire, à psalmodier sur mon clavier mes cavalcades poétiques et les fulgurances de mon esprit. Cet espace me manquera car j’ai bien conscience que les voix pures et éclairées comme les miennes se font rares dans le paysage médiatique français. Et en ces temps troublés, je sais que ma voix cristalline va manquer dans cette cacophonie médiatique.
Prenez par exemple les émeutes raciales. Peut-être – je dis bien « peut-être » – qu’il y a une tendance chez les policiers à être un peu plus cavaliers envers les gens qui ne sont pas blancs de peau. Mais déjà il ne faut pas généraliser. En effet, les personnes qui ont des ancêtres venus d’Asie, elles, ne se plaignent pas, et d’une certaine manière, je me dis que si tous les immigrés descendants d’immigrés prenaient exemple sur ces gens, ce pays serait bien plus paisible et “zen”. Mais d’accord, admettons qu’il y ait un traitement injuste des gens à la peau noire ou juste basanée. Je pense profondément que leur manière agressive de demander davantage de droits et encore plus de privilèges dessert leur cause.
Et par ailleurs, je n’ai jusqu’à présent entendu personne poser la question du confinement comme cause potentielle de l’éclatement des manifestations violentes, comme celle qui a eu lieu devant le Tribunal de Grande Instance il y a quelques jours ou celle des “soignants”. Cette manifestation était interdite à cause de la Covid-19, et pourtant tous ces gens y sont allés. C’est bien la preuve que par-dessus tout, ce dont les gens (et peut-être ces gens-là en particulier) avaient besoin, c’était de se défouler ! Le confinement aura été trop dur pour eux, et sans doute qu’ils ont eu besoin d’aller bouger et crier tous ensemble en plein air, un peu comme dans cette magnifique scène de Matrix 3 où tous les humains, se retrouvant en quelque sorte à l’état de nature, dansent pieds nus sur une musique futuriste.
Et le fait qu’il n’y ait personne dans le paysage médiatique pour formuler ce genre d’idées objectives, lucides et apaisantes me chagrine. Sans doute faudra-t-il que je me lance dans la production d’essais pour pallier ce manque.
Pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour. Avec la parution de mon livre et mon entreprise de masques de luxe, j’ai fort à faire. Les affaires tournent très bien à ce propos, je n’ai pas à me plaindre. Et pourtant, nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe, mais ça vous le savez. C’était avant que mon père ait été diagnostiqué de sa démence sénile.
Oui, c’est terriblement triste. Cet homme si brillant... Voir son esprit s’étioler petit à petit est d’une cruauté sans nom. Et pour ma part, la perspective de vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête me ronge le cœur. C’est bien pire pour moi que pour lui, qui ne se rend compte de rien, ou que pour ma mère, qui ne partage pas le patrimoine génétique de mon père, puisque moi, j’ai toute ma tête, ainsi qu’un cortex préfrontal en parfait état de marche pour imaginer le pire.
Heureusement, Dolores a accepté de s’occuper de lui, devenant progressivement à son tour une soignante. Peut-être aura-t-elle trouvé sa vocation grâce à moi, car je dois dire que contre toute attente, elle semble se montrer à la hauteur. Bien plus, en tout cas, que les soignants qui manifestent avec une telle violence (et qui ensuite osent venir se plaindre que notre bienveillante Police les ramène dans le droit chemin) alors même qu’ils ont été applaudis tous les soirs pendant le confinement et que notre Président leur a promis une médaille… je me demande très sincèrement ce qu’ils veulent de plus. Du homard à la cantine le midi ?
Je sais que vous auriez encore besoin de mes éclairages dignes et empathiques sur l’état du monde, mais j’ai l’intime conviction que le temps passé à me lire vous aura appris, un petit peu, dans la mesure du possible, à penser par vous-mêmes. Et puis le ceviche de bar aux agrumes péruviens concocté par Dolores et, surtout, rehaussé d’une pointe de caviar Osciètre, n’attend pas. Le moment de clore cette belle aventure littéraire hautement personnelle mais finalement très universelle – car comme chacun sait, le privé est politique – est malheureusement arrivé.
À vous qui avez découvert la vraie littérature et la puissance de la création culturelle haut-de-gamme à travers mes mots et mon génie, j’ai envie de vous dire merci. Merci de vous être autorisé à grandir et merci de nous avoir choisies, ma prose surpuissante et moi-même, pour emprunter humblement ce chemin vers la lumière.
Et aux autres, aux intellectuels chevronnés, je dirai une chose : je ne vous en voudrai jamais d’essayer de me ressembler et de me prendre en exemple si, comme moi, vous faites amende honorable quand il est nécessaire de le faire. Donc surtout, imitez-moi, et en particulier sur cette posture que j’ai adoptée il y a bien longtemps (que j’ai presque inventée, même) et qui fera de vous quelqu’un d’exceptionnel : n’oubliez jamais d’où vous venez.
À toutes et tous enfin, aux intelligents et aux limités, aux petits et aux grands, aux taquins et aux ternes, aux normaux et aux exotiques, aux hommes et aux dames, aux libres et aux moins libres, aux premiers et aux derniers, aux laids et aux beaux, aux riches et aux futurs riches, aux sourires ravageurs et aux sans-dents, aux normaux et aux différents, à tous, tous, tous sans exception et même à ceux qui ont été jaloux de mon succès et de ma plume supérieure, je vous souhaite à tous que 2020 soit pour vous, comme elle l’a été pour moi, et malgré tout ce qu’elle nous aura fait traverser, la plus belle année de votre vie.
Allez en paix.
—Ludivine de Saint Léger.
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