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#il complexe a l'idée de voir le haut de ma tête ?
cestmoiquand · 1 month
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Mec d app: "Je mesure 1.94m, j'espère que tu aimes les talons 😉"
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reseau-actu · 5 years
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Cinquante ans après le Summer of love, les ingénieurs et programmeurs de la Silicon Valley ont renoué avec les drogues psychédéliques, censées accroître la créativité et la performance. Les employeurs ferment les yeux, voire les encouragent.
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Tous les matins, c'est le même rituel. « Je me lève, je bois un thé vert, je prends ma dose, puis je médite un peu. Sous la douche, déjà, je commence à sentir les bénéfices, j'ai plein d'idées qui apparaissent. » Lové dans un fauteuil de l'hôtel Rosewood Sand Hill, le QG officieux de la crème de la Silicon Valley, à deux pas du siège de Facebook, l'entrepreneur Cory McCloud admet ne pas pouvoir fonctionner sans sa « microdose » de LSD . « Je prends un dixième d'une dose normale, parfois deux dixièmes selon les jours, détaille ce quadra, qui a vendu, au tournant des années 2000, sa première start-up d'édition en ligne à Martin Eberhard, le cofondateur de Tesla. Je le fais de façon quasi quotidienne depuis plusieurs années. Avec le temps, j'ai optimisé mon protocole. Ca m'aide à concevoir des systèmes dans ma tête, à imaginer les architectures dont j'ai besoin pour mes projets. Il y a un effet 'Eureka'. »
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Bill Gates « aurait été plus créatif s'il avait tenté l'acide... », dixit Steve Jobs ©Stephane Lamouton/Pool/SIPA
Bienvenue chez les héritiers du Summer of love. Cinquante ans après l'été 1967, les enfants des hippies de Haight Ashbury ont redécouvert les vertus des drogues hallucinogènes. Mais pas seulement pour pimenter leurs soirées ou rêver les yeux ouverts : ce sont pour eux de vrais outils de performance professionnelle. À en croire les adeptes de cette mode apparue il y a une dizaine d'années chez les développeurs et qui s'est répandue comme une traînée de poudre, une microdose suffit pour doper la créativité, améliorer la concentration et faciliter les relations sociales - sans nuire aux facultés intellectuelles.
« L'idée du microdosing, c'est que ça permet de mieux fonctionner intellectuellement, quelque soit votre domaine, explique Jim Fadiman, un chercheur en psychologie installé à Menlo Park, qui collecte des données auprès d'un millier d'utilisateurs. Certains disent que ça les aide à voir les choses en relief, à visualiser le fonctionnement de modèles ou de structures complexes. » Avalée au petit-déjeuner comme un cocktail de vitamines avec un café, la microdose peut prendre la forme d'un minuscule morceau de papier imprégné de gouttes de LSD, ou bien d'une gélule transparente remplie de quelques microgrammes de champignons écrasés.
Une relation méconnue
Loin d'être marginale, la pratique semble s'être considérablement banalisée. Le forum Reddit consacré au sujet rassemble plus de 47 000 personnes, contre seulement 1 600 en 2015. Le New York Magazine a récemment publié, sur quatre pages, un guide du microdosing sur le mode d'un livre de recettes de cuisine. « C'est séduisant cette idée que tu peux retrouver la sensation de contrôle et de potentiel accru que procurent le LSD ou les champignons, en consommant chaque jour de toutes petites doses, pour moins cher qu'un café ou un médicament », admet Andy, un développeur trentenaire qui préfère rester anonyme, mais juge qu'une vraie dose est plus efficace pour rédiger de belles lignes de code, « même s'il faut faire le tri après ».
Si l'histoire de la baie de San Francisco avec les psychédéliques n'est pas nouvelle, celle de l'industrie de la tech avec ces drogues hallucinogènes est en revanche moins connue. Certains estiment pourtant que le LSD a été à la Silicon Valley ce que la cocaïne a été à Wall Street. « L'iPhone n'aurait jamais existé sans LSD », assure Cory McCloud, qui cite, comme beaucoup d'autres, Steve Jobs.
« Prendre du LSD fut l'un des moments les plus importants de ma vie, a déclaré ce dernier à son biographe Walter Isaacson. Cela a renforcé mes perceptions, m'a permis de savoir ce qui était essentiel - créer plutôt que de gagner de l'argent, remettre les choses dans le fleuve de l'histoire et de la conscience humaine. » À ses yeux, Bill Gates « aurait été bien plus créatif s'il avait tenté l'acide une fois ou deux, ou s'il était allé dans un ashram étant jeune ».
Burning Man, un passage obligé ?
L'univers des pros de la programmation peut paraître éloigné de la contre-culture hippie des années 70, mais c'est bien dans cet environnement qu'il a prospéré. « Ce n'est pas une coïncidence si les premiers PC ont fait leur apparition dans les années 60 et 70, au pic des protestations contre la guerre du Vietnam, du mouvement des droits civiques, et des expériences à grande échelle avec les drogues psychédéliques, estime le journaliste John Markoff dans son livre sur les liens entre l'industrie de la tech et la contre-culture. Ils ont émergé des mains d'une poignée de chercheurs et de quelques passionnés qui cherchaient à créer des machines qu'ils puissent contrôler en personne. »
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Le festival Burning Man, dans le désert du Nevada ©Photo12/Alamy
Le psychédélisme semble donc n'avoir jamais vraiment disparu, « la différence, c'est que ce n'est plus stigmatisant aujourd'hui, de dire qu'on fait du microdosing ou qu'on prend du LSD », explique Jim Fadiman, régulièrement consulté par de grands fonds d'investissement qui cherchent à se positionner dans l'hypothèse d'une légalisation. La synthèse de ces deux univers s'observe d'ailleurs à grande échelle au festival de Burning Man, dans le désert du Nevada, où affluent chaque été plus de 80 000 personnes, où « il y a plus de drogue au mètre carré que dans n'importe quel autre endroit au monde », selon Jim Fadiman.
Les fondateurs de Google, Sergueï Brin et Larry Page, qui participent régulièrement au festival, ont d'ailleurs admis avoir recruté leur PDG Eric Schmidt en partie parce qu'il y avait fait, lui aussi, son pèlerinage. Parmi les cinquante candidats sélectionnés pour diriger le groupe, « Eric était… le seul qui était allé à Burning Man, a expliqué Sergueï Brin. Pour nous c'était un critère important ».
Transcender les limites
Curieusement, le monde de la tech continue de se voir comme profondément subversif, voire investi d'une mission quasi mystique qui justifie des moyens extraordinaires. « La culture même de la tech, c'est de casser les codes, les frontières, dépasser les limites, dit Charles Johnston, qui se définit comme un « guide psychédélique » -  un tiers de ses clients sont des ingénieurs. L'esprit peut être une barrière. Si on arrive à le développer, on génère de la croissance. »
Cet appétit pour le risque et ce désir de transcender les limites est « très spécifique à la contre-culture de la Bay, confirme Andy. Il y a une mentalité de hacking, consistant à pirater son propre cerveau, à utiliser son corps pour faire des expériences qui peuvent l'améliorer ».
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Steve Jobs (en 2011) : Ca « a renforcé mes perceptions, m'a permis de savoir ce qui était essentiel » ©Beck Diefenbach/REUTERS
Dans ce contexte, tout ce qui peut aider à atteindre cet état de perfection supposée - drogues, suppléments, médicaments, régime alimentaire strict ou jeûne prolongé - mérite d'être exploré. « La Silicon Valley est à la pointe de la compétition internationale, décrypte Geoffrey Woo, un ancien de Stanford dont l'entreprise HVMN fabrique et vend à prix d'or des suppléments chimiques légaux pour doper les capacités cognitives des dirigeants, et qui compare les cerveaux de la Valley à des sportifs de haut niveau. Dans un environnement comme celui-là, tout ce qui peut améliorer votre performance intellectuelle est intéressant. »
Une surconsommation dès l'université
L'éventail des effets recherchés est vaste : si certains cherchent à doper leur créativité pour penser « out of the box », d'autres ont juste besoin d'avoir plus d'aplomb et d'assurance, ou de se concentrer lorsqu'ils sont sous pression. Comme Paul Austin, un start-upper de 28 ans, qui a commencé à « microdoser » il y a quelques années pour « arriver à se concentrer et concevoir [son] business plan », alors qu'il montait sa société de cours d'anglais en ligne.
Anjan Chatterjee, professeur de neurologie à l'université de Pennsylvanie, explique en partie le succès du microdosing par la surconsommation, dans les écoles et universités, de traitements contre les troubles de la concentration. Une étude a montré que jusqu'à 20% des étudiants américains avaient déjà abusé de traitements comme l'Adderall ou la Ritalin - abondamment prescrits aux Etats-Unis - qui produisent un phénomène d'accoutumance.
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Les microdoses ne suffisent pas toujours. « Le LSD, c'est super pour avoir de nouvelles idées, quel que soit le sujet sur lequel vous travaillez, dit un développeur qui a travaillé dans plusieurs start-up du célèbre incubateur Y Combinator. Quand on est sous acide, on a un sentiment de toute-puissance, on a l'impression que ses qualités sont amplifiées, ça donne un sentiment de contrôle et de potentiel accru. Et surtout, c'est parfaitement accepté dans la Valley, c'est l'une des raisons pour lesquelles ça s'est répandu. »
Pour cet entrepreneur français installé à San Francisco en revanche, « le mieux pour le boulot, c'est les champignons. Ca dure deux trois heures, ça rend hypercréatif, ça lève le stress pendant les réunions ou les présentations. Tu es moins timide, plus sûr de toi. Ca a toujours été assez répandu ici, mais ce qui est nouveau, c'est que ce soit utilisé dans le business ».
Aucune information sur les risques
Le fait que ces drogues, en particulier le LSD, soient interdites au niveau fédéral depuis 1968 ne semble guère avoir d'effet dissuasif. La réglementation, qui empêche toute recherche scientifique sur ces substances, prive pourtant les utilisateurs d'informations sur les risques. « Le problème c'est que toutes ces pratiques sont expérimentales car il n'y a pas de recherche, et on n'en connaît pas les effets à long terme », met en garde la docteure Molly Maloof, dont la majeure partie des patients est constituées de cadres de la tech. Paradoxalement, elle explique le succès du microdosing en partie par « une certaine méfiance » des millennials à l'égard de l'industrie pharmaceutique : « Les psychédéliques sont moins stigmatisés que les antidépresseurs. »
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Les fondateurs de Google, Sergueï Brin et Larry Page ont admis avoir recruté leur PDG Eric Schmidt en partie parce qu'il avait fait, lui aussi, son pèlerinage à Burning Man ©Charles Krupa/AP PHOTO
Les adeptes déclarent volontiers cultiver des champignons dans leur salle de bains, ou se fournir en LSD auprès des laboratoires de chimie de grandes universités de la côte ouest qui le synthétisent en toute discrétion pour un coût modique - 10 dollars la dose, soit 1 dollar la microdose. « La FDA [le régulateur, NDLR] s'en fiche, admet Jim Fadiman. C'est une industrie qui ne draine pas beaucoup d'argent, qui ne génère pas de violence ou d'accident. Pourquoi aller embêter des Blancs éduqués qui peuvent se payer un avocat ? »
« Il y a une forme de tolérance, abonde Charles Johnston, à propos des 'séances d'ayahuasca' (une boisson hallucinogène originaire d'Amazonie) qu'il organise au Pérou et au Brésil. Le système judiciaire américain n'est pas fondé sur la science ou la raison, mais sur la race. Personne n'a envie d'arrêter des Blancs qui sont riches et qui ont réussi juste parce qu'ils se rassemblent pour boire du thé. »
Les employeurs ferment les yeux
Les grands groupes tech semblent eux aussi assez indifférents, voire bienveillants face aux habitudes de certains employés. L'un d'eux est d'ailleurs réputé pour ses Microdosing Fridays. « Ils n'ont aucune envie de lutter contre, dit Jim Fadiman. Ce serait comme de dire qu'il faut freiner les gens qui travaillent trop ! Avoir des employés plus créatifs, c'est tout à fait souhaitable. » Tout récemment Google a invité l'écrivain Michael Pollan, auteur d'un plaidoyer en faveur du psychédélisme (devenu un best-seller), à s'exprimer devant ses salariés. Et a retransmis son intervention sur le Net.
Ce sont encore des figures de l'industrie que l'on retrouve parmi les militants de la légalisation : Joe Green, l'un des premiers associés de Mark Zuckerberg, a levé plusieurs millions de dollars pour légaliser le MDMA (ecstasy) et la psilocybine (substance présente dans les champignons), Peter Thiel a investi dans Compass, une start-up basée à Londres qui promeut de nouveaux traitements à base de champignons pour soigner la santé mentale. Sean Parker, fondateur de Napster, finance la Beckley Foundation, une structure basée en Angleterre…
Survivre dans un environnement toxique
Presque toujours, ce sont les promesses thérapeutiques, notamment contre la dépression, qui sont mises en avant. Le signe, pour certains, d'un malaise plus profond. « Les start-uppers sont déprimés, en burn-out, ils prennent des drogues parce qu'ils sont malheureux, explique Paul Austin, dont la plate-forme sur le microdosing, « The Third Wave », attire 600 000 personnes par mois. Ils se disent qu'ils seront plus heureux et qu'on les aimera davantage s'ils réussissent. Mais personne n'est heureux en bossant 100 heures par semaine. »
La docteure Molly Maloof fait un diagnostic plus sombre  : « Il y a beaucoup de gens qui souffrent de dépression dans la Valley. Les gens pensent avoir besoin de ces drogues pour survivre dans un environnement qui est devenu toxique. La Silicon Valley est en train de devenir comme Wall Street, il n'y est plus question que d'argent, il n'y a plus de vision, de rêve. Les gens sont malheureux. Dans les réseaux sociaux, certains en viennent à souhaiter que leurs inventions disparaissent. »
Petit lexique pharmacologique
Le LSD : Drogue dérivée de l'acide D-lysergique, qui se présente sous forme de gouttes ou de papier imprégné. Ses adeptes lui prêtent un rôle dans de nombreuses inventions (outre l'iPhone, la découverte de l'ADN par le chercheur Francis Crick).
La Kétamine : Un anesthésique (légal) qui se présente sous forme de poudre blanche. « C'est très à la mode, on en trouve dans toutes les soirées, c'est dans un plat sur la table. On en trouve beaucoup à Burning man, avec l'esctasy », indique un habitué.
Les champignons : La substance active est la psilocybine. Les « champignons magiques » peuvent être mangés, infusés, ou recouverts de chocolat. « On les trouve dans les forêts près de San Francisco, mais on peut aussi les faire pousser chez soi », assure un utilisateur.
L'ayahuasca : Un mélange de plantes d'Amazonie contenant du DMT, bu lors de cérémonies menées par un « shaman ». « Ca donne des pistes incroyables, extrêmement créatives. Certains changent radicalement la stratégie de leur boîte. On dit qu'une bonne partie des projets blockchain en sont sortis », explique un entrepreneur.
Les amphibiens : Le venin de crapaud du désert (bufoténine), qui s'inhale, serait efficace et puissant. « Ca dure 20 à 45 minutes, explique un spécialiste. Dans la tech, ça marche bien parce que les gens n'ont pas le temps d'aller au Pérou une semaine. » Sa variation, le Kambo, sécrété par une grenouille d'Amazonie, s'applique sur une peau préalablement éraflée.
Par Elsa Conesa
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pierrelauret · 5 years
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Lettre au MagGuffin
Ghostwriter
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Lettre au MagGuffin par Thomas Traubert
Un dimanche 10 septembre, à une heure tardive dans le quartier de Shimokitazawa à Tokyo, j'ai entrepris de réunir l'ensemble de mes notes et impressions ayant accompagné mon voyage japonais. Cher lecteur, ne juge pas trop durement les élucubrations suivantes, elles ne sont que le fruit d'une tentative désespéré de poser des mots sur des ressentis épars et spontanés.
Encore environ trois heures de vol me sépare de Tokyo et une certaine impatience commence à se manifester. Bien que ce soit la première fois que je me rende dans la capitale japonaise, j'ai une étrange sensation de l'avoir déjà arpenté maintes fois. Comme si le cinéma, la musique, la littérature ou encore la photographie m'avaient permis, depuis l'autre côté du globe, d'explorer cette ville au caractère si singulier.
Avec River du réalisateur HIROKI Ryūchi, j'avais visité Akihabara. Avec City Lights, Volume 2: Shibuya du musicien Nicolay, j'avais visité Shibuya, Ueno ou encore Omotesando. Avec les photographies de MORIYAMA Daidō, j'avais visité Shinjuku. Avec Miso Soup du romancier MURAKAMI Ryū, j'avais visité Kabukichō. Et pour conclure ce listing impulsif qui aurait pu continuer encore longtemps, j'avais simplement visité la quasi-intégralité de Tokyo avec Tokyo Reverse, la slow TV du collectif SÅNDL.
Cependant, ce n’est pas cette approche purement formelle des quartiers qui me donne ce sentiment de connaître Tokyo. Mes différentes pérégrinations artistiques prenant pour cadre spatial cette ville semble porter en elle une chose commune que mes lacunes en matière de sémantique m’empêchent de définir précisément. Comme une énergie, une essence, un esprit, une personnalité, une ambiance, une atmosphère, une aura, un caractère que l’on retrouve dans chacune de ces œuvres. Pour autant, la chose est claire à mes yeux : Tokyo cache subtilement une saudade qui me parle, qui me plaît, qui m'intrigue.
Cette chose que j'associais irrémédiablement à la capitale, je la trouvais dans les poèmes de Richard BRAUTIGAN dans Journal Japonais et Tokyo-Montana Express, dans les amours estudiantins de IWAI Shunji dans April Story ou encore dans l'innocente monomanie de Miyuki dans Tokyo Trash Baby de HIROKI Ryūichi. Mais c'est principalement dans le Tokyo nocturne qu'elle se faisait le plus visible comme les envolées romantiques de Have A Nice Day! ou les longues nuits blanches du Passage de la nuit de MURAKAMI Haruki et de Midnight Diner de MATSUOKA Koji.
En somme, l'art m'avait simplement appris que Tokyo est l'un des bastions principaux de la postmodernité. Encore environ trois heures de vol me sépare de celle qui a le pouvoir de transformer les anecdotes de la vie quotidienne en manifestation d'un romantisme artistique des plus purs.
Après avoir expérimenté quelque peu la capitale, je réalise que l'art ne m'avait pour ainsi dire pas menti. Bien que je me perde quotidiennement dans l'immensité de la gare de Shinjuku, ils m'avaient transmis suffisamment de connaissances pour ne pas que je me sente tel un étranger égaré dans celle que j’appellerai le temple des parapluies perdus. Néanmoins, tout ne pouvait pas être aussi simple que cela. Tokyo s'avère extrêmement polymorphe, si bien que je ne sais plus où donner de la tête pour comprendre les origines de cette saudade.
Tout en me mettant en route pour rejoindre des amis à Kabukichō, je commence à réunir dans ma tête les éléments essentiels qui caractérisent Tokyo à mes yeux. Elle doit posséder quelque chose de particulier, que d'autres villes n'ont pas, pour que tant d'artistes fassent le pèlerinage jusqu'à elle pour y trouver un renouveau artistique, ou du moins une certaine singularité le temps d'une œuvre.
Aussi évident que cela puisse sonner, Tokyo est avant tout une terre de sons et de lumières. Le bien-nommé segment Street Noise issu du tout aussi bien-nommé projet Tokyo Blood du cinéaste ISHII Sogo aborde d'ailleurs la ville de la sorte en la résumant simplement à ses couleurs, ses sons, son ambiance. C'est par ailleurs la mine ébahie d'un Bill MURRAY arrivant à Shinjuku en taxi dans Lost In Translation qui vient confirmer que MURAKAMI Haruki ne se trompait pas en décrivant Tokyo comme « une mer de néons multicolores » dans Le Passage de la nuit.
De la même manière, lorsque Kindan No Tasūketsu parle d'un « immense monde de son » dans leur chanson Great World of Sound, il n'est pas idiot d'y voir une allégorie possible de la ville. C'est effectivement l'ambiance sonore de Tokyo qui était venue me frapper en premier. Je ne sais pas si cela est dû à la faible fréquentation de voitures, mais il est agréable de ressentir cette quiétude reposante au sein d'une effervescence palpable. Isabel COIXET a par ailleurs bien compris cette importance du son urbain tokyoïte aux vues de son médiocre Map of the sound of Tokyo qui, malgré de nombreux défauts, transposait efficacement l'ambiance de la ville à l'écran.
Enfin, à titre personnel, il me semble inimaginable de traiter artistiquement de Tokyo sans mentionner ses trains. HOU Hsiao-Hsien pense sûrement de la même manière puisqu'ils servent d'introduction à la ville dans Millennium Mambo et qu'il les sacralise dans Café Lumière jusqu'à offrir un magnifique plan final où pas moins de cinq trains se croisent en moins d'une minute. Jamais bruyant et jamais dérangeant, il me semble aujourd'hui parfaitement logique que le personnage interprété par ASANO Tanadobu s'affaire à capter l'univers sonore de ces trains dans cet hommage taïwanais à OZU Yasujirō, tant ils font preuve de musicalité à côté des RER parisiens.
Il semble difficile de parler de Tokyo sans parler de son lien immuable avec ceux qui l'habitent. Souvent symbolisé au cinéma par cette masse informe traversant le célèbre carrefour de Shibuya, il est essentiel de connaître les japonais pour comprendre la capitale.
La représentation artistique des japonais m'a souvent taraudé. Depuis bien longtemps, je me suis fait à l'idée que le cinéma américain et européen peine souvent à se détacher de ses poncifs qu'il affectionne tant. Et cela m'attriste de voir que même des auteurs consacrés et parfois adulés comme Gus VAN SANT peuvent faire preuve de maladresse eux aussi en ayant recours à des clichés éculés depuis bien longtemps à mes yeux. Je me souviens encore avoir ressenti un certain malaise face au kamikaze de l'appréciable Restless ou de m'être violemment indigné face au père de famille de l’exécrable Nos Souvenirs qui, non content de se dévouer corps et âme à son travail, faisait preuve d'un spiritualisme low cost entrant en conflit avec la rationalité américaine. Une telle représentation me ramène inlassablement à cette vision occidentale qui me débecte au plus haut point : « les japonais sont si polis », « non mais what the fuck Japan ? », « Le Japon, c'est un pays entre tradition et modernité ».
Si de tels propos tirent une partie de leurs origines dans une certaine forme de réalité, il reste néanmoins bien plus complexe de représenter ce peuple. En France, tout le monde, ou presque, s'accorderait à dire qu'il s'avère compliqué de représenter l'ensemble des français sous une seule et même bannière sans faire de généralités. Dès lors, il semble important d'appliquer la même règle au Japon et aux autres pays du monde.
Un jour seulement à Tokyo avait suffit pour détruire le piédestal que l'art m'avait fait construire pour les salarymen et les lycéennes avec notamment les projets Solaryman et Schoolgirl Complex de AOYAMA Yuki. Si pour moi, ils possédaient une aura particulière dans les lieux publics du pays du soleil levant, ils s'avèrent être assez transparent et ne dénotent pas particulièrement dans la vie de tous les jours. Si j'arrive à concevoir pourquoi les salarymen représentent au travers de leur stoïcisme le capitalisme nippon, les raisons qui ont hisser la lycéenne en tant que figure d'émancipation, de liberté et d'indépendance m'échappent totalement.
Ma fréquentation des lieux underground tokyoïtes me permet aussi de réaliser cette différence qui existe entre l'art et ce qu'on pourrait appeler le « japonais lambda que l'on croise dans le métro », si un tel abus de langage m'est permis. Dans ces clubs et bars, je rencontre chaque soir diverses personnes qui, se sentant bloquées dans une société où il est difficile de s'exprimer à souhait, trouvent dans l'art une opportunité de déverser leur réelle personnalité avec plus ou moins d'exubérance. Alors que je me remets tout juste d'un concert où une personne récite sa poésie avec véhémence sur l'hymne nord-coréen ou sur les chants de Daesh lors d'un événement Paint Your Teeth, ces soirées où le tout à chacun du monde underground a l'opportunité de partager artistiquement ce qu'il a dire ou montrer, j'entends soudainement quelqu'un avouer : « la journée je me déguise en salaryman. Je dois attendre d'être ici pour être réellement moi. ». Dès lors, je réalise qu'il est incongru de définir un peuple dans son ensemble ou du moins de le tenter, et qu'on ne peut que simplement s'intéresser aux individus un à un.
Aujourd'hui, je rencontre pour la première fois Soo-Young dans la banlieue sud de Tokyo. Rapidement, je commence à voir en elle ce que Chris MARKER semblait avoir vu en Koumiko dans Le Mystère Koumiko. Simplement d'origine coréenne, Soo-Young était née au Japon et y avait vécu toute sa vie. Sa langue natale était le japonais et sa culture l'était tout autant. Troisième génération d'immigrés au Japon, elle ne peut pas prétendre officiellement à autre chose qu'à la nationalité coréenne.
Bien qu'ayant connaissance de la difficulté d'être coréens au Japon, c'est avec une certaine inculture que je découvre les événements qui ont jalonnés sa vie et qui attestent d'un racisme farouche et aveugle. Elle me raconte que depuis petite on l'invite régulièrement à « rentrer dans son pays », si bien qu'à 18 ans, elle avait décidé de se rendre en Corée pour tenter d'y vivre et fuir cela. Ne parlant pas coréen et ne connaissant que vaguement les us et coutumes, elle s était confronté à nouveau à un racisme âpre l'invitant là encore à « rentrer dans son pays ». Elle était soudainement devenue japonaise.
Si cette situation ne me surprend guère dans les faits, rencontrer quelqu'un la vivant quotidiennement vient littéralement exploser ma vision du concept de nationalité, qui était d'ores et déjà bien friable. Son avis sur la question est assez clair aussi puisqu'elle m'affirme régulièrement « Je me fous de ce qu'indique mon passeport. Je ne suis ni japonaise, ni coréenne. Je suis simplement Soo-Young ».
Si le propos semble empli de candeur tout en restant néanmoins chargé de sens, je voyais dans celui-ci une réponse claire dans ma recherche de représentation artistique de Tokyo. Au cinéma, au théâtre, ou en littérature, ma définition d'un bon personnage ne pouvait pas simplement se reposer sur une nationalité ou une culture d'origine. Un bon personnage avait un parcours qui lui est propre, un caractère qui lui est propre, etc.. Et sa culture et nationalité sont simplement des compléments qu'il choisit d'adopter ou non et ainsi se définir en tant qu'individu. C'est cela qui rendait à mes yeux un personnage le plus réaliste possible.
De ses constats qui semblent plus ou moins ineptes une fois passés à l'écrit, Soo-Young me fait aussi réfléchir sur les langues usitées par des personnages. Au cinéma notamment, une langue n’a pas uniquement à vocation d'être comprise par les spectateurs mais bien en fonction d'un contexte. Comme dans la réalité, ce contexte n'est pas uniquement lié à des questions géographiques mais plutôt à une problématique de confort personnel comme en témoignait Soo-Young : « Pour moi, c'est plus facile et naturel de parler japonais, mais pour autant, l'anglais est une langue qui m'offre une liberté de parler sans me soucier de certains codes et tabous que je peux avoir en japonais ».
Voilà que je réunis et synthétise mes réflexions ayant accompagné mon séjour tokyoïte et, bien qu'elles m'aient obnubilé durant deux semaines, je trouve qu'elles s'avèrent par moment légères et qu'elles restent bien trop souvent en suspens en l'absence de réponse précise. Au final, il n'y a peut-être pas de bonnes manières de représenter une ville dans l'art. Tokyo est complexe, mais la représenter semble l'être encore plus. Tout est une question de point de vue quelque part. Pour moi, Sofia COPPOLA et son Lost In Translation est aussi honnête que Abbas Kiarostami et son Like Someone In Love dans leur représentation de Tokyo. Régulièrement, j'entends des critiques sur le film de l'américaine car il serait bourgeoisement méprisant de la culture japonaise. Si je ne suis pas en totale opposition avec cette vision, je trouve néanmoins que le film tire sa force de la sincérité de sa réalisatrice et des personnages. Coincés dans ce Park Hyatt Hotel, ces derniers se perdent dans un pays qu'ils ne connaissent pas et dont ils ne sentent pas le besoin de le découvrir. Je préfère que Sofia COPPOLA me parle de cela plutôt que d'essayer de saisir une quelconque réalité japonaise. Pour représenter une ville, il suffit peut-être simplement d'être en accord avec sa manière de la percevoir.
En somme une réponse bien légère pour une problématique qui mériterait plusieurs années d'études. Mais ce texte est peut-être plus une mouture de réflexions invitant à chacun de s'interroger sur ces questions de représentation, de nationalité, etc... Pour moi, Tokyo n'est pas un eldorado de réponse mais bien une ville qui stimule les réflexions. Porté par un terrible sentiment de solitude se mélangeant avec la synergie et l'effervescence qui se dégage de la capitale japonaise, je sens que la saudade tokyoïte commence à m'atteindre et qu'elle me pousse à m'interroger encore et encore. Mais tout cela n'est peut-être que simplement dû à ma position d'étranger dans une ville éloignée en tout point de mon Paris natal.
« À Tokyo, il y a une force qui n’existe nulle part ailleurs. À Tokyo, il y a une chaleur humaine qui n’existe nulle part ailleurs. Je n’ai pas vraiment parcouru le monde, mais ce Tokyo c’est la ville de l’abondance. Pas sur le plan matériel. Ici, il y a une profusion que je ressens toujours. Je cours tout le temps, je suis crevé, le temps passe très vite, mais malgré tout, c’est la ville qui me permet de décupler mon désir d’expression »
Still The Water, KAWASE Naomi
Image par UGAYA Hiro
Critique publiée dans le MagGuffin n°12.
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tailspinfr · 7 years
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You'll think I'm dead, but I sail away
Est-ce qu'on a fait le tour de toutes les humeurs possibles quand on se retrouve un matin à ne plus pouvoir rien faire d'autre que d'écouter Wave of Mutilation des Pixies en boucle ? Est-ce qu'on est arrivé au bout de la yellow brick road pour se rendre compte, comme Dorothy, que tout n'était qu'une terrible illusion ? Il y a quelque chose de magique dans cette chanson (la version lente, toujours ma préférée), dans la manière dont on visualise la voiture s'abîmant, au ralenti, dans l'océan.
J'ai commencé 2017 dans un monde sans queue ni tête avec l'envie de ne rien comprendre. Ensuite j'ai écouté en boucle Whassup de Yoni et Geti dont je n'identifie pas une seule parole. Il y a eu Southland Tales de Richard Kelly, qui a mis des sensations incompréhensibles sur un monde incompréhensible et qui finalement, dans une scène baroque, m'a ouvert une porte. 2017 : du chaos sur du chaos.
J'ai marché dans des sens opposés. J'ai eu des envies contraires. Le reste du temps j'ai écouté la BO de Jackie en boucle. Je ne comprends pas pourquoi ses sons sinueux, ses violons qui semblent tomber dans un trou infini, ont exercé sur moi cette fascination qui me donne envie d'y revenir sans cesse, souvent à 18h pile. Peut-être que, dans l'idée de ne faire aucun sens, je dirais que la BO de Jackie est en elle-même une wave of mutilation.
youtube
Et c'est comme ça que, sans y voir beaucoup plus de sens, j'ai voulu revenir ici et raconter mes lectures de l'année.
La Montagne Magique de Thomas Mann
Pour mes trente ans on m'a offert La Montagne Magique, qui raconte le long séjour d'un jeune homme dans un sanatorium. Il pense y rester trois semaines, il y passe sept ans. Un peu comme moi avec la lecture de ce roman : je pensais que ça allait me prendre deux semaines, ça m'a pris presque deux mois. Parfois je me sentais presque fiévreuse dans ses pages, comme s'il me donnait des maladies étranges.
Il me reste de La Montagne Magique un chapelet d'impressions, vives et moins vives, parfois presque léthargiques. L'impression d'avoir perdu le goût avec Hans. L'impression d'avoir été perdue dans les méandres de l'esprit de Settembrini et d'avoir dû remonter les pages dans mon lit jusqu'à mon dernier moment de conscience. L'impression d'avoir observé les clavicules de Claudia Chauchat à travers sa robe.
Dans la structure répétitive de la cure, où chaque jour ressemble au précédent, Mann intègre mille subtilités, mille réflexions, comme si on ne pouvait s'injecter le nectar le plus brut de la vie qu'en haut d'une montagne, enroulé sous un plaid, sur le balcon. Et encore, nous montre Mann, même à l'issue de cette longue contre-initiation, nous n'avons toujours rien compris. Quand on descend de la montagne, rien ne nous attend sauf la guerre et les tranchées.
C'est un roman sur le corps, aussi. On tombe amoureux et on observe le corps de l'autre en l'autopsiant, en gardant dans sa poche sa radiographie. On prend sa température chaque jour et on ignore ce qui fait monter et descendre le mercure. Des maladies imaginaires ? On sent le poids de ces cellules qui peuvent partir en vrille à tout moment. On mange beaucoup aussi, on se remplit. Les larmes y contiennent des mucines et des protéines. On croise des fantômes. On écoute du Schubert. On aime une femme parce qu'elle nous rappelle les traits d'un garçon connu très jeune. On pense beaucoup au temps. Thomas Mann lui-même s'arrête parfois pour nous montrer depuis combien de temps on lit son roman. "Peut-on raconter le temps ?" Et bien non, nous dit-il à la page 560.
Je suis restée bloquée des heures sur cette formule géniale. Thomas Mann nous parle de son héros, de son obstination et de ce ""Bah" qu'il avait au fond de l'âme". W.o.w. [Si vous voulez lire quelqu'un de beaucoup plus intelligent que moi à ce sujet, Philippe Lançon a écrit un très beau texte dans les pages de Libération]
The Year Of Magical Thinking de Joan Didion
J'ai menti, je n'ai pas commencé l'année avec Thomas Mann, mais avec Joan Didion. Encore une histoire de magie.
J'avais vu une photo de Joan Didion et de sa silhouette perdue dans les volutes de cigarettes. Je me suis rappelée que je ne l'avais jamais lue et j'ai choisi The Year of Magical Thinking au hasard. Quand je l'ai commencé, ça faisait 15 mois que je m'étais moi-même mariée.
The Year of Magical Thinking s'ouvre sur la crise cardiaque de son mari. Puis s'enchaîne sur la pneumonie de sa fille. Il y a beaucoup de couches à creuser dans ce roman. C'est une autoficiton toute en paradoxes, en contrastes, où l'on sent que l'auteure se ment autant qu'elle se dit la vérité, fait voler ses phrases autant qu'elle les laisse atterrir sur le papier avec un énorme fracas...
C'est avant tout un roman sur le mariage. Pendant près de 40 ans, Didion a été mariée avec John Dunne. Un jour, à la table du salon, il tombe. Il est absent. Comment le supporter ? Didion a justement une approche fascinante d'auteure et de journaliste, de femme qui a vécu dans les livres. D'abord, elle va chercher de l'aide dans des romans, dans des témoignages, dans des livres médicaux et des clés pour comprendre le deuil. Elle comprend douloureusement que le processus va être long. Pendant qu'elle vit tout cela, elle se regarde le vivre et se rend compte des absurdités de son comportement. Pourquoi garde-t-elle les chaussures de John à proximité, comme s'il allait revenir ? Elle voit aussi cela comme une journaliste, interrogeant médecins et spécialistes sans relâche pour essayer d'analyser comment cet instant a pu emporter son mari. Elle le ressasse, sans relâche, dans une chronologie entêtante dont l'étude n'arrive pas à percer le secret de la mort. Impossible pour Didion d'arrêter ce moment où nos vies basculent.
Le roman fonctionne sur une structure répétitive, où chaque chapitre revit les faits et enchaîne avec des souvenirs. Sans cesse happée par les moments heureux qu'elle a vécu avec son mari et sa fille, Didion propose aussi en creux une réflexion vraiment passionnante sur le mariage. J'ai envie de dire, brutally honest. Bien sûr, elle était heureuse avec John. Pendant 40 ans ils ont travaillé ensemble, chacun à son bureau, à écrire articles et romans. Mais plus elle repasse l'histoire, plus elle brosse un portrait complexe de cette union. Elle se souvient de la fois terrible où John lui a expliqué calmement qu'il voudrait vivre une vie plus aventureuse. Elle revoit les couples qu'il enviait parfois. Elle se demande si les regrets l'ont emporté. Elle montre que la vie avec une personne est un immense puzzle.
En définitive, tous ces doutes et ces souffrances sont balayés par un souvenir de Didion qui se déroule quelques semaines avant la mort de son mari. Le soir de l'anniversaire de sa femme, John est assis au coin du feu. Il lui lit tout fort un extrait de l'un des romans qu'elle a écrit. Puis il laisse un silence, et il lui dit "maintenant, je ne te laisserai plus jamais me dire que tu ne sais pas écrire. Voilà mon cadeau". Le mariage, c'est aussi vivre avec la personne qui peut toujours dire ce qu'il fait du bien d'entendre.
Zadie Smith, Swing Time
Après Joan Didion, je suis partie à Londres avec Zadie Smith. Swing Time réunit à peu près tout ce que j'aime. C'est un roman d'initiation sur fond d'amitié féminine avec une réflexion sociale et politique, une écriture fluide et pleine d'âme, de la danse, de la rage et featuring mon héros Fred Astaire.
La narratrice est une fan de claquettes, capable de revoir les classiques de la comédie musicale en boucle. Sur son temps libre, elle reproduit les pas de Ginger et Fred avec son amie Tracey. Le roman la suit sur de longues années, avec des allers retours incessants entre présent et passé. Swing Time décortique sa relation conflictuelle avec sa meilleure amie, la vie dans son quartier pourri de Londres, ce que cela signifie de grandir avec une mère noire et un père blanc, sa relation compliquée avec sa mère, pionnière de l'afroféminisme... Puis le roman raconte son job d'assistante pour Aimee, une pop star privilégiée qui se donne pour mission de sauver l'Afrique. En Gambie, elle rencontre des personnes qui lui font réfléchir à l'appropriation culturelle, au sens de la danse. C'est une narratrice pleine de limites, qui est remise en question à chaque chapitre et Zadie Smith se plaît à éviter tous les écueils du roman d'initiation. Quand on pense que son personnage va évoluer, elle se dérobe. Puis elle a une épiphanie, quand on s'y attend le moins. Un peu comme dans la vie, finalement. Autant dire que l'intelligence de Zadie Smith fait sacrément du bien en ce moment. Vous devriez essayer.
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