Tumgik
#unité2classe
cramazouk · 6 years
Text
Casseurs, syndicalistes, gilets jaunes, pourquoi vous n’êtes pas ennemis ?
Tumblr media
On constate une certaine incompréhension entre des gens qui luttent différemment dans les mouvements sociaux. Cette incompréhension se transforme carrément en animosité parfois, comme envers les casseurs, terme largement utilisé par les médias de masse et les politiciens. Les casseurs sont des personnes, hommes et femmes, souvent précaires, qui lors des manifestations, s’en prennent au mobilier urbain publicitaire, aux vitrines des banques, des grands magasins, des agences d’interim, bref, ce qui représente symboliquement ou matériellement pour eux le monde marchand, le travail, le capitalisme. Ce sont souvent des précaires car contrairement aux travailleureuses en CDI, iels ne peuvent pas s’organiser avec d’autres pour utiliser le moyen de pression qu’est la grève, qui est une autre manière d’attaquer les profits et donc la richesse, les biens matériels de la bourgeoisie. Dans le passé, il arrivait que des travailleureuses utilisent aussi la casse, par exemple en sabotant l’outil de travail. En cassant l’outil de travail, on menace les profits du patron. Le patron a besoin d’outils de travail et de travailleureuses pour faire des profits. Des travailleureuses en grève ou des outils de travail cassés sont donc une menace pour ses profits. Si ses profits sont menacés, il peut accorder des hausses de salaire ou demander au gouvernement de céder à des revendications. En fait, pour avoir une hausse de salaire, le meilleur moyen d’action est la grève contre son patron. Mais pour obtenir quelque chose du gouvernement, il faut que la bourgeoisie supplie celui-ci de céder. Typiquement, si à chaque manifestation, les biens des bourgeois sont menacés par des dégradations généralisées, et que la répression et la division ne marchent plus, ils peuvent demander un retour à l’ordre qui passera par l’acceptation des revendications par le gouvernement.
Les médias de masse et les politiciens décrivent toujours les casseureuses comme ne faisant pas partie de la manifestation, comme étant en marge de celle-ci, comme étant illégitimes comparés au bon manifestant, celui qui ne sort pas du cadre, qui marche « pacifiquement ». En fait, on voit là toute la morale bourgeoise, distillée par ceux qui ont un intérêt direct à ce que les manifestants restent « pacifiques ». Car la société capitaliste est le lieu permanent d’une guerre de classe, où la paix apparente est en fait une situation où les masses soumises au pouvoir du patronat et de la bourgeoisie en général, travaillent pour elle, l’enrichissent tranquillement, poliment, avec le sourire. Parce qu’elles n’ont pas le choix. Parce que le monde s’est entièrement organisé autour de l’argent et de la marchandise. Et donc que pour survivre et élever des enfants, il faut obtenir de l’argent. Et que le seul moyen d’en avoir, c’est de se soumettre à l’économie, aux patrons, etc.
Le travail, le chômage, la pauvreté, la précarité, le fait d’être presque seul face à l’économie et son injustice est une violence quotidienne. La guerre est donc permanente. Il n’y a pas de paix en réalité. Il y a soit la soumission, soit la rébellion. Ce que les bourgeois appellent la paix, c’est la soumission à  leur morale. Celle du bon travailleur honnête qui gagne sa croûte au travail, bref, qui obéit au patron sans faire de vagues. Celui qui ne vole pas dans les grands magasins. Celui qui se fait voler par son patron toute l’année mais qui ne doit pas voler son entreprise.
La paix serait donc, si on écoute les journaux télévisés, une situation où des personnes subissent en silence la violence de l’économie (avec des gens qui sont en dépression, se suicident, tombent malades et ont du mal à se soigner, finissent à la rue, à l’hôpital psychiatrique, subissent la hiérarchie raciste)... Une situation où ces personnes qui subissent la violence de l’économie manifestent gentiment, selon des parcours autorisés par la préfecture, en espérant que le gouvernement accepte gentiment d’écouter les personnes sans pouvoir, les personnes que souvent dans leur mentalité, ils méprisent, au détriment des gens puissants qu’ils côtoient tous les jours et avec qui ils partagent des intérêts.
Si les médias de la bourgeoisie aiment autant diviser le mouvement social entre les bons grévistes (ceux qui ne séquestrent pas le patron et n’arrachent pas les chemises des DRH), les bons manifestants et les autres (ceux qui pillent les grands magasins et répondent aux tirs de lacrimo par des pierres), c’est qu’ils ont un intérêt direct à miner l’unité de classe. L’unité de classe, c’est ce qui fait que tous les gens subissant l’économie restent solidaires face à ceux qui en tirent profit. C’est le fait que chacun accepte que les autres, selon leur situation sociale différente, ont des moyens d’action différents. Que dans tous les cas, ce sont les intérêts du prolétariat contre les intérêts des capitalistes.
L’action révolutionnaire
Tumblr media
La grève, la casse, sont des moyens de pression utilisés par le prolétariat dans le cadre des mouvements sociaux et de la guerre de classe. Cela peut mener à des réformes du capitalisme positives pour le prolétariat, et donc négatifs pour la bourgeoisie, car ces intérêts sont contraires.
Mais en soi, la réforme du capitalisme n’amène pas la paix. La situation sociale reste celle de la guerre de classe par l’investissement total dans nos vies du monde marchand, du travail, de l’économie. Dans ce cadre là, nous sommes toujours menacés par une reprise de la guerre de classe en faveur de la bourgeoisie et donc au détriment de nos conditions de vie.
Un véritable mouvement révolutionnaire est celui qui mène la guerre de classe en faveur du prolétariat, mais dans le même temps permet de développer des rapports sociaux non capitalistes, non régis par la valeur économique, l’argent, le marchandage, le travail. En bref, le communisme libertaire, où les gens ont l’autonomie politique, c’est à dire qu’ils peuvent décider ensemble de comment ils veulent vivre et mettent en place ce qu’il faut pour ça sans devoir passer par l’économie où l’État, qui justement leur retirent cette autonomie politique. C’est une société où les classes sont abolies. Et donc une société qui peut envisager la paix sociale.
L’époque est propice à cela. Si en faisant la guerre de classe, nous arrivons à maintenir et même améliorer des minima sociaux, voire à partager le travail, ce qui impose d’être solidaires entre travailleureuses et chômeureuses, nous pouvons utiliser le temps libéré pour mettre en pratique d’autres formes de sociabilité qui soient émancipatrices. Par exemple, autoproduire collectivement de quoi nous nourrir, nous habiller, nous soigner, nous chauffer et nous éclairer, sans dépendre du monde marchand, de l’argent et du travail pour cela. Cela veut dire pouvoir imaginer ensemble comment ça se passe, quelle forme de vie ça génère, pas uniquement tournée autour de la production mais aussi tournée vers le fait d’être ensemble, d’une façon qui nous plait, en ayant tous la possibilité de défaire d’autres formes d’oppression que le capitalisme.
1 note · View note